Men Against the Arctic
Titre original : Men Against the Arctic Production : Walt Disney Productions Date de sortie USA : Le 21 décembre 1955 Série : Genre : Documentaire CinemaScope |
Réalisation : Winston Hibler Musique : Oliver Wallace Durée : 30 minutes |
Le synopsis
Des brise-glaces, navires spécialement affrétés par la United States Coast Guard, se frayent un chemin à travers la banquise impénétrable de l'Océan Arctique. Ils manœuvrent à l'aide d'hélicoptères dans leur effort pour atteindre la station météorologique d'Alert, située à 800 kilomètres du Pôle Nord... |
La critique
Témoignage d'une aventure humaine contre les éléments extrêmes, Men Against the Arctic est un court-métrage oublié des studios Disney, pourtant auréolé de l'Oscar du Meilleur Court-Métrage Documentaire.
Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut être considéré comme le pionnier du documentaire animalier. Dès 1948, il met en effet en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini-documentaire L'Île aux Phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la Compagnie de Mickey dans la production de films "live". Elle comporte un total de sept courts-métrages avant de s'ouvrir, en 1953, avec Le Désert Vivant, au format des longs-métrages qui devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures. Pour autant, Walt Disney n'entend pas abandonner le genre des courts-métrages documentaires. Il crée en effet avec la même équipe, dans la foulée, une nouvelle collection entièrement dédiée à ce format qu'il baptise People and Places. Cette série s'axe essentiellement sur les us et coutumes des populations à travers le monde. Elle comprend dix-sept épisodes produits entre 1953 et 1960. Trois, The Alaskan Eskimo en 1953, Men Against the Arctic en 1955 et Ama Girls en 1958, sont oscarisés.
Avec les True-Life Adventures, People and Places est indéniablement l'autre collection de documentaires à succès initiée par Walt Disney. Pour ce faire, il reprend d'ailleurs les mêmes recettes de production. Si le thème n'est désormais plus la faune et la flore mais bien les us et les coutumes de nations à travers le monde, People and Places bénéficie des mêmes producteurs, scénaristes, réalisateurs et narrateurs que la série précédente auxquels est demandée une démarche identique à celle menée pour observer la nature. Pour Men Against the Arctic, la prise de vue est ainsi confiée à William Fortin et Elmo G. Jones. Ce dernier travaillera ensuite avec les studios Disney sur un autre titre de la collection, Seven Cities of Antarctica, ainsi que sur l'épisode de l'émission d'anthologie Disneyland Antarctica - Past and Present. La réalisation échoue quant à elle à Winston Hibler qui se charge ici aussi du script et, comme dans les précédents opus, de la narration. Sur les dix-sept courts-métrages de la série, nombre d'entre eux sont filmés en CinemaScope - Men Against the Arctic a droit à cet honneur - afin de retranscrire au mieux la beauté et la grandeur des lieux et traditions rencontrés. Malheureusement, les opus de la collection n'ont plus été vus pour la plupart avec ce format d'image depuis leur sortie cinéma ; leur diffusion à la télévision ayant été faite en grande majorité au format 4/3, voire en 16/9 comme c'est le cas pour Men Against the Arctic.
Chaque épisode débute par les deux phrases de présentation : « Ce film est un parmi une série présentant un PEUPLE extraordinaire et le LIEU où il vit. Toutes les scènes sont authentiques et les histoires factuelles ». Walt Disney proclame ainsi : « Dans nos films, nous rendons visite à des contrées reculées. Nous y trouvons des peuples avec des coutumes ancestrales. Chaque lieu a un trésor riche de traditions. Chaque pays a des pans d'histoires qui ont rythmé la vie des gens ». Le papa de Mickey est, en fait, déjà conscient en 1950 que le progrès technique est en train de révolutionner profondément la vie des hommes. Il est donc, pour lui, urgent d'immortaliser à travers le monde entier les plus anciennes coutumes humaines. Sans interventionnisme aucun. Dans le plus strict respect de la réalité. Pourtant, dans Men Against the Arctic, il dévie un peu de l'ambition première de la série en proposant plutôt une aventure humaine et technique. La phrase d'introduction change donc puisqu'il y remercie plutôt les différentes organisations gouvernementales américaines, United States Coast Guard, United States Navy et Department of Defense, pour leur coopération lors de la réalisation de ce court-métrage documentaire.
Comme ses prédécesseurs, Men Against the Arctic commence par une introduction graphique qui présente la géographie du pôle. Mais à la différence des premiers opus de la collection, l'introduction s'avère plus longue et possède même une animation minimaliste afin de livrer un bref historique de la conquête du Pôle Nord, entreprise d'abord par les Grecs puis par les Vikings et, enfin, par les explorateurs occidentaux comme le navigateur John Davis. Le documentaire apprend ensuite aux spectateurs que pour étudier et explorer la région arctique, les États-Unis, le Canada et le Danemark ont installé de nombreuses stations météo dont la plus au Nord et la plus proche du Pôle est Alert, située à l'extrême nord de l'Île d'Ellesmere au Canada. La base aérienne de Thulé, au Groenland, sert ainsi de point de ravitaillement à toutes ces stations météo ainsi que de point de départ à l'aventure contée dans le court-métrage.
Men Against the Arctic narre donc l'expédition des brise-glaces Westwind et Eastwind pour atteindre la station d'Alert depuis Thulé durant l'été boréal. Le court-métrage montre ainsi les difficiles conditions climatiques qui attendent les navires et ses marins. En réalité, un seul d'entre eux est prévu d'arriver à destination, le second servant de secours en cas de problèmes. Les deux bâtiments sont également aidés par une paire d'hélicoptères qui permet d'analyser la topographie de la banquise afin d'avancer le plus sereinement possible. Le documentaire propose aussi de superbes paysages qui permettent aux spectateurs d'admirer les magnifiques glaciers polaires ainsi que les gigantesques icebergs. Il montre aussi quelques animaux de la région comme un ours blanc ou des morses. L'expédition s'avère pourtant difficile, surtout quand l'un des bateaux, le Eastwind, a une avarie. Le second, le Westwind, vient alors à son secours et tente d'atteindre la destination après que les deux équipages ont transvasé le matériel. Mais le Westwind se retrouve à son tour immobilisé dans les glaces. Son équipage n'a alors d'autre choix que d'attendre que le brise-glace se libère car même des charges explosives n'arrivent pas à le dégager. Le court-métrage montre ainsi comment les marins passent le temps en attendant de pouvoir repartir. Malheureusement, si le Westwind arrive à se libérer, seule la route du sud est praticable. Ce n'est donc pas cette année qu'Alert sera approvisionnée par la mer..
Men Against the Arctic change un peu le paradigme de la série People and Places en proposant une belle aventure humaine. Ses images, vu le thème, sont donc moins datées que les précédents opus de la collection même si son âge se remarque tout de même par sa narration désuète ainsi que par l'absence de conséquences visibles du réchauffement climatique...