Rêvons... et le Monde S'Illumine !

L’heure de la fête a sonné et il est temps de célébrer le 30e Anniversaire de Disneyland Paris. S’étalant du dimanche 6 mars 2022 au samedi 30 septembre 2023, les festivités de cet anniversaire marquant ont été précédées pour l’occasion des mots de Natacha Rafalski, Présidente de Disneyland Paris qui a déclaré : « Nous continuerons à repousser les frontières de la créativité. ». De ces paroles, petits et grands pouvaient s’attendre à quelque chose de grandiose. Qu’elle ne fut pas leur surprise en découvrant cette Parade anniversaire, qui était pourtant l’un des évènements les plus attendus de cette célébration au regard du maigre programme proposé pour l’occasion. Les festivités composant ce dernier tiennent donc, pour le spectacle de jour, au défilé quotidien de Rêvons… et le Monde S’Illumine ! accompagné d’une musique inédite. À la nuit tombée, en amont de Disney Illuminations, le nouveau spectacle de drônes Disney D-Light vient illuminer le ciel, accompagné de jets des fontaines encadrant Le Château de la Belle aux Bois Dormant. Au niveau de la décoration, tout autour de Central Plaza, des Jardins Féeriques viendront représenter les Personnages Disney préférés des visiteurs de manière stylisée et apporter une touche d’originalité dans les parterres de fleurs. Enfin, en mars 2022, à l’occasion du mois de l’histoire des femmes, la styliste Stella McCartney a conçu un tailleur-pantalon pour Minnie, que les visiteurs ont eu la chance de rencontrer. Il est important de ne pas oublier que pour les célébrations du 30^e anniversaire de la destination européenne, le 20 juillet 2022 a marqué un tournant pour la destination avec l’ouverture dans le Parc Walt Disney Studios de Marvel Avengers Campus. 

Alors que sur les dernières Saisons et Festivals, la qualité des défilés thématiques s’était nettement améliorée dès le printemps 2018 avec Pirates ou Princesses Disney : À la Croisée des Chemins ! lors du Festival Pirates & Princesses, poursuivi en octobre avec La Célébration Halloween de Mickey pour le Festival Halloween Disney, l’apothéose ayant été atteinte en 2019 avec la Parade Le Rythme de la Jungle qui a fait vibrer le cœur de nombreux visiteurs lors du Festival du Roi Lion et de la Jungle. Venant compléter la Disney Stars on Parade, qui défile quotidiennement depuis les festivités du 25e Anniversaire de Disneyland Paris, le public assiste, cinq ans plus tard, à une sorte d'essoufflement sous couvert d’une mise en scène rétro-chic que la présence des Personnages et la bonne humeur des danseurs peinent à masquer. 

Rêvons... et le Monde S'Illumine ! part, quand les conditions météorologiques le permettent, quatre fois par jour depuis Town Square, lorsque s’ouvrent les grandes portes entre Discovery Arcade et la boutique Ribbons & Bows Hat Shop. S'ensuit une boucle autour de Central Plaza avant d’emprunter le chemin inverse pour le retour. Le parcours est somme toute classique pour ce type de Parade mais l’arrêt devant Le Château de la Belle au Bois Dormant permet de faire durer le spectacle pendant une bonne vingtaine de minutes.

Du côté des festivaliers, le casting est alléchant et complet puisque composé au total de trente-trois Personnages issus des univers Disney et Pixar dont certains apparaissent pour la toute première fois à Disneyland Paris. Mais il est impossible de ne pas ressentir une certaine frustration. Trois groupes d’amis bien distincts se réunissent en effet à un même endroit mais se mélangent difficilement entre eux. Dans un premier temps, les classiques Disney : Mickey en maître de cérémonie, Minnie, accompagnée de Pluto, Dingo, Clarice, Tic et Tac, ainsi que le couple Donald et Daisy répartis sur différents chars. L’ensemble de ces personnages arborent, pour l’occasion, une tenue spéciale aux couleurs irisées, jouant avec la lumière à l’image des célébrations du Parc. Malgré tout, compte tenu de la hauteur conséquente des vitraux du char, leurs magnifiques costumes sont difficilement admirables. 

Dans un second temps, les Personnages désormais connus et reconnus des Parades Disney : Génie, Raiponce, Peter Pan, Woody, Jessie et Tiana accompagnent la cavalcade. Le point fort de cette partie tient dans les nouveaux costumes des deux cowboys, bien plus réalistes, modernes et fidèles aux jouets d’Andy. 

Enfin, en troisième groupe, c’est la véritable surprise car apparaissent pour la première fois de nouveaux Personnages. Ainsi, petits et grands ont le plaisir de découvrir Nick Wilde et Judy Hopps, personnages emblématiques de Zootopie, et Joie de Vice-Versa. Si ces derniers avaient déjà fait quelques rares apparitions dans les Parades des soirées réservées aux détenteurs de Pass Annuel, l’engouement du public pour les rencontrer et les voir davantage n’a fait qu’accentuer la demande existante pour ces héros bien trop rares. Miguel, du Pixar Animation Studios Coco (2017) est également de la partie pour la première fois à Disneyland Paris. Son univers était en soi déjà marqué lors de la saison d’Halloween et plus précisément à Frontierland du côté de l'ancien Fuente Del Oro Restaurante, devenu le 29 juillet 2023 Casa de Coco - Restaurante de Familia. En effet, il y apparaissait sous la forme d’une marionnette en bois depuis 2020. Avec le succès retentissant de Coco couplé à l’intérêt des visiteurs pour le pantin articulé, l’arrivée de l’égérie Miguel dans Rêvons... et le Monde S'Illumine !, semble une évidence toute trouvée.

C’est ici que naît alors la déception : pourquoi voir deux fois les mêmes univers alors que Disneyland Paris fait preuve d’originalité avec quelques nouveautés ? Ce parallèle crée un goût de « trop peu ». Lors des évènements et autres soirées spéciales, d’autres amis étaient alors de sortie, comme Tristesse, qui aurait pu accompagner sa consœur Joie, bien que le costume puisse être encombrant. Pour les Princesses, Tiana et Raiponce sont, certes, adorées des visiteurs, mais pour correspondre aux couleurs bleutées de la saison, pourquoi ne pas proposer Belle dans son habit de villageoise ou encore Merida, qui reste relativement effacée ? Mulan, avec sa robe traditionnelle bleue et rose aurait également correspondu dans sa tenue traditionnelle aux couleurs du 30e anniversaire de Disneyland Paris, et aurait permis d’apporter un nouvel ami venu d’une lointaine contrée tout en proposant une Princesse trop peu présente. L’équilibre est difficile à trouver pour parler à toutes les générations de visiteurs entre classique et modernité, tout en proposant un spectacle anniversaire digne de ce nom mêlant de nombreux mouvements de danse et partageant au travers de leurs mouvements une énergie communicative.

Alors même qu’il est difficile de comparer l’offre proposée quotidiennement et celle réservée aux spectateurs d’un soir, Disneyland Paris a prouvé lors de l’édition spéciale du nouvel An 2022 qu’il était possible de proposer une profusion de Personnages rares qui étaient tellement nombreux qu’il a fallu rajouter un certain nombre de véhicules pour transporter tout ce beau monde. Mickey et Minnie ont paradé à bord d’une voiture peinte spécialement pour l’occasion avec des formes imbriquées aux couleurs de l’anniversaire rappelant les vitraux des chars. Sur l’un des chars, Clarice, Tic, Tac et Pluto étaient accompagnés exceptionnellement des deux Ambassadeurs 2022 • 2023 Carmen Lleó Badal et Quentin Rodrigues. Au sol, dansaient en harmonie Raiponce, Tiana, Le Génie et Peter Pan. La star de l'évènement, Miguel, était à bord de son char habituel tandis que Dingo et Daisy ont également eu le privilège de défiler au volant d’un véhicule à la peinture iridescente. 
À la surprise générale, les tricycles (issus de La Cavalcade de la Grande Célébration du 12 avril 2017) ont exceptionnellement fait leur retour pour laisser le public admirer Baymax, son ami Hiro Hamada étant également de la partie dans son armure noire et violette. Sur le dernier char massif, petits et grands se sont retrouvés directement plongés dans l’univers de Lilo & Stitch avec la présence de Stitch, Angel et Pleakley. Une nouvelle salve suit alors : Nick Wilde, Judy Hopps ainsi que Lewis et Wilbur Robinson défilent à leur tour suivis de près par Joie et Tristesse à bord d’une troisième et dernière voiture. C’est alors au tour des fans de Toy Story d’être ravis puisqu’arrivent Bo Beep (dans la combinaison-pantalon portée lors du quatrième volet), Woody, Jessie et Buzz L’Éclair. Pour clôturer cette édition spéciale, sont au sol : Pinocchio, Geppetto, Jiminy Cricket, Alice, le Chapelier Fou, le Lapin Blanc, Tweedle Dee et Tweedle Dum. Dingo est à bord du dernier char, envoyant les dernières salutations aux festivaliers nocturnes. 

Vient l’heure d’aborder les différentes montures. Sur cette Parade, les chars sont au nombre de quatre et ont été créés spécialement pour le 30e anniversaire de Disneyland Paris. Deux chars sont uniques, les plus volumineux, tandis que deux autres sont similaires et leur structure, plus petite, ont un sommet en forme de pointe. Dans des formes alambiquées, composées d’acier et de verres et difficilement identifiables (est-ce un bateau ? Une fusée ?), deux points sont à déplorer : l’espace non utilisé massif et la hauteur des rambardes.
Concernant la place à bord des chars à la forme pointue, seul un Personnage est à bord. De fait, l’absence de tout autre Personnage en bas accentue ce sentiment de vide, renforcé par cet escalier qui invite au torticolis pour profiter du spectacle. Mais ce qui peine à être logique, c’est l’effet « ramassage scolaire » qui survient après le stop-show, puisque tous se retrouvent alors entassés sur les chars, mal optimisés pour en accueillir autant à bord, certains venant malheureusement masquer les autres, coupant ainsi le plaisir d’admirer la parade prendre le chemin inverse.

Pour inviter à la fête et traduire à la fois la joie et l’optimisme du moment, un nouvel hymne intitulé Un Monde Qui S’Illumine ! a spécialement été composé pour l’occasion par Chantry Johnson, Noémie Legrand et Tony Ferrari (What We Got, 2016). Cette musique, qui a la particularité d’avoir été enregistrée avec un orchestre symphonique dans les mythiques studios d’Abbey Road, est véritablement la pièce (pas si maîtresse) de cette célébration. Assurément joyeuse, entraînante et festive, cette musique anniversaire a conquis les cœurs de tous ceux l’ayant entendue à l’image de ce que souhaitait et imaginait David Duffy, Vice-Président Entertainment, en charge de la production, de la création et du costuming des spectacles ainsi que des équipes opérationnelles, comme il le dit si bien :

"This piece of music really captures the spirit of optimism and hope, that we hope our guests are going to approach the 30th Anniversary with and we also hope we are going to approach the future with." (« Cette musique traduit véritablement l'optimisme et l'espoir avec lequel nous souhaitons que nos visiteurs abordent ce 30^e anniversaire et avec lequel nous espérons également aborder l'avenir. »).

Déjà lorsqu’un extrait avait été publié le 4 mars 2022 sur les plateformes de streaming, l’engouement était palpable mais le succès s’est révélé incontestable lors de la sortie sur toutes les plateformes de streaming le 27 mai de la même année. Mais qu’en est-il réellement ? Parce qu’à bien connaître les paroles par cœur, une seconde musique vient perturber les heures de vocalises. En réalité, Ready For The Ride est arrivée un peu comme un nouvel élève quinze jours après la rentrée, créant surprise et confusion. Interprétée par le chanteur américain Jeff Lewis (Did I Mention de Descendants, 2015) et l’artiste et producteur Oh, Hush! ayant déjà travaillé pour Disney sur des films (Zapped : Une Application d’Enfer !, 2014), des séries (Austin & Ally, 2011-2016, Liv et Maddie, 2013-2017) et pour les Parcs en créant Magical Surprise, le thème musical du 5^e anniversaire de Shanghai Disneyland en 2021, voilà que les enceintes se mettent à diffuser les deux chansons portant finalement les mêmes messages rêveurs, joyeux et comme des odes aux rêves, le tout sur des mélodies entraînantes invitant danseurs et spectateurs à se déhancher en rythme. Malgré la parfaite harmonisation d'Un Monde Qui S’Illumine ! et Ready For The Ride, il semblerait que la dernière arrivée se révèle finalement être la première de la classe et s’attire tous les mérites. En y regardant de plus près, c’est la chanson de Jeff Lewis et Oh, Hush! qui sera reprise par la troupe anglaise du musical du (Le) Roi Lion, sur la chorégraphie de la Parade, lors d’une vidéo postée sur les réseaux sociaux le 12 avril 2022 pour célébrer outre-manche l’anniversaire de Disneyland Paris. De même que le titre sera repris par la communauté des fans LGBTQIA+ lors du mois des fiertés. Enfin, et éclipsant presque définitivement l’hymne pourtant officiel du 30e anniversaire de Disneyland Paris, c’est toujours Ready For The Ride qui sera repris à l’étranger, d’abord à Hong Kong Disneyland Resort, le morceau servant de support à un spectacle de la saison spéciale Duffy intitulée Duffy and Friends Play Days, puis à Disneyland Resort lors d’évènements soutenant des actions solidaires. Tous ces éléments réunis permettent de constater sans trop d’effort le succès du titre arrivé sous cape qui respecte à cent pour cent les attentes formulées par David Duffy, sans être pour autant Un Monde Qui S’illumine.

En dehors de ce thème musical, lors de l’arrêt de la Parade à Central Plaza, les classiques Disney retravaillés dans des tonalités plus pop pour coller à des sonorités plus contemporaines se font entendre lors des différents passages des Personnages. Les extraits, organisés en medley (morceau composé d’extraits musicaux issus de différentes chansons) sont au nombre de vingt-deux, avec des passages empruntés à des Personnages absents physiquement mais présents par la musique comme Vaiana (How I’ll Far Go, Le Bleu Lumière), Hercule (Go to the Distance, Le Monde qui est le Mien) ou encore Tarzan (You’ll Be in my Heart, Toujours dans mon Cœur). Se font donc entendre : I Just Can't Wait To Be King (Je Voudrais Déjà Être Roi du (Le) Roi Lion), Be Our Guest (C'est la Fête de La Belle et la Bête), Try Everything (de Zootopie), You Can Fly (Tu t’Envoles de Peter Pan), A Dream is a Wish Your Heart Makes (Tendre Rêve de Cendrillon), I’ve Got a Dream (J’ai un Rêve de Raiponce). Le Génie est célébré par deux musiques : Friends Like Me (Je Suis ton Meilleur Ami) dont le côté rappé est plus proche de la version interprétée par Will Smith dans le film Live que la version de Robin Williams) et Nuits d'Arabie en version instrumentale, ce qui est également le cas de Miguel de Coco avec Proud Corazón et Remember Me (Ne m’Oublie Pas). Tout aussi festive et correspondant aux festivités, des chansons issues du (Le) Bossu de Notre-Dame (Topsy Turvy ou Charivari en français) et de Pinocchio (Give a Little Whistle, Sifflez tout de suite) résonnent également. Parmi les Personnages présents, seule Joie n’a pas droit de voir son univers représenté, puisque Jessie et Woody, Tiana et Alice profitent eux de leur You’ve Got a Friend in Me (Je Suis ton Ami), Almost There (Au Bout du Rêve) et The Unbirthday Song (Chanson du Non-Anniversaire). Si la mélodie de Bundle of Joy, thème principal de Vice-Versa, aurait pu se prêter comme interlude musical, Joie sera accompagnée sur scène des airs de Under the Sea (Sous l’Océan), ce qui détonne encore plus car un morceau de l’univers du Studio à la Lampe aurait au moins permis de lisser avec son univers.

Pour terminer, la force de Disneyland Paris tient inévitablement dans la compréhension par les publics de tous horizons du spectacle. C’est pourquoi la Parade est, comme tous les spectacles, bilingue. Ainsi Mickey, Daisy, Dingo et Clarice s’expriment en anglais, tandis que tous les autres festivaliers s’expriment en français. Seul Miguel apporte une petite subtilité et touche d’authenticité en parlant en espagnol au moment d’entonner sa première chanson, le reste du spectacle où il a la parole se faisant en français. 

Rêvons... et le Monde S'Illumine ! ne serait pas une réelle parade sans son lot de danseurs à l’énergie communicatrice. Avec plus de trente femmes et hommes battant les pavés de Main Street, U.S.A. et de Central Plaza, les pas de danse mêlent à la danse contemporaine à de nombreux sauts, déplacements et mouvements de bras. Si les costumes colorés sont pensés pour faciliter les mouvements des hommes et des femmes au sol et peuvent être modulés (manches longues ou courtes par exemple) selon la météo parfois capricieuse de l’Île-de-France et les températures de chaque saison, le look « rétro-chic » mêle des couleurs tantôt vives et plus sombres, tout en tournant autour de la même palette de couleurs : violet, bleu et rose. L’originalité tient cependant au caractère unique de chaque costume, tantôt plutôt sportswear avec un sweatshirt et un baggy aux motifs léopard, tantôt plutôt futuriste avec une combinaison de pièces en matières s'apparentant à du simili. Toutefois, les férus de mode pourront y voir une inspiration tirée du « color block » caractérisé par l’imbrication de rectangles de couleurs tranchés aux fondus plus ou moins grossiers. Si cette tendance a été initiée par Yves Saint Laurent en 1960 inspiré des peintures néerlandaises de Mondrian, ce style connaît son âge d’or dans les années 80 où il était alors considéré comme avant-gardiste, mêlant subtilement les couleurs complémentaires. Des années plus tard, ces vêtements aux coupes plus ou moins larges, aux couleurs criardes et aux imprimés animaliers dénotent avec les matières et le chic des tenues de Mickey et ses amis créant deux univers qui peinent à se mélanger. Les tenues des danseurs ne réussissent pas à convaincre et laissent ainsi un sentiment mitigé au public : la célébration est-elle chic et revêt un caractère exceptionnel, ou s’agit-il plutôt d’un rassemblement familial sans fioritures ? Malin et témoignant de l’ingéniosité des équipes Costuming de Disneyland Paris, les costumes ont été pensés pour être adaptés aux fraîches températures du mois de mars, ainsi qu’aux chaleurs de l’été. Ainsi, des pantalons viennent s'ajouter sous les jupes pour couvrir les jambes, tandis que le haut du corps n’est pas en reste avec des vestes courtes et sans manches pour une chaleur supplémentaire. Cette force des costumiers permet d’assurer une cohérence quelle que soit la météo sans gêner les danseurs dans leurs mouvements. 

Cependant cet effet de style tombe malheureusement à plat. Les deux-mille bandes de strass cousues, sept-cents mètres de tissus imprimés, cent-quatre-vingt-dix bijoux inclus n’auront pas suffit. Inspiré des années 80 et rappelant la tendance de fluidité du genre de l’immense artiste David Bowie s’amusant avec les codes genrés de la société contemporaine, l’ensemble est cohérent. Ce mouvement de style se caractérise par l’effacement de la frontière entre féminin et masculin. Mais attention, en voulant jouer la carte de l'originalité, il faut trouver le bon équilibre pour éviter de tomber dans la faute de goût, comme cela peut être ici le cas. Certains costumes mêlent en effet sans harmonie les formes, les matières et les couleurs, rendant le tout indigeste. À titre d’exemple, l’un des costumes est composé ainsi : un sweat oversize violet avec une large coupure blanche au niveau de la poitrine, tombant aux genoux, sur un tee-shirt, lui aussi bien trop grand (dépassant du pull), accompagné d’un pantalon tout aussi trop large, rose et aux imprimés léopard. Si utiliser des vêtements du quotidien est une bonne idée pour donner à petits et grands l’envie de se prêter au jeu en fouillant dans leurs armoires à la chasse aux pièces aux couleurs similaires, parfois, cette fausse simplicité passe à côté de l’admiration générale que peuvent provoquer les costumes des parades. L'émerveillement peine à être au rendez-vous et explique pourquoi la Parade Rêvons… et le Monde S’Illumine ! divise tant. Ce parti pris artistique s’en ressent également sur les produits dérivés qui jouent également la carte du rétro sur le rayon vêtements et accessoires par de gros aplats de couleurs plus ou moins biens imbriqués, tandis que le reste des objets proposés à la vente sont davantage inspirés de l’élégance des nouveaux costumes créés pour Mickey et ses amis. Finalement, à l’image de cet anniversaire, les produits dérivés ne proposent aucune uniformité et semblent, eux non plus, ne pas savoir dans quel camp jouer. 

Toujours sur le sujet des apparats, il est bon de rappeler que Woody et Jessie portent, pour la première fois lors d’un spectacle, leur nouveau costume. Ainsi les visages sont plus représentatifs de ceux des jouets, plus réalistes également car plus allongés et proportionnés avec un sourire sincère. Les cheveux sont davantage visibles sous leurs chapeaux de cow-boy et cow-girl. D'apparence, les jouets de Toy Story sont également plus fins, équilibrés et harmonieux avec un réel effort porté sur les mains (dont les gants en polaire commençaient à perdre de leur charme). Sur les costumes, la notion de jouet est parfaitement représentée avec les marqueurs au niveau des cuisses, emplacement de la couture des jambes de chiffon. Il est bon de noter que ces costumes avaient déjà été présentés à Hong Kong Disneyland, mais il s’agit ici de leur première apparition européenne.

Enfin, il est incontournable de parler des habits iridescents créés spécialement pour Mickey et ses amis. Le point commun de l'ensemble des différentes tenues réside dans l'utilisation de dégradés de couleurs, de biais argentés mais surtout la prédominance de vinyle, de viscose et d'organza pour créer ces effets holographiques jouant avec la lumière et captivant chaque paire d'yeux pouvant se poser dessus. Le détail est poussé à son paroxysme avec des accessoires et bijoux qui apportent du chic et de l'élégance, notamment les boutons de manchettes de Mickey, le « 30 » dans le chapeau de Minnie, le bracelet de Clarisse et de Daisy ou encore le médaillon de Pluto. Le tout est en argent surmonté de strass pour jouer avec la lumière et apporter du brillant tout en conservant subtilité pour un rendu des plus chics. L’une des forces de Disneyland Paris tient sincèrement dans le savoir-faire et la créativité des costumiers et costumières qui ne cessent de se renouveler et proposer des tenues complexes en ne laissant rien au hasard. La frustration est d’autant plus grande quand il faut attendre le stop-show pour admirer ces vêtements malheureusement masqués par les chars.

En comparaison avec les célébrations étrangères, il est facile de voir que Disneyland Paris s’est concentré sur des pans alentours de la célébration, comme préparer l’ouverture de Marvel Avengers Campus. Du côté des Parcs étrangers, pour son trentième anniversaire, Tokyo Disney Resort avait eu lui aussi droit à sa propre musique ainsi qu’une parade de treize chars colorés aux représentations hors normes représentant différents univers de l’imaginaire Disney. Le thème était donné, il s’agissait ni plus ni moins de la joie, du bonheur à l’état premier. Défilait donc quotidiennement la Parade Happiness is Here, Tokyo Disneyland était également décoré de centaines de ballons accrochés autour du Cinderella Castle et des Happiness Sharing Spots étaient disséminés dans les différents Lands de Tokyo Disneyland et Ports de Tokyo DisneySea. Ces points étaient, à l’image des décorations de l'anniversaire : colorés et composés d’éléments quotidiens s’animant lorsque étaient actionnés les différents interrupteurs. Ainsi une poubelle, un banc, des fontaines d’eau, un lampadaire ou encore un pot de fleurs semblaient flotter, portés par des ballons émettant de joyeuses mélodies et s'illuminant de mille couleurs. Comble des produits dérivés, pour les visiteurs ayant achetés un médaillon dans l’une des boutiques, un interrupteur était spécialement dédié pour pouvoir l’insérer et souligner d’autant plus la musique et les lumières des Happiness Sharing Spots. À la nuit tombée, le feu d’artifice Happiness on High clôturait avec panache la journée de festivités, visible depuis les deux Parcs. Le détail ne s’arrêtait pas aux portails des Parcs, puisque le monorail de la Disney Resort Line a également eu droit à sa décoration spéciale. Le mot d’ordre semblait en tout point respecté tant tout est mis en œuvre pour que seule la joie de célébrer trente années de bonheur soit partagée. 

Portant à elle seule la célébration du 30e anniversaire de Disneyland Paris, Rêvons... et le Monde S'Illumine ! est loin d’être au rendez-vous et peine à faire ressentir le côté exceptionnel de l'événement. Si pour certains elle était un incontournable, partageant la frénésie des danseurs et prenant plaisir à apercevoir les personnages juchés sur des chars bien trop hauts, pour d’autres, la lassitude s’est installée. Le tableau n’est pourtant pas si sombre. Son hymne, Ready For The Ride, sans être pour autant l'officiel mais le devenant par la force des choses, est un réel succès allant jusqu’à s’exporter dans les Parcs Disney étrangers. Ses nouveaux personnages, ainsi que l’utilisation de trois langues, permettent à Rêvons... et le Monde S'Illumine ! de transmettre parfaitement son histoire et ses messages. Cependant, d’apparence et dans le travail proposé, le spectacle peine à briller et n’arrive définitivement pas à la hauteur de l’évènement. Alors qu'il n'aurait pu durer que quelques mois, Rêvons… et le Monde S’Illumine ! aura finalement traîné à l’image de ce trentième anniversaire qui semblait ne jamais vouloir se terminer.