La Harpe Magique
Date de création :
Le 27 septembre 1947
Nom Original :
Singing Harp
Créateur(s) :
Jack Campbell
Apparition :
Cinéma
Télévision
Parcs
Jeux Vidéo
Voix Originale(s) :
Anita Gordon
Voix Française(s) :
Paulette Rollin (Doublage de 1950)
Bénédicte Lécroart (Doublage de 1997)

Le portrait

rédigé par
Modifié le 08 décembre 2023

En 1947, Mickey, Donald et Dingo participent ensemble à leur premier long-métrage, Coquin de Printemps. Vedette de la séquence intitulée Mickey et le Haricot Magique, le trio interprète alors le rôle de trois paysans affamés venant à la rescousse d’une Harpe magique grâce à laquelle la vallée connaissait jadis paix et prospérité.

La Harpe magique, personnage du folklore populaire

La Harpe magique est un personnage mineur du conte pour enfants Jack et le Haricot Magique. Possédant des origines assez incertaines, l’histoire a notamment été popularisée en 1890 par l’auteur australien Joseph Jacobs dans son recueil English Fairy Tales.


Joseph Jacobs

La version de Jacobs met ainsi en scène le personnage de Jack (ou Jacques), un garçon vivant seul avec sa mère. Très pauvre, la famille ne survit que grâce au lait de sa vache. Mais les traites sont de plus en plus maigres et la mère de Jack prend un jour la décision de vendre l’animal. Le héros l’échange alors contre des haricots magiques, ce qui provoque la colère de sa maman qui pense qu’il s’est fait berner. Les haricots jetés par la fenêtre, les plantes poussent effectivement durant toute la nuit et donnent naissance à une tige gigantesque montant haut dans le ciel.


Illustration de Walter Crane

Découvrant la plante magique, Jack se met en tête de l’escalader pour voir ce qui se trouve en son sommet. Son ascension le conduit jusqu’au seuil d’une grande maison habitée par un ogre géant et sa femme. Protégé par cette dernière, le garçon ne peut se résoudre de partir sans emporter avec lui une partie du trésor gardé précieusement par le monstre. De retour sur la terre ferme, Jack offre l’or à sa mère. Tous les deux vivent alors confortablement jusqu’à ce que toutes les pièces aient été dépensées. Jack remonte alors au sommet de la tige de haricot. Une nouvelle fois protégé par la géante qui le cache aux yeux de son mari, il redescend cette fois avec une oie capable de pondre des œufs en or. Après une troisième ascension au sommet de la plante, Jack chaparde alors la harpe d’or du géant.


Illustration de Walter Crane

Parvenant à tuer l’ogre en coupant la tige de haricot magique, Jack mène dès lors une vie prospère grâce aux œufs en or de l’oie et à l’instrument magique. Devenu immensément riche, il épouse finalement une princesse.

La Harpe magique, symbole de joie et de prospérité chez Disney

Au cœur de la Vallée enchantée, se dresse un magnifique château renfermant un inestimable trésor. En ces murs, vit en effet une Harpe magique dont le chant apporte chaque jour bonheur et prospérité sur toute la région.

Grâce à elle, tous les êtres de la vallée coexistent ainsi en parfaite harmonie au cœur d’une nature verdoyante et luxuriante. Mais ce havre de paix est un jour brisé par l’arrivée soudaine d’une ombre mystérieuse. Dans un fracas infernal, la Harpe d’or est enlevée. Sans sa magie, la région sombre alors dans la tristesse et le désespoir le plus total. Les ruisseaux s’assèchent. La nature meurt inexorablement. Et les pauvres paysans sont dès lors réduits à la misère la plus totale...

Parmi eux, Mickey, Donald et Dingo essayent de tromper la faim en se contentant chaque jour de deux tranches de pain si fines qu’il est possible de voir à travers... Prenant conscience que la folie gagne peu à peu l’esprit de ses camarades, Mickey se résout finalement à vendre sa vache. Se préparant déjà à déguster un succulent repas, Donald et Dingo sont cependant très vite déçus du fruit de la vente. Mickey a en effet échangé l’animal contre des haricots supposément magiques que le canard, furieux, a tôt fait de jeter par terre.

Durant la nuit, la magie fait son œuvre et les haricots donnent naissance à une tige gigantesque montant jusqu’au sommet du ciel. Emportés au-dessus des nuages, les trois compères découvrent un monde incroyable dans lequel chaque être, chaque plante est gigantesque. Parvenant jusqu’aux portes d’une énorme forteresse, tous les trois retrouvent bientôt la Harpe magique, enfermée à double-tour dans un coffre par le maître des lieux, un géant redoutable prénommé Willie.

Commence alors pour Mickey, Donald et Dingo une incroyable mission de sauvetage pour sortir de là l’instrument enchanté et le ramener dans la vallée. Misant sur sa grande crédulité, Mickey s’occupe de distraire le géant, en vain... Donald et Dingo se retrouvent à leur tour piégés dans le coffre. La Harpe doit dès lors elle-même intervenir. De sa douce voix, elle chante afin d’endormir Willie et ainsi laisser le temps à Mickey de mettre la main sur la clé du coffre.

Le plan semble au départ se dérouler comme prévu. Donald, Dingo et la Harpe sont enfin libérés. Reste à décamper d’ici au plus vite. Mais le géant se réveille soudain et, armé d’une masse, se lance à la poursuite des trois intrus. Fou de rage, Willie pourchasse donc Mickey ainsi que Donald et Dingo qui tentent tant bien que mal de faire descendre la Harpe le long de la tige de haricot. Arrivés en bas, tous se mettent à couper frénétiquement la plante géante qui, en basculant, provoque la chute de Willie. La Harpe est ainsi sauvée et la prospérité au cœur de la vallée restaurée. Happy End!

La Conception du personnage

Jack et le haricot magique fait partie des nombreux contes populaires adaptés à l’écran par les studios Disney. Dès 1922, le jeune Walt, alors âgé de seulement vingt-et-un ans, avait déjà repris cette histoire au sein d’un cartoon de la collection des Laugh-O-Grams. Réalisé avec les moyens du bord, le court-métrage prenait cependant de grandes libertés par rapport au récit d’origine.

L’idée de transposer l’histoire de Jack ressurgit près de quinze ans plus tard, dans les années 1930. Walt Disney est devenu un artiste renommé grâce à Mickey Mouse, la série des Silly Symphonies et surtout Blanche Neige et les Sept Nains, le premier long-métrage d’animation sonore et en couleur de l’Histoire. À la recherche d’un nouveau sujet pour sa souris, de plus en plus rare sur les écrans, le cinéaste penche alors pour une nouvelle approche de Jack et le Haricot Magique. Surnommé le « Mickey Feature », la production de ce nouveau long-métrage bat alors son plein avec un script achevé au printemps 1941. La Seconde Guerre mondiale et l’assèchement des finances des studios mettent toutefois un coup d’arrêt à la réalisation de l'opus qui n’est repris qu’en 1944 sous la forme cette fois d’un moyen-métrage qui sera associé à l’histoire de l’ours Bongo au sein du film d’anthologie Coquin de Printemps.

En développement pendant presque dix ans, le « Mickey Feature », bientôt rebaptisé Mickey et le Haricot Magique, a connu de très nombreux changements. Les soubresauts et les atermoiements de la production ont en effet obligé les artistes et les scénaristes de Disney à revoir à de nombreuses reprises leur copie. Certains personnages ont ainsi tout simplement disparu de l’intrigue, à l’image de la princesse Minnie, de Clara Cluck et du chat géant de Willie. Les autres, Mickey, Donald, Dingo, Willie et la Harpe ont été conservés, les deux derniers ayant très souvent changé d’apparence.

Feuille de modèles préliminaire
Zasu Pitts

Lorsqu’ils se lancent dans le projet à la fin des années 1930, les dessinateurs de Disney imaginent au départ la Harpe avec les traits de la comédienne Zasu Pitts. Née en 1894, elle est alors l’une des plus grandes stars d’Hollywood avec des apparitions remarquées dans La Petite Princesse, La Symphonie Nuptiale, À l’Ouest Rien de Nouveau, Hello, Sister!, L’Extravagant Mr Ruggles et No, No, Nanette, l’un des films préférés de Walt et Lillian Disney. Habitués à caricaturer les vedettes de l’époque dans des cartoons comme L’Équipe de Polo et Chasseur d’Autographes, les artistes se sont ainsi amusés à représenter la Harpe avec le même regard mélancolique que Zasu Pitts.

Recherche graphique
Extrait du storyboard

Abandonnant cette idée alors même que Pitts se faisait de plus en plus rare sur les écrans, les dessinateurs de Disney ont finalement changé leur fusil d’épaule au sortir de la guerre. La Harpe est désormais représentée sous les traits d’une ravissante jeune femme aux cheveux longs vêtue d’une large robe. Sur d’autres dessins, sa coiffure se mêle à la console et seule une frange droite est visible.


Extrait du storyboard

Au final, la Harpe de Mickey et le Haricot Magique apparaît sous les traits d’une jeune femme dont la chevelure, plus courte, est coiffée en chignon. La frange, initialement droite, est désormais ondulée. La robe, ample, est à présent cintrée pour rappeler la finesse de la colonne de l’instrument. Elle porte en outre deux ailes dans le dos qui épousent la forme arrondie de la console. Développé au milieu des années 1940, le visage de la Harpe magique, assez simple, ainsi que sa blondeur semblent déjà par certains aspects entrevoir les traits des héroïnes disneyennes des années suivantes comme Katrina Van Tassel et Cendrillon.

La Harpe magique
Katrina Van Tassel
Cendrillon

Les différentes apparitions de la Harpe magique sont animées Jack Campbell. Débutant chez Disney en 1933, l’artiste se spécialise rapidement dans l’animation de personnages féminins. En tant qu’assistant de Grim Natwick, il donne ainsi naissance à Blanche Neige, à son Prince et à la Fée Bleue. Engagé dans la grève qui frappe les studios au printemps 1941, Jack Campbell est licencié en septembre. L’artiste ne retrouve finalement son poste qu’en janvier 1944. Alors chargé avec Les Clark d’animer les abeilles, les colibris et les autres animaux animés de Mélodie du Sud, l'expérience est cependant de courte durée. Campbell est de nouveau renvoyé en 1947 pour des raisons budgétaires. Il signe deux retours dans l’entreprise en 1949 puis en 1952. Au travail sur le personnage de Madame Darling dans Peter Pan, ainsi que sur celui de Tante Sarah dans La Belle et le Clochard, Jack Campbell quitte définitivement Disney pour rejoindre le concurrent UPA. Au générique des (Les) Aventures d’Aladin, l’artiste décède le 15 mars 1961.

Jack Campbell
Dessin d'animation de la Harpe magique

Pour simplifier le processus d’animation de la Harpe, décision est rapidement prise d’animer la tête et le buste du personnage de manière indépendante. La console, le corps et la caisse de résonance de l’instrument, que chacun peut imaginer rigide, ne bougent en effet pas, contrairement au visage, au haut du corps et aux bras.

Dessin d'animation de la tête et du buste
Dessin d'animation de la console et du corps
Les Voix de la Harpe magique

En version originale, la Harpe magique est interprétée par Anita Gordon. Née le 21 décembre 1929 à Corsicana, au Texas, la chanteuse débute modestement sur les bancs de l’église paroissiale où ses parents officient comme chef de chœur et organiste. En 1935, elle a six ans lorsque sa famille et elle s’installent à Hollywood, en Californie. Là, Gordon poursuit son apprentissage avant d’être repérée. Dès 1945, elle signe un contrat avec 20th Century Fox. Également engagée auprès de Columbia qui s’occupe pour sa part de sa carrière de chanteuse, elle rejoint bientôt Edgar Bergen à la radio. En plus de Coquin de Printemps, son nom est notamment inscrit au générique de La Foire aux Illusions et La Kermesse de l’Ouest dans lesquels elle remplace au chant les comédiennes Pamela Tiffin et Jean Seberg. Présente à la télévision dans The Millionaire, Sugarfoot, Les Aventuriers du Far-West et Une Mère Pas Comme les Autres, Anita Gordon disparaît le 10 mai 2015 à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.

Anita Gordon

Dans le premier doublage français de Coquin de Printemps réalisé en 1950, le rôle de la Harpe est tenu par Paulette Rollin. Fille du comédien Louis Rollin originaire de Marseille où elle naît le 23 mars 1920, elle débute comme mannequin pour Madame Grès tout en s’adonnant à la chanson aux côtés de son mari, le chef d’orchestre Hubert Rostaing. Apparaissant ponctuellement au cinéma dans Un Rayon de Soleil et La Fille de l’Ambassadeur, elle double donc la Harpe avant de devenir la voix chantée de Cendrillon. Sous contrat avec Mercury puis Barclay, elle enregistre en outre plusieurs livres-disques adaptés de Blanche Neige et les Sept Nains, Alice au Pays des Merveilles ou bien Les Trois Petits Cochons. Paulette Rollin décède le 25 janvier 2017 à l’âge de quatre-vingt-seize ans.

Paulette Rollin
Bénédicte Lécroart

À l’occasion du redoublage réalisé en 1997, Paulette Rollin est remplacée par Bénédicte Lécroart. Née le 5 novembre 1954 à Paris, elle découvre sa passion pour la chanson dès le plus jeune âge. Issue d’une famille de musiciens, elle intègre alors différents groupes de folk et de musique irlandaise et travaille également comme choriste pour Sheila, Elsa, Patricia Kaas et Gilbert Bécaud. Réputée pour sa voix cristalline, elle prête sa voix à Belle dans La Belle et la Bête. Voix chantée de Wendy dans le deuxième doublage de Peter Pan, de Féline dans le troisième doublage de Bambi et de Sœur Marguerite dans le deuxième doublage de La Mélodie du Bonheur, Bénédicte Lécroart disparaît le 19 juillet 2022 à l’âge de soixante-sept ans.

Les Autres Apparitions de la Harpe magique

En 1988, la Harpe magique signe une courte apparition à la fin de Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. Entourée de dizaines d’autres habitants de Toonville, elle salue la victoire de Roger et d’Eddie Valiant contre le terrible Juge Demort.

Qui Veut la Peau de Roger Rabbit
Once Upon A Time - Il Était une Fois

Dans la deuxième saison de la série Once Upon A Time - Il Était une Fois, le géant Anton possède également une Harpe d’or. Artefact issu du monde des humains, l’instrument ne possède néanmoins aucune silhouette anthropomorphe au niveau de sa colonne.

Main Mise sur la Harpe
La Harpe Perdue de Mervana

Deux autres spécimens de Harpe magique sont apparus dans la série La Bande à Picsou et son remake.
En 1987, dans Main Mise sur la Harpe, Picsou met la main sur la harpe magique d’Hélène de Troie qui, en version originale, est doublée par Russi Taylor, la voix de Minnie de 1986 à 2019, et en français par Claude Chantal.
En 2020, dans La Harpe Perdue de Mervana, un autre instrument croise la route du canard le plus riche du monde. Cette fois, la Harpe est incarnée en VO par l’humoriste Retta et en français par Véronique Alycia.

Disney Crossy Road
Disney Heroes: Battle Mode

La Harpe fait aussi partie des innombrables personnages du jeu Disney Crossy Road. Les joueurs de Disney Heroes: Battle Mode peuvent par ailleurs obtenir un badge à l’effigie de l’instrument.


Il Était une Fois un Studio

En 2023, les Walt Disney Animation Studios célèbrent dignement leur centième anniversaire avec Il Était une Fois un Studio, un court-métrage spécial dans lequel sont exceptionnellement rassemblés des centaines de personnages Disney d’hier et d’aujourd’hui. La Harpe Magique est elle-même de la partie. Après que Dingo a maladroitement cassé l’appareil photo, Belle tente de réchauffer les cœurs en chantant Quand On Prie la Bonne Étoile. La Harpe joue quelques notes de la chanson avant de prendre la pose aux côtés des autres personnages réunis sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.

La Harpe magique dans les Parcs Disney

De 1991 à 1999 puis de 2001 à 2010, la Harpe magique apparaît sur l’un des chars de la parade SpectroMagic de Walt Disney World.

L’instrument est alors accompagné par un orchestre constitué du Génie, de Dingo et de Tic & Tac.

Personnage passablement oublié aujourd’hui, la Harpe magique est l’un des protagonistes incontournables de Coquin de Printemps qui offrent tout son charme à la séquence de Mickey et le Haricot Magique.

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