Blue Men of Morocco
Titre original : Blue Men of Morocco Production : Walt Disney Productions Date de sortie USA : Le 14 février 1957 Série : Genre : Documentaire |
Réalisation : Ralph Wright Musique : Oliver Wallace Durée : 31 minutes |
Le synopsis
Le mode de vie d'une tribu de nomades du désert du Sahara, dont la peau est devenu bleue à cause de la teinture de leurs vêtements, est dépeinte à travers ses us et ses coutumes. La visite de Marrakech sert de cerise sur la gâteau... |
La critique
Fenêtre d'un autre temps, Blue Men of Morocco est un joli court-métrage oublié des studios Disney.
Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut être considéré comme le pionnier du documentaire animalier. Dès 1948, il met en effet en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini-documentaire L'Île aux Phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la Compagnie de Mickey dans la production de films "live". Elle comporte un total de sept courts-métrages avant de s'ouvrir, en 1953, avec Le Désert Vivant, au format des longs-métrages qui devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures. Pour autant, Walt Disney n'entend pas abandonner le genre des courts-métrages documentaires. Il crée en effet avec la même équipe, dans la foulée, une nouvelle collection entièrement dédiée à ce format qu'il baptise People and Places. Cette série s'axe essentiellement sur les us et coutumes des populations à travers le monde. Elle comprend dix-sept épisodes produits entre 1953 et 1960. Trois, The Alaskan Eskimo en 1953, Men Against the Arctic en 1955 et Ama Girls en 1958, sont oscarisés.
Avec les True-Life Adventures, People and Places est indéniablement l'autre collection de documentaires à succès initiée par Walt Disney. Pour ce faire, il reprend d'ailleurs les mêmes recettes de production. Si le thème n'est désormais plus la faune et la flore mais bien les us et les coutumes de nations à travers le monde, People and Places bénéficie des mêmes producteurs, scénaristes, réalisateurs et narrateurs que la série précédente auxquels est demandée une démarche identique à celle menée pour observer la nature. Pour Blue Men of Morocco, la prise de vue est ainsi confiée à Raymond Bricon tandis que la réalisation échoue à Ralph Wright, la narration à Winston Hibler et la production à Ben Sharpsteen. Sur les dix-sept courts-métrages de la série, nombre d'entre eux sont filmés en CinemaScope - ce qui n'est pas le cas de Blue Men of Morocco - afin de retranscrire au mieux la beauté et la grandeur des lieux et traditions rencontrés. Malheureusement, les opus de la collection n'ont plus été vus pour la plupart avec ce format d'images depuis leur sortie cinéma ; leur diffusion à la télévision ayant été faite en grande majorité au format 4/3.
Chaque épisode débute par les deux phrases de présentation : « Ce film est un parmi une série présentant un PEUPLE extraordinaire et le LIEU où il vit. Toutes les scènes sont authentiques et les histoires factuelles ». Walt Disney proclame ainsi : « Dans nos films, nous rendons visite à des contrées reculées. Nous y trouvons des peuples avec des coutumes ancestrales. Chaque lieu a un trésor riche de traditions. Chaque pays a des pans d'histoires qui ont rythmé la vie des gens ». Le papa de Mickey est, en fait, déjà conscient, en 1950, que le progrès technique est en train de révolutionner profondément la vie des hommes. Il est donc, pour lui, urgent d'immortaliser, à travers le monde entier, les plus anciennes coutumes humaines. Sans interventionnisme aucun. Dans le plus strict respect de la réalité.
Blue Men of Morocco commence par de jolies gravures dessinées qui permettent de situer géographiquement le Maroc et le désert du Sahara. Dans le Sud-Marocain, sous le rideau de l'Atlas, à l'Est de Marrakech, vivent, à l'époque du tournage, entre trente et quarante mille nomades dans les étendues désertiques du Sahara. Le documentaire Disney indique qu'ils sont les fameux « hommes bleus ». D'ordinaire, cette expression désignent plutôt les Touaregs dont la zone de sillonnement se situe de l’autre côté du Sahara vers le Mali, le Niger et la Mauritanie. En réalité, Blue Men of Morocco parle des Reguibats du sud du Maroc. L'expression « hommes bleus » vient, quant à elle, du fait que les vêtements que portent ces tribus sont composés, entre autres, de voiles teintés d’indigo, dont le bleu sombre, presque noir, déteint peu à peu sur leur peau, et la colore en bleu.
Blue Men of Morocco est une surtout une fenêtre sur les us et coutume des nomades. Le court-métrage commence par évoquer l'importance des dromadaires et de leur élevage dans leur mode de vie. Il aborde ensuite la confection des habits, la cuisine des plats traditionnels, les peintures sur les mains des femmes, leur religion avec les temps de prière mais aussi les conseils de famille amenant aux choix de destination des caravanes. Le court-métrage propose ensuite de suivre la tribu dans son voyage vers la cité de Marrakech à travers les dunes du désert. Il est alors intéressant de voir leur préparatif et la façon dont ils circulent dans ces étendues de sables brulant, notamment à la recherche d'eau. Ils font ainsi une escale dans une oasis où la technique de récupération de l'eau mais aussi de l'irrigation des cultures dans ce point de verdure est montrée. En arrivant dans les montagnes, les nomades peuvent alors faire le commerce de chèvres avant de finalement atteindre la grande ville. La fin du court-métrage offre enfin une courte visite de la cité ancestrale avec ses marchés aux bestiaux et ses souks, ceci avant que les hommes bleus repartent vers le désert.
Si le titre de Blue Men of Morocco est un peu trompeur, son propos est, lui, une fenêtre sur un autre temps, au milieu des années 1950, décrivant les traditions et l'art de vivre des nomades qui n'ont pas changé depuis l'époque de leurs ancêtres.