Dick Tracy

Dick Tracy est assurément un OVNI dans la filmographie des studios Disney, tous genres confondus. Annonçant avec quinze ans d'avance, les audaces visuelles de Sin City, dont il ne partage toutefois pas le parti prix violent, le film, aux ambitions expérimentales assumées, est une production à gros budget menée de main de maître par Warren Beatty. Ce dernier, surtout connu pour son rôle dans Bonnie and Clyde, est en effet omniprésent dans tout le processus de fabrication. Il cumule ainsi les fonctions de réalisateur, producteur et acteur principal. Il reprend à l'évidence l'esthétique des adaptations cinématographique de comics plébiscitée à la fin des années 80, et dont le meilleur exemple est le Batman de Tim Burton. Mais là où le noir se mêlait au baroque, Warren Beatty préfère, lui, s'autoriser six couleurs. Soucieux de coller le plus possible à la BD originale, il ose même l'emploi de décors dessinés plutôt que réels. La même audace se retrouve d'ailleurs dans les personnages et leurs apparences. Si Dick Tracy bénéficie en effet d'une pléiade d'acteurs, tous plus connus les uns que les autres, ils se voient tellement grimés qu'ils en sont au final difficilement reconnaissables. A l'exception de Warren Beatty et Madonna, les masques et maquillages, fort réussis, les transforment, il est vrai, radicalement, en particulier Al Pacino, Dustin Hoffman, Dick Van Dyke et Kathy Bates. La musique de Danny Elfmam termine, quant à elle, de peaufiner l'univers général, à grands coups d'effets sombres et stylisés. Le scénario, enfin, imaginatif et palpitant, se place à la hauteur de l'ensemble en offrant une histoire très agréable à suivre.

Œuvre innovante et ambitieuse, à gros budget, au casting de rêve et à l'assise publicitaire forte, Dick Tracy a lamentablement raté sa rencontre avec le public. Flop commercial retentissant, il n'en reste pas moins un film exceptionnel à voir d'urgence pour lui rendre justice.