X-Men
Le Commencement
Le synopsis
Avant de devenir le Professeur X et Magneto et alors que les mutants n'ont pas révélé leur existence au monde, Charles Xavier et Erik Lehnsherr sont les meilleurs amis du monde et luttent pour empêcher la destruction de l'humanité... |
La critique
Produit et distribué par la Fox, avec la participation de Marvel Entertainement, une filiale appartenant à 100% à la Walt Disney Company, X-Men : Le Commencement est le cinquième opus tournant autour de la saga X-Men ; et assurément, l'un des meilleurs ! Mélangeant habilement des références historiques, comme la guerre froide ou la menace nucléaire, à la nostalgie des années 60, X-Men : Le Commencement prend, en effet, tout autant des airs de reboot que de préquelle. Mais c'est avant tout la fascinante recherche psychologique opérée sur les personnages, savamment agrémentée de moments de bravoure efficaces à souhait, qui marque les esprits et fait du film un vrai régal...
Les X-Men sont un groupe de super-héros, créé par Stan Lee et Jack Kirby, dont les premières aventures sont publiées dans le comic X-Men #1 édité par Marvel Comics en septembre 1963. En France, ils apparaissent en janvier 1970 dans le journal Strange no 1 publié aux éditions Lug. Dans l'univers des X-Men, les mutations génétiques sont monnaie courante, octroyant de superpouvoirs à une part croissante de la population, qualités se dévoilant en général à l'adolescence. Afin de les aider à franchir ce moment difficile, sorte de coming-out qui ne dit pas son nom, le Professeur Charles Xavier crée ainsi une école spécialisée où ses élèves pas comme les autres se forment non seulement à maitriser leurs pouvoirs mais aussi à s'accepter eux-mêmes. Il leur apprend de la sorte à vivre en harmonie avec les humains dits « normaux » pour organiser ensemble un monde meilleur. Mais tous les mutants n'ont pas la chance d'être repérés suffisamment tôt et échappent alors à son programme éducatif. La plupart du temps rejetés par les leurs, ils s'égarent sur le chemin du mal et se forgent une véritable aversion contre la terre entière. Réunis autour du malfaisant mutant Magneto, ils n'ont pour but que d'affirmer leur prééminence sur l'Homme voulant réduire l'humanité en esclavage. Le comics aborde ainsi les thèmes complexes du rapport de l'homme à son évolution et de sa capacité à accepter les différences. Les mutants se répartissent ainsi en deux groupes : les élèves du Professeur Charles Xavier qui croient à l'avantage de la différence et aux bénéfices du métissage des capacités, contre les disciples de Magnéto, qui se considèrent comme l'incarnation de l'évolution ultime de l'homme et à ce titre, condamnent tous les stades "inférieurs" à disparaître, au motif qu'ils ralentissent l'émergence d'une nouvelle humanité...
La première tentative pour réaliser un film basé sur l'univers des X-Men
remonte à 1996, avec Generation X, un téléfilm produit par la Fox. Il faut
ensuite attendre 2000 pour voir les salles obscures proposer X-Men. Il s'agit
alors d'un long-métrage de cinéma
à gros budget, réalisé par Bryan Singer. Le succès est phénoménal et relance à
lui-seul la
mode des films de super-héros de Marvel qui déferlent ensuite sur le grand-écran
avec notamment, en 2002, le fameux Spider-Man. En 2003, Bryan Singer réalise un second film
sobrement intitulé X-Men 2 dont le succès dépasse celui du premier opus.
Il n'en faut pas plus pour que Marvel se décide d'en sortir un troisième,
histoire de clore la trilogie X-Men. Matthew Vaughn est envisagé un temps pour remplacer,
à sa réalisation, Bryan Singer parti lui s'occuper du raté Superman Returns.
Finalement écarté par le studio, Brett Ratner (Dragon rouge, Rush Hour…)
prend alors son relai, une décision qui provoque la panique des fans craignant une rupture
par trop brutale avec la vision de Bryan Singer. X-Men :
L'Affrontement Final sort ainsi le 24 mai 2006 et reste depuis, l'opus
considéré comme le plus
faible des trois. Mais ce n'est rien par rapport à X-Men Origins : Wolverine un spin-off
centré sur Wolverine et initié par la Fox désireuse de pas lâcher la franchise
: à l'affiche le 1er mai
2009 il subit, en effet, des critiques encore plus assassines, partout dans le
monde...
En parallèle du cinéma, les X-Men font de très nombreuses apparitions à la
télévision, dans le genre de l'animation. En 1989, Marvel produit ainsi Pryde of the X-Men,
un téléfilm animé, basé sur les X-Men tandis qu'en 1992, Fox Network lance
elle une
série télévisée animée, dénommée X-Men. Elle dure cinq
saisons jusqu'en 1997. En 2000, Warner Brothers reprend le flambeau avec X-Men : Evolution,
une série animée mettant en scène les
X-Men adolescents dans le cadre de leurs études à l'académie du Professeur
Xavier. La collection dure quatre saisons jusqu'en 2003. En 2009, une sorte de
suite est lancée avec Wolverine et les X-Men présentée cette fois-ci sur la chaine Cartoon Network...
X-Men : Le Commencement marque la volonté des studios de revenir aux sources. Ils demandent alors à Bryan Singer de reprendre les commandes, même s'il leur précise qu'il n'aura pas le temps de réaliser l'opus. Il se limite alors à son écriture, garantissant ainsi le respect de sa vision développée dans les deux premiers opus ; Bryan Singer reconnaissant à l'occasion que l'idée de ces "origines" lui trottait dans la tête depuis X-Men ! Soucieux de ne pas voir son travail dénaturé, il exige de voir confier la réalisation à Matthew Vaughn, pourtant viré par la Fox pour X-Men : L'Affrontement Final ! Les deux hommes se connaissent bien et partagent, en effet, la même sensibilité. Ils livrent ainsi à eux deux un film qui sonne parfaitement juste. Les X-Men gagnent, il est vrai, en humanité dans une histoire qui reste assurément celle de super-héros. S'éloignant sensiblement du comics, les auteurs vont jusqu'à réinventer la mythologie des mutants. Pour cela, ils repartent de la première scène de X-Men et reviennent à la seconde guerre mondiale (Les spectateurs les plus attentifs remarqueront d'ailleurs dans ce passage un anachonisme : en 1944 -l'année est précisée dans un bandeau- le directeur du camp nazi y écoute en effet sur son tourne-disque "La vie En Rose" d'Edith Piaf alors que ce titre a été réellement enregistré par la célèbre chanteuse, seulement trois ans plus tard, en 1947 !). Le temps fait ensuite son œuvre et s'arrête au début des années 60 : le monde joue alors encore à se faire peur et le risque d'un conflit atomique, entre les deux grands puissances de l'époque, que sont les USA et l'URSS, n'a jamais été aussi fort. En replaçant le contexte dans une épisode historique emblématique, les auteurs rendent de fait l'univers des X-Men encore plus passionnant. Au delà des morceaux de bravoures, le spectateur assiste, en effet, à une recherche psychologique des personnages très fouillée. Le parcours des anciens les révèlent comme jamais auparavant tandis que la définition des nouveaux est incroyablement riche.
La richesse de son histoire mise à part, la grande force de
X-Men : Le Commencement se situe à n'en pas douter dans sa panoplie de personnages tous plus
charismatiques les uns que les autres.
Charles Xavier, le futur Professeur X, est interprété par James McAvoy. Acteur
remarquable, il rend son personnage terriblement humain. Il est bien sûr un
jeune adolescent fougueux, plein d'assurance mais arbore déjà les prémices de la sagesse
qui le caractérisera par la suite et qui lui vient de cette inébranlable foi
dans l'humanité...
Erik Lehnsherr, alias Magneto, est encore plus troublant. Joué à merveille par
un Michael Fassbender tourmenté à souhait, il est un personnage complexe dont la vie
est parsemée de doutes et de souffrances. Le spectateur découvre ainsi l'origine de sa
haine pour les humains tout comme son amitié touchante avec le Professeur X.
Leur opposition en ressort plus forte encore, à la hauteur du vrai lien qui les
a uni un temps !
A côté de ces deux figures mythiques des X-Men, évolue un méchant inédit dont
l'aura est exceptionnel. Sébastien Shaw, incarné par un Kevin Bacon magistral,
est ainsi un
mutant aux pouvoirs incroyables mis au service d'un dessein effroyable :
continuer l'entreprise d'extermination hitlérienne.
L'opus est également l'occasion de retrouver des figures connues et d'en
apprendre toujours plus sur eux, à l'exemple de Raven alias Mystique ou de Hank dit Le Fauve.
Il ouvre aussi la voie à de nouveaux personnages aux premiers rangs desquels se
trouvent Emma Frost, Riptide, Darwin,
Tempête, Azazel, Havok ou Le Hurleur...
Si X-Men : Le Commencement ne s'économise pas en scènes de bravoure, elles demeurent en revanche un cran au-dessous de celles vues par exemple dans Thor. Le but de l'opus est visiblement ailleurs. Plus cérébral, il privilégie à l'évidence l'histoire et les personnages. Pour autant, il serait faux de le croire mou. Côté effets spéciaux, le meilleur est, en effet, au rendez-vous, servant l'action par des images savamment orchestrées et dont la résolution est exemplaire. Pas de 3-D inutile ici, la 2-D fait son œuvre et toute son œuvre !
Assis sur des connotations historiques inspirées, une nostalgie des années 60 enthousiasmante, un scénario riche et digeste, des personnages fouillés et attachants, des paraboles subtiles sur l'origine des génocides ou le rejet de la différence, X-Men : Le Commencement est une aventure cinématographique à ne louper sous aucun prétexte : un superbe film ; et sans contexte, le meilleur de la saga !