Bartholomée
Date de création : Le 02 juillet 1986 Nom Original : Batholomew Créateur(s) : Glen Keane Shawn Keller |
Apparition : Cinéma Voix Originale(s) : Barrie Ingham Voix Française(s) : Vincent Grass |
Le portrait
En 1986, les studios Disney sortent Basil, Détective Privé, l’adaptation animée de Basil de Baker Street d’Eve Titus et Paul Galdone. Si l’ouvrage est devenu, dès sa publication en 1958, un classique de la littérature plébiscité par nombre d’enfants aux États-Unis et dans le monde, les scénaristes ont néanmoins pris soin de présenter un à un chacun des personnages. Pour mieux cerner la personnalité du grand méchant, le Professeur Ratigan, ils introduisent alors dans l’histoire un nouveau protagoniste, Bartholomée, alcoolique patenté froidement assassiné par son patron.
Bartholomée entre dans l’histoire à la quinzième minute. Alors que dans le repaire de Ratigan, tout le monde se réjouit d’avance du coup d’État qui se prépare, celui-ci est pour sa part fort malheureux. Sa chopine est vide... Il ne reste même plus une goutte de cette précieuse bière qu’il adore tant.
Levant néanmoins son verre en l’honneur de son maître, Bartholomée n’a pas le temps de dessaouler que déjà, le vin coule à flot. Retrouvant le sourire, il observe Ratigan déverser une bouteille d'un succulent champagne dans une fontaine. Extase ! La queue frétillante, Bartholomée se précipite. Abandonnant sa chope, il se remplit directement le gosier en se penchant en-dessous de l’un des jets. Il est bientôt bousculé par Ratigan qui danse à sa future gloire. L’ivrogne tombe directement dans le bassin. Pris de hoquet, il savoure sa baignade alcoolisée. Lorsque Ratigan évoque ses échecs imputés à Basil, Bartholomée, l’alcool aidant, verse une petite larme avant de retourner à son vin et de basculer de nouveau dans la fontaine.
Les réjouissances sont toutefois de courte durée. Complètement ivre, Bartholomée est incapable de contrôler ses gestes et ses mots. Cherchant à participer lui aussi à la chanson de ses compagnons, il prononce la phrase de trop... « Tu es le rat le plus scélérat », s’exclame-t-il, le sourire jusqu’aux oreilles. Ratigan, quant à lui, manque de s’étouffer. Tout le monde est choqué. Un silence de mort envahit la pièce.
Toujours pris de hoquet, Bartholomée sourit bêtement sans prendre conscience qu’il vient d’offusquer son patron. Ratigan déteste en effet qu’on le qualifie de rat. Ses acolytes tentent bien de lui venir en aide, mais par ses simples mots, Bartholomée vient de fixer son destin.
Jeté dehors manu-militari par Ratigan, l’ivrogne continue de sourire benoîtement. Sobre, il aurait compris la suite des événements. Mais totalement submergé par l’alcool, il ne perçoit pas le danger. Il ne voit pas Ratigan sortir une clochette de sa poche. Il ne voit pas le regard désespéré de ses compagnons. Continuant de chanter, il ne voit pas Félicia, l’énorme chatte, qui arrive derrière lui, le soulève du sol et le gobe. Quatre minutes après son apparition, Bartholomée tire sa révérence pour toujours...
Lorsqu’ils se lancent dans la production de Basil, Détective Privé au milieu des années 1980, les artistes de Disney ont la consigne stricte de concevoir un film peu onéreux afin de garantir aux studios, alors en plein marasme, un retour sur investissement rapide. La réalisation, dès lors, se doit d’être efficace. Il s’agit donc de présenter les personnages fissa afin de lancer rapidement le public dans le vif du sujet. Basil est ainsi montré en train de résoudre une énième énigme à l’aide de déguisements, d’expériences scientifiques et d’un esprit de déduction à toute épreuve. Le docteur Dawson apparaît comme un personnage désireux d’aider la veuve et l’orphelin. Olivia et Hiram Flaversham sont, quant à eux, présentés comme une fillette inséparable de son cher et tendre papa. Afin de dévoiler clairement le caractère criminel de Ratigan, les scénaristes de Disney décident de ne pas y aller par quatre chemins et de mettre en scène un meurtre, celui de Bartholomée, personnage absent du livre original et spécialement créé pour l’occasion.
Bartholomée apparaît donc sous les traits d’un ivrogne imbibé d’alcool. Coiffé d’un vieux haut-de-forme déformé par l’âge, il est vêtu d’un pull trop grand pour lui dont la couleur, pourpre, rappelle son penchant pour le vin. Son nez, plus rose que celui de ses comparses, est une autre preuve de son alcoolisme prononcé. Absolument truculent, Bartholomée est un beau personnage comique dont les actes sont propices à de nombreux éclats de rire. Mais dans le même temps, le pauvre inscrit également son nom à la liste de ces acolytes et autres sbires Disney froidement assassinés afin de dévoiler la cruauté de leur maître, à l’image des Cartes peintres dans Alice au Pays des Merveilles, du pirate chantant dans Peter Pan et d’Helga Sinclair dans Atlantide, l’Empire Perdu.
N’apparaissant que dans une seule et unique scène, et pas des moindres, Bartholomée est animé par Glen Keane et Shawn Keller.
Né le 13 avril 1954, Keane passe sur les bancs du California Institute of the Arts (CalArts) avant d’être initialement engagé par Filmation. Débutant chez Disney en 1974, il participe à la production des (Les) Aventures de Bernard et Bianca et travaille alors sous l’égide d’Eric Larson, de Frank Thomas, d’Ollie Johnston, de John Lounsbery, de Wolfgang Reitherman et de Milt Kahl, les derniers pionniers qui partent tous progressivement à la retraite. Il collabore ensuite à l’animation de Peter et Elliott le Dragon, Rox et Rouky, Le Noël de Mickey, Taram et le Chaudron Magique et Oliver & Compagnie et devient l’un des piliers des studios en donnant vie à Sykes, Ariel, Marahute, la Bête, Aladdin, Tarzan, puis à John Silver dans La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Créateur du style de Raiponce, il quitte Disney et réalise Duet, Nephtali et Dear Basketball qui lui vaut de remporter l’Oscar du Meilleur court-métrage d’animation en 2018. En 2020, il dirige le long-métrage Voyage vers la Lune distribué sur Netflix. À noter que dans Basil, Détective Privé, Glen Keane est également le superviseur de l’animation du Professeur Ratigan.
Également en charge d’animer Miss Kitty, Shawn Keller est engagé par les studios Disney au début des années 1980 après avoir travaillé un temps sur Brisby et le Secret de NIMH auprès de Don Bluth. L’artiste participe à la production de Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Oliver & Compagnie et La Petite Sirène. Après un retour chez Don Bluth qui l’associe à la création de Poucelina, il revient chez Disney et œuvre sur Le Bossu de Notre-Dame, Mulan, Tarzan, Atlantide, l’Empire Perdu, La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers et La Ferme se Rebelle. Il anime alors en particulier les personnages des filles du roi Triton, de Flotsam et Jetsam, de Quasimodo, de Petit Frère, de Cookie et Preston Whitmore, de Jim Hawkins et de Jack la Chance.
En version originale, Bartholomée est interprété par Barrie Ingham. Né le 10 février 1932 à Halifax, au Royaume-Uni, l’acteur débute au théâtre dans la Library Theatre Company de Manchester puis au sein de la Royal Shakespeare Company et du Royal National Theatre. À l’affiche de dizaines de pièces et de comédies musicales montées à Londres et à Broadway telles que Copperfield, Gypsi: A Musical Fable avec Angela Lansbury, Camelot et Jekyll & Hyde, Ingham joue dans des dizaines de séries télévisées parmi lesquelles McFarlane’s Way, ITV Television Playhouse, The Victorians, Aunt Veronica, The Caesars et Hine dans laquelle il campe le rôle principal du marchand d’armes Joe Hine. Décédé le 23 janvier 2015 à Palm Beach Gardens, en Floride, Barrie Ingham prête surtout sa voix à Basil, le héros de Basil, Détective Privé.
En France, le rôle est tenu par Vincent Grass. Né le 9 janvier 1949 à Bruxelles, en Belgique, le comédien est notamment apparu au cinéma dans Le Fou du Roi, Uranus, Le Roi Danse, Palais Royal !, Le Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian et J’accuse. Voix française de Timothy Spall, d’Hugo Weaving dans la saga Matrix et de John Rhys-Davies dans Le Seigneur des Anneaux, il double, entre autres, des personnages comme Flotsam et Jetsam, Jumba Jookiba et Jeb.
Selon le célèbre adage, « il faut toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ». Bartholomée aurait peut-être même dû la tourner huit fois !