Date de création : Le 10 novembre 1953 Nom Original : Amos Créateur(s) : Bill Peet (Conception Visuelle) Wolfgang Reitherman (Animation) |
Apparition : Cinéma Télévision BD Parcs Voix Originale(s) : Sterling Holloway Voix Française(s) : Paul Villé (Amos jeune) Henri Labussière (Amos âgé) |
Le portrait
En 1953, les studios Disney revisitent l’Histoire des États-Unis avec Franklin et Moi. Inspiré du livre Ben and Me: An Astonishing Life of Benjamin Franklin de Robert Lawison, le court-métrage propose au public d’aller à la rencontre des Pères fondateurs du pays, en particulier Benjamin Franklin qui, peu de gens le savent, aurait en son temps reçu l’aide précieuse d’une toute petite souris prénommée Amos.
À l’ombre d’une statue de Benjamin Franklin, un groupe d’enfants écoute un guide parler du grand homme. Au sommet de la sculpture, plusieurs petites souris écoutent elles aussi un guide qui, pour sa part, évoque le souvenir d’Amos, un rongeur incroyable qui fut à l’origine de toutes les inventions attribuées à Franklin.
À Philadelphie, en 1745, Amos vit avec les siens dans la vieille église de la 2e Rue. Installée derrière l’un des murs de la sacristie, la famille ne compte pas moins de vingt-six enfants élevés dans la pauvreté la plus extrême. Aîné de la fratrie, Amos décide un jour de quitter le domicile familial afin de se débrouiller seul dans la vie. C’est ainsi que la petite souris prend sur elle de partir et d’affronter le terrible hiver.
Cherchant un nouveau foyer chaleureux, Amos trouve finalement refuge dans une vieille échoppe tenue par un certain Benjamin Franklin. Située à la limite de la ville, la boutique délabrée n’est pas des plus accueillantes. Mais confronté au froid glacial, la souris entre malgré tout. À l’intérieur, elle découvre tout le matériel d’imprimerie du jeune Benjamin Franklin. Des dizaines de machines bizarres et tout un tas de bric-à-brac encombrent également la pièce.
Assis derrière sa table de travail, Franklin tente, bon gré mal gré, de travailler en dépit de son méchant rhume. Éternuant sans cesse, l’imprimeur fait soudain tomber ses lunettes qui, en touchant le sol, se brisent… Accablé par ses créanciers, le malheureux est alors au bord de la crise de nerf. Heureusement, il peut cependant compter sur Amos qui se présente à lui.
Jamais à court d’imagination, la souris propose tout d’abord de réchauffer la pièce en prenant le feu de la cheminée pour l’installer au milieu de la pièce. Pour ce faire, elle suggère de placer les braises dans un contenant en fer. Le concept du poêle à bois est né. Amos prend également sur lui de réparer les lunettes de Franklin. En récupérant les verres brisés d’une paire prévue pour voir de près et ceux enchâssés dans une paire pour voir de loin, il refabrique une nouvelle monture et invente au passage les lunettes à double foyer !
Amos décide enfin de revoir totalement le contenu de L’Almanach du Pauvre Richard, le périodique publié par Benjamin Franklin. Estimant que les informations contenues à l’intérieur sont d’une pauvreté affligeante, le rongeur conseille de se concentrer sur les potins et les nouvelles fraîches. Écumant lui-même la ville, en particulier les lieux de sociabilisation comme les bars, Amos rassemble des informations plus croustillantes qui ne tardent pas à attirer l’attention d’un nouveau lectorat. Vendu comme des petits pains, le journal voit son nom changer au passage avec un titre plus accrocheur, La Gazette de Pennsylvanie.
Grâce aux idées géniales d’Amos, Benjamin Franklin parvient progressivement à se faire un nom à Philadelphie et dans toute la région. Ne se séparant jamais de la souris qu’il cache sous son chapeau, le journaliste et inventeur s’attire les bonnes grâces des notables du coin, notamment le gouverneur William Keith. Jour après jour, Franklin devient par ailleurs le destinataire de centaines de lettres en provenance de toutes les colonies. C’est alors à Amos que revient la tâche de répondre au courrier pendant que Franklin travaille sur ses inventions.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Amos et Benjamin Franklin deviennent inséparables. Le duo est cependant parfois mis à rude épreuve. Les recherches sur l’électricité menées par Franklin provoquent bientôt la rupture. Fâchée d’avoir été à de multiples reprises électrocutée, la souris décide de claquer la porte et de s’en aller.
De retour dans sa famille, Amos assiste durant les années suivantes aux tumultes de l’Histoire. À Philadelphie comme ailleurs, un vent de liberté s’est emparé du peuple. La révolte gronde contre la couronne britannique. C’est à ce moment que, tout penaud, Benjamin Franklin décide de renouer le lien avec la souris qu’il supplie de revenir à ses côtés.
Se donnant la nuit pour réfléchir, Amos revient dès le lendemain chez Benjamin Franklin afin de lui faire part de ses conditions. Leur discussion est cependant interrompue par l’arrivée soudaine de Thomas Jefferson. À fleur de peau, celui-ci est à la recherche d’un peu d’aide pour finir d’écrire sa lettre destinée au gouvernement de Londres. C’est en écoutant Benjamin Franklin lire les conditions écrites plus tôt par Amos que l’inspiration lui vient enfin. « Quand, dans le cours des événements humains, il devient nécessaire… ». C’est ainsi que malgré elle, la petite souris est l’auteur des premiers mots de la Déclaration d’indépendance !
Nommé à l’Oscar du Meilleur Court-Métrage d’animation, Franklin et Moi s’inspire du roman Ben and Me: An Astonishing Life of Benjamin Franklin écrit en 1939 par Robert Lawson. Acquis par les studios Disney en 1946, l'ouvrage met en scène Amos, une petite souris qui, par le plus pur fruit du hasard, noue une belle amitié et une précieuse collaboration avec Benjamin Franklin au point d’aider ce dernier à inscrire son nom au Panthéon des grands hommes ayant participé à la fondation des États-Unis d’Amérique.
Mis en production dès 1947, Franklin et Moi est en particulier confié au scénariste Bill Peet. Épaulé par Winston Hibler, Del Connell et Ted Sears, c’est donc à lui que revient la mission d’écrire le script et de créer la majorité des storyboards. Né à 29 janvier 1915 à Grandview, dans l’Indiana, William Peed (qui change son nom en Peet durant sa carrière) nourrit son amour du dessin dès le plus jeune âge. Élève de l’Arsenal Technical High School puis du John Herron Art Institute, il débute chez Disney en 1937 comme animateur intervalliste sur les cartoons de Donald. Bientôt, il devient scénariste et travaille à ce poste sur des films comme Pinocchio, Fantasia, Dumbo, Les Trois Caballeros, Mélodie du Sud, Danny, le Petit Mouton Noir, Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles ou bien encore Peter Pan. À la fin des années 1950, il s’occupe seul de l’écriture des (Les) 101 Dalmatiens, une première chez Disney. Il enchaîne ensuite avec Merlin l’Enchanteur. Une violente dispute avec Walt le convainc finalement de démissionner le 29 janvier 1964, alors même que la production du (Le) Livre de la Jungle, donc il a écrit un premier jet, ne fait que commencer. Bill Peet poursuit néanmoins sa carrière d’auteur et d’illustrateur de livres pour enfants. Il décède le 11 mai 2002 à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Un Disney Legends Award remis en 1996 honore sa carrière.
Ressemblant beaucoup aux autres souris créées à la même époque, en particulier Gus et Jaq, les deux acolytes de Cendrillon, Amos apparaît sous les traits d’un petit rongeur à la fourrure marron. Coiffé d’un tricorne à la mode à la fin du XVIIIe siècle, il porte une culotte rouge, une chemise blanche et un gilet parfois dissimulés sous son épais manteau bleu rapiécé. Des chaussures à boucle complètent son costume.
Dessins d'animation
L’animation d’Amos est notamment exécutée par Wolfgang Reitherman. Membre éminent du groupe des Neuf Vieux Messieurs né le 26 juin 1909 à Munich, en Allemagne, l’artiste débute sa carrière aux studios Disney le 21 mai 1933. Grand spécialiste de Dingo qu’il anime dans Les Joyeux Mécaniciens, Vacances à Hawaï, Nettoyeurs de Pendules, Dingo et Wilbur et des dizaines d’autres cartoons, il est notamment le créateur du Miroir magique, de Monstro la baleine, d’Ichabod Crane et du Cavalier sans tête, du Lapin Blanc ou bien du duel entre le Capitaine Crochet et le crocodile. Également créateur des souris Timothée, Gus et Jaq, il supervise par ailleurs le combat entre le prince Philippe et Maléfique changée en dragon. En 1961, Wolfgang Reitherman accède au statut de réalisateur avec Les 101 Dalmatiens puis Merlin l’Enchanteur et Le Livre de la Jungle. Après la mort de Walt Disney, il dirige ensuite Les Aristochats, Robin des Bois, Les Aventures de Winnie l’Ourson, Les Aventures de Bernard et Bianca et produit Rox et Rouky qui sort l’année de sa retraite, en 1981. Décédé le 22 mai 1985, un Disney Legends Award remis à titre posthume en 1989 couronne sa carrière.
Le générique d’ouverture mentionne également le nom des animateurs Ollie Johnston, John Lounsbery, Hal King, Cliff Nordberg, Les Clark, Marvin Woodward, Don Lusk, Hugh Fraser, Harvey Toombs, Eric Cleworth et Jerry Hathcock parmi l’équipe créative du film.
En version originale, Amos est interprété par Sterling Holloway. Né le 4 janvier 1905 à Cadertown, en Géorgie, le comédien débute sur la scène de l'Académie américaine des arts dramatiques de New York dès l'âge de quinze ans. Tournant dans tous les États-Unis avec la troupe The Sheperd of the Hills, il apparaît au théâtre, dans des revues, puis au cinéma. Sa filmographie compte alors des titres comme La Ruée, Wild Boys of the Road, Le Tourbillon de la Danse, Alice au Pays des Merveilles, La Veuve Joyeuse, L'Oiseau Bleu, Le Commando de la Mort, Un Monde Fou, Fou, Fou, Fou... Grand ami de Walt Disney, il travaille de nombreuses fois pour lui en interprétant la Cigogne de Dumbo, Fleur dans Bambi, le Chat du Cheshire dans Alice au Pays des Merveilles, la souris Amos dans Franklin et Moi, Winnie l'ourson, Kaa et la souris Roquefort. Narrateur des (Les) Trois Caballeros, Pierre et le Loup, Lambert, le Lion Bêlant, La Petite Maison et Susie, le Petit Coupé Bleu, Sterling Holloway décède le 22 novembre 1992 à l'âge de quatre-vingt-sept ans. Un Disney Legends Award récompense sa carrière.
En France, le rôle d’Amos jeune est confié à Paul Villé. Originaire du dixième arrondissement de Paris où il voit le jour le 18 octobre 1881, l’acteur évolue dans une famille d’artistes. Son père est en effet directeur de théâtre. Sa mère est quant à elle artiste lyrique. Au cinéma, Villé apparaît notamment dans Falstaff, Madame Sans Gêne, Le Père Lampion, Golgotha, Remontons les Champs Élysées, Une Si Jolie Petite Plage, La Valse de Paris, Ma Femme est Formidable, Si Versailles m’Était Conté, Les Misérables, ou bien encore Signé Arsène Lupin, La Folie des Grandeurs et Stavisky. Souvent cantonné à des seconds rôles, le comédien joue en parallèle au théâtre dans des pièces comme Madame Filoumé, Mon Père Avait Raison et À Travers le Mur du Jardin. Il mène enfin une carrière dans le doublage en prêtant sa voix, entre autres, à Walter Brennan, Adolphe Menjou et Desmond Llewelyn. Interprète d’Amos dans Franklin et Moi et du Lapin Blanc dans Alice au Pays des Merveilles, Paul Villé disparaît le 25 décembre 1977 à l’âge de quatre-vingt-seize ans.
La narration de Franklin et Moi par un Amos plus âgé est pour sa part exécutée par Henri Labussière. Né à Villeneuve-Saint-Georges le 20 mars 1921, il apparaît au théâtre dans des dizaines de pièces telles que Les Gaités de l’Escadron, L’Hôtel du Libre Échange, Romanoff et Juliette, Sainte Jeanne, Le Cid, La Vie Parisienne, Les Caves du Vatican et Topaze. Au cinéma, Henri Labussière est crédité au générique de La Guerre des Boutons, Un Cheval Pour Deux, Martin Soldat, Le Jumeau… Présent par ailleurs à la télévision, l’acteur est surtout connu pour sa voix prêtée à Burgess Meredith, Don Ameche, Slim Pickens et à des dizaines de personnages animés comme Panoramix, le Professeur Tournesol, le Visiteur du zoo et Archimède Porter. Henri Labussière disparaît le 16 juin 2008 à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
Amos apparaît dans l'adaptation en bande dessinée de Franklin et Moi créée par Al Hubbard et publiée par l'éditeur DELL en 1954. Une autre version de l'histoire écrite par Frank Reilly et dessinée par Manuel Gonzales et Dick Moores est par ailleurs publiée au sein de la presse dominicale dans la collection Walt Disney's Treasury of Classic Tales du 1er novembre au 27 décembre 1953.
En 1957, Amos voit son histoire étoffée à l’occasion de la diffusion de Franklin et Moi au sein de l’épisode The Liberty Story de l’émission l’anthologie Disneyland. Une séquence introductive est en effet ajoutée afin de dépeindre les origines de la souris. Les téléspectateurs découvrent alors que celle-ci descend tout droit de Christopher Mouse, un rongeur qui vivait à Londres en 1568. Après lui, Aramis Mouse a traversé la Tamise à bord d’une tasse à café en 1573. Cinquante ans plus tôt, en 1523, un autre ancêtre nommé Aloysius fut le témoin de la création du célèbre portrait d’Érasme par le maître allemand Hans Holbein le Jeune. En 1620, d’autres ascendants ont quitté l’Angleterre aux côtés des pionniers se rendant en Amérique à bord du Mayflower…
The Liberty Story
En 2023, les studios Disney célèbrent en grande pompe leur centième anniversaire. Pour l’occasion, des centaines de personnages d’hier et d’aujourd’hui sont réunis au sein d’un court-métrage spécial, Il Était une Fois un Studio. Amos apparaît alors installé sur le chapeau de Benjamin Franklin. La souris participe ensuite à la grande photo de famille prise sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.
Il Était une Fois un Studio
Amos est l’un des nombreux personnages disséminés çà et là sur les murs des nombreux bâtiments d’Epcot lors de la célébration Chalk Full of Characters organisée dans le cadre de l’International Festival of the Arts.
En 2022, une effigie d’Amos est ajoutée à l’intérieur de la Liberty Tree Tavern, l’un des restaurant de Walt Disney World.
Petit personnage souvent méconnu du grand public, Amos est pourtant l’un des représentants les plus remarquables de la grande famille des souris Disney.