Cars 2
L'affiche du film
Titre original :
Cars 2
Production :
Pixar Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 24 juin 2011
Genre :
Animation 3D
IMAX
3-D
Réalisation :
John Lasseter
Brad Lewis
Musique :
Michael Giacchino
Durée :
106 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Flash McQueen, star des circuits américains, vise désormais la plus haute marche du podium au tout premier Grand Prix Mondial pour être sacré, sur les routes du Japon et de l’Europe, « Voiture la plus Rapide du Monde » !

Martin l’accompagne bien sûr dans l’aventure mais se retrouve vite confronté à des problèmes bien éloignés du monde de la course automobile : pris au sein d’une affaire d’espionnage top secrète, il fait face à des situations plus dangereuses les unes que les autres...

La critique

rédigée par

Pixar fête en 2011, son 25ème anniversaire ! Devenu au fil du temps et de ses onze premiers long-métrages, la référence incontestée du cinéma d'animation 3D, le studio accumule les succès autant critiques que commerciaux. Un film Pixar est ainsi synonyme d'une qualité extrême aussi bien dans son écriture que sa réalisation. Sans jamais faillir, les œuvres du label de Luxo Junior ont donc marqué l'histoire du cinéma à grands coups de pépites toujours plus belles les unes que les autres. Même l'exercice périlleux des suites a fait mentir les analystes : Pixar, dans ce genre aussi, excelle en proposant des merveilles, à l'exemple des Toy Story 2 et Toy Story 3. Le 12e long-métrage du studio ne pouvait donc faire exception à la règle. Surtout pas l'année de ses 25 ans ! Patatras... Cars 2 dérape dans le catalogue et affiche un bien pâle bilan. Avec lui, Pixar signe son premier film passe-plats, sans imagination aucune. Mal né, il est le simple fruit d'une démarche commerciale destinée à appuyer la juteuse franchise : la fibre artistique est, elle, en panne sèche. John Lasseter, le Génie qui a donné naissance au label pixarien et redoré le blason de l'animation Disney tout entière, a oublié là ses fondamentaux : sans une bonne histoire, il ne peut y avoir de bon film !

Après des études brillantes dans la prestigieuse université de Cal Arts, John Lasseter est embauché en 1979 chez Disney où il participe à son premier long-métrage, Rox et Rouky. Il travaille ensuite sur Le Noël de Mickey et découvre alors la mise en production du film Tron, considéré, à juste titre, comme l'ancêtre de la production 3D. Il est d'ailleurs l'un des rares à prendre conscience du formidable potentiel de l'utilisation des ordinateurs dans le monde de l'animation. Malheureusement, les dirigeants des studios Disney de l'époque, empêtrés dans leur apriori et leur manque d'inspiration, ne savent que faire du jeune artiste débordant d'idées. La compagnie de Mickey le licencie donc, manu militari, en 1983. A la faveur d'une heureuse rencontre, il rejoint un an plus tard l'équipe de Lucasfilm. John Lasseter se fait très vite remarqué dans le monde ultra-fermé des effets spéciaux pour son travail sur Le Secret de la Pyramide réalisé, en 1985, par Barry Levinson. Il est même nommé aux Oscars. C'est l'époque (février 1986) où naît le studio Pixar qui se consacre tout entier à la seule animation 3D. Si les projets se limitent dans un premier temps à de simples courts-métrages, ils marquent déjà les esprits. Le tout premier est ainsi l'histoire d'un "parent-lampe de bureau" et de son "bébé-lampe" : Luxo Junior. Son originalité comme sa réalisation technique bluffent la profession tout entière. Le public emboîte le pas de la critique unanime. Le succès est complet. Le mini-film est même nommé pour l'Oscar du meilleur court-métrage. La légende de Pixar se construit déjà. Le personnage de la lampe de bureau devient bien vite le logo-symbole du studio trublion qui ne tarde pas à susciter des convoitises. Steve Jobs - le célébrissime fondateur d'Apple - dégaine le premier et l'achète. Parallèlement, Disney se positionne et offre, à la toute nouvelle filiale animation de la maison mère de Mac, un accord de distribution pour la production du premier long-métrage d'animation 3D de toute l'histoire du cinéma. En 1995, sort ainsi Toy Story réalisé par John Lasseter. Le succès est planétaire. Le talentueux réalisateur enchaîne alors deux autres longs-métrages en 1998 (1001 Pattes) et 1999 (Toy Story 2). Il marque ensuite une pause pour s'occuper non seulement de sa famille mais également orienter sa carrière vers la production de films (Monstres & Cie, Le Monde de Nemo, Les Indestructibles). En 2006, il revient à la réalisation avec Cars - Quatre Roues. Entre temps, après bien des tumultes, Disney a absorbé Pixar. John Lasseter est devenu le patron de la division Animation de la maison mère de Mickey. Commence alors pour lui, un long travail pour revenir aux fondamentaux disneyens, ceux-là même qu'il a appliqué, en fan absolu du grand Walt, quand son giron se limitait aux seuls studios Pixar. Parallèlement à son travail sur les longs-métrages (il continue en effet de sortir des pépites pixariennes, Ratatouille, WALL•E, Là-Haut et Toy Story 3 en tête), John Lasseter ré-initie aux équipes des Walt Disney Animation Studios les recettes mises au point par le Maître lui-même (qu'il appliquait déjà consciencieusement chez Pixar). Il permet ainsi, par exemple, à ses animateurs de se faire les dents sur des courts-métrages. (Comment Brancher son Home Cinéma, La Ballade de Nessie...), orchestre de main de maître le retour de l'animation 2D en soutenant bec et ongle les projets de La Princesse et la Grenouille ou de Winnie l'Ourson au cinéma, redonne ses lettres de noblesses à l'animation 3D de Disney avec le (certes timide) succès de Volt, Star Malgré Lui et la franche réussite aussi bien critique que publique de Raiponce. Il repositionne également les DisneyToon Studios et met en chantier des productions vidéos de qualité (La Fée Clochette et ses suites...). Non content de réaliser un sans-faute (salué par les fans) dans toutes les décisions qu'il prend pour la division animation, John Lasseter réinsuffle parallèlement à Imagineering l'oxygène dont l'ère Eisner l'avait injustement privée. Il s'inscrit là-aussi en complète harmonie avec la philosophie qui avait présidée à l'élaboration de Disneyland (premier du nom) à Anaheim par Walt Disney lui-même, et qui voulait qu'un parc à thèmes Disney soit avant tout un endroit d'exception ! Désormais omnipotent, John Lasseter entend peser dans tous les secteurs de son champ d'attribution au sein de la Walt Disney Company... Logique sans aucun doute mais destructeur à l'évidence. Le trop-plein d'activités du Responsable nuirait-il à la créativité de l'Artiste ? Cars 2 donne une première réponse à cette épineuse question : elle n'est pas fameuse tant le film se situe à des années lumières du talent de John Lasseter !

Sans chercher à le dédouaner, il faut pourtant reconnaitre que le projet d'une suite à Cars - Quatre Roues ne relève pas, à la base, de son initiative. Il ne devait d'ailleurs même pas en être le réalisateur, mais simplement le producteur exécutif comme pour les derniers Pixar. Il était ainsi prévu que Brad Lewis en assumerait seul la réalisation. Mais c'est sans compter sur les aléas du chantier : un blocage dans l'histoire obligeant en effet John Lasseter à s'investir au premier plan. Il ne peut, il est vrai, décemment laisser s'enliser le projet alors même que Bob Iger, le PDG de la Walt Disney Company, y est personnellement très attaché, tant le développement des franchises est au cœur de sa politique de groupe. Or, les amis de Flash McQueen sont de tels générateurs de chiffres d'affaires en produits dérivés, qu'il n'envisage pas un instant ne pas pouvoir de nouveau soutenir le tiroir-caisse de sa firme...

Cars - Quatre Roues a décidément un parcours atypique dans le catalogue de Pixar. Malgré sa grande qualité, les critiques du monde entier se sont, en effet, montrées, à l'époque de sa sortie, plus que réservées à son égard tandis que le public, en dehors des Etats-Unis, l'a carrément boudé. La France, par exemple, l'a accueilli froidement lui offrant le rang peu glorieux de premier flop au box-office d'un film pixarien. Commençant sa carrière sous de mauvais auspices, il se rattrape toutefois par la suite. Déjà, Ratatouille ou WALL•E ont fait pire que lui sur le sol américain au regard de leurs recettes en salles. Ensuite, il remporte, auprès des critiques étrangères de Los Angeles, le prestigieux Golden Globe du meilleur film d'animation. Enfin, son édition DVD s'arrache en 2006 décrochant le titre de meilleure vente de l'année pour un long-métrage animé.
Et que dire du marchandisage autour de Cars - Quatre Roues ! Flash McQueen et ses amis de Radiator Spring sont, en deux temps, trois mouvements, devenus l'une des franchises les plus rentables des studios Disney. Aucun secteur (jouets, livres, jeux vidéos, habillement, accessoires...) n'échappe à l'engouement qu'ils suscitent, générant au passage des milliards de dollars de recettes pour l'Oncle Picsou.
Face à cette déferlante à retardement, la Walt Disney Company ne pouvait rester inerte. L'occasion est, en effet, trop belle pour elle qui s'efforce, par exemple avec La Fée Clochette de créer le même phénomène. Et quoi de mieux pour soutenir les ventes que de maintenir les personnages sur le devant de la scène. La synergie du groupe Disney se met alors en marche.
Déjà, la division des parcs à thèmes fait son œuvre. Outre la présence des personnages dans les différents resorts du monde entier, des attractions dédiées à Cars - Quatre Roues sont lancées. Les Walt Disney Studios à Paris inaugurent en 2008 une attraction à destination des plus jeunes, Cars Race Rally tandis que Disney's California Adventure à Anaheim programme pour 2012 un land entièrement dédié au film de John Lasseter regroupant pas moins de trois nouvelles attractions dont une E.Ticket. Ensuite, la division cinéma prend le relai et prépare pour le 24 juin 2011, Cars 2, une suite du film de référence pour les salles obscures.
En attendant, pour faire patienter le public, la branche télévision ferme le rang en offrant aux personnages la possibilité de débouler sur le petit écran. Une mini série télé - plus exactement des petits courts-métrages sur le même thème - débarque conjointement sur Disney Channel, Toon Disney et ABC Family aux USA et sur Disney Channel et Disney Cinemagic en France. Les épisodes prennent l'apparence de petits intermèdes de 2 à 3 minutes dans lesquels Martin raconte à Flash McQueen une fable sur sa vie passée. Les Cars Toon sont nés : six (Martin à la Rescousse, Martin Le Grand, El Martindor, Martin Volant Non Identifié, Martin Poids Lourd et Heavy Metal Martin) sont proposés à la télévision, un au cinéma (Tokyo Martin) et les deux derniers (Martin Lunaire, Martin Détective Privé) directement en vidéo.

La déclinaison de la franchise Cars dans tous les secteurs de la firme de Mickey est donc redoutable d'efficacité. Paradoxalement, c'est dans le domaine de l'animation qu'elle pêche vraiment. Les Cars Toon n'ont, en effet, pas laissé une trace mémorable. Accusés de mettre trop l'accent sur Martin tout en ayant des trames simplistes à l'excès, ces courts-métrages sont ainsi jugés par trop enfantins pour être dignes de leur film de référence. Pire, l'annonce que sa suite reposait elle-aussi sur Martin a fait l'effet d'une bombe dans le milieu des fans qui imaginent alors Cars 2 n'être qu'un Cars Toon laborieusement étiré à une heure et demi... Ils ne se sont pas trompés !

Cars 2 accumule les bourdes.
La première et la plus frappante est de voir à quel point les réalisateurs n'ont pas compris ce qu'attendait le public, en particulier en terme de personnage principal. Ils semblent convaincus que Martin est adoré des enfants et de leurs parents. Sauf qu'ils commettent là une véritable hérésie. Le chouchou des gamins est Flash McQueen. Martin, tout sympathique qu'il est, n'est qu'un simple faire-valoir ! Rien de moins mais rien de plus. Avoir centré l'action et l'histoire sur lui seul est une erreur monumentale qui se paye cash. Martin devient vite insupportable, parle trop et fait s'effondrer tout le potentiel du film.
La deuxième erreur est de se contenter d'un scénario ridiculement mince. Au niveau de l'histoire, le vide est intersidéral. La trame est linéaire et le récit n'a qu'un seul niveau de lecture, vite ennuyeux pour les adultes, et ce, alors même que Pixar a dans ses gènes la capacité de livrer des œuvres Pixar (Ratatouille, WALL•E, Là-Haut et Toy Story 3) appréciables par tous les âges. Là, le spectateur reste scotché devant ce qui pourrait être une programmation de Disney Junior. Même Cars - Quatre Roues, pourtant loin d'être le plus aboutis de tous, portait en lui une philosophie résumable en une réplique de Sally « Avant on prenait son temps... puis on s'est mis à chercher à en gagner » ! Dépourvu de sens cachés, Cars 2 s'évertue alors à combler le vide éditorial à grands coups de scènes d'actions convenus au possible mis au service d'une leçon tellement basique qu'elle en est à peine croyable. « Il ne faut jamais tenter de changer la personnalité de ses amis » : déblatérée aux forceps, par un Flash McQueen pathétique malgré lui, la morale de l'histoire fait presque rire...
La troisième et dernière immense bévue du film prend des airs de terrible aveu d'échec. Cars 2 ne provoque rien, à part l'ennui. Le spectateur ne s'émeut pas, ne s'émerveille pas, ne rit pas : l'encéphalogramme est plat ! Même les personnages (anciens comme nouveaux) laissent de marbre. Le ratage est d'autant plus grand quand il s'agit de faire, par exemple, un parallèle avec un petit cartoon, Susie, Le Petit Coupé Bleu, qui, remontant à 1952, avait servi d'inspiration à Cars premier du nom. Oui, il est possible d'émouvoir avec des bagnoles !!!

Cars 2 donne l'affreux sentiment que le film n'a rien à raconter de plus que son opus de référence. Sa raison d'être se situe visiblement ailleurs : générer du marchandisage. Les auteurs ont ainsi enlevé ce qu'ils pensaient ne pas devoir marcher et ont poussé le reste dans l'outrance. Sauf qu'ils ont jeté le bébé avec l'eau du bain ! Tout que ce qui faisait le charme du premier (l'ouest américain, le temps qui passe, Flash...), a disparu au profit d'un Martin omniprésent, d'une localisation internationale mal maitrisée et d'une multiplication de personnages aussi inutiles que mercantiles.
Le film s'avère alors trop long et l'ennui gagne vite le spectateur. Il commence d'ailleurs fort mal avec une double introduction (une scène d'action "agent secret" puis une séquence de retour à la maison "Radiator Spring") qui prend trop de temps et plombe le démarrage de l'histoire. Il faut ainsi attendre que le Grand Prix Mondial commence à Tokyo pour enfin cesser de bailler...

Le casting n'est pas non plus à mettre à l'actif du film. Les rôles principaux sont, en effet, mal choisis, les nouveaux personnages sympathiques mais transparents et les secondaires trop nombreux.
Si l'opus rappelle la plupart des personnages du premier film, seul Martin y est véritablement mis en avant. Les autres, y compris Flash, ne font, il est vrai, que de la figuration. ! Le phénomène est d'autant plus marqué que Martin finit par taper sur les nerfs. Lui, sympathique et attachant dans Cars - Quatre Roues, devient ici tellement lourdaud, bébête et simplet que son capital sympathie disparait à la vitesse grand V. Face à lui, Flash McQueen est manifestement sous-employé pour ne pas dire maltraité. Il ne fait que livrer des courses, sans vrai lien avec l'histoire principale, sauf à en être un spectateur passif. Il perd même Sally qui n'a pas la chance de l'accompagner. Enfin, et pour l'anecdote positive cette fois-ci, le retour de Luigi et Guido dans leur Italie natale vaut vraiment le détour. Sur le plan des voix françaises, seul Martin change de doubleur à la suite du décès de Michel Fortin remplacé par Gilles Lellouche ; Guillaume Canet et Cécile de France conservent eux leurs personnages de Flash et Sally...
Aux côtés des anciens de Cars premier du nom, deux petits nouveaux sont à souligner.
Le super espion britannique, Finn McMissile, est un véritable James Bond sur quatre roues. Toon doublé à merveille par Michael Caine en VO et Lambert Wilson en VF, il dispose d'une carlingue bourrée de gadgets derniers cris qui lui permettent d'étonner de nombreuses fois son monde. Il est assisté dans sa tâche par une certaine Holley Shiftwell dont la voix française est assurée remarquablement par Mélanie Doutey. Cette jeune anglaise, employée de bureau, cultivée et raffinée, suit plus les opérations qu'elle ne les mène mais sait faire preuve toutefois, ça et là, d'une belle résistance à l'adversité...
Enfin, le casting de Cars 2 se noie dans une ribambelle de nouveaux personnages qui, entre les coureurs internationaux (doublés pour certains par de vrais pilotes de F1 !), les méchants (dont les motivations sont risibles), les présentateurs télé (caricaturaux) ou encore les habitants des lieux visités (folkloriques) n'ont d'intérêts que de fournir des opportunités de produits dérivés en nombre. Seuls les collectionneurs de figurines seront, en effet, capables de les reconnaitre...

Implacable cet avis ? Sans doute ! Pourtant, il convient de le modérer en insistant sur les aspects positifs du film. Car, fort heureusement, tout n'est pas forcement à jeter dans Cars 2. Totalement indigne de la signature Pixar (c'est dit !), il tient cependant la route sur bien des aspects.
L'idée de faire côtoyer le monde des agents secrets avec celui des voitures offre déjà de jolis potentiels. Les engins truqués, emplis de gadgets à la James Bond vont, en effet, de soi ! Le long-métrage s'en donne alors à cœur joie et regorge de trouvailles dans le domaine. L'ambiance « film d'espionnage » où tout explose, où chaque seconde réserve son lot de surprises, où un complot est à déjouer et où un méchant à visage caché doit être démasqué est tout bonnement jouissive !
Avoir délocaliser l'action dans les quatre coins du monde (Londres, l'Italie, Tokyo et dans une moindre mesure Paris) est également un bel atout. Il permet, en effet, d'opérer à foison de sympathiques petits clins d'œil sur les habitudes des populations, avec toujours en guise de décors des paysages connus convertis à la « charte Cars ». La caricature est souvent présente mais bon enfant et jamais méchante : la scène des toilettes japonaises, de la reine d'Angleterre à Buckingham Palace, du marché aux pièces à Paris ou de la circulation italienne sont par exemple parmi les plus réussies. Les décors sont, quant à eux, la véritable force du film. Superbes, ils sont littéralement à couper le souffle dans leurs rendus « à la Cars ». Les grands monuments, notamment, comme la Tour Eiffel ou Big Ben, sont bluffants ! Trois lieux sont par ailleurs vraiment mis en valeur : Tokyo, Londres et une ville imaginaire d'Italie : Porto Corsa. Paris, elle, ne fait que de la figuration : elle n'a été, en effet, rajoutée que pour un aspect folklorique (ou commerciale ?) mais n'apporte pas grand chose à l'histoire, l'action qui s'y passe pouvant très bien être localisée ailleurs... Le passage sur Tokyo lorgne pour sa part du côté du court-métrage Tokyo Martin dont il reprend les couleurs et même certaines idées. Londres apparait, elle, sympathique mais sert uniquement de décors pour clore l'histoire, la ballade y étant plutôt courte. Mais, le vrai clou du spectacle reste la partie italienne ! Elle affiche les plus beaux décors, mélange de Portofino et de Monaco, en particulier pour le grand prix de Formule 1.
Autres aspects clairement positifs du film, l'action et la technique mises en jeu dans Cars 2 fonctionnent à plein régime. Tout est fait pour en donner plein la vue, et ça marche : ça saute dans tous les sens et tout va à cent à l'heure, l'ensemble étant servi par une qualité d'animation impeccable. De ce point de vue, Cars 2 n'aurait pas pu être signé d'un autre studio que Pixar.
Il en est de même pour la musique qui, efficace à souhait, remplit sa mission ! Confiée à Michael Giacchino, la bande originale colle, en effet, à merveille aux images et souligne parfaitement l'action. Elle est d'ailleurs agrémentée de cinq chansons de très bonne facture dont une en français dans le texte, Mon Cœur Fait Vroum de Bénabar. Elle côtoie dans l'opus Polyrythm du groupe japonais Perfume, You Might Think du groupe de rock alternatif américain Weezer ainsi que deux autres titres du chanteur de country Brad Paisley (déjà entendu dans Cars - Quatre Roues), l'un en solo (Nobody's Fool) et l'autre (Collision of Worlds) en duo avec le britannique Robbie Williams...

Cars 2 est le premier film de Pixar à afficher un bilan si mitigé. La critique américaine ne lui fait d'ailleurs pas de cadeaux et l'étripe goulument. Le public lui fait la sourde oreille et semble répondre à l'appel. La campagne promotionnelle d'avant sortie fonctionne notamment plutôt bien auprès des familles comportant des jeunes garçons fans de la franchise. Les adultes et les adolescents passent en revanche leur chemin, jugeant l'opus trop gamin. Dans ces conditions, Cars 2 ne démérite pas en réalisant un démarrage dans la moyenne haute du studio. Son résultat est d'autant plus notable que le nombre de tickets vendus est élevé ; la 3D ne représentant "que" 38% de ses recettes. Les américains se sont visiblement lassés de ce gadget : tous les films 3D de 2011 font moins que le précédent ! La faute à un rendu peu évident, un surcout de prix et un inconfort visuel. Mais l'engouement pour Cars 2 sera de courte durée. Si le film semble bien se comporter à l'international, il subit, en effet, une chute vertigineuse lors des week-end suivants sa sortie aux Etats-Unis, au point de voir s'éloigner chaque semaine un peu plus le cap symbolique des 200 millions de dollars. Même le score de Raiponce peut lui échapper ! Il faut dire que son bouche-à-oreille est globalement mauvais sur sa cible de prédilection. Nombre de parents lui reproche en effet sa violence par trop appuyée : en cause, sa ribambelle d'armes en tous genres et ses scènes jugées limites (comme celle de la torture d'un agent-secret) !

Sous un autre label, Cars 2 serait un film sympathique et efficace. Sous la paternité de Pixar, il est un accident artistique, indigne de son catalogue. En espérant qu'il reste le seul et pour longtemps !

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