Date de création : Le 26 septembre 1936 Nom Original : Captain Katt Créateur(s) : Clyde Geronimi Frenchy de Trémaudan Hardie Gramatky |
Apparition : Cinéma BD Voix Originale(s) : Billy Bletcher |
Le portrait
Avec la série des Silly Symphonies, les artistes de Disney ont mis en scène toute une ménagerie d’animaux de toutes sortes et de toutes tailles. En 1936, ce sont ainsi trois petites souris aveugles qui arrivent sur les écrans face à un gros minet sans vergogne, Matou Chat.
Réunies dans les cuisines d’un vieux château, trois petites souris mousquetaires se mettent en quête de nourriture. Les rongeurs doivent toutefois faire face à deux difficultés de taille. Totalement aveugles, leur cécité les empêche en effet de voir où ils vont. Surtout, le banquet est bien surveillé par Matou Chat, le gardien qui a posé des pièges absolument partout.
Caché dans un tonneau, le félin n’a pas à attendre bien longtemps avant de voir arriver les souris, attirées par l’odeur du fromage. Promises à une mort certaine, toutes les trois bénéficient malgré tout d’une chance incroyable. Si les pièges sont en effet déclenchés les uns après les autres, aucun ne touche sa cible. La nourriture est ainsi volée au nez et à la barbe de Matou Chat qui, endormi, rêve de pulvériser les mousquetaires.
Le gros chat est finalement réveillé par les trois souris qui, maladroitement, lui envoie trois bouchons de champagne en plein nez. Se saisissant de sa hallebarde, le gardien se met immédiatement en chasse. Commence alors une course-poursuite haletante entre le prédateur et ses trois proies qui, toujours aussi vernies, parviennent à lui échapper.
Lorsque l’image de l’une des souris se reflète sur la panse de centaines de bouteilles de vin entreposées par terre, Matou Chat prend peur. Persuadé d’être face à une armée de rongeurs, il court dans tous les sens. Sa maladresse est telle que, dans la précipitation, il déclenche lui-même ses propres pièges.
Hurlant de douleur au fur et à mesure que les tapettes à souris se referment sur lui, Matou Chat saute finalement par une fenêtre. Le regardant s’enfuir dans la nuit noire, les trois mousquetaires savourent alors leur victoire.
Lancée en 1935 sous la direction de Dave Hand, la production des Trois Espiègles Petites Souris s’inspire de la comptine Three Blind Mice écrite autour de 1609 par le compositeur anglais Thomas Ravenscroft. Le texte original, avec ses six vers, manquant de consistance pour produire un court-métrage animé, les scénaristes Webb Smith, Merrill De Maris et Otto Englander décident de le densifier. Les petits héros deviennent ainsi des mousquetaires comme tout droit sortis de l’œuvre d’Alexandre Dumas. Un ennemi est par ailleurs ajouté en la personne de Matou Chat, le félin chargé de surveiller la cuisine et d'empêcher les rongeurs de chaparder la nourriture.
Grâce aux ajouts des auteurs de Disney, Trois Espiègles Petites Souris est construit comme une énième chasse entre un chat et des souris. Il s’agit-là de l’un des thèmes de prédilection du cinéma d’animation qui a maintes fois porté à l’écran ce type d’affrontement. Tom et Jerry, Herman et Katnip ou bien encore le chat Sylvestre sont en particulier devenus les figures de proue du genre. Mickey Mouse n’est lui-même pas en reste, l’un de ses plus redoutables ennemis restant Pat Hibulaire. Dans son écriture, Trois Espiègles Petites Souris utilise par ailleurs un autre ressort comique typique du dessin animé, celui du prédateur happé par ses propres pièges. Matou Chat rejoint ainsi la longue liste des méchants victimes de leurs machinations, à l’image du Grand Méchant Loup ou bien, chez Warner Bros., de Vil E. Coyote.
Matou Chat apparaît sous les traits d’un marcou bedonnant. Son apparence est d’ailleurs très proche de celle de Pat Hibulaire, l’ennemi de Mickey. Affublé d’un gilet bleu à manches rouges, il porte une paire de bottes et les traditionnels gants dont son souvent affublés les personnages de dessin animé. Un casque en fer doré complète son costume. Le chat arbore également un cache-œil, un attribut qui peut faire écho au personnage du Comte de Rochefort, le méchant balafré des (Les) Trois Mousquetaires. La filiation entre le court-métrage et l’œuvre d’Alexandre Dumas est ainsi confortée. Ledit cache-œil n’est toutefois qu’un simple accessoire esthétique que Matou Chat, qui voit en réalité parfaitement des deux yeux, porte tantôt à gauche, tantôt à droite de manière totalement indifférente !
La première apparition de Matou Chat ainsi que la scène du bonneteau sont animées par Clyde Geronimi. Né à Chiavenna, en Italie, le 12 juin 1901, l’artiste débute chez Walter Lantz dès 1924. Sept ans plus tard, il rejoint Disney et planche sur des dizaines de cartoons comme Le Vilain Petit Canard, L’Arche du Père Noé, Le Grand Méchant Loup, La Déesse du Printemps, La Fanfare, Le Rival de Mickey et Papa Pluto. En 1938, il devient l’un des réalisateurs les plus prolifiques des studios. Il supervise ainsi, entre autres, Chien d’Arrêt, Colleurs d’Affiche, Le Voyage de Mickey, Tends la Patte, Education for Death, puis coréalise Le Crapaud et le Maître d’École, Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles, Peter Pan, La Belle et le Clochard, La Belle au Bois Dormant et Les 101 Dalmatiens. En désaccord avec Walt Disney qui souhaite lui confier la gestion des productions en prises de vues réelles filmées en Europe, Clyde Geronimi claque la porte des studios à la fin des années 1950 et passe chez UPA où il réalise les séries The Dick Tracy Show, The New Casper Cartoon Show, Famous Adventures of Mr. Magoo et L’Homme-Araignée. Il meurt le 24 avril 1989 à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Un Disney Legends Award remis en 2017 couronne sa carrière.
Le rêve de Matou Chat est pour sa part créé par Gilles « Frenchy » de Trémaudan. Né au Canada le 9 mars 1909, il entre chez Disney en 1929. Il participe alors à la création de dizaines de cartoons tels que Mickey Pionnier, Mickey et les Embouteillages, Mélodies Égyptiennes, Les Ours et les Abeilles, Bâtissons, Mickey au Pays des Géants, La Cigale et la Fourmi et Le Rival de Mickey. Travaillant également comme scénariste, l’artiste quitte Disney au début des années 1940. Il disparaît le 24 novembre 1988 à l’âge de soixante-dix-neuf ans.
Feuilles de modèles
L’ultime apparition de Matou Chat qui se prend les pieds dans ses propres pièges est supervisée par Bernhard « Hardie » Gramatky. Né à Dallas le 12 avril 1907, il débute sa carrière en produisant notamment des esquisses pour le Los Angeles Times dès les années 1920. Diplômé de Stanford, il perfectionne son art sur les bancs de l’Institut Chouinard. Aquarelliste reconnu, il travaille pour Disney entre 1930 et 1936. Son nom est ainsi associé à des productions telles que La Chasse au Renard, Le Roi Neptune, Les Enfants des Bois, Des Arbres et des Fleurs, La Souris Volante, Qui a Tué le Rouge Gorge et De l’autre Côté du Miroir. Quittant la côte Ouest pour New York, ses œuvres sont exposées dans certains des plus grands musées américains. Gramatky fournit par ailleurs les illustrations de nombreux quotidiens et autres livres, notamment Petit Toot publié en 1939 et adapté par Disney. L’artiste s’éteint le 29 avril 1979 à l’âge de soixante-douze ans.
En version originale, Matou Chat est interprété par Billy Bletcher. Originaire de Lancaster, en Pennsylvanie, où il naît le 24 septembre 1894, le comédien apparaît sur les écrans dès les années 1910. Pionnier du cinéma fort d’une carrière de plus de soixante ans, il joue ainsi dans des dizaines de fictions parmi lesquelles Billy Jim, La Parade du Rire, Un Jour une Bergère, Le Professeur Schnock, Men With Wings, La Vie de Thomas Edison, L’Amour est une Mélodie et Sinbad le Marin. Cantonné aux seconds rôles, Bletcher s’est surtout fait un nom dans le domaine du doublage en prêtant sa voix à des personnages comme Pat Hibulaire, Le Grand Méchant Loup, Dirty Bill, le juge Oliver Owl, The Lone Ranger, Spike le bulldog et le Sergent Snafu. L’acteur disparaît le 5 janvier 1979 à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.
Walt Disney et Billy Bletcher
La voix française de Matou Chat n'est pas connue.
Si Matou Chat n’a pas marqué les esprits au point de rester dans la mémoire du public, il n’en demeure pas moins un beau méchant de cartoon typique de ce que faisaient les studios Disney dans les années 1930.