Les Simpson
Saison 6
Titre original : The Simpsons - Season 6 Production : 20th Century Fox Television Gracie Films Date de diffusion USA : 4 septembre 1994 - 21 mai 1995 Genre : Animation 2D |
Création : Matt Groening Musique : Alf Clausen Durée : 600 minutes |
Les Simpson - Autre(s) saison(s) : Saison 06 Saison 17 Saison 18 Saison 19 Saison 20 Saison 21 Saison 22 Saison 23 Saison 24 Saison 25 Saison 26 Saison 27 Saison 28 Saison 29 Saison 30 Saison 31 Saison 32 Saison 33 Saison 34 Saison 35 Saison 36 |
Liste et résumés des épisodes
1. Bart of Darkness
Bart des Ténèbres
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 1 Date de diffusion USA : 4 septembre 1994Réalisé par : Jim Reardon Durée : 22 minutes Les Simpson installent une piscine dans le jardin, mais Bart ne peut en profiter après s'être cassé la jambe... |
2. Lisa's Rival
La Rivale de Lisa
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 2 Date de diffusion USA : 11 septembre 1994Réalisé par : Mark Kirkland Durée : 22 minutes Lisa entre en rivalité avec une nouvelle élève de l'école et Homer tombe sur une montagne de sucre. |
3. Another Simpsons Clip Show
L'Amour à la Simpson
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 3 Date de diffusion USA : 25 septembre 1994Réalisé par : David Silverman Durée : 22 minutes Marge et Homer essaient d'enseigner l'amour à leurs enfants. |
4. Itchy & Scratchy Land
Itchy et Scratchy Land
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 4 Date de diffusion USA : 2 octobre 1994Réalisé par : Wes Archer Durée : 22 minutes Les Simpson visitent le Itchy et Scratchy Land... |
5. Sideshow Bob Roberts
Le Maire est Amer
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 5 Date de diffusion USA : 9 octobre 1994Réalisé par : Mark Kirkland Durée : 22 minutes La campagne électorale pour la mairie de Springfield fait rage... |
6. Treehouse of Horror V
Simpson Horror Show V
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 6 Date de diffusion USA : 30 octobre 1994Réalisé par : Jim Reardon Durée : 22 minutes Les Simpson gardent le manoir de Mr Burns. Homer devient fou. Homer répare son grille-pain et change la réalité présente. Skinner décide de lutter contre la surpopulation carcérale de l'école... |
7. Bart's Girlfriend
La Petite Amie de Bart
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 7 Date de diffusion USA : 6 novembre 1994Réalisé par : Susie Dietter Durée : 22 minutes Bart tombe amoureux de la fille du pasteur... |
8. Lisa on Ice
Le Hockey qui Tue
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 8 Date de diffusion USA : 13 novembre 1994Réalisé par : Bob Anderson Durée : 22 minutes Lisa se découvre un talent au hockey sur glace... |
9. Homer: Badman
Pervers Homer
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 9 Date de diffusion USA : 27 novembre 1994Réalisé par : Susie Dietter Durée : 22 minutes Homer est accusé d'attouchement sexuel... |
10. Grampa vs. Sexual Inadequacy
La Potion Magique
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 10 Date de diffusion USA : 4 décembre 1994Réalisé par : Wes Archer Durée : 22 minutes Homer invente une potion qui stimule la libido des hommes... |
11. Fear of Flying
La Peur de l'Avion
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 11 Date de diffusion USA : 18 décembre 1994Réalisé par : Mark Kirkland Durée : 22 minutes Marge a peur de l'avion et recherche les raisons profondes de cette phobie... |
12. Homer the Great
Homer le Grand
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 12 Date de diffusion USA : 8 janvier 1995Réalisé par : Jim Reardon Durée : 22 minutes Homer entre dans l'organisation secrète des Tailleurs de pierre... |
13. And Maggie Makes Three
Et avec Maggie ça Fait Trois
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 13 Date de diffusion USA : 22 janvier 1995Réalisé par : Swinton O. Scott III Durée : 22 minutes Homer explique à Bart et Lisa comment Maggie est arrivée au monde... |
14. Bart's Comet
La Comète de Bart
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 14 Date de diffusion USA : 5 février 1995Réalisé par : Bob Anderson Durée : 22 minutes Bart découvre une comète qui se dirige sur la Terre. |
15. Homie the Clown
Homer le Clown
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 15 Date de diffusion USA : 12 février 1995Réalisé par : David Silverman Durée : 22 minutes Homer s'essaie en tant que clown... |
16. Bart vs. Australia
Bart contre l'Australie
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 16 Date de diffusion USA : 19 février 1995Réalisé par : Wes Archer Durée : 22 minutes Bart a des ennuis avec la justice australienne... |
17. Homer vs. Patty & Selma
Mes Sorcières Détestées
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 17 Date de diffusion USA : 26 février 1995Réalisé par : Mark Kirkland Durée : 22 minutes Bart prend des cours de danse et Homer demande aux sœurs de Marge de lui prêter de l'argent... |
18. A Star is Burns
Burns Fait son Cinéma
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 18 Date de diffusion USA : 5 mars 1995Réalisé par : Susie Dietter Durée : 22 minutes Pour améliorer la réputation de Springfield, ses habitants créent et participent à un festival de films. |
19. Lisa's Wedding
Le Mariage de Lisa
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 19 Date de diffusion USA : 19 mars 1995Réalisé par : Jim Reardon Durée : 22 minutes Lisa voit son avenir. |
20. Two Dozen and One Greyhounds
Une Portée qui Rapporte
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 20 Date de diffusion USA : 9 avril 1995Réalisé par : Bob Anderson Durée : 22 minutes Petit Papa Noël devient père de 25 chiots... |
21. The PTA Disbands
Il Faut Bart le Fer Tant qu'il est Chaud
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 21 Date de diffusion USA : 16 avril 1995Réalisé par : Swinton O. Scott III Durée : 22 minutes En raison du manque de budget dans l'école, les professeurs font grève. |
22. Round Springfield
Salut l'Artiste
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 22 Date de diffusion USA : 30 avril 1995Réalisé par : Steven Dean Moore Durée : 22 minutes Lisa rencontre Gencives Sanglantes à l'hôpital... |
23. The Springfield Connection
La Springfield Connection
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 23 Date de diffusion USA : 7 mai 1995Réalisé par : Mark Kirkland Durée : 22 minutes Marge entre dans la police de Springfield... |
24. Lemon of Troy
Le Citron de la Discorde
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 24 Date de diffusion USA : 14 mai 1995Réalisé par : Jim Reardon Durée : 22 minutes Les anciennes rivalités entre Springfield et la ville voisine de Shelbyville refont surface... |
25. Who Shot Mr. Burns? - Part 1
Qui a Tiré sur M. Burns ? (Partie 1)
Genre : Épisode télé
Série : Les Simpson
Saison 6 Épisode 25 Date de diffusion USA : 21 mai 1995Réalisé par : Jeffrey Lynch Durée : 22 minutes Mr Burns se fait tirer dessus. Qui est le coupable ? |
La critique
Toujours plus drôle, plus incisive et irrévérencieuse, Les Simpson enchaîne sur une sixième saison aux sujets profondément sérieux, traités avec humour et finesse. Malgré un début de saison perturbé par le tremblement de terre de Northridge en 1994 en Californie, la Saison 6 des (Les) Simpson perpétue au cours de ses vingt-cinq épisodes - devenant la première plus longue saison de la série - l’héritage d’une satire sociale et culturelle cinglante, aux influences durables sur la société qu’elle critique.
Quelques mois après la fin de la diffusion de la Saison 5 des (Les) Simpson, les habitants de Springfield reviennent déjà sur les petits écrans des foyers américains dès le 4 septembre 1994 sur le réseau Fox jusqu’au 21 mai 1995. Son créateur, Matt Groening, voit ainsi son idée s’améliorer et se développer d’année en année mais veille à ce que le matériau original soit respecté, gardant ainsi la double casquette de producteur exécutif et consultant créatif. Né en 1954 à Portland dans l’Oregon, Groening s’intéresse à l’écriture et au dessin très tôt lorsqu’il devient éditeur du journal de son université, The Cooper Point Journal. Sa carrière prend véritablement son envol avec la création de sa bande dessinée, Life in Hell, dans laquelle il traite de divers sujets sociétaux par la mise en scène de personnages anthropomorphiques. Publié en 1980, le génie du comic strip vient aux oreilles d’Hollywood : James L. Brooks, fondateur de Gracie Films, le contacte pour créer une petite pastille animée pour l’émission du réseau Fox The Tracey Ullman Show. Il dessine alors les premiers contours des Simpson, une famille dysfonctionnelle de la petite ville de Springfield, caricature ultime du foyer américain moyen. S'inspirant légèrement de sa propre famille, il ira même jusqu’à donner à ses personnages les prénoms de membres de son entourage. Diffusé pour la première fois en 1987, le succès est immédiat, si bien que Fox en commande une première saison de treize épisodes diffusée dès 1989. La série satirique remporte un succès grandissant tandis que Matt Groening, tout en gardant un œil sur sa création, s’entoure de scénaristes bourrés d’idées comme David M. Stern ou Jon Vitti et de producteurs de talent tels Al Jean, Mike Reiss ou encore David Mirkin.
S’étant fait la main sur dix-neuf épisodes sur la saison précédente, David Mirkin garde pour la Saison 6 sa casquette de show-runner pour vingt-trois épisodes. Réalisateur et acteur américain né à Philadelphie en 1955, David Mirkin, une fois son diplôme de cinéma de l’Université de Loyola Marymount en poche, commence à écrire les scénarios pour des séries télévisées comme Vivre à Trois (1983-1984) ou The Larry Sanders Show (1992-1998) puis crée des séries comiques comme Get a Life (1990-1992) ou The Edge (1992-1993) qui remporte un franc succès. Il est ensuite employé comme producteur délégué de la Saison 5 des (Les) Simpson et premier show-runner de l’histoire de la série, et doit reconstituer son équipe, la plupart des animateurs de la Saison 4 ayant quitté le navire. Connu pour son humour noir et surréaliste, il n’hésite pas à instiller à l’univers de la série ce côté loufoque pouvant traiter de tous les sujets avec humour. Il quitte son rôle de show-runner a la fin de la Saison 6 mais garde un poste de consultant pour la série, voire reprend sa plume de scénariste notamment pour Les Simpson - Le Film en 2007.
Travaillant avec son équipe de la saison précédente, David Mirkin va faire face à d’autres défis durant la Saison 6. Depuis ses débuts, Les Simpson vogue en effet sur un succès qui n’a cessé de grandir avec un public toujours de plus en plus demandeur. Pour capitaliser sur un enthousiasme intense pour une famille américaine unique en son genre, 20th Century Television demande à l'équipe de production de réaliser deux épisodes supplémentaires pour la Saison 6, portant l’effectif total à vingt-cinq épisodes, un modèle repris sur les trois saisons suivantes puis abandonné à partir de la Saison 10, au profit de saisons d’une longueur constante de vingt-trois épisodes. Mais voilà, cette pression ajoutée sur les animateurs est jugée bien trop élevée, si bien que les scénaristes sont alors rejoints par d’anciens show-runners, Mike Reiss et Al Jean, pour deux épisodes : Burns Fait Son Cinéma (épisode 18) et Salut l’Artiste (épisode 22) respectivement. Reiss, né en 1959 ou 1960 à Bristol dans le Connecticut, et Jean, né en 1961 à Détroit dans le Michigan, se rencontrent sur leur lieu d'étude à Harvard où ils participent à l'écriture du journal humoristique Harvard Lampoon. Le duo est ensuite engagé sur de multiples séries télévisées en tant que scénaristes comme ALF (1986-1990) et Mr. Gun (1986-1988). Dès 1989, ils font tous les deux partie de l’équipe originale de la première saison des (Les) Simpson, dont ils écrivent les treize épisodes. Ils deviennent alors logiquement les show-runners des Saisons 3 et 4 pour ensuite quitter la série afin de créer leur propre programme télévisé intitulé Profession : Critique. C’est alors qu'ils travaillent sur leur série qu’ils sont appelés pour diriger les deux épisodes des (Les) Simpson demandés par 20th Century Fox Television. Cette mise en commun d'équipes artistiques aux approches hétérogènes crée un climat de tension au sein du studio de production. L’épisode Burns Fait son Cinéma (épisode 18) est en effet mal vu par Matt Groening qui n’y voit qu’une publicité flagrante pour la nouvelle série de ses anciens collègues et décide de retirer son nom du générique de l’épisode ! Certains commentateurs estiment quant à eux que Groening, après avoir profité de l’excellent travail de Reiss et Jean, aurait mieux à faire en leur apportant son soutien. Malheureusement, la série Profession : Critique n’aura connu qu’une courte vie et sera arrêtée après seulement deux saisons. Al Jean reviendra dans l'équipe des (Les) Simpson par la suite.
Les divergences artistiques entre animateurs et scénaristes ne sont pas les seuls défis que David Mirkin doit gérer durant cette Saison 6 car une catastrophe naturelle de grande envergure va obliger une réorganisation complète de l'équipe de production. Dans la nuit du 17 janvier 1994, un séisme de magnitude 6.7 sur l’échelle de Richter frappe ainsi Northridge, un quartier de Los Angeles situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de la ville. Causant la mort de cinquante-sept personnes, il occasionne également d’importants dégâts aux conséquences économiques lourdes à tel point qu’il est considéré comme l’une des catastrophes naturelles les plus coûteuses de l’histoire des États-Unis. Les Studios Film Roman où l’équipe de production de la série travaillait à l’époque ont été endommagés par le tremblement de terre, obligeant les animateurs et scénaristes affectés à ces locaux à être délocalisés pendant trois mois dans un bâtiment temporaire. L’équipe qui travaillait alors sur Bart des Ténèbres (épisode 1), qui devait être le dernier épisode de la Saison 5, a été contrainte de décaler sa sortie pour en faire l’épisode d’ouverture de la Saison 6. Malgré tout, la production leur a octroyé un mois supplémentaire pour le finir, ce qui, selon l’animateur Jim Reardon, « a été bénéfique ».
Au fur et à mesure que la série avance, les contours de chaque membre de la famille Simpson se précisent, s’approfondissent et s’enrichissent. La Saison 6 ne déroge pas à la règle et offre de nombreux moments mémorables. Homer, père de famille loin d’être modèle, reste le même mais n’hésite pas à montrer qu’il est prêt à tout pour protéger ceux qu’il aime. Les spectateurs le retrouvent touchant et aimant dans Et Avec Maggie Ça Fait Trois (épisode 13) dans lequel Marge explique comment chacun des enfants est venu au monde. L’une des versions de l’origine de la calvitie d’Homer est révélée : il se les arrache à chaque fois que son épouse lui annonce qu’elle est enceinte. Il ne lui reste donc que deux cheveux depuis l’arrivée de Maggie. Mais pour elle, il est prêt à travailler dans un environnement qui lui déplaît, grâce à l’amour qu'il lui porte comme en témoignent les photos de Maggie à son bureau pour l’encourager dans son poste à la centrale nucléaire. Sa relation souvent dépeinte comme conflictuelle avec son père Abraham est aussi au cœur de l’un des épisodes, intitulé La Potion Magique (épisode 10). Au cours de celui-ci, le spectateur apprend que la confiance en soi de Homer a été entravée par les agissements de son père mais il n’en reste pas moins un enfant aimé par cette figure paternelle à la ressemblance physique indéniable. Père de famille loin d’être parfait, Homer Simpson porte toujours sa caractéristique voix, doublé par Dan Castellaneta (La Guerre des Rose, 1989, Super Mario Bros., 1993) en version originale et Philippe Peythieu en version française, qui prête aussi son timbre à Danny DeVito dans nombre de ses films.
Pilier d’une famille unique en son genre, Marge Simpson confirme dans cette nouvelle saison sa place centrale dans l’équilibre fragile des résidents du 742 Evergreen Terrace. Toujours désabusée par le comportement de son benêt de mari mais toujours prête à le défendre même quand il se retrouve accusé de harcèlement sexuel dans Pervers Homer (épisode 9), elle n'est que très rarement au centre de l’attention, exception faite avec La Peur de l’Avion (épisode 11), où la mère de famille doit affronter sa crainte de voler en passant par une introspection inédite, ou de La Springfield Connection (épisode 23) qui la voit devenir policière. Doublée par Julie Kavner (Harry Dans Tous Ses États, 1997) en anglais et par Véronique Augereau (voix de Linda Hamilton notamment) en français qui continue à faire un travail remarquable, Marge Simpson est sans aucun doute un personnage qui mérite d’être davantage mis en avant dans les prochaines saisons.
Tête pensante de la famille, Lisa Simpson prouve épisode après épisode son savoir débordant et sa maturité, tant et si bien que l’un des épisodes les plus sérieux la place au centre de l’intrigue. Pour la toute première fois depuis le début de la série, un personnage récurrent meurt : Murphy « Gencives Sanglantes », le musicien jazzman préféré de Lisa. Elle est aussi au cœur d’un tout nouveau genre d’épisodes, ceux imaginant l’avenir, dans Le Mariage de Lisa (épisode 19) dans lequel est d’ailleurs révélé son deuxième prénom, Marie. Aussi, pour la toute première fois, elle fait face à son égale dans le premier épisode écrit par Mike Scully, qui deviendra l’un des plus célèbres scénaristes de la série, La Rivale de Lisa (épisode 2), en la personne de Allison Taylor (doublée par Winona Ryder), aux talents semblables, qui fait naître en elle un sentiment de rivalité. Pour autant, celle qui est doublée par Yeardley Smith (La Course au Jouet, 1996, The Big Bang Theory, 2007-2019, Happy New Year, 2011), en version originale et Aurélia Bruno (voix de Reese Witherspoon dans American Psycho, 2000, Penny dans Les Aventures de Bernard et Bianca, 1977) en version française reste une enfant et n’est pas la dernière à s’amuser, se comportant parfois avec la même insouciance que son frère sans égaler son insolence.
Grand frère toujours prêt à se mettre à dos tout un pays et à l’imagination intarissable quand il s’agit de piéger le principal Skinner, Bart Simpson est loin de s’être apaisé. Rien ne semble rendre le petit garçon plus mature ni ne le fait prendre conscience des conséquences de ses actes. Son comportement désinvolte le met sur le devant de la scène de certains épisodes comme La Comète de Bart (épisode 14) ou Bart Contre l’Australie (épisode 16) mais il peut aussi montrer ses faiblesses comme dans l’épisode d’ouverture, Bart des Ténèbres (épisode 1), où il joue le rôle d’un détective façon Fenêtre sur Cour (1954) dont l’histoire s’est inspirée, pour contrer sa solitude. À l’inverse, son comportement semble plus édulcoré lorsque celui-ci est comparé à la manipulation machiavélique de son amoureuse, Jessica Lovejoy, dans La Petite Amie de Bart (épisode 7). Nancy Cartwright (Leroy & Stitch, 2006) prête toujours sa voix au garnement en version originale tandis que Joëlle Benguigui (voix de Daphné Blake dans la franchise Scooby-Doo) lui donne son ton distinctif en français.
Les relations entre Bart et Lisa sont également plus fines dans cette saison. Le « Je t’aime, moi non plus » est à son paroxysme durant l’épisode Le Hockey Qui Tue (épisode 8) se concluant par une fraternité qui surpasse les conflits et la compétition. Aussi, derrière ses airs de première de la classe, Lisa semble de plus en plus influencée par le comportement de son frère, et ce, dès les premiers épisodes. Notamment durant l’épisode d’ouverture, Bart des Ténèbres (épisode 1), Lisa prend plaisir à voir tous ses camarades se mettre à ses pieds pour profiter de la piscine et les avoir ainsi sous son pouvoir, la révélant quelque peu manipulatrice et possessive, des traits de caractère jusque-là inaperçus chez le cerveau de la famille. D’autres relations sont également lissées durant cette saison comme celles entre Homer et ses belles-sœurs. À la fin de Mes Sorcières Détestées (épisode 17), il est en effet montré un certain apaisement, du moins temporaire, entre eux.
Petite dernière de la fratrie Simpson, Maggie reste égale à elle-même du haut de ses trois pommes. Souvent utilisée comme ressort comique, elle n’est que très rarement au centre de l’action du récit. La Saison 6 lui offre pourtant son premier épisode portant son nom, Et Avec Maggie Ça Fait Trois (épisode 13), où les aficionados de la série en apprennent un peu plus sur la naissance de la cadette muette sans pour autant en faire un personnage central, l’épisode se portant plus sur Homer et ses choix professionnels. Son design reste inchangé, toujours vêtue de sa grenouillère bleue, son ruban dans les cheveux et son immanquable sucette. Ne grandissant point en six saisons au même titre que son frère et sa sœur, Maggie voit dans son apparence d'adulte être dévoilée dans l’épisode Le Mariage de Lisa (épisode 19), dans un possible futur. Comme de coutume, elle ne dit mot ou quand elle le souhaite, elle est interrompue. Sans voix, la petite Maggie n’a pas vraiment d’interprète attitrée, Matt Groening se chargeant généralement des bruits de tétine ou Yeardley Smith (ou Aurélia Bruno en français), la voix de Lisa, réalisant les autres gazouillis.
Enfin, un autre personnage gagne en consistance au cours de cette Saison 6 : la ville de Springfield. Celle-ci semble s’étendre au fur et à mesure des épisodes si bien qu’il semble difficile d’en tracer les contours. Sa localisation reste par ailleurs toujours un mystère, comme l’indique le panneau « Freeway to Some Other State » (« Route vers un Autre État » en français) dans l’épisode 4 ne donnant aucune indication sur l’État dans lequel se trouve Springfield, appuyant le caractère générique de la ville qui pourrait ainsi s’apparenter à n’importe quelle agglomération américaine. Plus encore, ce sont les origines de la cité et de sa voisine jumelle Shelbyville qui font l’objet du scénario de l’épisode Le Citron de la Discorde (épisode 24). Alors que Shelbyville est sans conteste dépeinte comme la ville rivale de Springfield, elle en est pourtant une copie presque parfaite avec des établissements portant des noms similaires (en version originale, Moe’s devient Joe’s) et pour certains identiques comme l’école élémentaire de Shelbyville. Les similitudes se retrouvent également dans les personnages des deux villes au design fort semblable comme la clique de Bart et celle des enfants de Shelbyville, l’agent d’entretien de l’école étant Willie en femme ou encore un père de famille ressemblant à Homer avec des cheveux. Les animateurs vont pousser les ressemblances jusqu’à de minutieux détails comme la bière Duff qui devient la Fudd ou bien le journal Springfield Shopper transformé en Shelbyville Daily. Copie conforme de la municipalité de Springfield, Shelbyville a cependant un côté un peu plus sombre que sa voisine, fonctionnant dès lors comme un miroir inversé.
Ancrés dans des scénarios tout aussi rocambolesques qu’inspirés, les personnages principaux sont accompagnés d’une panoplie de personnages secondaires qui, de saison en saison, s'enrichissent de nouvelles têtes plus ou moins mémorables. Pour la Saison 6, il convient ainsi de citer Birch Barlow (Le Maire est Amer, épisode 5) animateur de talk-show conservateur de droite sur la station de radio KBBL, Ashley Grant, baby-sitter des Simpson accusant Homer d’agression sexuelle, Allison Taylor, rivale intellectuelle de Lisa (La Rivale de Lisa, épisode 2), Hugh Parkfield (Le Mariage de Lisa, épisode 19), parodie de Hugh Grant et petit ami de Lisa dans un futur hypothétique ou encore Jessica Lovejoy (La Petite Amie de Bart, épisode 7), la fille diabolique du révérend en demande d’attention paternelle.
Tradition dorénavant établie depuis quelques saisons, la sixième saison des (Les) Simpson est encore l’occasion idéale de faire appel à de nombreuses guest stars. Parmi elles, Winona Ryder (Beetlejuice, 1988, Edward aux Mains d’Argent, 1990) prête sa voix à Allison Taylor, la rivale de Lisa dans l’épisode éponyme, et attire la curiosité de l’équipe de production, admiratrice de la star, lors des enregistrements pour son personnage. Kelsey Grammer (Frasier, 1993-2004, Papy Pépite dans Toy Story 2, 1999) reprend également le rôle de Tahiti Bob dans l’épisode Le Maire est Amer (épisode 5). Mélange étonnant, Maggie donne de la voix grave dans l’épisode spécial Simpson Horror Show V (épisode 6) grâce au timbre de James Earl Jones, célèbre pour son rôle vocal de Dark Vador ou encore celui de Mufasa (Le Roi Lion, 1994). Sur une demande de Nancy Cartwright, voix originale de Bart, Meryl Streep (Le Diable s’Habille en Prada, 2006, Pentagon Papers, 2017, Le Retour de Mary Poppins, 2018) devient l’interprète de Jessica Lovejoy dans La Petite Amie de Bart (épisode 7) et enregistre aux côtés de son amie. En français, Joëlle Guigui interprète la voix des deux personnages. Le couple de stars Anne Bancroft, célèbre actrice américaine débutant sa carrière dans les années 50 (Les Gladiateurs, 1953, Le Lauréat, 1967) et Mel Brooks, réalisateur et acteur né aux États-Unis tout aussi prolifique (Les Producteurs, 1968, La Folle Histoire du Monde, 1981, Sacré Robin des Bois, 1993) prête ses voix dans cette saison, respectivement dans La Peur de l’Avion (épisode 11) et Mes Sorcières Détestées (épisode 17). Acteur de renom, Patrick Stewart, principalement connu pour le rôle du Professeur Xavier dans les films de la saga X-Men de 2000 à 2017, joue le chef de la secte des Tailleurs de Pierre dans Homer Le Grand (épisode 12). Enfin, le groupe Tito Puente, très apprécié par Matt Groening, interprète la chanson Señor Burns nommé au Primetime Emmy Award de la Meilleure performance individuelle en musique et paroles, dans l’épisode final Qui a Tiré sur M. Burns ? – Partie 1 (épisode 25).
Dans le doublage français, cette saison annonce une grande arrivée : celle de Régine Teyssot. Comédienne française ayant fait sa renommée dans le doublage, Régine Teyssot est principalement connue pour son travail sur la série Les Simpson dans laquelle elle double la plupart des voix féminines comme celles d’Edna Krapabelle, Elizabeth Hoover, Agnès Skinner, Maude Flanders, Helen Lovejoy, Manjula Nahasapeemapetilon, Constance Harm, Sarah et Ralph Wiggum, Martin Prince, Nelson Muntz, Itchy, Turanga Leela ou encore Amy Wong. Très prolifique, sa voix se retrouve également dans de nombreuses autres productions comme Space Jam (Nerdluck Bang) en 1996, Les Super Nanas (Sédusa) en 1998, Desperate Housewives (Juge Sullivan et Mme Kinsky) de 2004 à 2012 ou encore Maléfique (Florette) en 2014. À partir de la Saison 6, elle devient chez Les Simpson une résidente vocale permanente de saison en saison.
Côté animation et graphisme, la Saison 6 est toujours produite par Film Roman. Originellement gérée par la société californienne Klasky-Csupo, Inc. depuis les débuts de la série et même ses prémisses dans la pastille The Tracy Ullman Show en 1987, l’animation passe entre les mains du studio indépendant Film Roman, aussi basé en Californie, dès la Saison 4 des (Les) Simpson. La petite entreprise créée par Phil Roman en 1984, animateur américain connu pour avoir réalisé les épisodes télévisés Garfield Specials (1982-1991), devient l’animateur majoritaire de la série aux habitants de Springfield et marque une étape importante lors de la Saison 6. À partir de l’épisode 19, Le Mariage de Lisa, Film Roman a en effet animé plus d'épisodes que le studio original Klasky-Csupo, Inc.. Le reste de l’animation des séquences est toujours confié majoritairement à la société sud-coréenne AKOM Production, Ltd. mais aussi Anivision, connue pour l’animation des (Les) Zinzins de l’Espace (1997-2006) ou de La Famille Delajungle (1998-2004), sur quelques épisodes. Malgré quelques erreurs de colorisation sur certains plans et d’autres coquilles de plus en plus rares, le coup de crayon est de plus en plus assuré avec une animation qui s’affine et s’améliore considérablement.
Si Les Simpson est de prime abord une série essentiellement classifiée dans le genre de la comédie, elle n’hésite pourtant pas à traiter de sujets extrêmement sérieux voire tabous, devenant une satire sociale au fait de l’actualité de son époque. La Saison 6 ne fait pas exception et aborde des sujets sociétaux forts comme le planning familial, l’éducation sexuelle des enfants, la sexualité conjugale et même les agressions sexuelles. Pour ce dernier sujet, l’épisode Pervers Homer (épisode 9) prend le parti de montrer les conséquences de fausses accusations d’harcèlement sexuel sur la vie d’un homme, ici Homer Simpson, et finit par devenir une critique de l’hyper-médiatisation de ce type d’affaires qui jugent sans concession. L’épisode passe alors à côté du vrai sujet aussi d’actualité dans les années 90 que sont les violences sexuelles faites aux femmes.
Plus dirigé contre une politique de coupes budgétaires internes, les scénaristes ne se gênent pas à faire tout un épisode critiquant la technique des clip shows dans L’Amour à la Simpson (épisode 3). Cette méthode télévisuelle extrêmement connue consistant à créer une histoire entrecoupée d’extraits d’épisodes précédents permet ainsi à la production de réduire considérablement les coûts, environ de moitié comparé à un épisode classique. Mais voilà, cette pratique est loin de faire l’unanimité chez les animateurs de la famille de Springfield qui avaient déjà montré leur désaveu pour cette technique dans l’épisode 18 de la Saison 4, Poisson d'Avril, intitulé dans sa version originale So It’s Come To This: A Simpsons Clip Show. Lorsque l’équipe créatrice de la série reçoit l’instruction de 20th Century Fox Television de produire plusieurs épisodes de ce type pour cette Saison 6, elle montre de nouveau son mécontentement et dénonce les dérives d’une méthode contre-productive dans un épisode de mise en abîme bien nommé en version originale Another Simpsons Clip Show. Bien que le titre français, L’Amour à la Simpson, fait une fois de plus omission de cette bisbille interne pour se focaliser sur le sujet de l’épisode, le scénario, lui, ne manque pas de faire la part belle aux clip shows et pousse le concept à son paroxysme.
Débutant par le recyclage d’une ancienne séquence du tableau noir et du gag du canapé (avec le pied en papier découpé de la série Monty Python’s Flying Circus (1969-1974), déjà utilisé dans l’épisode 3 de la Saison 5), l’épisode met les pieds dans le plat dès les premières minutes avec une discussion accusatrice entre Lisa, Marge et Bart, véritable cri du cœur des animateurs ; alors que Bart et Lisa regardent un épisode d’Itchy et Scratchy, la sœur indique qu’il ne s’agit pas d’un inédit mais plutôt d’un « patchwork d’anciens épisodes » en précisant que c’est une technique très courante dans le milieu (alors que la version originale tape sur un autre dessin animé en clamant que Ren et Stimpy, référence à la série de Nickelodeon, le font tout le temps). Marge rétorque alors en version française « qu’ils le font même dans les meilleures séries quelquefois ». Le texte en version originale se cantonne à dire « Oui ils le font et quand était la dernière fois qu’on a entendu parler de Ren et Stimpy ? », insinuant les méfaits des clips shows sur le succès d’une série. La résultante est un épisode à la qualité d’exécution inégale, aux traits de crayons et designs changeant selon les plans suivant un fil rouge qui devient secondaire face au désamour implicite de l’équipe d’animation pour ces clips shows ici poussé à l’extrême, au point pour certains de refuser d’apparaître au générique sous leur vrai nom comme le scénariste Jon Vitti, crédité comme Penny Wise.
La politique se fait aussi une place grandissante dans la série avec un épisode entier consacré aux élections municipales dans Le Maire Est Amer (épisode 5). S’inspirant d’évènements politico-historiques majeurs comme le scandale du Watergate ou le débat présidentiel Kennedy-Nixon de 1960, le scénario fait une critique acerbe du système politique sans oublier de moquer sans ménagement le Parti républicain, prêt à soutenir un candidat sorti de prison et adepte de la fraude électorale. L’agenda poussé par les Républicains devient alors le catalyseur de la révélation de l’homosexualité présumée de Smithers, celui-ci indiquant que « les idées ultra-conservatrices de Tahiti Bob sont contraires à mes… à mes inclinations. ». Ces prises de position l'incitent dès lors à faire fuiter des informations sur l’abject candidat du parti, à la manière du personnage de Gorge Profonde dans Les Hommes du Président de 1976. De manière plus anecdotique mais témoignant de l’impact populaire des (Les) Simpson, cet épisode marque la première utilisation du mot « meh », popularisé par la série puis introduit officiellement dans le dictionnaire Collins English Dictionary.
Entre thèmes abordés originaux et répliques tordantes, Les Simpson vogue aussi sur ce qui est devenu en quelques saisons, des classiques de la série. Ainsi, l’épisode Simpson Horror Show V (épisode 6) agrandit le catalogue de ces déclinaisons horrifiques non canons s’amusant des codes du genre et bourrées de références. Introduit par Marge avertissant le public de la violence de l’épisode, elle est alors soudain interrompue par un technicien lui donnant un communiqué qui explique l’annulation de l’épisode par le Ministère de la culture et son remplacement par la diffusion du film La Ruée Vers L’Ouest (1960). Quelques secondes plus tard, Bart prend le contrôle de l’émission, faisant ainsi référence à la série fantastique Au-Delà du Réel (1963-1965) pendant que Homer s’amuse avec les ondes sonores.
Truffé, une fois de plus, de clins d’œil en tout genre, la première séquence de cet épisode spécial présente les Simpson en charge de garder le manoir de M. Burns, une référence tout droit sortie du film Shining (1980) de Stanley Kubrick, adaptation du roman de Stephen King. Homer endosse le rôle du père de famille qui, souffrant du manque de sa télévision et de bière, essaie de tuer son épouse et ses enfants. De nombreux passages sont directement inspirés du film comme le sang sortant de l'ascenseur, le mot « REDRUM » ou encore la phrase « No beer and no TV makes Homer go crazy » (« Pas de bière et pas de télévision rend Homer fou » en français), parodiant « All work and no play makes Jack a dull boy » (« Tous les travaux et aucun jeu font de Jack un garçon ennuyeux » en français).
Pour la deuxième séquence, Homer répare son grille-pain. Toutefois, à chaque utilisation, il se retrouve au temps du Jurassique en présence de dinosaures et d’autres espèces géantes. Malheureusement, Homer influe sur un petit élément du passé et tel l’effet papillon, cette modification n’est pas sans conséquences dans le présent. De retour dans son époque, Homer constate les changements. Il se trouve ainsi contraint de retourner de nombreuses fois dans le passé en essayant de ne rien modifier pour retrouver le présent qu’il a toujours connu. Cette séquence, directement inspirée de la nouvelle de 1952 de Ray Bradbury intitulée Un Coup de Tonnerre, est truffée de références populaires comme Jurassic Park (1993), Retour Vers le Futur (1985), Mr. Peabody et Sherman ou encore les Pierrafeu et leur maison iconique.
Enfin, durant la troisième et dernière séquence, Bart est envoyé en retenue mais la salle de colle étant déjà bondée, Skinner le dirige alors vers la cafétéria. Ici, Mme Doris, la cuisinière, n’a plus de viande et reçoit l’aide de Jimbo. Plus tard, les enfants découvrent un nouveau plat : le Big Jimbo. En réalité, les professeurs sont devenus cannibales et l’école, un abattoir à élèves. Bart et Lisa essaient de survivre avec trois de leurs camarades. Cette histoire clôturant l’épisode est une parodie du film d’anticipation Soleil Vert de Richard Fleischer sorti en 1973 dans lequel le manque de nourriture dans un monde pollué amène une grande société agroalimentaire à utiliser secrètement de la viande humaine dans ses préparations. La scène finale montre les Simpson en spectacle alors qu’un gaz jaunâtre les dépèce. D’une qualité indéniable, cet épisode est considéré comme le meilleur de la Saison 6 dans le classement IGN de 2010 des meilleurs épisodes des vingt premières saisons.
Ces épisodes spéciaux Simpson Horror Show sont donc classifiés parmi ces scénarios aux concepts originaux réutilisés presque à l’infini en en changeant les histoires et contenus, au même titre que ceux montrant un futur possible, concept inauguré par Le Mariage de Lisa (épisode 19) dans la Saison 6. Il ne faut pourtant pas prendre ce procédé comme une paresse scénaristique mais bien la marque d’un génie d’écriture construisant un canevas qui peut s’adapter à d’autres situations sans perdre sa saveur. La Saison 6 inaugure également un type d’épisodes plus anecdotiques, ceux où toute la famille Simpson quitte les États-Unis pour des vacances à l’étranger. Bart Contre l’Australie (épisode 16) est donc le premier du genre et s'attire d’ailleurs les foudres des Australiens, mécontents des clichés et moqueries véhiculés par l’épisode. Au total, l’équipe reçoit plus d’une centaine de lettres d’insultes venant d’Australie. Ironiquement, une version modifiée de l'épisode sera utilisée par le Parc à thèmes Fox Studios Backlot à Fox Studios Australia à Sydney pour l’attraction The Simpsons Down Under en 1999. À ces épisodes aux codes similaires se rajoutent des running gags, certains plus assidus que d’autres comme ceux d’ouverture (gags du tableau noir et du canapé) tandis que quelques-uns se font plus rares mais toujours plus savoureux comme le gag du panneau d’entrée de l’église de Springfield qui comptabilise une seule scène dans cette Saison 6 (La Petite Amie de Bart, épisode 7, avec l’inscription « Evil women in history: from Jezebel to Janet Reno » ou en français « Les femmes diaboliques dans l’histoire : de Jézabel à Janet Reno »), contre quatre dans la précédente.
Comme souvent, les scénaristes de la série prennent un malin plaisir à parsemer les épisodes de références à de grandes sociétés, The Walt Disney Company y compris, parfois par hommage mais non sans en profiter pour en faire une critique acerbe. La Saison 6 des (Les) Simpson ne fait pas exception et enchaîne les références Disney à un rythme bien plus soutenu qu’auparavant. Dans Pervers Homer (épisode 9), le père de famille s’imagine déménager sous la mer pour fuir le scandale dans lequel il s’est empêtré et, alors qu’il chante sous la douche, se retrouve rejoint par un crabe très semblable à Sébastien, une référence claire à La Petite Sirène de 1989. Alors que la maison où vit Tobias dans l’épisode Bart Contre l’Australie s’inspire de celle dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous (1990), Lisa est grimée en Alice au Pays des Merveilles (1951) dans Le Mariage de Lisa (épisode 19) lorsqu’elle suit un lapin blanc au début de l’histoire. Une autre référence au film d’animation de 1951 se trouve aussi dans cet épisode lorsque Homer explique avoir mangé des tasses de café, parodiant le Chapelier Fou. La scène finale de l’épisode 22 fait quant à elle référence au (Le) Roi Lion (1994) et à sa controverse : quand Mufasa apparaît dans les nuages du ciel de Springfield, il écorche le nom de Simba en Kimba, faisant allusion aux similarités contestées entre la série télévisée manga Le Roi Léo et son héros Kimba des années 60 et le film d’animation des Walt Disney Animation Studios de 1994. Plus subtil, dans Le Hockey Qui Tue (épisode 8), les fans ne manquent pas de reconnaître dans l’équipe des Mighty Pigs une référence aux Mighty Ducks d’Anaheim, franchise appartenant à The Walt Disney Company jusqu’en 2005. Enfin, même si National Geographic n’est entrée dans le giron de Disney qu’avec le rachat de 21st Century Fox en 2018, le thème musical de la société résonne lorsque Bart appelle l’hémisphère Sud dans l’épisode Bart Contre l’Australie (épisode 16).
D’autres références plus piquantes à la firme aux grandes oreilles se retrouvent notamment dans l'épisode L’Amour à la Simpson (épisode 3) par le biais d’une petite pique simpsonienne de Lisa clamant que « le romantisme a été racheté par Disney lors d’une OPA hostile » ou encore dans Il Faut Bart Le Fer Tant Qu’Il Est Chaud (épisode 21) où le Fort Springfield, lieu historique de la ville, se retrouve racheté par la société Diznee. Critique dissimulée de la politique de développement de l’offre de la société à l’époque, cette mention fait en effet référence à l’annonce du lancement de Disney’s America, un Parc à thèmes en Virginie sur l’histoire de la nation de George Washington, projet qui ne verra jamais le jour en partie à cause de la vive opposition des historiens américains et de l’échec économique d’Euro Disney.
Mais dans cette saison, deux épisodes précisément sortent du lot tant leurs références flagrantes à l'univers Disney font partie intégrante de leur scénario. L’épisode intitulé Une Portée qui Rapporte (épisode 20) est bourré de clins d’œil à la firme aux grandes oreilles jusqu’à avoir son récit directement inspiré du film de 1961 Les 101 Dalmatiens. En effet, Burns, en Cruella De Vil plus que convaincant, décide de dérober les chiots de Petit Papa Noël afin de s’en faire… un manteau ! Ce choix de film n’est pas voué au hasard car Matt Groening, créateur de la série, était tombé sous le charme du domaine de l'animation en regardant Les 101 Dalmatiens plus jeune, le poussant à débuter une carrière dans ce secteur. Mais les scénaristes ne s'arrêtent pas en si bon chemin et font référence à La Belle et le Clochard de 1955, parodiant sa scène iconique du dîner romantique chez Tony, mais aussi à La Belle et la Bête de 1991 lorsque Burns interprète sa propre version de C’Est La Fête (Be Our Guest en version originale) renommée See My Vest (« Regarde Mon Manteau » en français) écrite par Mike Scully.
Un autre épisode de cette saison unique s’inspire de l’univers des Parcs à thèmes Disney. Itchy et Scratchy Land (épisode 4), est ainsi une longue métaphore filée des Parcs Disney sur fond de scénario de science-fiction inspiré du film Mondwest de 1973 réalisé par Michael Crichton, auteur de Jurassic Park (1990). Reprenant les codes du Magic Kingdom de Walt Disney World Resort, le parc est doté d'une Main Street, U.S.A. à la sauce Itchy & Scratchy, d'une parade journalière, d'un hub central coiffé d’un petit château, de couloirs souterrains clins d’œil aux Utilidors et d'attractions et animations aux tons singuliers. Par exemple, Parents’ Island où se rendent Homer et Marge est une référence claire à Pleasure Island de Walt Disney World Resort, une zone de shopping et de divertissement surtout dédiée à un public adulte où tous les soirs de 1990 à 2005, un feu d’artifice fêtait le nouvel an, à l’instar du T.G.I. McScratchy’s Good Foodrinkery de Itchy & Scratchy Land. Une autre attraction, The Roger Meyers Story, présente l’histoire du créateur d'Itchy et Scratchy. Intentionnellement ressemblant à Walt Disney posant devant un château en construction, ses créations Scratchtasia et Pinicchio font référence aux long-métrages d’animation de 1940 Fantasia et Pinocchio. Enfin, les scénaristes ne manquent pas d’ironiser sur un autre Parc Disney alors en proie à des difficultés financières à l’époque. En effet, à la toute fin de l’épisode, il est fait référence à un Itchy et Scratchy Land européen, en France plus précisément, parodiant avec humour les débuts fâcheux d’Euro Disneyland qui peinait à attirer du monde. Des années plus tard, la boucle est bouclée lorsque des morceaux de cet épisode se retrouvent diffusés dans les files d'attente de l’attraction The Simpsons Ride ouverte en 2008 à Universal Studios Florida en Floride.
Autre univers souvent référencé chez Les Simpson, Star Wars est mis à l’honneur dans de nombreux épisodes. Musicalement d’abord, La Marche Impériale, pour la première fois entendue dans Star Wars : L’Empire Contre-Attaque (1980), résonne dans Burns Fait Son Cinéma (épisode 18) tandis que le thème principal est entendu dans La Springfield Connection (épisode 23). Physiquement ensuite, Dark Vador fait une apparition remarquée dans l'épisode 22 aux côtés de Mufasa et Murphy « Gencives Sanglantes ». Enfin, certains personnages de Star Wars apparaissent en tant que figurines dans l’épisode La Rivale de Lisa (épisode 2), comme Chewbacca, Obi-Wan Kenobi ou encore Luke Skywalker. Appartenant à Ralph Wiggum qui les avait emmenées au concours de dioramas à l'école, elles lui permettent de remporter la première place.
Au-delà de ces grandes franchises et blockbusters, l’équipe de production des (Les) Simpson voue avant tout un amour pour la culture populaire en distillant de nombreuses références dans chaque épisode, allant d’un petit clin d’œil dans le coin d’une scène mineure aux titres de certains épisodes. Pour ne citer qu’eux, Bart des Ténèbres (Bart of Darkness en version originale, épisode 1) est une référence à l’œuvre littéraire Au Cœur des Ténèbres (Heart of Darkness, 1899) de Joseph Conrad, Mes Sorcières Détestées (épisode 17) rappelle la série télévisée Ma Sorcière Bien-Aimée (1964-1972) tandis que Le Citron de la Discorde (épisode 24) ou Lemon of Troy en anglais est un clair renvoi au récit de L’Iliade d’Homère (VIIIe siècle avant J-C) et son cheval de Troie dont l’épisode s’inspire.
Garnie d’histoires originales à l’humour incontestable, la Saison 6 des (Les) Simpson se fait également remarquer pour sa musique en enchaînant les récompenses. Elle est en effet nommée pour deux Primetime Emmy Awards, celui de la Meilleure composition musicale dans une série pour la musique de l’épisode Simpson Horror Show V (épisode 6) par Alf Clausen, et pour la catégorie de la Meilleure musique et paroles pour la chanson C’Est Nous (We Do en version originale) dans l’épisode Homer Le Grand (épisode 12) dans lequel Homer chante sa supériorité et celle des membres de sa confrérie secrète. Toujours dirigée par Alf Clausen depuis les débuts de la série, l’enveloppe musicale des (Les) Simpson développe de plus en plus de chansons thématiques au sein d’épisodes dédiés.
De plus en plus qualitative, Les Simpson décroche pour sa Saison 6 un Primetime Emmy Award et quatre nominations de Primetime Emmy Awards pour cette saison seule, dont les deux précédemment cités pour la composition musicale. Les deux restants sont les nominations dans la catégorie de Meilleure prestation individuelle de mixage de son pour une série ou un programme spécial pour l’épisode Bart Contre l’Australie (épisode 16). Enfin, c’est l'épisode Le Mariage de Lisa (épisode 19) qui remporte le Primetime Emmy Award du meilleur programme d'animation de moins d'une heure, troisième épisode des (Les) Simpson à obtenir cette récompense. La Saison 6 se voit également décerner l'Annie Award de la Meilleure production animée pour la télévision et du meilleur doublage pour Nancy Cartwright.
Diffusée pour la première fois aux États-Unis sur Fox entre le 4 septembre 1994 et le 21 mai 1995, cette saison se distingue par un changement de programmation majeure. En effet, la chaîne décide de reprogrammer Les Simpson le dimanche soir à 20 heures au lieu du jeudi soir comme ce fut le cas sur les cinq saisons précédentes. Cette décision est prise suite à l’obtention par la chaîne des droits de diffusion de matchs de la NFL, espérant ainsi que ces deux programmes augmenteront l’audience du dimanche soir. Les audiences américaines sur cette saison n’ont pas augmenté pour autant et continuent de s’effriter légèrement, passant de 18,94 millions pour la saison précédente à 15,60 millions pour la Saison 6. L’épisode à l’audience la plus grande est le Simpson Horror Show V (épisode 6) qui a attiré 22,2 millions de téléspectateurs.
Malgré une quantité d'épisodes sans pareil au moment de sa diffusion, la qualité reste au rendez-vous avec des épisodes restés cultes à travers les années. Ainsi, en 2003, un classement des vingt-cinq meilleurs épisodes de la série, proposé par Entertainment Weekly, positionne quatre épisodes de cette saison : Itchy et Scratchy Land (épisode 4) à la septième position, Simpson Horror Show V (épisode 6) en neuvième position, Pervers Homer (épisode 9) à la dix-huitième position et enfin l’épisode Qui a Tiré Sur M. Burns ? – Partie 1 (épisode 25) en vingt-cinquième position.
En France, la Saison 6 des (Les) Simpson est proposée par Canal+ du 18 février 1995 au 20 janvier 1996. Cette diffusion très étalée (quasiment un an) permet à la chaîne cryptée de proposer les deux parties de l’épisode Qui a tiré sur M. Burns (Saison 6, épisode 25 et Saison 7, épisode 1) avec seulement une semaine d’écart. Toutefois, trois épisodes ne seront pas diffusés lors de cette première diffusion française : L’Amour à la Simpson (épisode 3), Burns Fait son Cinéma (épisode 18) et Salut l’Artiste (épisode 22) ne seront ainsi proposés pour la première fois en France qu’en 2006 par la chaîne W9.
Famille américaine dysfonctionnelle la plus connue au monde, Les Simpson continue de faire rire la planète entière durant cette sixième saison. Malgré quelques tensions au sein de l’équipe et un rythme effréné pour produire vingt-cinq épisodes, Les Simpson en ressort plus désopilante que jamais tout en lançant de nouveaux concepts d'épisodes repris plus tard. De plus en plus à l’aise dans son rôle de satire de la société contemporaine, la Saison 6 des (Les) Simpson s’applique à affiner les relations entre les différents protagonistes qui gagnent en subtilité. Enfin, un audacieux dernier épisode apporte une touche de suspense dans un cliffhanger haletant, qui incite les spectateurs à se dire : « Vivement la Saison 7 ! ».