Bao
L'affiche
Titre original :
Bao
Production :
Pixar Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 21 avril 2018 (Tribeca Film Festival)
Le 15 juin 2018
Série :
Genre :
Animation 3D
3-D
Réalisation :
Domee Shi
Musique :
Toby Chu
Durée :
8 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Une mère, dont l'enfant unique vient tout juste de quitter la maison, découvre qu'un des beignets à vapeur qu'elle a cuisiné prend vie devant elle. Elle décide de l'élever, passe de bons moments avec lui, pour finalement se rendre compte qu'il grandit et que le temps est venu pour lui aussi de quitter le domicile...

La critique

rédigée par
Publiée le 13 juin 2018

Pixar a pris l'heureuse habitude d'accompagner la sortie de ses longs-métrages d'un cartoon de « mise en bouche » exclusif et totalement inédit. Les Indestructibles 2 est ainsi l'occasion de présenter Bao, un court-métrage aussi étonnant que touchant qui illustre à merveille les sentiments d'une mère qui a du mal à couper le cordon.

Bao fait date au sein des studios Pixar : il s'agit, en effet, du premier court-métrage à être réalisé par une femme. D'origine chinoise, Domee Shi passe son enfance à Toronto au Canada. Sa passion pour les animes et le dessin lui fait alors beaucoup participer au site DeviantArt. Forte de cette expérience, elle arrive à intégrer l'université de Sheridan College dont elle ressort diplômée d'animation en 2011. La jeune femme entre la même année chez Pixar d'abord en tant que stagiaire puis employée. Elle participe alors aux storyboards de Vice-Versa, du (Le) Voyage d'Arlo et de Toy Story 4. Bao constitue donc sa toute première réalisation.

Domee Shi présente en 2014 son projet à Pete Docter, vétéran pixarien et réalisateur de Vice-Versa, qui, touché par la fin de l'histoire, valide tout de go sa mise en chantier. La réalisatrice a, en fait, mis énormément d'elle-même dans le projet. La tradition chinoise transpire ainsi partout dans le cartoon aussi bien dans la nourriture que l'ambiance, les mentalités ou même la musique. Si Bao se situe bien à Toronto, son histoire est, en effet, celle des expatriés. La jeune femme tisse de la sorte un récit inspiré de sa vie personnelle. Enfant unique, elle se met ici à la place de sa mère pour savoir ce que celle-ci a ressenti quand sa fille a quitté la maison. Elle lui a d'ailleurs demandé d'être consultante sur son projet, notamment pour la confection des beignets que le personnage cuisine dans le court-métrage, et ce, afin que tout soit le plus authentique possible.

Bao est certes touchant dans son discours mais aussi empli de noirceur et de bizarrerie. L'idée de donner vie au beignet permet en effet d'appuyer le côté possessif de la mère qui a terriblement besoin de s'occuper de son enfant. Elle aime le voir grandir mais n'arrive pas imaginer et à accepter qu'il puisse oser quitter le domicile familial. La fin que propose Domee Shi est alors une allégorie aussi perturbante qu'étonnante qui en dit beaucoup sur cette catégorie de mères ultra-possessives. À mi-chemin entre le rêve et la parabole, le cartoon offre alors une vision juste et sincère de ses personnages. Le retournement final de situation risque, en revanche, d'en choquer plus d'un à cause du message qu'il véhicule : pris au pied de la lettre, il est assez déstabilisant tant la métaphore s'avère particulièrement puissante.

Bao est un court-métrage étonnant. Plutôt adulte dans son approche, il est aussi très symbolique avec une influence visuelle flirtant du côté de Mes Voisins les Yamada d'Isao Takahata.

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