Edward aux Mains d'Argent
Titre original : Edward Scissorhands Production : 20th Century Fox Date de sortie USA : Le 7 décembre 1990 Genre : Fantastique |
Réalisation : Tim Burton Musique : Danny Elfman Durée : 105 minutes |
Le synopsis
Ambassadrice pour la société de cosmétiques Avon, Peg Boggs a le plus grand mal à remplir son carnet de commandes. Blasée, elle décide donc d’élargir son secteur de vente et se risque à aller frapper à la porte du mystérieux château jouxtant le lotissement pavillonnaire dans lequel sa famille et elle vivent. Piquée par la curiosité, elle finit par pénétrer dans la lugubre demeure où elle fait la rencontre d’un étrange jeune homme possédant des ciseaux et autres lames à la place des mains. Prise de pitié pour cet individu à l’évidence bien seul, Peg prend immédiatement sur elle de le ramener en ville. Prénommé Edward, il devient alors l’attraction principale du quartier. Mais les habitants, après lui avoir réservé un accueil chaleureux, ne tardent pas à abuser de sa gentillesse avant de finalement jeter le soupçon sur lui…
La critique
Entre deux incursions remarquées – et remarquables – dans les rues de Gotham City avec Batman (1989) et Batman : le Défi (1992), Tim Burton livre ce qui reste certainement l’un de ses films les plus personnels, Edward aux Mains d’Argent, proposé en salle durant les fêtes de Noël 1990.
Tim Burton voit le jour le 25 août 1958 à Burbank, dans la banlieue nord de Los Angeles. Vivant une enfance et une adolescence somme toute assez solitaire à quelques kilomètres des grands studios de cinéma, il nourrit dès le plus jeune âge une passion pour les écrans et le dessin. Élevé par sa grand-mère à partir de ses douze ans, il s’évade grâce aux films fantastiques qu’il aime regarder le soir à la télévision. Avec sa caméra Super 8, Burton tourne ses premières productions avec les moyens du bord. Indépendant dès l’âge de seize ans, il obtient deux ans plus tard une bourse pour étudier au sein de l’Institut CalArts. Là, il intègre le programme de formation des studios Disney qui, à l’époque, cherchent de nouvelles recrues. Tim Burton est ainsi engagé à l’automne 1979. L’expérience n’est cependant pas très heureuse.
Animateur sur Rox et Rouky (1981), l’artiste, complètement en décalage avec le style Disney, considère ce travail comme un « supplice ». Déçu de voir tous ses concepts produits pour Taram et le Chaudron Magique (1985) être rejetés les uns après les autres, il trouve malgré tout une oreille attentive auprès de Julie Hickson et Tom Wilhite, deux exécutifs des studios qui lui offrent une enveloppe de 60 000 dollars pour réaliser un projet plus personnel, Vincent (1982), inspiré de l’un de ses poèmes et de l’une de ses idoles, Vincent Price, qui accepte d’être le narrateur de l’histoire. Suivent Hansel et Gretel (1982), une production qui se retrouve reléguée en deuxième partie de soirée sur Disney Channel avant d’être définitivement enterrée aux archives, et Frankenweenie (1984), un autre court-métrage qui, interdit aux moins de 12 ans, ne dispose pas d’une sortie en salle satisfaisante.
Désabusé, Tim Burton claque la porte de Disney et rejoint Warner Bros. Grâce à ses premiers longs-métrages, Pee Wee’s Big Adventure (1985) et Beetlejuice (1988), il parvient à se faire un nom. Mieux, il triomphe au box-office avec Batman (1989) et Batman : le Défi (1992). Travaillant un temps sur une adaptation des aventures de Superman, il complète sa filmographie avec Ed Wood (1994), Mars Attacks! (1996), Sleepy Hollow : La Légende du Cavalier Sans Tête (1999), La Planète des Singes (2001), Big Fish (2003), Charlie et la Chocolaterie (2005) et Les Noces Funèbres (2005) qui lui permettent tous d’inscrire son nom dans la liste des réalisateurs les plus prolifiques et populaires au tournant du siècle. Connu pour son style gothique si particulier, Burton poursuit avec Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street (2007), Dark Shadows (2012), Big Eyes (2014), Miss Peregrine et les Enfants Particuliers (2016) et Beetlejuice, Beetlejuice (2024). Pour les studios Disney, il réalise en outre une nouvelle version longue de Frankenweenie (2012), mais aussi Alice au Pays des Merveilles (2010) qui, grâce à son triomphe, lance la mode des adaptations en prises de vues réelles des classiques animés d’antan. Tim Burton y participe lui-même de nouveau avec Dumbo en 2019.
Après la sortie de Batman qui s’offre la première place au box-office américain devant Indiana Jones et la Dernière Croisade, L’Arme Fatale 2 et Retour Vers le Futur – 2ème partie, Tim Burton se voit dérouler le tapis rouge par les responsables de Warner Bros. qui lui proposent tout de suite de tourner un nouvel opus. La mise en chantier d’une suite de Beetlejuice, sorte d’OVNI mélangeant le genre des films de plage avec l’expressionnisme allemand, est également validée. Mais Tim Burton refuse de s’engager dans ces deux projets. Beetlejuice Goes Hawaiian n’en est qu’au stade de l’ébauche. Quant au premier Batman, il n’est finalement pas tout à fait conforme à ce que le jeune réalisateur avait en tête au départ. Avant de se consacrer à une suite qui, elle, épousera davantage son univers, il propose de mettre en scène l’histoire d’Edward, un homme ayant des ciseaux à la place des mains.
Il s’agit-là d’une histoire qui lui trotte dans la tête depuis l’adolescence. Sa jeunesse passée dans la banlieue aseptisée de Burbank n’a pas laissé un bon souvenir dans la mémoire de Tim Burton. Durant toutes ces années, il a éprouvé un sentiment étrange. Toutes ces maisons identiques, ces jardins dépourvus de clôture, ces pelouses tondues au cordeau, ces femmes aux foyers manucurées se mêlant sans arrêt des affaires des autres avant de rentrer docilement à la maison au moment où monsieur s’en revenait du boulot… Tout cela lui semblait si faux. Ces gens paraissaient amicaux, se souviendra-t-il plus tard, mais uniquement en surface, comme si chacun se devait de jouer la comédie pour sauver les apparences. Quant aux adolescents de son âge, beaucoup se sentaient obligés de crier leur haine de l’autorité et d’agir en rebelles bardés de blousons de cuir. Et que dire des hippies rejetant les valeurs traditionnelles de l’Amérique et la société de consommation ?...
Tim Burton n’est jamais parvenu à s’identifier à ces gens-là... Il n’a jamais chercher à leur ressembler. Nourrissant le sentiment de n’être désiré ou apprécié à sa juste valeur par personne, il a grandi dans un certain isolement. Il a alors trouvé refuge dans le cinéma, en particulier les films de série-B diffusés le soir, parfois très tard, à la télévision. Au milieu de nombreux nanars et autres films de science-fiction à la mode, des classiques comme Frankenstein, L’Homme Invisible, Dracula ou Le Fantôme de l’Opéra sont entrés dans son panthéon cinématographique. Vincent Price, Boris Karloff, Lon Chaney ou bien encore Béla Lugosi sont quant à eux devenus ses idoles. Sa caméra Super 8 à la main, Burton a alors commencé à inventer ses propres histoires, notamment The Island of Doctor Agor, un court-métrage qu’il écrit et réalise à l’âge de treize ans en s’inspirant de L'Île du docteur Moreau d’H.G. Wells. Et lorsqu’il ne tourne pas, Tim Burton dessine. Edward aux mains d’argent fait partie de ses créations tout comme, entre autres, le Petit Enfant Huître, l’Enfant Tache ou bien encore la Fille Allumette, des personnages tristement seuls dont le destin est souvent funeste.
En 1987, alors qu’il est en préproduction de Beetlejuice, et donc bien avant le succès incroyable de Batman, Tim Burton confie son idée d’homme aux mains faites de ciseaux à la romancière Caroline Thompson. Cette dernière a publié quelques années plus tôt son premier livre, First Born (1983), une fable macabre mettant en scène un fœtus qui ressuscite au terme d’un avortement. En le lisant, Tim Burton a tout de suite été impressionné par le roman dans lequel se mêlent des éléments fantastiques et sociologiques qu’il trouve très intrigants. Il propose donc à Thompson de collaborer avec lui et d’écrire un script mettant en scène Edward. Séduite par la personnalité de Tim Burton avec qui elle se lie d’amitié, la romancière ne dispose que de quelques bribes d’informations souvent confuses et d’une poignée de croquis parfois très succincts. Tim Burton imagine par ailleurs un temps adapter son histoire sous la forme d’une comédie musicale dans la veine du (Le) Fantôme de l’Opéra, le chef-d’œuvre de Gaston Leroux transposé sur les planches par Andrew Lloyd Webber et Charles Hart en 1986. Il suggère aussi d’ajouter à l’intrigue le rôle d’un inventeur qui pourrait, pourquoi pas, être incarné à l’écran par son acteur préféré, Vincent Price.
Pour rédiger son scénario, Caroline Thompson se plonge elle-même dans l’univers qu’affectionne Tim Burton. Elle s’inspire ainsi notamment de classiques du cinéma tels que Notre-Dame de Paris (1923), Frankenstein (1931), King Kong (1933) et L’Étrange Créature du Lac Noir (1954), autant de films offrant la vedette à un être rejeté par la masse après avoir pourtant été adulé. Faisant parfois penser au mythe de Galatée et de Pygmalion, l’histoire emprunte également de nombreux éléments à Pinocchio ou bien à La Belle et la Bête, des contes de fées reprenant eux aussi le thème de la différence si cher à Burton. Concevant son scénario comme un « poème amoureux » à destination de Tim Burton, Caroline Thompson livre un premier jet après trois semaines de travail. Afin que Warner Bros. n’interfère pas dans le processus d’écriture, Burton a payé sa scénariste de sa poche. Fructueuse, leur collaboration perdurera quelques années plus tard avec l'écriture de L'Étrange Noël de Monsieur Jack (1993) et Les Noces Funèbres (2005).
Jusqu’à présent tenus à l’écart, les exécutifs de Warner Bros. reçoivent le texte de Caroline Thompson. Pour éviter toute forme de tergiversation, Tim Burton leur annonce dès le départ que l’ensemble est à prendre ou à laisser. Après deux mois de réflexion, Warner refuse finalement de s’engager plus en avant. À la place, Burton se voit proposer d’autres projets qu’il balaye d’un revers de main. Il parvient malgré tout à obtenir que son scénario et les droits sur le potentiel film soient revendus à 20th Century Fox. À l’époque, le studio est notamment dirigé par Joe Roth. Nommé président du département cinéma en 1989, il accepte d’offrir à Burton une totale liberté. Il lui alloue de plus un budget avoisinant les huit millions de dollars.
Tim Burton dispose donc d’une marge de manœuvre conséquente. Toutefois, la somme qui lui est offerte pour son film n’est pas extravagante. Le risque est en fait très calculé pour 20th Century Fox. Joe Roth ose malgré tout à suggérer un nom pour le rôle-titre. Il faut en effet assurer ses arrières. Il propose dès lors de faire jouer Edward par Tom Cruise, un acteur plutôt rassurant sur le plan financier après les triomphes successifs de Risky Business (1983), Top Gun (1986), La Couleur de l’Argent (1986) et Cocktail (1988). Bien que ce genre de films ne soient pas sa tasse de thé, Tim Burton accepte de rencontrer le comédien qui trouve le personnage intéressant. Posant énormément de questions pour s’imprégner de la pensée du réalisateur, il s’interroge cependant sur la fin de l’histoire qu’il juge trop sombre. Comprenant qu’il n’obtiendrait pas d’issue plus heureuse et que le personnage ne lui correspond au final pas vraiment, Tom Cruise décide de jeter l’éponge et de se retirer.
Après le départ de Tom Cruise, d’autres noms circulent. Des acteurs comme Jim Carrey, Robert Downey, Jr., Gary Oldman et William Hurt sont un temps envisagés. Devenu une figure montante d’Hollywood après les succès de Splash (1984) et Big (1988), Tom Hanks est lui aussi pressenti mais il décline finalement, le comédien préférant jouer dans Le Bûcher des Vanités de Brian De Palma (1990). Même le chanteur Michael Jackson manifeste de l’intérêt pour le projet ! Pour incarner sa créature, Tim Burton fait cependant le choix de se tourner vers un autre artiste, Johnny Depp, qui souhaite changer son image. Pour l’heure, celui-ci n’a obtenu que des participations secondaires au cinéma dans Les Griffes de la Nuit (1984) et Platoon (1986). Son seul premier rôle est celui de Jack dans Coups de Soleil (1985) de George Bowers qui fut un terrible échec critique et commercial. En définitive, Johnny Depp est encore vu comme un artiste de second plan surtout associé au personnage de l’officier Tom Hanson dans la série télévisée 21 Jump Street (1987-1990).
Devenu, à la fin des années 1980, l’idole de la jeune génération, Johnny Depp souhaite à présent trouver un rôle capable de briser cette réputation d’acteur à midinettes qui lui colle à la peau. Il manifeste donc son intérêt pour Edward aux Main d’Argent, sans pour autant se faire d’illusion. Il est en effet en compétition avec d’énormes pointures du cinéma. Il n’imagine pas une seconde remporter le rôle. Pourtant, Tim Burton, qui n’a jamais regardé 21 Jump Street, est rapidement conquis par l’acteur qu’il découvre au départ en photo. Le réalisateur est subjugué par le regard de Depp. Il trouve l’expression dans ses yeux absolument captivante. Il demande donc à le rencontrer. Les deux hommes se retrouvent ainsi pour la première fois en avril 1989 au Bel Age Hotel de Los Angeles. Partageant un verre, Johnny Depp explique avoir été très touché par l’histoire d’Edward auquel il parvient à s’identifier. Touché par les mots du comédien, Tim Burton décide de lui accorder sa confiance et de lui offrir le rôle.
Johnny Depp l’ignore encore, mais il vient de décrocher le rôle de sa vie. Originaire d’Owensboro, dans le Kentucky, où il voit le jour le 9 juin 1963, l’acteur débute en effet une très riche collaboration avec Tim Burton qui le dirige ensuite dans Ed Wood (1994), Sleepy Hollow : La Légende du Cavalier Sans Tête (1999), Charlie et la Chocolaterie (2005), Les Noces Funèbres (2005), Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street (2007), Alice au Pays des Merveilles (2010) et Dark Shadows (2012). Depp allonge en parallèle sa filmographie avec des films comme Arizona Dream (1992), Donnie Brasco (1997), From Hell (2001), Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl (2003), Neverland (2004), Lone Ranger : Naissance d’un Héros (2013), Into the Woods : Promenons-Nous dans les Bois (2015), Les Animaux Fantastiques (2016), Le Crime de l’Orient-Express (2017) ou bien encore Jeanne du Barry (2023).
Pour interpréter Edward, Johnny Depp fait le choix de perdre onze kilos afin d’offrir au personnage une silhouette longiligne prolongée par des lames tout aussi fines. Il étudie en outre les films muets de Charlie Chaplin. Dans la version finale du scénario d’Edward aux Mains d’Argent, les répliques du personnage ont en effet été réduites comme peau de chagrin. En accord avec Tim Burton et Caroline Thompson, Johnny Depp prend lui-même l’initiative de supprimer plusieurs lignes de dialogue. Considérant son héros comme un petit enfant naïf n’ayant aucune expérience de la vie, il estime que chaque phrase doit être simple. L’essentiel doit en outre passer par le regard et la gestuelle. Depp passe donc des heures à étudier les aventures de Charlot dans lesquelles il trouve notamment l’inspiration pour la démarche si particulière d’Edward, qui se déplace de manière saccadée en ne faisant que des petits pas. Edward étant un robot, il s'entraîne de plus à ne pas cligner des yeux.
Devenu avec les années un acteur incontournable à Hollywood, Johnny Depp n’est pas encore une star au moment où débute la production d’Edward aux Mains d’Argent. Il est donc nécessaire que Tim Burton ouvre son casting à des personnalités plus connues, sous peine de limiter son public aux seul(e)s fans de 21 Jump Street. Bien que Drew Barrymore ait auditionné pour le rôle de Kim, le réalisateur engage Winona Ryder qui vient de jouer Lydia Deetz dans Beetlejuice. Leur collaboration sur ce film a été agréable. Tous les deux sont devenus de bons amis. Avec humour, Burton s’amuse alors à faire porter au personnage de Kim une perruque blonde et des tenues très courtes, créant ainsi un parfait contre-emploi pour Ryder qui détestait ce genre de filles lorsqu’elle était au lycée !
Si Winona Ryder est l’une des premières à être attachée au projet, Dianne Wiest est la première à signer. Apparue dans Footloose (1984), La Rose Pourpre du Caire (1985) puis, après la sortie d’Edward aux Mains d’Argent, dans Birdcage (1996), L’Homme qui Murmurait à l’Oreille des Chevaux (1998), La Drôle de Vie de Timothy Green (2012) et La Mule (2018), l’actrice jouit déjà à l’époque d’une position respectable et respectée à Hollywood. Aussi, en acceptant de jouer Peg Boggs, la mère de Kim qui découvre Edward dans le château avant de le ramener en ville, elle ne tarde pas à convaincre d’autres comédiens de travailler sur le film. Après avoir interprété George McFly dans Retour Vers le Futur, Crispin Glover auditionne notamment pour le rôle de Jim, le fiancé de Kim. Tim Burton lui préfère cependant Anthony Michael Hall, vu dans The Breakfast Club en 1985.
Bien que perplexe lors de sa première lecture du script, Alan Arkin (Les Aventures de Rocketeer, Bienvenue à Gattaca, Little Miss Sunshine, Argo) est émerveillé par les décors et par l’univers si riche de Burton. Il accepte dès lors d’endosser le costume de Bill, le patriarche de la famille Boggs dont le cadet, Kevin, est interprété par Robert Oliveri (Chérie, J’ai Rétréci les Gosses). D’ordinaire habituée à des rôles dramatiques, Kathy Baker (L’Étoffe des Héros, Retour à Cold Mountain, Dans l’Ombre de Mary – La Promesse de Walt Disney) souhaite percer dans le registre de la comédie et accepte le rôle de Joyce, la voisine qui tente de séduire Edward. O-Lan Jones, Conchata Ferrell, Caroline Aaron et Susan Blommaert complète la galerie en incarnant d’autres voisines hautes en couleur.
Le rôle du vieil inventeur a été écrit tout spécialement pour Vincent Price. Pionnier du cinéma ayant débuté sa carrière dans les années 1930, le comédien fait partie des idoles que vénère Tim Burton depuis l’enfance. Apparu dans des classiques tels que La Tour de Londres (1939), Le Chant de Bernadette (1943), Les Trois Mousquetaires (1948), L’Homme au Masque de Cire (1953), Les Dix Commandements (1956), La Chute de la Maison Usher (1961) ou bien encore Le Corbeau (1963), celui qui prête sa voix au Professeur Ratigan dans Basil, Détective Privé avait déjà collaboré avec Burton en servant de narrateur au court-métrage Vincent (1982). Lorsque le réalisateur lui propose de revenir devant la caméra, Vincent Price est déjà très malade. Âgé de soixante-dix-huit ans, l’acteur a du mal à se déplacer. En plus d’un emphysème pulmonaire et d’un cancer provoqués par une forte addiction au tabac, il est déjà rongé par la maladie de Parkinson. Affaibli, Price accepte toutefois de faire plaisir à son jeune ami. Au vu de son état de santé, sa présence sur les plateaux est réduite au minimum, de telle sorte que son personnage n’apparaît plus que dans de très rares flashbacks. Ne partageant l’écran qu’avec Johnny Depp, Vincent Price s’amuse follement à tourner ce qui sera son dernier film avant son décès, survenu le 25 octobre 1993.
Son casting réuni, Tim Burton lance le tournage de son film le 26 mars 1990. Faisant le choix de s’éloigner d’Hollywood, son directeur de la photographie, Stefan Czapsky (Batman : Le Défi, Ed Wood, Mathilda), et lui posent leurs caméras en Floride. Pour Burton, c’est un bon moyen de ne pas avoir les cadres de Fox sur le dos. Surtout, les banlieues résidentielles de l’État ensoleillé ressemblent davantage à ce qu’il a connu lorsqu’il était enfant, celles de Burbank ayant pour leur part subi trop de transformations et d’altérations au fil des décennies. La plupart des prises de vues ont lieu dans le quartier de Tinsmith Circle, à Lutz, à environ vingt-cinq kilomètres au nord de Tampa, ainsi qu’à Land O’Lakes. Le centre commercial Southgate de Lakeland, sur Florida Avenue South, est également réquisitionné, tout comme la Rivergate Tower, dans la banlieue de Tampa, à l’intérieur de laquelle se trouve le coffre-fort servant d’élément de décor à la banque.
La banlieue de Tampa étant un peu trop classique et épurée, celle-ci est considérablement modifiée par les équipes du décorateur Bob Welch (SOS Fantômes 2, Men in Black, Thor) et du directeur artistique Rick Heinrichs (Fargo, Pirates des Caraïbes : Le Secret du Coffre Maudit, Captain America – First Avenger). Avec l’accord d’une cinquantaine de propriétaires, ces dernières passent notamment plusieurs semaines à repeindre les façades des maisons avec des couleurs pastelles fades et délavées. Quatre teintes sont alors choisies : vert écume de mer, chair sale, beurre et bleu terne (sea-foam green, dirty flesh, butter, and dirty blue, selon les propres mots de Bo Welch). La décoration intérieure de certains pavillons est également refaite. La taille des fenêtres est réduite afin d’amplifier le caractère anxiogène de ce quartier où tout le monde épie tout le monde. Les jardins sont enfin ornés avec de gigantesques topiaires réalisées à partir d’armatures métalliques recouvertes de feuillage en plastique.
Incrusté en arrière-plan du lotissement grâce à la technique ancienne du matte-painting, le château de l’inventeur est construit au sommet d'une butte de terre située dans une ferme à Dade City. D’une hauteur de vingt-cinq mètres de haut, l’édifice reprend les canons de l’architecture gothique avec ses murs de granit sombres, ses tourelles et ses minuscules ouvertures. Avec ses plafonds démesurés, ses murs gris et son escalier interminable, il rappelle en outre les décors créés par Bernard Robinson pour les longs-métrages du cycle Frankenstein réalisés entre 1957 et 1974 par Terrence Fisher pour le compte de la Hammer. Mettant en scène Peter Cushing dans le rôle du Baron Victor Frankenstein, ces films font partie des classiques de l’horreur que Tim Burton adorait regarder à la télévision. La référence à Frankenstein est d’ailleurs très prégnante dans Edward aux Mains d’Argent, en particulier dans cette scène durant laquelle les habitants du lotissement, aussi terrifiés qu’enragés, prennent d’assaut le château de l’inventeur afin de déloger Edward et le faire payer pour ses supposés crimes.
Par certains aspects, le château de l’inventeur trouve également ses racines dans le cinéma expressionniste qui s’est développé en Allemagne au début du XXe siècle. Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene (1920), Le Golem de Paul Wegener et Carl Boese (1920), Les Trois Lumières de Fritz Lang (1921), Nosferatu le Vampire de Friedrich Wilhelm Murnau (1922) ou Le Cabinet des Figures de Cire de Paul Leni et Leo Birinski (1924) sont à l’évidence des références pour Tim Burton et son équipe de décorateurs qui ont également créé une maquette de la lugubre demeure pour certaines prises de vues aériennes. Les intérieurs, en particulier le hall avec les machines de l’inventeur, l’escalier tortueux et le grenier à la toiture éventrée, sont pour leur part assemblés sur l’un des plateaux des Fox Studios, à Century City.
Outre les décors, l’aspect fantasmagorique d’Edward aux Mains d’Argent transparaît dans les costumes créés par Colleen Atwood (Le Silence des Agneaux, Chicago, Mémoires d’une Geisha, Alice au Pays des Merveilles, Les Animaux Fantastiques). Une fois encore, le concept initial est que la tenue d’Edward, faite de cuir noir ponctué d’anneaux et de pièces métalliques, tranche radicalement avec celles bariolées des habitantes de la ville. Le tailleur de Peg Boggs, avec sa couleur lilas, détonne par exemple totalement avec la grisaille des murs du château dans lequel elle s’aventure au début du film. Le visage d’Edward, avec son teint blafard, ses lèvres noires, ses nombreuses cicatrices, ses yeux cernés et ses cheveux ébouriffés, est lui-même conçu par Ve Neill (Beetlejuice, Batman : Le Défi, Madame Doubtfire, Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl) en opposition avec les apprêts colorés portés par Peg et ses voisines.
La panoplie d’Edward est complétée avec des mains faites de ciseaux. Pour concevoir les prothèses, Tim Burton fait appel à Stan Winston (Aliens, le Retour, Predator, Jurassic Park, Iron Man). Parmi les meilleurs experts en effets spéciaux d’Hollywood, il conçoit des lames en plastique dur fixées sur des gants en uréthane souple. Particulièrement lourd et peu maniable, cet équipement oblige Johnny Depp à s’entraîner avant les prises de vues. Chaque mouvement ample doit être chorégraphié afin d’éviter tout risque d’accident avec le reste de la distribution. Anthony Michael Hall est cependant blessé au bras lors du tournage de la scène durant laquelle Edward se bat avec Jim. Embarrassantes, les prothèses sont aussi peu confortables à porter que le costume trop serré de Johnny Depp qui, en début de production, est victime de plusieurs malaises.
La poésie visuelle d’Edward aux Mains d’Argent est particulièrement sublimée grâce à la partition de Danny Elfman. Ancien meneur du groupe de new wave Oingo Boingo, c’est la quatrième fois que l’artiste travaille avec Tim Burton après Pee Wee’s Big Adventure (1985), Beetlejuice (1988) et Batman (1989). Leur collaboration continue ensuite avec les bandes originales de presque tous les films de Burton. Danny Elfman compose dans le même temps les musiques de dizaines d’autres longs-métrages tels que Dick Tracy (1990), L’Étrange Noël de Monsieur Jack dans lequel il vocalise le personnage principal (1993), Mission : Impossible (1996), Men in Black (1997), Spider-Man (2002), Hitchcock (2012), Le Monde Fantastique d’Oz (2013) ou bien encore Justice League (2017) et Doctor Strange in the Multiverse of Madness (2022).
Pour imaginer la bande originale d’Edward aux Mains d’Argent, Danny Elfman confie s’être inspiré des œuvres de Piotr Ilitch Tchaïkovski, en particulier Casse-Noisette, le ballet-féérie créé en 1891-1892. À la tête de soixante-dix-neuf musiciens, le compositeur considère son travail comme l’un de ses préférés et surtout l’un de ses plus personnels. D’une douceur et d’une beauté intemporelle, la partition enveloppe l’univers d’Edward d’une belle dose d’enchantement, en particulier le thème principal utilisé en introduction et durant le générique de fin. La piste Ice Dance est elle-même de toute beauté. Toujours dans l’idée de créer un décalage entre le monde d’Edward et le « monde réel », trois chansons de Tom Jones sont ajoutées à la bande originale, Delilah, With These Hands et It’s Not Unusual, un titre que Tim Burton et Danny Elfman reprendront plus tard dans Mars Attacks!, la parodie de film de science-fiction dans laquelle Jones interprète son propre rôle.
Grâce aux prestations remarquables de ses équipes, tous corps de métiers confondus, Edward aux Mains d’Argent s’avère être une véritable ode visuelle, musicale et morale rarement égalée au cinéma. Au premier abord naïve, l’œuvre est dans le même temps une très intelligente satire de cette société individualiste dans laquelle les apparences sont souvent trompeuses et où chacun tente de tirer profit des autres avant de leur tourner le dos égoïstement. Le long-métrage met par ailleurs en exergue les thème de la différence, de l’injustice et de l’exclusion qui, grâce à une belle touche de magie, sont intelligemment mis à la portée des plus jeunes.
Parmi les points forts de l'opus, figurent incontestablement les décors et les costumes imaginés à partir des croquis de Tim Burton. Edward aux Mains d’Argent possède en effet un style très particulier et à nul autre pareil qui ne laissera pas les spectateurs indifférents. La banlieue arc-en-ciel, avec son ballet de voitures qui rythme la journée de travail des hommes – les femmes restant à la maison en bonnes ménagères de moins de cinquante ans – est finalement aussi intrigante qu’oppressante. Traversée par le personnage de Kevin qui, alors que la nuit est déjà tombée, s’empresse de rentrer chez lui, cette cité est même profondément inquiétante. Après réflexion, cette forme d’urbanisme moderne, qui se veut rassurante avec ces maisons identiques alignées les unes à côté des autres, est par certains aspects aussi déconcertante et inquiétante que le sinistre château dont la silhouette se profile au bout de la rue.
Grâce au découpage et au montage du vétéran Richard Halsey (Pat Garrett et le Kid, Rocky, Sister Act), Edward aux Mains d’Argent ne souffre d’aucun temps mort. Chaque scène possède sa raison d’être et aucune ligne de dialogue superflue ne vient parasiter le récit. Au départ très lente et contemplative, la mise en scène ne cesse de s’accélérer dès lors qu’Edward devient le centre de l’attention de la petite communauté qui, progressivement, se méfie et le rejette. Lumineux, le film sombre alors dans l’obscurité, les séquences de nuit prenant intelligemment le pas sur les ravissantes journées ensoleillées du début.
Point d’orgue du long-métrage, les acteurs qui, tous, font merveille. Johnny Depp est absolument impeccable dans le rôle d’Edward. Winona Ryder excelle dans le rôle de Kim, à l’exact opposé de celui de Lydia dans Beetlejuice. Le gang des voisines, qui scrute inlassablement par la fenêtre pour détecter chaque mouvement suspect, est aussi amusant qu’agaçant avant de devenir parfaitement inquiétant. Une mention spéciale peut être accordée à Dianne Wiest, elle aussi gracieuse dans le rôle de Peg. Enfin, l’émotion emporte tout lors des rares apparitions de Vincent Price, acteur magistral dont le visage, marqué par l’âge, et les yeux bleus, toujours pétillants, laisseront à chacun un souvenir mémorable et tendre.
Achevé le 19 juillet 1990, Edward aux Mains d’Argent ne tarde pas à éveiller les inquiétudes des dirigeants de 20th Century Fox. L’apparence du héros, surtout son visage neurasthénique et tailladé, est selon eux très dérangeante. Dès lors, ils refusent d’utiliser la moindre photographie de Johnny Depp en costume pour assurer en amont la promotion du film. Malgré tout, les projections tests témoignent d’un bel intérêt pour le public. Aussi, Joe Roth fait le choix de tout miser sur le film qu’il pense initialement vendre comme un blockbuster. Prenant comme modèle E.T., l’Extra-Terrestre (1982), plusieurs essais de bandes-annonces sont ainsi réalisés. Tous les ingrédients utilisés à l’époque pour les productions à grand spectacle sont utilisés. Mais rapidement, chacun est forcé de constater que cela ne fonctionne pas. L’univers de Tim Burton ne se prête pas du tout à l’exercice. Les réclames dénaturent la poésie du récit. Roth revient donc sur sa décision de survendre Edward aux Mains d’Argent qui, pense-t-il, saura « tout seul » trouver sa place dans le cœur du public.
Programmé pour les congés de Noël, Edward aux Mains d’Argent bénéficie d’une sortie limitée le 7 décembre 1990. Une semaine plus tard, le 14, le long-métrage est diffusé dans 1372 salles réparties sur tout le territoire américain. La critique se montre alors plutôt favorable. « Aux confins d’une banlieue, là où les maisons se serrent les unes contre les autres comme un train aux wagons couleur bonbon », note Janet Maslin dans les colonnes du New York Times, « se dresse un monument dédié au génie solitaire. Au sommet d’une montagne grise et menaçante, dans un autre avant-poste étrange et ingénieux propre aux films de Tim Burton, vit Edward, un être qui utilise ses dons extraordinaires pour créer des œuvres d’art magiques que personne ne verra jamais. […] Edward est un véritable enchanteur. Monsieur Burton en est un autre. Tel un grand chef sublimant un sandwich au beurre de cacahuètes et à la gelée, il fait preuve d’une ingéniosité impressionnante pour réinventer quelque-chose qui, de prime abord, paraît très simple. Ce quelque-chose est une histoire de douceur incomprise et de créativité étouffée, un réquisitoire contre le pouvoir qu’a la société de corrompre l’innocence, la mise en valeur d’une beauté sans cœur et d’une créature au cœur tendre. S’il est moins aiguisé que les doigts d’Edward, le film est une bonne leçon pour nous tous. […] M. Burton donne vie à ses idées avec une formidable habileté. Incarné par Johnny Depp, Edward est une création époustouflante ».
« Edward aux Mains d’Argent est une fable délicate et charmante », surenchérit le critique de la revue Variety. « Cette revisite divertissante de l’histoire de Frankenstein par le réalisateur Tim Burton est le film fantastique le plus romantique et envoûtant de l’année », écrit Peter Travers dans Rolling Stone, « Tim Burton est un véritable visionnaire du cinéma. […] Edward aux Mains d’Argent n’est pas parfait. Il est mieux : c’est de la magie pure ». « De E.T. à Elephant Man, en passant par Le Vilain Petit Canard », ajoute Desson Howe du Washington Post, « l’étranger au cœur noble persécuté par la société est peut-être l’une des histoires les plus anciennes et les plus touchantes. Dans Edward aux Mains d’Argent, Tim Burton donne à ce conte éternel une dimension gothique et loufoque, avec des clins d’œil amusants à Mary Shelley, MTV, les frères Grimm et Ozzie et Harriet. […] L’interprétation de Depp est parfaite. […] Il est tendre, touchant et, franchement, sacrément beau ».
« Edward aux Mains d’Argent est le film le plus sincère de Tim Burton, rehaussé par l’adorable musique de conte de fées de Danny Elfman », commente Owen Gleiberman dans Entertainment Weekly, […] Le romantisme a une dimension personnelle – car Edward est, bien sûr, le portrait surréaliste que Burton se fait de lui-même en tant qu’artiste. Il s’agit de sa réussite la plus pure ». « Edward aux Mains d’Argent est une fable moderne qui réussit admirablement en tant que comédie tranchante et histoire d’amour douloureusement triste », fait remarquer Jo Berry qui, dans le magazine Empire, salue les « décors plein d’imagination », une « histoire fascinante » ainsi que le talent des comédiens.
Quelques voix dissonantes se font malgré tout entendre. Parmi elles, celle de Roger Ebert, dans le Chicago-Sun Times qui écrit : « Le réalisateur Tim Burton mène une bataille courageuse pour nous montrer des choses nouvelles et merveilleuses. […] La déception est qu’il n’a cependant pas encore trouvé de narration solide, ni de personnage suffisamment construit pour correspondre à son flair pictural. C’était déjà vrai pour son Batman qui aurait pu être un meilleur film. […] Celui-ci a été volé par un personnage secondaire – le Joker de Jack Nicholson – et voici que cela recommence avec Edward aux Mains d’Argent, un autre effort inventif dans lequel le héros est étrangement distant. Il est conçu comme un clown du cinéma muet. Le problème, c’est que les autres personnages sont tout aussi bizarres que lui. Tout le monde est stylisé, donc il n’est plus rien d’autre qu’une pièce supplémentaire dans cette ménagerie ». Dans le San Francisco Chronicle, Mick La Salle enfonce le clou en parlant d’un film « suffisant et mièvre ».
Lors de son premier week-end d’exploitation, Edward aux Mains d’Argent rapporte la bagatelle de 6,33 millions de dollars. En fin d’exploitation, le long-métrage accumule 56,4 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord, auxquels s’ajoutent presque 30 millions de dollars à l’étranger. Avec un budget de 20 millions de dollars – soit deux fois et demi la somme initiale prévue par 20th Century Fox – le film est incontestablement un succès au box-office.
La profession lui réserve elle-même un bon accueil. Edward aux Mains d’Argent est couronné par le Science Fiction Achievement Award (actuel Prix Hugo) du Meilleur Film en 1991. Lors de la cérémonie des BAFTA, Bob Welch remporte le BAFTA des Meilleurs Décors face à La Famille Addams, Terminator 2 : Le Jugement Dernier et Cyrano de Bergerac. Edward aux Mains d’Argent concourt également dans les catégories Meilleurs Effets Visuels, Meilleurs Maquillages et Meilleurs Costumes. Stan Winston s’incline néanmoins face à Terminator 2 : Le Jugement Dernier, tout comme Ve Neill et Collin Atwood, coiffées au poteau par Cyrano de Bergerac. Winston et Neill voient au passage l’Oscar des Meilleurs Maquillages leur échapper au profit de Dick Tracy.
Aux Golden Globes, Johnny Depp est nommé dans la catégorie Meilleur Acteur, un prix finalement remis à Gérard Depardieu pour Green Card. En 1992, Edward aux Mains d’Argent est sacré par le Saturn Award du Meilleur Film Fantastique. Winona Ryder, Dianne Wiest, Alan Arkin, Danny Elfman et Collin Atwood sont eux aussi en compétition. Linda Hamilton (pour Terminator 2 : Le Jugement Dernier), Mercedes Ruehl (pour The Fisher King : Le Roi Pêcheur), William Sadler (pour Les Aventures de Bill et Ted), Loek Dikker (pour Body Parts) et Marilyn Vance (pour Les Aventures de Rocketeer) sont finalement élus.
Plusieurs décennies après sa première sortie en salle, Edward aux Mains d’Argent a acquis le rang de film culte. Les chaînes de télévision le passent ainsi régulièrement, surtout au moment des fêtes de Noël. En novembre 2005, l’histoire est adaptée par le chorégraphe Matthew Bourne sous la forme d’un spectacle de danse contemporaine élaboré pour le Sadler’s Wells Theatre de Londres avec le concours de Caroline Thompson et Danny Elfman. Après onze semaines de représentations, la production part en tournée au Royaume-Uni, en Asie et aux États-Unis. Cinq ans plus tard, le metteur en scène Richard Crawford reprend l’histoire d’Edward dans une pièce jouée du 25 juin au 3 juillet 2010 sur la scène du Brooklyn Studio Lab. Entre 2014 et 2015, l’auteure Kate Leth et le dessinateur Drew Rausch prolongent l’expérience avec une suite en bande dessinée publiée par IDW. Entrés dans la culture populaire par la grande porte, Edward aux Mains d’Argent et ses personnages sont enfin repris dans d’autres œuvres telles que la chanson Scissorhands incluse dans l’album Creatures du groupe de metal Motionless in White (2010), ou bien encore l’épisode Homer aux Mains d’Argent, le vingtième épisode de la saison 22 des (Les) Simpson.
Fable contemporaine empreinte d’une poésie intemporelle, Edward aux Mains d’Argent est une œuvre magistrale et incroyable qui offre certainement l’une des plus belles visions de l’univers si particulier de son réalisateur de génie, Tim Burton.