Titre original : Pixar Popcorn : Soul of the City Production : Pixar Animation Studios Date de mise en ligne USA : Le 22 janvier 2021 (Disney+) Série : Genre : Animation 3D |
Réalisation : Christopher Chua Musique : Trent Reznor Atticus Ross Durée : 2 minutes |
Le synopsis
La ville de New York prend vie en même temps que ses habitants... |
La critique
L'Âme de la Ville est le quatrième cartoon de la nouvelle série du studio à la lampe, Pixar Popcorn.
L'idée de la série Pixar Popcorn, une collection de cartoons ultra-courts, remonte à avril 2020 au début de la crise sanitaire que traverse le monde, la pandémie liée à la maladie infectieuse émergente Covid-19 provoquée par le virus SARS-CoV-2. Elle apparaît ainsi le 17 novembre 2019 dans la ville de Wuhan, en Chine centrale, puis se propage sur tous les continents. À partir du début du mois de mars 2020, en réaction, les gouvernements de nombreux pays commencent à confiner leur population pour essayer d'endiguer la propagation du virus. Au final, près de la moitié des habitants du globe se retrouve cloîtrée chez elle, à commencer par les artistes de Pixar, eux aussi confinés.
Le producteur exécutif Andy Bell propose alors aux animateurs de Pixar, qui étaient entre deux projets de longs-métrages, de se faire la main en créant de petits courts-métrages sur des franchises déjà existantes des studios. La collection a ainsi pour but de faire revenir quelques personnages iconiques de Pixar dans de toutes petites pastilles aussi fraîches qu'amusantes, offrant ainsi la possibilité de proposer des suites à la qualité technique digne des longs-métrages mais dans une durée ultra réduite, un peu à la façon de sucreries qui se picorent. Ainsi, Pixar Popcorn se rapproche beaucoup dans le format et la philosophie de la série At Home With Olaf des Walt Disney Animation Studios, à la différence près que celle-ci se concentrait sur une seule franchise et un seul personnage, là où la collection de Pixar est plus vaste dans son champ de films et dans son casting.
Par rapport à des projets précédents, Pixar Popcorn est assez différent dans le développement et l'approche de ce qu'a fait auparavant le studio. D'abord, l'animation s'est faite évidemment en télétravail ; les réunions de brainstorming étant menées à distance avec des logiciels de réunions en vidéo. De plus, comme les artistes étaient disponibles uniquement pour une durée de deux mois, les délais ont dû être particulièrement rétrécis en zappant notamment les parties storyboard et script. Il s'agit dès lors d'une collection centrée principalement sur l'animation, où le cartoon a été construit autour d'une idée de mouvement. Une centaine d'animateurs ont ensuite été assignés au projet, divisés en dix équipes sous la responsabilité d'un réalisateur. Dès le pitch validé, chaque équipe a dû suivre un cahier des charges bien précis. Les courts-métrages ne devaient ainsi faire intervenir que des personnages existants, en restant fidèles à leurs traits de caractère, et appartenir à des films récents (moins de cinq ans). De plus, il était impossible d'enregistrer de nouveaux dialogues, ce qui fait que la plupart des cartoons ne proposent pas de paroles. Enfin, pour garantir la qualité technique et répondre aux précédentes contraintes, les courts-métrages ne devaient pas dépasser une durée de quelques minutes, s'étirant en fonction des opus entre deux et cinq minutes.
Autre détail amusant, chaque cartoon Pixar Popcorn propose de jouer avec le logo du studio à la lampe et le titre de la collection en offrant une itération différente à chaque épisode ; un peu à la façon du gong de Donald Duck à la fin du générique du Mickey Mouse Club ou de la trompette de Gonzo dans Le Muppet Show. Dans Pixar Popcorn, Luxo Jr. batifole ainsi avec des flocons de pop-corn ou des grains de maïs. Dans L'Âme de la Ville, à chaque fois que la lampe rebondit sur le « I » du logo de Pixar, les autres lettres se transforment en pop-corn.
L'Âme de la Ville est, pour sa part, imaginé et réalisé par Christopher Chua.
L'artiste commence à travailler pour Pixar en 2007 en qualité d'animateur débutant sur WALL•E. Il œuvre ensuite au même poste mais en tant qu'animateur confirmé sur les longs-métrages Là-Haut, Cars 2, Rebelle, Monstres Academy, Vice-Versa, Le Voyage d'Arlo, Coco, Les Indestructibles 2, En Avant et Soul ainsi que sur le court-métrage Un Jour dans le Vie des Morts de la série Pixar Popcorn. L'Âme de la Ville représente sa première incursion au poste de réalisateur.
L'Âme de la Ville fait revenir une bonne partie du casting du Soul. Le spectateur retrouve ainsi de nombreux personnages comme Joe Gardner qui sort de chez lui ou qui joue du piano, Dorothea Williams qui s'installe à son tabouret pour répéter sur scène, Steve Van de Lune qui fait de la méditation dans un parc, le barbier Dez qui vient de finir de couper les cheveux d'un petit garçon, Curley qui mange une pizza dans la rue, Connie qui prend les transports en commun. Une scène, en particulier, permet de dater ce court-métrage par rapport au long-métrage. Le spectateur remarque en effet une courte séquence dans laquelle la mère de Joe, Libba, est avec son mari, Ray, en train de lui concocter un bon petit plat. Or, dans Soul, le père de Joe est déjà décédé, ce qui fait que L'Âme de la Ville se passe clairement avant les événements du film. De façon générale, le court-métrage est principalement contemplatif, tout en musique et sans dialogue, montrant la vie grouillante de New York. En se focalisant sur certains habitants, L'Âme de la Ville démontre ainsi toute la diversité de destins qui s'entrecroisent dans la mégapole américaine. Si le scénario de cette pastille n'a ainsi rien de vraiment transcendant, le cartoon n'en reste pas moins bluffant techniquement grâce à des détails incroyables et un travail sur les lumières digne du long-métrage.
L'Âme de la Ville est une petite pastille simple dans son propos mais qui restitue avec sensibilité les moments du quotidien dans la vie des gens.