Le Monde de Narnia - Chapitre 2
Le Prince Caspian
Le synopsis
A l'appel du Prince Caspian, dont la propre vie est menacée par son oncle Miraz qui entend l'éliminer pour voir son fils nouveau-né monter sur le trône, Lucy, Edmund, Susan et Peter sont de retour dans le monde magique de Narnia. Mais si, pour eux, une seule petite année les sépare de leur première visite, plus de mille ans se sont écoulés dans le royaume. L'Age d'Or n'est y désormais plus qu'un lointain souvenir qui n'apparait qu'au travers d'un folklore perpétué chez les Telmarins, une race d'humains dirigés par le maléfique roi Miraz. Les animaux parlants et les créatures mythiques ont, en effet, totalement disparu, tout comme Aslan, le puissant lion.
Les quatre enfants prennent vite conscience de la gravité de la situation. Le Prince Caspian, le gentil Nain rouge, la courageuse souris parlante Ripitchip, et le Nain noir aigri et revêche Nikabrik, ne seront pas de trop pour les aider à sauver Narnia de la tyrannie de Miraz et lui rendre sa gloire d'antan...
La critique
Le Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian est la seconde adaptation cinématographique de la saga de Clive Staple Lewis. Bien plus sombre et plus subtile dans sa gestion des personnages et des situations, elle réussit là où le premier opus avait échoué lamentablement tout en donnant, par la même occasion, un nouvel intérêt au roman dont elle est tirée.
Ecrivain et universitaire irlandais, Clive Staples Lewis, né à Belfast le 29 novembre 1898, s'éteint à Oxford le 22 novembre 1963. Il tire sa renommée professionnelle de ses travaux de littérature médiévale et de ses ouvrages de critique littéraire ou d'apologie du christianisme. Le grand public, lui, le consacre pour sa saga Le Monde de Narnia. Proche de J. R. R. Tolkien, l'auteur du Seigneur des anneaux, aux côtés duquel il enseigne à la faculté de littérature anglaise de l'université d'Oxford et adhère au cercle littéraire des Inklings, il se convertit au christianisme, devenant, selon ses propres termes, «un très ordinaire laïc de l'Église d'Angleterre». Sa quête religieuse marque profondément sa vie et son œuvre. Il assure ainsi des chroniques radiophoniques sur le christianisme au cours de la Seconde Guerre Mondiale et rédige parallèlement des ouvrages apologétiques. Ses livres pour enfants, dont les sept romans de la saga du Monde de Narnia (Le Lion, La Sorcière Blanche et L'Armoire Magique, Le Prince Caspian, L'Odyssée du Passeur d'Aurore, Le Fauteuil d'Argent, Le Cheval et son Cavalier, Le Neveu du Magicien et La Dernière Bataille) n'échappent pas à sa Foi. Profondément emprunt d'idéologie religieuse, Le Prince Caspian voit d'ailleurs sa connotation chrétienne encore plus appuyée que le premier opus. L'overdose n'est pas loin tant les allusions à la vie du Christ sont légions. Le style du livre est, en revanche, dans la lignée du précédent : simple et enfantin. L'histoire, assez creuse et peu développée, n'est d'ailleurs pas en capacité d'offrir aux lecteurs adultes autre chose que de grands moments de lassitude devant un monde décidément bien chiche en magie et intérêts.
Le film, Le Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian, reste parfaitement fidèle au livre, tout en lui offrant une consistance dont il est dépourvu à l'origine. Pour cela, il évite les pièges de l'apologie et sert les allusions au christianisme de façon mesurée. Le spectateur lambda, peu féru de théologie, ne se sent ainsi pas pris au piège d'une démarche qu'il rejette. L'angélisme atténué, le propos s'en trouve habilement noirci et l'ambiance assombrie. Alors que le premier opus, Le Monde de Narnia - Chapitre 1 : Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique livrait une histoire creuse, mise en image à grands renforts d'artifices grossiers, Le Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian, propose, lui, une analyse psychologique des principaux personnages particulièrement étoffée. Leurs échecs respectifs leurs permettent, il est vrai, d'apprendre et de grandir, pour vivre finalement, avec le spectateur, un voyage initiatique bluffant de qualités. Les scènes de batailles sont d'ailleurs impressionnantes en violence et en intensité. Ce deuxième volet comporte à l'évidence, dans son parti-pris épique, l'élément qui manque cruellement à son prédécesseur. Le Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian, réussit donc à être captivant, sombre et subtil tout au long de son récit, même s'il se trouve planté, ici ou là, par quelques notes d'humour peu finaudes.
Le casting,
pour sa part, est fidèle au film précédent, Le Monde de Narnia - Chapitre 1 : Le
Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique.
Edmund Pevensie est ainsi toujours interprété par Skandar Keynes. Beaucoup moins
présent, il joue presque un rôle de figuration et revêt curieusement un
côté d'enfant sage dont il était dénué jusque là.
Susan Pevensie, interprétée par Anna Popplewell, est au contraire, elle, sous
les projecteurs. Son rôle, moins potiche que dans
le volet précédent, lui offre de vrais cas de conscience. Aux affres de ses
premiers émois amoureux, succèdent des scènes de combats particulièrement
trépidantes. Le personnage aurait cependant gagné à être porté par une actrice
d'un autre charisme, qui, pour le coup, est aux abonnés absents.
Sa sœur dans le film, Lucie Pevensie, jouée par Georgie Henley, s'en sort
d'ailleurs beaucoup mieux. Alors qu'elle apparait somme toute peu dans l'opus,
elle marque l'histoire toute entière de sa présence, aucune de ses interventions
ne laissant à désirer. La fratrie a visiblement trouvé sa perle.
Le frère ainé, Peter Pevensie, tenu par William Moseley, voit également son aura
se développer. Bien plus rebelle que dans l'épisode précédent, il gagne en
psychologie et profondeur. Sans atteindre encore le niveau qu'exige ce genre de
production, le jeune acteur fait visiblement des progrès dans son jeu et
constitue une vraie bonne surprise.
Pour autant, la révélation du film n'est pas à chercher dans la fratrie mais
dans un de ses acolytes. Le Prince Caspian,
magnifiquement interprété par Ben Barnes, apparait en effet tout en subtilité, à la fois
humble et royal. Le charisme de l'acteur rayonne dès l'ouverture du film dans
une superbe scène
qui rend compte à merveille de la complexité de sa relation avec son oncle, le Roi Miraz.
Ce dernier, autre bonne surprise du casting, endossé par Sergio Castellitto
constitue un méchant de service idéal.
Véritable ordure, il donne, par son incroyable noirceur, du relief au
film. Ses intentions sont aussi claires que ses desseins sont sombres. Le personnage, impressionnant
de présence, est sanguinaire, ambitieux et sans pitié. Parfaitement défini, il
fait des merveilles et fait passer la Sorcière Blanche du premier opus pour une
douce ingénue. Cette dernière, toujours jouée par Tilda Swinton, revient
d'ailleurs dans une scène anthologique dont la qualité est de loin supérieure à
toutes celles qu'elle livre dans
Le Monde de Narnia - Chapitre 1 : Le
Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique.
Les effets spéciaux du (Le) Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian participent également à la réussite du film. Bien plus aboutis que dans le précédent épisode, ils gagnent en crédibilité. Les animaux parlant n'apparaissent plus pour de simples audio-animatronics de Disneyland tandis que les autres créatures impressionnent par leur richesse et diversité.
La musique, quant à elle, épique à souhait, sert à merveille les scènes de luttes et de batailles dont le nombre et la durée sont sans commune mesure avec le chapitre premier.
Le Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian, plutôt bien accueilli par la Critique américaine, est quasi unanimement considéré meilleur que son prédécesseur. Pourtant, le film ne parvient pas à créer l'évènement et reste peu attendu. Son mauvais démarrage se transforme bien vite en un résultat au box-office décevant, plaçant même son score final derrière l'épisode 1. Pire, son échec remet en cause toute la saga ; Disney se désengage en effet et abandonne, fin 2008, la production du (Le) Monde de Narnia - Chapitre 3 : L'Odyssée du Passeur d'Aurore, au profit de la Fox.
Au delà de ses résultats commerciaux, Le Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le Prince Caspian reste une vraie réussite : un film épique et captivant !