Baltus Van Tassel
Date de création : Le 05 octobre 1949 Nom Original : Baltus Van Tassel Créateur(s) : John Lounsbery Ken O'Brien |
Apparition : Cinéma |
Le portrait
En 1949, les studios Disney adaptent un monument de la littérature américaine, La Légende du Val Dormant, utilisé dans la seconde partie du long-métrage Le Crapaud et le Maître d’École. Écrit par Washington Irving en 1820, l’ouvrage met en scène Ichabod Crane, un instituteur pique-assiette dont le rêve absolu est d’épouser un jour la belle Katrina et ainsi mettre la main sur la fortune colossale de son père, le vieux Baltus Van Tassel.
Personnage secondaire dans l’œuvre de Washington Irving, Baltus Van Tassel est présenté comme un « fermier hollandais prospère ». « Content de soi et généreux », ce dernier est assis sur une fortune extraordinaire amassée grâce aux ressources produites sur ses terres. Niché dans une crique bien protégée le long du fleuve Hudson, le domaine du vieil homme est en effet florissant et particulièrement bien entretenu. Au cœur de la propriété, une luxueuse bâtisse construite dans le plus pur style hollandais fait l’admiration de tous. À l’intérieur, la vaisselle en étain recouvre les murs. Les pièces sont remplies de beau mobilier. Des domestiques s’activent pour rendre la maison impeccable. Non loin de là, trône une grange gigantesque dont les ouvertures semblent près de céder tant les richesses contenues à l’intérieur sont nombreuses. Un vieil orme et une barrique servant de puits complètent le décor.
Autour des bâtiments, cochons, truies, dindons, oies, pigeons ainsi qu’un coq très fier se promènent en toute quiétude. Les champs de froment, de seigle, de sarrasin et de maïs s’étendent à perte de vue. Les vergers sont surchargés de fruits. « Rond et jovial », Baltus Van Tassel ne tire toutefois aucune vanité de sa fortune. Ne cherchant pas à profiter de sa richesse pour se faire une place dans ce monde, il se moque en effet de ce qui se passe loin de ses terres et ne sort presque jamais de sa propriété.
À défaut d’aimer sortir de chez lui, Baltus Van Tassel aime recevoir. Aussi, régulièrement, il organise de grandes fêtes à domicile. Toute la fine fleur de la région est alors invitée. La nourriture ne manque pas. Beignets, tourtes, pâtisseries, jambons, poulets, bœuf fumé, fruits au sirop et autres bols de lait et de crème recouvrent les tables. La musique apporte une bonne ambiance. Soucieux de saluer chacun en lui serrant la main ou en lui tapant chaleureusement dans le dos, Baltus apprécie en particulier de se retrouver avec ses anciens camarades de régiment avec qui il se souvient de ses faits d’armes. Point d’orgue de ses soirées, les histoires d’épouvantes que se racontent les uns et les autres jusqu’au bout de la nuit.
Baltus Van Tassel, Farmer, illustration de George Henry Boughton,
Bristol City Museum and Art Gallery.
Adorant fumer sa pipe au coin du feu, le riche fermier est un « homme raisonnable et un excellent père ». Sa fille Katrina est en effet la prunelle de ses yeux. Papa gâteau, il l’autorise d’ailleurs à faire tout ce dont elle a envie. Souvent, il aime la regarder filer la laine. Il laisse en outre la jeune fille âgée de dix-huit ans se chercher un bon mari. Ichabod Crane, qui ne peut se retenir de saliver devant tant de richesses, est évidemment sur les rangs. La main de la belle échoit finalement au caïd du village, Brom Bones, suite à la disparition mystérieuse de l’instituteur, parti terrifié après avoir entendu la légende du Cavalier sans tête…
Contrairement à Washington Irving, les studios Disney ne s’attardent pas sur le passé du vieux Baltus Van Tassel. La seule indication donnée est qu’il s’agit du « plus riche fermier du pays », une exagération qui n’est d’ailleurs pas mentionnée dans le livre original.
La première apparition du fermier est furtive. Assis dans une calèche aux côtés de sa fille Katrina, il disparaît en effet presque instantanément de l’écran alors que la belle est assaillie de courtisans. Baltus Van Tassel est ensuite visible dans les pensées d’Ichabod Crane. Tombé sous le charme de la demoiselle, l’instituteur se voit déjà enfiler le costume de son riche papa qui, à l’évidence, n’emportera pas sa fortune dans la tombe.
Baltus Van Tassel apparaît enfin une dernière fois lors de la grande fête d’Halloween organisée comme chaque année dans sa riche demeure. Le vieil homme a envoyé des invitations à tout le monde, y compris à Ichabod qui ne s’est évidemment pas fait prier pour accepter. Assis dans son fauteuil, Baltus observe ses hôtes en train de manger, de s’amuser et de danser. Incapable de retrouver ses allumettes, il est heureux de pouvoir compter sur le professeur qui, évidemment, saute sur l’occasion pour se faire bien voir auprès de son potentiel futur beau-père qui disparaît ensuite purement et simplement de l’intrigue.
Comme dans l’œuvre de Washington Irving, Baltus Van Tassel est montré sous les traits d’un homme « rond et jovial ». Court sur pattes, la chevelure rousse et le crâne dégarni, il semble être un bon vivant dont l’embonpoint et le nez rougi indiquent son goût pour les plaisirs de la table. Son costume est semblable à celui des notables américains de la fin du XVIIIe siècle. Ses bijoux, ses boucles de chaussure, ses boutons et sa montre à gousset retenue grâce à une épaisse chaîne en or laissent transparaître sa fortune, tout comme sa ferme représentée sous la forme d’une grande bâtisse se dressant au centre de terres à l’évidence fertiles.
Personnage cartoonesque typique des productions Disney du moment, Baltus Van Tassel est animé par John Lounsbery et Ken O'Brien.
Membre du groupe très fermé des Neuf Vieux Messieurs originaire de Cincinnati, dans l’Ohio, John Lounsbery suit les cours de l’Art Institute de Denver puis l’Art Center School of Design de Los Angeles avant d’entrer chez Disney en 1935. Débutant comme assistant de l’animateur Norman Ferguson puis comme animateur à part entière, il travaille sur plusieurs cartoons avec Mickey et Pluto puis sur Blanche Neige et les Sept Nains où il conçoit certaines scènes avec la Sorcière. Au générique de presque tous les longs-métrages d’animation Disney jusqu’aux (Les) Aventures de Bernard et Bianca, il a notamment donné vie à Grand-Coquin et Gédéon, Ben Ali Gator, Dumbo et Timothée, Willie le Géant, Lucifer, Pataud et Major, Le Chat du Cheshire, la Chenille, le Morse et le Charpentier, Monsieur Darling, Tony et Joe, le roi Stéphane et le roi Hubert, Jasper et Horace, le loup de Merlin l’Enchanteur, le colonel Hathi ou bien encore Adélaïde de Bonnefamille et son notaire Georges Hautecourt ainsi que le Shérif de Nottingham et Bourriquet. Élevé au rang de Disney Legend à titre posthume en 1989, John Lounsbery décède le 13 février 1976 à l’âge de soixante-quatorze ans, avant même la sortie des (Les) Aventures de Bernard et Bianca et des (Les) Aventures de Winnie l’Ourson dont il assurait la réalisation aux côtés de Wolfgang Reitherman.
Né le 19 décembre 1915 dans le Montana, Ken O’Brien est engagé chez Disney en 1937. Participant à la fin de la production de Blanche Neige et les Sept Nains, il participe à l’animation de certains des classiques suivants : Pinocchio, Bambi, La Boîte à Musique, Mélodie du Sud, Coquin de Printemps et Mélodie Cocktail. Collaborant ponctuellement avec les studios de Walter Lantz, il est de retour chez Disney dès la fin des années 1950 et inscrit son nom au générique de Peter Pan, La Belle et le Clochard ou La Belle au Bois Dormant. En 1962, il rejoint les rangs des WED Enterprises et participe à la conception de l’audio-animatronic d’Abraham Lincoln pour l’Exposition Universelle de New York de 1964. Également au travail sur Pirates of the Caribbean, The Hall of Presidents et Country Bear Jamboree, O’Brien quitte Disney pour les studios Hanna-Barbera durant les années 1970 avant de se retirer en 1982. Il décède le 17 janvier 1990 à l’âge de soixante-quatorze ans.
Baltus Van Tassel fait partie de ces personnages qui, à l’évidence, n’apportent pas grand-chose à l’histoire mais dont la rondeur et l’apparence offrent tout leur charme aux productions Disney des années 1940.