Pixar
Un peu d’histoire...
Avant de prendre le nom que tout le monde plébiscite
aujourd'hui, le studio Pixar, ou du moins une structure légère qui le
précède, nait sous une appellation beaucoup moins inspirée. Affublé d'un
Lucas Computer Graphics Division, il n'est, en effet, alors qu'un simple
département autonome d'Industrial Light & Magic (I.L.M.), la compagnie
de Georges Lucas. Pixar n'aurait ainsi jamais vu le jour sans le visionnaire
papa de la saga
Après des études brillantes dans la prestigieuse université de Cal Arts, John Lasseter est embauché en 1979 chez Disney où il participe à son premier long-métrage, Rox et Rouky. Il travaille ensuite sur Le Noël de Mickey et découvre alors la mise en production du film Tron, considéré, à juste titre, comme l'ancêtre de la production 3D. Il est d'ailleurs l'un des rares à prendre conscience du formidable potentiel de l'utilisation des ordinateurs dans le monde de l'animation. Malheureusement, les dirigeants des studios Disney de l'époque, empêtrés dans leur apriori et leur manque d'inspiration, ne savent que faire du jeune artiste débordant d'idées. La compagnie de Mickey le licencie donc, manu militari, en 1983. A la faveur d'une heureuse rencontre, il rejoint un an plus tard l'équipe de Lucasfilm et intègre I.L.M. dont il prend vite le leadership. John Lasseter se fait, il est vrai, remarqué dans le monde ultra-fermé des effets spéciaux pour son travail sur Le Secret de la Pyramide réalisé, en 1985, par Barry Levinson. Il est même nommé aux Oscars. Il coréalise aussi un premier court métrage en images de synthèse, Les Aventures d’André et Wally B., racontant l'histoire d'une facétieuse abeille.
En 1986, Steve Jobs - le célébrissime fondateur d'Apple - rachète la division infographie d'I.L.M. à Lucasfilm. Aussitôt rebaptisée Pixar, elle devient très vite le studio qui défriche le nouveau monde de l'animation 3D, à une époque où personne ne croit à son exploitation à grande échelle. Afin de démontrer aussi bien l'étendue de son talent que l'incroyable potentiel de l'animation numérique, sa turbulente équipe réalise, en effet, de nombreux courts métrages. Luxo Jr, Red's Dream, Tin Toy, Knick Knack, des histoires dépourvues de dialogues à la bande-son jazzy chère à Woody Allen, naissent ainsi et constituent tous de véritables petits bijoux. Les productions Pixar des années 80 impressionnent, il est vrai, la planète toute entière. Le studio croule sous les prix, et si l'Oscar du meilleur court-métrage animé lui échappe en 1986 pour Luxo Jr. - dont le "héros" devient ensuite son incontournable logo - il se rattrape deux ans plus tard avec Tin Toy .
Fort de ce début de reconnaissance, Pixar décroche de nombreux contrats publicitaires qui sont alors son unique source de revenus. Signant jusqu'à quinze spots en 1991, la firme s'impose dans le domaine de la 3D et acquiert une maîtrise incomparable dans l'art de l'animation sur ordinateur. L’équipe décide alors de passer à la vitesse supérieure et met en chantier un film d'animation 3D. Produit en cinq ans, Toy Story sort fin 1995 et devient le premier long métrage entièrement réalisé sur ordinateur. Deux ans seulement après la formidable avancée que constituaient les dinosaures du Jurassic Park de Steven Spielberg, Pixar bouleverse donc l’histoire du cinéma d'animation. Au même moment, il ouvre son capital au public, continue d'entasser les statuettes et rafle même un Oscar d'honneur. Le studio cesse en 1996 de réaliser des publicités pour se consacrer pleinement à la fabrication de courts et longs métrages.
Pixar doit sa formidable expansion à Mickey et ses amis. Dès 1991, le géant Disney s’est, en effet, intéressé à ce nouveau venu et entame vite, avec lui, une collaboration fructueuse. Ils vont ensemble propulser l’animation 3D au sommet du box-office. Après le succès de Toy Story que la firme au château enchanté a entièrement financé, le géant Disney et le lilliputien Pixar signent, il est vrai, un contrat de cinq films parfaitement originaux, en ce sens qu'ils ne peuvent pas être de simples suites : 1001 Pattes (a bug's life), Monstres & Cie, Le Monde de Nemo, Les Indestructibles et Cars - Quatre Roues. Disney refusera ainsi toujours d'y inclure Toy Story 2. Prévu à l'origine pour le marché de la vidéo, ce dernier n'a eu, en effet, l'honneur des salles obscures que sur la demande pressente de son réalisateur, John Lasseter, convaincu de son grand potentiel commercial au regard de son immense qualité. La suite est d'ailleurs distribuée sous le même contrat que son film référent dont les termes sont nettement plus avantageux pour la firme de Mickey, propriétaire à 100% des personnages. Les droits des cinq films suivants sont, eux, partagés à 50-50, ce qui est déjà à l'époque le signe de l'incroyable poids de Pixar qui est parvenu à faire revoir considérablement à la baisse les exigences de l'ogre Disney. Il n'empêche : la joint-venture fonctionne à merveille et le contrat reste juteux. Forts de leurs qualités intrinsèques et de l'incroyable force de frappe du réseau de distribution et d'exploitation de la Walt Disney Company, les films à la double signature Disney-Pixar font, en effet, un malheur à travers le monde et créent à chaque fois l'évènement. Pourtant, cette collaboration on ne peut plus rentable est brisée en janvier 2004 sur un différend opposant Pixar à Michael Eisner, alors Directeur Général de Disney. Le divorce semble vite consommé : Pixar et Disney partent chacun de leur côté. Un rebondissement de dernière minute vient cependant rabiboché les deux firmes qui, à la faveur d'un changement de direction à la tête de la Walt Disney Company, unissent solidement leur destin. En octobre 2005, Robert Iger, nouveau PDG de la firme de Mickey, fait, en effet, racheter Pixar pour 7,4 milliards de dollars. L'accord prévoit de placer John Lasseter à la tête de la toute nouvelle division Animation de la Walt Disney Company.
Toutes ses péripéties d'ordre capitalistique n'empêchent pas Pixar de développer tranquillement son savoir-faire. Le court-métrage Le Joueur d'Échecs marque ainsi un tournant artistique pour le studio. Il y anime des êtres humains de façon si réaliste qu'il prouve, une fois de plus, sa suprématie technique. C'est d'ailleurs la première fois qu'il revient au format court depuis Knick Knack en 1989. Il remporte avec lui un nombre incroyable de prix et récompenses dans le monde entier, et cerise sur le gâteau, décroche l'Oscar du Meilleur Court-Métrage.
Pixar continue alors de réaliser des courts-métrages pour permettre à ses équipes de parfaire arts et techniques. Drôles d'Oiseaux sur une Ligne à Haute Tension remporte ainsi l'Oscar du Meilleur Court-Métrage tandis que Saute-Mouton, L'Homme Orchestre et Extra-Terrien se contentent, eux, d'une nomination dans la même catégorie. Depuis Monstres & Cie, et à l'exception notable du (Le) Monde de Nemo, Pixar réalise aussi des courts-métrages directement liés à ses longs-métrages en vue d'une sortie directe en vidéo.
Sous l'impulsion de John Lasseter, Pixar conserve ainsi au format du court-métrage une place de choix dans son catalogue.