Titre original : Wind Production : Pixar Animation Studios Date de sortie USA : Le 26 septembre 2019 (El Capitan Theatre) Le 13 décembre 2019 (Disney+) Série : Genre : Animation 3D |
Réalisation : Edwin Wooyoung Chang Musique : Andrew Jimenez Durée : 8 minutes |
Le synopsis
Une grand-mère et son petit-fils, pris au piège au fond d'un gouffre sans fin, récupèrent les débris qui les entourent pour réaliser leur rêve de s'échapper vers une vie meilleure... |
La critique
Wind est le cinquième court-métrage Pixar de son nouveau programme intitulé SparkShorts.
En 2017, John Lasseter, alors toujours responsable de Pixar, impressionné par Piper qui vient de gagner l'Oscar du Meilleur Court-Métrage, choisit de renforcer la production de courts-métrages. Il décide ainsi que les studios de Luxo Jr. mettent en place un tout nouveau programme de réalisation de cartoons, intitulé SparkShorts. Le but est de permettre à chaque membre du studio, qu'il soit réalisateur, animateur ou technicien, d'avoir la possibilité de réaliser son propre dessin animé personnel. Pixar offre dans cette optique à chaque artiste six mois et quelques ressources techniques et financières pour mettre en œuvre son projet. La nouvelle série SparkShorts offre donc un ton spécifique et une vision artistique différente de ce qu'a produit l'ADN de Pixar jusque-là. Si les studios à la lampe de bureau s'étaient, il est vrai, déjà fait remarquer en laissant des artistes venus de diverses cultures proposer des courts-métrages sortant des sentiers battus à l'exemple de Sanjay et sa Super Équipe ou Bao, ici, les cartoons vont encore plus loin, se permettant aussi de viser, de temps en temps, un public différent de celui de Pixar : oubliée la cible familiale, les SparkShorts peuvent aussi proposer des cartoons qui ne parlent qu'aux adultes.
Les trois premiers SparkShorts, Purl, Écraser et Ramasser et Chatbull, sont d'abord proposés au cinéma durant une semaine, à partir du 18 janvier 2019, mais uniquement dans la salle du El Capitan Theatre à Los Angeles ; ce cinéma mythique d'Hollywood appartenant à The Walt Disney Company. Tous sont ensuite mis en ligne sur YouTube au rythme d'un par semaine, en commençant par Purl le 4 février 2019. Trois autres cartoons sont annoncés dans la foulée, L'Envol, Wind et Loop, mais, eux, sont prévus de sortir directement et uniquement sur la plateforme Disney+ qui ouvre sur le marché américain le 12 novembre 2019. Au final, ils sont diffusés également dans la salle du El Capitan Theatre à partir du 26 septembre 2019 tandis qu'au lancement de Disney+, quatre sont finalement proposés : Purl, Écraser et Ramasser, Chatbull ainsi que L'Envol. Wind arrive lui sur la plateforme le 13 décembre 2019.
Edwin Wooyoung Chang débute sa carrière chez Pixar au milieu des années 2000, principalement en tant que technicien. Il se charge notamment de la simulation sur de nombreux projets, longs-métrages ou attractions Pixar dans les Parcs Disney. Spécifiquement, il a travaillé sur les films Ratatouille, Là-Haut, Rebelle ou Vice-Versa mais aussi les courts-métrages Extra-Terrien ou Doug En Mission Spéciale. Wind constitue donc un challenge pour lui car il s'agit non seulement de sa première réalisation mais également de son premier scénario imaginé et écrit par ses soins ; l'opportunité lui ayant été donnée par le programme SparkShorts dont les responsables Pixar voulaient qu'il ne soit pas réservé qu'aux artistes mais aussi ouvert à tous les autres métiers du studios, y compris les techniciens.
De fait, Edwin Wooyoung Chang s'est beaucoup investi dans Wind et aborde une question éminemment personnelle : la relation avec sa grand-mère. D'origine coréenne, sa mamie et ses quatre enfants (dont son père) ont été séparés de leur mari et leur père lors de la Guerre de Corée. Et ils ne l'ont plus jamais revu. Sa grand-mère a donc dû élever ses enfants seule de l'autre côté de la ligne de séparation et s'est sacrifiée pour aider le père du réalisateur à immigrer vers les États-Unis. Une fois installé, ce dernier a alors pu faire venir sa mère pour s'occuper de son petit-fils. L'histoire de Wind est dès lors une superbe parabole du sacrifice d'une grand-mère vis-à-vis de la génération plus jeune. Il s'agit aussi d'une belle métaphore du saut dans l'inconnu que représente l'immigration dans un pays différent, entre l'espoir d'un monde meilleur et la peur de partir pour un lieu incertain ou hostile.
Bien sûr, la force de Wind est d'offrir ce joli message via le prisme d'un récit ampli d'un zeste de science-fiction. Sans aucune explication, les deux personnages du cartoon, un garçon et sa grand-mère, se retrouvent, en effet, au milieu d'un grand trou sous terre où la gravité est devenue folle. Ils sont ainsi installés sur un gros caillou qui flotte autour de nombreux débris. Le garçon et sa grand-mère se sont alors donnés comme objectif de ramasser tous les outils et objets nécessaires à la construction d'une fusée qui leur permettrait de rejoindre le trou de lumière qui se trouve loin au-dessus de leur tête. Le soleil brille, en effet, via cette ouverture, leur donnant ainsi l'espoir d'une vie meilleure et surtout moins dangereuse. Wind propose alors une aventure aussi imagée que métaphorique dont la fin poignante est à la fois belle et bouleversante.
Wind est un joli cartoon, véritable cri d'amour d'un petit-fils pour sa grand-mère.