L'Aconcagua
Date de création : Le 06 février 1943 Nom Original : Aconcagua Créateur(s) : Art Riley Dick Anthony |
Apparition : Cinéma BD |
Le portrait
En 1943, les studios Disney traversent la frontière avec Saludos Amigos. Sixième long-métrage animé de la compagnie de Mickey, le film propose alors aux spectateurs de découvrir l’Amérique Latine au travers de quatre séquences parmi lesquelles figure l’histoire de Pedro, un petit avion postal chargé de rapporter le courrier en affrontant maints dangers parmi lesquels l’imposant Aconcagua.
Situé à l’ouest de l’Argentine, à treize kilomètres seulement de la frontière chilienne, l’Aconcagua est le plus haut sommet du continent américain. Parmi les montagnes les plus hautes du monde, il culmine à une altitude de 6 962 mètres, ce qui lui vaut le surnom de « Colosse de l’Amérique ». Partie intégrante de la cordillère des Andes, l’origine de son nom demeure encore incertaine. Le sommet tiendrait ainsi peut-être son nom d’une hispanisation des mots quechuas « aqu », qui signifie « sable », et « k’awa », le diadème porté par les souverains incas. D’autres sources indiquent quant à elles une racine provenant des mots « akon » et « kahuak » qui peuvent être traduits par « sentinelle de pierre ». D’autres chercheurs mentionnent les termes « kon » et « kawa » issus de la langue aymara et qui veulent dire « mont enneigé ».
Localisé dans la province de Mendoza, l’Aconcagua est la plus haute montagne en dehors de l’Asie. Il est entouré par la Valle de los Horcones à l’ouest et la Valle de las Vacas à l’est, et alimente grâce à ses glaciers les cours d’eau voisins, notamment la rivière Los Horcones et le Rio de las Vacas. Particulièrement isolé, l’Aconcagua est le fruit des mouvements tectoniques et de la subduction de la plaque de Nazca sous la plaque sud-américaine. Son climat est particulièrement sec et aride du fait de la rareté des précipitations et de la force des vents.
Vénéré à l’époque des Incas, l’Aconcagua est exploré pour la première fois en 1817 par le général argentin José de San Martín, lancé dans une traversée des Andes centrales afin de libérer le Chili de l’occupation espagnole. En 1883, l’Allemand Paul Güssfeldt tente l’ascension. Parvenu à 6 560 mètres, il est cependant contraint d’abandonner à cause du mauvais temps. Quatorze ans plus tard, en 1897, le Suisse Matthias Zurbriggen est le premier à atteindre le sommet. En 1940, la Française Adrienne Bance est la première femme à réaliser à son tour l’exploit. Mariée à l’alpiniste allemand Juan Jorge Link, elle meurt quatre ans plus tard lors d’une nouvelle montée...
« Il était une fois, près de Santiago du Chili, un petit aéroport où vivaient trois avions ». Régulièrement, le papa avion transporte le courrier entre le Chili et l’Argentine... Jusqu’au jour où il est cloué au sol à cause d’un méchant rhume dans le cylindre de tête. C’est alors à Pedro, son fils, de prendre le relais. Encore enfant, le petit zinc connaît très bien la route entre Santiago et Mendoza qu’il a apprise par cœur à l’école. Il sait donc quels risques il encourt au moment de passer auprès de l’Aconcagua, le plus haut sommet d’Amérique. Quelques secondes avant le décollage, son papa, inquiet pour lui, ne manque pas de le mettre une fois encore en garde. « Et ne t’approche pas de l’Aconcagua », ordonne-t-il entre deux éternuements. Écoutant religieusement son père, Pedro se met en piste. Si le décollage est loin d’être facile, le petit avion savoure son premier vol en direction de Mendoza. Enjoué, il slalome gentiment quand soudain, il se retrouve face au terrifiant Aconcagua. Caché dans un nuage, Pedro essaye de faire bonne figure et continue sa route.
Arrivé à Mendoza, Pedro récupère comme prévu le courrier avant d’entamer le chemin du retour vers le Chili. Fier de lui, le petit aéroplane jubile. S’amusant dans les nuages, il multiplie les acrobaties. Bientôt, il est distrait par un condor qu’il prend en chasse. Il se détourne alors de sa route et se retrouve nez-à-nez avec l’Aconcagua avec ses crevasses remplies de neige qui lui font « une tête de monstre hideux ». L’huile se gèle dans les cylindres de Pedro. Son moteur se met à cogner de frayeur. Minuscule face à la gigantesque montagne, il se souvient des recommandations qui lui avaient pourtant été faites au sujet des courants d’air frais et des brusques rafales. Tout à coup, le tonnerre et la pluie s’abattent sur lui. Luttant de toutes ses forces contre le vent, Pedro tente de s’extraire de là. La vue obstruée par la pluie, il manque de percuter la montagne. Lorsque son sac de courrier lui échappe, il plonge pour le récupérer, prenant une nouvelle fois le risque de s’écraser contre la paroi rocheuse.
Sur la piste du petit aéroport de Santiago, tout le monde s’inquiète de ne pas voir revenir Pedro. La Tour de contrôle tente bien d’éclairer le ciel, mais il n’y aucun signe de lui à l’horizon. Son papa et sa maman sont désespérés. Mais tout est bien qui finit bien. Malgré les intempéries et les dangereux contreforts de l’Aconcagua, Pedro a réussi sa mission en rapportant le courrier à bon port. Happy End !
Le 17 août 1941, Walt Disney, son épouse Lillian et une poignée d’artistes des studios décollent de Los Angeles pour une tournée en Amérique latine. Surnommée « El Grupo », la fine équipe est missionnée par l’administration Roosevelt qui souhaite renforcer les liens entre les États-Unis et le sud du continent. La Seconde Guerre mondiale déchire en effet l’Europe et le gouvernement américain se méfie de l’influence grandissante des Nazis à travers le monde. Plusieurs ambassadeurs de bonne volonté, au nombre desquels Frank Capra ou Walt Disney, sont donc envoyés de l’autre côté de la frontière afin d’instaurer une politique de bon voisinage entre les deux parties du continent.
Walt Disney et El Grupo
Durant plusieurs mois, El Grupo parcourt ainsi l’Amérique du Sud avec des étapes au Brésil, en Argentine, en Uruguay, au Chili et au Pérou. Le 29 septembre 1941, le groupe décolle de Santiago du Chili pour se rendre à Mendoza. Durant plusieurs minutes, les artistes survolent la cordillère des Andes. La vue est imprenable. L’Aconcagua qui se dresse au loin est impressionnant. De retour aux studios, décision est rapidement prise de réaliser un court-métrage s’inspirant de ce voyage. Pour ce faire, les scénaristes ne partent pas de rien. Bill Cottrell reprend en effet un scénario écrit par Joe Grant et Dick Huemer avant le voyage entrepris par Disney. Situé aux États-Unis, il met en scène P-T O-2-L (Petey O’Toole), un avion postal qui, chaque semaine, doit traverser le pays pour acheminer le courrier. Particulièrement périlleux, ce périple est loin d’être de tout repos. Les Rocheuses se dressent en effet sur son passage. Une montagne en particulier a la capacité de venir à bout d’un avion à grand renforts de vents et de tempêtes.
Afin de coller au cadre latino-américain de Saludos Amigos, la première compilation réalisée suite au voyage d’El Grupo, le script de Joe Grant et Dick Huemer voit son intrigue déplacée des États-Unis vers le Chili. Le nom des personnages est au passage changé. Petey O’Toole est rebaptisé Pedro. La cordillère des Andes se substitue aux Rocheuses. La terrible montagne, surnommée tantôt « Old Man of the Mountain », tantôt « Old Thunderhead », est remplacée par l’Aconcagua.
De fait, l’Aconcagua est un méchant de circonstance. Si son apparence est anthropomorphisée avec une silhouette épousant la forme d’un visage patibulaire, la montagne demeure en effet un élément de paysage inerte qui, de lui-même, ne réalise aucune mauvaise action à l’égard du petit héros. Néanmoins, sa forme, massive et escarpée, et les vents dévastateurs qui se forment autour d’elle, en font un adversaire redoutable pour le frêle Pedro qui, à plusieurs reprises, manque de s’écraser contre ses parois.
Étant un élément du paysage, l’Aconcagua n’est pas créé par les animateurs de Disney, mais par les décorateurs Art Riley et Dick Anthony.
Né à Boston en 1911, Art Riley étudie l’aquarelle à l’Art Center School de Los Angeles. Engagé par les studios Disney au milieu des années 1930, il travaille sur tous les longs-métrages de Pinocchio à Peter Pan. Parfois chargé d’animer quelques effets spéciaux, son nom est également associé à la création de Blue Men of Morocco, Whales, Japan, Donald et la Roue, Mary Poppins, Le Livre de la Jungle, Robin des Bois, L’Apprentie Sorcière et Les Aventures de Winnie l’Ourson. Membre de la California Water Color Society, Art Riley disparaît en 1998.
Art Riley
Originaire de Pennsylvanie où il voit le jour le 2 mai 1905, W. Richard (Dick) Anthony entre chez Disney durant la seconde moitié des années 1930. Il participe alors aux productions de la plupart des classiques de Pinocchio à La Belle au Bois Dormant, ainsi qu’à celles de Victory Through Air Power, Danny, le Petit Mouton Noir, La Vallée des Castors, Dingo Architecte, Dingo Cow-Boy, Dingo Détective ou bien encore Franklin et Moi. Il disparaît le 19 janvier 1960.
Comme les autres protagonistes, l’Aconcagua est visible dans l’adaptation de Pedro en bande dessinée réalisée par Hank Porter en 1943. Une autre transposition, toujours en bande dessinée, est également créée en 1952 par Bill Weaver.
Pedro (1943)
Une montagne semblable à l’Aconcagua est aussi visible dans El Kid Pampeador, une aventure de Donald imaginée par les artistes italiens Guido Martina et Luciano Bottaro en 1959.
El Kid Pampeador (1959)
Dans l’émission Sing Me a Story With Belle, les jeunes téléspectateurs redécouvrent l’histoire de Pedro dans l’épisode Steady Effort. Pour l’occasion, l’Aconcagua est mentionné sous le nom de Mount Grande.
Montagne imposante au cœur de la cordillère des Andes, l’Aconcagua représente une réelle menace pour le jeune Pedro qui doit courageusement faire face aux éléments de la nature afin d’accomplir sa mission et rapporter le courrier.