Marley & Moi
Le synopsis
Le jour de son mariage, Jenny émet le souhait de fonder une famille à son mari. Pour retarder la décision de sa femme, John a donc l'idée de faire diversion en adoptant un labrador chiot : Marley. Les années passant, ce petit chien finit par prendre (beaucoup) plus de place que prévu. Mais il devient aussi un pilier dans la vie du couple, pour le meilleur et pour le pire ! |
La critique
À l'aube du XXIe siècle, tous les studios, forts de leurs propres succès durant les années 90, brassent un maximum de genres possibles, en passant du petit film indépendant jusqu'à d'époustouflants blockbusters tels qu'Avatar, Le Seigneur des Anneaux, Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl et tant d'autres. Et que ce soit Le Diable s'Habille en Prada, Lolita Malgré Moi, La Proposition, Jackpot, L'École Fantastique, ou encore Very Bad Trip, la liste des comédies américaines sorties entre 2000 et 2010 est (très) longue. Mais parmi elles, Marley & Moi s'impose comme une comédie désormais culte, traitant de nombreux sujets de société autour d'un thème précis : l'amitié.
Dans la lignée des adaptations filmiques, The Walt Disney Company adapte et réadapte depuis toujours, et plus précisément depuis Blanche Neige et les Sept Nains. Parfois extrêmement bien accueillie, d'autres fois malmenée, la ré-interprétation est en fait une tâche bien délicate. Adapter un livre au cinéma, c’est un peu comme faire le portrait d’un portrait, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un biopic. Là où tout n’est qu’angles de vues et perception, l’éternel débat sur la qualité d’un livre face à la crédibilité d’un film remonte inéluctablement à la surface. Mais en ce qui concerne Marley & Moi, il s'agit de mettre au premier rang la chronologie d’une vie de chien : un cadre précis qui évite bon nombre de questions existentielles. À l'image de L'Incroyable Voyage, Marley & Moi réussit alors à alier émotion, humour et simplicité. Et puisqu'il s'agit de chiens, le pathos est terriblement efficace... Âmes sensibles s'abstenir !
En 2003, John Grogan file comme à son habitude depuis près de trois ans au Philadelphia Inquirer, un quotidien régional établi en Pennsylvanie depuis 1930. C’est le cœur lourd qu’il s’assoit à son bureau : quelques heures auparavant, il était en effet en train de faire ses derniers adieux à son chien Marley, âgé de treize ans. Ce jour là, le journaliste profite candidement de ses chroniques pour rendre un hommage à son meilleur ami disparu. Dés le lendemain, son texte bouleverse les lecteurs du Philadelphia Inquirer et entraîne un raz-de-marée de réactions ! Encensé, John Grogan se lance en 2004 dans l’écriture du livre Marley et Moi : Mon Histoire d'Amour avec le Pire Chien du Monde. Dix millions de copies plus tard en l’espace de deux ans, le livre devient un best seller traduit dans trente langues, pendant que Marley, lui, devient une légende. Marley & Moi retrace ainsi la vie des Grogan, certes, mais avec beaucoup de modifications. Le film se situe par exemple dans les années 2000, alors que le vrai Marley arrive dans sa famille adoptive en 1990. La carrière de John Grogan est également nettement modifiée : entre autres, il ne commence à écrire à propos de son chien qu'après sa mort, et non de son vivant, contrairement à la version proposée par Frankel. Mais il est rare, surtout pour une comédie, que l'adaptation soit parfaitement respectée : dans le cas de Marley & Moi, il s'agit donc d'étendre un peu plus le concept d'hommage en rapprochant l'histoire d'un public plus contemporain.
Coïncidence ou non, le réalisateur de Marley & Moi débute une carrière similaire à celle de l'auteur du livre. Fils d'un chroniqueur, le futur réalisateur David Frankel commence en tant que journaliste à Esquire, mais finit rapidement par prêter sa plume aux plateaux de télévision dans l'écriture de scénario pour séries. Discret et minutieux, il gagne en expérience pendant les années 80. Et déjà, se former en particulier autour du format série est une très bonne école et surtout un secteur d'avenir ! Il participe ainsi à la production de Doctor, Doctor entre 1989 et 1991, à l'écriture de Teech la même année, et à la réalisation de plusieurs épisodes de la série Grapevine début 2000. David Frankel réalise par la suite six épisodes de la célèbre série Sex and the City de 2001 à 2003, ou encore trois épisodes pour Band of Brothers - Frères d'Armes en parallèle. En 1990, il co-écrit le scénario de Chéri, Dessine-Moi un Bébé aux côtés de Leonard Nimoy (l'indétrônable Spock de Star Trek). Et en 1996, un petit miracle se produit : Frankel décroche en effet l'Oscar du meilleur court-métrage de fiction pour Dear Diary. La célèbre productrice Wendy Finerman (Forrest Gump, Le Mystère des Fées : Une Histoire Vraie, P.S. : I Love You), qui adore son court-métrage, décide alors de faire appel à lui quelques années plus tard. Il se voit ainsi attribuer la réalisation d'une adaptation haute en couleur : Le Diable s’Habille en Prada. Succès inconditionnel, c'est sûr, Frankel est doué dans l'art de l'adaptation (et tout le monde ne peut pas en dire autant). En 2008, il réitère dans le même exercice avec Marley & Moi, puis avec Un Incroyable Talent sorti en 2013, dont l'histoire relate le parcours d'un chanteur d’opéra, Paul Potts, révélé en 2007 dans le télé-crochet Britain’s Got Talent.
Marley & Moi retrace donc la vie d'un couple dont l'expérience de vie gravite autour de son chien dès le jour de son adoption. Le timing du film est d'ailleurs lui-même réglé comme un coucou : il ne faut pas plus de cinq petites minutes de récit pour mettre en lumière l'amour de John et Jenny, dix minutes de plus afin que Marley chiot fasse son entrée en scène, et au bout d'une quinzaine de minutes John décroche un nouveau travail ! Le reste de l'histoire est ensuite équilibré par des moments qui peuvent être très émouvants comme une naissance, un déménagement, une recherche d'emploi... Ces instants donnent alors de l'importance et une dimension adulte au scénario, mais rebondissent en plus très bien grâce au lot de bêtises commises par Marley ! Canapé dépiauté, garage retourné, collier dévoré... Le film, qui ne promet de toute façon pas l'accomplissement d'un chef-d'œuvre visionnaire, repose sur l'idée de décrire le plus justement possible la connexion entre chiens et humains. Si la meute de professionnels de l'image donne finalement un rendu un poil trop contrôlé, rien n'est très grave ici puisqu'une comédie n'a pas pour but de prolonger la réflexion, mais simplement de convaincre l'émotion et de stimuler le divertissement.
Bien que David Frankel soit un as du rythme, le casting est tout de même renforcé par deux comédiens de choix. Owen Wilson (Shanghai Kid, Cars - Quatre Roues, La Nuit au Musée, Minuit à Paris) entame sa carrière d'acteur en 1992 au lycée, où il se lie d'amitié avec le réalisateur Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel, À Bord du Darjeeling Limited, Fantastic Mr. Fox). Ensemble, ils proposent un court-métrage, Bottle Rocket, dont la production du long-métrage se met en route quatre ans plus tard. Le film les propulse alors tous les deux dans des carrières aujourd'hui bien ancrées et au cours desquelles ils collaborent dans sept opus sur les huit réalisés par Wes Anderson. Si l'un est un réalisateur ultra pointu et admiré pour l'esthétique et la poésie de ses films, Owen Wilson est lui surtout très populaire. Faire rire est évidemment sa caractéristique première, la seconde étant le nombre d'affiches de films qu'il partage avec ses deux meilleurs amis, en l'occurence l'acteur Vince Vaughn (Même Pas Mal ! (Dodgeball), Mr. & Mrs. Smith) et Ben Stiller (Madagascar, Mon Beau-Père et Moi, La Vie Rêvée de Walter Mitty) avec qui Wilson joue dans plus de douze films. Ce genre de complicité et de loyauté ne l'empêche pourtant pas de s'essayer à d'autres genres. En 2005, il tombe ainsi le masque pour interpréter un infirmier sadique dans The Wendell Baker Story réalisé par ses frères Luke Wilson (La Revanche d'une Blonde, Retour à Zombieland, Scream 2 et Andrew Wilson (Rushmore, Terrain d'Entente). Plus récemment, Owen Wilson partage la vedette avec une certaine Julia Roberts (Pretty Woman, Coup de Foudre à Notting Hill, Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet) dans l'adorable Wonder de Stephen Chbosky (l'un des scénaristes de La Belle et La Bête (2017) et réalisateur du (Le) Monde de Charlie). En 2015, il joue dans un thriller américano-thailandais réalisé par John Erick Dowdle (En Quarantaine, Catacombes) où là aussi il s'éloigne un peu plus de sa zone de confort. Quoiqu'il en soit, l'acteur texan est capable de jouer de son émotion et de sa candeur, deux traits qui réussissent parfois à percer sa carapace d'acteur de buddy-movies.
Pour jouer le rôle de la femme mais aussi de la meilleure amie de John Grogan, qui de mieux que la star de F.R.I.E.N.D.S, Jennifer Aniston elle-même ? Grâce à la versatilité de son parcours et au naturel dont elle fait toujours preuve, le personnage de Jenny dans Marley & Moi confère une réelle maturité tout le long du film. Lorsque par exemple le personnage de Jenny perd un enfant prématurément, ou que la fatigue semble ébranler son identité de femme, l’actrice parvient brillamment à éviter un jeu tire-larme, tout en équilibrant celui de son partenaire à l'écran. Révélée au grand public dans les années 90, Aniston connaît un énorme succès en l'espace de dix ans. Rien que pour son rôle de Rachel Green dans F.R.I.E.N.D.S., l'actrice est nommée dans près de vingt remises de prix, plus particulièrement au cours de la cérémonie des Golden Globes pour la meilleure actrice dans un second rôle dans une série, et aux Emmy Awards dans la catégorie de meilleure actrice dans une série télévisée comique. Depuis, Jennifer Aniston se diversifie doucement mais sûrement, bien que la comédie reste son meilleur atout. Elle se prête également à l'exercice du doublage en offrant sa voix à Galatea dans la série Hercule, diffusée pour la première fois le 31 août 1998. En 1999, elle réitère l'éxpérience du dessin animé et devient Miss Stevens dans South Park, puis Annie Hughes dans Le Géant de Fer la même année. En 2002, l'actrice joue dans une comédie dramatique à petit budget, Good Girl, où elle se révèle plus touchante que d'habitude. Dans le très bon Ce que Pensent les Hommes réalisé par Ken Kwapis (Malcolm, The Office) en 2009, elle signe encore une fois un sans faute en partageant l'affiche notamment avec Ginnifer Goodwin (Once Upon a Time - Il Était une Fois) et Scarlett Johansson (Marvel's Avengers, Jojo Rabbit). En 2015, Aniston est nommée aux Golden Globes dans la catégorie de la meilleure actrice pour un film dramatique avec Cake, puis bouleverse la critique en campant le rôle de la mère d'un soldat parti en Irak dans The Yellow Birds, sorti en 2017. Dernièrement, l'actrice se retrouve à nouveau dans la peau d'un premier rôle pour un long-métrage avec First Ladies, l'histoire d'un couple de femmes se retrouvant à la tête de la Maison Blanche.
Eric Dane, alias le séduisant Dr. Mark Sloan de Grey's Anatomy : À Cœur Ouvert, se glisse quant à lui dans la peau de Sebastian Tunney, un protagoniste assez cliché dans le genre. En opposition à John Grogan, Sebastian Tunney lui, vit à cent à l'heure. Pendant que John rédige nonchalamment des colonnes à propos du quotidien de son chien, son ami et collègue jongle en effet entre sport de drague et dangereux reportages en faisant le tour du monde. Il est vrai que sa relation de "pote" avec John n’est pas vitale pour le bon déroulement du film, mais les deux compères apportent leur lot de fraîcheur. En revanche, s'il y’en a un dont l’aura absorbe tout sur son passage, c’est bien Alan Arkin (Les Muppets, Le Retour). Pour Marley et Moi, Arkin interprète en effet Ernie Klein, le typique patron à la fois geulard et insensible. Remportant un Oscar dans un second rôle en 2006 pour Little Miss Sunshine, Alan Arkin affiche en réalité une carrière hyper variée. Allant du personnage principal de films comme Le Cœur est un Chasseur Solitaire, réalisé par Robert Ellis Miller et sorti en 1968, et pour lequel il reçoit l’Oscar du Meilleur Acteur, il est aussi à l'affiche dans des rôles bien plus secondaires, comme dans l'insupportable Super Noël Méga Givré, ou bien en tant qu'investisseur véreux dans le remake de Dumbo en 2019. À tout point de vue, Dane et Arkin sont de très bons miroirs pour le jeu d'acteur de Wilson : ni trop présents, ni pas assez.
Madame Kornblut, professeur de dressage pour chien, est un personnage franchement décevant. Pas très originale, cliché au possible, son intervention est certainement drôle sur le tournage, mais vite oubliée dans le film. Marley prend de toute façon toute la lumière lors de ses apparitions - surtout quand il se rebelle. Pourtant, l'actrice qui campe le personnage est à peu près capable de tout. Elle connaît d'ailleurs une jolie renommée au cours de sa carrière : revelée au grand jour en 1981 dans La Fièvre au Corps, Kathleen Turner reçoit le Golden Globe de la meilleure actrice grâce à À la Poursuite du Diamant Vert en 1984. Puis elle réussit le même exploit deux ans plus tard avec L'Honneur des Prizzi. En 1988, elle devient la voix d'un sex symbol, Jessica Rabbit, dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. En 1999, elle fait partie des actrices de Virgin Suicides, le classique réalisé par Sofia Coppola, dans lequel Turner interprète le rôle d'une mère rigoriste. Plus récemment, l'actrice tourne pour les célèbres séries Californication et Dolly Parton : Cordes Sensibles, disponible sur Netflix. En revanche, ni la carrière, ni l'interprétation d'Haley Bennett ne font le même effet. Celle qui interprète une ado peu convaincante, voire déguisée, est surtout connue pour donner la réplique à Hugh Grant en 2007 dans Le Come-Back. Le jeu de Bennett n'est pas bon, mais peut-être pas catastrophique non plus d'autant que son personnage de Lisa a très peu de dialogues et surtout pas de matière.
Les enfants Grogan sont en revanche une pièce maîtresse dans la vie de Marley. Ils grandissent, comme tous les enfants, sous les yeux d'un "autre frère". Dans un souci du détail, plusieurs acteurs sont choisis afin de respecter une trame logique dans le temps imparti de l'histoire. Le pedigree le plus important est celui de Nathan Gamble : il interprète en effet le rôle de Patrick, l’ainé des trois enfants lorsqu'il a dix ans. Révélé dans Babel aux côtés de Brad Pitt (Mr. & Mrs. Smith, Ad Astra) et de Cate Blanchett (Cendrillon, Thor : Ragnarok), le jeune acteur est également à l'affiche de L’Incroyable Histoire de Winter le Dauphin où il y interprète l'un des rôles principaux, ainsi que dans The Dark Knight : Le Chevalier Noir de Christopher Nolan. En revanche, lorsque le personnage de Patrick n'a que sept ans, c'est le tout jeune Bryce Robinson (Une Famille Très Moderne, Valentine's Day) qui prend le relai. Le rôle de Conor est aussi doublement endossé : d'abord quand il a cinq ans par l'acteur Benjamin Hyland (House Of Cards) puis par l'acteur Finley Jacobsen (Marmaduke) lorsqu'il est censé être agé de huit ans. Enfin, leur adorable petite soeur Coleen est jouée par Lucy Merriam (la fille de Ryan et Annie, deux personnages cultes de la série aux 10 755 épisodes, La Force du Destin). Même si les trois bambins sont parfaitement intégrés à la vie familiale des Grogan, ils n'en restent pas moins des personnages secondaires bien qu'ils livrent chacun une jolie performance, lors de la scène finale du film notamment.
En ce qui concerne le toutou principal, la technologie CGI (computer generated ingienery) est fort heureusement mise de côté. Forcément, avec un vrai chien, de surcroît vivant dans un monde très familier pour beaucoup d'Américains, les effets visuels sont tout sauf recommandés. La comédie accueille donc sur le plateau pas moins de vingt-deux chiens (dont onze chiots) pendant le tournage. Huit dresseurs sont à leurs côtés dont un nom particulièrement habitué aux tournages canins, Ray Beal (Polly et Moi, Chiens des Neiges, Les 101 Dalmatiens). Entraîneur principal des chiens, il explique, amusé, que sur ce film le travail des chiens ”n'est pas compliqué puisqu’ils doivent agir comme des chiens normaux. Ils n’ont tout simplement pas besoin d’agir comme des humains”. Son ami Mark Forbes est lui aussi entraineur de chiens-acteurs et supervise également le dressage des chiens de Marley & Moi. Hollywood fait aussi souvent appel à lui, que ce soit pour La Belle et Le Clochard, Les 101 Dalmatiens et 102 Dalmatiens, ou encore L’Incroyable Voyage 2 à San Fransisco. ”C’était presque de l’anti-entraînement", explique t-il. "Les chiens devaient s’entraîner, non seulement à être de simples chiens, mais aussi à être le plus incontrôlable, le moins dressable et le plus turbulent de tous les Marley qui soit !”. Adorable anecdote : les onze chiots sont tous accueillis par des familles dés la fin du tournage, et chacun est conscienscieusement placé par les producteurs exécutifs du film, eux mêmes escortés notamment par Jennifer Aniston ou le vrai couple Grogan...
Côté musique, la bande originale est impeccable. Particulièrement demandé dans les genres blockbusters et comédies, Theodore Shapiro possède une carrière qui parle pour lui. Aussi studieux que passionné, le futur compositeur décroche en 1993 un BA (l'équivalent d'une licence en France) dans l'État de Rhode Island, avant de s'envoler pour intégrer un Master à New York qu'il obtient en 1993 à la prestigieuse Juilliard School où sont diplômés par exemple Robin Williams (Aladdin, Flubber, Le Cercle des Poètes Disparus), Jessica Chastain (La Couleur des Sentiments - The Help, X-Men : Dark Phoenix), le compositeur Richard Rogers (La Mélodie du Bonheur) ou encore Marcia Cross des Desperate Housewives. Depuis, son ascension n'en finit plus. Le tout premier long-métrage pour lequel Shapiro compose la musique est Hurricane Streets de Morgan J. Freeman. Si le film est acclamé par la critique au Sundance Festival, il ne parvient toutefois pas à trouver son public. Mais la machine Shapiro est en marche. En 1997, il est embauché par John Hamburg, le scénariste et réalisateur de Polly et Moi, Zoolander, I Love You Man ou encore New Girl, qui lui demande de créer la musique du film Casses en Tous Genres, une comédie portée par les stars montantes Sam Rockwell (Baby-Sitter Malgré Lui, Jojo Rabbit, La Ligne Verte) et Steve Zahn (La Planète des Singes : Suprématie, Chicken Little). S'ensuit un défilé de succès pour Shapiro, qui compose depuis la bande originale de deux à trois films par an en moyenne. Bien souvent, il travaille pour des films acclamés par le grand public, tels que Jennifer's Body (2009), Les Miller, Une Famille en Herbe (2013), L'Ombre D'Emily (2018), Les Incognitos (2019) et tant d'autres ! Son plus grand coup d'éclat est récompensé d’un BMI Film TV Award pour la musique du (Le) Diable S’habille en Prada, là ou la bande originale d'une comédie rayonne sous son meilleur jour. Par contre, son professionnalisme a légèrement tendance à "en faire un peu trop", ou bien à amortir trop vite le scénario en lui-même. Car la musique de Shapiro est souvent ultra-dynamique, à l'exemple de la scène où Marley s’enfuit d’un cours de dressage comme dans une course-poursuite. L'action est bien présente, mais la musique l'est un peu trop...
L’esthétique du film est assez marquée : Florian Ballhaus, le directeur de la photographie, est un énième membre de l'équipe du (Le) Diable S'Habille en Prada. Toujours très carré, il est attaché à rendre aux films une ambiance chaude, épurée, toujours très moderne, voire futuriste. Il travaille sur Men in Black en 1997 où sa patte (sans mauvais jeu de mots) est à son paroxysme ; il est également le directeur de la photographie sur Divergente réalisé par Neil Burger (Limitless, L'Illusionniste). Dans Marley & Moi, les teintes californiennes dénotent parfois avec les péripéties, mais mettent en lumière les personnages plus que les décors (et donc Marley). Le montage, par ailleurs, est suffisamment dynamique (il n'y a quasiment aucune longueur) : la succession des plans est certes classique, voire sobre, mais très agréable, et c'est normal. Mark Livolsi est en effet le chef monteur de l'équipe : ce roi du montage compte à son actif de gros succès comme Dans l'Ombre de Mary - La Promesse de Walt Disney, Le Livre de la Jungle ou encore Le Roi Lion (2019). Enfin, le scénario est élaboré par deux autres talents : d'un côté Don Roos, scénariste et réalisateur d'Happy Endings et du film Le Cercle Littéraire de Guernesey, plutôt axé comédies et films indépendants. De l'autre, Scott Frank. Ce dernier est un scénariste et réalisateur mais produit également des films à gros budgets, tels que Wolverine, le Combat de l'Immortel, Logan, ou encore Minority Report de Steven Spielberg, sorti en 2002.
La stratégie de marketing, en plus des promesses tenues par le film, paye amplement à sa sortie, et cela dès le premier jour. Proposée en salles aux États-Unis le 25 décembre 2008 (le 4 mars 2009 en France), la comédie peut se vanter de faire un véritable carton, mais aussi de battre un record en faisant le plus d'entrées en salles à Noël ! En une semaine, l'opus rempoche son propre budget de 60 millions de dollars, et rapporte pas moins de 247 millions de dollars dans le monde par la suite. Cerise sur le gâteau, la vente vidéo fait aussi un très bon score, avec pas moins de 70 millions de dollars rapportés. Enfin, la critique est unanime et les spectateurs enchantés. Bravo Marley !
Avec bonne humeur et sensibilité, David Frankel offre un film "câlin" à toute la famille. La vie des Grogan est très bien portée, même s'il arrive que l'ambiance générale soit parfois un tout petit peu caricaturale. Mais Marley & Moi ne vieillit pas ! Et d'ailleurs, le héros à quattre pattes ne passe jamais au second plan. Grâce à lui, les bons ou les mauvais côtés de l'existence humaine s'embellissent, et le rire et les larmes s'entremêlent, car "un chien se fiche de savoir si vous êtes riches ou pauvres, éduqués ou illettrés, habiles ou ennuyeux. Donnez lui votre cœur et il vous offrira le sien" (John Grogan).