X-Men
L'Affrontement Final

X-Men : L'Affrontement Final
L'affiche du film
Titre original :
X-Men : The Last Stand
Production :
Marvel
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 26 mai 2006
Genre :
Fantastique
Réalisation :
Brett Ratner
Musique :
John Powell
Durée :
104 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Le laboratoire pharmaceutique Worthington vient de mettre au point un remède contre la mutation. Si certains le voient comme une bénédiction, il est pour d'autres un grande source d'inquiétude. Pendant ce temps, Jean Grey - que les X-Men pensaient disparue suite à son sacrifice à Alkali Lake - sort de sa stase et partage désormais son esprit avec une incontrôlable personnalité qu’elle s’était jadis créée : le Phénix.

La critique

Publiée le 18 mai 2019

Sortie de l'imagination de Stan Lee chez Marvel en 1963, la franchise X-Men met en scène un groupe d'humains dotés de capacités extraordinaires, suite à la mutation génétique naturelle d'une partie de l'humanité. En marge de la société, le Professeur Charles Xavier s'est ainsi donné pour mission de recueillir dans son école ceux qui souhaitent s'intégrer. Il crée également le groupe éponyme des X-Men, dont le but est de défendre les leurs et les humains contre son ami d’enfance Magnéto et sa Confrérie des Mauvais Mutants qui souhaitent faire valoir leur suprématie.

Après un premier film X-Men (2000) chez 20th Century Fox qui pose brillamment les bases d’un univers très riche et présente des personnages vite adoptés par le public, sa suite X-Men 2 (2003) parvient à surpasser de loin son aîné tout en lui restant fidèle, avec des super-héros alors à leur apogée. Laissant leur destin en suspens sur un final dramatique des plus saisissants, les toutes dernières secondes de ce deuxième opus pleines d'espoir présageaient le meilleur pour la suite. Une suite. Très attendu en effet, un troisième et ultime épisode voit donc le jour en 2006. C'est ainsi que le spectateur retrouve pour la scène d'ouverture le Professeur Xavier et Magnéto vingt ans en arrière - et rajeunis numériquement pour l'occasion - prêts à rencontrer la plus puissante mutante jamais recensée : Jean Grey, encore enfant mais déjà aux prémices de ses puissantes facultés (qui surprennent d'ailleurs ses voisins Stan Lee et Chris Claremont, l'auteur de la saga du Phénix Noir). Puis quelques années de plus laissent place au jeune Warren Worthington III, tentant alors de se débarrasser de ses ailes naissantes à l'abri du regard de son père, dont les plumes et l’ADN se fondent en un nouveau générique annonçant X-Men : L’Affrontement Final.

Point de discours donc du Professeur Xavier pour introduire ce nouveau volet, mais si tous les deux ou trois cent mille ans l’évolution fait un bond en avant, X-Men : L’Affrontement Final fait malheureusement un pas en arrière en l'espace de trois ans. Il faut dire que pour la première fois, la saga connaît un changement de réalisateur. Exit Bryan Singer qui priorise la réalisation de Superman Returns (2006), même s'il reviendra à la réalisation de deux épisodes de la prélogie : X-Men : Days of Future Past (2014) et X-Men : Apocalypse (2016). Matthew Vaughn, qui réalisera X-Men : Le Commencement (2011) et Joss Whedon, qui réalisera Marvel's Avengers (2012), sont alors un temps pressentis avant que chacun ne s'engage sur un autre projet ; le jeune Brett Ratner prend dès lors la relève. Né en 1969 à Miami, ce réalisateur et producteur - déjà candidat en 1996 pour réaliser le premier film mettant en scène les fameux mutants avant de faire ses armes dans la réalisation de vidéos clips - a surtout à son actif la trilogie Rush Hour (1998, 2001 et 2007), le troisième opus de la tétralogie Hannibal Lecter nommé Dragon Rouge (2002) et Hercule (2014), avant de faire parler de lui dans la sordide affaire Weinstein.

Si Bryan Singer a su proposer une vision intelligente de ces nouveaux héros et retranscrire avec respect les questions sociétales posées dans l’œuvre originale depuis des décennies, X-Men : L’Affrontement Final adopte lui un ton résolument plus léger, aux allures de film pop-corn et de blockbuster estival, malgré la gravité de la double trame exposée : l’arrivée d’un fait sans précédent pour les mutants et la narration d’un arc prépondérant dans l’univers des X-Men. Une partie du public avide de grand spectacle sera alors satisfaite de ce parti pris tandis que l'autre ne s'en remettra jamais. L’arrivée d'un antidote - tout droit issu du chapitre Gifted du troisième volume d'Astonishing X-Men écrit par Joss Whedon en personne en 2004 - aurait, en effet, pu soulever de nouvelles réflexions sur la place des mutants dans la société. Mais ces derniers sont désormais intégrés ! Le débat sociologique reste donc léger et interne. Si une petite scission se profile chez les bons mutants (la mutation est-elle un don ou une maladie ?), les mauvais s'allient sous la coupe de Magnéto qui extrapole la possibilité d'une arme anti-mutants (certes des armes existent mais uniquement à vocation de protéger les humains des mutants malveillants). L'aspect politique et militaire est ainsi trop légèrement effleuré à travers une voie à peine exploitée.

Cet épisode est également celui du Phénix. Subtilement amorcé dans X-Men 2, c’est là un véritable cadeau pour les fans qui attendent ce chapitre culte et incontournable du comic book de la fin des années 70. Pourtant, les scénaristes Zak Penn (X-Men 2, L’Incroyable Hulk, Marvel’s Avengers) et Simon Kinberg (X-Men : Days of Future Past, X-Men : Apocalypse, également réalisateur de X-Men : Dark Phoenix) doivent se battre avec le studio pour conserver cette partie du scénario, qui trouve cette trame bien trop sombre pour un divertissement du genre. Or, un arc narratif d’une telle ampleur méritait à lui seul de faire l’objet d’une œuvre à part entière. Dans X-Men : L’Affrontement Final, l’histoire du Phénix est pitoyablement relayée au second plan - une histoire annexe et simplifiée au maximum - alors qu’elle devrait être l’apothéose de cette première trilogie. Point de voyage dans l'espace et nulle présence d’une entité prenant possession de l’esprit de Jean Grey, pour assurer la continuité des événements cinématographiques passés et ancrés dans un contexte des plus réalistes. Le spectateur apprend donc entre deux scènes que Jean souffre depuis longtemps d’un trouble de la personnalité que temporise le Professeur Xavier, dont l’alter-ego ne veut tout simplement plus être enfermé !

Le scénario est également écrit en fonction de la disponibilité des acteurs qui étaient sous contrat pour deux films uniquement. Ainsi, le déjà négligé Cyclope de James Marsden (Il Était une Fois) - alors occupé sur le nouveau projet de Singer - n’apparaît pas plus de cinq petites minutes à l'écran, avant de disparaître. Anna Paquin, également retenue au moment du tournage, voit Malicia faire les frais de la relation pourtant captivante qu'elle entretient avec Bobby depuis le début de la saga, préférant « soigner » sa mutation. Une décision tout à fait compréhensible vu la nature de ses pouvoirs la privant de contacts humains, mais un choix scénaristique que l'actrice regrette, sachant que deux versions de la scène ont été tournées. De quoi voir bleu ! L'indisponibilité de Rebecca Romijn (The Punisher) incombe aux scénaristes de réduire au strict minimum le personnage aux multiples facettes de Mystique qui avait pourtant tant gagné en substance précédemment : captive dès le début du film (là aussi en expliquant trop rapidement au spectateur le pourquoi du comment) elle est vite relayée au simple rang d’humain. Quant à Alan Cumming, il refuse tout simplement de reprendre le rôle de Diablo, dont le caméo finalement trop court aurait été coupé au montage par les studios afin d’économiser les frais coûteux de maquillage.

De multiples têtes bien connues prennent donc le relai. Ce regain ou nécessité de nouveaux héros aurait certes pu être bénéfique à ce troisième volet pour insuffler une nouvelle dynamique. Faut-il encore qu'ils aient suffisamment d'intérêt et que cela ne se fasse pas au détriment de ceux encore en lice. X-Men : L’Affrontement Final dispose, en effet, de bien trop de personnages pour s'attarder convenablement sur chacun d'eux. Surtout quand sont prévus au casting Le Fauve et Angel - X-Men canons et fédérateurs de la première équipe - attendus depuis le premier épisode par les érudits. Si Hank McCoy, promu au rang de Ministre des Affaires Mutantes sous les traits de Kelsey Grammer (voix dans Anastasia, Mickey, Il Était une Fois Noël et Toy Story 2) s’avère attachant - la preuve qu’humains et mutants peuvent cohabiter se révélant un homme de terrain efficace derrière ses lunettes et ses costumes - Warren Worthington III, désormais adulte et campé par Ben Foster (Chahut au Bahut pour Disney Channel, Phone Game et The Punisher), brille par son manque de prestance (il n’intègre d'ailleurs pas l'équipe des X-Men) et d’intérêt (pourtant touché de près par le remède, le laboratoire de son père en étant le créateur). Tous deux ne font malheureusement pas avancer l’histoire.

Petit nouveau également, Jimmy - le verdâtre Sangsue dans le comic - (Cameron Bright, Le Jackpot de Noël pour ABC Family) est le jeune mutant source du remède qui bloque la mutation. Intéressant mais sous-exploité, quelques plans en disent tout de même long sur sa détresse et ses aspirations de liberté. Kitty Pryde, qui trouve une troisième interprète en la personne d'Ellen Page, forme avec Iceberg (toujours campé par Shawn Ashmore) un duo sympathique à destination des plus jeunes, et avec l’anecdotique Colossus (une nouvelle fois Daniel Cudmore) la nouvelle génération de X-Men. Du côté obscur, le quatuor formé par Callisto (Dania Ramírez, Once Upon a Time - Il Était une Fois), et les vite oubliés Arclight, Quill et Psylocke (qui ne fait ici démonstration du moindre pouvoir !), font office de sous-fifres caricaturaux de Magnéto. Le Fléau (Vinnie Jones, Galavant pour ABC Studios), censé être l'un des ennemis les plus redoutables des X-Men, un véritable Némésis, est aussi bête que ridicule et doté d'un humour plus que discutable, en témoigne son ultime réplique aussi grossière qu'accablante. Et le fait d'être le demi-frère de Charles Xavier est ici gommé. Reste l'enfant terrible et envieux Pyro (à nouveau Aaron Stanford) qui a changé de camp depuis la fin du dernier opus, et attend de pouvoir se mesurer à son ancien ami.

Parmi les vétérans, Sir Patrick Stewart (Star Trek, Alex, le Destin d'un Roi) incarne une nouvelle fois magnifiquement le Professeur Xavier, qui dévoile ici une facette moins lisse de son personnage et un lien particulier avec Jean, dont les conséquences choqueront plus d'un spectateur. Magnéto, toujours irréprochablement interprété par Sir Ian McKellen (La Belle et la Bête, Le Seigneur des Anneaux), prépare enfin sa grande révolution et démontre encore une fois tous ses talents dans une scène anthologique. Si le premier veut aider son ancienne élève en la canalisant, le second convoite le Phénix en lui promettant la liberté tant désirée. Halle Berry ne souhaitait initialement pas reprendre son rôle, insatisfaite de son manque de profondeur dans les deux premiers volets. Elle prend donc du galon et monopolise l’attention en devenant la nouvelle directrice de l’Institut Xavier (qui rend certes hommage à un passage la bande dessinée) et le leader sur le champ de bataille. L'actrice prend ainsi part à l'action et réalise elle-même ses tournoyantes cascades (vingt tours sur elle-même en quelques secondes), tout en parlant coiffure (certes, sa meilleure de la trilogie) avec Le Fauve. Tornade reste cependant un personnage fort, fier et racé, à la conviction inébranlable et aux pouvoirs toujours aussi impressionnants.

Heureusement, Hugh Jackman (Le Prestige et Real Steel pour Touchstone PicturesThe Greatest Showman) est au top de sa forme et Wolverine n'est plus le loup solitaire qu'il était, mais fait désormais partie intégrante de l'équipe des X-Men. Si ses conseils bourrus peuvent faire sourire, son implication au sein de l'école est totale. Mais c'est surtout le retour de Jean et leur relation qui offrent de creuser l'aspect sentimental de ce personnage, qu'il était déjà agréable de découvrir entre deux bastons. De même, le choix cornélien qui s’impose à lui permet d’approfondir davantage sa personnalité. Famke Janssen (Un Cri dans l'Océan pour Hollywood Pictures et The Faculty pour Dimension Films) revient, quant à elle, d'entre les morts pour incarner - après une Jean Grey effacée, puis tourmentée - la plus puissante de tous les mutants, aussi instable que déstabilisée, qu'instinctive et indomptable. Un véritable défi de restituer la dualité de ce fort et iconique personnage pour la comédienne qui, toujours aussi studieuse, prépare ce double rôle en lisant de nombreux ouvrages psychologiques sur la schizophrénie et divers troubles de la personnalité. Avec une interprétation à la fois tout en retenue et viscérale, l'actrice, disposant enfin de l'opportunité de prendre pleinement possession de son rôle, est le véritable point fort et la principale qualité du film.

Le rassemblement en masse des mauvais mutants, enrôlés par Magnéto suite au danger que représente le remède, mais qui n’est jamais présenté comme tel, et la bataille pour le Phénix autorisent tout de même quelques scènes mémorables. La première est bien entendu le combat mental et psychologique mené par Xavier et Jean, dont les spectateurs ne sortiront pas indemnes. Une scène prenante et intense entre les deux mutants les plus puissants du monde visuellement des plus réussies, entrecoupée malheureusement d’un combat Wolverine/Le Fléau et Tornade/Callisto divertissant, mais qui casse le rythme. Pour détruire le remède, et Jimmy par la même occasion, Magnéto s’approprie et fait littéralement voler le célèbre Golden Gate Bridge de San Francisco, pour un moment original au rendu impressionnant. Une idée empruntée au numéro 147 de New X-Men, quand celui-ci utilise le Brooklyn Bridges de Manhattan. Puis vient l’affrontement final, tout de même épique et rythmé, où chacun trouve son adversaire (le trop grand nombre de personnages montre enfin son utilité) et dispose de son moment de bravoure. Ultime moment également dans lequel le saisissant Phénix fait démonstration de ses pouvoirs exponentiels, défiant les éléments et réduisant les corps en poussière, non sans une certaine beauté.

Concernant les effets spéciaux, toujours utilisés dans le but d’illustrer et sublimer les différents pouvoirs des mutants, mention spéciale encore une fois à ceux inédits et sans limite du Phénix, qui se répercutent sur son interprète et son environnement. Pour absorber la charge monumentale de travail, ce sont onze entreprises différentes qui sont chargées d’assurer le spectacle. Cette ambition et l’attente des fans sont récompensées par la présence tant attendue de la Salle des Dangers (réduite à une simple séquence d’entraînement au combat) et l’apparition furtive d’une Sentinelle. À noter l’utilisation de miniatures et la reconstitution d’un tronçon du pont de San Francisco pour les besoins de la fameuse scène. Du côté des costumes, les célèbres uniformes en cuir - très peu portés dans cet opus - ne changent quasiment pas, excepté celui du Fauve qu’il ressort des années 60/70 en clin d’œil à l’œuvre originale. Seule Jean Grey porte un tissu rougeoyant pour contraster avec les combinaisons de ses anciens camarades et rappeler le Phénix. Tornade, elle, adopte principalement du noir dans le civil pour durcir le personnage. Mais une nouvelle fois, finie la subtilité : les gentils et les puissants sont beaux et bien habillés, tandis que les méchants de seconde main sont gothiques et tatoués. Comme à son habitude, un gros travail est effectué sur les prothèses et le maquillage, notamment pour Le Fauve et Le Fléau.

Pour la bande son, le compositeur John Powell est choisi par Brett Ratner. Né à Londres en 1963, il débute sa carrière avec Volte/Face (1997) pour Touchstone Pictures ou encore Endurance (1998) pour Disney. Il travaille ensuite aussi bien pour des films d’animation tels que Volt, Star Malgré Lui (2008) et Milo sur Mars (2011) que des films d’action comme Mr. et Mrs. Smith (2005) et Night and Day (2010) pour 20th Century Fox, ou encore Solo : A Star Wars Story (2018). Il succède donc à Mickael Kamen et John Ottman, qui a su offrir aux X-Men un thème signature et héroïque pour son deuxième épisode. S’inspirant du travail de son prédécesseur, il reprend les mêmes instruments et les mêmes intonations pour signer une ambiance différente, mais dans la lignée du précédent. De quoi surprendre sans déstabiliser le spectateur. Pour le reste de sa très belle composition, il demeure dans le ton du travail déjà effectué, alternant musiques douces pour introduire les personnages, mystérieuses pour accompagner l’histoire et dynamiques pour porter l’action. Il signe, en outre, une magnifique partition pour le Phénix, tout d’abord jouée discrètement lors de son apparition, amplifiée lors de sa bataille avec le Professeur Xavier, puis magnifiée avec effroi par des chœurs pour l’affrontement final.

X-Men : L’Affrontement Final devant clore en beauté cette première trilogie, les 104 jours de prises de vues s'étendent d'août 2005 à janvier 2006, une nouvelle fois réalisées à Vancouver et dans les mêmes studios que son prédécesseur. Soit le plus gros tournage de l'époque jamais réalisé au Canada... après X-Men 2. Le film bénéficie également d'un budget faramineux de 210 millions de dollars (presque le double des 110 millions de X-Men 2 et bien loin des 75 millions de X-Men premier du nom). Soit à l’époque le film le plus cher réalisé (qui sera très vite dépassé par la suite). Présenté hors compétition au 59ème Festival de Cannes le 22 mai 2006, X-Men : L’Affrontement Final sort en France le 24 mai, deux jours avant les USA. Malgré des critiques pour la première fois très mitigées - certaines apprécient l’action plus présente et ses effets spéciaux réussis, tandis que d’autres regrettent son scénario trop léger et le manque d’émotions tous deux indignes de la saga - cette ultime bataille récolte malgré tout plus de 459,3 millions de dollars de recettes mondiales (dont plus de 234,3 millions sur le sol américain), soit le film le plus lucratif de la première trilogie, classé septième au box-office mondial de l'année 2006.

Le résultat critique en demi-teinte n’empêche pas la suite des aventures indépendantes de certains X-Men. Ainsi, le chouchou du public en la personne de Wolverine reprend du service avec X-Men Origins : Wolverine (2009), Wolverine, le Combat de l'Immortel (2013) et Logan (2017), trois opus inégaux qui permettent cependant de revoir certains mutants et acteurs biens connus. Plus modestement, Colossus - encore une fois maltraité mais pour la bonne cause cette fois-ci - devient sous de nouveaux traits l’ambassadeur des X-Men dans Deadpool (2016) et Deadpool 2 (2018). Mais surtout, la nouvelle phase lancée en 2011 qui revient sur la jeunesse des super-héros et la création des X-Men à partir des années 60, permet de redorer le blason de la saga, entaché depuis X-Men : L’Affrontement Final, et corriger la postérité négative de celui-ci grâce au voyage dans le temps de l’excellent X-Men : Days of Future Past, qui rectifie le tir grâce à son effet papillon allant jusqu’à modifier les événements de la première trilogie. De même, en 2019, le quatrième et dernier volet de la prélogie intitulé X-Men : Dark Phoenix propose une nouvelle et plus fidèle approche du fameux chapitre du Phénix.

Exemple parfait de la notion de « fan service », préférant narrer deux histoires qui valent à elles seules leur propre adaptation et multiplier à outrance les mutants sans vraies raisons (et réels rôles) - si ce n'est satisfaire le plus grand nombre - les puristes qui s’étaient attachés aux tout premiers héros, ainsi qu'à l’univers soigné et brillant des deux premiers épisodes, peuvent être déçus. Les moins tatillons et plus avides de grand spectacle peuvent être satisfaits. Dommage, car les deux points de vue n’étaient pas inconciliables, comme l’a majestueusement prouvé X-Men 2. Mis à part ces maladresses dues à la fois à une trop grosse ambition et l’envie de faire un film plus léger, X-Men : L’Affrontement Final peut néanmoins compter sur une partie de son très bon casting, toujours autant impliqué, quelques scènes mémorables et de très beaux effets spéciaux. Reste intact le plaisir de revoir (une dernière fois ?) la première équipe des X-Men avec une certaine tendresse. Une mention spéciale au duo Patrick Stewart/Ian McKellen, véritable garant de la sagesse de la saga malgré sa sous-exploitation ici, et au couple Hugh Jackman/Famke Janssen, figure dramatique digne de Roméo et Juliette, qui relèvent l'ensemble.

Les sages conseils du Professeur Xavier à l'encontre de la jeune Jean Grey auraient pu s'appliquer à l'équipe de X-Men : L’Affrontement Final : « Tu n'imagines pas l’étendue des pouvoirs que tu as. La question est : contrôleras-tu ces pouvoirs ou en seras-tu l'instrument ? ».

Ultime épisode tout juste plus que passable - ni bon, ni mauvais - qui devait conclure la première trilogie en beauté, X-Men : L’Affrontement Final peut malheureusement se vanter d'être le moins bon du lot. Oscillant entre l’envie de faire un film plus violent et plus sombre, plus impressionnant et ambitieux (en 1h40 ?), mais également plus coloré et plus drôle, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Un acte manqué sauvé de justesse par la narration de l'arc du Phénix attendu depuis le premier X-Men, qui reste plaisant à découvrir - à sa façon - jusqu’à la première scène post générique de l'histoire des X-Men.

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