Les Aventures de Zak et Crysta
Dans la Forêt Tropicale de FernGully
Titre original : FernGully, The Last Rainforest Production : Kroyer Films, Inc. Youngheart Productions FAI Films Date de sortie USA : Le 10 avril 1992 Distribution : 20th Century Fox Genre : Animation 2D |
Réalisation : Bill Kroyer Musique : Alan Silvestri Durée : 76 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Dans la forêt de FernGully, Crysta, une petite fée, apprend la magie et la protection de la nature. Un jour, en s’aventurant hors du territoire protégé, elle assiste au massacre des arbres par des bûcherons. Grâce à ses pouvoirs, elle sauve la vie de Zak, un jeune ouvrier avec, comme effet collatéral, de le voir réduire à la taille d’une fée. Aux côtés de Crysta et de son peuple, il va alors découvrir les merveilles de FernGully. Mais les humains continuent eux de raser la forêt et libèrent sans le savoir Hexxus, un esprit maléfique. |
La critique
Après une longue période d’hibernation, où Disney ne savait plus comment séduire son public, les années 1990 ont été une période faste pour la firme aux Grandes Oreilles. La majorité de ses films d’animation a, en effet, connu un succès critique et commercial sans précédent - La Belle et La Bête, Aladdin, Le Roi Lion, Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame ou encore Mulan, marquant la renaissance des studios et le début d’un nouvel âge d’or. Cet immense plébiscite laissait alors peu de place aux films produits par d’autres compagnies qui, eux, se sont retrouvés en concurrence et ne faisaient pas le poids face au mastodonte Disney. Beaucoup se sont cassés les dents ou sont tout juste rentrés dans leurs frais comme Excalibur, l’Épée Magique, Le Cygne et la Princesse, Charlie, Mon Héros ou Poucelina. Ni un échec cuisant, ni une franche réussite, Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully fait partie de cette deuxième catégorie. Sans révolutionner le genre de l’animation, l'opus est pourtant un véritable enchantement grâce à son histoire tout à fait touchante et originale, ainsi que son message fort, dans l’air du temps.
Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully est donc le projet de Wayne Young, un producteur australien, et de sa femme Diana, une auteure spécialisée dans la littérature pour enfants. Fortement inspirée par les légendes de son pays et en particulier les forêts pluviales de la région de Queensland, au nord-est de l’Australie, Diana Young écrit ses premiers récits en 1977 sous la forme d’un recueil intitulé FernGully, nom qu’elle donne à son univers peuplé d’elfes et de fées. Tout juste sorti de la promotion du film Crocodile Dundee, sur lequel il a travaillé en tant qu’assistant producteur, Wayne Young croit, quant à lui, dur comme fer au potentiel de ces histoires et envisage très vite une adaptation sur grand écran sous forme de film d’animation. Mais voilà, en raison de la baisse de popularité du genre auprès du public dans les années 1980, le couple met sept ans à concrétiser son projet. Heureusement, le succès critique et commercial du Grand Classique Disney La Petite Sirène au cinéma change la donne et les convainc de lancer la mise en chantier de leur film, initialement sous le titre FernGully : The Last Rainforest.
Wayne et Diana Young font alors appel à Bill Kroyer, réalisateur, graphiste et concepteur américain de story-boards. Il débute sa carrière dans l’animation en 1975 en travaillant sur des publicités avant de rejoindre Disney à la fin de la décennie. Il participe ainsi aux designs de Rox et Rouky et aux effets spéciaux du film Tron, mais quitte brusquement les studios au cours de la mise en chantier de Taram et le Chaudron Magique. Aussitôt, il crée en 1986 sa propre société de production, Kroyer Films, spécialisée dans l’animation traditionnelle et par ordinateur. Il réalise un court-métrage l’année suivante, Technological Threat, nommé aux Oscars en 1988 mais perdant face à Tin Toy, puis Computer Warriors : The Adventure Begins (1990), épisode pilote d'une série d'animation, et le film Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully (1992). Bill Kroyer rejoint ensuite l’entreprise Rythm and Hues Studio en tant que directeur de l’animation, pour laquelle il conçoit plusieurs génériques animés pour la télévision et collabore sur des longs-métrages tels Les Pierrafeu à Rock Vegas, Comme Chiens et Chats, Scooby-Doo et Garfield. Depuis 2009, il enseigne à l’Université Dodge College of Film and Media Arts d’Orange, en Californie.
Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully est donc le premier film entièrement supervisé par Bill Kroyer et via sa société de production. Il s'associe à Jim Cox, scénariste sur Oliver & Compagnie ainsi que Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, pour l'écriture du scénario. La compagnie australienne FAI Films, détenue par des amis du couple Young, co-produit le métrage et contribue à son financement, notamment sur les dessins et la création des effets par ordinateur. Respectant à la lettre les histoires de Diana Young, l'opus raconte donc l'histoire de la forêt de FernGully, où êtres magiques et humains vivaient en harmonie, jusqu’à l’apparition d’Hexxus, un génie maléfique, à l'origine d'une guerre de pouvoir. Hexxus fut vaincu et enfermé dans un arbre, les humains n’ayant, eux, pas participé au combat et ayant préféré fuir le conflit. Les créatures magiques sont alors restées à FernGully et ont continué à prendre soin des êtres vivants peuplant la forêt, rompant avec les humains. Avec le temps, tous deux finirent par oublier leurs existences respectives.
Le film débute par l’apprentissage de Crysta, une petite fée, à la protection de FernGully aux côtés de l’esprit Magie Lune. En explorant les environs, elle fait la connaissance de Batty, une chauve-souris, qui prétend s’être échappée d’un laboratoire. Mais les autres fées refusent de croire en l’existence des humains. Seule Crysta se porte volontaire pour enquêter sur la présence de ces êtres qu’elle n’a jamais rencontrés. Au cours de ses recherches, elle tombe nez à nez avec des bûcherons, chargés de raser ce qu’il reste de la forêt. Elle rencontre alors Zak, un des ouvriers. Tandis que ce dernier manque de se faire écraser par un arbre, Crysta lui sauve la vie, ce qui a pour effet collatéral de réduire accidentellement le jeune homme à la taille d’une fée. Crysta l’emmène donc auprès de son peuple. Zak découvre alors les surprises que renferme FernGully et s’attache rapidement à ses habitants même s'il cache la vérité sur les intentions de ses employeurs. Pendant ce temps, les humains poursuivent leur travail et libèrent Hexxus de la prison où il était enfermé. Aussitôt, l’esprit se dirige vers la forêt et entend bien obtenir vengeance.
Petit film d’animation fait avec les moyens du bord, Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully débute sous les meilleurs auspices. L’idée de mettre en scène un personnage humain à la découverte d’un monde inconnu qu’il doit protéger n’est certes pas neuve. Pourtant, le propos est assez fort pour impliquer le spectateur et le sensibiliser à une cause, en l’occurrence la protection de la nature. Les premières minutes accrochent ainsi tout de suite le public, autant visuellement que du point de vue de l’intrigue. Difficile, en effet, de ne pas s’attacher au personnage de Crysta dans sa découverte du monde qui l’entoure, son parcours initiatique constituant le cœur du film. Sensibilisée depuis sa naissance à la sauvegarde des êtres vivants, la petite fée est également fascinée par les légendes que lui raconte Magie Lune sur les humains. Curieuse et intrépide, Crysta s’intéresse très vite à ce peuple qu’elle n’a jamais croisé dans la forêt. Tout bascule donc lorsqu’elle se retrouve face à Zak, dont elle tente de comprendre les codes. La rencontre entre deux mondes, bien que prévisible, est au final particulièrement plaisante, donnant lieu à des scènes et des dialogues à forte valeur comique.
Un grand choc des cultures se met en place entre la créature qui n’a jamais connu le monde extérieur et un être qui comprend peu à peu l’importance de chaque vie, qu’elle soit humaine ou animale. Une intrigue qui rappelle fortement Pocahontas, une Légende Indienne, mais s’en démarque rapidement par son aspect fantastique. Car Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully allie sans difficultés message écologique et magie. Les séquences fortes sont nombreuses, ne serait-ce que la première apparition de Hexxus ou l’apprentissage de Crysta et l’utilisation de ses pouvoirs. Les dessins sont magnifiques et transportent automatiquement le spectateur au cœur de la forêt. La mise en scène, quant à elle, fait oublier à certains moments les indigences du scénario, notamment lorsqu’il insiste sur les différences entre les deux peuples. Enfin, si les bons sentiments sont légion et gâchent parfois le visionnage, le récit se révèle suffisamment touchant dans sa volonté de présenter un univers fragile et menacé par l’homme.
La majeure partie du film traite de l’impact de l’homme sur son environnement et se veut autant réjouissant qu’éducatif. Mais Bill Kroyer ne tend pas à devenir complaisant ni donner de leçons de morale, le but étant simplement de livrer un divertissement familial et sensibiliser le public à une cause qui lui est chère. Quelques touches d’humour apportent ainsi un peu de légèreté et tempèrent les sujets sérieux abordés. Aussi, l’introduction de la culture humaine aux fées, la méfiance constante de Batty la chauve-souris envers le genre humain, tout comme l’usage, par Zak, de certains mots totalement inconnus de Crysta sont de purs moments de drôlerie. En particulier, cette scène où le peuple de FernGully fait la découverte du baladeur de Zak et cherche à le faire fonctionner ou lorsque Zak se réveille rapetissé et voit Crysta avec son couteau et son porte-feuille. Également, bien que menaçant et inquiétant, Hexxus fait souvent preuve d’humour et ses répliques savent faire mouche et décrocher un sourire au spectateur.
Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully peut compter sur sa galerie de personnages tout à fait sympathiques et attachants, qui confèrent au film toute sa dimension comique et dramaturgique.
Crysta, en héroïne courageuse et téméraire, est une parfaite réussite. C’est par elle que le public est introduit au monde magique de FernGully. Derrière ses apparences de petite fée innocente et naïve, se cache une grande détermination et une belle force de caractère. Elle n’a donc pas peur de s’aventurer au-delà des frontières de la forêt et ne paraît pas effrayée lorsqu’elle aperçoit des humains pour la première fois. Dévouée à la faune et à la flore, elle cherche à faire prendre conscience à Zak de ses actes mais reste fascinée par les histoires que ce dernier lui raconte du monde extérieur. Sa voix originale est assurée par Samantha Mathis (Super Mario Bros., American Psycho, The Punisher), tandis qu’en France, Véronique Leblanc interprète le personnage avec brio.
Zak est, quant à lui et assurément, le personnage le plus intéressant. D’abord peu sympathique, le jeune homme est chargé de marquer à la peinture les arbres destinés à être rasés par ses collègues. Sauvé de justesse par Crysta, il s’assagit au contact de son peuple et apprend progressivement à prendre soin de chaque vie composant la forêt. Ayant menti à Crysta sur les raisons de sa présence, il sera, tout au long de l'aventure, confronté à un choix crucial : révéler ou non les vraies raisons de sa présence. Bien qu’attendue, sa romance naissante est également touchante et devrait plaire au jeune public. De la scène où la fée le réprimande pour avoir gravé son nom sur un arbre à son combat aux côtés des fées, il constitue la meilleure évolution du film. Campé par Jonathan Ward en version anglaise, c’est l’acteur français Daniel Russo, voix occasionnelle de Danny DeVito ou encore John Travolta, qui l’interprète.
Hexxus, génie du mal emprisonné dans un arbre, est l’antagoniste de l'histoire. Une fois libéré, il n’aspire qu’à la destruction de la forêt et compte bien prendre sa revanche. Pour parvenir à ses fins, il prend le contrôle de la broyeuse et se met en marche vers le territoire des fées. Ne disposant pas de corps à proprement parler, il adopte donc l’apparence de tout ce qu’il touche. Ainsi, il passe par plusieurs étapes, ce qui le rend de plus en plus effrayant au cours du film, le spectateur ne sachant jamais quel sera son prochain déguisement. Incarné en anglais par le mythique Tim Curry (Les Trois Mousquetaires, L’Île au Trésor des Muppets), sa voix française, oscillant entre humour noir et terreur, est assumée par Rémy Kirch.
Parmi les personnages secondaires, le plus marquant est sans conteste Batty, la chauve-souris. Échappé d’un laboratoire scientifique où il a subi tests et autres expérimentations, effrayé par les humains, Batty est l’élément déclencheur de l’intrigue. En effet, c’est lui qui informe le peuple de FernGully de la présence d’humains dans la forêt. Gentiment décalé, hystérique et schizophrène, il déclenche le rire à chaque apparition et ses répliques, généralement cyniques, sont une merveille d’écriture et de second degré. En version originale, Batty est interprété par le célèbre Robin Williams (Le Cercle des Poètes Disparus) qui, peu après, sera engagé par Disney pour prêter sa voix au Génie d’Aladdin. L’excellent Michel Papineschi, voix légendaire de Robin Williams et Tim Allen assure le doublage français.
Du côté des fées, Pips est le personnage qui tire le mieux son épingle du jeu. Ami de longue date de Crysta, il fait partie de ceux qui ne voient pas d’un bon oeil l’arrivée de Zak et se montre jaloux de la relation entre ce dernier et Crysta. Leur rivalité est ainsi purement jouissive et le spectateur ne peut s’empêcher de sourire devant leurs joutes verbales. S’il n’est pas le plus sympathique de tous, Pips n’est pas dénué d’intérêt et sait se montrer courageux face au danger. Il est campé par l’acteur Christian Slater (Le Nom de la Rose, Robin des Bois, Prince des Voleurs, Mr Robot) en version originale et par Thierry Wermuth (Tilt de 1001 Pattes (a bug's life), Sifli le manchot de Toy Story 2) en français.
Enfin, Magie Lune, doyenne des fées et "professeure" de Crysta, sans être indispensable à l’intrigue, constitue une figure maternelle pour la petite fée. Leur relation, très forte et touchante, ne peut laisser de marbre et émeut autant qu’elle réjouit. À l’origine de la capture d’Hexxus, elle est la seule à ne pas se méfier de la présence de Zak et prodigue des conseils avisés aux autres fées. Elle est doublée par Grace Zabriskie (Twin Peaks, Armageddon) pour la version originale, tandis que Jacqueline Joubert, speakerine et productrice de télévision, s’occupe de la voix française.
Aussi entraînant qu’il soit, Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully est entre autres plus adulte qu’il n’y paraît. Outre son histoire originale et son message écologique, l’ensemble ne se limite pas à une simple aventure pour enfants et se révèle au final assez sombre dans sa manière d’aborder des sujets plutôt complexes. S’il y est question de préservation des espèces menacées, ce qui est, en soi, honorable pour un film familial, le scénario traite d’expérimentation animale à travers le personnage de Batty la chauve-souris. Certes, le thème est évoqué sous un angle comique, mais reste sincère dans sa façon de dénoncer les pratiques en question. Par ailleurs, certains passages peuvent s’avérer difficiles pour un jeune public, ne serait-ce que le sacrifice de certains héros ou la transformation d’Hexxus de plus en plus inquiétante. Son côté surnaturel, le mystère autour de son physique et ses origines font de lui un antagoniste redoutable et terrifiant, la simple évocation de son nom étant source de cauchemar pour les personnages.
D’un point de vue visuel, l'opus est une bonne surprise en termes d’animation, notamment au vu des moyens mis à sa disposition, les producteurs n’ayant pas bénéficié d’un budget conséquent. Bill Kroyer reprend ainsi quelques techniques qu’il avait déjà utilisées lors de son passage chez Disney. L’aspect squelettique d’Hexxus et les fées rappellent les designs du Seigneur des Ténèbres et des personnages principaux de Taram et le Chaudron Magique, alors que la végétation luxuriante fait penser à la séquence d’introduction de Rox et Rouky. Impossible de ne pas reconnaître certains plans des films de Don Bluth, dont Brisby et le Secret de NIMH. S’il emprunte donc çà et là à quelques œuvres antérieures, il ne prive pas Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully de sa propre identité en proposant une image de qualité et une animation fluide, agréable à l’oeil, fruit d’un savoir-faire indéniable. Enfin, le recours - judicieux - à l’informatique pour les mouvements des machines donne aux objets mécaniques une allure malfaisante au même titre qu’Hexxus.
Pour la musique, Bill Kroyer peut compter sur le talent d’Alan Silvestri, rendu célèbre suite à son travail avec le réalisateur Robert Zemeckis (la trilogie Retour Vers le Futur, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Forrest Gump, Seul au Monde, Le Pôle Express). Par la suite, il signera les compositions de plusieurs films Disney et Marvel : Un Amour à New York, Lilo & Stitch, Hannah Montana - Le Film, Captain America - First Avenger, Marvel’s Avengers et ses suites (Avengers : Infinity War et Avengers : Endgame). La bande originale des (Les) Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully est ainsi une belle méditation sur la nature et l’amour. Un score doux et optimiste qui invite tout de suite au voyage. De nombreux chants d’oiseaux, de cascades, d’insectes, de coups de tonnerre et autres sons apaisants complètent la partition, devenant sans doute l'une des plus belles compositions de Silvestri.
Une série de chansons d’artistes populaires, de Robin Williams à Elton John, parsème également le film et passe par toutes les émotions. Cela commence par l’excitation d’un amour naissant avec C’est de la Magie et, plus loin dans le métrage, Un Aussi Beau Rêve, une référence claire à la multitude de sentiments que ressentent les personnages. Puis vient la folie avec Le Rap de Batty où il est question de violence envers les animaux, la chauve-souris décrivant son calvaire et mettant les fées en garde contre les humains. Mais la bande originale atteint son apogée avec Toxicose, interprétée par Hexxus, qui déclare son goût pour la destruction, chanson qui fut sensiblement modifiée dans la version originale pour ses textes à caractère sexuel. Les chansons restantes sont en revanche plus joviales et décrivent le bonheur et le bon vivre à FernGully : Il Pleut de la Magie, Si je Mange un Être Vivant, Land of Thousand Dances et enfin, Some Other World par Elton John, juste avant sa participation au (Le) Roi Lion.
Aussi louable qu’il est, Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully a pourtant bien du mal à dissimuler son manque de budget. Le film n’a, hélas, pas les moyens de ses ambitions. Il suffit de voir à quel point certaines scènes accusent le poids des années ; les techniques d’animation frisant parfois l'amateurisme. De même, la narration laisse clairement à désirer, du moins dans la première partie qui tarde à exposer l’univers et les enjeux du scénario. L’ensemble se résume alors à une lente introduction des personnages et des lieux, le public devant attendre presque quarante minutes pour que l’intrigue soit définitivement lancée ! Il faut donc prendre son mal en patience pour que l'opus daigne montrer la moindre action, seuls les numéros musicaux apportant en effet du rythme et sortant le spectateur le moins sensible de l’ennui. D’autres points sont à regretter, comme l’absence d’originalité de l’intrigue qui, aussi plaisante et intelligente soit-elle, n’évite pas les clichés et semble cocher les cases d'un cahier des charges bien trop précis. Enfin, certains passages peuvent tout simplement mettre mal à l’aise, notamment la chanson Toxicose, son animation et ses paroles par trop osées pour un film à destination de la famille tout comme les formes empruntées par Hexxus, potentiellement traumatisantes pour un jeune public.
Co-produit entre les États-Unis via 20th Century Fox et l’Australie, Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully sort les 10 avril et 17 septembre 1992 dans les salles américaines et australiennes respectivement. Le film de Bill Kroyer a droit à une projection le 22 avril 1992 à l’occasion d’une Assemblée Générale des Nations Unies, lors du Jour de la Terre (Earth Day), événement annuel internationnal consacré à la protection de l’environnement. Repoussé de plusieurs mois pour éviter toute confrontation avec La Belle et La Bête des studios Disney, il connaît malgré tout un succès relatif au box-office. Le film rapporte, en effet, un peu plus de 24 millions de dollars aux États-Unis, remboursant tout juste son budget, et 8 millions à l'international, pour un total de 32 millions de dollars. Un score plutôt décevant pour certains membres de l'équipe du film, qui n'hésiteront pas à justifier ces scores modestes par l'omniprésence des productions Disney.
Les co-producteurs Jaime Willett et Josh Baran, qui ont travaillé sur la promotion du film, soulignent, en effet, la difficulté pour des studios d'animation autres que Disney de coexister avec la firme aux Grandes Oreilles. Par ailleurs, ils ajoutent que les recettes des (Les) Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully auraient été nettement supérieures s'il avait été produit par Disney. Néanmoins, Jeffrey Katzenberg, alors Président des studios Disney, ne manquera pas de contacter les producteurs pour féliciter l’équipe et lui dire tout le bien qu’il en pensait.
Le film sera d'ailleurs bien accueilli par la critique qui trouve Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully “amusant, plaisant, drôle, touchant et parfois effrayant” et salue le message écologique transmis par le métrage, jugé nécessaire à transmettre à un jeune public. Parmi les points négatifs, les journalistes regrettent le manque de charisme de certains personnages, l’aspect moralisateur de l'ensemble et l’animation sommaire, proche des cartoons télévisés. Enfin, quelques critiques ne manqueront pas de remarquer plusieurs similitudes entre Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully et le film de James Cameron, Avatar, sorti en 2009, allant jusqu’à crier à la copie conforme, voire au plagiat pur et simple.
Ce résultat en demi-teinte en salles n'empêche pas Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully de signer un vrai succès en vidéo, faisant partie des meilleures ventes de VHS de l’année 1993. Une partie de ses recettes se voit d'ailleurs versée à des organisations non gouvernementales, dont Greenpeace, Rainforest Foundation, dédiée à la préservation des forêts tropicales et aux droits des indigènes qui y vivent, Sierra Club, consacrée à la protection de l’environnement, et un fond créé par la Smithsonian Institution.
Le film connaîtra également une suite, sortie directement en vidéo en 1998. Intitulée Les Merveilleuses Aventures de Crysta, l'opus est le dernier film produit par FAI Films, qui met la clé sous la porte, faute de nouveaux projets.
Petit film d’animation touchant et enchanteur, Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully n’a, hélas, pas les moyens de ses ambitions et manque de surprises. Il vaut malgré tout le coup d’œil pour ses personnages, son message écologique indispensable pour la jeunesse, sans pour autant tomber dans la complaisance.
Bénéficiant des qualités suffisantes pour être culte, Les Aventures de Zak et Crysta dans la Forêt Tropicale de FernGully est un film à la thématique alarmante qui reste tristement d’actualité.