La Main Derrière la Souris
L'Histoire d'Ub Iwerks

La Main Derrière la Souris : L'Histoire d'Ub Iwerks
L'affiche du film
Titre original :
The Hand Behind the Mouse : The Ub Iwerks Story
Production :
Walt Disney Pictures
Date de sortie USA :
Le 8 octobre 1999 (Los Angeles)
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Leslie Iwerks
Musique :
John Debney
Louis Febre
Durée :
90 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

La longue carrière d'Ub Iwerks, révélée sous un angle inédit grâce au travail de sa petite-fille Leslie Iwerks, ne se résume pas seulement à sa condition de père de Mickey...

La critique

rédigée par

Ubbe Ert Iwerks nait en 1901 à Kansas City dans le Missouri. D'origine néerlandaise, il américanise son nom au début des années 20 pour le muer en Ub Iwerks. D'origine modeste, rien ne le prédestine alors à embrasser une carrière artistique. Contraint dès l'âge de 14 ans à subvenir aux besoins de sa mère, le jeune Ub délaisse, en effet, vite l'école pour assumer des petits boulots dans les fermes du Missouri. Il conserve toutefois son goût pour le dessin et parvient finalement à mettre ses talents au service du Pesmen-Rubin Commercial Art Studio.

Flip la grenouille

Sa rencontre avec une jeune recrue, Walt Disney, va changer à jamais son destin. Ils ne tardent pas, il est vrai, à créer ensemble, en janvier 1920, une société à part partagée, dénommée Iwerks-Disney Commercial Artists. La tentative est malheureusement un échec cinglant. L'entreprise vite fermée, le duo rebondit néanmoins en se faisant engager par la Kansas City Film Ad Company, une société spécialisée dans le film publicitaire de Kansas City. Ils travaillent ainsi tout deux sur des animations commerciales primitives à destination des cinémas locaux. En 1922, Walt Disney lance Laugh-O-Grams, Inc., dont l'objet est la production de courts métrages animés basés sur les contes de fées populaires et des histoires pour enfants. Il y embauche son compagnon de galère, Ub Iwerks. Nouvel échec. En juillet 1923, la deuxième société de Walt Disney fait, en effet, faillite.

Abattu, ce dernier se décide à migrer pour la Californie, convaincu que l'avenir du cinéma se trouve dans la cité des anges. S'il abandonne tout le monde dans un premier temps, il se fera fort de faire venir à Los Angeles la plupart de ses anciens collaborateurs dont Ub Iwerks, un fois un contrat ferme signé par son nouveau studio monté conjointement avec son frère, Roy, le Disney Brothers Studio. Ub Iwerks les rejoint ainsi, dès octobre 1923, pour travailler sur une nouvelle collection, les Alice Comedies. Si la série, mêlant animation et prises de vue réelles, trouve vite son public, elle s'avère vite trop lourde à produire. Parallèlement, le "tout animé" proposé par les studios Universal finit par séduire Walt Disney et Ub Iwerk. Les nouvelles perspectives offertes par l'animation pure signe logiquement l'arrêt de mort d'Alice Comedies et donnent naissance à Oswald, le Lapin Chanceux, qui est, de fait, leur premier grand succès. Le style de dessin est d'ailleurs déjà nettement reconnaissable...

Willie Whopper

En 1928, Walt Disney subit un revers important avec la collection des Oswald, ou plus exactement avec son distributeur de l'époque, Charles Mintz. Non seulement, il perd les droits sur la série et le personnage (en réalité, le contrat de distribution est rédigé de telle manière qu'il ne les a jamais eus !) mais la majorité de son équipe le lâche, répondant presque, comme un seul homme, aux sirènes du distributeur. Ub Iwerks reste, lui, fidèle à Walt Disney. Mais le coup est dur. Sans équipe, sans projet et -presque- sans le sou, le Maître de l'animation en devenir a indéniablement un genou à terre. Plus personne ne donne cher alors de la peau de celui qui a refusé de se plier à une règle hollywoodienne qui semblait immuable à l'époque, plaçant entre les mains du distributeur tous les pouvoirs. Mais c'est sans compter sur l'exceptionnelle volonté de Walt Disney. En une nuit, avec l'aide de son ami Ub Iwerks, il dessine les premiers galbes de Mickey Mouse, sans se douter alors qu'ils tenaient là de quoi faire trembler bien plus que le microcosme cinématographique. Grâce à ces nouvelles courbes, l'animation prend, en effet, un nouveau tournant. Walt Disney invente ainsi la personnalité de la célèbre souris et lui donne sa voix tandis qu'Ub Iwerks la dessine et l'anime dans les trois premiers films, au rythme effréné de plusieurs centaines de dessins réalisés à la main chaque jour !

La capacité de travail d'Ub Iwerks n'est déjà plus à démontrer quand il se fait, à nouveau, remarquer pour son travail sur la nouvelle série de Walt Disney, les Silly symphonies, et notamment son tout premier opus, La Danse Macabre. Né d'une idée folle du compositeur Carl Stalling, d'associer, de façon synchronisée, une musique à une animation, le projet est lancé à la
mi-novembre 1928. Il faut, au total, seulement six semaines à Ub Iwerks pour réaliser à lui seul le premier cartoon qui inaugure ainsi une collection dont le succès ira grandissant.

Après des années de galère partagées, les premiers succès et profits portent atteinte curieusement à la grande amitié liant Walt Disney et Ub Iwerk. Le 21 janvier 1930, ce dernier et Carl Stalling annoncent même de concert qu'ils quittent la compagnie balbutiante de Mickey. Les deux sont, il est vrai, débauchés par Pat Powers, l'ancien distributeur des Mickey Mouse, le premier se voyant offrir un studio d'animation et le second un poste de directeur musical. En 1930, Walt Disney a, en effet, décidé de changer de distributeur abandonnant Pat Powers au profit de Columbia Pictures, qui offre elle l'avantage de disposer d'une dimension nationale. Des investisseurs financiers menés par Pat Powers suspectent alors Ub Iwerks d'être le vrai responsable de la plupart des premiers succès de Walt Disney. Ils jouent, sans vergogne, sur les relations orageuses des deux hommes. Ecrasé par l'exubérance et la détermination du papa de Mickey, l'animateur, grand timide, ne parvient pas, il est vrai, à véritablement s'imposer. Il s'estime même victime de son patron - et ami - en focalisant sa rancœur sur le refus qu'oppose Walt Disney à voir, dans les premiers cartoons, le nom des dessinateurs apparaitre au générique. Il vit logiquement cette décision comme un déni de reconnaissance artistique. Ub Iwerk accepte donc ce qu'il avait refusé, deux ans plus tôt, à Charles Mintz au plus fort de la crise couvrant la perte des droits d'Oswald, le Lapin Chanceux. Il quitte les studios Disney juste avant la sortie de The Cactus Kid, le dernier court-métrage de Mickey Mouse auquel il participe.

ComiColor

L'Iwerks Studio ouvre donc peu après son départ. Après un passage à vide certain, l'animation chez Disney se trouve relancée par l'arrivée en son sein de nouveaux jeunes et talentueux animateurs. Ub Iwerks, lui, semble vouloir surfer sur son savoir-faire déjà bien installé. Il crée ainsi Flip la grenouille, un personnage proche de Mickey Mouse et d'Oswald, le Lapin Chanceux. Le style et les scénarii sont, à n'en pas douter, de simples "copier-coller" des précédentes réalisations d'Iwerks, signées sous la coupe de Disney. Logiquement, elles ne parviennent pas à faire de l'ombre à Mickey Mouse, dont le succès va grandissant. Distribués par la Metro-Goldwyn-Mayer, la collection des Flip la grenouille s'arrête en 1933 au bout de seulement 38 épisodes. Ub Iwerks souhaite rebondir avec une seconde série Willie Whopper qui se révèle vite un échec cinglant. Stoppé au bout de seulement 13 épisodes et une petite année, elle provoque le départ de la MGM qui renonce à distribuer les productions du studio Iwerks, qui se réfugie, penaud, chez Celebrity Pictures, une société de Pat Powers. Ub Iwerk lance alors une troisième série sous le nom de ComiColor, retraçant des histoires classiques comme Jacques et le haricot magique (1933) ou Le brave petit soldat de plomb (1934). Les collections sont très stylisées et techniquement novatrices, véhiculant des messages politiquement engagés et des insinuations d'ordre sexuel, aux antipodes de la ligne toujours suivie par Walt Disney. Avec elles, le studio assoit une nouvelle popularité et fait la part belle à des artistes de haut vol comme Grim Natwick, le créateur de Betty Boop, ou Chuck Jones, grand réalisateur des Looney Tunes. Nombre de ces productions accèdent au rang de cartoons cultes. Ub Iwerk ne sent, pourtant, pas le vent tourner. Les nouvelles attentes du public, qui aspire à plus de légèreté, lui échappent. La chute est brutale. Les investisseurs se retirent en 1936 provoquant la fermeture de l'Iwerks Studio. Ub Iwerks se recase un temps chez Columbia Pictures avant de retourner finalement chez Disney en 1940 pour devenir le responsable des effets spéciaux.

À la fine pointe de l'innovation, il donne alors à la firme disneyenne une longueur d'avance technologique. Il est le créateur du processus de combinaison de prises de vue réelles et d'animation utilisé dans Les trois Caballeros, Mélodie du Sud  et Mary Poppins. Il aide à améliorer la caméra multiplane et peaufine l'utilisation de la Xerox permettant aux animateurs de reproduire directement leurs travaux sur les celluloïds, et ce, à partir du film Les 101 dalmatiens. Deux Oscars viennent couronner sa carrière en tant que technicien hors pair. Alfred Hitchcock fait même appel à lui sur le film Les Oiseaux pour réaliser l'incrustation des volatiles à l'écran. Après une carrière bien remplie, il s'éteint le 7 juillet 1971 à Burbank en Californie.

Leslie Iwerks livre un magnifique témoignage. Au delà d'un remarquable travail de recherche et d'ordonnancement de documents, elle révèle Ub Iwerk comme jamais auparavant, laissant pointer, ici ou là, tout l'amour d'une petite fille pour son grand-père. La qualité du film lui permet d'ailleurs de se voir ouvrir, une nouvelle fois, les portes des studios Disney, pour un nouveau documentaire, L'Histoire de Pixar, sorti lui en 2007. Ub Iwerk est un grand nom du cinéma d'animation moderne. La Walt Disney Company ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui sans son travail auprès de Walt.

L'équipe du film

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