Titre original : The Adventures of André & Wally B. Production : Pixar Animation Studios Date de sortie USA : Le 25 juillet 1984 Série : Genre : Animation 3D |
Réalisation : Alvy Ray Smith Durée : 2 minutes |
Le synopsis
La rencontre d'un petit bonhomme et d'une abeille... |
La critique
Après de brillantes études dans la prestigieuse université de Cal Arts, John Lasseter est embauché en 1979 chez Disney où il participe à son premier long-métrage, Rox et Rouky. Il travaille ensuite sur Le Noël de Mickey et découvre alors la mise en production du film Tron, considéré, à juste titre, comme l'ancêtre de la production 3D. Il est d'ailleurs l'un des rares à prendre conscience du formidable potentiel de l'utilisation des ordinateurs dans le monde de l'animation. Malheureusement, les dirigeants des studios Disney de l'époque, empêtrés dans leur apriori et leur manque d'inspiration, ne savent que faire du jeune artiste débordant d'idées. La compagnie de Mickey le licencie donc, manu militari, en 1983. A la faveur d'une heureuse rencontre avec Ed Catmull, il rejoint un an plus tard l'équipe de Lucasfilm et intègre I.L.M. dont il prend vite le leadership. John Lasseter se fait, il est vrai, remarqué dans le monde ultra-fermé des effets spéciaux pour son travail sur Le Secret de la Pyramide réalisé, en 1985, par Barry Levinson. Il est même nommé aux Oscars. Il coréalise aussi un premier court-métrage en images de synthèse, Les Aventures d'André et Wally B., racontant l'histoire d'une facétieuse abeille.
Embauché à I.L.M. pour apporter une touche artistique à un monde
mathématicien et cartésien, John Lasseter
est alors le seul animateur dans une équipe composée exclusivement
d'informaticiens. Le petit court-métrage sur lequel il travaille est d'ailleurs
alors censé démontrer les capacités de sa jeune structure dans les effets
spéciaux générés par ordinateur. Il est ainsi prévu de le diffuser à SIGGRAPH,
le salon des informaticiens et autres geeks.
A l'origine, Les Aventures d'André et Wally B. devait avoir pour héros un
robot, un choix imposé par les limites des avancées technologiques de l'époque.
Mais John Lasseter ne l'entend pas de
cette oreille : il est persuadé en son for intérieur qu'il est dans ses cordes
de trouver des formes simples mais bien plus expressives et tout aussi «
animables ». Il va même, pour finir de persuader son équipe, jusqu'à rappeler
qu'un des maitres de l'animation, Ub Iwerks,
lui aussi en proie à des limites techniques, avait, en son temps (les années 20
!), utilisé la même astuce pour créer le design de Mickey. John Lasseter
accouche ainsi d'un nouveau personnage : André. Mais le corps du toon laisse
toujours à désirer. Il en parle à Ed Catmull qui lui propose d'utiliser alors de
digresser sur la forme d'une goutte d'eau. Cette trouvaille est le déclic qui
lui manquait : elle donne non seulement naissance à un second personnage (Wally
B.) mais, surtout, fait découler toute l'histoire du cartoon ; Bill Reeves se
chargeant pour sa part de ses décors...
Les Aventures d'André et Wally B. est donc montré, comme prévu, en 1984, à SIGGRAPH bien qu'il ne soit pas totalement terminé. Peu importe, le choc visuel est là et bien là. Ses créateurs croulent littéralement sous l'ovation du public présent. Pour la petite histoire, après sa diffusion, un des spectateurs demande à John Lasseter quel logiciel il a utilisé avec ses équipes pour réaliser le film. Ce dernier répond alors humblement qu'il s'agit d'un logiciel de base à peu près identique à celui employé, peu ou prou, par toutes les autres entreprises présentes au salon. L'intervenant n'en croit pas ses oreilles et repose la question, mais en la commentant : "Non, c'était trop drôle ! Sans rire, quel logiciel avez-vous utilisé ?". Les "geeks" et les informaticiens venaient de comprendre l'intérêt de l'apport des artistes...