Il Était une Fois...
L'Univers Disney
Avant-propos
En 1999, le créateur de Chronique Disney rédigeait, dans le cadre de ses études d’ingénieur, un mémoire sur l'attrait du public pour l'univers Disney. Publié un an avant la naissance même de Chronique Disney, il peut être considéré comme les prémices du site. Plus de vingt ans après, le temps a évidemment fait son œuvre si bien que sa naïveté et son style se doivent d’être pardonnés. Le voici donc, tel que proposé à l’époque...
Le mémoire
À l'image de Coca Cola pour les sodas ou de Nike pour les chaussures de sport, quand on parle de dessins animés, on pense tout de suite à Disney. The Walt Disney Company est une multinationale dont les secteurs privilégiés sont l'audiovisuel (cinéma, télévision, vidéo...) et le tourisme (parc d'attraction, hôtel...). La société doit sa réussite à son créateur Walt Disney. Grâce à son idée, considérée par de nombreuses personnes comme une folie, de réaliser des long-métrages d'animation, il a conquis le monde entier. Ses histoires et ses personnages sont restés encrés dans les mémoires de nombreuses générations. Aujourd'hui, plus de soixante-dix ans après la naissance de Mickey, les personnages des studios Disney plaisent encore au public comme le prouve le récent succès de Mulan.
Les long-métrages d'animation des studios Disney, au nombre de 36 aujourd'hui, ont souvent marqué le public, enfant comme adulte. Les ressorties régulières (au cinéma comme en vidéo) font des scores très honorables. Nombreux sont les films à prises de vues réelles qui ne pourraient en faire autant. Comment alors expliquer cet engouement du public pour les long-métrages d'animation Disney ? Comment se fait-il que malgré des critiques hostiles, ces films ont du succès ?
Pour essayer de répondre à ces questions, ce mémoire s'articulera en trois parties. Dans un premier temps, nous verrons que l'histoire des studios Disney à influer sur l'intérêt du public pour leurs productions. Ensuite, nous parlerons des thèmes universels que véhiculent les films Disney et qui plaisent au public. Enfin, nous verrons que les films d'animation stimulent l'imagination du public ce qui explique, en partie, l'intérêt qu'il porte pour ce genre de cinéma.
Comment peut-on expliquer l'engouement des gens pour les long- métrages Disney ? Encore aujourd'hui, leur dernière production Mulan a eu un énorme succès. Mais tout ceci n'aurait jamais eu lieu si, un jour de février 1928, Walt Disney, un jeune animateur de 26 ans, n'avait pas eu l'idée de dessiner une souris qui allait devenir célèbre dans le monde entier.
Walt Disney, durant son trajet en train le ramenant à Los Angeles, dessina une souris. Il revenait de New York où il venait d'apprendre une mauvaise nouvelle : Oswald le lapin, le héros de sa série animée, lui fut enlevé, en même temps qu'une grande partie des animateurs travaillant pour lui, par les studios Universal qui détenaient le copyright. En raison de ce coup dur, Walt Disney décida de ne plus jamais dépendre de quelqu'un. En dessinant cette souris, il voulait créer un nouveau héros pour son petit studio personnel. Le personnage fut prénommé par sa femme, Mickey Mouse.
Mickey en 1928
Après deux essais infructueux, Walt Disney eut l'idée d'innover en créant le premier dessin animé parlant: Steamboat Willie. Ce fut une vraie révolution dans le monde de l'animation. Et le triomphe fut à la mesure de l'exploit. En trois ans, Mickey devint une véritable institution, à tel point que les gens allaient au cinéma pour voir le court-métrage d'animation en première partie plutôt que le long-métrage en prises de vues réelles.
Pourquoi Mickey a-t'il eu un succès si fulgurant ? Les spectateurs retrouvaient en cette souris un air de déjà-vu. Ils semblaient reconnaître en lui une facette de leurs personnalités. Mickey, de par son dessin s'appuyant énormément sur les cercles, était un personnage dynamique, plein de vie. Mais, c'était également un personnage qui avait des faiblesses : il était parfois jaloux, peureux ou maladroit... Mais finalement, il arrivait toujours à surmonter ses faiblesses pour triompher. De plus, Mickey réussissait à faire rire et à détendre les gens, surtout en cette période d'après crack boursier.
Walt & Mickey
Cherchant toujours à innover, Walt Disney introduit la couleur dans ses court-métrages à partir de 1932. En outre, de nouveaux personnages vont entourer Mickey au fil des années : Minnie, Donald, Dingo, Pluto, Riri, Fifi, Loulou, Tic & Tac... Donald réussit même à devenir plus populaire que la souris. En effet, comme Mickey était, malgré ses défauts, presque trop parfait, il était de plus en plus difficile de trouver de nouveaux gags. Par contre, le côté colérique de Donald multipliait à l'infini les possibilités de scénario.
Mais en 1934, Walt avait déjà dans la tête un nouveau projet, une idée sans précédent à tel point qu'Hollywood allait l'appeler "la folie Disney". Il voulait réaliser un long-métrage d'animation.
Ce long-métrage était Blanche Neige et les Sept Nains. Walt Disney mit toute la fortune du studio et même la sienne pour réaliser ce que Hollywood prévoyait comme la catastrophe financière de l'histoire du cinéma. Walt Disney voulut faire de ce film une réussite complète : il voulait que les personnages soient les plus crédibles possible. Pour cela, il n'hésita pas à donner des cours approfondis de dessin à ses animateurs, il développa les techniques de la caméra multiplane afin de donner une profondeur aux décors. Le film était très sombre par l'intermédiaire de la reine, surtout lorsqu'elle se transforme en vieille femme. Les nains apportaient l'humour et la cocasserie. Quant à Blanche Neige, elle représentait la pureté et la candeur. Ce savant mélange fut la clé du succès du film. Sorti en 1937, le public, les critiques et les professionnels du cinéma encensèrent le long-métrage et le déclarèrent chef-d'œuvre du cinéma, titre qu'il ne perdra jamais. Hollywood n'avait plus qu'à s'incliner pour n'avoir jamais cru un instant à la plus belle "folie" de Disney : un grand Oscar accompagné de sept petits allait couronner, celui qui était devenu le maître de l'animation.
Les nains dans un exercice difficile : le bain.
Hollywood pensait que personne n'accepterait de rester aussi longtemps assis à regarder un dessin animé. Les producteurs avaient peur que les gens le voient comme un mélodrame démodé avec le méchant et la pauvre petite héroïne. Mais la réaction fut tout autre. Les spectateurs retrouvèrent tous les ingrédients qu'ils aimaient dans les films à prises de vues réelles. Mais le fait qu'il n'y avait pas d'acteurs développait leurs imaginations et ils retrouvaient un peu la sensation qu'ils avaient lorsque, enfant, on leur lisait des contes. Une critique du Time de l'époque résume bien cette sensation : « Aussi passionnant qu'un western, aussi drôle qu'une comédie loufoque, aussi triste qu'une symphonie... »
Dessins de Bambi
Mais Walt Disney ne s'endormit pas sur ses lauriers. Jusqu'à l'entrée en guerre des Etats-Unis, il réalisa quatre films : Pinocchio, Fantasia, Dumbo et Bambi. Pinocchio et Dumbo furent très appréciés, car ils développaient les mêmes concepts que Blanche Neige et les Sept Nains. Par contre, Fantasia fut très critiqué. Walt Disney avait voulu faire un autre film visionnaire : une succession de court-métrages illustrant les plus grands morceaux de musique classique, le premier clip-vidéo en quelque sorte. Le public n'était pas prêt et bouda le film. Il faudra attendre une ressortie du film dans les années 60 pour que le film soit considéré à sa juste valeur : un chef-d'œuvre du cinéma, une symbiose parfaite entre trois arts : la musique, le cinéma et le dessin. Bambi, quant à lui, fut jugé trop réel et les critiques se posèrent la questions de l'intérêt de rapprocher de plus en plus le dessin animé de la réalité, là où un film en prises de vues réelles aurait fait beaucoup mieux et de façon moins coûteuse.
Avec la guerre, les studios Disney vont rentrer dans une période difficile. Avec l'occupation de l'Europe, ils vont perdre la moitié de leur public. Les entrées financières seront insuffisantes pour réaliser des long-métrages dignes de l'âge d'or. En outre, le gouvernement américain va réquisitionner certains animateurs afin de créer des dessins animés de propagande. Ils demanderont, également à Walt Disney, de réaliser des films soulignant l'amitié entre les Etats-Unis et l'Amérique du Sud. Ces films sont Saludos Amigos et Les Trois Caballeros. Encore une fois le patron du studio sera en avance sur son temps. Tout d'abord, il réussira une prouesse technique en mélangeant des acteurs réels et des personnages de dessins animés. Ensuite, il osera défier la critique et la censure de l'époque qui étaient très puritaines, en faisant côtoyer Donald avec des jeunes filles réelles vêtues d'un seul maillot de bain.
Mickey dans Coquin de Printemps
La guerre finie, les studios n'auront pas assez d'argent et d'animateur pour rentrer dans une production difficile. Ils feront des long-métrages en rassemblant plusieurs court-métrages ou moyen-métrages liés entre eux par des scènes de transition. Entre 1945 et 1949, quatre films suivront : La Boite à Musique, Coquin de Printemps, Mélodie cocktail et Le Crapaud et le Maître d'École. Seul fait intéressant à noter, c'est la quasi dernière apparition de Mickey dans le moyen-métrage : Mickey et le Haricot Magique inclus dans Coquin de Printemps. Ces films ne rencontrèrent presque pas de public à tel point qu'ils sont quasiment oubliés aujourd'hui puisqu'ils ne sont jamais ressortis au cinéma. Il faudra attendre les années 90 pour les revoir en vidéo.
La réaction du public est compréhensible : ces films représentent un véritable retour en arrière. Les personnages ne sont pas attachants, il n'y a pas d'intrigue et les chansons, bien que soignées, ne sont pas exceptionnelles. Walt Disney le savait fort bien. Pour sortir le studio de sa torpeur, il fallait frapper un grand coup. Mais le patron des studios allait, à partir de 1950, s'investir de moins en moins dans les films d'animation en raison de problème de santé. En outre, il avait en tête un projet colossal : l'ouverture d'un parc d'attraction à l'effigie de ses personnages : Disneyland près de Los Angeles.
Walt Disney se désintéressant de plus en plus à l'animation, un groupe d'animateur de la première heure vont prendre plus ou moins les décisions en ce qui concerne les films d'animation. Walt Disney assistera aux réunions de préparation et prendra les décisions finales mais le studio va perdre petit à petit son aspect artisanal et familial pour devenir une entreprise où le patron ne va pas pouvoir tout diriger. Cependant, jusqu'à sa mort en 1966, les films d'animation garderont bien l'esprit que Disney insufflait dans chacune de ses productions. Le groupe d'animateurs est composé de Wolfgang Reitherman, Les Clark, Ward Kimball, John Lounsbery, Milt Kahl, Marc Davis, Frank Thomas, Eric Larson et Ollie Johnston. On les appelait les Neuf Vieux Messieurs, en référence aux neuf sages de la cour suprême des Etats-Unis.
Les studios Disney devaient donc frapper un grand coup pour sortir des difficultés financières. C'est ce qu'ils firent avec Cendrillon. Ce film avait tout pour plaire au public qui avait aimé Blanche Neige et les Sept Nains : c'était un conte avec une jeune fille qui rêve d'une meilleure condition de vie et qui, même dans les moments difficiles, garde le sourire. Les instants comiques ne sont pas en reste avec les souris et le chat. Enfin la marâtre de part sa menace subtile et hypocrite apportera au film une touche de noirceur. Le film fut un succès et sortit le studio des problèmes.
Le film suivant, Alice au Pays des Merveilles, était prévu de longue date aux studios Disney mais il fut souvent reporté car Walt Disney n'arrivait pas à concrétiser sa vision du film par rapport au livre de Lewis Caroll. Le public ressentit cette hésitation, ne trouvant pas de véritable fil conducteur à l'histoire. Bien que le film soit plaisant et divertissant, les spectateurs n'arrivèrent pas à s'attacher aux personnages : Alice étant froide et trop curieuse, les habitants de ce pays complètement fous. En outre, la presse, en particulier britannique, reprocha aux studios la trop grande liberté qu'ils avaient prise avec le livre culte.
Peter Pan rehaussa l'image ternie des studios. Le comique est très présent grâce à une observation méticuleuse des enfants et de la famille ainsi qu'à Mouche, au crocodile et à Crochet. L'émotion naît de la nostalgie et de la permanence de la jeunesse. Enfin, il captive grâce aux pièges de Crochet, aux duels avec Peter Pan, à la beauté des décors somptueux, à une pléiade de personnages remplis de charme et à de superbes chansons. Le succès n'a pas été immédiat mais les critiques apprécièrent beaucoup.
Lady dans La Belle et le Clochard
La Belle et le Clochard n'eut également pas un succès immédiat. Pourtant, on trouva dans ce film le dosage habituel et réussi d'humour, d'action et d'émotion. De plus, il résulte de cette histoire d'amour un charme évident : ni larmoyant ni facile, ni le ton ni les personnages ne versent jamais dans la caricature. Mais les critiques crurent bon de montrer des réserves sur le format CinemaScope que les studios utilisaient pour la première fois.
Le dernier film de la décennie, La Belle au Bois Dormant fut un film qui coûta très cher. Techniquement, il est superbe comme le montre la séquence du dragon mais ce fut l'époque d'une recherche de changement de style. Ceci explique l'aspect rectiligne des dessins ce qui leur donne une froideur inaccoutumée. Le public ne suivit pas. Les critiques incendièrent le film et il perdit de l'argent lors de sa première sortie.
Ces cinq films sont considérés de nos jours comme des grands classiques bien que, comme on a pu voir, lors de leur sortie certains ne furent pas forcément bien accueillies. Il est amusant également de constater que la presse s'installe peu à peu dans une critique routinière de tous produits Disney, comme pour se garantir une crédibilité intellectuelle auprès d'un certain public.
Les années 60 voient l'arrivée d'un nouveau style. Celui-ci sera plus dépouillé, moins soigné. De plus, c'est l'époque d'une invention qui allait révolutionner les studios : la photocopieuse de la société Xerox. Elle permit un gain de temps et d'argent. Un chiffre nous explique rapidement pourquoi : les personnes qui reproduisaient les dessins faisaient quatre cellos par heure, la Xerox soixante ! Ceci facilita grandement la production du film Les 101 Dalmatiens. Les animateurs dessinaient une dizaine de chiots à la fois et ils pouvaient ensuite les multiplier à l'infini. L'autre grande innovation de ce film fut que l'histoire se déroulait dans une époque contemporaine. Le scénario était si dynamique qu'il nécessita quasiment aucune chanson. La méchante, Cruella d'Enfer, reste un modèle du genre, même à notre époque. Tous, le public comme les critiques, saluèrent le changement de ton des studios Disney.
Les 101 Dalmatiens
Merlin l'Enchanteur suivit mais n'eut rien d'exceptionnel. Il n'y a pas de véritables liens entre les séquences de transformations en animaux de Moustique, futur roi Arthur. En outre, la méchante, la sorcière Madame Mime, apparaît de façon beaucoup trop épisodique.
Il est évident que les studios se réservèrent pour le film, Mary Poppins, mélangeant acteurs réels et personnages de dessins animés. Le film devint culte aux Etats-Unis : il représentait la joie de vivre, la bonne humeur et les chansons furent, à l'époque, des véritables tubes. Le film reçut cinq Oscars.
Le roi Louie et Mowgli dans Le Livre de la Jungle
Un autre succès fut celui du Livre de la Jungle, sorti en 1967. Grâce à une pléiade de personnages haut en couleurs et à une musique très jazzy, le film eut valeur de testament pour Walt Disney, un testament de haute tenue. En effet, celui-ci allait mourir le 15 décembre 1966, soit un an avant la sortie du film. De son vivant, il avait réalisé ou produit 19 long-métrages d'animation, plusieurs centaines de court-métrages, des films en prises de vues réelles ; il a conçu deux parcs d'attraction qui restent des modèles du genre ; enfin, il a été le réalisateur le plus « oscarisé » de son vivant.
Les animateurs sentirent un grand vide autour d'eux. Même s'il n'intervenait plus de façon permanente dans l'élaboration des films d'animation, ce fut une perte irréparable pour les studios. Ils avaient perdu le mentor et l'instigateur de l'esprit que véhiculaient les films des studios. Celui-ci avait toujours dit qu'il ne faisait pas des films pour enfants mais pour toutes les personnes qui avaient gardé dans un coin de leur cœur leur émerveillement d'enfant. Cette devise va plus ou moins être oubliée au fil du temps. Le public ne s'en rendra pas compte tout de suite : les derniers films réalisés par les Neuf Vieux Messieurs auront du succès. Mais la qualité de la technique et du scénario va décroître petit à petit. Les films vont devenir de moins en moins originaux (sauf à quelques exceptions près). Les studios Disney vont rentrer doucement et sûrement dans une période difficile.
Les Aristochats et Robin des bois seront les premiers long-métrages à être réalisés en l'absence du Maître. Ces films sont plaisants mais passent inaperçus, inaugurant ainsi une série de productions sympathiques, divertissantes mais pas mémorables, se basant beaucoup sur des histoires d'animaux.
Cependant, l'année 1977 fut l'année qui contredit la règle. Il sortit deux films de grande tenue. Tout d'abord un film sans grande prétention mais qui avait un charme évident : Les Aventures de Winnie l'ourson. Il était composé de trois moyen-métrages racontant les aventures d'un ours en peluche avec tous ses amis. Bien que destiné surtout aux enfants, ce film sans méchant est d'une poésie et d'une douceur exemplaire. D'ailleurs, un des moyen-métrages gagna un Oscar.
Bernard, Bianca et Orville
L'autre grande réussite fut celle des Aventures de Bernard et Bianca. Le récit était vraiment palpitant avec une méchante excentrique et cupide. La panoplie de petits personnages comme Evinrude la libellule et Orville l'albatros apportait à ce film, somme toute mélancolique, un comique subtil. Le public retrouva dans cette production les thèmes qu'il avait perdus dans les films précédents.
Rox et Rouky fut le film de transition entre l'ancienne et la nouvelle génération d'animateurs des studios Disney. Les Neuf Vieux Messieurs allaient petit à petit prendre la retraite. Ce film, bien que soigné, ne marqua pas les esprits du public. En effet, l'histoire est un peu molle sans véritable méchant. Il s'agit principalement de l'amitié de deux ennemis naturels.
Bien que les derniers films Disney furent jugés en général moyens, le départ des Neuf Vieux Messieurs va laisser un vide dans les studios. Durant la production du film suivant, Taram et le Chaudron Magique, il n'y aura personne pour canaliser les idées de la nouvelle génération. Le film contient de nombreux personnages, des effets spéciaux jamais vus à l'époque mais le scénario manque de cohérence. On voit tout de suite que beaucoup d'animateurs ont voulu montrer ce qu'ils savaient faire mais sans cohérer leurs efforts.
Gurgi et Taram
Telle était la situation, en 1984, lorsque Roy Disney Junior, le fils du frère de Walt (Roy Disney Senior), participa au changement de direction. Il prit avec lui Michael Eisner en tant que directeur administratif et plaça Jeffrey Katzenberg à la tête de la production. Ils furent consternés lorsqu'ils visionnèrent dans sa quasi-totalité Taram et le Chaudron Magique. Ils constatèrent la faiblesse du scénario. Mais il était trop tard pour ajouter l'humour, les chansons et la fantaisie caractéristiques de Walt Disney. Le public trouva le film achevé plaisant mais confus et trop sombre. Près de quarante millions de dollars furent dépensés, un prix exorbitant pour un film d'animation. Les entrées en salle ne remboursèrent jamais les coûts.
Basil, Détective Privé et Oliver et Compagnie, les deux films qui suivirent furent des films d'apprentissage pour la nouvelle génération. Tout d'abord, ce sont deux histoires d'animaux. Les scénarios sont bien ficelés mais ils n'ont rien d'inoubliables. Les personnages sont attachants mais on a du mal à se passionner pour leurs mésaventures. Ce furent également les premières utilisations d'un nouvel outil qui allait révolutionner l'animation : l'ordinateur. Ces films plurent au public et redorèrent l'image ternie par Taram.
Roger et Valliant en taxi
Mais un film allait créer un véritable déclic pour l'animation non seulement auprès du public mais également dans la direction des studios. Ce fut Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. Mélange d'animation et de prises de vues réelles, ce film repoussa les limites de l'animation en rendant les personnages de dessins animés aussi crédibles que les humains. Chaque personnage utilisait aussi bien des objets réels ou animés avec un rendu très naturel. Le film gagna quatre Oscars et fut un succès au box-office. Les studios allaient pouvoir réaliser des films de qualité.
Le premier film de qualité fut La Petite Sirène. Il draine tous les talents : un scénario parfait, une bonne animation, une bande sonore récompensée par deux Oscars (meilleure chanson pour « Sous l'océan », meilleure musique) avec au surplus, une modernité dans le propos qui s'éloigne des maladresses des oeuvres de deux décennies peu convaincantes. Le ton oscille entre l'humour, le burlesque, le romantisme, et l'émotion quelque peu négligée durant les dernières productions.
Personne (public comme critique) pensait que les studios Disney réaliseraient un autre film comme La Petite Sirène surtout que Bernard et Bianca au pays des kangourous, le film suivant, fut très critiqué. Mais La Belle et la Bête allait entamer une série consécutive de chefs-d'œuvre à succès. Ce film d'animation est, à l'heure actuelle, le seul à avoir été nommé pour l'Oscar du meilleur film. Il ne gagna pas le vote final mais cette nomination réhabilita un art que beaucoup considéraient comme désuet ou mineur. Ce film fut une véritable réussite sur tous les plans mais il se dégage principalement un charme grâce au thème qu'il aborde : « la véritable beauté vient du cœur ».
Aladdin
L'année suivante, Aladdin allait doubler les résultats déjà triomphaux de La Belle et la Bête. Mais, plutôt que de se laisser aller à une solution de facilité en reprenant le même genre d'histoire, ils firent un film résolument moderne, basé énormément sur le comique, le burlesque. Le génie est le moteur comique du film. Par ses imitations, ses réflexions et grâce à la voix de Robin Williams, dans la version américaine, il insuffle un rythme étourdissant au film. Ce concept plut énormément un peu partout dans le monde à la fois auprès des critiques et du public.
En 1994, les studios Disney allaient réaliser le film le plus rentable du cinéma (détrôné il y a peu par Titanic) : Le Roi Lion. Ce film possède une animation à couper le souffle et une histoire qui fut à l'époque la plus adulte réalisée par les studios. Le monde entier se passionna pour le lion Simba qui se sentait coupable de la mort de son père. Grâce à une bande sonore détonante, ce film, à l'instar des deux précédents, gagna deux Oscars. Les studios étaient arrivés à maturité financière et artistique. Ils allaient pouvoir prendre plus de risque dans le choix des sujets. Ces risques, ajoutés à un concept inexistant durant 70 ans : la concurrence, allaient créer une période de doutes dans les studios.
Le succès du Roi Lion avait décidé les autres studios à se lancer dans l'animation. En effet avec un budget 4 à 5 fois moins important qu'une grosse production, il pouvait rapporter beaucoup plus avec tous les produits dérivés (vidéos, entrées aux parcs, jouets...). Pour la première fois en 70 ans, les studios Disney allaient connaître la concurrence sur leur marché de prédilection : l'animation. Qui plus est, Jeffrey Katzenberg, directeur de l'animation des studios, quitta bruyamment ceux-ci n'ayant pas eu la promotion qu'il souhaitait. Voulant déstabiliser Disney, il fonde avec David Geffen (numéro un du disque aux Etats Unis) et Steven Spielberg, les studios Dreamworks qui vont concurrencer Disney sur tous les plans, en particulier celui de l'animation. Le premier long-métrage, Le Prince d'Egypte, est sorti en 1998.
Disney avait trois ans pour consolider sa position de leader. Mais en ayant décidé de faire des films sérieux, Disney a eu durant trois années consécutives des résultats décevants avec ses long-métrages. Pocahontas, Une Légende Indienne tiré d'une histoire vraie, Le Bossu de Notre-Dame inspiré du roman dramatique de Victor Hugo et Hercule, poussant la dérision très loin, n'emporteront pas des succès colossaux comme Le Roi Lion. Disney arrivait affaibli pour son combat contre les autres studios. Seule lueur d'espoir, Toy Story, le premier film en images de synthèse fut acclamé par les critiques et le public américain (curieusement, le public européen n'était pas encore près pour ce genre d'animation).
Mushu et Mulan
Puis arriva l'année 1998, les studios Disney sortirent Mulan, qui raconte comment une jeune fille se travestit en homme et part à la guerre à la place de son père pour sauver l'honneur de sa famille. Le film redora l'emblème de Disney. En Europe comme aux États-Unis, le film fut mieux accueilli et fit plus d'entrées que Le Prince d'Egypte. Mais l'année fut également marquée par « la guerre des fourmis ». En effet, DreamWorks et Disney sortirent un film en images de synthèse traitant de fourmis : respectivement : FourmiZ et 1001 Pattes (a bug's life). Disney montra encore sa suprématie : 1001 pattes fut salué par les critiques du monde entier et son résultat au box-office américain fut doublement supérieur à celui de son concurrent. Il est étonnant, connaissant la durée de mise en chantier de ce genre de film (3 à 4 ans) que les films soient sortis au même moment. Surtout que Jeffrey Katzenberg ne pouvait que connaître l'existence du projet lorsqu'il quitta les studios (de même qu'il est étonnant de voir la similitude de sujet entre Deep Impact et Armaggedon, deux films des mêmes studios sur l'écrasement d'une météorite sur la Terre et menaçant la vie humaine). Peu importe, il apparaît que la concurrence a tendance à doper les studios en nous présentant des films de plus en plus originaux et qui plaisent au public.
Les studios ont de nombreux projets pour l'avenir : Tarzan en 1999 et surtout Fantasia 2000 qui sera projeté dans quelques-unes des plus grandes villes du monde (New York, Sydney, Londres, Paris...) quand sonnera le dernier coup de minuit annonçant pour le monde entier l'entrée dans un nouveau millénaire.
Précédemment, on a vu que le succès des films des studios Disney était du, pour une part, au climat qui régnait dans les studios et à l'âme insufflée par leurs créateurs. Mais la véritable clé du succès vient des thèmes véhiculés dans leurs différents films d'animation. Walt Disney a toujours dit qu'il faisait des films pour les personnes qui avaient gardé intacte la petite lueur de leur enfance. Il a ainsi instauré une recette pour la réussite de ses films d'animation et qui, 70 ans après la création de son premier cartoon, est encore appliquée. Cette recette est un savant mélange de manichéisme (héros contre méchants), d'humour et de personnages secondaires.
Pour de nombreuses personnes, les films d'animation Disney sont tirés de contes de fées qui sont très manichéens. Mais si on fait le bilan sur 36 long-métrages seuls 7 sont effectivement tirés de contes, le reste étant tiré de pièces de théâtre, de romans, de mythologies ou de légendes. Mais il est vrai que dans la grande majorité des films d'animation, le méchant est présent. Si, comme on va le voir plus loin, c'est lui qui donne l'âme du film, le fil conducteur, la trame du film vient du héros. Par "héros", on comprendra personnage principal et non, personnage accomplissant des actions héroïques. Il existe deux types d'histoire : l'une avec un héros victime du méchant, l'autre racontant le destin ou la quête d'un héros.
Sur les deux types de héros, ce fut l'utilisation du "héros victime" que les studios Disney développèrent dans un premier temps. Si on prend les premiers long-métrages, nombreux sont des "héros victimes". Afin de mieux analyser ce genre de personnage dans l'œuvre des studios, nous allons tout d'abord définir le terme "héros victime". Vladimir Propp, dans son livre La morphologie des contes, donne la définition suivante du "héros victime" : « le "héros victime" est le personnage qui souffre directement de l'action de l'agresseur au moment où se noue l'intrigue ». En fait, le héros, c'est à dire ici le protagoniste principal de l'histoire, est plutôt passif. Il subit les actions de l'agresseur ou du méchant. On verra que chez Disney, il existe deux types de "héros victime".
Cette définition est particulièrement vraie pour les premières princesses. Parfois, elles ne se rendent même pas compte qu'un tiers leur veut du mal. La princesse Aurore dans La Belle au Bois Dormant ne sait jamais durant tout le film que la fée maléfique lui a jeté un sort. Durant 16 ans, elle est cachée dans la forêt. Puis sans trop savoir pourquoi, elle retourne au palais chez ses parents. Là, la fée maléfique la met dans un état second et la fait piquer à une quenouille, la plongeant dans un profond sommeil. Ainsi, elle dort pendant que le prince et les bonnes fées se battent pour la sauver. Ce sont tous les personnages secondaires qui combattent la méchante et deviennent des héros à la poursuite d'une quête : délivrer la princesse. De même, Blanche Neige sait grâce à la bonté du chasseur que sa belle-mère lui veut du mal mais sa seule action sera de fuir dans la forêt, et encore l'idée lui sera proposée par ce même chasseur. Elle ne saura même pas que la vieille femme est en fait sa belle-mère. Ce sont les nains qui protégeront la jeune fille et puniront la sorcière. Ces deux héroïnes de même qu'Alice ou Cendrillon sont le type même des héroïnes Disney qui vont se perpétuer jusque dans les années 80 : de belles femmes, douces et gentilles, mais qui sont fades et passives. On verra dans la partie suivante que cet état de fait a beaucoup évolué. Mais, il est facile de savoir d'où vient cette image de l'héroïne. Il faut savoir qu'à l'époque c'est à dire entre les années 30 à 60, la femme idéale était une bonne épouse, une bonne mère et une bonne ménagère. On voyait mal les femmes rentraient dans l'action et se battre pour leur idéal. Les mœurs ont changé et le rôle des femmes dans les films d'animation aussi.
Aurore dans La Belle au bois Dormant
Il existe, un autre type de "héros victimes" : c'est un héros qui déambule durant l'histoire, rencontre plusieurs personnages, méchant ou non. L'histoire de ce héros s'appuie plus sur une série d'incident plutôt que sur une intrigue. Si le premier style de "héros victimes" était surtout tiré de contes, ce genre de "héros victimes" vient surtout des romans pour enfant. On pense en particulier à Pinocchio , Merlin l'Enchanteur ou Le Livre de la Jungle. Le héros rencontre différents personnages secondaires et parmi ceux-ci un ou plusieurs méchants. Dans Le Livre de la Jungle, Mowgli a affaire à Kaa, le serpent, et à Sher Kann, le tigre. Si ce type de héros est moins passif que les héroïnes vues plus haut, il est victime des rencontres qu'il fait. Il ne serait rien arrivé à Pinocchio s'il n'avait pas rencontré Grand Coquin, le renard et Gédéon, le chat. Par son innocence, il se fera entraîner dans des aventures qui lui feront perdre la trace de son père et rencontrer de nombreux méchants : le marionnettiste Stromboli, le cocher de l'île aux plaisirs ou la baleine Monstro. Il est étonnant de voir que ce genre de "héros victimes" est représenté toujours de la même manière. Ce sont des garçons d'une dizaine d'années, maigrichons, courageux mais téméraires.
Moustique dans Merlin l'Enchanteur
Ce schéma sera repris une dernière fois dans Taram et le Chaudron Magique. Taram a la même morphologie que Moustique ou Mowgli, il rencontre malencontreusement le Prince des Ténèbres et doit le combattre. Mais à la différence des autres, on n'arrive pas vraiment à savoir si c'est un "héros victime" ou un "héros quêteur". Le fait que le film oscille entre les deux cas fragilise le récit. On voit qu'il est important de bien définir le type de héros pour avoir un récit qui tient la route. A partir de ce film, les studios vont de plus en plus faire des "héros quêteurs" qui rentrent dans l'action et vont se mettre à raconter l'histoire de destins étonnants.
Depuis la fin des années 80, les héros sont devenus de moins en moins victimes et passifs. Les héros vont gagner en personnalité, ils vont avoir un but : poursuivre une quête. Vlademir Propp définit un "héros quêteur" comme : « le personnage qui accepte de réparer le malheur ou de répondre au besoin d'un autre personnage ».
Parfois, les héros (ou héroïnes) de Disney sont beaucoup plus égoïstes bien que tous aient une quête mais c'est souvent une quête personnelle. Arielle, La Petite Sirène, cherche à découvrir le monde humain et à vivre avec le prince de ce royaume. Aladdin cherche une vie meilleure en compagnie de la fille du sultan dont il est tombé follement amoureux. On remarque que le but de ces héros est leur bonheur personnel mais à l'inverse des "héros victimes", ils n'hésitent pas à prendre des risques pour réussir.
Quasimodo du Bossu de Notre-Dame
Mais, il existe des héros Disney qui correspondent bien à la définition de Vladimir Propp. Dans La Belle et la Bête, Belle n'hésite pas à prendre la place de son père pour le sortir des griffes de la Bête. Pocahontas défie son père et son peuple en s'interposant comme bouclier humain afin de sauver l'Anglais John Smith et de préserver la paix entre les deux civilisations. Quasimodo, dans Le Bossu de Notre-Dame, désobéit à Frollo, son père adoptif, et délivre Esmeralda du bûcher auquel elle était condamnée. Hercule sauve l'olympe, le monde et Mégara, sa dulcinée, d'Hadès cruel dieu des enfers. Mais l'exemple le plus frappant est sûrement le choix de Mulan qui n'hésite pas à se travestir en homme et partir à la guerre à la place de son père souffrant, afin de sauver l'honneur de sa famille.
Tous ces héros ou héroïnes n'hésitent pas à s'investir, ils ont beaucoup plus de personnalité. Le changement dans le caractère des héroïnes est beaucoup plus flagrant. Si les jeunes filles étaient des victimes sans défense, dans les films actuels elles n'hésitent pas à prendre les armes (Le Bossu de Notre-Dame, La Petite Sirène ). Elles sont représentées de manière beaucoup plus dévêtues que dans les premiers long-métrages (Esmeralda, Ariel, Mulan ou Jasmine dans Aladdin). Mégara, la jeune fille dans Hercule, est même devenue carrément une garce qui mène les hommes par le bout du nez.
Megara, l'amie d'Hercule
Tout ceci montre bien le changement de mœurs au sein des studios Disney. Mais il est amusant de voir le décalage entre les changements dans la société et aux seins du studios. Et un fait intéressant est que le succès est revenu lorsque les studios Disney ont pris conscience de ce bouleversement de pensée. Le public ne se reconnaissait plus dans les héros des long-métrages. Pour apprécier un film, il est important de s'identifier, même inconsciemment, à un personnage : le héros ou le méchant. D'ailleurs, la réussite de l'un dépend beaucoup de l'autre. Même si les héros ont toujours été un peu fades, les studios ont toujours su que les méchants étaient quasiment tout le temps l'âme du film. C'est pour cette raison qu'ils ont toujours soigné ceux-ci.
L'âme des films Disney vient des méchants. Depuis toujours, le public est fasciné par les méchants. Leur comportement est aberrant ; de ce fait, ils ont plus de relief que les personnages classiques et sont à l'origine de situations extrêmes. Le méchant agit et le héros réagit. Ainsi, l'histoire se construit. Que le méchant soit le mal incarné ou tout simplement implacable dans la poursuite de ses objectifs, ses victimes se voient obligées de réagir avec véhémence sous le regard des spectateurs impuissants, devant les irrémédiables blessures, les moments de terreur, les sombres desseins. Dans cette partie, nous parlerons dans un premier temps de ce que les méchants apportent au film et comment le public les ressent, puis des différentes sortes de méchants qu'on peut rencontrer dans les films.
Le méchant possède, en fait, une personnalité humaine vue dans un miroir déformant. Les défauts sont toujours exagérés et cela se voit dans le graphisme du personnage. Les figures des méchants sont représentées par un dessin fort, dépourvu de réalisme, épargnant au public toute possibilité d'identification aux personnages. On peut regarder bien qu'impressionné, en toute sécurité, sans jamais penser qu'il peut sortir de l'image et vous toucher. Les méchants sont inoubliables parce qu'ils sont divertissants. Parfois, le public rit, mais surtout il se trouve arraché à ses sempiternels problèmes pour rejoindre une époque et des lieux qui le captivent avec le suspense envoûtant d'une histoire mystérieuse. Le public sait que la victime sera sauvée. Mais pour l'instant, le méchant semble être l'inévitable vainqueur. L'intrigue est ainsi faite qu'elle prévoit une victime très vulnérable, sur le point de perdre, face à un adversaire plus redoutable.
Une très importante part de cet équilibre revient à la victime, dont la personnalité doit être suffisamment forte presque autant que celle du méchant. Qu'il s'agisse d'un héros solitaire ou d'une petite équipe de défenseurs, le public doit être attiré par eux, comprendre la précarité de leur situation et ressentir leurs tourments, encourager leurs efforts et savourer leur succès. S'il n'y a pas de victime, il n'y a pas de malheur, juste une menace en suspens. Si la victime est sympathique et attachante, le public marche. Quand le méchant accroît son pouvoir, la victime lutte avec frénésie, cherchant la solution pour s'en sortir. C'est ce que le méchant force la victime à faire qui rend l'histoire mémorable plutôt qu'ordinaire. C'est un équilibre factice : l'aptitude de chacun à faire le mal est plus grande que la capacité d'une personne à faire le bien. En plus, le méchant dispose habituellement d'un plan là où le héros ou l'héroïne sont pris au dépourvu. Les méchants ont leurs propres lois. Ils ne s'inquiètent jamais de savoir s'ils font le bien. Ils peuvent mentir, tricher, tuer, et vivre sans culpabilité, cas de conscience ou honneur. La plupart du temps, ils croient au bien-fondé de leurs propres actes puisqu'ils se considèrent eux-mêmes comme les véritables victimes d'une injustice. Ils pensent qu'ils devraient jouir du pouvoir, de la gloire, des récompenses qui ont été injustement attribués à quelqu'un d'autre. Cette erreur doit être réparée.
On remarque qu'un méchant faible, nécessite rarement la création d'un grand héros. Si l'histoire ne fait pas apparaître les méchants d'une façon convaincante, la menace disparaît et l'intrigue perd son âme. Inversement, un héros (ou une héroïne) passif, timide ou trop timoré pour parler, ne nous aide pas à comprendre l'état d'esprit de l'agresseur qui veut se débarrasser de « ces êtres stupides qui se mêlent de ce qui ne les regardent pas ». En revanche, les victimes habiles, combatives, inflexibles, obligent les méchants à révéler des types de comportements plus profonds et dévoiler leurs sentiments. Le public, captivé par ce qu'il voit, croit au succès et s'implique fortement au moment du dénouement, éprouvant de la sympathie devant les souffrances endurées. La victime à ce qu'elle veut et lorsque s'élève la musique, le public bouleversé se retire, riche d'heureux moments qu'il n'oubliera jamais. La chaleur requiert le bien et la meilleure façon de créer le bien est de le montrer triomphant du mal.
Prince Jean et Triste-sire dans Robin des Bois
Maintenant que nous avons analyser le rôle du méchant et la perception du public pour celui-ci, nous allons nous attarder plus spécialement sur les caractéristiques du méchant dans les films Disney.
Au sein des studios Disney, il existe deux sortes de méchants. Ceux-ci sont toujours à la recherche de quelque chose, c'est la nature de ce qu'ils recherchent qui est différente. Certains méchants cherchent le pouvoir, l'argent voire les deux. Jafar, le méchant d'Aladdin, veut bien plus qu'une simple chose. Il veut tout : la fille du sultan, le trône du plus riche royaume de la Terre et la plus puissante magie de l'univers. Le prince Jean, dans Robin des Bois, se délecte de l'impôt qu'il demande aux pauvres gens et profite à outrance de ses pouvoirs. Le prince des ténèbres dans Taram et le Chaudron Magique recherche le chaudron pour obtenir une armée surpuissante afin de conquérir le monde. Dans Le Roi Lion, Scar, frustré de ne pas être roi à la place de son frère, assassine ce dernier. Il convainc Simba, son neveu, qu'il est responsable de la mort de son père et oblige celui-ci à s'enfuir du royaume.
Alors que l'avidité est, sans aucun doute, le moteur de nombreux méchants chez Walt Disney, plusieurs de leurs grandes méchantes ne voulaient qu'une seule chose et la traquaient si obstinément que leur vie toute entière tournant autour de cet enjeu. Elles auraient tué toute personne s'opposant à elles, détruit toute chose gênante, usant dans leur lutte de toutes les ressources en leur pouvoir afin d'obtenir ce qu'elles voulaient. La reine dans Blanche Neige et les Sept Nains, veut être la plus belle femme du monde, rien de plus. Cruella d'Enfer dans Les 101 Dalmatiens veut un manteau de fourrure de dalmatiens. Dans Les Aventures de Bernard et Bianca, Médusa cherche le plus gros diamant du monde. Par contre, ces femmes ont du caractère et restent longtemps dans la mémoire du public à tel point qu'il pense que la grande majorité des méchants sont des femmes alors qu'elles ne sont que huit sur trente-six.
Medusa dans Les Aventures de Bernard et Bianca
Les plus fascinants méchants de Disney utilisent la duperie sous toutes ses formes souvent en se déguisant et quelques-uns disposent même de pouvoir magique. La reine dans Blanche Neige et les Sept Nains disposait de potions magiques pour se transformer en misérable veille femme. Maléfique, dans La Belle au Bois Dormant, a encore plus de pouvoir : elle peut se transformer en un terrible dragon.
La plupart des méchants deviennent plus intéressants quand une pointe d'humour fait ressortir leur côté humain. Bon nombre des funestes et dangereux personnages allient excentricités, faiblesses et pulsions psychotiques. Cela les rend plus dangereux, car ils sont insouciants dans les situations désespérées et provoquent des moments de drôlerie là où on ne les attend pas. Le public se sent toujours supérieur au méchant à qui des frustrations font perdre tout contrôle et bon sens ou qui a un comportement infantile comme l'excentricité de Cruella ou la phobie des souris de Médusa.
L'humour est ainsi très présent dans les films Disney, non seulement à travers les méchants, mais également par l'intermédiaire de nombreux personnages secondaires qui allègent le récit souvent sombre des films.
Si on prend par exemple les cinq films qui ont fait le plus d'entrées dans les salles cinématographiques françaises en 1998 (classement par nombre décroissant d'entrées : Titanic , Le Dîner de Cons , Les Visiteurs 2, Taxi et Mulan) , on trouve tout de même trois comédies. Cela prouve que le public, en général, cherche l'humour et la détente lorsqu'il va au cinéma. Les studios Disney l'ont bien compris et ont toujours fait attention à instaurer des scènes comiques même dans leurs oeuvres les plus noirs. Ainsi, ce sont les personnages secondaires qui amènent l'humour et la plupart du temps ceux-ci sont des animaux.
A l'origine, les contes ont toujours été sombres à cause de la présence des méchants. Les films Disney ont toujours gardé, à quelques exceptions près cette noirceur : le plus bel exemple est dans Blanche Neige lorsque la reine se transforme en sorcière. Surtout que la noirceur des décors est exacerbée afin de développer chez le spectateur un sentiment d'angoisse. Ainsi Walt Disney puis les animateurs en général ont voulu insérer beaucoup d'humour dans leur production, non seulement pour alléger l'histoire mais également pour faire ressortir les instants d'angoisse. On s'effraie beaucoup plus facilement si auparavant on a un grand fou rire ; l'effet de surprise joue beaucoup plus.
Pour alléger l'histoire, on a vu que l'humour des méchants était beaucoup utilisé mais les instants vraiment comiques sont amenés par les personnages secondaires. En effet, les héros, pour rester crédibles auprès du public, doivent être sobres dans leur comportement. Ils ne peuvent pas se permettre ni de fou rire ni de calembours. Chez le méchant, ce sera ses traits de caractère qui feront rire , pas son humour. Un tic, un défaut accentué fait toujours rire, car ce qui est exagéré dans le dessin animé n'est en fait qu'une image de la réalité transmise par un miroir déformant. Les personnages secondaires sont souvent petits, vulnérables ou alors avec des défauts flagrants. Les sept nains avaient chacun un nom représentant leurs plus gros défauts. Ces défauts étaient à l'origine de plusieurs scènes comiques. Comment ne pas rire devant les mimiques de Simplet ou les colères de Grincheux ? Un autre exemple est la différence de caractère entre les trois bonnes fées dans La Belle au Bois Dormant. Si Pâquerette est réservée et romantique, la relation entre les deux « fortes têtes » Flora et Pimprenelle amène de nombreuses situations cocasses. Flora tient le rôle de chef, ce qui frustre Pimprenelle. La bataille pour la couleur de la robe d'Aurore illustre ce propos.
Pimprenelle, Flora et Pâquerette,
les trois fées de La Belle au Bois Dormant
Si le comique vient de l'entourage du héros, il peut également venir de celui du méchant. Cela peut être un entourage non souhaité par celui-ci comme le crocodile dans Peter Pan. L'animal n'a qu'une envie : ayant déjà mangé la main du capitaine Crochet, il cherche à terminer le repas qu'il a commencé. Mais le fait qu'il ait avalé un réveil, lui coupe l'effet de surprise. Ainsi chacune de ses apparitions effraie Crochet ce qui est toujours prétexte à rire. Le personnage secondaire peut faire parti de l'entourage direct du méchant comme par exemple Jasper et Horace les deux comparses de Cruella d'Enfer dans Les 101 Dalmatiens. De par leur manque de finesse et d'intelligence, ils se font berner par les animaux, ce qui les rend drôles.
Crochet en prise avec le crocodile dans Peter Pan
Troisième possibilité, ces personnages n'appartiennent ni au cercle des héros ni à celui des méchants. Ce genre de personnage apparaît dans les films mettant en scène des héros victimes « qui déambulent sans but précis ». Dans Alice au Pays des Merveilles, la petite fille rencontre de nombreux habitants plus ou moins fous qui nous font rire par leurs excentricités. Mowgli, dans Le Livre de la Jungle, fait des rencontres de personnages à caractères bien trempés comme Hathi, l'éléphant militaire bougonnant ou Louis, le singe jazzy dont le plus gros défaut est de vouloir ressembler aux humains.
Nombreux de ces personnages sont des animaux, ceci s'explique par le fait que Walt Disney les appréciait particulièrement.
Les animaux sont très présents dans l'œuvre de Walt Disney. Tout d'abord, ses court-métrages eurent pour héros des animaux humanisés : une souris, un canard, des chiens, des écureuils... Par la suite, tous les long-métrages voient l'apparition d'au moins un animal. Plus d'une dizaine ont même pour personnage principal un animal et parmi ceux-ci, il y en a trois où il n'apparaît aucun humain (Bambi, Robin des bois et Le Roi Lion ).
Le public apprécie beaucoup les animaux dans l'ensemble. De plus, il arrive souvent que l'on parle aux animaux et que l'on imagine que ceux-ci nous comprennent et vont nous répondre, en particulier avec nos animaux domestiques. Lorsque les animaux parlent dans les long-métrages de Disney, ceci nous apparaît alors comme tout à fait naturel. En outre, on fait plus attention aux traits de caractère qu'au physique : on s'identifie plus au personnage. Ceci explique d'ailleurs le succès planétaire du Roi Lion. Avec un sujet centré sur la notion de responsabilité et sur la relation père-fils, relation durant même au-delà de la mort du premier, le film avait une connotation très actuelle et parfois très adulte. Il aborde même le thème de l'intégrité politique lorsque Simba refuse de renier ses origines ou de négliger ses amis, uniquement parce qu'il est devenu roi.
Lorsque le film est centré sur un humain, les animaux sont souvent des personnages secondaires qui apporte la touche comique comme on a pu le voir dans la partie précédente. Comment ne pas penser au singe Abu dans Aladdin ou à Meiko, le raton-laveur dans Pocahontas ? Ces deux personnages n'ont pas l'usage de la parole, ils n'en sont pas moins très expressifs. Etant de véritables personnages de pantomime, ils sont soit espiègles, soit colériques. Ils ont des défauts humains et le fait de les voir sur des animaux rend cela très drôle, car on ne se sent pas attaquer dans notre amour-propre « d'humain », celui-ci étant souvent trop parfait.
Les méchants sont parfois accompagnés d'animaux : les sorciers possèdent des oiseaux (comme Maléfique dans La Belle au Bois Dormant ou Jafar dans Aladdin), les êtres sans pouvoir sont accompagnés d'animaux domestiques pouvant aller du chat (la marâtre dans Cendrillon) aux crocodiles (Médusa dans Les Aventures de Bernard et Bianca). Même si les méchants sont des êtres solitaires, ils ont besoin au moins d'une présence animale soit pour affirmer leur pouvoir soit pour avoir quelqu'un à qui parler. En fait les méchants sont plus ermites que solitaires.
Lucifer dans Cendrillon
Les animaux domestiques sont très présents. Plusieurs fois, l'histoire fut centrée sur eux comme dans La Belle et le Clochard, Les 101 Dalmatiens ou Les Aristochats. On remarque que les chiens ont très souvent le beau rôle. En effet, Walt Disney aimait beaucoup les chiens et détestait les chats. Ceci se retrouve beaucoup dans sa filmographie. Dans Cendrillon, le chat Lucifer est bête et méchant alors que Pato, le chien est doux et gentil. Il faudra attendre Les Aristochats pour que les félins soient réhabilités et aient le rôle principal.
Enfant ou adulte, les films Disney ont toujours stimuler notre imagination, nos rêves. Paul Watzlawick, dans son livre Le langage du changement, stipule que le cerveau humain est divisé en deux hémisphères qui comprennent chacun un langage différent. L'un serait le langage logique, analytique ou définitionnel. L'autre serait celui du langage des figures, des métaphores ou des symboles. Chacun perçoit les films en général en fonction de sa sensibilité. Ceci est encore plus vrai pour les films d'animation Disney. Ces derniers font beaucoup appel au second langage et donc à l'imagination du public. Dans cette partie, nous parlerons tout d'abord de la forme de ces films qui est l'exemple même d'un langage subjectif. Ensuite, nous verrons que les enfants sont les spectateurs idéaux des studios Disney. Enfin, nous essaierons de voir pourquoi certains adultes se remettent à apprécier les oeuvres de Disney.
Dans la stimulation de l'imaginaire du public, la forme des films Disney est très importante car les studios utilisent des arts qui depuis la nuit des temps ont fait rêver les hommes : la peinture et la musique. Naturellement, ils ont changé les règles pour pouvoir les adapter au cinéma mais l'utilisation des décors peints, des dessins ou alors des chants et des rythmes demande certains dons artistiques que les critiques de ce siècle auront longtemps considérés comme désuets voire mineurs. Mais, on ne peut que rendre hommage à tous ces animateurs et ces musiciens qui ont travaillé dans l'ombre et presque anonymement pour réaliser tous ces chefs-d'œuvre.
Nous avons vu pourquoi le public était attiré par les thèmes que véhiculent les films Disney. Mais par rapport à tous les films qui abondent dans le septième art, chez Disney ce ne sont pas des acteurs qui jouent un rôle mais bel et bien des dessins auxquels on donne vie. Comment expliquer que le public est pu se passionner pour cet art que de nombreuses critiques boudent encore aujourd'hui ?
Les dessins animés utilisent le langage des symboles, de l'imaginaire ou des rêves. En effet, nombreux sont les animateurs qui disent qu'ils peuvent faire accomplir à leurs personnages beaucoup plus de choses en animation qu'en prises de vues réelles. Maintenant, c'est un peu faux, car avec les images de synthèse on arrive à aller sur une météorite, à simuler la destruction de Paris ou à faire revivre des dinosaures. Mais les images de synthèse ne sont-elles pas une sorte d'animation ? Par contre, l'animation permet de donner une apparence humaine aux plantes ou aux objets, de faire parler les animaux et de réaliser de la magie. Le dessin animé réussit à créer de manière crédible tous les attributs des contes et des rêves. Si une sorcière apparaît dans un film, elle sera beaucoup moins convaincante que Maléfique dans La Belle au Bois Dormant.
Le dessin animé ne cherche pas à rendre une image authentique de la réalité. Ce ne sont que des symboles, des caricatures. Même dans des dessins animés réalistes, comme La Belle et la Bête, le fait que cela soit des dessins oblige le public à faire une interprétation et à utiliser son imagination. L'esprit cartésien de n'importe quelle personne n'admettrait pas de voir et d'entendre un chandelier pousser la chansonnette. Pourtant lorsque l'on voit Belle applaudir la prestation de Lumière(le chandelier), on a envie de faire de même car notre esprit cartésien a pris la fuite et a laissé place à l'imagination.
Le style ou les couleurs des dessins peuvent servir volontairement à suggérer à notre inconscient des idées sur le personnage ou le lieu. Dans Cendrillon, lors de la scène où la jeune fille danse avec le prince, le bleu et le blanc sont beaucoup utilisés de façon pale et nuancée. Ces couleurs nous confirment que la nuit est tombée mais nous suggèrent également que l'esprit de Cendrillon est apaisé, que son rêve de toujours s'est réalisé. Un autre exemple, c'est l'utilisation de longues lignes verticales pour les dessins de la cathédrale dans Le Bossu de Notre-Dame. Ces lignes accentuent la majesté de l'édifice en rendant les humains, à côté, minuscules.
Les longues lignes droites de Notre-Dame
Le type de courbes des visages révèle aussi beaucoup de choses. Il donne un esprit et un style au film. Dans Peter Pan, les dessins des personnages utilisent beaucoup de courbes : cela les rend beaucoup plus sympathiques, le capitaine Crochet inclus. Le style de dessin représente parfaitement le thème de l'enfance éternelle que véhicule l'histoire du film. En effet, lorsqu'on est enfant, les premiers traits effectués sont des courbes. Les enfants ont toujours du mal à faire des lignes droites à main levée. Dans Pocahontas, c'est l'inverse. Les studios Disney ont voulu faire un film plus adulte. Ils ont privilégié les rectilignes aux courbes ce qui rendait les personnages plus réalistes mais beaucoup plus froids. Ce style de dessin leur a été d'ailleurs reproché. La plupart du temps, ils font un savant mélange entre les courbes et les droites pour réaliser leurs dessins. Les deux exemples ci-dessus étaient les deux extrêmes.
On voit bien que le dessin permet de faire passer beaucoup d'informations qu'un long discours n'arriverait pas à résumer. Mais en faisant appel à un langage symbolique, nous comprenons naturellement le message, de manière soit consciente, soit inconsciente. Un autre moyen de faire passer beaucoup d'informations en peu de temps, c'est l'utilisation de la chanson. Walt Disney l'a compris et l'a utilisé dès son premier long-métrage.
Walt Disney a toujours soigné les chansons dans ses long-métrages. Pour preuve, la grande majorité de ses oscars ou de ses nominations sont dans les catégories chansons et musiques. Il pensait que les chansons permettaient de faire passer beaucoup d'informations sur le personnage en peu de temps. De plus, les chansons devenaient à chaque fois l'hymne des films. En effet, un grand nombre de chansons des films Disney sont très populaires. Qui n'a jamais entendu «Un jour mon prince viendra » tirée de Blanche Neige et les Sept Nains ou plus récemment « Hakuna Matata » tirée du Roi Lion ?
Il peut y avoir trois styles de chansons. Tout d'abord, il y la chanson d'ouverture qui raconte le passé du personnage ou du moins le situe au commencement de l'action du film. En trois à cinq minutes, la chanson arrive à résumer la vie du personnage là où la parole en mettrait vingt. Le meilleur exemple est sûrement la splendide ouverture du Bossu de Notre-Dame. En six minutes, on apprend comment Quasimodo a été adopté par Frollo mais elle expose également les bases des relations qui s'installent entre le bossu, le juge et la cathédrale. Mais, ce passage, qui est construit plus comme faisant parti d'un opéra qu'un film, va beaucoup plus loin. En utilisant des choeurs latins, il évoque bien l'époque du Moyen-Age et montre parfaitement la ferveur religieuse qui régnait à l'époque. La chanson est ainsi écrite de façon à faire appel à deux langages : le réalisme des mots français et l'imaginaire des choeurs latins.
Le deuxième type de chanson est celui qui expose ce que ressent un personnage. Ce sont les chansons les plus courantes car elles peuvent s'appliquer à tous les films, aux méchants comme aux héros. En plus d'un gain de temps, cela facilite la compréhension des sentiments du personnage. S'il n'y avait pas la chanson, le personnage serait obligé de se confier à un autre pour pouvoir le dire à haute voix. En effet, on voit mal un personnage en plein milieu du film, faire des monologues pour dire ce qu'il ressent. Dans les films à prises de vues réelles, par le jeu de l'acteur, les humains peuvent montrer ce qu'ils ressentent mais en animation même les artistes doués ont du mal à rendre les sentiments des personnages. Par contre, si le personnage se met à chanter, sa chanson peut parfaitement bien refléter son état d'esprit. Ce style de chansons est souvent utilisé pour montrer que deux personnages sont amoureux. Un bel exemple est Bella Note dans La Belle et le Clochard lorsque les deux chiens mangent des spaghettis. La scène a un charme indéniable et la chanson avec ses sonorités italiennes y contribue beaucoup. Le fait d'utiliser la musique joue beaucoup avec notre imagination et on n'a pas de mal à considérer les deux chiens comme des adultes se baladant dans les rues de Venise.
Les poissons chantent la chanson reggae « Sous l'Océan »
Enfin, les chansons peuvent avoir le rôle d'apporter un peu de gaieté en donnant du rythme au film. Cette remarque est surtout vraie pour les dernières productions. En effet, depuis La Petite Sirène, chaque film a une chanson au rythme un peu plus soutenu. Ces chansons servent à ce que chaque film apporte du baume au cœur au public qui vient se détendre. Elles restent encrées dans le souvenir des gens car ils ont apprécié ce passage musical et peuvent même parfois avoir tapé du pied sans s'en rendre compte. Le fait d'écouter une de ces chansons peut déclencher l'envie de voir le film. Personnellement, j'ai entendu par hasard, durant mon lycée, « Sous l'océan » de La Petite Sirène et son côté rythmé m'a beaucoup plu. J'ai alors eu envie de voir le film et à partir de ce moment-là, j'ai commencé à collectionner les vidéos. Je suis finalement devenu passionné, tout cela à cause d'une chanson chantée par un crabe !
Il est reconnu que les films Disney s'adressent en premier lieu aux enfants. Mais sur quoi ce préjugé est-il fondé ? Actuellement, la tendance est à diminuer fortement la violence à la télévision comme au cinéma. Les parents préfèrent montrer à leurs enfants un Disney plutôt qu'un film policier relativement peu violent. Pourtant, les films Disney peuvent être très violents. Il y a tout d'abord un combat manichéen où le héros sera mis en danger et pourra même souffrir. Mais également, l'enfant peut avoir un choc émotionnel, plus ou moins important : nombreux sont les jeunes enfants ayant pleurés à la mort de la mère de Bambi. Mais si les parents laissent voir ces dessins animés à leurs enfants, c'est qu'ils ne perçoivent pas la violence de la même manière. Cette violence n'est pas réelle, elle est symbolique. En fait c'est la perception inconsciente du dessin animée par les spectateurs qui dilue la violence. Cette perception est à l'origine du préjugé énoncé plus haut.
Le dessin animé fait beaucoup appel au langage de l'imaginaire. Il est reconnu que l'enfant comprend bien plus ce langage car c'est un langage que parle leur inconscient, moins inaccessible que chez l'adulte. L'enfant n'est pas logique, il n'a pas trop conscience du monde qui l'entoure. Son imagination est toujours en éveille. Lorsqu'on lui raconte un conte de fée, il a aucun mal à se prendre pour le héros qui va délivrer la princesse de la méchante sorcière. Il aime jouer en prenant la peau de ses personnages préférés. Tout est prétexte à la magie et au rêve car c'est son quotidien, c'est le langage qu'il connaît et comprend le mieux. Pour cela, lorsqu'il va voir un Disney, il n'est pas dépaysé. C'est pourquoi, l'enfant est le spectateur idéal.
Ces réactions durant le film sont ainsi d'autant plus naturelles, spontanées et variées. Comme nous avons plus haut les films Disney montrent une certaine violence. Les studios Disney cherchent à ce que les spectateurs soient convaincus et ressentent le conflit auquel ils assistent, mais cela ne présente aucun intérêt d'aller trop loin et de les mettre mal à l'aise. Ils veulent des sensations fortes, non des terreurs inouïes. Naturellement, les réactions sont très différentes en fonction de l'âge, de la maturité des enfants et des expériences qui furent les leurs dans leurs existences. Un enfant se cachera les yeux alors qu'un autre tournera le dos à l'écran et fixera un point dans la salle. D'autres regarderont les yeux exorbités, comme hypnotisés, quelle que soit la puissance tragique de la situation. D'autres auront des cauchemars pendant des semaines, voire des années et ne voudront plus jamais voir le film ! Il y a aussi des enfants qui adorent avoir peur, gloussent d'excitation et se trémoussent sur leur sièges en demandant à revoir encore et encore un film aussi prenant. Ce genre d'enfant adore chevaucher les montagnes russes. Ils hurlent de rire quand quelque chose de drôle arrive au méchant et applaudissent quand il est finalement vaincu de façon risible. Et puis, il y une autre catégorie d'enfants, déjà évoquée plus haut, ceux qui s'identifient tellement aux personnages qu'ils ont l'impression de faire eux-mêmes partie de l'histoire, essayant de toucher l'écran pour affronter les méchants qui attaquent leurs amis, les victimes.
Mowgli face à Sher Kann dans Le Livre de la Jungle
Les enfants aiment d'autant plus les Disney car cela rime avec sortie en famille. Les parents emmènent souvent leur progéniture voir ces films. C'est une sortie familiale qui se fait souvent à la période de Noël. Rien que pour cela l'enfant sera naturellement heureux. Le fait de se retrouver avec ses parents le rempli de joie et il garde ses instants dans ses souvenirs. Personnellement, je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mon enfance d'avant cinq ans mais je me rappelle bien d'être allé voir trois Disney avec mes parents : Le Livre de la Jungle, Les 101 Dalmatiens et Rox et Rouky. Pour ce dernier, j'en garde un souvenir particulier car ma sœur allait naître quelques semaines plus tard et je me rappelle de lui avoir de lui avoir demandé, par l'intermédiaire du ventre de ma mère, si elle aimait le film. C'est pour cela que les films Disney évoquent la tendresse et la famille à cause du regard de l'enfant émerveillé et ravi que ses parents l'emmènent au cinéma.
Si l'enfant est un spectateur idéal, il ne faut pas lui montrer n'importe quoi. Il est de par sa nature quelqu'un de franc, de sincère et de plus ou moins spontané dans ses paroles comme dans ses actions. Il sait reconnaître la méchanceté et la duperie. Pour lui, il est inconcevable que le mal puisse gagner. En fait, c'est son langage imaginaire et métaphorique qui prend le dessus. Quand il va voir un film, il veut avoir des frissons. Mais quand il quitte la salle, il cherche à ressentir une satisfaction d'avoir vu le bien triompher du mal. Pour les adultes qui laissent parler leur langage logique, cette façon de penser et de voir les films peut paraître réducteur. Mais en fait par un schéma simple comme celui du manichéisme, les films d'animation font passer des messages universels sur la nature de l'homme. Il ne faut pas voir le bien et le mal comme deux entités opposées mais bien comme une seule possédant deux facettes : une bonne et une mauvaise. Le film d'animation dit seulement que si l'individu arrive à se débarrasser de ses mauvais côtés, ce qui ne se fait pas toujours facilement, il sera beaucoup plus heureux.
En outre, l'enfant a un sens inné de la justice. Si une promesse n'est pas tenue ou si on leur ment délibérément, à eux ou à quelqu'un qu'ils aiment, ils en éprouvent un profond ressentiment, souvent suivi d'une remarque explosive du genre « Ce n'est pas juste !» Ceci dit, ne pas tenir sa parole est un bon moyen pour les studios Disney d'introduire de la méchanceté. Plutôt que d'avoir une longue séquence soigneusement élaborée démontrant les mauvaises intentions des personnages, ils ont ici une façon rapide, claire et précise de suggérer instantanément des sentiments de haine chez les enfants. La marâtre promet à Cendrillon qu'elle ira au bal une fois son travail terminé, tout en veillant à ce que notre héroïne ait suffisamment de travail pour ne pas avoir fini à temps.
Les studios Disney ont parfaitement compris l'envie des enfants et c'est pour cela que bon nombre des histoires qu'ils transcrivent ont parfois des différences avec l'œuvre originale dont le film est tiré. Nombreuses critiques crient au scandale et définissent les studios comme les « pilleurs des sépultures des pharaons égyptiens » : ils prennent ce qui les intéressent sans se soucier de l'intégrité de l'œuvre. La presse française, plus que toute autre, s'est insurgé contre l'exploitation d'œuvres nationales par les studios américains. La Belle et la Bête et Le Bossu de Notre-Dame ont vu leurs critiques portées plus sur la comparaison avec l'original plutôt que sur la qualité des films eux-mêmes. Pourtant, ces critiques oublient que les enfants (ainsi que les adultes qui racontent une histoire) déforment les contes de fées pour l'adapter à leur attente et à leurs besoins. Le monde des contes de fées demeure par dessus tout l'expression du monde intérieur. Répétées et évoqués des millions de fois, ces modèles ont pris valeur d'archétype. Cependant, Blanche Neige, par exemple, possède plusieurs versions écrites. Il est donc possible de modifier en toute conscience, délibérément, l'intrigue d'un conte de fées pour répondre aux besoins d'un enfant.
La Bête et Belle
Mais, les studios à vouloir trop penser aux enfants ont parfois oublié (surtout durant les années 70-80) d'intéresser les parents qui amenaient leurs enfants au cinéma. Avec réussite, les studios ont donc recentré leurs histoires pour que, au lieu d'être destinées aux enfants, ils le soient au côté enfant de chaque adulte. C'est à dire ils ont utilisé un langage symbolique et imaginatif que les adultes pouvaient comprendre.
Les studios de cinéma, comme toute entreprise, cherchent à faire de l'argent en faisant leur métiers : créer des films pour détendre les gens. Pour ceux-ci, il est alors primordiale de faire des entrées et le mieux pour cela est de faire des films de qualité. Les résultats des films Disney ont toujours été plus ou moins bons. Rien qu'en France parmi les 20 meilleurs films de l'histoire du cinéma, on trouve cinq Disney. Ce sont les parents qui payent la place de cinéma pour leurs enfants. Si vraiment ils n'avaient pas envie de voir un film alors ils ne payeraient pas et n'emmèneraient pas leurs enfants. C'est la loi du marché. Certaines critiques diront que les parents ne font qu'accompagner les enfants au cinéma pour voir ces « mièvreries ». Cette remarque est certainement vraie pour certaines personnes dont le langage utilisé par les studios Disney n'est pas du tout parlant. Tout le monde n'a pas forcément un langage métaphorique très développé. Mais il doit avoir beaucoup d'adultes qui trouvent des prétextes pour aller voir ce genre de films car une partie de la société les dénigre. Jusqu'à peu, un adulte allant au cinéma voir un dessin animé était considéré comme immature et gamin. Certains « intellectuels » considèrent ce genre de cinéma de manière hautaine d'où cette mauvaise réputation.
En outre, durant un temps, les studios avaient négligé de prendre en compte les goûts des adultes et des adolescents. Tout ceci explique la crise qu'ont subie les studios durant les années 80. Mais ce préjugé n'est plus vrai de nos jours. En faisant des films de qualités, les studios Disney ont réussi à reconquérir un nouveau public : tout d'abord les adolescents puis les adultes. Cette reconquête va faire boule de neige car les adolescents vont devenir des adultes qui vont emmener leurs enfants voir les films Disney et ainsi de suite.
Les japonais l'ont parfaitement compris. Leurs dessins animés (appelés aussi mangas) sont destinés à un public d'adultes ou à un public d'enfants, selon l'histoire. Pour eux, c'est un moyen d'expression universel et pas seulement exhaustif à l'enfance. En France, les enfants dans les années 80 regardaient presque exclusivement des mangas. Ces enfants sont désormais des adultes de 18 à 28 ans qui redécouvrent les mangas grâce aux bandes dessinées et qui voient les films d'animation se multipliaient au cinéma. Ils sont habitués à un mode d'expression qui était jusqu'au début des années 90 considéré comme mineur.
Les insectes de 1001 Pattes (a bug's life)
Ce changement de mentalité va emmener un phénomène nouveau dans l'histoire du cinéma : les autres studios vont se mettre à faire des films d'animation voyant que ce créneau est très rentable. Entre février 1998 et février 1999 sont sortis pas moins de 6 films d'animation de quatre studios différents : Anastasia de la Fox, Excalibur, l'Épée Magique de Warner, Mulan et 1001 Pattes (a bug's life) de Disney, FourmiZ et Le Prince d'Egypte de DreamWorks. Auparavant, il n'y en avait qu'un seul : celui de Disney. Il aura tout de même fallu attendre 70 ans pour que ce mode d'expression, développé par Disney, soit considéré comme un mode d'expression à part entière. Mais ce qui se cache devant cette réhabilitation de l'animation c'est le fait que l'adulte puisse enfin concevoir que tout n'est pas forcément compréhensible selon un langage logique et analytique mais qu'il y a de la place pour le langage de l'imaginaire. En reprenant l'idée de Paul Watzlawick sur la division du cerveau en deux hémisphères parlant deux langages différents, ces deux hémisphères arrivent à s'équilibrer : ainsi l'hémisphère de la logique ne prend plus le pas sur celui de l'imaginaire.
Dans cette dernière partie nous allons essayer de voir ce que les adultes retrouvent dans les films d'animations. Tout d'abord, les adultes qui emmènent voir les films d'animation ont été eux-mêmes enfants. Le fait d'accompagner leurs enfants voir des films qu'ils ont vus 20 ans auparavant doit leur éveiller des souvenirs. Ils ont l'impression de prendre une machine à voyager dans le temps et de se retrouver 20 ans en arrière. Ils se retrouvent dans la peau de l'enfant qu'ils étaient et éprouvent la même sensation en voyant le film. Ils savent comment cela va se finir. Mais, ils en ont cure. Ils profitent du moment présent, se laissent transporter par la tension ou l'humour qu'il règne dans le film. Durant, une heure et demie, parents et enfants ont le même regard : un regard émerveillé où on lit l'envie de vivre le rêve et la magie.
L'adulte sent son langage métaphorique, celui qui commande son imagination, prendre le dessus par rapport à sa logique, tout du moins pendant le temps où il est devant l'écran. Ce langage, il l'a perdu au fur et à mesure qu'il a grandit. En effet, la société, l'école, les parents s'efforcent de nous inculquer le langage de la logique et du rationnel. On nous apprend à nous tenir en société, on nous éduque pour pouvoir obtenir un travail, on travaille pour pouvoir consommer, on consomme pour pouvoir fournir du travail à soi ou à autrui. Lorsqu'on est adulte on perd beaucoup de notre imagination car elle est dangereuse pour la société. Si celle-ci en a besoin, elle tolère les débordements uniquement pour un nombre restreint de personnes. Mais, l'homme n'est pas fait que de logique, il est fait de rêve et d'imagination. La société a du créer des soupapes de pression. C'est pour cela que les loisirs et la culture de masse se sont énormément développés durant la seconde moitié du vingtième siècle. Le cinéma, en particulier le cinéma d'animation, a permis aux gens de retrouver un langage qu'ils avaient oublié : celui de l'imaginaire.
La fée Clochette dans Peter Pan
En revenant sur le phénomène de la concurrence, les spécialistes du cinéma prédisaient qu'avec l'arrivée de celle-ci, Disney perdrait des parts de marché. Si cela est vrai en pourcentage (quand on a 100 % du marché de l'animation et qu'arrive un concurrent, on perd forcément des parts en pourcentage), c'est moins évident du point de vue des résultats. Avec ou sans concurrent, les studios ont fait les mêmes résultats. En fait, c'est le marché de l'animation qui a explosé prouvant que cette partie du cinéma est un art à part entière et que les adultes comme les enfants retrouvent quelque chose qui les fait vibrer. Certes, les histoires sont politiquement correctes, se finissent toujours bien mais cela ne gène pas le public. Ils veulent partir dans des contrées lointaines , combattre des méchants féroces mais toujours s'en sortir. Ils savent que dans la réalité cela ne se passe jamais comme ça mais peu importe, ils veulent juste oublier cette vie de tous les jours et laisser gambader leur imagination pendant une heure et demie. Durant ce temps éphémère, la magie leur paraît alors éternelle !
Depuis 1928, les studios Disney nous ont faits rêver avec leur princesse et leur héros. Ils nous ont dépaysés en nous faisant visiter différentes contrées. Ils nous ont faits peur en nous faisant affronter des méchants plus terrifiants les uns que les autres. Avec leurs nombreux projets comme Tarzan et Fantasia 2000, les studios Disney nous réservent encore de nombreux moments de rêve. En soixante-dix ans, ils auront réussi à créer un nouvel art : le film d'animation. Maintenant que les préjugés sur cet art se sont estompés, la concurrence s'est installé et va donc emmener une diversité qui sera une aubaine pour le public.
Mais cette concurrence ne serait jamais apparue si les films d'animation Disney n'avait pas toujours fasciné le public de toutes générations. Synonyme de sortie familiale, ces films qui privilégient la symbolique à la réalité, ont toujours stimulé l'imaginaire des enfants comme des adultes. Pendant une heure et demie, le regard du public est le même quel que soit son âge. On y lit le même émerveillement et la même envie de se croire dans un monde où la magie existe et où elle est éternelle !
- Disney's Art of Animation, From Mickey Mouse to Hercules de Bob thomas, édition Hypérion, 1997
Cet intéressant livre américain retrace l'histoire de l'animation de 1928 à 1997, non seulement du point de vue des long-métrages mais également des autres formes d'animation.
- De Blanche à Hercules, 28 Longs-Métrages d'Animation des Studios Disney de Christian Renaut, édition Dreamland, 1997
Ce magnifique ouvrage explique d'un point de vue artistique l'élaboration de 28 des 36 long-métrages des studios Disney.
- L'Empire Disney de Robert Lanquar, édition Que sais-je ?, 1992
Ce petit livre reprend l'histoire de The Walt Disney Company avec une grande partie sur les parcs d'attractions et les films à prises de vues réelles.
- Morphologie du Conte de Vladimir Propp, Édition du Seuil, 1965
Ce livre parle de la classification des contes d'un point de vue beaucoup trop technique mais aura permis de bien définir certains aspects des contes.
- Le Langage du Changement de Paul Watzlawick, Édition du Seuil, 1978
Ce très intéressant ouvrage parle de la division du cerveau humain en deux hémisphères parlant deux langages différents : un métaphorique et un autre logique.