Le Roi
Le Prince et le Pauvre
Date de création : Le 16 novembre 1990 Nom Original : The King |
Apparition : Cinéma Télévision Voix Originale(s) : Frank Welker Voix Française(s) : Louis Arbessier Jean Davy (Le Prince et le Pauvre, 1962) Interprète(s) : Paul Rogers (Le Prince et le Pauvre, 1962) |
Le portrait
En 1990, les artistes de Disney offrent une nouvelle adaptation du (Le) Prince et le Pauvre, le classique de la littérature signé Mark Twain. C’est alors l’occasion pour eux d’offrir un formidable retour sur les écrans aux premières stars des studios, Donald, Dingo, Pluto et Pat Hibulaire. Mickey, pour sa part, est choisi pour incarner les deux rôles-titres, d’un côté celui d’un pauvre Londonien accablé par la vie, et de l’autre celui d’un Prince destiné à succéder un jour à son père, mourant.
« Des années durant, l’Angleterre fut gouvernée par un Roi sage et généreux. Et son peuple était prospère et très heureux. Mais un jour, le bon Roi tomba malade et les ténèbres s’abattirent sur toute la région… ». Obligé de garder le lit, le Roi est mentionné dès les premières secondes de l’histoire. Auprès de lui, l’Archevêque veille en priant aux côtés d’autres courtisans. Le Capitaine de la garde, l’infâme Pat, est également présent auprès du souverain. Mais les apparences sont trompeuses... S’il donne l’impression d’être dévasté par la situation, l’officier est en réalité déjà en train de comploter. Profitant de l’affaiblissement du Roi, il ne tarde pas à répandre pillage et désolation dans tous les environs...
Brièvement évoqué par le Chambellan qui rappelle au Prince que son père est malade et que son état nécessite du repos et du silence, le Roi n’apparaît concrètement que dans une seule et unique scène. Isolé dans sa chambre, le monarque ignore alors tout des derniers événements survenus au château. Il ne semble pas avoir entendu parler des crimes et autres méfaits commis par son Capitaine des gardes et ses hommes. Il ignore en outre que son fils, le Prince, a profité de la venue impromptue du Pauvre pour prendre sa place et découvrir le monde. L’héritier étant de fait absent, c’est dès lors ce dernier qui est appelé au chevet du Roi au moment où il s’apprête à rendre son dernier souffle.
Intimidé, le Pauvre entre ainsi dans la chambre du souverain. La pièce est plongée dans l’obscurité. Seules deux chandelles permettent d’apporter un peu de lumière. « Mon fils… Approche… ». La voix du Roi est faible. Le Pauvre, qui pense pouvoir dire toute la vérité au Roi, s’approche doucement. « Mon fils… Depuis le jour de ta naissance, je me suis efforcé de te préparer pour ce moment ». Le Pauvre s’agenouille près du lit au moment où le Roi lui livre son ultime testament. « Je quitterai bientôt cette Terre… Et tu seras Roi. Tu dois me promettre que tu gouverneras ce royaume avec cœur, justice et sagesse ».
Tendant sa main vers celle de celui qu’il pense être son fils, le Roi s’éteint alors doucement en prononçant ses dernières paroles. Près du lit, la flamme chancelante de l’une des chandelles s’éteint à son tour…
Au milieu des années 1980, les artistes de Disney profitent du succès du (Le) Noël de Mickey pour se lancer dans une nouvelle production d’envergure visant à réunir une fois de plus à l’écran les grandes vedettes des studios. Cherchant l’inspiration dans les classiques de la littérature, leur choix se porte bientôt sur Le Prince et le Pauvre, le roman de Mark Twain paru en 1883. S’opère alors la répartition des rôles. Mickey tient le haut de l’affiche. Donald, Dingo, Pluto, Pat, Clarabelle, Horace ou bien encore les Fouines de La Mare aux Grenouilles reprennent eux aussi du service. Pour certains personnages secondaires, en particulier les habitants de Londres, les membres de la cour et l’Archevêque de Cantorbéry, les artistes s’amusent à créer de toutes pièces de nouveaux protagonistes.
Le personnage du défunt Roi se démarque cependant du reste de la distribution du (Le) Prince et le Pauvre. Le rôle n’est en effet attribué à aucune vedette des studios. Aucun nouveau personnage n’est par ailleurs créé pour l’occasion. N’apparaissant concrètement que dans une seule et unique scène pleine d’émotion, le souverain n’est dès lors pas montré à l’écran. Seule sa voix se fait entendre du fond de son vaste lit. Plongés dans l’obscurité, le visage ou même la silhouette du Roi ne sont dès lors pas visibles. Seule l’ombre de sa main, tendue pour prendre celle du Pauvre, est aperçue quelques secondes.
Concept art de la cour se recueillant auprès du lit du Roi
Cette volonté de ne pas montrer le Roi à l’écran répond en particulier à trois exigences. Elle renforce tout d’abord l’émotion et la tristesse de l’instant en se focalisant sur le visage de Mickey, triste et désemparé. Surtout, il est toujours compliqué de montrer à l’écran le trépas d’un personnage animé. Jadis, les disparitions tragiques de la maman de Bambi ou bien de la maman de Rox avaient elles-mêmes été masquées. Il faudra ainsi attendre le milieu des années 1990 pour que la mort soit clairement montrée à l’écran avec les décès soudains de personnages comme Mufasa et Kocoum ou bien encore la mère de Quasimodo ou les parents de Tarzan. Enfin, le Roi étant le père de Mickey, il paraît logique qu’il aurait épousé la même forme et le même profil que le héros. Les artistes auraient par conséquent été face à un problème de taille, à savoir montrer la mort à l’écran d’un personnage ayant peu ou prou la même apparence que la souris emblématique des studios Disney… Face à ce dilemme, la décision la plus sage était dès lors de se concentrer d’une disparition hors champ.
Anonyme, le Roi est interprété en version originale par le comédien Frank Welker. Né le 12 mars 1946 à Denver, dans le Colorado, celui qui double également l’Archevêque a associé son nom à des centaines de productions depuis le début de sa carrière à la fin des années 1960. Apparaissant en tant qu’acteur dans Filles et Show-Business, L’Ordinateur en Folie et Pas Vu, Pas Pris, il est ainsi entre autres la voix de Toby et Félicia dans Basil, Détective Privé, de Dumbo dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, de Max dans La Petite Sirène, de Joanna et de l’aigle Marahute dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, de Sultan dans La Belle et la Bête, d’Abu, Rajah et la Caverne aux merveilles dans Aladdin. Frank Welker a aussi interprété le Yeti dans Dingo et Max, Flit dans Pocahontas, une Légende Indienne, l’oisillon dans Le Bossu de Notre-Dame puis Khan et Cri-Kee dans Mulan, ou bien encore Stella dans La Princesse et la Grenouille.
En version française, le rôle est tenu par Louis Arbessier. Originaire de Vienne, dans l’Isère, où il voit le jour le 9 avril 1907, l’acteur suit les cours du Conservatoire de Lyon. Arrivé à Paris, il débute sa carrière au théâtre dans Sapho d’Alphonse Daudet. Après avoir servi dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, Arbessier fonde La Compagnie des Sept avec Jean Vilar. Bientôt sociétaire de la Comédie Française, son nom est à l’affiche de pièces comme Médée, Le Christ Recrucifié, Le Diable et le Bon Dieu, La Mouette, Richard III, Lorenzaccio, Ruy Blas, L’Avare et L’École des Femmes. Louis Arbessier apparaît également au cinéma dans Les Petits Riens, Si Versailles m’Était Conté…, Napoléon, Les Misérables, Le Capitan, Le Président, Les Barbouzes, Le Pacha et Mesrine. Il prête en outre sa voix à Desmond Llewelyn dans plusieurs épisodes de la saga James Bond. Élevé au rang d’Officier de la Légion d’Honneur en 1989, l’acteur disparaît le 23 mars 1998.
Le Roi est présent sur les écrans dès 1962 dans l’adaptation du (Le) Prince et le Pauvre signée par les studios Disney et diffusée en trois parties dans l’émission Walt Disney’s Wonderful World of Color.
Réalisé par Don Chaffey d’après un scénario de Jack Whittingham, le téléfilm précise que le souverain n’est autre qu’Henri VIII qui régna sur l’Angleterre et l’Irlande entre 1509 et 1547. Le rôle est alors interprété par le comédien Paul Rogers (Le Beau Brummel, Les Procès d’Oscar Wilde, Les Souliers de Saint-Pierre). En France, le doublage met en scène Jean Davy (voix française d’Errol Flynn, Robert Taylor, Orson Welles, Cary Grant et de personnages comme Grand Coquin, le Roi Triton et le Premier Ancêtre).
Bien que non visible à l’écran, le Roi est néanmoins un personnage fort au cœur de l’une des scènes les plus émouvantes de toute la filmographie de Mickey Mouse.