L'Oisillon
Le Bossu de Notre-Dame
Date de création : Le 21 juin 1996 Nom Original : Baby Bird Créateur(s) : Pete DeSève James Baxter |
Apparition : Cinéma Voix Originale(s) : Frank Welker |
Le portrait
En 1996, les studios Disney emmènent les spectateurs au cœur du Paris médiéval avec Le Bossu de Notre-Dame, une nouvelle adaptation du chef-d’œuvre de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris. Le premier rôle est ainsi offert à Quasimodo, le carillonneur de la cathédrale contraint par Frollo à vivre reclus loin du regard des autres. Pour tromper sa solitude, le bossu s’est alors lié d’amitié avec les êtres qui l’entourent, en particulier les gargouilles et les pigeons qui, comme lui, séjournent au sommet de l’église.
L’oisillon apparaît à la sixième minute du film. Grâce à Clopin, le public vient tout juste de découvrir le destin tragique de Quasimodo. Chacun comprend alors que le bossu est un pauvre être mis au ban de la société en raison de son physique ingrat. Frollo, bien sûr, mais aussi les deux bohémiens qui tentent d’entrer illégalement dans Paris, incarnent en particulier avec froideur ce rejet dont est victime le bébé. Seuls la bohémienne et l’Archidiacre de Notre-Dame manifestent un tant soit peu d’amour et de pitié à son encontre, la première car il s’agit de son enfant, le second par pure charité chrétienne.
À présent enfermé au sommet de la cathédrale, Quasimodo voit avec les années sa solitude devenir une véritable prison. Le souvenir de sa défunte mère s’est évanoui il y a bien longtemps. Aucun indice ne permet en outre de savoir si l’Archidiacre continue bel et bien de se soucier du destin du pauvre bossu placé sous la coupe de Frollo qui, durant toutes ces années, a pris grand soin de ne surtout pas révéler son existence au monde. Pour se sortir de son isolement, Quasimodo s’est donc fabriqué ses propres amis. Trois gargouilles, La Rocaille, La Muraille et La Volière, partagent ainsi son quotidien. Le héros s’évertue par ailleurs de prendre grand soin des petits pigeons qui nichent dans les recoins de sa tour.
Blotti au chaud dans la bouche-même de La Rocaille, un oisillon occupe notamment ses journées. Encore frêle, le pigeonneau n’est pour l’heure jamais sorti de son nid. Comme Quasimodo, il ne connaît dès lors pas le monde extérieur. Si le bossu rêve d’aller le visiter un jour, le petit oiseau, pour sa part, est terrifié à l’idée de prendre son envol. Pour Quasimodo, qui prend le fragile bébé dans ses mains, c’est pourtant le moment idéal pour déployer ses ailes. C’est en effet le jour du Festival des Fous et chacun rêverait d’y assister, lui le premier.
Peu rassuré, l’oisillon hésite... Fermant ses yeux, il commence à battre des ailes. Il ne se rend alors pas compte que Quasimodo a retiré ses mains. Le petit pigeon parvient sans le savoir à flotter dans le ciel. Lorsqu’il s’en aperçoit enfin, c’est le bonheur. Enfin, il peut rejoindre ses congénères ! Après quelques ultimes caresses sur la tête, Quasimodo l’autorise à partir pour découvrir le monde. « Envole-toi ! Personne ne voudrait rester enfermé ici pour toujours », lui dit-il avant de le regarder s’envoler au loin. La mélancolie s’empare alors immédiatement de Quasimodo qui rêve tant, lui-aussi, de quitter sa tour...
Placée juste après la tonitruante et haletante introduction du (Le) Bossu de Notre-Dame, la scène de l’oisillon est l’occasion pour les spectateurs de souffler un peu et de faire retomber la pression et l’émotion des premiers instants. Après un véritable déferlement d’images, la caméra se fixe enfin au sommet du beffroi nord de la cathédrale pour un petit moment de calme. La partition d’Alan Menken, plus douce, offre elle-même un peu de répit après la fantastique interprétation des (Les) Cloches de Notre-Dame.
Pour la première fois, le public découvre le visage et le physique de Quasimodo. Il peut dès lors constater à quel point la silhouette et le profil du bossu sont difformes. Les raisons de l’odieux rejet de Frollo sautent à présent aux yeux. La scène permet cependant de comprendre que si le corps de Quasimodo est tordu, son cœur, lui, est parfaitement intact. Contrairement au roman de Victor Hugo dans lequel il est souvent dépeint comme une brute épaisse et sans cervelle, le héros est ici présenté comme un être sensible, doux et extrêmement gentil, capable de prendre grand soin d’un petit être aussi fragile qu'un oisillon dans son nid.
Recherche graphique de Pete DeSève
Dépourvu de préjugé contrairement à certains Hommes, l’oisillon incarne cette aptitude qu’ont les animaux à aimer leur maître ou leur prochain sans jamais se soucier des apparences. Ce qui compte, c’est bien l’amour, la gentillesse et la bienveillance. Le visage déformé de Quasimodo importe peu. Ses larges mains ne sont en rien une menace mais plutôt un cocon protecteur pour le petit pigeon qui n’est en aucune manière effrayé par son ami. Plus encore que la douceur de Quadimodo, le volatile permet en outre de comprendre à quel point le bossu souffre de sa solitude et de cette interdiction formelle de sortir pour explorer le vaste monde qui s'étend sous ses yeux. C'est ainsi grâce à ses amis qu'il se sent moins seul et c'est le cœur brisé qu'il les regarde s'envoler alors que lui-même est cloué dans sa tour...
Dessin d'animation
L’animation de l’oisillon n'est pas attribuée dans le générique du film. Le personnage apparaît néanmoins sur quelques recherches graphiques signées par Pete DeSève. Il y a par ailleurs fort à parier que l’animal ait été dessiné par l’animateur de Quasimodo, James Baxter.
Les vocalisations de l’oisillon sont interprétées, dans toutes les versions, par Frank Welker.
Frank Welker
Né le 12 mars 1946 à Denver, le comédien a associé son nom à des centaines de productions depuis le début de sa carrière à la fin des années 1960. Apparaissant en tant qu’acteur dans Filles et Show-Business, L’Ordinateur en Folie et Pas Vu, Pas Pris, il est ainsi entre autres la voix de Dumbo dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, de Félicia et Toby dans Basil, Détective Privé, de Max dans La Petite Sirène, de Joanna et de l’aigle Marahute dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Il incarne également l’Archevêque et le Roi dans Le Prince et le Pauvre, Sultan dans La Belle et la Bête, ainsi qu'Abu, Rajah et la Caverne aux merveilles dans Aladdin. Frank Welker interprète enfin le Yéti dans Dingo et Max, Flit dans Pocahontas, une Légende Indienne, Khan et Cri-Kee dans Mulan ou bien encore Stella dans La Princesse et la Grenouille.
Protagoniste mineur n’apparaissant qu’une poignée de secondes, l’oisillon est une petite créature mignonne qui, si elle n’apporte rien à l’intrigue principale, permet néanmoins aux spectateurs de cerner immédiatement la personnalité et surtout la gentillesse de Quasimodo.