La Maison Hantée et ses 75 Clins d'Œil Macabres
L'article
Welcome, foolish mortals, to the Haunted Mansion.
Bienvenue, pauvres mortels, dans la Maison Hantée.
Sorti tout droit de l’esprit des Imagineers Disney les plus créatifs de WED Enterprises (devenu par la suite Walt Disney Imagineering) au début des années 60, The Haunted Mansion a révolutionné le concept original de la maison hantée, ne partageant finalement qu’un lointain thème commun avec sa cousine germaine des foires et fêtes foraines. Conçue sous la direction de Walt Disney lui-même, mais ouverte quelques années après sa mort, l’attraction et ses 999 fantômes accueille ses premières âmes (humaines) dès 1969. Par son histoire détaillée, son ambiance aussi lugubre que comique et ses murs qui semblent garder mille secrets, elle devient instantanément une icône de la destination californienne.
Connaissant plusieurs itérations d’abord en 1971 au Magic Kingdom en Floride, suivi de Tokyo Disneyland en 1983, puis au Parc Disneyland en 1992 (son nom se change alors en Phantom Manor), et enfin à Hong Kong Disneyland en 2005 sous l'appelation de Mystic Manor, elle se réinvente, tout en gardant les ingrédients-clés qui en font son succès. Pour la première fois de l’histoire, son univers est adapté au cinéma avec plus ou moins de réussite en 2003, Le Manoir Hanté et les 999 Fantômes de Rob Minkoff, puis en 2021 pour Disney+ sous le titre Muppets Haunted Mansion et enfin de retour dans les grandes salles en 2023 sous le même nom que l’attraction, Le Manoir Hanté (Haunted Mansion en anglais). Ce dernier film réalisé par Justin Simien s’avère être, pour tout fan de l’attraction, une lettre d’amour criante, où clins d’œil et références plus ou moins cachés s’enchaînent à l’écran.
En essayant d'être le plus exhaustif possible, voici la liste peu ou prou par ordre d’apparition dans le film Le Manoir Hanté, de la plupart de ses clins d’œil et hommages à l’attraction iconique et fantastique, mélange unique d’effroi et de comique dont seuls les Imagineers Disney ont le secret.
Mots plus glaçants qu’accueillants, ces trois fameux termes « Welcome Foolish Mortals » (ou en français « Bienvenue Pauvres Mortels ») sont énoncés au tout début du film, en guise d’introduction, par la voix de Madame Leota (interprétée par Jamie Lee Curtis), de la même manière qu’ils accueillent les visiteurs dans l’attraction californienne et floridienne, cette fois par la voix ténébreuse du Ghost Host. Ils peuvent ainsi être attribués à Francis Xavier Atencio, dit X Atencio, Imagineer à l’origine du script de The Haunted Mansion dans les années 60, et auteur-compositeur du thème de l’attraction, Grim Grinning Ghosts.
L’ouverture du film ne va pas jusqu’à copier la totalité du texte introductif de l’attraction (en version originale « Welcome foolish mortals, to the Haunted Mansion. I am your Host - your Ghost Host. Kindly step all the way in please and make room for everyone. There’s no turning back now. » ou en français « Bienvenue pauvres mortels, à la Maison Hantée. Je suis votre Hôte - votre Hôte Fantomatique. Rentrez bien tout au fond et laissez de la place pour tout le monde. Impossible de revenir en arrière maintenant ! ») mais ces quelques mots suffisent à en faire frissonner plus d’un !
Comme le manoir louisianais est au centre de l’intrigue, il a le droit tout naturellement à une entrée cinématographique digne de ce nom dans un plan montrant toute sa grandeur et son prestige décadent au tout début du film qui n’est pas sans rappeler comment les visiteurs de Disneyland Park découvrent The Haunted Mansion à New Orleans Square.
Le réalisateur Justin Simien a en effet voulu soigner la première apparition du manoir hanté en choisissant un angle identique à celui des visiteurs lorsqu’ils poussent les grilles de The Haunted Mansion en Californie. Avec ce choix de cadre à hauteur humaine, l’objectif de la caméra se confondant avec le regard du spectateur, les fans reconnaissent instantanément cette maison lugubre au bout d’un chemin invitant quiconque à s’y engouffrer tout en sachant l’aventure terrifiante qui en résultera. Mis côte à côte, les deux angles sont absolument identiques !
Acteur principal, sans qui l’attraction et le film ne pourraient exister, le manoir au style antebellum Greek Revival caractéristique des plantations au passé douloureux des États du Sud, fait son entrée très rapidement dans les premières minutes de la production cinématographique. Aisément reconnaissable par sa forme cubique, ses deux niveaux aux balustrades en fer forgé méticuleusement décorées et son porche aux intimidantes colonnes aux fûts cannelés, son architecture originale et typique du Sud des États-Unis du début du XIXe siècle est à attribuer à Ken Anderson. Cet animateur connu pour avoir travaillé sur Pinocchio (1940) ou encore Peter Pan (1953), est ainsi le premier à véritablement s'essayer à des concepts visuels de l’extérieur de l’attraction. En cherchant des modèles d’inspiration pour le design architectural de ce que deviendra The Haunted Mansion, il tombe sur une photo de la Shipley-Lydecker House, une demeure de plantations située à Baltimore dans le Maryland, construite en 1803 et détruite en 1967.
En 1958, dans l'un des plus célèbres croquis de la maison aux 999 fantômes, il en reprend l’allure générale et les caractéristiques principales : les balcons décorés de fer forgé, le toit surmonté d’une coupole, le porche à colonnades et même son nombre d’étages, deux ! Seulement, Walt Disney a une exigence à laquelle il ne faut en aucun cas déroger, celle que la demeure doit garder une apparence entretenue à l'image de son Parc, affirmant « We’ll take care of the outside and let the ghosts take care of the inside! » (comprendre « Nous nous chargerons de l’extérieur et les fantômes, de l’intérieur ! »). Avec Pirates of the Caribbean, elle est l’une des deux attractions majeures du nouveau Land New Orleans Square ouvert en 1966 à Disneyland Park et qui recrée l’atmosphère de La Nouvelle-Orléans du XIXe siècle. Même si la pimpante demeure trône fièrement au loin à l’ouverture de la nouvelle zone, elle n’ouvrira ses portes grinçantes que quelques années plus tard, en 1969. Elle est donc, comme son double sur grand écran, localisée en Louisiane !
L’ambiance générale du film de 2023, tantôt angoissante et tantôt pleine de vie, est largement due à une composition musicale au cordeau signée Kris Bowers, réussissant à souligner avec justesse, les moments de suspense, d’action et d’émotion. Né en 1989 à Los Angeles, le compositeur américain est déjà connu pour son travail sur des séries destinées à des plateformes de streaming comme Bridgerton (Netflix, depuis 2020), Dans Leur Regard (Netflix, 2019-2019), Secret Invasion (Disney+, 2023-2023) et d’autres blockbusters comme Space Jam : Nouvelle Ère (2021) ou La Méthode Williams (2021). Pour Le Manoir Hanté (2023) de Justin Simien, il crée une bande originale empreinte de sons jazziques de La Nouvelle-Orléans et d’autres plus instrumentaux et classiques pour rendre les moments décisifs encore plus significatifs. Mais surtout, il instille judicieusement des notes de la partition dans des morceaux musicaux du film, comme dans The Mansion, No Windows and No Doors ou encore It’s Happy Hour Somewhere. Il va encore plus loin et crée une réorchestration de Grim Grinning Ghosts sur un air plus jazz et rythmé dans le titre Grim Grinning Ghosts (Dance Party) joué dans la toute dernière scène du film et avec les paroles originales ! Bowers a ainsi rendu un bel hommage à la composition des deux artistes en charge du thème de l’attraction en 1969 : Buddy Baker et X Atencio.
Compositeur américain célèbre pour avoir créé les bandes originales de films Disney tels que Les Aventures de Winnie l’Ourson (1977) ou Rox et Rouky (1981), Baker a aussi usé de ses talents pour composer les univers musicaux d’attractions aussi iconiques que leurs musiques comme Universe of Energy, The American Adventure et Impressions of France à EPCOT sans oublier The Haunted Mansion, aux côtés de l’Imagineer Francis Xavier Atencio qui en écrit les paroles. D’abord intervalliste aux Walt Disney Studios, l’artiste américain dit X Atencio intègre en 1965 Walt Disney Imagineering pour la conception de Primeval World sur le parcours du Disneyland Railroad, puis écrit le script de The Haunted Mansion et les paroles du thème principal Grim Grinning Ghosts. Autre attraction incontournable, il écrit aussi le scénario de Pirates of the Caribbean et sa chanson inoubliable Yo Ho (A Pirate's Life for Me). Atencio et Baker, tous deux Disney Legends, l'un en 1996 et l'autre en 1998, ont ainsi créé l'âme de l'attraction en quelques mots et une poignée de notes, auxquels Bowers rend hommage dans la bande originale du film Le Manoir Hanté.
Parmi la multitude de chambres que contient la demeure, celle que choisit Travis comme sienne porte de nombreuses références à l'attraction, en commençant par l’imposante porte. Avec sa poignée à la forme serpentine se finissant par la tête et les dents acérées d’un monstre reptilien, son bouton central en tête de lion et ses moulures typiques, elle n’est pas des plus engageantes, ne rassurant point sur ce qu’elle cache derrière. Son style unique est ainsi directement tiré de l’attraction, plus précisément de l’une des portes de la célèbre scène du Couloir des Portes.
Pour créer cette partie angoissante de l’attraction, les Imagineers étant en charge de donner un ton plus sombre à The Haunted Mansion - Claude Coats en tête - se sont inspirés du film La Maison du Diable de 1963, réalisé par Robert Wise qui adapte ici le roman horrifique de Shirley Jackson, La Maison Hantée édité quelques années plus tôt en 1959. Dans le film, la maison hantée prend vie sous forme d'une multitude de bruits en tous genres, une atmosphère que les Imagineers ont ainsi recréé à travers leur Couloir des Portes, un long couloir à la tapisserie menaçante et aux multiples portes qui cachent bien des mystères. L'une d'entre elle a donc le même design que celle vue dans le film de 2023 !
Dans la première chambre visitée par Travis (Chase W. Dillon), se trouve un étonnamment grand portrait au-dessus de l’âtre de la cheminée, représentant l'une des anciennes propriétaires de la demeure, Constance Hachaway. Peinte devant le grand escalier dans sa robe de mariée, elle arbore pourtant, derrière son voile, un visage sévère et menaçant. Après une tentative par le petit garçon de cacher ce portrait sinistre, elle s’échappe du tableau pour se matérialiser en véritable spectre démoniaque. Cette représentation picturale fait écho à un autre portrait en pied bien connu des fans parisiens d’une mariée toute aussi maudite : Melanie Ravenswood.
Phantom Manor de Disneyland Paris est ainsi la dernière demeure de Melanie Ravenswood, qui au contraire de Constance Hachaway, n’est pas coupable de la disparition de ses maris, tombés sous le joug meurtrier de leur beau-père, Henry Ravenswood. À la sortie de la Stretching Room, les visiteurs peuvent admirer au fond du couloir un portrait semblable à celui du film, représentant cette fois la mariée radieuse, bouquet de roses au bras et anneau au doigt, en des temps heureux.
Rencontrée par Travis (Chase W. Dillon) puis par Ben Matthias (Lakeith Sanfield) dans le grenier, la mariée veuve (Lindsay Lamb) est l'un des fantômes prédominants du film de 2023. Par le biais d’une coupure de journal, Ben et son équipe spécialiste du paranormal en découvrent davantage sur cette ancienne propriétaire des lieux à l’apparente malchance quand il s’agit du choix de ses maris. Ainsi, l’article annonce la mort de Constance Hatchaway, l’éternelle mariée, et rappelle qu’elle eut cinq maris tous disparus, retrouvés décapités dans le cimetière de la propriété, supposément tués avec une hache ! Elle est évidemment inspirée de l’un des personnages centraux de l’attraction floridienne.
La première apparition de la mariée date de 1969 à l’ouverture de The Haunted Mansion à Anaheim. Placé dans le grenier, bouquet à la main, son squelette cachait un cœur battant, d’un rouge vif. Le personnage apparaît également dans la version floridienne dès 1971 et évolue au fil du temps. Ce n’est qu’en 2006, après une longue réhabilitation que son personnage s’étoffe et prend le nom de Constance Hatchaway, devenant par la même occasion l’un des fantômes les plus dangereux de la demeure. Toujours dans le grenier, elle récite une incantation en tenant dans sa main sa hache, l’arme du crime qui a fait disparaître ses cinq maris ! Hors d’Amérique, sa version nippone reste anonyme tandis que son pendant parisien, Melanie Ravenswood n’a rien d’une tueuse, au contraire de son père, responsable de la mort de tous ses maris.
Toute de métal aux multiples pièces amovibles, il est difficile de connaître l’origine des mouvements de l’armure fantôme : est-elle la cachette d'un spectre d’un chevalier déchu ou un simple objet possédé par les forces de l’au-delà ? Première manifestation surnaturelle que rencontre le petit Travis (Chase W. Dillon) en pénétrant dans la demeure lugubre, l'armure de chevalier qui relève plus du ressort comique que de l'horreur, peut faire référence à différentes histoires liées aux armures trouvées dans les (The) Haunted Mansion des Parcs Disney. Depuis les tout premiers concepts arts de l’intérieur de l’attraction de Ken Anderson et Marc Davis, les armures ont fait partie intégrante du mobilier de la demeure. Souvent dépeints de façon stéréotypée et équipés d’une arme pointue, c’est tout naturellement que ces squelettes métalliques sont installés près du Couloir sans Fin dans les attractions américaines, parisienne et tokyoïte.
Alors que les versions outre-Atlantique et nippone présentent une armure à l’esthétique originale avec un heaume portant un bec (inspiré de l’armure d’un cardinal allemand du XVe siècle, Albert de Brandebourg), la version de Phantom Manor à Disneyland Paris rajoutée lors de la rénovation de 2018 est celle qui se rapproche le plus de l’armure hantée du film, avec son allure typique et sa hallebarde aiguisée. De plus, sa capacité de déplacement comme aperçue dans le film fait non seulement référence aux armures Audio-Animatronics des attractions capables de bouger mais également à l’introduction brève de l’officieusement nommé fantôme Knight of the Dead à Disneyland Park d’Anaheim. Durant l’été 1985, les Imagineers ont en effet eu l’idée de déguiser un Cast-Member en chevalier qui devait se poster devant les Doom Buggies et surprendre les visiteurs ! Pour de multiples raisons non-officielles, ce « fantôme » d’un été a été purement et simplement jeté aux oubliettes… ou presque !
Si le Hatbox Ghost est si sûr que la famille reviendra dans le manoir hanté, ce n’est pas par hasard… En effet, chaque personne passant le pas de porte, un moment bouleversant l’existence qui se matérialise par un coup de vent soudain et d’une musique angoissante, est instantanément liée à un fantôme des lieux qui la suivra jusqu’à son domicile ! La plupart des protagonistes de l’histoire - Bruce Davis excepté (Danny DeVito) - se retrouve obligée de revenir dans la demeure abandonnée à cause du fantôme qui les suit. Cette pirouette scénaristique qui explique le besoin des personnages de revenir sur les lieux est aussi inspirée de l’attraction.
En relevant la barre de sécurité du Doom Buggy, le Ghost Host précise il est vrai aux visiteurs d’un jour avant leur départ qu’un fantôme les suivra jusqu’à chez eux (ou en version originale « Now I will raise the safety bar, and a ghost will follow you home! ») suivi d’un rire machiavélique ! Dans le film, comme dans l’attraction, il n’est donc pas si simple de quitter vraiment cette maison hantée et ses revenants attachants…
Sur chacun des deux piliers du portail d’entrée délimitant la propriété, est flanquée une plaque métallique de forme ovale marquée d’un G (pour Gracey, le dernier maître des lieux) et à l’allure familière. Avec sa bordure de feuilles et sa tête sculptée tout en haut du blason, elle est une inspiration directe de la plaque du démon retrouvée à l’entrée des attractions américaines et nippone, portant la mention « The Haunted Mansion ».
Malgré quelques variations, elles comportent toutes les mêmes éléments : le nom de l’attraction en son centre, une bordure végétale et une tête ou un squelette. D’ailleurs, la légende autour de cette plaque indique que le démon y figurant serait en réalité l’une des rares représentations physiques du Ghost Host ! Cette version semblerait se confirmer avec la variante parisienne à Phantom Manor composée d’un visage inspiré de celui de Vincent Price, voix du fameux fantôme narrateur de l’histoire.
De sa voix rauque venue des ténèbres, le Hatbox Ghost dont la silhouette reconnaissable apparaît dans un tourbillon de feuilles promet à Gabbie et son fils Travis quittant les lieux hantés précipitamment qu’ils seront bientôt de retour en lançant un glaçant « On va se revoir… On va se revoir ! » (« You’ll be back… You’ll be back! » en version originale) au tout début du film. Menace non dissimulée, ces quelques mots à l’assurance assumée sont une référence claire à l'apparition miniature de la petite Leota, à la fin de l’attraction The Haunted Mansion en Californie.
De la taille d’une statuette et habillée d’une robe de mariée, le personnage situé à la sortie, implore les visiteurs de revenir en leur clamant « Hurry back! Hurry back! Be sure to bring your death certificate if you decide to join us. Make final arrangements now! We’ve been dying to have you… » (ou en français « Revenez ! Revenez ! N’oubliez pas d’apporter votre certificat de décès si vous décidez de nous rejoindre. Nous mourrons d’envie de vous compter parmi nous… »). La voix n’est rien d’autre que celle de Leota Toombs, Imagineer ayant prêté son timbre et son visage à Madame Leota elle-même ! Elle est aussi présente dans la version floridienne et japonaise mais a été incluse dans le parcours de l’attraction, attendant les visiteurs dans la crypte, tandis qu’à Paris, c’est Mélanie Ravenswood, la mariée solitaire qui supplie les âmes passantes de revenir la voir pour mettre un terme à sa solitude éternelle. Ainsi, dans le film de 2023, cette simple phrase énoncée par le fantôme maudit rend un bel hommage tout en donnant un indice sur le retour des personnages… qui est lui aussi lié à une autre référence cachée !
Au tout début du film, après la fuite de Gabbie et Travis de la demeure hantée, le titre original de la production - Haunted Mansion - s'affiche en grand avec des lettres dans une police évocatrice du macabre et du mystère. Cette police, aussi utilisée dans le générique, est librement inspirée de celle de l'attraction.
Avec son aspect gothique et lugubre, cette police se retrouve sur toutes - ou presque ! - les plaques des variantes de l'attraction à travers le monde, Tokyo Disneyland choisissant une version légèrement différente. Conçue par John F. Cumming en 1884 pour la Boston Type Foundry, la typographie Rubens montre le désir du designer, qui créa de nombreux types d’écriture, dont Kismet ou Renaissant, de s'essayer à un registre plus grave et gothique avec des lettres épaisses, aux angles saillants et aux terminaisons ornementées. Chez Disney, elle est utilisée par les Imagineers l’une des toutes premières fois, pour le logo de MAPO, un nouveau bâtiment de WED Entreprises spécifiquement dédié à la production d’Audio-Animatronics et dont la construction fut payée par les bénéfices du dernier film des studios, Mary Poppins (il en tire d’ailleurs son nom, MAry POppins). Aujourd'hui, cette police de caractère iconique reste indissociable de l'attraction The Haunted Mansion et ses 999 fantômes !
Quand Gabbie présente la maison à Ben en lui faisant un tour de toutes les activités paranormales qu’elle décèle, elle s’arrête dans la bibliothèque. Plus tard, les protagonistes du film se réunissent dans cette même pièce afin de comprendre les origines macabres de la demeure. Reconnaissable d'un coup d'œil pour les fans de The Haunted Mansion, la Bibliothèque aux Histoires de Fantômes et ses étagères de bois sombre remplies de vieux bouquins, est une réplique presque à l'identique d’une scène spécifique de l’attraction à Magic Kingdom et Tokyo Disneyland.
À l’ouverture de The Haunted Mansion en Floride, la lugubre bicoque ne se différenciait pas seulement de son homologue californienne par son aspect extérieur mais aussi par l’ajout de quelques scènes supplémentaires comme celle de la Bibliothèque aux Histoires de Fantômes présentée par le narrateur en ces termes : « Our library is well stocked with priceless first editions - only ghost stories of course - and marble busts of the greatest ghost writers the literary world has ever known. » (ou en français « Notre bibliothèque contient un bel assortiment de premières éditions inestimables - uniquement d’histoires de fantômes bien évidemment - et des bustes en marbre des plus grands écrivains fantômes que ce monde ait connus. ». Ces derniers, judicieusement placés dans des alcôves éclairées, semblent suivre du regard les visiteurs… Et les personnages du film aussi !
L'élément capital de cette pièce emblématique, la bibliothèque, outre ses ouvrages aux histoires fantomatiques, se trouve dans des niches entre des rangées de livres anciens : des bustes en marbre qui semblent pivoter et suivre les protagonistes du film ! Illusion ou réalité, ils sont directement tirés de l’attraction.
Présents dans toutes les versions de The Haunted Mansion à travers le monde, ces bustes-fantômes se retrouvent tantôt avant l’embarquement à Disneyland Park et au Parc Disneyland, tantôt dans la scène de la bibliothèque à Magic Kingdom et Tokyo Disneyland. Simple effet physique, l’impression de rotation des bustes, qui restent pourtant statiques, est en réalité exécuté en créant des visages inversés des personnages, placés ensuite devant un fond noir donnant ainsi l’impression qu’ils fixent du regard ceux qui osent croiser le leur !
Parmi les tableaux d’un des couloirs de la demeure hantée, celui du marin en pleine tempête captive le regard de Ben… Littéralement ! Quand Ben s’aperçoit que les yeux du capitaine se tournent vers lui, il ne sait pas encore que son fantôme, joué par Creek Wilson (We Have a Ghost, 2023), le suivra jusqu’à chez lui. Si ce portrait précis n’est pas connu des attractions The Haunted Mansion, son personnage et son mouvement d’yeux, lui au contraire l’est, et s’accompagne d’une histoire bien plus développée.
Sur une idée de l’Imagineer Marc Davis, adaptée de l’invention du personnage du Capitaine Gore de Ken Anderson, le fantôme du marin maudit apparaît pour la première fois dans un tableau dans l’attraction The Haunted Mansion de Floride, dans la scène du couloir où les portraits semblent suivre du regard les visiteurs installés dans les Doom Buggies passant devant eux. Avec son harpon en main et sa tenue couverte d’algues et d’une étoile de mer, le marin pose, menaçant, devant l’épave de son navire. Alors qu’il est situé au même endroit dans l’attraction japonaise, il est plus tard relocalisé au niveau de l’embarquement des passagers en Floride. En 2011, le capitaine a droit à sa crypte en forme de baignoire en pierre dans la file d’attente de l’attraction ainsi que son nom, Culpepper Clyne. L’épitaphe, dans la même veine humoristique que les autres pierres tombales trouvées dans la queue de Haunted Mansion, précise « Allergic to dirt so he’s pickled in brine. He braved the sea and all her wrath, but drowned on land while taking a bath » (ou en français « Allergique à la terre donc marine dans la saumure. Il a bravé la mer et sa colère, mais s’est noyé sur terre, dans son bain. »). Enfin, l’annonce en septembre 2023 de l’extension des jardins de The Haunted Mansion en Californie est l’occasion pour Disneyland de préciser que des légendes locales assureraient que la maison fut construite par… un riche capitaine de navire !
Installés dans la salle de séjour, Gabbie et Travis écoutent les conclusions de Ben à la suite de son investigation dans la demeure présumée hantée. La mère et le fils suspicieux des dires de l’enquêteur paranormal sont tous confortablement assis sur un petit canapé et un fauteuil baroque qui ne sont pas inconnus des fans de l’attraction. Placés dans ce qui deviendra plus tard dans le film un clin d’œil à la Stretching Room, cet ensemble de meubles de confort n’est pourtant pas retrouvé dans cette pièce-là dans l’attraction.
La Stretching Room dans The Haunted Mansion et ses variations est en effet une pièce vidée de son mobilier afin d'accommoder l’accueil d’une grande capacité de visiteurs. Hors, dans le film, cette pièce est bel et bien meublée. Pour cela, les équipes du film lui ont intégré un mobilier qui se retrouve d’habitude ailleurs dans l’attraction. Avec leur esthétique baroque, aux accoudoirs et à l’assise capitonnés en blanc ce petit canapé trois places à l’allure de tête à tête du XVIIIe siècle et ses deux fauteuils au large dossier sont effectivement retrouvés dans la salle de bal de The Haunted Mansion, dans le fond à gauche, derrière la piste de danse. À Phantom Manor de Disneyland Paris, un fauteuil similaire se retrouve avant le quai d’embarquement. Quel que soit son emplacement, le mobilier est incontestablement un élément fondamental de l’univers de l’attraction !
Dans le couloir de l’étage qui semble interminable, Ben, qui pense que Gabbie, son fils et le prêtre ont perdu la raison, voit quelque chose virevolter dans les airs au loin : un chandelier semble complètement faire fi des lois de la gravitation ! Plus tard, lorsque les protagonistes du film sont enfin tous réunis sous le même toit, la disparition soudaine de Bruce en pleine nuit les pousse à interrompre leur sommeil mais pas que… Des objets virevoltent dans les airs et semblent attirer par les sons d’un orgue ! Parmi ces objets volants identifiés se trouvent notamment des chandeliers, encore un clin d’œil à un objet iconique de l’attraction The Haunted Mansion.
Placé judicieusement dans le Couloir Sans Fin, la première scène visitée par les visiteurs dans leurs Doom Buggies à Anaheim, le candélabre flottant est un élément surnaturel qui fait son effet. Pourtant, il n’est qu’une solution de secours à une idée qui n’a jamais pu se concrétiser. Les Imagineers avaient il est vrai d'abord envisagé pour cette scène, un mélange d'effets sonores et physiques pour donner l'impression qu'un esprit marcher dans le couloir en direction des visiteurs jusqu'à les effrayer en leur rentrant dedans, une impression donnée par un jet d'air envoyé vers leurs véhicules funèbres. Malheureusement, les artistes de Walt Disney Imagineering ont eu dû mal à synchroniser tous ces effets avec le passage constant des Doom Buggies et se sont finalement tournés vers un montage plus simple mais tout aussi efficace avec un chandelier semblant voler au loin dans le couloir. Tenu par des fils invisibles et peint en noir à l’arrière pour minimiser son ombre, le petit chandelier utilise la perspective forcée pour donner l’impression d’être plus grand qu’il n’y paraît. En Floride et au Japon, un chandelier supplémentaire a été ajouté au tout début de la zone d'embarquement, en haut d’un escalier. À Paris, le chandelier n’est pas seul, il est en fait tenu par le fantôme de Melanie Ravenswood qui apparaît puis disparaît ! La réhabilitation de 2019 a aussi permis d’ajouter derrière elle son père, le maléfique Henry Ravenswood !
Forcé de revenir au manoir pour régler ce problème de fantômes, Ben se décide à prendre le taureau par les cornes en s’aventurant à l’étage en pleine nuit. Il se retrouve face à face avec le spectre du Ghost Host qui le poursuit alors dans un couloir qui semble interminable. Ce même couloir s’étire ainsi à l’infini quand Ben, pendant la séance de spiritisme, tente de retrouver Gracey. L’enquêteur se cogne alors à un miroir, entraînant une cascade d'évènements en commençant par ce corridor qui s’allonge indéfiniment, Ben voyant son reflet s'éloigner de plus en plus de lui. Ce long couloir est un hommage clair à l'une des scènes les plus iconiques de l'attraction.
Se posant comme l'une des toutes premières séquences à l'intérieur du manoir visités par les hôtes en Doom Buggies, le Couloir Sans Fin (ou « Endless Hallway » dans sa version originale) est présent depuis l'ouverture de l'attraction en 1969. Grâce à des effets techniques plutôt simples utilisant un mélange de perspective forcée, de voile sombre et de miroir reflétant un décor physique de couloir, les Imagineers réussissent à créer l’illusion de profondeur et de mystère tout en donnant le ton pour la suite de la visite. Pour accentuer le côté surnaturel, un chandelier flottant a été placé au fond du couloir. Forte de sa puissance narrative, la scène est reproduite dans toutes les autres versions de l'attraction, de Floride à Tokyo en passant par Paris. Petite particularité à Phantom Manor, le couloir est habité par les fantômes de Melanie et du Phantom, apparaissant et disparaissant à la lueur des chandelles.
Narrateur d'outre-tombe le plus célèbre, le Ghost Host (ou en français l'« Hôte Fantomatique ») fait évidemment partie intégrante du film de Simien, à travers de multiples références. Mis à part l'énonciation glaçant le sang de son texte introductif par Madame Leota en guise d'amuse-bouche, il est pour la toute première fois présent physiquement (ou plus précisément psychiquement parlant) dans certaines scènes de Haunted Mansion de 2023. Sa première apparition se fait sous la forme d’un tableau qui, plan après plan, varie au fur et à mesure que le personnage du portrait se meut, hache à la main. Il se matérialise ensuite en sortant du tableau et attaquant Ben Matthias (Lakeith Stanfield) dans le Couloir Sans Fin. Interprété par Ben Bladon (Chair de poule 2 : Les Fantômes d'Halloween, 2018), son visage est révélé durant la séance de spiritisme, montrant un physique terrifiant, aux cheveux fins et clairs et à l'œil droit globuleux sortant légèrement de son orbite.
Guide spirituel des visiteurs de The Haunted Mansion depuis 1969, le Ghost Host est une création originale de plusieurs Imagineers voulant donner à l'attraction une voix narrant l'histoire de la demeure décrépie. Ainsi, il est davantage connu pour son timbre grave et dramatique, doublé par un acteur de renom, tels Paul Frees en Californie et en Floride, célèbre pour avoir donné sa voix dans nombre de films d'Hollywood des années 40 à 80 (L’instinct de Chasse, 1961, La Tour de Londres, 1962, Quatre Bassets pour un Danois, 1966). À Disneyland Paris, le Ghost Host laisse sa place de narrateur au Phantom, rendu mythique grâce à la voix du maître de l’effroi, Vincent Price (Professeur Ratigan dans Basil, Détective Privé, 1986, Edward aux Mains d’Argent, 1990). Hôte de choix à la voix ténébreuse, il serait même selon la légende, le pendu dans la Stretching Room !
Professeur d’histoire loufoque spécialisé dans les phénomènes surnaturels à New Orleans, Bruce Davis est tout naturellement obsédé par la demeure de Gracey. Après s’être introduit dans la maison hantée, il se retrouve attaqué par un esprit malveillant puis plus tard possédé par ce même fantôme. Sous les traits d’un Danny DeVito (À la Poursuite du Diamant Vert, 1984, Big Fish, 2003, Dumbo, 2019) bourré d’énergie et prêt à se retrousser les manches pour combattre des revenants sans pitié, le personnage apporte une bonne tranche d'humour et d’émotions dans le récit. Et comme d’autres personnages, son nom, Davis, fait référence à un Imagineer déterminant à la création de l’attraction : Marc Davis.
Né en 1913 à Bakersfield en Californie aux États-Unis, Marc Fraser Davis intègre les Walt Disney Studios en 1935 et travaille en qualité d'animateur sur Blanche Neige et les Sept Nains (1937) puis sur les autres Grands Classiques d’animation comme Bambi (1940), puis Mélodie du Sud (1946), Cendrillon (1950) ou encore Alice au Pays des Merveilles (1951). Son talent l'amène dans le département chargé du développement de Disneyland, plus tard appelé Walt Disney Imagineering, pour y créer les histoires d'attractions mythiques comme Jungle Cruise, Pirates of the Caribbean ou encore "it's a small world". Sur The Haunted Mansion, aux côtés de Claude Coats, entre autres, qui voulait une attraction plus terrifiante, il s'occupe d'insuffler un ton humoristique et moins oppressant au parcours scénique. Il prend sa retraite en 1978, après 43 ans de service, tout en continuant de donner des conseils sur les futurs développements de la section Parcs, comme sur Tokyo Disneyland et Epcot Center. Artiste légendaire faisant partie des Neuf Vieux Messieurs des studios Disney et parmi les premiers Imagineers, il est sacré Disney Legend en 1989.
Médium aux compétences contestables, le personnage d’Harriet, interprété par la joviale Tiffany Haddish, vedette de l’émission Saturday Night Live, représente le côté mystique réputée de La Nouvelle-Orléans. Loin d’être la meilleure dans son domaine, elle n’en est pas moins attachante et toujours prompte à une sortie humoristique. Si son personnage n’est pas à proprement parler une création visible dans l’attraction The Haunted Mansion, elle porte un prénom qui pourrait en être une référence possible. En effet, « Harriet » est avant tout le prénom de l’Imagineer Harriet Burns, marquant l’histoire de Walt Disney Imagineering et inextricablement liée à la genèse de The Haunted Mansion.
Née au Texas en 1928, elle décroche son diplôme en art à Dallas puis étudie la conception avancée l’année suivante à Albuquerque. Forte de ce bagage disciplinaire, elle emménage à Los Angeles en 1953 où elle travaille chez Dice Display Industries Cooperative Exchange dans la conception d’intérieur et de plateaux de tournage. Elle est embauchée par la suite par les Walt Disney Studios pour concevoir des accessoires et peindre les décors de la nouvelle émission The Mickey Mouse Club, allant jusqu’à créer le concept de la maison de Mickey. Elle devient par la suite la première femme à décrocher un rôle créatif au sein de WED Enterprises (ou Walt Disney Imagineering) en participant à la conception d’attractions iconiques comme Walt Disney’s Enchanted Tiki Room, Storybook Land et bien évidemment du Land New Orleans Square et l’une de ses expériences phares, The Haunted Mansion en Californie. Pour cette dernière, sa contribution est telle qu’elle est honorée d’un clin d’œil dans les jardins de la version floridienne de la demeure hantée. L'une des pierres tombales porte en effet l’épitaphe « First lady of the opera / Our haunting Harriet / Searched for a tune / But never could carry it » ou en français « Prima donna de l’opéra / Notre ensorcelante Harriet / A cherché une chansonnette / Mais qu'elle n'a jamais pu tenir ». Imagineer de renom, son prénom porté par l’un des personnages secondaires du film est ainsi un hommage non dissimulé à son talent et à la qualité de son travail créatif.
Attablé à un restaurant asiatique dans l’attente d’être servi, la première apparition de l’excentrique Bruce Davis, l’historien spécialiste des vieux manoirs de la région joué par Danny DeVito, se fait remarquer pour une raison bien particulière : son imperméable de pluie et son bob transparents ! Cet ensemble, bien que singulier, pourrait paraître anecdotique mais il s’agit pourtant d’un clin d’œil technico-technique aux fantômes de l’attraction.
En effet, pour donner une apparence éthérée aux apparitions fantomatiques notamment dans la scène du cimetière dans les attractions californienne, floridienne et nipponne, les esprits qui se matérialisent devant les yeux des visiteurs sont parés d’habits translucides qui, éclairés sous un certain angle et d’une lueur bleutée, renvoient la lumière dans la pénombre des lieux. Impressionnant par sa simplicité, cette vision spectrale est donc réalisée par une combinaison de lumière et d’un matériau plastique pour un résultat des plus effrayants !
Le manoir abandonné de Gracey, du haut de ses deux étages, est surmonté d’une coupole et d’une girouette en forme de bateau, se mouvant à la faveur de la brise. Cet élément décoratif n’est pas anodin : la même girouette indique la direction du vent de New Orleans Square depuis les années 60, flanqué au plus haut élément structural de The Haunted Mansion !
Si la girouette de métal formant une goélette à trois voiles a connu bien des péripéties par le passé en perdant une, puis deux voiles puis plusieurs éléments, elle trône désormais fièrement en haut de l’édifice. Le choix d’un bâtiment nautique pour l’instrument éolien reste malgré tout un mystère. Certains aiment à raconter qu’elle serait un clin d’œil à l’une des histoires originales de la demeure qui aurait appartenu au Capitaine Gore mais aucune source ne semble le confirmer. Elle n’en reste pas moins une touche élégante faisant écho aux autres nombreuses girouettes peuplant les toits de Disneyland Park !
De la tenue ecclésiastique non conventionnelle de Père Kent qui trahit sa véritable identité à l’extravagance de la robe de Madame Leota témoignant de son haut rang dans son domaine de prédilection, les costumes du film Le Manoir Hanté ont tous, à leur manière, leur rôle à jouer. Mais ils peuvent aussi servir de support pour un clin d’œil à l’attraction que les yeux avertis sauront disséqués. Dans la scène où les protagonistes étudient les plans du manoir dans la bibliothèque, la robe de Gabbie, aux rayures bleues et grises, mais aussi la tapisserie de la pièce, rappellent sans équivoque la tenue des Cast Members de The Haunted Mansion aux États-Unis.
Employés des Parcs Disney, les Cast Members sont avant tout des artistes faisant partie à part entière de la magie des univers créés par Walt Disney Imagineering. Afin de jouer leur rôle à la perfection, leurs costumes sont des pièces indispensables participant à l’immersion dans une narration préétablie par les Imagineers. À The Haunted Mansion des Parcs américains, ils font ainsi partie des employés de la demeure hantée, de véritables majordomes, domestiques et gouvernants à l’apparence sinistre et portant de fait des tenues adaptées. Celle des servantes notamment, varie selon les habits et peut se traduire en robe, en haut ou en tablier ayant un motif commun sous la forme de rayures verticales vertes et noires ou dans des tons similaires. La robe de Gabbie dans Le Manoir Hanté en est un hommage direct.
Dans la demeure hantée, se trouvent de nombreux tableaux tout aussi possédés, chacun aux propriétés spécifiques. Celui situé au milieu des escaliers, qui en réalité cache un accès à la salle de spiritisme, présente une jeune femme en robe prenant la pose, accoudée sur un livre ouvert, mouchoir à la main... Jeune, vraiment ? Selon la scène du film, le personnage semble vieillir ! Ce portrait vivant est une ode à April to December (littéralement en français « D'Avril à Décembre »), l'un des plus ingénieux tableaux par sa simplicité, originellement provenant de The Haunted Mansion en Californie.
Sur un concept de l'Imagineer Marc Davis qui imagine quatre peintures (comprenant les mois d'avril, juin, septembre et décembre), le portrait - qui est en réalité un écran - initialement installé dans le Couloir des Portraits de la demeure en Californie se transforme : grâce à un effet de flash de lumière, la jeune demoiselle d'avril devient une vieille dame effrayante de décembre. Reproduit pour Magic Kingdom et Tokyo Disneyland, le portrait (faisant partie du club funèbre, les Sinister 11, une suite de onze portraits changeant et disposés tout au long de l’attraction) a laissé sa place en Floride au Aging Man, Maître de la demeure, qui utilise le même procédé de vieillissement, devant les yeux ébahis des visiteurs entrant dans le foyer !
Partis à la recherche de la Séance Room, les protagonistes du film se retrouvent au pied de l'escalier pensant y trouver un passage secret vers cette pièce mystère. Père Kent (joué par Owen Wilson) a alors l’idée de tirer sur une applique au mur à la forme particulière qu’il finit par arracher. Comme un bras humain traversant le mur pour tenir à la main une torche, ce luminaire au style plutôt original est un clin d’œil direct à un petit détail de l’attraction.
Situé à la toute fin de la visite de la demeure hantée en Californie, la torche portée par un bras humain a été conçue par l’Imagineer Rolly Crump, adepte des objets détournés et teintés d’humour noir. Ce bras frêle, partiellement couvert d’un tissu, brandit bien haut un flambeau qui apporte la lumière au bout d’une aventure sinistre, les visiteurs repartant peut-être avec un fantôme jouant l’auto-stoppeur !
La pièce circulaire où les séances de spiritisme entre Madame Leota et Maître Gracey prenaient place regorge de clins d’œil à l’attraction. Autour de la table ronde, se trouve l’un d’entre eux, un fauteuil bordeaux au motif rappelant un visage : il s’agit de la fameuse Face Armchair des (The) Haunted Mansion ! Ce siège iconique aux traits connus des fans (qu’ils ont renommé affectueusement le Fauteuil Donald Duck pour sa ressemblance avec le canard ami de Mickey) a été inspiré d’un mobilier conceptualisé sur papier par l’Imagineer Rolly Crump pour son Museum of the Weird, l’une des premières idées d’attraction de maison hantée. Il avait dans l’idée que ce mobilier au visage humain puisse parler et interagir avec les visiteurs !
Museum of the Weird ayant été abandonné ou plutôt transformé en The Haunted Mansion, les idées ne sont jamais jamais vraiment perdues avec Walt Disney Imagineering qui concrétise le design de Crump et place le fauteuil à côté du Couloir Sans Fin dans l’attraction d’Anaheim. Des variations sont créées pour les (The) Haunted Mansion floridienne et nippone pour être placés au même endroit dans l’expérience. Mais fin 2023, en Floride, le fauteuil iconique qui faisait partie intégrante de la scène de la bibliothèque laisse sa place à un fantôme à la tête voyageuse, le Hatbox Ghost. Cet exemplaire disparaît mais un autre fait son apparition ailleurs, sur les mers, à bord du Disney Treasure dans le tout premier bar thémé sur l'attraction, Haunted Mansion Parlor dès décembre 2024 !
Dans la Séance Room, pièce où les protagonistes du film vont participer à une séance de spiritisme, l’un des fauteuils autour de la table centrale a une forme évocatrice… D’un Doom Buggy ! Le siège dans lequel s'installe la médium Harriet (Tiffany Haddish) prend en effet la forme générale des véhicules qu’empruntent les visiteurs des (The) Haunted Mansion à travers le monde (Mystic Manor excepté). D’apparence en rotin peint en noir, son assise haute et arrondie semblant enveloppé son occupant est un clin d’œil subtile aux Doom Buggies, mais lorsqu’un esprit malin décide d’emmener Harriet à l’extérieur de la maison, la référence devient évidente !
Ce mode de transport, dont le nom est un savant jeu de mots faisant référence au « Dune Buggy », ces véhicules tout terrain capable de rouler sur des dunes ou la plage, est basé sur le principe de l’Omnimover créé par les Imagineers dans les années 60. Bien que The Haunted Mansion était envisagée à l’origine comme un parcours à pied, la technologie de l’Omnimover développée par Bob Gurr pour l’attraction Adventure Thru Inner Space à Tomorrowland en 1967 change la donne en proposant un rendement plus conséquent et régulier. Consistant en une chaîne de véhicules en enfilade utilisant un rail commun, l’Omnimover - et dans le cas de The Haunted Mansion, les Doom Buggies - sont perpétuellement en mouvement tout en permettant aux visiteurs d'embarquer ou de débarquer en toute sécurité. Pas comme Harriet dans le film !
Dans le Vieux Sud américain, sur les terrains des plantations de Louisiane, les chênes de Virginie (Quercus virginiana), aux branchages distordus et aux multiples troncs, font partie de l'imaginaire collectif et emblématiques de cette période profondément obscure liée à un esclavagisme de grande ampleur. Généralement plantés le long de l'allée principale menant à la demeure du domaine, ces chênes sempervirents (dont le feuillage reste vert toute l’année) souvent servant de support à de la mousse espagnole (Tillandsia usneoides) sur leurs branches biscornues, comme de vieux rideaux pendus, agissent tels des gardes naturels imposants et inquiétants, donnant à l’ensemble du paysage une ambiance quelque peu lugubre. Devenus avec le temps des marqueurs d'une époque, certains pouvant être âgés de plusieurs siècles, ils apparaissent dans le premier croquis de Ken Anderson où il représente la maison abandonnée encadrée par ces chênes dont le feuillage éthéré semble lui-même possédé par des esprits tourmentés.
Au sein de l'attraction elle-même, les arbres sont représentés lors de la descente dans le cimetière où les fantômes se sont rassemblés. Lorgnant sur les Doom Buggies, ils effraient les visiteurs avec leurs visages anthropomorphes formés par les cavités et l'écorce des troncs tandis que leurs branches tordues semblent vouloir les attraper. Ces mêmes arbres endémiques de la région forment l'allée menant à la demeure de Gracey dans The Haunted Mansion et deviennent très agressifs lorsque les protagonistes du film tentent de s'échapper de la maison à grands coups de branches et de visages effrayants !
À la suite d’une séance de spiritisme où Ben demanda à Harriet de contacter sa femme défunte avant que l’esprit maléfique de la maison hantée montre toute sa puissance en dégageant manu militari de la maison hantée les différents protagonistes du film, l’enquêteur discute avec la médium sur le devenir des âmes après la mort. Celle-ci lui explique alors le concept de « Région de l’Au-Delà » (ou « Region Beyond » en anglais) en dessinant deux cercles représentant le monde des vivants et celui de l’au-delà, à l’intersection desquels se trouve la maison où les deux coexistent. Pour elle, une âme en paix ne reste pas entre les deux, mais se rend directement dans cette « Région de l’Au-Delà ». Ce terme précis n’a pas été choisi au hasard, il a en effet été popularisé par l’attraction The Haunted Mansion.
La séance de spiritisme de Madame Leota dans les versions américaines et tokyoïte de The Haunted Mansion est l’occasion pour la médium dé réciter un enchantement capable d'invoquer les esprits. Parmi ses rimes, elle introduit le concept de l’au-delà, qu’elle mentionne comme « regions beyond » (ou « régions de l’au-delà » en français) dans ces vers : « Let there be music from regions beyond! » (comprendre « Que la musique soit de régions de l’au-delà ! »). Le film reprend ainsi ce terme, cette fois au singulier, pour désigner le royaume des esprits et des revenants.
Dans son rêve cauchemardesque à la poursuite de sa bien-aimée défunte, Ben Matthias fait d’abord la rencontre des spectres du gardien du cimetière et de son chien hurlant à la mort. L'homme porte une lanterne à la faible lumière et conseille à Ben, avec un ton inquiétant, de ne pas s'aventurer plus loin... Sauf s'il souhaite aller dans l'au-delà ! Ce personnage, joué par Rick Andosca (Shazam! La Rage des Dieux, 2023), est très connu des visiteurs de l'attraction pour plusieurs raisons.
Présent à The Haunted Mansion en Californie depuis son ouverture en 1969, le gardien du cimetière, toujours accompagné de son chien amaigri, est le seul humain vivant de l'attraction ! Contrairement au film de 2023 où les deux compères sont représentés dans leur forme fantomatique, l'homme et son animal de compagnie - en chair et en os ! - rencontrent les visiteurs juste avant leur entrée dans la scène du cimetière à Anaheim mais également en Floride et à Tokyo. Apeurés par les bruits provenant du funeste lieu, ils tremblent tous les deux frénétiquement là où dans le film, étant devenus des fantômes, ils n’ont plus aucune crainte !
Le cauchemar continue pour Ben Matthias quand ils rencontrent un trio fantômes faisant de l'auto-stop et lui demandent s'ils peuvent l'accompagner dans l'au-delà, l'un des trois rajoutant : « Nous savons que tu te rendras là-bas bientôt ! ». À l'apparence menaçante, ils sont chacun distinctement reconnaissables. Le plus terrifiant de tous avec son visage déformé, se nomme Phineas. Caché sous son haut-de-forme, l'acteur Terence Rosemore (Les Gardiens de la Galaxie - Volume 3, 2023) lui prête ses traits. Le plus grand, à la figure squelettique, s'appelle Ezra et se voit interprété par l'acteur Fedor Steer, connu pour sa carrière majoritairement composée de films d'horreur (Knock Knock, 2015) et séries d'épouvante (Sleepy Hollow, 2013-2017). Enfin, le dernier et plus petit des trois, à la barbe longue et blanche, se prénomme Gus. Joué par Mike Benitez (She-Hulk : Avocate, 2023-2023), il porte un uniforme de prisonnier, indiquant qu'il a sûrement passé une partie de sa vie, jusqu'à sa mort, derrière les barreaux. Petits rôles dans ce film, ils ont acquis une certaine notoriété grâce à l’attraction où ils sont apparus la toute première fois.
Présents dans l’attraction californienne depuis son ouverture en 1969, ces drôles de fantômes auto-stoppeurs sont généralement placés à la toute fin du parcours, pour illustrer les dires de la voix narrative prétendant que des esprits peuvent suivre les visiteurs jusqu'à leur domicile. Par un jeu d’Audio-Animatronics placés sur un circuit fermé derrière un miroir sans tain, les visiteurs assis dans leurs Doombuggies ont l'impression que les fantômes se sont joints à eux ! Fort de leur popularité, ils se retrouvent également dans l'attraction floridienne où ils ont été remplacés en 2011 par leurs versions animées par ordinateur.
Ben Matthias, en plein cauchemar éveillé, se retrouve face à de nombreux fantômes dont les fameux Hitchhiking Ghosts. Faisant de l'auto-stop pour l'éternité, ils sont placés devant un corbillard blanc qui n'est pas sans rappeler un élément de décor marquant pour les fans de l'attraction.
À Anaheim en Californie, un drôle de convoi s'est arrêté dans l'allée devant l'imposante demeure hantée depuis les années 90. Cet authentique corbillard racheté par Disneyland auprès de Dale Rickards, collectionneur de Malibu, ressemble à son double cinématographique tout en portant des caractéristiques propres comme ses côtés tous pourvus de larges fenêtres. Désormais, il est sous la responsabilité de la Ghost Relations Department, comme l’indique un panneau placé à l’intérieur sur lequel il est précisé « Reservations accepted. Ghost Relations Department, Disneyland. Please do not apply in person! » (ou en français « Réservations acceptées. Ghost Relations Department, Disneyland. Ne postulez pas en personne s’il vous plaît ! »). L’attraction floridienne possède aussi son véhicule funéraire, au style différent et peint en noir, provenant du film western de 1965, Les Quatre Fils de Katie Elder, avec John Wayne.
Parmi les scènes les plus angoissantes du film de 2023, celle du grenier où Ben s’aventure à la recherche de la boule de cristal de Madame Leota figure dans le haut de la liste. L’œil du réalisateur passe alors devant trois portraits de jeunes mariés, la même heureuse élue sur chaque tableau, la fameuse mariée à la hache, tandis que les têtes des maris disparaissent peu à peu. Pour pousser la métaphore à son paroxysme, Ben perd lui-même sa tête lorsqu’il voit son reflet dans un miroir, décapité !
Cette scène d’épouvante est tirée du même effet de disparition des visages des portraits des mariés dans le grenier au sein de l’attraction The Haunted Mansion, remplis d’objets en tout genre et de décoration de mariage. Les visiteurs font même la rencontre de la mariée elle-même, Constance Hatchaway, qui ne semble pas attristée par les pertes successives de ses époux, insinuant même qu’elle pourrait en être la cause, hache à la main !
Dans l’immensité de la demeure hantée, un bruit sourd se fait entendre dans le grenier. Lorsque Ben s’y aventure et rencontre la mariée aux défunts époux, il tombe sur un coffre en bois massif contenant Madame Leota emprisonnée dans sa boule de cristal.
Bombé, il ressemble à s’y méprendre à l’un des coffres retrouvés dans la scène du grenier de l’attraction californienne, aux ferrures presque identiques et à l’aspect ancien. En plus d’une décoration de mariage prépondérante dans la pièce, l’endroit regorge d’objets mis au rebut, des souvenirs passés et autres mobiliers oubliés à l’instar de ces coffres, imposantes malles de rangement souvent placées dans les combles mansardées des grandes maisons.
Emprisonnée dans sa boule de cristal par l'esprit de la maison, Madame Leota a été placée dans un coffre scellé puis jeté au grenier. Fort heureusement, son adversaire démoniaque a pris soin d'y placer aussi à l'intérieur son livre d'incantations. Malgré l'avertissement au début de l'ouvrage décourageant les plus curieux en ces mots « Property of Madame Leota, if this does not belong to you, do not turn another page! » (ou en français « Propriété de Madame Leota, Si cela ne vous appartient pas, ne tournez pas une autre page ! »), Harriet s'empare du livre des mains de Ben pour le feuilleter en indiquant qu'il s'agit de son « rêve de petite fille ». Contenant les sorts et enchantements nécessaires aux protagonistes du film dont celui de la Séance Inversée, ce précieux grimoire est aussi visible au sein de l’attraction The Haunted Mansion.
Dans la pénombre de la séance de spiritisme officiée par Madame Leota dans The Haunted Mansion, la médium entonne des incantations en appelant aux esprits de la maison afin qu’ils se matérialisent. Ces mots, elle les puise dans son vieux grimoire, placée devant sa table. La puissante cartomancienne l’a même ouvert à la page 1313 sur le chapitre « A Spell to Bring to Your Eyes and Ears One Who is Bound in Limbo » (traduire « Un Charme pour Vous Permettre de Voir et d’Entendre Celui qui est Retenu dans les Limbes »). Dessous, l’incantation « Kree Kruh Vergo Gaba Kalto Kree » est extraite du film Le Fantôme de Barbe Noire (1968) avec Peter Ustinov où elle est utilisée pour invoquer le spectre du capitaine sanguinaire. Le grimoire fait partie intégrante de cette scène et se voit donc reproduit dans toutes les attractions (The) Haunted Mansion du monde, Phantom Manor y compris.
Considérée comme « la plus grande médium du monde » par Harriet (Tiffany Haddish), Madame Leota, interprétée par la Scream Queen Jamie Lee Curtis (Halloween, 1978, Freaky Friday : Dans la Peau de ma Mère, 2003), est une des pierres angulaires du film de 2023, fonctionnant à la fois comme lien entre le monde des vivants et la Région de l’Au-Delà et comme entité magique capable de faire face aux menaces du Hatbox Ghost. À l’histoire intensément développée pour le film, elle est avant tout un personnage central de l’attraction The Haunted Mansion dès 1969.
Visible comme une tête flottant dans sa boule de cristal dans la scène de la séance de spiritisme dans l’attraction, cette puissante voyante, capable d'invoquer les esprits par des incantations au rimes bien trouvées, provient de l'imagination de Ken Anderson, qui avait dessiné des premiers croquis de cette scène emblématique, de Marc Davis qui développa considérablement son scénario et des Imagineers Rolly Crump et Yale Gracey pour son exécution technique. Pour incarner ce personnage, une autre Imagineer, Leota Toombs, ayant travaillé sur “it’s a small world” ou encore Pirates of the Caribbean, vient en renfort pour lui prêter ses traits, tandis que sa voix spectrale est celle de l'actrice Eleanor Audley qui avait doublé Madame de Trémaine dans Cendrillon (1950) quelques années auparavant. Tour de force technologique, l’effet Leota, découvert d’abord par Ub Iwerks, co-créateur de Mickey Mouse, combine avec ingéniosité une projection en continu sur un objet inanimé semblant tout d’un coup prendre vie. Son personnage, à la popularité presque instantanée, devient un inconditionnel de l’attraction à travers le monde si bien qu’elle apparaît dans toutes ses versions avec plus ou moins de développement scénaristique. En cela, le film La Maison Hanté donne une place de choix aux médiums avec Harriet (Tiffany Haddish) et Madame Leota, sous les traits d’une actrice de légende et avec une histoire bien plus complexe. Mieux encore, les fans peuvent enfin la voir sous sa forme humaine lorsqu’elle est libérée, pour un temps, du sort dont elle était prisonnière !
Réveillée de son sommeil profond par les protagonistes du film, Madame Leota leur narre - pour trois dollars ! - ses péripéties avec Gracey et Crump qui la mena dans sa cage sphérique à travers une séquence de flashbacks où les spectateurs peuvent admirer pour la première fois la médium en chair et en os. Elle raconte alors qu’elle a enchaîné les séances de spiritisme à la demande de William Gracey afin de retrouver Eleanor, sa femme défunte. Dans l'une des scènes de son passé, elle est attablée et récite une incantation d’invocation se terminant par les termes « Rap on a table, it’s time to respond. Open a bridge to the Region Beyond! » (ou en version française « Frappez la table, c’est le moment de répondre. Ouvrez une brèche dans la Région de l’Au-Delà »). Même si ces mots sont restés lettres mortes pour Eleanor qui ne daigna y répondre, ils réussissent à attirer des centaines d’esprits, comme dans l’attraction dont ils sont extraits.
Dans The Haunted Mansion, la rencontre avec la voyante sphérique est en fait déterminante pour la suite de l’histoire puisqu’elle-seule à les pouvoirs nécessaires pour invoquer les esprits de la demeure centenaire. Pour ce faire, dans la Salle de Spiritisme, elle s’adonne à une séance en tenant ses mots : « Serpents and spiders, tail of a rat, call in the spirits, wherever they’re at. Rap on a table, it’s time to respond. Send us a message from somewhere beyond! » (traduire « Serpents et araignées, queue d’un rat, appelez les esprits, où qu’ils soient. Frappez sur une table, c’est l’heure de répondre. Envoyez-nous un message de l’au-delà ! »). Légèrement changé pour le film, ce sort d’invocation produit pourtant les mêmes conséquences. Dans l’attraction, les esprits se matérialisent dès la scène suivante dans la salle de bal comme dans le film où ils vont et viennent entre le royaume des vivants et celui de l’au-delà !
Dans sa séquence de flashbacks racontant les origines de la malédiction de la maison hantée, Madame Leota indique qu'à la demande de Gracey qui voulait retrouver sa femme défunte, elle multiplia les séances de spiritisme à raison d’une par soir, à minuit, pendant une année entière, provoquant une brèche entre le monde des vivants et le monde des fantômes, permettant à ces derniers d’aller et venir par centaines comme bon leur semble. L'une des scènes montre ainsi Gracey dans la salle à manger devant son gâteau d’anniversaire aux bougies s’éteignant comme si quelqu’un les avait soufflées. Le miroir juste à côté de lui révèle en effet que le fantôme d’une femme, placée au-dessus du gâteau avait éteint les flammes, applaudie par un public lui aussi composé de spectres. Rapide mais efficace, cette référence à un personnage de l’attraction est immanquable.
Avec son chignon et sa moue indissociable de son personnage, la dame au gâteau d’anniversaire est présente autour de la table de la salle de bal de The Haunted Mansion depuis son ouverture en 1969. Soufflant de toutes ses forces ses treize bougies, elle est placée en face du fantôme de Jules César, en bout de table. Si à Disneyland et Tokyo Disneyland, elle est un Audio-Animatronic placé directement dans la scène, au Magic Kingdom, elle apparaît et disparaît comme les autres esprits selon la technique du Pepper’s Ghost, lui donnant cet aspect éthéré. À Disneyland Paris cependant, elle est remplacée par une femme portant un toast, verre à la main. Même si elle ne porte pas de nom officiel particulier, elle est l’un des fantômes les plus iconiques de l’attraction !
L’histoire de The Haunted Mansion à New Orleans Square a toujours été intrinsèquement liée à ses habitants spirituels, Walt Disney voulant créer une sorte de maison de retraite pour les âmes en perdition. Même s’il est difficile de tous les compter et qu’une petite portion d’entre eux est connue du public, le Ghost Host indique le nombre d’âmes au compteur dès le début de l’attraction. Ils sont au total 999 « Happy Haunts » (ou « Joyeux Revenants » en français), un nombre qui inversé devient maléfique.
Le film de 2023 fait également référence à ce compte funèbre par un calcul malin : Madame Leota indique que 933 personnes ont été tuées par Alistair Crump juste avant qu’il l’enferme dans sa boule de cristal… Mais 66 morts ont suivi depuis son emprisonnement sphérique, portant le calcul à 999 très exactement ! Dans la scène finale, Crump indique « There are 999 souls that reside here! But there’s always room for one more!» (ou en français « Il y a 999 âmes qui résident ici… Mais il y a toujours de la place pour en accueillir une de plus ! ») faisant écho à une phrase similaire dans The Haunted Mansion. Ainsi, dans le film, comme dans l’attraction, une dernière âme peut tout faire basculer.
Perché sur la chaise de Harriet lors de la séance de spiritisme, un corbeau semblant empaillé se tient comme un témoin privilégié des mésaventures des personnages autour de la table ronde dans la Séance Room. Mais lorsque le professeur Davis (Danny DeVito) s'en approche, l'animal prend vie et s'envole, le personnage lâchant « J’étais le seul ici à pas savoir que c’était un vrai ? ». Cet oiseau de mauvais augure est un classique de l’attraction des Parcs Disney.
D’abord envisagé comme co-narrateur de l’histoire aux côtés du Ghost Host, le corbeau a vite été par la suite relégué comme personnage secondaire dans plusieurs scènes de l’attraction californienne, du Conservatoire à la Salle de Bal, en passant par la séance de spiritisme, tout comme dans le film, exactement dans la même position, juché sur le dossier de la chaise de Leota. Avec ses yeux rouges qui brillent dans l'obscurité de la scène de la voyante à la boule de cristal, cet être surnaturel classique de l’imaginaire collectif de l’occulte, a de quoi faire frémir les visiteurs ! Animal participant à l’ambiance générale de l’attraction, il se retrouve tout naturellement dans les autres attractions du type, comme en Floride et à Paris !
La scène de la Séance Inversée est l'occasion pour Harriet de montrer de quoi elle est capable. Pour éviter de rester coincée dans le royaume des esprits, elle explique à ses compagnons de fortune que si son absence dépasse les dix minutes, ils n'auront qu'à faire sonner une cloche, lui permettant de retrouver son chemin vers eux. Quelques moments plus tard, quand Ben est celui qui se retrouve dans l’au-delà, le son de la cloche crée une sorte de fil doré magique capable de le ramener dans son corps. Cet élément sonore est une référence quelque peu cachée à l’une des scènes capitales de l’attraction The Haunted Mansion.
Une visite dans la demeure hantée ne serait complète sans un passage par la séance de spiritisme de Madame Leota. Pour invoquer les esprits, la médium prisonnière de sa boule de cristal se lance dans une tirade ininterrompue, tel un sortilège magique, incluant notamment la phrase « Wizards and witches, wherever you dwell, give us a hint, by ringing a bell! » (ou en français « Magiciens et sorcières, où que vous demeurez, donnez-nous un signe, en faisant sonner une cloche ! »), suivi d’un son de cloche comme si l’envoûtement avait fonctionné ! Qu’elle soit un objet capable de faire revenir un esprit dans son corps tel que le film le montre ou un moyen pour les revenants de témoigner de leur présence comme dans l’attraction, la cloche est un élément indispensable d’une séance de spiritisme chez Disney !
Maître de la riche mais abandonnée demeure, William Gracey est sans aucun doute l'un des personnages les plus importants de l'histoire de The Haunted Mansion. Son obsession pour communiquer avec sa défunte femme à travers les innombrables séances de spiritisme avec la reine de l’art divinatoire, Madame Leota, a en effet attiré une quantité phénoménale d'esprits, pour la plupart bienveillants dans son manoir... Jusqu'à ce qu'un esprit malfaisant, celui d'Alistair Crump, un célèbre tueur sanguinaire, s’invite à la partie ! Sans Gracey, interprété par J.R. Adduci (The Suicide Squad, 2021), le film n’aurait pas eu la même histoire. Si ce personnage n’a pas véritablement d’équivalent dans l’attraction, son nom, lui au contraire, évoque celui d’un Imagineer au talent sans limites : Yale Gracey.
Né à Shanghai en Chine, Yale Gracey, fils d’un consul américain, rejoint les Walt Disney Studios en 1939 pour travailler en tant que graphiste sur le Classique d'animation Pinocchio puis sur Fantasia. Son bureau rempli de gadgets et autres expériences en tous genres attire l'attention de Walt Disney qui, impressionné par le génie de l'artiste, l'intègre à WED Enterprises pour concevoir des attractions pour son Disneyland Park. Il y devient alors le maître de l'illusion par excellence et permet de créer des effets visuels impressionnants de réalisme et pourtant simple d'exécution. L’Imagineer à l’imagination débordante développe ses plus incroyables tours de magie pour l'attraction The Haunted Mansion, réutilisant notamment des techniques de prestidigitation du XIXe siècle remis au goût du jour, comme le principe de Pepper's Ghost pour les fantômes de la salle de bal. Sa contribution en tant que maître d'œuvre d'idées loufoques sur papier rendues réelles grâce à sa virtuosité a largement participé à la renommée de l'attraction à travers le monde. Hommage non dissimulé, le dernier propriétaire de la maison hantée en Floride est, comme dans le film, nommé Master Gracey ! Une pierre tombale dans les jardins de Haunted Mansion en Floride lui est également dédié et affiche les mots « Master Gracey / Laid to rest / No mourning please at his request / Farewell » (comprendre « Maître Gracey / Enterré / Pas de deuil à sa demande s’il vous plaît / Adieu »). Dans l’attraction, comme dans le film, Gracey est un élément essentiel pour l’histoire de The Haunted Mansion.
Détail de taille et présent dans de nombreuses scènes, en arrière-plan, une tapisserie d’un violet sombre aux motifs excentriques noirs n’est pas sans rappeler le célèbre papier peint des (The) Haunted Mansion dont il s'inspire librement. Dans le film de 2023, elle tapisse notamment les scènes du Couloir Sans Fin, lorsque Ben est en projection astrale. Iconique, le papier peint est à attribuer majoritairement à l’Imagineer Tania McKnight Norris. Née en Écosse, elle est engagée à WED Enterprises (anciennement Walt Disney Imagineering) en 1964 en tant que conceptrice d’intérieur et devient responsable de la plupart du design global de New Orleans Square. Mais son travail le plus célèbre sera tout autre…
Alors désespérément à la recherche d’une tapisserie pour certaines scènes de The Haunted Mansion dans des magazines d’aménagement d’intérieur, Norris se tourne vers des croquis de Rolly Crump pour son Museum of the Weird. Elle décide d’en intégrer certains, dont des visages de monstres, sur un fond violet sombre : la légende du célèbre papier peint de The Haunted Mansion était née ! Ce n’est que des années plus tard que Norris se rend compte de la renommée de sa création, véritable icône indémodable d’une attraction d’exception.
Pendant la séance de spiritisme dans la Séance Room où Ben Matthias pénètre dans le royaume des fantômes, l’enquêteur paranormal, voulant suivre le spectre de Gracey, ouvre une porte et entend une voix soprano s’essayant au chant de l’opéra italien. En s’aventurant dans un long couloir, il croise l’interprète fantôme, une cantatrice en armure de gladiatrice, casque sur la tête et bouclier au bras droit.
Venant de l'attraction californienne, la cantatrice fantôme fait partie d'un duo de spectres artistes poussant la chansonnette dans la scène du cimetière. Si peu d'informations sont connues sur l'artiste masculin (absent du film) doublé dans l'attraction par William F. Reeve, chanteur partenaire de Frank Sinatra notamment, la castafiore, dont la voix est nulle autre que celle de la soprano colorature Loulie Jean Norman (notamment célèbre pour avoir interprété les notes du générique d'ouverture de la série originale Star Trek), affiche en revanche une histoire un peu plus développée. Répondant au prénom d'Harriet, elle a en effet droit à une pierre tombale dans la file d'attente de The Haunted Mansion en Floride. Hommage à l'Imagineer Harriet Burns, elle aurait, selon l'épitaphe, eu du mal à tenir la note !
Dans leur recherche sur les horrifiques mésaventures liées à la demeure de Gracey, les protagonistes du film, en feuilletant des coupures d'anciens journaux, tombent sur un article intitulé « Orleans Parish Tragedy: Brothers Die in Duel » (ou en français « Tragédie dans la Paroisse d'Orleans: Des Frères Meurent dans un Duel »). Il raconte l'histoire de ces deux frères, Etienne Lalaurie et Antoine Germaine (orthographié avec une erreur typographique « Antione » dans le sous-titre de l'article) qui se sont donnés la mort dans un duel mortifère pour l'amour d'une même femme, Miss Lindsay Good, fille du Révérend Good. Dans le couloir, ils possèdent aussi chacun leur portrait, doigt sur la gâchette. Plus tard, dans la séquence de la séance de spiritisme, Ben Matthias se retrouve au cœur du duel et, pris pour cible, se fait tirer dessus ! Le duo fratricide, joué par les acteurs et cascadeurs Chad Crumley (Black Panther, 2018, Les Gardiens de la Galaxie - Volume 3, 2023) et Sébastien Soudais (Mourir Peut Attendre, 2020), est directement inspiré des mêmes personnages de l'attraction The Haunted Mansion.
Imaginés par l’artiste Marc Davis, les Duellistes sont présents dans les itérations américaines et nippone de l'attraction voire française dans une certaine mesure. Leurs tableaux sont placés dans la salle de bal de The Haunted Mansion en Californie, en Floride et au Japon, tandis que leurs fantômes, s'animant devant leurs représentations figés s'adonnent au duel qui a mené à leur mort, ad vitam eternam. La version parisienne, placée dans le couloir menant au quai d'embarquement, propose depuis la réhabilitation de 2019 une revisite de la scène. Cette fois, l'un des duellistes, en la personne d'Henry Ravenswood, dernier propriétaire de Phantom Manor et terrible criminel sans foi ni loi, se retourne avant son adversaire pour lui tirer une balle dans le dos !
Si un musicien n’est rien sans son instrument, il ne peut pas en être plus vrai de l’organiste Victor Guest et son monumental orgue placé dans le grand hall ! Composé de onze tuyaux métalliques dont la bouche expulse des têtes de fantômes pour chaque note jouée, l’instrument à vent porte sur sa façade le sceau du dernier maître des lieux, Gracey, sous la forme d’une décoration en métal ciselé arborant la lettre « G ». Avec ses deux chandeliers de part et d’autre de la console et son pupitre en forme de chauve-souris aux ailes déployées, il s’intègre sans difficulté dans l'atmosphère démodée et sépulcrale de la pièce. Cette version cinématographique s’avère être, à quelques détails près, une copie assez fidèle de son inspiration initiale qui se niche dans l’attraction californienne.
Sur une idée originale de Rolly Crump pour son Museum of the Weird et des croquis préparatoires de Ken Anderson, l’orgue aux accents démoniaques de part sa grandeur, ses chandeliers et son pupitre chauve-souris, est une pièce-maîtresse du grand hall. Pour Disneyland Park en Californie, sa présence est liée au film 20 000 Lieues Sous les Mers car il s’agit du véritable orgue du Capitaine Nemo comme vu dans la production de 1954. Pour les autres versions de The Haunted Mansion à travers le monde, Phantom Manor y compris, elles sont en réalité des copies de l’orgue original californien. Toutes accompagnées d’un organiste fantôme, les orgues émettent aussi de petits fantômes savamment disposés comme s’ils étaient expulsés des bouches des tuyaux, éclairés par le bas pour juste les entrevoir un court instant avant qu’ils ne disparaissent dans l’obscurité. Enfin, la musique d’orgue entendue durant toute l’aventure, incluant les notes de Grim Grinning Ghosts, se compose également d’enregistrements de l’organiste américain Gaylord Carter joué à l’envers pour leur donner une touche de surnaturel. La scène du grand hall utilise des morceaux joués par l’organiste William Sabransky qui s’adonna à des moments d’improvisations pour accentuer le ton mystérieux des lieux.
Croisé initialement dans le film de 2023 pendant la première nuit passée par les protagonistes dans la demeure de Gracey, Victor Guest, l’organiste fantôme joué par Charles Black (The Patriot : Le Chemin de la Liberté, 2000, Selma, 2014), crève véritablement l’écran au moment de la scène de la séance inversée quand Ben se rend en direction de la salle de bal. Là, confortablement assis sur son banc devant son imposant orgue, le musicien à la longue traîne, enchaîne les notes lugubres sur son clavier. Accoudée à l’instrument, Lady Blue, une chanteuse de jazz interprétée par Ashley John (La Vie Magnifique de Charlie, 2017), lui demande s’il peut jouer quelque chose de plus léger, mais l’artiste rétorque, en parlant de son maître « Il ne veut entendre que ça. ». Ce personnage énigmatique est l'un des fantômes les plus emblématiques de la scène de la salle de bal de l’attraction.
Parmi les fantômes de l’une des scènes les plus iconiques de The Haunted Mansion, le grand hall, l’organiste, nommé Herr Victor Geist depuis 2016, est celui qui joue le rôle primordial de compositeur de l’atmosphère musicale sinistre de la pièce en jouant de son impressionnant orgue. Sa création remonte à l’origine-même de l’attraction quand celle-ci fut envisagée comme un parcours à pieds nommé le Museum of the Weird. Ainsi, dans l’épisode Disneyland 10th Anniversary de l’émission Walt Disney’s Wonderful World of Color diffusé en 1965, le fantôme de l’organiste est le tout premier fantôme présenté à la première ambassadrice de Disneyland Park Julie Casaletto - et au monde entier ! - par Walt Disney. L’idée est alors reprise par l’Imagineer Marc Davis qui crée le fantôme sculpté par Blaine Gibson puis l'installe dès 1969 dans le Grand Hall de The Haunted Mansion en Californie. Si sa musique peut être entendue par les visiteurs de toutes les versions de l’attraction dans le monde dès leur entrée dans le foyer où ses notes lugubres d’un orgue lointain donnent le ton, il se matérialise devant eux dans le grand hall où tous les fantômes dansent au rythme de sa version macabre de Grim Grinning Ghosts, une mélodie composée à l’origine par Buddy Baker, sur des paroles de X Atencio. À bien des égards, l’organiste est un hommage poignant à ces artistes dont la musique résonne en chacun pour l’éternité.
Dans la scène de la séance inversée, Ben surprend les fantômes dans la salle à manger et salle de bal où spectres et esprits semblent attendre leur maître. L'un des revenants, suspendu au lustre avec sa canne, répond à la chanteuse de jazz qui demande à l'organiste de jouer quelque chose de plus léger et dit « Continue de boire, ce sera plus léger ! » avant de s'engloutir un verre de vin dans le gosier. Joué par l’acteur John Curran (The Patriot : Le Chemin de la Liberté, 2000, Captain America : Civil War, 2016), le fantôme ivre nommé Pickwick est un inconditionnel de l’attraction.
Présent depuis 1969 dans The Haunted Mansion en Californie, Pickwick est l'un des seuls esprits, avec Madame Leota, à être doté d'un patronyme officiel qui apparaît dans les documentations de Walt Disney Imagineering. Son nom, Pickwick, aurait au moins deux origines possibles. Soit il fait référence au personnage de Dickens dans son ouvrage Les Aventures de Pickwick dont il partage quelques caractéristiques, soit il s'agit d'un clin d'œil des Imagineers à une salle de réception nommée Pickwick Gardens à Burbank à côté de laquelle ils passaient pour se rendre dans leurs bureaux à Glendale. Personnification de la bonhomie et de la bonne humeur, ce fantôme épicurien présent dans toutes les versions de l'attraction prouve que même mort, il faut savoir profiter de la vie !
Située sur la droite en entrant dans la demeure de Gracey, la salle à manger, longue et bénéficiant d’une hauteur sous plafond conséquente, est constituée d’une interminable table en son milieu, d’immenses et hautes baies vitrées ou encore d’un orgue antique. Mais c’est assurément dans la scène de la séance inversée qu’elle prend véritablement vie, quand Ben surprend les fantômes la peuplant, l’un jouant des notes macabres à l’orgue, les autres préparant la table pour l’arrivée du maître. Enfin, la séquence finale où tous les fantômes sont rassemblés pour danser sur des notes joyeuses de Grim Grinning Ghosts donne une atmosphère plus festive à la scène la plus connue de l’attraction The Haunted Mansion.
Le Grand Hall, aussi appelé salle de bal, est présent dans toutes les versions de l’attraction et toujours placé après la séance de spiritisme avec Madame Leota. Les visiteurs dans leurs doom Buggies sont témoins des résultats du sort lancé précédemment par la puissante médium et assistent depuis le premier étage à une funeste - mais étonnamment animée ! - célébration avec une multitude de fantômes dansant et se déplaçant au rythme de la mélodie de Grim Grinning Ghosts. Quand certains tournoient sur la piste de danse, d’autres autour de la table célèbrent un anniversaire (dans The Haunted Mansion en Californie, en Floride et à Tokyo) ou un mariage (dans Phantom Manor à Paris). Pour créer des fantômes à l’allure spectrale, l’Imagineer Yale Gracey, qui n’était jamais à court d’idées, a utilisé une ancienne illusion de théâtre qu’il avait découverte dans le magazine The Boy Mechanic en 1913, appelée le « Pepper’s Ghost » (ou « Fantôme de Pepper » en français) du nom de son créateur, John Henry Pepper. Le tour de passe-passe se compose de deux niveaux et d’une vitre sur laquelle se reflètent les personnages (ici des fantômes), placés sous l’assistance et éclairés de manière alternative. Depuis 1969, ce simple effet d’optique époustoufle les visiteurs qui se retrouvent presque face à face avec des fantômes plus vivants que jamais !
Dans la scène de la séance inversée, lorsque le Hatbox Ghost va enfin rencontrer le protagoniste principal de l’histoire, Ben Matthias, un gros plan montre le bonnet, ou partie haute, d’une horloge comtoise peu accueillante. Avec son aspect de monstre, son cadran à 13 heures, ses yeux rouges et ses aiguilles tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, elle est une réplique presque identique de celle retrouvée dans l’attraction.
Inspiré plus ou moins d’un design de Rolly Crump pour son Museum of the Weird qu'il présente à Walt Disney et Julie Casaletto dans l’épisode Disneyland 10th Anniversary de l’émission Walt Disney’s Wonderful World of Color, l’horloge de grand-père à l’apparence démoniaque se retrouve dans les scènes du Corridor of Doors des (The) Haunted Mansion. Chaque version de l’attraction propose une variante de l’objet mais seule celle du Magic Kingdom possède véritablement treize heures à son cadran. Mais surtout, la différence majeure avec son pendant cinématographique est la présence d'une lumière rouge formant ses yeux, l’horloge des attractions quant à elle brille généralement… de vert !
L’arrivée terrifiante du Hatbox Ghost dans la scène de spiritisme crée un vent de panique parmi les fantômes pris au piège de leur geôlier spectral. Certains se cachent alors dans le mobilier ou dans les pièces de la demeure mais un fantôme choisit de se dissimuler dans… une bougie ! Il s’agit là d’un clin d’œil subtil au Candle Man (ou « Homme Bougie » en français), un objet humanoïde, à l’origine imaginée par l’Imagineer Rolly Crump.
Lors des débuts de la conception de l’attraction, Roland Fargo Crump, Imagineer Disney, a créé toute une collection d’objets excentriques et bizarres censés faire partie de Museum of the Weird, l’une des premières versions de The Haunted Mansion. Aperçu pour l’une des toutes premières fois dans l’épisode Disneyland 10th Anniversary de l’émission Walt Disney’s Wonderful World of Color sur le bureau de Rolly Crump, le Candle Man est fait de cire dégoulinante de bougies allumées, l’amas formant une figure aux contours humains. Pour honorer la mort de Rolly Crump en 2023, la figurine a été rajoutée dans la scène du grenier dans les attractions californienne et floridienne.
Dans la bibliothèque, au-dessus de la cheminée, un tableau représentant une femme allongée sur un divan, habille le mur avec élégance. Mais lors de la scène de projection astrale de Ben, le Hatbox Ghost passe devant le tableau et à la lumière émanant de la boîte à chapeau, apparait pendant un court instant le vrai visage du portrait : elle se transforme subrepticement en tigre blanc ! Cette peinture changeante est évidemment une référence au tableau identique retrouvé dans les (The) Haunted Mansion.
Intitulé la « Werecat Lady » (comprendre la « Femme tigre-garou »), cette toile à attribuer à l’Imagineer Marc Davis, est aussi ancienne que l’attraction originale qui ouvra en 1969 à Disneyland et se trouve dans le couloir à la sortie de la Stretching Room. À l’époque, elle est l’un des portraits se métamorphosant sous l’effet de la lumière et dans ce cas précis, la femme se transforme en lycanthrope en un éclair. Elle devient un classique de l’attraction et se retrouve dupliquée au Magic Kingdom et au Parc Disneyland, où elle disparaît après la rénovation de 2019.
Fantôme entouré de mystère, et à l’origine d’une légende dans l’attraction californienne, le Hatbox Ghost (comprendre en français le « Fantôme à la Boîte à Chapeau ») devient l’antagoniste principal terrifiant du film de 2023 sous les traits de Jared Leto (Suicide Squad, 2016, Morbius, 2022) qui lui donne alors toute sa profondeur accompagné d’une histoire totalement inédite. L'idée originale de ce fantôme pas comme les autres remonte en effet aux années 60 où un certain Imagineer du nom de Yale Gracey, maître dans l'art de la magie au sein des attractions Disney, donne la vie à un esprit fantomatique portant une boîte à chapeau et à la silhouette angoissante. Petite subtilité, le revenant a le pouvoir de faire disparaître son visage et le faire réapparaître dans sa boîte à chapeau ! Faisant partie des joyeux esprits qui ont pris possession des lieux dès l'ouverture le 9 août 1969, placé judicieusement après la scène du grenier, il n'y reste pour autant que quelques semaines tout au plus, son effet de disparition et réapparition de son crâne n'étant pas assez convaincant pour Walt Disney Imagineering.
Mais voilà, une fois que le fantôme aperçu par une poignée seulement de visiteurs se volatilisa, la légende qui l'entoure, elle, n'a fait que s'amplifier au cours des années. Était-ce une hallucination collective ? A-t-il vraiment existé ? Presque cinquante ans plus tard, et un mythe bien installé dans le cœur des fans, le fantôme au haut-de-forme réapparaît, au même endroit, le 9 mai 2015 pour fêter le demi-siècle de Disneyland Park, lors de la Diamond Celebration. Remportant un succès fou, malgré sa disparition pendant des décennies, son arrivée au Magic Kingdom est annoncée lors de la D23 Expo 2022 et se matérialise enfin à côté du Couloir Sans Fin de The Haunted Mansion en Floride à la fin novembre 2023. Brillant par son absence et enveloppé dans une légende qui trouve son origine dans un défaut technique, le revenant à la lourde cape et à la frêle canne n’a pourtant aucune histoire particulière définie. Mais grâce à Katie Dippold (SOS Fantômes, 2016), la scénariste du film Le Manoir Hanté, son histoire est significativement étendue et son véritable nom, dévoilé : Alistair Crump est né.
Meurtrier sanguinaire aux innombrables victimes enterrées dans les fondations de la gothique demeure de Crump Manor, Alistair Crump (interprété par Jared Leto dans le film de 2023) est une création originale du film s'inspirant du nom d'un fameux Imagineer aux liens forts avec l'attraction, Roland Frago dit « Rolly » Crump. Né le 27 février 1930, Roland Crump - surnommé Rolly par Walt Disney qui avait dû mal à retenir et prononcer son prénom - entre aux Walt Disney Studios en tant qu'intervalliste sur Peter Pan (1953) et d’autres Classiques Disney puis rejoint les rangs de WED Enterprises en 1959 pour travailler sur des attractions-phares comme l’Enchanted Tiki Room mais aussi certaines de la Foire Internationale de New York de 1964-1965, notamment en concevant l'emblème signature de l'attraction "it's a small world" la Tower of the Four Winds. Il planche également sur une attraction de maison hantée et propose en idée préliminaire un Museum of the Weird, un parcours à pieds où œuvres bizarroïdes côtoient l’occulte, mais se voit abandonné au profit du concept de The Haunted Mansion qui ouvre en 1969. Dans les années 70, il use de son talent pour créer des designs originaux pour Magic Kingdom en Floride et sur le spectacle itinérant Disney on Parade. Sa contribution dans le monde du divertissement dépasse les limites de The Walt Disney Company lorsqu'il travaille pour d'autres entreprises mais revient très vite chez Mickey et aide au développement d'EPCOT en devenant notamment chef de projet pour le pavillon The Land.
Il fonde ensuite sa propre entreprise en 1983, Mariposa Design Group puis retourne dans les rangs de Disney pour y finir sa carrière en 1996. Pour rendre hommage à son talent immense et à sa carrière riche de créations mémorables, il est intronisé Disney Legend en 2004. Il décède en mars 2023, peu avant la sortie du film The Haunted Mansion dont il partage son nom avec l’antagoniste principal, se révélant être le Hatbox Ghost. Mais attention, il faut tout de même préciser qu’il ne partage avec le charismatique fantôme tourmenteur du film que le patronyme ! Même s'il peut sembler étrange de prêter le nom d'un illustre Imagineer à un personnage totalement à ses antipodes, Alistair Crump n'en reste pas moins un personnage principal fort, dont le nom rend hommage à un maître incontesté de la création d'univers uniques aux seins des Parcs Disney et ayant laissé une marque indélébile dans le monde du divertissement. Il n’est d’ailleurs pas le seul Imagineer à avoir sa place dans l’histoire du film The Haunted Mansion.
Revenus du commissariat, Ben Matthias et Bruce ont pu identifier la véritable identité du Hatbox Ghost, Alistair Crump. Dans une séquence animée où l'historien revient sur les faits marquants de la vie de Crump, parmi les coupures de presse et les croquis au crayon montrant ses penchants occultes, une tête de diable apparaît subrepticement. Avec ses cornes et son visage machiavélique, il rappelle un autre visage bien caché des versions américaines et nippone de l’attraction mais cette fois en dehors des murs de la demeure hantée.
Pour retrouver ce visage menaçant, à la crinière décoiffée et aux cornes pointues, il faut en effet se rendre à l'entrée des (The) Haunted Mansion de Californie et de Floride et dans la file d’attente de la version de Tokyo, au niveau des plaques indiquant le nom de l'attraction. Sur la partie haute de l'ovale, se trouve un visage diabolique aux épais sourcils et à la chevelure ébouriffée qui, avec sa bouche grande ouverte, semble crier. Si elle peut faire penser à une personnification du diable, cette tête est avant tout inspirée de concepts préliminaires où le Ghost Host, matérialisé par un buste dans le foyer, se serait transformé peu à peu en être démoniaque, comme la plaque en fait la représentation. À la place, il a été décidé que ce fantôme serait seulement présent par la voix, ce visage satanique pouvant donc être considéré comme l'une de ses rares représentations physiques.
À la révélation de la véritable identité de l’entité funèbre qui hante les lieux du manoir, Ben Matthias s’empresse de quitter la maison afin de rejoindre Crump Manor. Mais le Hatbox Ghost en décide autrement et piège l’enquêteur ainsi que le petit Travis dans la petite salle de séjour, en continuité avec la bibliothèque. Cette pièce, dont les entrées disparaissent soudainement, semble s’étirer et s’agrandir, une partie du sol se transforme en sable mouvant et une autre en marais aux crocodiles. Classique parmi les classiques, cette scène aux nombreux éléments identiques, est un hommage non dissimulé au pré-show de l’attraction.
À Disneyland en Californie, The Haunted Mansion est construite de manière à ce que la façade se trouve dans le périmètre du Parc tandis que la majorité de l’attraction se situe en dehors de la butte entourant le Royaume Magique. Afin de permettre aux visiteurs de se rendre dans leurs Doom Buggies, un moyen ingénieux a dû être trouvé pour leur faire traverser cette frontière physique. Les Imagineers ont donc l’idée de créer une pièce sans porte, ni fenêtre qui semble s’étirer à l’infini mais en réalité, les visiteurs se trouvent dans un véritable ascenseur destiné à leur faire emprunter par la suite un couloir vers la salle d’embarquement ! Ingénieux et iconique, ce pré-show a été reproduit dans toutes les autres versions de l’attraction avec quelques subtilités. Par exemple, en Floride, à cause d’une haute nappe phréatique, la pièce ne « descend » pas véritablement mais s’étire vers le haut. Cette première expérience avec le Ghost Host immerge ainsi les visiteurs qui s’empressent de se diriger vers leurs Doom Buggies pour partir à la découverte d’un manoir aux mille et un mystères !
Piégés dans la salle de séjour aux murs et aux tableaux s’étirant à l’infini, Ben Matthias et Travis assistent aux révélations des différents portraits des personnages qui, non seulement se révèlent bien moins joyeux qu’ils n’y paraissent, mais aussi prennent vie pour le meilleur et pour le pire. Chaque portrait va alors aider le duo à s’échapper de ce piège mortel. La ballerine au parapluie (voix de Helene Henry) qui s’avère être en réalité en équilibre sur un fil, au-dessus d’un alligator la bouche grande ouverte attendant le mauvais pas, leur indique de s'agripper aux gargouilles. Dans une autre peinture, l’aristocrate barbu (interprété par Kamran Shaikh), document à la main, qui est soudainement en sous-vêtement debout sur un baril de dynamite à la mèche allumée, leur donne un indice sur une possible sortie par le plafond tandis qu’une vieille dame (doublée par Kay Galvin) assise sur une pierre qui s’avère être la tombe de son mari George leur suggère de suivre ce conseil s’ils ne veulent pas rencontrer la même fin funeste que son défunt compagnon. Le quatrième portrait, celui d’un homme les bras croisés (joué par Joseph Miller) qui se révèle être sur les épaules d’un autre gentleman (sous les traits de Ian Covell) qui est lui-même en équilibre sur un autre individu s’enfonçant tous dans des sables mouvants, reste muet. Certains éléments des tableaux deviennent réels comme le sable mouvant, la dynamite et même un crocodile surgissant d’une eau saumâtre ! Ces portraits sont des créations directement inspirés de l’attraction.
Afin de rendre le pré-show de The Haunted Mansion encore plus divertissant mais aussi sinistre, quatre portraits ont en effet été créés par l’Imagineer Marc Davis. Tous de prime abord accueillants et engageants, ils se révèlent, au fur et à mesure, de l’extension de la pièce - et des tableaux - plus funestes qu’au premier coup d’œil. Ils comportent ainsi tous un twist terrifiant mais comique comme la jeune fille qui manque de se faire manger par un alligator, l’homme en équilibre sur d’autres pour se sauver de sables mouvants, la vieille femme souriante assise sur la tombe de son mari George le représentant avec une hache plantée sur la tête ou encore l’aristocrate culotté debout sur un tonneau de dynamite prêt à exploser. Si toutes les versions de l’attraction présentent des variantes de ces portraits, le réalisateur Justin Simien s’est bien attaché à copier à l’identique les portraits de The Haunted Mansion en Californie.
Dans cette pièce octogonale utilisée initialement comme pièce de séjour puis transformée en geôle par le Hatbox Ghost dans cette scène prenant au piège Ben et Travis, la lumière tamisée est apportée grâce à des chandelles allumées tenues par des gargouilles à l’allure démoniaque. Au nombre de huit, les griffes fichées dans les moulures en bois, elles complètent le look suranné et sordide des lieux tout en hissant les deux compères au plafond de la pièce afin de s’échapper du piège qui se referme sur eux. Au visage terrifiant, ces gargouilles sont des classiques de l’attraction.
Ces créatures diaboliques sont évidemment visibles dans les Stretching Rooms des attractions (The) Haunted Mansion et Phantom Manor. Avec leur apparence angoissante et leur visage aux yeux globuleux, elles participent à l’ambiance oppressante du pré-show. Aussi au nombre de huit, elles portent les bougies qui éclairent à peine la pièce puis qui s’éteignent au même moment qu’un éclair frappe les environs. Si dans l’attraction, elles ne peuvent se déplacer en hauteur comme dans le film, elles s’éloignent tout de même des visiteurs au fur et à mesure que la pièce s’étire. En Floride, il est même possible de les entendre murmurer et ricaner à la toute fin du discours du Ghost Host, comme pour se réjouir du sort qui attend ces invités malchanceux !
Suspendus aux gargouilles de la salle de séjour, Ben Matthias et Travis n’ont à première vue aucun moyen de sortir de ce piège tendu par le Hatbox Ghost. Cependant, l’un des portraits, celui de l’aristocrate sur son baril de poudre prêt à exploser à tout moment, leur tend ces mots : « Il faudrait peut-être regarder attentivement le plafond ». Ni une, ni deux, Ben utilise sa lampe torche en direction de celui-ci et découvre une porte - ou plutôt une fenêtre de sortie - dans la charpente qui se révèle alors sous leurs yeux. Une fois le faux plafond passé, ils arrivent à s’extirper de cet enfer, pour sortir de la coupole de la maison, sur le toit. Cette révélation, dans un moment aussi angoissant que celui-ci, est un écho à des premières scènes de l’attraction.
Dans The Haunted Mansion, les visiteurs sont en effet accueillis par le Ghost Host qui leur fait alors remarquer que cette pièce ne contient « ni portes, ni fenêtres… Ce qui pose un problème… Pour trouver la sortie ! ». L’hôte à la voix d’outre-tombe leur propose alors sa façon à lui de s’échapper : la mort ! La pièce, alors plongée dans une obscurité totale, s’illumine par le haut à la faveur d’un éclair qui révèle alors que le plafond n’en était pas un et qu’une charpente s’y cachait derrière, faisant apparaître par la même occasion ce fameux hôte des ténèbres qui s'est pendu ! S’ensuit un coup de tonnerre assourdissant et un rire démoniaque, mais des portes s’ouvrent enfin vers la suite de l’attraction. Pour réaliser cet effet d’optique, les Imagineers utilisent un voile particulier, comme une gaze qui, selon l’éclairage, permet de révéler ou non ce qu’il cache. Le même procédé est adopté dans toutes les Stretching Rooms des (The) Haunted Mansion du monde entier.
Alors que l'esprit le plus fort de la demeure de Gracey monte en puissance et tente d'arrêter les protagonistes de l'histoire, Davis, au cœur fragile, fait une attaque cardiaque qui le met à terre. Entre la vie et la mort, Harriet et Gabbie s'efforçant de ranimer l’extravagant professeur, Davis hallucine - ou pas ! - et voit la porte devant lui se gonfler et dégonfler, comme si elle respirait ! Derrière se cache le Hatbox Ghost qui passe la porte « vivante » et s’empare du professeur en le possédant.
Cet effet de porte à l’inspiration et l’expiration singulières n’est pas sans rappeler l’une d’entre elles aux mouvements similaires dans le Couloir des Portes dans l’attraction The Haunted Mansion. Les Imagineers ont repris le même principe vu dans le film La Maison du Diable de 1963. Ce film d’épouvante hollywoodien en noir et blanc recèle de références du genre, dont un mobilier qui s’anime comme cette porte semblant respirer. Selon l’histoire, il semblerait que des esprits ont la capacité d’appliquer une force physique contre un objet, poussant celui-ci à se déformer.
Classé monument historique et transformé en chambre d’hôtes, Crump Manor est, à l’image de son propriétaire, un lieu froid et glaçant. Si le manoir de Gracey est une élégante demeure style antebellum Greek Revival d’un blanc écarlate, le manoir d’Alistair Crump, hérité de son père Adison Crump, aux pierres sombres semble en effet plus austère au premier abord. Mais son style néocolonial néerlandais et son allure générale, n’ont pas été choisis au hasard, Crump Manor étant une copie parfaite du manoir retrouvé à Liberty Square au Magic Kingdom, recopié ensuite à Fantasyland de Tokyo Disneyland.
Lors de la conception de The Haunted Mansion à Disneyland, la plupart des scènes, accessoires et objets ont été produits en doubles exemplaires pour remplir la deuxième attraction du genre qui ouvrira en 1971 au Magic Kingdom. Mais là où la version floridienne va se distinguer de sa consœur californienne, en plus d’être plus longue de quelques scènes, c’est avant tout dans son apparence extérieure. Cette fois, la demeure ne se situe point dans New Orleans Square mais dans un Land idéalisant l’époque coloniale américaine, nommé Liberty Square. L’idée vient alors de s’inspirer des vieux manoirs en pierres de la basse vallée de l’Hudson à New York, choisis pour leur architecture néerlandaise à l’esthétique gothique et leur aspect lugubre, parfait pour y vivre une expérience paranormale ! Avec ses murs de briques rouges, sa tour hexagonale centrale imposante et ses grossières pierres d’angles, le manoir, tirant aussi son inspiration de The Harry Packer Mansion en Pennsylvanie ou de la résidence de Joel Rathbone à New York, a été reproduit à l’identique à Tokyo Disneyland (mais cette fois à Fantasyland).
Transformée en chambre d’hôtes, l’austère demeure d’Alistair Crump accueille aussi des visiteurs pour des tours guidés. Animés par Vic, joué par Dan Levy (Ma Belle-Famille, Noël et Moi, 2020), et Pat, incarnée par Winona Ryder (Beetlejuice, 1988, Edward aux Mains d’Argent, 1990), ces visites d’une durée de trois heures dans toutes les pièces de Crump Manor sont une ode à une idée originale lors de la conception de l’attraction The Haunted Mansion.
Avant de devenir une attraction à bord d’Omnimovers traversant pièce après pièce d’un manoir aux 999 fantômes, The Haunted Mansion avait d’abord été imaginé comme un parcours à pied, accompagné d’un guide racontant les mille et un mystères des lieux. Pour agrémenter la visite, l’Imagineer Ken Anderson imagine des scripts aussi originaux que terrifiants. L’un d’entre eux, La Légende du Capitaine Gore, conte l’histoire de Priscilla qui, après avoir découvert que son mari est en réalité un pirate sanguinaire, se fait assassiner par celui-ci puis revient le hanter pour le pousser au suicide. Un autre nommé Bloodmere Manor s’intéresse au triste destin de la famille Bloodmere dont la fille a vécu une terrible tragédie le jour de son mariage. Tous les ans, les esprits réitéreraient l’évènement pour conjurer le sort, sans vraiment jamais y arriver. Mais à Walt Disney Imagineering aucune création n’est jamais perdue car si l’idée d’une visite guidée ne fut finalement pas retenue, beaucoup d’éléments ont été malgré tout réutilisés dans le concept final de The Haunted Mansion à Disneyland Park.
Au cours de leur visite à Crump Manor afin de retrouver un objet ayant appartenu à Alistair Crump nécessaire au sort de bannissement, Ben, Travis et Père Kent arrivent à communiquer avec le fantôme du capitaine qui les a suivis jusqu’ici. Il les guide alors vers une cheminée entourée de poteaux de guidage et des chaînes permettant de délimiter les espaces interdits au public. Sur chacun de ces poteaux se trouve une figure bien reconnaissable des fans de l’attraction : une créature dorée semblable à une chauve-souris, les ailes grandes ouvertes ! Petit clin d’œil facile à rater à un élément de décor mineur de l’attraction, il est pourtant légion dans l’attraction.
En effet, les visiteurs, en sortant du pré-show de The Haunted Mansion à Orlando et à Tokyo mais aussi dans Phantom Manor à Paris, font face à un long couloir menant au quai d’embarquement, délimité de chaque côté par des piquets, chacun portant sa chauve-souris démoniaque, aux ailes ouvertes tenant des chaînes métalliques pour guider les invités au bon endroit. En Californie, ils ont été placés dans le Couloir des Portraits pour empêcher quiconque de s’approcher des fenêtres. S’ils ont tous la même forme dans la plupart des versions de l’attraction, la version floridienne possède trois variantes de la chauve-souris, soit avec une des ailes ouvertes ou les deux déployées. Petits détails auxquels beaucoup ne prêtent pas forcément attention, ces éléments de décor servent avant tout de guide de file d’attente, séparant également visiteurs peu attentionnés des objets précieux de la demeure hantée, tout en participant à l’ambiance générale des lieux.
Dans les fondations de Crump Manor, se cache un terrible secret : toutes les victimes de Crump, le désormais Hatbox Ghost, y ont été enterrées, sur les lieux-mêmes de leur meurtre ! Pis encore, dans son esprit sadique et tourmenteur, le bourreau au haut-de-forme leur a assigné à chacun une pierre tombale à l’humour noir bien assumé. Les épitaphes donnent des indices sur leur mort comme celle disant « Too much she said and now is dead » (en français « Trop parlé elle a et maintenant morte elle est ») ou une autre indiquant « A butler who’d often blunder - Can now enjoy six feet under » (« Un majordome qui était maladroit - Peut maintenant en profiter six pieds sous terre » en français) quand d’autres s’avèrent beaucoup moins inspirées mais tout aussi hilarantes comme « Got sick » (comprendre « Est tombé malade ») ou « Unloved » (traduit en « mal aimé »). D’ailleurs, personne n’est à l’abri du tempérament meurtrier de Crump, animaux y compris, comme en témoigne une autre épitaphe, probablement d’un chien, déclarant « Barked too loud so now this basset hound barks underground » (littéralement « A aboyé trop fort donc maintenant ce basset aboie sous terre »), montrant à quel point le futur Hatbox Ghost est impitoyable et insensible.
Ces stèles mortuaires aux épitaphes déroutantes est évidemment une référence claire à celles abondant les files d’attente et les jardins des attractions en Californie, en Floride, et même dans le cimetière de Boot Hill à Disneyland Paris. Au début en petit nombre, seulement huit à Disneyland (Anaheim) et une douzaine en Floride, de nombreuses autres ont été rajoutées au fil des années, souvent pour honorer des Imagineers, comme celle de Madame Leota, rendant hommage à l'artiste Leota Toombs et clamant « Dear sweet Leota, beloved by all. In regions beyond now, but having a ball. » (en français « Très chère Leota, aimée par tous. Dans l’au-delà maintenant, mais qui s’amuse. »). D’autres permettent de renforcer la trame de l’histoire étoffant l’univers de l’attraction à l’instar des stèles des époux Ravenswood de Phantom Manor donnant avec précisions les dates de naissance et de mort (Martha Ravenswood, 1802-1860 et Henry Ravenswood, 1795-1860) et où l’épitaphe indique « Quarreled and fought as man and wife, now silent together beyond this life » (comprendre « Se sont querellés et disputés comme mari et femme, dorénavant muets ensemble au-delà de cette vie »). Éléments de décor uniques, ces pierres tombales, autant hommages aux forces créatrices de The Haunted Mansion que détails s’ajoutant à la légende des lieux, sont le parfait équilibre d’humour noir, dans la lignée directe de l’âme de l’attraction.
Dans l’acte final, le prêtre Kent, joué par Owen Wilson doit faire face à une ribambelle de fantômes semblant venir des quatre coins du monde. Ainsi, parmi eux se trouvent, non seulement la mariée à la hache, mais aussi un chevalier et son bourreau, une reine égyptienne et même une impératrice chinoise. Si ces personnages ont l’air à première vue de n’avoir aucun point en commun mis à part le fait qu’ils hantent la même demeure, il constitue pourtant une référence flagrante à la variante hongkongaise de l’attraction, Mystic Manor, dans laquelle ne se trouve pourtant aucun fantôme. Lorsque les Imagineers ont eu l’idée d’adapter le concept de The Haunted Mansion au parc Hong Kong Disneyland, ils sont en effet conscients qu’une reproduction des attractions existantes ne serait pas pertinente pour le public local, la culture traditionnelle chinoise n’ayant pas ou peu de mention d’esprits ou de vie après la mort.
Ils décident alors de concevoir une expérience profondément différente, racontant l’histoire d’un collectionneur d’artefacts, Lord Mystic et de son singe de compagnie, Albert, qui libère la magie d’une boîte à musique aux pouvoirs surnaturels. Depuis son ouverture en 2013 à Mystic Point, les visiteurs qui pénètrent dans Mystic Manor suivent donc les aventures d’Albert et du maître des lieux, en passant par différentes pièces de la demeure victorienne, dont la Salle d’Antiquités Méditerranéennes, la Salle des Arts Mongoles mais aussi la Salle des Antiquités Égyptiennes et enfin le Salon Chinois, toutes représentées respectivement dans le film par les fantômes de César, de chevaliers asiatiques, de la reine d’Égypte, et enfin de l’impératrice chinoise !
Parti à la recherche de Travis, Ben demande de l'aide à Gracey qui surgit d'une trappe dans le sol du couloir sans fin en rajoutant « Suis-moi ! Avec les royaumes qui se mélangent, on peut trouver un chemin plus rapide ! ». Mais quand Ben passe sa tête par l’ouverture au plancher, il découvre un enchevêtrement d'escaliers et de portes complètement dénué de logique. Cette scène fait référence à une pièce unique dans l'histoire des (The) Haunted Mansion.
Inédite à The Haunted Mansion en Floride et uniquement présente dans cette version de l'attraction juste après la salle de musique, la scène des Escaliers Sans Fin où des pas apparaissent et disparaissent sur des marches à l’envers placées au-dessus des Doom Buggies, ne date pas de l'ouverture de la demeure hantée en 1971 mais s'avère être plutôt un ajout lors d'une rénovation en 2007, dans un espace à l'origine occupé par d'immenses toiles d'araignées. Elle n'est pourtant pas une idée nouvelle puisque les Imagineers ont puisé leur inspiration dans des dessins préliminaires de Ken Anderson qui lui-même a été influencé par l'œuvre de l'artiste néerlandais Maurits Cornelis Escher nommée Relativité et de l'architecture invraisemblable de la Maison Winchester en Californie. Une fois encore, les Imagineers prouvent que les idées ne meurent jamais à Walt Disney Imagineering !
Parmi le groupe de fantômes poursuivant le Père Kent, entre chevaliers du Moyen-Âge, mariée sanguinaire et esprits de l’Égypte Antique, se cache un autre représentant d’une époque révolue, en la personne de Jules César. Affublé de sa toge rouge, de sa cuirasse métallique et de sa couronne de laurier, l’empereur romain semble avoir lui aussi élu domicile dans une demeure louisianaise, loin de ses terres italiennes. En réalité, sa présence est une référence à l’attraction et à un calembour des Imagineers.
Dans la grande salle de réception de The Haunted Mansion en Californie, de nombreux esprits de personnes connues ou inconnues se retrouvent autour de la même table, dont celui du célèbre Jules César ! Apparaissant et disparaissant par la technique du Pepper’s Ghost et grâce à l'ingéniosité de l’Imagineer Yale Gracey, le dignitaire romain est facilement reconnaissable de part ses attributs classiques retrouvés dans d’autres de ses représentations, comme son nez aquilin, son habit de sénateur romain et surtout sa couronne de feuilles de laurier. Les Imagineers ont voulu ici faire une référence humoristique à l’expression « Great Caesar’s Ghost! » popularisée dans les années 40 et 50 par les comics de Superman. En effet, l’un des personnages, Perry White l’utilise alors souvent à la place de « Bon Dieu ! », les auteurs faisant face à une époque puritaine où la religion préconisait l’utilisation du nom de « Dieu » avec parcimonie. L’Imagineer Marc Davis se serait même inspiré du design du fantôme de César qui apparaît dans l’un des comics de DC pour en faire l’esprit qui réside entre les murs de The Haunted Mansion !
Dans le dénouement du film, Alistair Crump lance son armée de fantômes pour écarter les protagonistes de son chemin. Ces esprits tourmentés, de toutes origines et de toutes époques, s'en prennent alors au Père Kent qui tente une diversion pour gagner du temps. Parmi eux, deux fantômes, un bourreau joué par Tracy Goode (Power of the Air, 2018) et son instrument mortifère accompagné de sa victime sans tête interprétée par Bryan McClure (Still, 2018), ne sont pas anodins. Ils constituent un clin d'œil à un duo de revenants de l'attraction.
Fantômes exclusifs aux attractions (The) Haunted Mansion en Californie, en Floride et à Tokyo, ce duo que seul la mort peut rapprocher se retrouve souvent dans la scène du cimetière où le bourreau chante sur l'air de Grim Grinning Ghosts pendant que sa victime, un chevalier tête à la main, essaie de tenir la note. Ce dernier, habillé de son armure médiévale, est basé sur un concept de l'Imagineer Marc Davis et parle avec un accent germanique. Cependant, une scène coupée du film de 2023 mettant en lumières les deux compères montre le chevalier sans tête avec un accent britannique !
Poursuivi par les fantômes de la maison, le Père Kent s'arrête et décide de leur faire un discours pour les convaincre de changer de camp. Mais dans l'assemblée, un fantôme momie, joué par Javier Lopez (Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2, 2017) donne des haut-le-cœur au faux représentant de l'église qui lui demande alors de se retourner le temps qu'il finisse son laïus. Cet esprit à l'allure repoussante est un clin d'œil à un des revenants de The Haunted Mansion.
Présent depuis 1969 dans la scène du cimetière de The Haunted Mansion en Californie, le fantôme d'une momie égyptienne, tasse de thé à la main et confortablement assis dans son sarcophage, tente de tenir une conversation avec un vieil homme sourd tout en murmurant les paroles de Grim Grinning Ghosts. Ce gag savoureux, bien que pas si évident à entrevoir dans la cacophonie funèbre, fait partie des nombreuses saynètes créées par l’Imagineer Marc Davis et son humour détonant. L'artiste a voulu ici faire une référence historique à ces « unwrapping party » (ou « soirée de déballage ») célèbres en Angleterre à l'époque victorienne où les invités se retrouvaient pour désenrubanner une véritable momie. Guidées par une curiosité scientifique doublée d'une égyptomanie exacerbée, ces soirées dynamisent le mouvement du spiritualisme, précepte philosophique affirmant la supériorité de l'âme sur le corps. Dans The Haunted Mansion, le vieil homme, certainement adepte de ces soirées victoriennes, devenu alors fantôme, a enfin pu rencontrer l'esprit d'une momie mais étant devenu sourd, il ne peut converser avec le royal revenant, lui aussi gêné par ses bandages !
Les esprits hantant la demeure abandonnée au fin fond de la Nouvelle-Orléans ne sont pas seulement d’origine humaine. Parmi eux se trouvent en effet d’autres types de revenants, dont des animaux. D'abord mentionné par la médium Harriet qui a dû faire face à un esprit de taille sous la forme d’un équidé dans sa chambre, le cheval fantôme qu’elle chevauche lors du dénouement du film de 2023 est une autre référence à l’attraction.
Si aucun cheval revenant n’est visible dans The Haunted Mansion, c’est parce que l’animal est en réalité invisible et se trouve devant les demeures hantées en Floride et en Californie ! Le fantôme de l’animal est en fait suggéré par la présence d’un corbillard garé devant le manoir et des marques de fer à cheval au sol. Pour faire croire à l’existence de l’animal, l’Imagineer Tony Baxter - en s’inspirant d’un jouet représentant un chien invisible au bout d’une laisse - eut l’idée de suspendre dans les airs l’équipement du cheval, rênes, sangles ou encore collier, comme s’il tirait le véhicule funéraire. Simple mais efficace !
Dans la scène du dénouement final, où le démoniaque Alistair Crump tente de convaincre Ben Matthias de le rejoindre pour revoir sa compagne défunte, la médium Harriet, accompagnée de l’élégante et énigmatique Leota, exécute un sort de bannissement voué à se débarrasser du détestable Hatbox Ghost : « Quand les gonds grincent dans des chambres sans portes / Où l’air est d’une sérénité mortelle / Ces âmes ne seront pas déplacées / Qu’elles retournent vers leur ultime demeure ! ». En basculant sur la version originale, les deux premiers vers (« When hinges creak in doorless chambers / Where the air is deathly still ») semblent familiers pour les aficionados de l’attraction. Ils sont en réalité inspirés des tous premiers mots entendus par les visiteurs en entrant dans l’attraction.
Dès leur entrée dans la demeure hantée, les visiteurs sont en effet accueillis dans le foyer par le Ghost Host et sa voix d’outre-tombe qui tient un discours pas des plus rassurants : « When hinges creak in doorless chambers / And strange and frightening sounds echo through the halls / Whenever candlelights flicker when the air is deathly still / That is the time when ghosts are present / Practicing their terror with ghoulish delight » (ou traduit en français « Quand les gonds grincent dans des chambres sans porte / Et d’étranges et terrifiants bruits résonnent dans les couloirs / Chaque fois que les lueurs des chandelles vacillent quand l’air est mortellement calme / C’est le moment où les fantômes sont présents / Exerçant leur terreur d’un délice macabre »). Une fois ces mots énoncés, les visiteurs sont invités à « traîner leurs corps » dans la galerie des portraits pour la suite de la visite. Glaçants et mystérieux, cette introduction est à la hauteur de l’expérience paranormale qui les attend !
À la toute fin du film, lorsque les protagonistes s'apprêtent à fêter Halloween, des citrouilles sculptées et posées sur un tapis de pailles sur le porche de l’entrée de la maison, font écho à des figures familières, connues des murs de l’attraction à travers le monde.
Les cucurbitacées représentent ainsi les motifs de la célèbre tapisserie, composés de formes ressemblant à des visages ou simplement des yeux clignotants dans la pénombre du Corridor of Doors à Disneyland en Californie et au Magic Kingdom en Floride. À Phantom Manor de Disneyland Paris, ces motifs se retrouvent sur une large portion des murs du manoir ! Inspiré par des designs du Museum of the Weird de Rolly Crump, l'Imagineer Tania McNight Morris, avec l'aide de Claude Coats, a créé un papier peint instantanément reconnaissable et à la renommée qui traverse les décennies !
La scène finale est un déluge de joie et de bonne humeur macabre où morts et vivants célèbrent la fin de leurs tourments. L’esprit maléfique de la maison a été vaincu, place à la danse maintenant ! Dans le Grand Hall, les protagonistes du film, tous autour de la table, fêtent en musique leur victoire pendant que les fantômes se prêtent à toutes les chorégraphies sur la piste de danse. Une troupe de danseuses de french-cancan semble tout droit sortie d’un saloon tandis que d’autres virevoltent dans les airs dans une valse éternelle. Ces fantômes sont un dernier clin d’œil à l’attraction.
Dans The Haunted Mansion, la scène du Grand Hall est la toute première rencontrée après que Madame Leota a invoqué les esprits. Là, ils s’adonnent à toutes les extravagances, dansant et célébrant en musique. Sur la piste de danse, des fantômes tournent sans cesse, valsant à l’infini. Apparaissant grâce à la technique de théâtre du Pepper’s Ghost, ils ont donné du fil à retordre pour les Imagineers. Chaque couple d’Audio-Animatronics, composé d’un homme et d’une femme, tourne en effet de manière à de que l’homme dirige la valse. Mais une fois vu grâce au reflet du Pepper’s Ghost, ils donnaient l’impression que les femmes menaient la danse ! Une fois corrigés, ces fantômes virevoltent éternellement sur les notes de Grim Grinning Ghosts. Les danseuses de french cancan en revanche peuvent être vues comme un hommage à celle vues dans la scène de la ville de western fantôme à la toute fin de l’attraction Phantom Manor à Paris.
Lors de la visite de Crump Manor, Vic, joué par Dan Levy (Bienvenue à Schitt's Creek, 2015-2020), l’un des deux guides excentriques de la demeure transformée en chambre d’hôtes, accueille les visiteurs en les invitant à participer à une enquête grandeur nature à la recherche de la tête perdue de l’ancien maître des lieux, Alistair Crump. Soudain, le guide touristique joue un air bien connu des fans Disney à travers le monde : il s’agit du thème de l’attraction “it’s a small world” !
Écrit par les frères Sherman, auteurs de grands airs et musique de films comme Merlin l’Enchanteur (1963) ou Mary Poppins (1964), ils réussissent, en quelques notes entêtantes, à encapsuler toutes les valeurs d’unité et de fraternité de l’attraction “it’s a small world”, destinée à la Foire Internationale de New York de 1964-1965. Pour autant, même s’ils ont travaillé sur d’autres compositions musicales d’attractions à l’instar de The Tiki, Tiki, Tiki Room pour The Enchanted Tiki Room en 1963 ou There’s a Great Big Beautiful Tomorrow pour le Carousel of Progress en 1964, ils ne sont pas responsables de la partition inquiétante et rythmée de The Haunted Mansion, les Imagineers X Atencio et Buddy Baker étant les auteurs de celle-ci et de son célèbre Grim Grinning Ghosts. Il n'empêche, voilà un bel hommage à une autre attraction à la renommée identique à The Haunted Mansion et à la musique aussi captivante. Une chose est sûre : même à la lueur des chandelles vacillantes d’une demeure aux joyeux revenants, que le monde est petit…