Titre original : The Blue Umbrella Production : Pixar Animation Studios Date de sortie USA : Le 12 février 2013 (Festival International du Film de Berlin) Le 21 juin 2013 (sortie nationale) Série : Genre : Animation 3D 3-D |
Réalisation : Saschka Unseld Durée : 7 minutes |
Le synopsis
Alors que la nuit tombe et que la pluie s’invite sur la ville, deux parapluies – l’un bleu, l’autre rouge – tombent amoureux... |
La critique
Pixar a pris l'heureuse habitude d'accompagner la sortie de ses longs-métrages d'un cartoon de « mise en bouche » exclusif et totalement inédit. Monstres Academy est ainsi l'occasion de présenter Le Parapluie Bleu, un court-métrage assumé comme ultra-réaliste mais qui oublie deux choses primordiales : une histoire bien écrite et une animation magique.
Une fois n'est pas coutume, Pixar fait appel à un membre de son équipe technique pour réaliser un de ses courts-métrages. Saschka Unseld, un collaborateur originaire d'Allemagne, est en effet, rentré chez Luxo Jr. en 2008. Il a depuis travaillé sur le rendu visuel de films comme Toy Story 3, Cars 2 ou Rebelle. Un jour de pluie à San Francisco, alors qu'il voit un parapluie seul et renversé, son imagination vagabonde et lui inspire le pitch d'une histoire qu'il présente aux dirigeants de Pixar. Feu vert obtenu, il s'attache à réaliser son tout premier court-métrage.
Au premier jet, son film n'est pas censé être ultra-réaliste : c'est, en effet, au fur à mesure de l'écriture de l'histoire que Saschka Unseld trouve que les objets qui prennent vie seraient d'autant plus impressionnants s'ils étaient réalistes. Il ne va toutefois pas jusqu'à pousser l'idée à faire un mélange d'animation et de prise de vues réelles, mais reste sur de l'animation 3D totale. Il utilise d'ailleurs une nouvelle technique chez Pixar, la "global illumination", venue d'un logiciel qui, simulant la lumière naturelle, permet un travail approfondi sur ses reflets.
Alors visuellement, le résultat obtenu est impressionnant : le spectateur a vraiment l'impression d'être devant un film live plutôt qu'un métrage animé. Ainsi, c'est uniquement quand les objets bougent que l'animation saute aux yeux. Pour autant, aussi révolutionnaire qu'elle soit, la technique donne à l'ensemble une sensation de froideur qui empêche de s'attacher aux personnages ; ce mauvais ressenti étant accentué par la pluie. Le spectateur reste en dehors et n'est jamais touché par ce qu'il voit. Si l'animation permet de restituer des univers irréalistes mais crédibles, ici, l'inverse offre un univers réaliste mais peu crédible. Le rejet n'est pas loin...
Pire, Le Parapluie Bleu n'est pas aidé par une histoire maintes fois vue, remplie de raccourcis grossiers (la conclusion est affligeante de facilité) tandis que la musique de Jon Brion, peu inspirée, en rajoute à la crispation ambiante. Les fans Disney ne pourront, quant à eux, pas s'empêcher de trouver un parallèle mal abouti avec la séquence de La Boite à Musique, Johnny Fedora & Alice Blue Bonnet, sorti en 1946. Ce cartoon de Disney qui raconte l'histoire d'amour de deux chapeaux sur une chanson des Andrews Sisters en VO et d'Edith Piaf en VF est, en effet, autrement mieux réussi ! L'animation et les personnages y sont bien plus charmants et attachants que ce court-métrage Pixar décidément bien chiche...
Si Le Parapluie Bleu est impressionnant techniquement, il n'a rien d'autre à offrir ! Son ultra réalisme froid et son récit banal empêchent incontestablement le spectateur de rentrer dans l'histoire d'amour qu'il tente péniblement d'installer. Il souffre en plus considérablement de la comparaison avec des œuvres Disney précédentes que ce soit Johnny Fedora & Alice Blue Bonnet, qui porte la même thématique, ou dernièrement, l'oscarisé Paperman servant un coup de foudre entre humains. Face à cela, Le Parapluie Bleu est trop pauvre pour convaincre et dépourvu de l'essentiel : le charme !