Hiram Flaversham

Le 2 juillet 1986, les studios Disney sortent sur les écrans Basil, Détective Privé, leur vingt-sixième grand classique animé. Les spectateurs se retrouvent alors embarqués dans une enquête rocambolesque aux côtés du célèbre Basil de Baker Street lancé à la recherche d’Hiram Flaversham, un fabricant de jouets mystérieusement enlevé.

Hiram Flaversham est le premier personnage à entrer en scène dans l’introduction de Basil, Détective Privé. Attachant son tablier, le petit artisan est au comble du bonheur au moment d’offrir son cadeau d’anniversaire à sa chère petite fille, Olivia. Avec amour, il a assemblé un magnifique jouet mécanique représentant une fleur qui, lorsqu’elle s’ouvre, laisse apparaître une ravissante ballerine tournoyant sur elle-même.

Si le moment déborde d’amour et de tendresse, il ne tarde pas à être violemment interrompu par l’arrivée soudaine d’un inconnu qui tente de forcer la porte. Inquiet, Flaversham saisit sa fillette pour la cacher dans l’un de ses placards. « Vite, chérie ! Cache-toi là et ne ressort pas ! ». Si l’enfant est en sécurité, il est trop tard pour le pauvre papa qui n’a plus le temps de se trouver lui aussi une cachette. Fidget, le bras-droit du vil professeur Ratigan vient d’entrer par la fenêtre. Dans un fracas épouvantable, Flaversham tente de se protéger, en vain. Les meubles sont renversés. Certains jouets sont brisés sur le sol. Flaversham a beau se débattre, rien n’y fait. Il est capturé par la chauve-souris qui laisse derrière elle la petite Olivia, seule et terrorisée…

Flaversham ne réapparaît que plusieurs minutes plus tard. Enfermé à double-tour dans l’un des tonneaux du sinistre repaire de Ratigan, le fabricant de jouets manipule un automate fait d’un enchevêtrement de rouages et de vis en tout genre. La mine déconfite, il actionne les leviers lorsque surgit dans son dos son geôlier qui lui souffle la fumée de sa cigarette dans la figure. « Vos intentions sont monstrueuses », se plaint Flaversham alors que Ratigan lui pince la joue.

Faible et sans défense, Flaversham ose malgré tout se rebiffer face aux menaces pressantes de Ratigan qui lui promet une mort certaine si son plan venait à échouer. « Je n’en ai cure ! », s’agace-t-il alors en rabaissant violemment les leviers de son invention. Ni une, ni deux, l’automate se met immédiatement à trembler et à gesticuler dans tous les sens avant de tomber en panne non sans éjecter une goutte d’huile sur la veste de Ratigan. « Faites de moi ce que vous voulez ! », s’écrie Flaversham, « Je ne serais plus complice de vos infectes intrigues ! ».

Sur le point d’exploser de colère, Ratigan tente de conserver son sang-froid. Avec un certain sadisme, il affirme à Flaversham que sa fille, Olivia, est également sa prisonnière. Pour prouver ses dires, il brandit la petite ballerine automatique que le pauvre papa avait offert plus tôt à son enfant. Regardant le jouet danser, Ratigan s’en empare bientôt pour l’écrabouiller entre ses doigts. « Finissez votre travail !!!! », hurle-t-il alors au pauvre Flaversham, effondré…

Contraint de reprendre la construction de sa machine, Flaversham ignore à ce moment précis que sa petite Olivia a en fait trouvé de l’aide auprès du célèbre détective Basil. Mais malgré toutes les précautions prises par ce dernier, la petite est cependant à son tour enlevée par Fidget. Totalement traumatisée, elle est amenée à son père qui se précipite vers elle pour la prendre dans ses bras. « Allons… Allons, ma petiote… Ne te fais pas de soucis », glisse-t-il avec tendresse pour la rassurer, « Non… C’est moi qui était inquiet pour ma petite puce… ». Les retrouvailles sont cependant vite interrompues par Ratigan qui attrape Flaversham par son tablier. Soulevé du sol, l’artisan est prié de finir son automate dans les temps.

Le soir venu, la triste besogne est fin prête à la plus grande joie de Ratigan qui a pris soin de ligoter Flaversham afin de l’emmener avec lui jusqu’à Buckingham Palace pour accomplir son sombre plan. Debout derrière son panneau de commandes, c’est en effet le fabricant de jouets qui est obligé de manipuler la machine pendant que le triste rat fomente son coup d’état en neutralisant la Reine Moustoria.

Le plan de Ratigan tombe heureusement à l’eau grâce à l’arrivée salvatrice de Basil, du docteur Dawson, d’Olivia et de Toby. Retrouvant sa tendre fille, Flaversham est sauvé de ses ravisseurs pendant que le détective retourne le robot contre son commanditaire. L’automate détruit, Basil, Dawson, la Reine et Flaversham tentent de se saisir de Ratigan qui réussit toutefois à s’enfuir non sans emporter Olivia avec lui.

Afin de rattraper Ratigan qui s’est envolé à bord de son zeppelin, Dawson et Flaversham sont chargés par Basil de regrouper des ballons de baudruche qui, associés à une boite d’allumettes et un drapeau, permettent de construire un dirigeable de fortune. Grâce à cet appareil improvisé, le détective peut poursuivre son Némésis dans le ciel de Londres. La course est dantesque. Basil parvient bientôt à monter à bord du zeppelin. Mais au moment où le vent et la pluie s’abattent sur la capitale anglaise, celui-ci percute violemment la tour de Big Ben. Commence alors un combat terrible à l’intérieur de l’horloge.

Après avoir paralysé Ratigan en coinçant sa cape entre deux rouages, Basil parvient à extraire Olivia et à la rendre in extremis à son père. Mais la lutte n’est pas pour autant terminée. Ratigan ne compte en effet pas en rester là et s’acharne sur Basil. Le duel se poursuit sur l’une des aiguilles de la gigantesque horloge sous l’œil de Dawson, d’Olivia et de son père, très inquiets par la tournure des événements. Par chance, Basil sort vainqueur de l’affrontement. En sonnant dix heures, Big Ben provoque la chute de Ratigan. Basil, pour sa part, sauve sa vie grâce à l’hélice du zeppelin.

De retour sur la terre ferme, tout est bien qui finit bien. Basil et Dawson reçoivent les honneurs de la Reine. Flaversham, quant à lui, a retrouvé sa chère petite fille en bonne santé. Ensemble, tous les deux remercient chaleureusement le détective avant de s’en aller pour prendre le train. Happy End!

Lorsqu’ils débutent l’écriture de Basil, Détective Privé, les scénaristes de Disney ne manquent pas de matière. L’écrivaine Eve Titus et l’illustrateur Paul Galdone, les créateurs du personnage, ont en effet déjà publié cinq romans. Dans Basil of Baker Street (1958), le célèbre détective et son acolyte Dawson arpentent le port de Londres et la campagne anglaise pour retrouver des jumeaux disparus de Mr. Et Mrs. Proudfoot. Dans Basil and the Lost Colony (1964), le détective dirige cette fois une expédition vers la colonie perdue de Tellmice avec Ratigan et sa bande à ses trousses. Dans Basil and the Cave of Cats (1971), le héros enquête sur la mystérieuse légende des chats pygmées. Dans Basil in Mexico (1976), il s’embarque pour le Mexique où il tente de retrouver la célèbre toile représentant Mousa Lisa. Enfin, dans Basil in the Wild West (1982), Basil et Dawson se retrouvent plongés au cœur du Far West face à des contrebandiers puis à une étrange « chose » qui terrorise les clients de l’hôtel Hathaway.

Au moment de concevoir le script de Basil, Détective Privé, les artistes de Disney ont donc le choix. Les histoires imaginées par Eve Titus et Paul Galdone sont variées. Elles pourraient même donner lieu à une série de films. Pourtant, les scénaristes décident d’écrire une toute nouvelle enquête. Pour ce faire, ils reprennent les personnages majeurs de l’œuvre originale, Basil, Dawson et Ratigan, et brodent autour d’eux une intrigue inédite mettant en scène de nouveaux protagonistes, en particulier les deux victimes, Olivia et son papa, Monsieur Flaversham.

Seulement appelé par son nom dans le film, Flaversham est présenté comme un fabricant de jouets installé à Londres. Son parcours et sa vie privée ne sont pas expliqués. Il est cependant possible d’imaginer que le pauvre papa est à présent veuf. Il vit par conséquent seul avec sa fillette, Olivia, qu’il adore énormément. Artisan hors-pair, son talent est tel qu’il attire bientôt l’attention du sinistre Ratigan qui compte bien miser sur ses compétences remarquable pour s’emparer de la couronne.

Feuille de modèles

Personnage d’une tendresse sans borne, Flaversham apparaît sous les traits d’une souris d’un âge certain. Le crâne dégarni, il arbore des sourcils broussailleux, des favoris et une épaisse moustache brune. Affublé de grosses lunettes, son costume se compose d’une paire de souliers, d’un pantalon vert kaki, d’un tablier et d’une chemise beige rehaussée d’un nœud papillon pourpre. À la fin de l’histoire, son costume est plus élaboré avec une lavallière rouge, un pantalon bleu clair ainsi qu’une veste et un chapeau melon bleu foncé.

Shawn Keller

L’animation de Flaversham est notamment réalisée par Shawn Keller. Engagé par les studios Disney au début des années 1980 après avoir travaillé un temps sur Brisby et le Secret de NIMH auprès de Don Bluth, l’artiste participe à la production de Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Oliver & Compagnie et La Petite Sirène. Créateur parmi d’autres de Taram, Ritournelle, Miss Kitty, Monsieur Flaversham et Bartholomée, ainsi que des filles du roi Triton et le duo Flotsam et Jetsam, Keller fait un bref retour auprès de Don Bluth et Gary Goldman qui l’associent à la création de Poucelina. Il revient ensuite chez Disney et travaille sur Le Bossu de Notre-Dame, Mulan, Tarzan, Atlantide, l’Empire Perdu, La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers et La Ferme se Rebelle. Il anime alors en particulier les personnages de Quasimodo, Petit Frère, Cookie, Jim Hawkins et Jack la Chance.

En version originale, Hiram Flaversham est interprété par Alan Young. Né de parents écossais le 19 novembre 1919 à North Shields, en Angleterre, le comédien débute sa carrière à la radio, sur les ondes de CBC, alors qu’il n’est encore qu’un adolescent au lycée. Après la Seconde Guerre mondiale durant laquelle il sert dans la Royal Canadian Navy, il s’installe aux États-Unis et obtient sa propre émission radiophonique, The Alan Young Show, diffusée sur NBC puis sur ABC. Il apparaît en parallèle au cinéma dans des films comme Margie (1946), Les Aventures de Tom Pouce (1958), La Machine à Explorer le Temps (1960), Le Chat qui Vient de l’Espace (1978) et Le Flic de Beverly Hills 3 (1994), ainsi qu’à la télévision dans The Alan Young Show qui lui vaut d’être plusieurs fois nommé aux Emmy Awards. L’un de ses rôles les plus connus reste celui de Wilbur Post dans la série Monsieur Ed, le Cheval qui Parle programmée sur CBS entre 1961 et 1966. Il reste par ailleurs célèbre pour avoir vocalisé Picsou entre 1974 et 1990. Alan Young disparaît le 19 mai 2016 à l’âge de quatre-vingt-seize ans.

En France, le rôle est tenu par Serge Lhorca. Originaire de Vergt où il voit le jour le 8 septembre 1918, il joue au théâtre dans L’Avare, Tête d’Or, Hamlet ou bien encore Guerre au Troisième Étage. Au cinéma, il apparaît dans Au Grand Balcon (1949), Le Capitaine Fracasse (1961) et Les Tueurs Fous (1972). Mais c’est surtout dans le doublage qu’il officie en prêtant sa voix à Jack Lemmon, Gene Wilder, Roddy McDowall, Roy Scheider, ainsi qu’à des personnages comme Speedy Gonzales, Sherlock Holmes, Ritournel et le Colonel Phacochère. Serge Lhorca s’éteint le 13 janvier 2012 à l’âge de quatre-vingt-treize ans.

Comme l’ensemble des personnages principaux, Hiram Flaversham apparaît dans l’adaptation de Basil, Détective Privé en bande dessinée.

C’est d’ailleurs là qu’est mentionné son prénom, Hiram, noté sur l’enseigne de sa boutique de jouets.

Une carte à l’effigie d’Hiram Flaversham compose le set associé au professeur Ratigan dans l'extension La Fin est Proche ! du jeu de société Disney Villainous. L’image du fabricant de jouets est également reprise dans le chapitre 1 du jeu de cartes Disney Lorcana.

Second rôle à l’origine malgré lui de l’intrigue de Basil, Détective Privé, Hiram Flaversham est un personnage magnifique et un beau témoin de l’amour qu’un papa peut porter à sa petite fille.