Le Roi Stéphane

Le 29 janvier 1959, Walt Disney sort en salle son troisième conte de fées animé, La Belle au Bois Dormant. Inspiré de l’œuvre de Charles Perrault, le long-métrage reprend alors tous les ingrédients du genre : une belle princesse victime d’une terrible méchante, un beau prince pour la délivrer, des fées pour la magie et des têtes couronnées au nombre desquelles figure le bon Roi Stéphane, le père de l’héroïne.

Publié en 1697 dans Les Contes de ma mère l’Oye, La Belle au Bois Dormant de Charles Perrault met en scène un roi et une reine fâchés de n’avoir point d’enfants. Lorsqu’une fille naît enfin, un splendide baptême est organisé durant lequel sept fées sont invitées à se pencher sur son berceau. Lors du repas qui suivit la cérémonie, une vieille fée que chacun avait oubliée surgit soudain. Le roi ordonne qu'un couvert soit dressé pour elle. Celui-ci est toutefois beaucoup moins luxueux que ceux déjà placés sur la table. Y voyant une marque de mépris, la vieille fée décide alors de maudire la princesse en lui prédisant une mort certaine après s’être piquée la main à un fuseau. Le sort est malgré tout conjuré par la septième fée dont les pouvoirs permettent de changer la mort en un sommeil profond.

Charles Perrault

Pour éviter le malheur promis à sa fille, le roi ordonne la confiscation de tous les fuseaux. Quiconque s’y opposera sera condamné à mort. Quinze ou seize ans plus tard, le roi et la reine sont partis en villégiature dans leur maison de plaisance. Seule au château durant leur absence, la jeune princesse s’amuse à passer de chambre en chambre jusqu’à un donjon. Elle y découvre une vieille femme en train de filer sa quenouille. N’ayant jamais eu écho des ordres du roi, celle-ci autorise la princesse à manier l’outil. Étourdie, elle se perce alors la main et s’évanouit.

Estampe de Gustave Doré, 1862, BNF, Paris

Trouvant sa fille inerte, le roi fait placer son corps dans un bel appartement, sur un lit en broderie d’or et d’argent. Il ordonne ensuite qu’elle puisse dormir en paix jusqu’à son réveil. Pour éviter à la princesse de reprendre ses esprits au milieu d’un château désert, la septième fée plonge l’ensemble des domestiques, gentilshommes, officiers et autres valets dans le sommeil. Seuls le roi et la reine restent éveillés. Abandonnant leur fille à sa nuit de cent ans, tous les deux font installer des défenses autour du château.

Estampe de Gustave Doré, 1862, BNF, Paris

Lorsque la princesse se réveille enfin, le roi et la reine sont déjà morts. Le royaume est à présent gouverné par un autre souverain descendant d’une autre famille. Pénétrant dans le château recouvert par la végétation, c’est lui qui découvre la belle qu’il épouse finalement. Deux ans plus tard, le couple donne naissance à deux enfants, une fille prénommée Aurore et un fils nommé Jour…

« Il était une fois, dans un pays lointain, un Roi et une Reine qui étaient fort tristes de ne pas avoir d’enfants. Un jour, enfin, leur vœu fut exaucé. La Reine mit au monde une fille qu’ils prénommèrent Aurore... ».

Tout le royaume est en liesse. Cette joie collective accompagne la naissance de la jeune princesse Aurore que le peuple est invité à rencontrer lors d’une extraordinaire cérémonie de baptême. Des quatre coins du pays, nobles ou paysans accourent ainsi au château où le Roi Stéphane et son épouse, la Reine, les accueillent. Assis dans la grande salle du trône, le couple royal est au comble du bonheur. Parmi les convives, Stéphane est en particulier heureux de recevoir son voisin, le Roi Hubert, venu avec son fils Philippe à qui la main de la princesse Aurore est d’ores et déjà promise.

Mais cette allégresse est bientôt brisée par l’arrivée inopinée de la fée Maléfique. Lugubre, la terrifiante magicienne fait immédiatement part au Roi Stéphane de sa vexation. Contrairement à l’ensemble des sujets, elle n’a en effet pas reçu d’invitation. Comprenant que sa présence n’est pas désirée, Maléfique prépare déjà sa revanche. Conservant son calme, elle jette un terrible sort sur la princesse qu’elle destine à un avenir funeste. À l’aube de ses seize ans, celle-ci se piquera le doigt à la pointe du quenouille et en mourra.

« Emparez-vous de cette sorcière ! ». Le Roi Stéphane ordonne à sa garde de capturer la méchante fée qui disparaît avant-même que les soldats aient le temps d’intervenir. Fou de rage, et dans le même temps terriblement inquiet, le monarque obtient de la fée Pimprenelle qu’elle atténue quelque peu le sortilège. Aurore se piquera bien le doigt à la pointe d’une quenouille. Mais elle ne mourra pas. À la place, elle sera plongée dans un profond sommeil d’où elle ne sortira que par l’intervention d’un beau prince charmant…

Pour éviter à sa fille ce triste destin, le Roi Stéphane ordonne la destruction immédiate de toutes les quenouilles et autres fuseaux du royaume. Un gigantesque autodafé est dès lors organisé dans la cour du château. Si tous les rouets sont ainsi détruits dans les flammes, le souverain n’est malgré tout pas rassuré. Il accepte par conséquent que les trois fées emportent avec elles le bébé afin de le cacher dans la forêt. Le cœur brisé, le Roi Stéphane et la Reine regardent donc leur unique enfant s’en aller dans la nuit…

Seize ans plus tard, la joie s’est à nouveau emparée du château. Le retour de la fille prodigue est en effet imminent. À sa fenêtre, le Roi Stéphane s’impatiente malgré tout. Il peut heureusement trouver un peu de soutien et de réconfort auprès de son bon ami, le Roi Hubert. « Pardonnez-moi, mais après seize années de séparation, un père peut être inquiet », confesse Stéphane. Pour l’aider à aller mieux, Hubert fait porter du vin. « Trinquons à l’avenir ! », s’exclame-t-il avant d’entonner une chanson pleine d’espoir.

« Trinquons à leur jolie maison ! », surenchérit Hubert. « Quelle maison ?! », réagit alors Stéphane, étonné de voir que la construction du château du futur couple est déjà achevée et que ces derniers pourront emménager dès demain. « Dès demain ? », s’étouffe Stéphane, « Mais Hubert, ils ne sont pas mariés que je sache ! ». Si le Roi Hubert promet un mariage le soir-même, le Roi Stéphane n’est pas aussi enthousiaste. « Attendez, Hubert ! Je n’ai pas encore vu ma fille que vous voulez me l’enlever ».

Alors que le vin continue de couler à flot dans le gosier d’Hubert, Stéphane tente de ralentir autant que possible le cours des événements. « Soyez raisonnable, Hubert. Après tout, Aurore ignore tout de nos projets. C’est une jeune fille… Ça peut lui faire un choc… ». Sur ces mots, le Roi Hubert perd soudain ses nerfs. Persuadé que le Roi Stéphane méprise son fils, le souverain est près à en découdre. La tension monte rapidement. S’armant d’un poisson comme s’il s’agissait d’une épée, Hubert lance l’assaut contre Stéphane qui se défend avec un simple plat. La possibilité d’une guerre entre les deux royaumes se profile déjà à l’horizon. La situation devient alors aussi dangereuse. Elle est surtout grotesque. Comprenant que ce duel n’a aucun sens, les deux monarques, hilares, tombent dans les bras l’un de l’autre.

Le mariage devra néanmoins attendre encore… Alors que les parents d’Aurore patientent dans la salle du trône, Hubert se glisse discrètement pour informer son ami d’un fait important. Son fils, Philippe, est introuvable. Le vieux roi n’a cependant pas le temps d’aller plus loin dans ses explications que le clairon résonne déjà. « Le soleil s’est couché ! », annonce un héraut, « Préparez-vous à accueillir votre princesse ». Des feux d’artifice éclairent le ciel alors que la foule exulte de joie. Se levant de son siège, Stéphane ne peut lui-même dissimuler son impatience et sa nervosité.

Dans l’une des tours du château, les fées ne sont cependant pas à la fête. Ramenée clandestinement au château, Aurore a été rattrapée par son funeste destin. Envoûtée par Maléfique, elle s’est bel et bien piqué le doigt à la pointe d’une quenouille et a sombré dans un sommeil sans fin. En attendant de trouver une parade pour la libérer de ce mauvais sort, les trois fées décident donc de plonger le château dans l’obscurité. Le Roi Stéphane, comme tous les autres occupants du palais, est lui-même placé dans les bras de Morphée…

Grâce à l’entremise des fées et surtout l’intervention valeureuse de Philippe, les choses rentrent heureusement dans l’ordre. Maléfique est finalement vaincue et Aurore sortie de sa torpeur. Le château peut dès lors reprendre vie. Tout le monde est sorti de son sommeil, à commencer par le couple royal qui exulte de bonheur au moment de retrouver enfin sa fille. Dodelinant de la tête au rythme de la musique, Stéphane observe sa fille valser avec Philippe au milieu de la grande salle du trône. Happy End!

Lorsqu’ils se lancent dans la production de La Belle au Bois Dormant au cours de l’année 1950, les scénaristes de Disney décident de coller au plus près à l’œuvre de Charles Perrault. Le point de départ de l’histoire est ainsi le même. Le Roi Stéphane est présenté comme un souverain bon et gentil dont la vie est illuminée par la naissance de sa fille, Aurore. Lors du baptême de la petite, les événements dégénèrent cependant par le fait d’une méchante fée estimant avoir été humiliée. Celle-ci jette alors un sortilège à l’enfant, condamnée à mourir après s’être piquée sur un fuseau. Le sort est cependant atténué par une autre fée.

Au fil des différentes moutures du script, le conte original est clairement altéré. Les sept fées mentionnées par Charles Perrault ne sont désormais plus que trois. Après que la malédiction s'est abattue sur elle, la princesse ne reste pas au château auprès de ses parents, mais se voit confiée aux magiciennes qui la cachent dans la forêt durant seize ans. Autre changement de taille, le sommeil de la princesse ensorcelée ne dure plus un siècle, mais seulement une nuit, le temps pour le beau prince de vaincre le Mal. Surtout, le destin de la reine et du roi est totalement changé. Morts bien avant le réveil de leur fille dans l’histoire originale, tous les deux connaissent une fin bien plus heureuse.

Autre modification notable, la plupart des personnages se voient attribuer des patronymes. Contrairement à son épouse, qui reste anonyme, le roi est ainsi nommé Stéphane (Stefan en version originale). Monarque jovial avec ses amis et protecteur envers sa famille, il apparaît sous les traits d’un homme dans la force de l’âge. Vêtu d’une luxueuse chape noire et or qui dissimule une tunique dorée, il porte une haute couronne sur sa longue chevelure corbeau. Le nez aquilin, il arbore un bouc et une longue moustache. La silhouette mince et longiligne, il se présente comme l’exact opposé du Roi Hubert, plus grassouillet et court sur pattes.

L’apparence finale du Roi Stéphane est conçue par l’artiste Milt Kahl qui s’est alors inspiré des prises de vues réelles réalisées par l’acteur Hans Conried. Né le 15 avril 1917 à Baltimore, le comédien débute au théâtre dès l’âge de douze ans avec une apparition dans une adaptation d’Hamlet de William Shakespeare montée au sein de son collège. Élève de l’Université de Columbia, il entame ensuite une jolie carrière sur les planches. Réputé pour ses imitations, il joue à la radio dès 1937 puis au cinéma dans des films comme Chante Mon Amour, Le Dictateur, Jeanne de Paris, Cinquième Colonne, Entrons dans la Danse, Voyage à Rio, Le Monde lui Appartient... Repéré par Walt Disney, il incarne le Miroir magique dans One Hour in Wonderland et The Walt Disney Christmas Show, les deux premières incursions télévisuelles du papa de Mickey. Il prête ensuite sa voix au Capitaine Crochet dans Peter Pan, l’un de ses plus beaux rôles. Thimblerig dans Davy Crockett, Roi des Trappeurs, il complète sa filmographie avec des productions comme Arrêt d’Autobus, Trois Bébés sur les Bras, Un Candidat au Poil et Le Chat qui Vient de l’Espace. Hans Conried décède le 5 janvier 1982 à l’âge de soixante-quatre ans.

La première apparition du Roi Stéphane est animée par Bob Carlson, Blaine Gibson et John Sibley.
Originaire de l’Illinois où il voit le jour le 7 novembre 1906, Robert W. Carlson, Jr. entre chez Disney à la fin des années 1940. Associé à la production de Pinocchio et Fantasia, il participe à l’animation de plusieurs cartoons de Donald, en particulier Déboires sans Boire qu’il réalise. Après Peter Pan, La Belle et le Clochard et La Belle au Bois Dormant, Carlson quitte Disney en 1958 et rejoint le concurrent UPA qui le fait travailler sur Les Aventures d’Aladin. Passé chez Hanna-Barbera (Les Pierrafeu), Bill Melendez Productions (Charlie Brown), Elba Productions (The Night Before Christmas) et Filmation (T’as le Bonjour d’Albert), Bob Carlson revient chez Disney et œuvre ponctuellement sur quelques séries telles que Les Wuzzles et Les Gummi. L’artiste décède le 18 juin 1990 à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

Ira Blaine Gibson naît le 11 février 1918 à Rocky Ford, dans le Colorado. Engagé chez Disney durant la Grande Dépression, il débute comme coursier avant de se voir proposer un poste d’intervalliste puis d’assistant animateur. Il participe alors à la production de Fantasia, Bambi, Mélodie du Sud, Alice au Pays des Merveilles, Peter Pan, La Belle au Bois Dormant et Les 101 Dalmatiens. Sculpteur hors pair, Gibson est repéré par Walt Disney qui lui propose de rejoindre les équipes de WED Enterprises (actuelle Walt Disney Imagineering). Là, il sculpte des dizaines de personnages, notamment le buste d’Abraham Lincoln, les présidents du Hall of Presidents, certains pirates de Pirates of the Caribbean et d’autres revenants de l’Haunted Mansion. Créateur de la statue Partners dont l'original trône au centre de Disneyland, Blaine Gibson prend sa retraite en 1983. Il décède le 5 juillet 2015 à l’âge de quatre-vingt-seize ans. Un Disney Legends Award récompense sa carrière.

Né le 25 janvier 1912 à Danville, dans l’Illinois, John Sibley est recruté chez Disney en 1937. Associé à la création de dizaines de cartoons, il a notamment animé Dingo dont il est devenu l’un des spécialistes. Sibley a également participé à l’animation des dinosaures de Fantasia, du gauchito volant, d’Ichabod Crane, de Si et Am, des rois Stéphane et Hubert, ou bien encore d’Horace et Jasper Badun. Il décède le 15 février 1973 à l’âge de soixante-et-un ans.

La confrontation du Roi avec Maléfique est créée par Marc Davis. Membre du groupe des Neuf Vieux Messieurs, l’artiste naît le 30 mars 1913 à Bakersfield, en Californie. Élève de l’Institut des Arts Otis, il entre chez Disney le 2 décembre 1935. Nommé assistant animateur de Blanche Neige, il donne ensuite vie à des personnages aussi divers que Fleur, Frère Renard, Frère Ours, Mr. Toad, Cendrillon, Alice, la Fée Clochette, Aurore, Maléfique et Cruella d’Enfer, sa dernière création animée. Après la production des (Les) 101 Dalmatiens et celle de Chantecler qui ne sera finalement pas menée à terme, Marc Davis abandonne le département animation pour rejoindre les troupes de WED Enterprises occupées au développement des attractions de Disneyland. Il travaille ainsi sur Jungle Cruise, l'Enchanted Tiki Room, The Haunted Mansion ou bien encore Pirates of the Caribbean. Surnommé par Walt Disney « My Renaissance Man », Marc Davis se retire en 1978. Récompensé par un Disney Legends Award en 1989, il décède le 12 janvier 2000.

Le duel entre le Roi Stéphane et le Roi Hubert est supervisé par Milt Kahl. Lui-aussi membre du groupe des Neuf Vieux Messieurs, l’artiste voit le jour le 22 mars 1909 à San Francisco, en Californie. Débutant sa carrière comme dessinateur pour le journal The Oakland Post Inquirer puis pour le San Francisco Bulletin, il devient bientôt créateur d’affiches de cinéma avant d’arriver chez Disney en 1934. Doté d’un caractère bien trempé, Kahl travaille comme intervalliste sur plusieurs cartoons de Mickey. Son talent lui permet rapidement de devenir animateur puis superviseur de l’animation. Très doué pour l’animation des humains, il collabore à presque tous les longs-métrages animés de Disney et donne vie à des personnages aussi fameux que Pinocchio, dont il définit l’apparence finale, Bambi, Brom Bones, Frère Lapin, Johnny Pépin de Pomme, Cendrillon, le prince Philippe et le roi Hubert, Roger Radcliff et Pongo, Merlin l’enchanteur ou bien encore Tigrou. Derrière l’animation remarquable de Shere Khan et de Madame Médusa, son ultime méchante, Milt Kahl est élevé au rang de Disney Legend en 1989, deux ans après sa mort survenue le 19 avril 1987 à l’âge de soixante-dix-huit ans.

Les dernières apparitions du Roi sont enfin dessinées par John Lounsbery. Né le 9 mars 1911 à Cincinnati, ce dernier étudie à l’Art Institute de Denver puis à l’Art Center School of Design de Los Angeles. Engagé chez Disney en 1935, il donne vie à des personnages comme Pluto, la Sorcière, Grand Coquin et Gédéon, Ben Ali Gator, Monsieur Darling, le Chat du Cheshire, Tony et Joe, les rois Stéphane et Hubert ou bien encore le Colonel Hathi. Nommé réalisateur des (Les) Aventures de Winnie l’Ourson et des (Les) Aventures de Bernard et Bianca, il décède le 13 février 1976 à l’âge de soixante-quatre ans. Lui aussi est honoré d'un Disney Legends Award.

Après avoir un temps été envisagé pour Hans Conried, le rôle du Roi Stéphane est finalement offert à Taylor Holmes. Né le 16 mai 1878 à Newark, dans le New Jersey, il débute sur les planches de Broadway en février 1900 dans la pièce Sapho. À l’affiche d’une bonne centaines de pièces de théâtre, notamment une adaptation d’Hamlet dans laquelle il campe le personnage de Rosencrantz, il joue également au cinéma dès 1917. Grande vedette du muet, il passe le cap du parlant en apparaissant dans des longs-métrages comme Le Carrefour de la Mort, Boomerang !, Jeanne d’Arc, Le Père de la Mariée, Les Hommes Préfèrent les Blondes ou bien encore La Horde Sauvage. Honoré par une étoile à son nom sur le prestigieux Hollywood Walk of Fame, Taylor Holmes disparaît le 30 septembre 1959, huit mois après la sortie de La Belle au Bois Dormant, son ultime film.

En France, le rôle est offert à Jacques Berlioz. Né le 26 février 1899 à Sannois, il débute sa carrière après la Première Guerre mondiale. Au théâtre, il s’illustre notamment dans Parmi les Loups, La Servante sans Gage, Lorenzaccio et La Dame aux Camélias. Au cinéma, il joue dans Les Beaux Jours, Mayerling, Les Perles de la Couronne, La Bête Humaine, L’Affaire du Collier de la Reine et Le Combat de l’Île. En parallèle, Jacques Berlioz se spécialise dans le doublage et offre sa voix à Louis Calhern, Ed Begley, Finlay Currie, ainsi qu’à George J. Lewis dans Zorro et au personnage du Colonel dans Les 101 Dalmatiens. Le comédien disparaît le 5 juillet 1969.

Lors du redoublage de La Belle au Bois Dormant effectué en 1981, Jacques Berlioz cède sa place à René Bériard. Né le 25 septembre 1917 à Paris, le comédien alterne entre théâtre, télévision et cinéma. À l’affiche de Calmos, Le Choix des Armes, La Femme Publique et Si le Soleil ne Revenait pas, il est la voix du Roi Stéphane, d’Einstein, du Vieil Hérétique et de Géo Trouvetou. René Bériard disparaît le 5 décembre 1998.

Pour la partie chantée, René Bériard est suppléé par Henri Tallourd. Né à Angers le 8 août 1917, il est notamment la voix de Joyeux, de Crapaud et du chat Shun Gon. Il décède le 8 août 2006.

Le Roi Stéphane est de retour en 2007 dans La Clé de ce Royaume, l’un des segments du film Disney Princesses - Les Histoires Merveilleuses : Vis tes Rêves. Avec son épouse, la Reine, il s’absente du royaume durant deux jours, laissant les rênes du pouvoir à Aurore. Pour l’occasion, le souverain est interprété en version originale par Corey Burton et en version française par Bernard Alane.

Disney Princesses - Les Histoires Merveilleuses : Vis tes Rêves (2007)

Dans le long-métrage Maléfique réalisé par Robert Stromberg en 2014, le rôle du Roi Stéphane s’étoffe tout en changeant radicalement. Incarné par le comédien Sharlto Copley, il n’est encore qu’un jeune orphelin au service du roi lorsqu’il rencontre Maléfique pour la première fois. Tous les deux deviennent alors de très bons amis. Se retrouvant dans la Lande, leur relation se transforme bientôt en romance. Mais les choses dégénèrent rapidement. Le trône est en effet promis à celui qui parviendra à tuer la fée. Pour récupérer la couronne, Stéphane vole donc les ailes de Maléfique et les rapporte à la cour afin de prouver que cette dernière est bel et bien morte. Pâle menteur, Stéphane est ainsi proclamé roi.

Maléfique (2014)

Des années plus tard, Stéphane a épousé la fille de feu le roi Henry. Ensemble, le couple a donné naissance à une fille, Aurore. Mais le jour du baptême, Maléfique fait son retour. Décidée à se venger de la traitrise du souverain, elle jette un sort sur l’enfant, promise à un terrible avenir. Sombrant peu à peu dans la paranoïa, Stéphane n’a plus qu’une idée en tête, éliminer une fois pour toute Maléfique. Il est alors tellement obnubilé par cela qu’il délaisse sa femme qui succombe à la maladie.

Maléfique (2014)

Lorsqu’Aurore fait enfin son retour au palais après avoir passé seize ans dans la forêt avec les fées, le Roi Stéphane n’est plus que l’ombre de lui-même. Aigri, il ne peut empêcher l’accomplissement du sortilège jeté par Maléfique. Fou de rage, il parvient à capturer la fée et se prépare à l’assassiner lorsque les ailes de cette dernière, conservées dans une vitrine, retournent à leur propriétaire. Retrouvant ainsi sa puissance, Maléfique tient sa vengeance. Par amour pour la jeune princesse, elle accepte toutefois d’épargner le Roi. Aveuglé par sa colère, Stéphane refuse de concéder sa défaite et reprend l’attaque. Dans sa folie, il se tue en chutant du haut d’une tour.

Maléfique (2014)

Le souverain est joué par le comédien français Sebastian Roché dans la série Once Upon a Time - Il Était une Fois. Le personnage apparaît dans Le Retour du Dragon, le quatorzième épisode de la Saison 4. Il est marié à Rose, jadis maudite par Maléfique. Parvenu à rompre le charme grâce à un baiser d’amour, sa femme et lui donnent naissance à la princesse Aurore. Des années plus tard, alors que Maléfique s’est alliée à la Reine Regina, le monarque tente de protéger sa fille face à la terrible fée changée en dragon.

Once Upon a Time - Il Était une Fois (2015)

Le 20 août 2023, l’histoire de La Belle au Bois Dormant est reprise dans un court-métrage de la collection Chibi Tiny Tales.

Chibi Tiny Tales (2023)

Comme l’ensemble des protagonistes de La Belle au Bois Dormant, le Roi Stéphane apparaît dans l’adaptation en bande dessinée réalisée en 1958 par Julius Svendsen et Floyd Gottfredson dans la collection Walt Disney’s Treasures of Classic Tales. Une autre version, signée par Hal Hubbard, est pour sa part publiée en 1959 par l’éditeur Dell.

Bob Holt incarne le Roi Stéphane dans le livre-disque Walt Disney’s Sleeping Beauty édité par Disneyland Records en 1977.

Côté jeux vidéo, le Roi Stéphane apparaît furtivement dans les titres Maleficent Free Fall, Hidden Worlds, Disney POP TOWN et Disney Speedstorm.

Le Roi Stéphane possède enfin une carte à son effigie dans le jeu de plateau Disney Villainous.

Le Roi Stéphane est à l’honneur au sein du Château de La Belle au Bois Dormant, au cœur de Disneyland Paris.

Le Château de La Belle au Bois Dormant

Deux vitraux représentent le souverain. Sur le premier, il est debout aux côtés de son épouse qui regarde avec lui les trois fées répandre leur magie au-dessus du berceau d’Aurore. Un autre vitrail montre le couple royal en train d'observer les fuseaux et autres quenouilles brûler dans la cour du château.

Royal Banquet, Disneyland Hotel

Le 25 janvier 2024, le Disneyland Hotel rouvre ses portes après presque deux ans et demi de travaux. Parmi les transformations effectuées au sein du plus luxueux des hôtels de Disneyland Paris, figure notamment le Royal Banquet, un buffet à volonté proposant des plats internationaux. Permettant de faire de belles rencontres avec les personnages, le restaurant est divisé en plusieurs salles dans lesquelles trônent les portraits des grandes figures royales de la filmographie des studios Disney. Le Roi Stéphane est lui-même représenté debout près du berceau de sa chère fille aux côtés de sa femme ainsi que du Roi Hubert et de son fils Philippe.

À la tête d’un royaume prospère, le Roi Stéphane est un personnage à part dans la longue filmographie des studios Disney. Incarnant avec justesse l’amour qu’un père peut éprouver pour sa fille dans le classique animé de 1959, il devient en effet un méchant redoutable dans le long-métrage Maléfique de 2014, un changement qu’aucun autre second rôle n’avait jamais subi jusqu’alors.