Retour Vers le Futur - 2ème Partie
L'affiche du film
Titre original :
Back to the Future Part II
Effets visuels produits par :
Industrial Light & Magic
Date de sortie USA :
Le 22 novembre 1989
Production :
Universal Pictures
Amblin Entertainment
Genre :
Science-fiction
Effets visuels conçus par :
Ken Ralston
Michael Lantieri
John Bell
Steve Gawley
Réalisation :
Robert Zemeckis
Musique :
Alan Silvestri
Durée :
108 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

1985. Doc Emmett Brown, revenu tout droit du futur insiste pour y emmener Marty McFly et sa petite amie, pour sauver leurs futurs enfants de la prison. Alors qu'ils mènent à bien leur mission, Marty découvre l'existence d'un almanach reprenant tous les résultats sportifs des trente dernières années, lui assurant ainsi de remporter une fortune aux paris sportifs une fois de retour dans le présent. Si Doc l'empêche de s'en servir, leur ennemi Biff Tannen, bien qu'âgé, voit là l'opportunité rêvée pour changer le cours de sa vie (et de celle de tout Hill Valley).

La critique

Publiée le 21 octobre 2015

Retour Vers le Futur - 2ème Partie est la suite du grand succès de 1985, Retour Vers le Futur, réalisé par Robert Zemeckis (Le Drôle de Noël de Scrooge) et produit par Steven Spielberg. Dans le premier film, Marty McFly se rendait en 1955, dans une aventure qui le fait interagir avec ses parents à l'époque de leur rencontre. Poussant au plus loin ses ambitions, Robert Zemeckis se lance dans la production de deux suites en simultané afin d'exploiter au maximum le concept du voyage dans le temps. Dans ce deuxième épisode, les héros visitent donc le futur mais, suite aux dégâts causés par Biff Tannen et un simple almanach des sports, se retrouvent dans un 1985 alternatif où Biff est tout-puissant, et, pour réparer les choses, se rendent à nouveau en 1955, avec le risque constant de tomber nez-à-nez avec leurs propres alter-egos du premier film.

Industrial Light & Magic, le studio d'effets visuels de Lucasfilm Ltd. (propriété de The Walt Disney Company depuis 2012), est de retour pour réaliser les effets visuels du film. Et pour celui-ci, il se dépasse une fois de plus.

Lorsqu'il est confié, en 1986, au jeune artiste designer John Bell la tâche délicate de créer le futur, la seule information qui lui est donnée est l'année où les personnages se rendent et l'existence de l'hoverboard...
John Bell avait intégré ILM un an avant et dessiné déjà de nombreux storyboards et concept-arts pour Star Trek IV : Retour sur Terre, L'Aventure Intérieure, Cocoon : Le Retour ou encore Willow. Pour Retour Vers le Futur - 2ème Partie, il dessine une trentaine d'images (des hoverboards, des voitures, des vues d'Hill Valley, des costumes) et doit attendre deux ans avant que son travail ne soit utilisé, le temps pour Robert Zemeckis, de réaliser Qui Veut la Peau de Roger Rabbit.

Sur la demande de Rick Carter (chargé de la création des décors du film) qui apprécie grandement ses travaux, John Bell rejoint les équipes sur place, à Los Angeles. Il vient assister Rick Carter bien sûr mais aussi la designer des costumes Joanna Johnston ainsi que les équipes qui créent le plateau de la Hill Valley du futur. Loin des dystopies des films futuristes de l'époque, Hill Valley se devait de représenter un futur agréable où tout un chacun rêverait de vivre. Rick Carter tient ainsi à faire oublier les images de Blade Runner.

Passionné de pop culture anglaise, John Bell s'inspire de design expérimentaux provenant de magazines tels qu'i-D, toujours très colorés et audacieux. Il se fait conseiller par le célèbre futuriste Syd Mead (qui a créé le futur de Blade Runner) qui estime qu'il faut, pour créer le futur d'une époque particulière, regarder dans le passé, les tendances étant cycliques. Ainsi, John Bell incorpore dans son futur de 2015 de nombreux clins d'oeil visuels à 1955 qui se retrouvent ainsi dans les boîtes à lettres, les lampadaires ou encore les taxis. En ajoutant à ce futur improbable des éléments familiers, John Bell assure que le public s'y projettera plus facilement.
Pour le personnage de Griff (le petit-fils de Biff Tannen), John Bell s'inspire de lui-même. Les chaussures de Griff sont de la sorte une réadaptation d'une de ses propres paires de baskets, sur laquelle était placée une sorte de corne de rhinocéros. Même sa voiture, qu'il avait peinte en noir matte, inspirera la BMW noire de Griff.

Pour de nombreuses scènes situées en 2015 et en 1955, Robert Zemeckis savait qu'il allait avoir besoin de tourner des plans avec des acteurs dédoublés ; il a donc demandé à Industrial Light & Magic de créer une caméra lui permettant de diviser l'écran en deux (voire plus) tout en se permettant de bouger la caméra. C'est ainsi que le studio développe le VistaGlide Motion-Control System, une caméra robotisée permettant de contrôler le mouvement et qui permet au caméraman d'enregistrer une section "A" de l'image, de la diviser, et de la voir en surimpression lors du tournage de la section "B". Le VistaGlide permit à Robert Zemeckis de tourner ces scènes normalement tout en bénéficiant d'une précision qui n'était auparavant possible que sur un plateau spécifiquement prévu pour cela. Ce système était également compatible avec les caméras VistaFlex d'ILM, permettant ainsi de tourner les scènes avec le son synchronisé.

À titre d'exemple, le VistaGlide a été utilisé lors de la séquence du dîner des McFly, en 2015, durant lequel Michael J. Fox joue trois rôles simultanément (Marty McFly, son fils Marty Jr. et sa fille Marlene). Celui-ci doit passer par près de cinq heures de maquillage pour changer de personnage. Une fois la caméra en place, tous les objets sont collés sur le plateau afin que rien ne bouge. Certains plans étaient si élaborés, et le maquillage de Michael J. Fox si long, qu'il fallait les tourner par série de deux jours. Un séisme a même donné des sueurs froides à l'équipe qui redoutait que certains éléments du décor aient bougé, ce qui ne fut heureusement pas le cas.

L'autre grande innovation dont bénéficie le film est un nouveau programme informatique permettant d'effacer les câbles et perches utilisées lors du tournage. Initialement développé pour Howard... Une Nouvelle Race de Héros, il sera utilisé massivement pour Retour Vers le Futur - 2ème Partie. Traditionnellement, les plans mettant en scène des personnages volants impliquaient d'attacher les acteurs à des câbles sur un plateau à fond bleu qui sera ensuite remplacé par un décor mat. Bien que les fils étaient généralement suffisamment fins pour être quasiment invisibles ou confondus grâce à certains éclairages, tous les câbles, équipements ou accessoires visibles devaient habituellement être cachés par des fonds rotoscopés.

A contrario, les scènes de Marty McFly et ses poursuivants sur les hoverboards qui leur permettent de planer à quelques centimètres au-dessus du sol, ont pu être tournées en filmant les acteurs sur les planches attachées via des cordages à un véhicule-caméra, suspendus grâce à une grue tirant de nombreuses ficelles, telles des marionnettes. Les séquences étaient ensuite scannées dans un ordinateur et les pixels de chaque côté des cordages étaient manipulés afin de fusionner avec les couleurs alentours et disparaître de l'image. Ce procédé se poursuivait ensuite via un autre programme qui permettait d'ajouter du grain à l'image digitale, par définition trop parfaite et peu réaliste, dans un souci de se rapprocher au plus près de la qualité de la photographie initiale. Ce nouveau système permit de tourner des effets incroyables permettant aux acteurs d'intéragir avec les objets en temps réel, et créant une illusion bien plus aboutie que celle qui aurait été possible en composant avec de nombreux éléments séparés.

Michael Lantieri, superviseur des effets spéciaux collabora avec le directeur de la photographie Dean Cundey et le designer de la production Rick Carter afin de réaliser ces scènes. Les plateaux de tournages étaient conçus de façon à masquer au mieux les câbles avec des lignes droites dans le décor et divers objets.

Ce programme effaçant les câbles sera utilisé dans 58 Minutes Pour Vivre. Dans une douzaine de scènes, les grues, câbles et fils étaient visibles sur les plans du DC-8 en flammes. L'artiste Doug Smythe a travaillé les images en colorant les accessoires indésirables puis a ajouté le grain nécessaire. En 1994, il reçoit le Technical Achievement Award pour le développement de ce logiciel de retouche d'images, Digital Motion Picture Retouching System.

De son côté, Steve Gawley est en charge de la modélisation de miniatures pour le film, comme il l'a été pour le premier opus (il travaillera également notamment sur l'attraction Star Tours).
Une réplique de la célèbre DeLorean DMC-12, à l'échelle 1/5, avait été construite pour la scène finale de Retour Vers le Futur. Elle est alors retravaillée intensivement pour son rôle bien plus important dans la suite. Plus de vingt fonctionnalités sont ajoutées à la voiture miniature, telles que des éclairages extérieurs et intérieurs, un volant motorisé, des roues qui peuvent passer de la position standard à la position de vol, ainsi que des portes pouvant s'ouvrir.

Retour Vers le Futur - 2ème Partie est produit alors qu'Industrial Light & Magic vit un tournant dans son histoire. Mark Moore, directeur du département artistique, qui a rejoint ILM en 1989, se souvient avoir assisté aux changements énormes au sein de la compagnie, alors que le studio d'effets optiques se transformait en studio d'effets digitaux. Il assiste au démantèlement d'équipements uniques tels que le "réservoir à nuage" (un container en verre de forme carrée et rempli d'eau, utilisé pour les effets de nuages en plongeant de la peinture dans l'eau) et au déclassement des tireuses optiques telles que l'Anderson (créée en 1956 par Howard Anderson pour Les Dix Commandements de Cecil B. De Mille et rachetée par ILM en 1975). Même l'habituelle séance journalière des composites brutes traitées photochimiquement et issues du tournage de la veille, dans le Building D Theater du studio changeait radicalement, alors que chaque équipe pouvait voir ses travaux sur des moniteurs individuels.

Pour leur travail sur Retour Vers le Futur - 2ème Partie, les artistes d'Industrial Light & Magic sont nommés aux Oscars dans la catégorie des Meilleurs Effets Visuels. Ils remportent, en outre, le British Academy Award de cette même catégorie.

Avec la création et l'utilisation incroyable du VistaGlide Motion-Control System et du Digital Motion Picture Retouching System, mais aussi son futur utopique, Industrial Light & Magic profite de sa participation à Retour Vers le Futur - 2ème Partie pour aller encore plus loin dans sa maîtrise des effets visuels et rendre possible les rêves les plus fous de réalisateurs visionnaires. Pendant trente ans, les spectateurs se seront appropriés ce futur si crédible à tel point qu'en 2015, les geeks du monde entier ont plus que jamais en tête les aventures de Marty McFly. Nike commercialise véritablement les chaussures auto-laçantes inventées pour le film, Pepsi la bouteille de soda futuriste du Café 80, et le 21 octobre 2015, date à laquelle Marty et Doc sont supposés arriver avec leur DeLorean volante, est l'occasion de grands rassemblements de fans, notamment lors du Retour Vers le Grand Rex à Paris.

Même une fois la date fatidique du 21 octobre 2015 passée, Retour Vers le Futur - 2ème Partie restera un classique de la science-fiction, naturellement grâce aux qualités de sa réalisation, son scénario, sa musique, ses acteurs, mais aussi grandement grâce aux artistes et ingénieurs d'Industrial Light & Magic, le studio d'effets visuels que s'arrache le tout Hollywood.

À noter :

Au-delà de la participation d'ILM, les passionnés de Disney noteront également la grande quantité d'éléments communs avec Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. Les deux films sont réalisés par Robert Zemeckis (qui créera ImageMovers Digital chez Disney), produits par Steven Spielberg via Amblin Entertainment (Arachnophobie), produits également par Frank Marshall et Kathleen Kennedy (qui deviendra directrice de Lucasfilm Ltd. lors du rachat par Disney), mis en musique par Alan Silvestri (Lilo & Stitch, Marvel's Avengers), interprétés par Christopher Lloyd (le Juge Demort et le Docteur Emmett Brown) et bénéficient des effets visuels d'Industrial Light & Magic. Un seul et même tunnel, l'Observatory Tunnel de Griffith Park à Los Angeles, a servi au tournage de la scène d'Eddie Valiant entrant à Toonville et à celle de Marty McFly poursuivi par le Biff Tannen de 1955. En clin d'oeil, une peluche de Roger Rabbit se trouve dans la vitrine de l'antiquaire de 2015 où Marty achète l'almanach des sports. Si le tournage de Retour Vers le Futur - 2ème Partie s'est fait trois ans après la sortie du premier film, c'est d'ailleurs parce que Robert Zemeckis était pris par la réalisation de Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. À noter que le premier Retour Vers le Futur avait été proposé à Disney qui l'a refusé à cause de la scène de séduction entre Marty et sa mère, le fait qu'ils s'embrassent étant jugé trop choquant pour une production Disney.

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