Arachnophobie
Titre original : Arachnophobia Production : Hollywood Pictures Date de sortie USA : Le 18 juillet 1990 Genre : Thriller |
Réalisation : Frank Marshall Musique : Trevor Jones Durée : 103 minutes |
Disponibilité(s) en France : | Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Le docteur Ross Jennings et son épouse Molly quittent San Francisco pour s'installer, avec leurs enfants, Tommy et Shelley, dans la jolie et tranquille bourgade californienne de Canaima. Ils sont alors bien loin de se douter que se trame, à des milliers de kilomètres de là, ce qui deviendra leur pire cauchemar. L'entomologiste James Atherton dirige, en effet, dans la forêt amazonienne, une expédition au cours de laquelle son photographe, Jerry Manley, est mortellement piqué par une araignée d'une espèce inconnue... |
La critique
Arachnophobie marque une date dans l'histoire des studios Disney. C'est, en effet, le premier film du troisième et tout nouveau label de la compagnie de Mickey, Hollywood Pictures. A la fin des années 80, cette dernière, sous l'impulsion de Michael Eisner est, il est vrai, prise d'une fièvre de productions. Le label historique (Walt Disney) et sa récente déclinaison (Touchstone) ne suffisent plus. Si la signature du grand Walt est réservé à des films familiaux, Touchstone se consacre, lui, à des productions plus adultes, tout en restant grand public. L'ogre Mickey ne se satisfait pas de cette panoplie. Il souhaite occuper un marché supplémentaire : la niche des œuvres pour adolescents, aux budgets moindres et recettes en conséquence. Hollywood Pictures est donc né. Deux exceptions viennent toutefois confirmer la règle. Rock, tout d'abord, sortie en 1996, est l'une des premières productions de Jerry Bruckheimer pour les studios Disney : film d'action, il bénéficie de gros moyens. Sixième sens, ensuite, est le succès surprise de 1999 : long-métrage à petit budget, œuvre d'un jeune réalisateur, il fait déplacer les foules. Pourtant, déjà à cette époque, Hollywood Pictures est en perte de vitesse. Signant de moins en moins de films, il devient aphone en 2001 après le fiasco des (Les) visiteurs en Amérique. Il connait un sursaut, en 2006, avec un "one shot", Stay Alive, qui marque son entrée dans une quasi hibernation. Il est, en effet, depuis lors, spécialisé dans des films pour adolescents, une fois l'an, et uniquement quand les projets sont porteurs.
Arachnophobie voit des grands noms du cinéma se pencher sur son berceau, à commencer par Frank Marshall qui en signe la réalisation. C'est d'ailleurs une première pour lui qui se contentait, jusqu'à présent, de produire avec son ami, Steven Spielberg, des films tels Gremlins, Les Goonies ou Retour vers le futur. Rien d'étonnant donc de voir le papa d'E.T. l'Extra-Terrestre lui rendre la pareille et assumer ici une partie de la production. Frank Marshall remettra le couvert chez Disney, seize ans plus tard, avec le long-métrage remarqué de l'année 2006, Antartica, Prisonniers du froid en 2006. Le casting d'Arachnophobie n'est pas en reste non plus. Jeff Daniels y campe, en effet, avec conviction, le rôle principal avant de réapparaître dans deux autres productions chez Disney, Les 101 dalmatiens en 1996 et Mon martien favori en 1999. Il convient également de noter la participation active de John Goodman (Roseanne), drôle à souhait dans le rôle d'un exterminateur de nuisibles.
Tout semble donc préparer Arachnophobie à intégrer l'envieuse catégorie des classiques du genre. Il en est pourtant bien loin. Tout dans le film est en effet caricatural et téléphoné. L'arrivée de l'araignée tueuse dans la bourgade californienne est d'une banalité consternante. Ses premiers méfaits sont tout aussi attendus tout comme le comportement des personnages qui ont, en commun, des traits grossiers : le héros est forcément arachnophobe, le shérif idiot, le professeur scolaire, l'épouse aimante, les enfants sages, l'exterminateur repoussant... La scène finale vaut, quant à elle, son pesant d'or dans la caricature, le summum de l'imbécilité étant atteint quand le héros et l'araignée échangent des regards ! Le spectateur abasourdi se demande alors s'il vaut mieux en rire ou en pleurer. Fort curieusement, la critique de l'époque passe sous silence les approximations du scénario et de la galerie de personnages. Elle préfère y voir un ton particulier oscillant entre le thriller horrifique et l'analyse grinçante d'un village de la campagne américaine. Elle salue en outre la réalisation technique des araignées et le traitement efficace du suspense. Le public, lui, ne prend pas et réserve au film un succès d'estime.
Supportable au second degré mais risible au premier, Arachnophobie n'est pas une œuvre à mettre entre toutes les mains tant elle a la capacité de choquer les plus jeunes... et, fort logiquement, les arachnophobes. Les autres y verront, tout au plus, une œuvre passable, disposant de quelques rares scènes inspirées.