Date de création : Le 19 juin 2015 Nom Original : Joy Créateur(s) : Pete Docter |
Apparition : Cinéma Vidéo Jeux Vidéo Parcs Voix Originale(s) : Amy Poehler Voix Française(s) : Charlotte Le Bon (Vice-Versa) Kim Jalabert (court-métrage Premier Rendez-vous ?) |
Le portrait
Joie est l'une des émotions de Riley Andersen, le personnage principal du film d’animation Vice-Versa (2015), produit par les studios Pixar. Avec sa peau jaune, ses cheveux bleus et sa robe évasée verte, Joie est à l’image d’une étoile scintillante qui illumine les sentiments de la jeune fille. Cohabitant dans le quartier cérébral avec Tristesse, Peur, Dégoût et Colère, Joie guide la fillette dans les premières années de sa vie, et c’est grâce à elle que Riley est logiquement qualifiée par sa famille et ses amis de jeune fille « pleine de joie ». Tout semble donc parfait pour cette émotion, jusqu’à ce que Riley déménage avec ses parents et quitte le Minnesota pour s'installer à San Francisco. À l’image de Riley, Joie se trouve vite déboussolée par cette nouvelle vie, mais tente coûte que coûte de construire à la fillette de nouveaux souvenirs joyeux, en maintenant intacts ses anciens souvenirs d’enfance. Elle devra en plus faire face à l’entrée de Riley dans l’adolescence, une période où vont se chambouler tous ses repères et ses émotions…
Joie est l’émotion principale de Riley. Et c’est justement la toute première voix du film d’animation et le second personnage que le spectateur aperçoit à l’écran, juste après avoir vu Riley alors bébé. Naissant d’un point de lumière dans l’obscurité, Joie arrive ainsi au même moment que la fillette et découvre comme elle son monde, le quartier cérébral et les parents de la fillette.
Tel un enfant qui découvre la vie, Joie voit apparaître devant elle la toute première version des commandes des émotions de Riley composées, à l’image de ses émotions, d’un seul bouton destiné à procurer de la joie au bébé. En appuyant dessus pour la première fois, elle découvre ainsi qu’elle fait rire la jeune fille et déclenche son tout premier souvenir de vie, matérialisé par une boule jaune (qui sera tout au long du film la couleur de l’émotion) remplie de joie.
Joie suit la boule de souvenir cheminer dans le quartier cérébral et observe les rouages du stockage quotidien avec un regard émerveillé. Elle revient vers son bouton et l’actionne plusieurs fois, appréciant ce moment et le sourire du bébé : « C’était fabuleux, rien que Riley et moi, pour toujours ! ». Malheureusement, Joie n’était pas destinée à rester seule dans le quartier cérébral : Tristesse fait en effet son entrée en touchant à son tour le bouton des commandes des émotions et fait pleurer Riley pour la première fois. Joie rencontre à ce moment son émotion opposée et tente dès lors de lui reprendre les commandes. Les boules de souvenirs provoqués par Tristesse seront de couleur bleue. Joie se fait dès cet instant une mission de faire de Riley une enfant joyeuse, et fera tout pour laisser Tristesse et les autres nouvelles émotions prendre seulement ponctuellement les commandes.
Peu après apparaît Peur, l’émotion chargée de rendre Riley prudente dans ses gestes, car « avec lui, Riley est en parfaite sécurité ». Peur prend ainsi les commandes spontanément à Joie pour faire ralentir Riley face à un câble sur lequel elle pourrait trébucher et une fois l’obstacle passé, laisse Joie revenir aux commandes pour que Riley continue de s’amuser. Un souvenir violet, à la couleur de Peur, apparaît alors.
Arrive ensuite Dégoût, au moment où Joie et les autres émotions faisaient face à un nouvel aliment que les parents de Riley lui proposaient : du brocoli. Selon Joie, Dégoût « est là pour empêcher Riley de s’empoisonner, physiquement et socialement ». Avant que la nouvelle émotion arrive, Joie était dans l’observation, mais ne bougeait pas. Dégoût observe elle aussi la cuillère remplie de brocoli, puis fait faire à Riley un geste de la main pour rejeter l’assiette. Un souvenir vert, de la couleur de Dégoût, arrive et vient se ranger à la suite des autres boules de la journée.
Joie semble admirative de l’attitude de Dégoût à ce moment et sourit de soulagement quand l’émotion affirme qu’elle « vient juste de [leur] sauver la vie ». Arrive finalement Colère, que Joie décrit en tant que narratrice comme « très à cheval sur la justice et l’impartialité ». Dès qu’il s’approche du tableau des commandes pour réagir au chantage du père de la fillette, toutes les autres émotions, Joie y comprise, s’écartent pour le laisser faire. Riley s’énerve et une boule rouge arrive dans l’espace de stockage quotidien des souvenirs.
Joie reprend pourtant très vite les commandes, puisque Riley est distraite par son père mimant un avion avec sa cuillère. Toujours en tant que narratrice, Joie revient sur Tristesse et évoque quelques moments de l’enfance de la jeune fille où celle-ci était en pleurs parce que l’émotion avait pris les commandes. Une nouvelle fois, Joie semble en conflit avec Tristesse et va même jusqu’à se demander son utilité : « Je ne sais pas vraiment à quoi elle sert mais… J’ai vérifié, elle est sur la liste, alors… C’est cool ! Aucun problème ! ». Joie narratrice revient d’ailleurs très vite après cette remarque aux souvenirs joyeux de Riley, qui sont très majoritaires dans ses journées et dans sa vie en général. Cependant, le futur conflit entre les deux émotions se dessine peu à peu et va se placer au cœur du film et de l’évolution de Riley : Joie ne comprend décidément pas le sentiment de tristesse et fera tout pour changer de sujet et se tourner vers les éléments positifs.
Joie présente ensuite les souvenirs de la mémoire centrale, tous joyeux, qui sont à l’origine des îles de personnalité de Riley : il y a ainsi, à partir d’un souvenir pour chacune, l’île de la famille, celle des bêtises, du hockey sur glace, de l’honnêteté et enfin l'île de l’amitié. Joie semble piloter chaque moment de sa vie : quand elle joue et imagine qu’elle doit éviter de la lave, quand elle patine avec ses parents ou avec son équipe de hockey, quand elle est avec sa meilleure amie Mel… Joie finit sa narration en concluant « On adore Riley, elle a de supers amis, une super maison, on peut pas rêver mieux ! Et puis, Riley a 11 ans, j’vois pas ce qu’il pourrait arriver ! ». Cette phrase est contredite à la seconde d’après, par l’annonce de l’un des plus grands changements dans la vie de la fillette : un déménagement vers San Francisco et, par conséquent, la perte de tous ses repères…
Aux côtés des autres émotions, Joie est témoin du déménagement rapide et inattendu de Riley et ses parents vers San Francisco. Contrairement à Tristesse, Peur, Colère et Dégoût, qui crient face à la vue de la maison vendue et du camion chargé, elle reste calme, mais n’est pourtant pas moins étonnée de la soudaineté de l’événement.
Dès leur arrivée en voiture aux portes de la nouvelle ville, Joie s’exclame d’une voix enjouée « On arrive à San Francisco ! C’est génial ! Regardez le Golden Gate, il tient avec des fils ! Bon, c’est pas vrai, mais c’est joli quand même ! ». Dans leurs premiers instants dans la grande ville, l’émotion voit le positif et fait admirer à Riley ce nouveau décor. Peur et Colère s’expriment eux aussi de manière positive sur la nouvelle ville. Avant d’arriver, Joie fait repasser à Riley ses rêves de nouvelle maison, tous plus irréels et merveilleux les uns que les autres. Ce faisant, elle pare une réflexion négative de Dégoût qui énonçait alors « J’ai cru qu’on n’allait jamais sortir de cette voiture ! », à quoi Joie répond que Riley a ainsi eu le temps de faire marcher son imagination et de rêver sa nouvelle vie : « Youpi ! Passons en revue le top 5 des rêves ! ».
En même temps que la fillette sort de la voiture, Joie l’accompagne par la parole sur un ton d’impatience, qui se traduit chez Riley par un sourire et des mouvements vifs : « ça y est, on approche je le sens ! ». Pourtant, dès que la jeune fille lève la tête pour admirer la façade de sa nouvelle maison, elle est vite déçue… La bâtisse est terne, sans lumière et étroite. Joie tente aussitôt de redonner le sourire à Riley et aux autres émotions, en disant « C’est peut-être mieux à l’intérieur ? ». Malheureusement, il est à l’image de sa façade… Dégoût, Colère et Peur prennent ensemble les commandes et créent à la fillette des souvenirs négatifs, tandis que Joie tente de dédramatiser : « Oh vous exagérez, arrêtez un peu, personne n’est mort ! », ce à quoi Dégoût répond « À part cette souris !! » en montrant du doigt le cadavre d'un rongeur sur le sol du nouveau salon familial… Tous les événements de la découverte de la maison sont donc négatifs, même si Joie tente malgré tout de voir le positif : elle oriente alors Riley vers la découverte de sa nouvelle chambre, que son père lui avait présentée comme étant « super ». Ici encore, Riley fait face à une nouvelle déception ; sa chambre elle aussi est terne et triste et les émotions apparaissent logiquement déçues.
En voyant les autres émotions prendre les commandes, Joie ne sait pas comment réagir. Elle semble vraiment inquiète face aux souvenirs négatifs qui s’accumulent et cherche alors une solution joyeuse pour rattraper la situation. Elle arrive entre eux en s’exclamant « Je suis sûre que nos rideaux à papillons vont arranger ça ! J’ai lu quelque part qu’une chambre vide était un don du ciel ! ». Elle fait imaginer à Riley la future décoration de sa chambre en choisissant l’emplacement de ses meubles et en décorant avec des étoiles phosphorescentes sa lampe de chevet hockey, des posters et des peluches. En imaginant tout ceci, la fillette retrouve le sourire et s’empresse de retourner au rez-de-chaussée, voir si le camion de déménagement est arrivé. Là encore, elle fait face à une nouvelle déception : le camion semble perdu dans un autre État, avec ses meubles et décorations. Les autres émotions sont aux commandes et les mauvais souvenirs s’accumulent à nouveau dans le quartier cérébral, jusqu’à ce que Joie arrive avec une idée (symbolisée par une ampoule) : Riley se met alors à jouer au hockey dans le nouveau salon, avec comme palet une boule de papier, pour distraire ses parents des problèmes du déménagement et leur redonner le sourire.
Une fois encore, ce moment joyeux est interrompu par un appel que reçoit le père de Riley de la part de son travail : comme Riley, Joie est déçue en voyant son père s’éloigner. À ce moment, Peur déclare « Papa nous abandonne ? », et Tristesse répond « Ça veut dire qu’il nous aime plus, c’est trop triste. Ça nous fera du bien de pleurer un peu », en s’approchant des commandes. La réaction de Joie est immédiate : elle tend son bras pour empêcher Tristesse de les toucher, mais cette fois-ci elle ne trouve pas immédiatement de solution à proposer pour remonter le moral de la jeune fille. Elle hésite, recule, puis se dirige vers un souvenir datant d’un peu plus tôt dans la journée, où Riley avait remarqué la présence d’une pizzeria à côté de leur nouvelle maison. Elle présente cette idée à la fillette, qui, joyeuse, propose à sa mère d’aller manger là-bas.
Voilà encore une tentative pour apporter de la joie dans ce jour d’emménagement. Quand la mère de Riley accepte de s’y rendre et semble ravie à cette idée, les émotions apparaissent soulagées, tout comme Joie, qui a malgré tout peur de ne pas réussir à sa tâche. Malheureusement, tout s’effondre encore une fois à cause de brocolis, ingrédients qui composent le seul type de pizzas proposé dans ce restaurant... végétarien ! Joie ne sait désormais plus que faire et contemple d’un air désespéré les souvenirs amassés dans la journée, qui sont aux couleurs de Peur, Colère et Dégoût. Elle reprend tout de même du service quand la mère de Riley lui demande quel moment elle a préféré lors du voyage : après les propositions de chacune des émotions, sauf Tristesse, Joie envoie à Riley le souvenir de la photo de famille, prise devant une statue de dinosaure.
Au moment où les émotions visionnent le souvenir, celui-ci devient bleu et Riley a soudain un visage triste. À la vue du souvenir, Tristesse n’a pu s’empêcher de le toucher, et a ainsi fait passer la boule du jaune au bleu. Aucune des quatre autres émotions n'est visiblement en capacité de comprendre ce qu’il se passe : elles ne semblent en effet pas encore savoir qu’elles peuvent modifier un souvenir et voient ainsi ce dernier comme « cassé ». Joie prend très vite le souvenir dans ses mains, et tente de le modifier à nouveau pour lui rendre sa couleur jaune, en vain. Elle relâche alors le souvenir en précisant à Tristesse « Ne touche pas à un autre souvenir avant que j’aie compris ce qu’il se passe, d’accord ? ». Joie reprend ensuite les commandes et fait glisser Riley sur la rampe d’escalier pour s’amuser. L’île des bêtises est à ce moment-là opérationnelle. Alors qu’elle allait s’élancer dans sa glissade, Riley hésite au dernier moment et redescend : à cet instant dans le quartier cérébral, Tristesse semble avoir touché au souvenir de la mémoire centrale qui maintient en activité l’île des bêtises, qui sort de son socle. Joie est alors paniquée, fait des reproches à Tristesse et remet en place le souvenir, qui redonne vie l’île. Riley a parallèlement de nouveau le sourire et monte finalement sur la rampe pour glisser dessus...
Pendant ce temps, Tristesse est attirée par les souvenirs de la mémoire centrale et manque une nouvelle fois d’en toucher un : Joie s’interpose avant, prête à tout pour conserver ces souvenirs fondamentaux et explique plus sèchement à Tristesse qu’elle « a failli contaminer la mémoire ! Quand [elle] touche à un souvenir on ne peut pas le réparer ! ». Elle réconforte assez maladroitement l’émotion, qui semble culpabiliser face à son attitude, en la qualifiant presque de « boulet ». Joie montre ici encore une fois qu’elle ne considère pas cette émotion comme importante et fait tout pour l’empêcher d’affecter Riley. Elle tente de faire changer Tristesse, en lui disant « Le problème c’est que tu te focalises que sur ce qui va mal ! Y a toujours moyen de voir les choses du bon côté, de positiver ! », à quoi l’émotion répond tout naturellement « Je sais pas comment on fait... ». Tristesse essaie alors de penser à des choses qui la font rire et prend l’exemple d’un film avec un chien qui meurt… Joie ne comprend pas le côté joyeux de ce souvenir et prend à son tour un exemple qui s’avère être douloureux et triste pour l’autre émotion. Tristesse et Joie ne semblent décidément pas faites pour se comprendre, malgré les efforts de Joie. Et c’est somme toute normal puisque tout les oppose.
La conversation se termine d’ailleurs par cet échange : Joie demande « Pourquoi est-ce que tu pleures ? T’as rien compris, c’est l’inverse de ce qu’on essaie d’obtenir ! », et Tristesse répond alors « Pleurer ça me fait du bien et ça m’aide à affronter la vie et ses problèmes ». Joie sous-estime en fait grandement le pouvoir de Tristesse et des larmes chez Riley : elle ne comprend pas qu'il soit possible de se sortir de problèmes par les pleurs ou bien l’expression de la tristesse. Or pendant cette période de transition entre l’enfance et l’adolescence de Riley, Tristesse a envie de faire ressentir ces choses à la jeune fille, pour la faire évoluer et accepter tous ses sentiments. Joie parvient d’ailleurs après leur conversation à placer Tristesse dans la zone de documentation, pour occuper l’émotion à lire des livres ennuyeux, mais surtout pour se débarrasser d’elle et ne plus avoir à réparer ses « bêtises ». Elle l’exclut donc des commandes des émotions pour le moment et paraît encore plus exaspérée quand elle voit que, pendant ce temps, les autres émotions avaient fabriqué des souvenirs négatifs…
Le soir venu, Joie propose de remonter le moral des émotions en listant toutes les nouvelles choses qui pourraient enthousiasmer la fillette. Colère prend la parole et liste les nouveaux événements d’un point de vue très négatif. Il est encouragé par Dégoût et Tristesse et finalement Peur. Joie reconnaît que la situation n’est pas des plus joyeuses, mais tente de faire voir aux autres ses aspects positifs, en vain… Colère demande finalement à Joie de les laisser gérer la situation, afin d’exprimer le mécontentement de la jeune fille. La mère de Riley rentre alors dans la chambre et Colère pense qu'elle va (encore) lui annoncer une mauvaise nouvelle. Et c'est le cas puisqu'elle confirme le grand retard du camion de déménagement et le fait que son père ne viendra pas lui dire bonne nuit. Devant ses nouvelles révélations, Joie s’éloigne du tableau des commandes pour céder sa place aux autres émotions. Pourtant, lorsque la mère de Riley dit à sa fille « Je voulais simplement te dire merci beaucoup ! Malgré toutes ces complications, tu as su rester notre petite fille joyeuse », Joie revient aussitôt sur ses pas et reprend les commandes une nouvelle fois. Sa mission de communiquer à Riley de la joie aujourd’hui est donc réussie, bien que de nombreuses autres émotions ont pris le dessus sur la grande majorité de la journée. Joie est à la fois surprise, contente et soulagée, et se voit encouragée par les autres émotions.
Une fois Riley endormie, Joie reste de garde et regarde le rêve que fait la fillette : il se transforme vite en cauchemar récapitulant les éléments négatifs de la journée, si bien que l’émotion décide de « débrancher » la connexion avec les rêves. Elle se dit cependant que la journée ne peut se finir sur de telles images et décide de faire voir à Riley l’un de ses souvenirs de la mémoire centrale, où elle patine sur le lac avec ses parents. Ce moment émouvant montre alors Joie patiner en même temps et avec les mêmes gestes que la fillette, le sourire aux lèvres, comme Riley lorsqu’elle s’endort dans un sommeil profond. L’émotion et la jeune fille sont donc très proches, de par leur caractère joyeux et optimiste. Joie finit par promettre à Riley « Je ferai tout pour que demain soit encore une super journée ».
Le lendemain, Riley s’apprête à faire sa rentrée dans sa nouvelle école : Joie a pour cela « établi un plan d’attaque » qui commence visiblement par réveiller les autres émotions avec un accordéon, en dansant. Joie est en fait impatiente et heureuse de découvrir la nouvelle école de la fillette, et souhaite tout faire pour que cette journée soit parfaite. Très énergiquement, elle donne ses directives aux autres émotions, pour se préparer à toutes les éventualités négatives qui pourraient arriver.
Lorsque vient le tour de Tristesse, Joie lui annonce avoir une mission spéciale pour elle : il s’agit en fait de l’isoler pendant toute cette journée, car Joie lui indique de rester dans un cercle et de contenir ainsi toute la tristesse à l’intérieur… Tristesse est très déçue face à cette mission et Joie fait ici une erreur de la laisser à l’écart alors que ce jour est un grand événement pour Riley. Elle n’écoute pas le mal-être de Tristesse quand elle répond « non » à la question « Tu en as de la chance hein ?! », et répond simplement « Excellent », en s’éloignant d’elle. En plus de souligner que Joie n’entend pas les besoins des autres émotions, il est clair désormais qu'elle veut à tout prix contenir la tristesse de la jeune fille et qu’elle l’estime inutile dans les moments pourtant essentiels de sa vie.
Cependant, avec cette émotion mise de côté, Joie semble bien plus sereine et dit, en prenant les commandes des émotions, « Allez tout le monde, nouveau départ ! On va passer une belle journée qui deviendra une belle semaine qui deviendra une belle année qui deviendra une belle vie ! ». Elle continue donc de parer les actions des autres émotions en répondant à la place de Dégoût à la question de la mère de Riley qui lui demande si elle voulait être accompagnée à l’école. Riley refuse donc, sous les commandes de Joie, mais avec le sourire. Joie prend à nouveau les commandes au moment où Riley doit se présenter devant sa nouvelle classe : elle fait réagir la fillette calmement, alors que Peur commençait à paniquer devant cet événement stressant. Riley se revient donc dans les détails de son ancienne vie : Joie lui fait même se remémorer l’un de ses souvenirs principaux, pour aider la jeune fille à parler. Si ce discours ne porte que sur son ancienne vie, Riley en parle pourtant au présent : guidée par son émotion principale, elle n’a en effet pas encore accepté la dimension passée de cette existence-là… Tout à coup, le souvenir projeté devient bleu, car il est touché par Tristesse : c’est ici que la fillette commence à prendre conscience que tous ses souvenirs sont du passé, et que de nombreuses choses de son ancienne vie lui manquent. Joie gronde Tristesse d’avoir touché au souvenir et ne parvient plus à l’éjecter : Riley continue de parler devant toute la classe, mais commence à pleurer, pendant que Joie tente d’arracher le souvenir triste.
Tout se passe ensuite très vite : Tristesse s’empare des commandes, Joie lui enlève des mains et un souvenir de la mémoire centrale bleu apparaît alors. Joie fait tout pour lui empêcher ce souvenir fondamental d’atteindre la mémoire centrale et va jusqu’à l’envoyer dans la mémoire à long terme pour s’en débarrasser, malgré les protestations de Tristesse, car « c’est un souvenir essentiel ». Dans cette bataille, tous les souvenirs de la mémoire centrale sont éjectés de celle-ci et les îles s’éteignent. Les fondamentaux sont alors aspirés par le tuyau évacuant les souvenirs, avec Joie et Tristesse. Les trois autres émotions se retrouvent alors seules aux commandes…
La quête de Joie et de Tristesse pour regagner le quartier cérébral commence alors : les deux émotions se retrouvent dans la mémoire à long terme et constatent avec horreur que toutes les îles de Riley sont éteintes. Même dans ce moment difficile et malgré les énumérations négatives de Tristesse sur la situation, Joie parvient à faire une remarque positive en disant « On peut arranger ça : il faut revenir au quartier cérébral, rebrancher la mémoire centrale et Riley redeviendra normale ». Avec les cinq souvenirs fondamentaux dans les bras, Joie commence donc à marcher, Tristesse sur ses talons. Celle-ci s’aperçoit alors que Riley n’a plus de joie, à cause du départ de l’émotion, et semble terrifiée par cette idée. Elle ne s’inquiète pourtant pas du fait qu’il manque aussi à la jeune fille de la tristesse, avec laquelle elle pourrait évoluer dans cette période de transition vers l’adolescence et vers sa nouvelle vie. Tristesse affirme ainsi que Joie doit retourner au quartier cérébral au plus vite et Joie s’empresse d’avancer de plus belle vers l’île de la bêtise.
Joie et Tristesse tentent de rejoindre le quartier cérébral en passant par le long et étroit tube le reliant à l’île des bêtises : si l’émotion bleue semble ne pas être rassurée par cette solution, Joie se montre quant à elle courageuse, « pour Riley ». Elles sont finalement obligées de rebrousser chemin très vite, car l’île s’effondre au moment où la fillette refuse de plaisanter avec son père, venu pour la réconforter. Joie regarde, démunie, l’île de la bêtise tomber dans le vidage mémoire, où les souvenirs sont oubliés à jamais.
Joie est attristée par ce spectacle et considère ce résultat comme un échec personnel : elle n’a pas réussi à maintenir l'une des anciennes îles de la personnalité de Riley. Elle repart toutefois avec encore plus de détermination, à la recherche d’un moyen pour revenir au quartier cérébral. Quand la fillette s’endort, Joie voit cela comme une « chance », car cela leur donne de longues heures devant elles pour rejoindre les autres émotions, et se frayer un chemin dans les couloirs de la mémoire à long terme : « Rien ne peut arriver de grave pendant son sommeil ! ». Alors qu’elle réfléchit à passer par l’île de l’amitié, Tristesse voit qu'elle est très loin d’elles et se roule par terre en se lamentant sur son sort, malgré les conseils de Joie « Ne te lamente pas sur tes problèmes, penses au film rigolo avec le chien qui meurt ! ». L’émotion jaune affirme alors qu’il suffit de « faire un détour par la route touristique » et essaie de motiver Tristesse qui lui affirme à son tour que la mémoire à long terme est un véritable labyrinthe et que leurs chances de trouver un chemin allant vers l’île d’à côté sont assez minces… Malgré tout, Joie saute de bonheur lorsqu’elle entend Tristesse dire qu’elle a lu les manuels portant sur la mémoire à long terme et sait donc comment regagner le quartier cérébral ! Elle reste ainsi positive malgré le côté dramatique de la situation.
Alors que Tristesse dit qu’elle ne peut pas commencer le voyage de suite, Joie la prend par le pied et décide de la traîner derrière elle, en la questionnant sur le chemin à prendre. Ici, les deux émotions opposées font face à la même situation et l’abordent chacune d’une manière différente : Joie est motivée, optimiste et énergique, alors que Tristesse ne voit que le négatif et s’étend sur le sol, pour s’apitoyer sur son sort. Joie dit ainsi « On va y arriver, c’est pas compliqué, on y est presque ! ». Mais quelques instants plus tard, Joie est fatiguée de traîner l’émotion bleue et de porter les boules de souvenirs et commence à avoir des propos négatifs : « On n'y est pas du tout »…
Le moral est au plus bas quand Joie entend les hommes de mémoire, chargés de faire le ménage dans la mémoire centrale et de se débarrasser des souvenirs inutiles. Joie a soudain un regain d’énergie et s’empresse de se diriger vers eux. L’émotion jaune semble cependant scandalisée par leur tri : ils sont en effet en train de faire oublier à Riley des éléments comme ses anciennes leçons de piano, ou encore le nom de ses anciennes poupées princesses poney, que Joie qualifie d’« informations essentielles ». Ici encore, Joie rejette toute idée de changement : si les hommes mémoires décident d’envoyer ces souvenirs au vidage mémoire, c’est pour faire de la place aux nouveaux souvenirs qui arrivent ou arriveront dans le futur. Or, Joie s’oppose à tous ces changements et s’interpose, en vain, face aux hommes mémoires pour préserver ces anciens souvenirs, qui n’ont aujourd’hui plus aucune importance pour Riley.
Alors qu’elle était presque arrivée, Joie assiste à l’effondrement de l’île de l’amitié, au moment où Riley décide de raccrocher violemment à l’appel avec sa meilleure amie Mel qui lui a annoncé qu’une nouvelle fille « trop cool » avait intégré l’équipe de hockey : la fillette a réagi en fait violemment face au sentiment de jalousie et de trahison qu’elle a éprouvé. Joie contemple le souvenir à l’origine de l’île, avec beaucoup de tristesse. À ce moment, l’émotion bleue arrive et semble dire à voix haute ce que Joie pense dans sa tête : « Riley l’aimait tellement, et il n’en reste rien ! ». Les deux émotions commencent à devenir complémentaires : dès qu’un nouveau problème surgit, comme ici l’effondrement de l’île et le rallongement du voyage pour revenir au quartier cérébral, Joie n’y voit que du positif : « C’est pas grave, la route sera un peu plus longue », tandis que Tristesse se complaint dans le négatif : « Oui, elle sera longue, longue, longue, longue… ». Les deux émotions rencontrent alors Bing-Bong, l’ami imaginaire de Riley : dès que Joie le reconnaît, sa bonne humeur et son enthousiasme reviennent. Bing-Bong a en effet participé à de nombreux souvenirs joyeux durant l’enfance de Riley. Il est donc tout à fait logique que Joie y soit particulièrement attachée, car ce personnage imaginaire est directement lié aux très jeunes années de la fillette, que Joie tente coûte que coûte de conserver : « Riley adorait jouer avec toi, tu étais son meilleur ami ! ».
Ensemble, pendant que l’ami imaginaire les guide vers un moyen de retourner au quartier cérébral, et en laissant Tristesse en retrait, ils se remémorent les anciens souvenirs de Riley pleins de joie où Bing-Bong jouait avec la petite fille. Joie danse avec lui, jusqu’à ce que Tristesse intervienne avec une remarque très terre-à-terre, sur le physique irréaliste de Bing-Bong. Au moment où l’ami imaginaire avoue qu’il a de moins en moins sa place dans la mémoire de Riley, Joie tente de lui remonter le moral en lui promettant que « quand [elle sera] revenue au quartier cérébral, [elle fera] en sorte que Riley se souvienne de toi ». Les deux émotions et Bing-Bong arrivent alors à l’entrée de l’entrepôt des pensées abstraites : l’ami imaginaire leur indique qu’il faut le traverser pour arriver à prendre un train, mais Tristesse tente de prévenir Joie que ce passage est très dangereux. Encore une fois, Joie n’écoute pas l’émotion bleue et préfère faire confiance à un souvenir ancien et imaginaire de la fillette, plutôt qu’à son acolyte. Il s’avère pourtant que Tristesse avait raison et les trois amis manquent d’être détruits in extremis lors de leur traversée de l’entrepôt… Joie est ici montrée dans plusieurs nouvelles formes, suivant les phases de décomposition des pensées. Même dans des formes cubiques ou abstraites, Joie garde sa silhouette d’étoile et sa couleur jaune dominante.
Les trois personnages arrivent ensuite dans le monde de l’imaginaire, où Joie regarde avec beaucoup d’admiration tous les décors et monuments que Bing-Bong lui présente : ceux-ci ont été construits pendant l’enfance de Riley, comme la rivière de lave en fusion ou le jardin d’enfants. Quand ils passent devant la nouvelle fabrique de petits amis imaginaires et que l’une des créations sort, Joie fait une grimace en le voyant : cela montre encore une fois qu’elle rejette l’évolution de la jeune fille vers l’adolescence, car le fait d’imaginer un petit ami prouve le fait que les centres d’intérêt de Riley changent peu à peu et qu'elle devient une jeune femme.
L’île du hockey s’effondre à son tour, encore sous les yeux de Joie, démunie et triste face à ce nouvel échec. Elle se raccroche au souvenir fondateur de cette île, encore pleine d’espoir dans l’idée qu’elle pourra le ramener et recréer l’île à l’identique, alors qu'elle va en effet réapparaître, mais grâce à un tout nouveau souvenir que Riley se fera dans sa nouvelle vie. Tandis qu’ils continuent de traverser le pays de l’imaginaire, Bing-Bong voit son vaisseau magique poussé dans le vidage mémoire : il devient tout de suite très triste, en expliquant qu’elle ne peut pas l’avoir oublié. Joie tente de le réconforter mais cela ne fonctionne pas car elle n’essaie pas de comprendre sa tristesse, mais de la chasser en le distrayant. Elle tente de lui faire des chatouilles et des grimaces, mais il reste de marbre, les yeux rivés au fond du vidage mémoire.
C’est Tristesse qui parvient à le réconforter : elle lui parle de ses sentiments, sous les yeux de Joie qui pense qu’elle aggrave les choses. Pourtant, ce dialogue amène Tristesse et Bing-Bong à retracer les aventures de ce dernier avec Riley, ce qui lui rappelle de beaux souvenirs, et les deux personnages finissent par se faire un câlin de réconfort, après que Tristesse lui a dit « Je sais, c’est triste ». Derrière, Joie trépigne d’impatience, elle ne comprend toujours pas pourquoi Tristesse prend le temps d’écouter et de parler avec Bing-Bong de sa tristesse : une nouvelle fois, l’émotion principale de la fillette sous-estime grandement le pouvoir de son acolyte bleue.
Quand Joie entend Bing-Bong dire « Ça va mieux » après avoir parlé de ses tracas à Tristesse, Joie lui demande comment elle s’y est prise : elle ne comprend pas que l’attitude de l’émotion bleue ait pu avoir ce résultat et semble très attentive à sa réponse. C’est ici la première fois que Joie voit Tristesse apaiser les pleurs d’un personnage et paraît à la fois abasourdie et admirative du résultat. Joie commence ainsi à écouter l’émotion, et envisage pour la première fois une autre solution que celle des rires et de la distraction pour consoler quelqu'un. Comme Bing-Bong, Riley a évolué et ses sentiments de tristesse sont plus profonds : elle a donc besoin d’un véritable réconfort et d’un dialogue, afin de pouvoir exprimer son mal-être.
Joie aurait sans doute aimé poser plus de questions à Tristesse, mais le train de la pensée est arrivé à quai et les trois amis doivent s’empresser de monter à bord. Il s’arrête cependant assez vite, au moment où Riley s’endort : Tristesse propose alors la première de faire en sorte de la réveiller, ce à quoi Joie répond « Tristesse c’est ridicule, comment on pourrait faire pour… Oh ! Si on la réveillait ?! ». Joie a donc écouté l’émotion bleue, mais s’accapare son idée en voyant comme elle le studio Rêves Productions, où sont créés les rêves de Riley.
À l’intérieur, ils aperçoivent notamment la Licorne arc-en-ciel, qui peuple souvent les rêves de la fillette. Joie est en admiration devant elle, et cela n’a rien d’étonnant car c’est encore une fois un personnage rattaché à l’enfance joyeuse de Riley, et non à sa nouvelle vie. Joie voit en elle une célébrité admirable, tandis que Tristesse reste insensible à la rencontre de la star...
Afin de réveiller Riley, Tristesse propose de lui faire peur car il lui arrive d’être tirée de son sommeil en sursaut. Joie s’oppose très rapidement à cette violente solution : « Lui faire peur ? Non, non, elle a eu sa dose pour aujourd’hui », et propose donc de la réveiller en la faisant rire aux éclats. Tristesse souligne qu’ « elle s’est jamais réveillée en éclatant de rire », mais Joie continue de suivre son idée. Elle refuse de faire peur à Riley pour la réveiller ou d’être la source de tout sentiment négatif, sans doute parce qu’elle est chargée d’apporter des souvenirs heureux à la fillette. Les deux émotions trébuchent et divisent ainsi le costume du chien dans le rêve, ce qui fait réagir Peur au quartier cérébral, mais pas assez pour que Riley se réveille. Joie et Tristesse se déguisent ainsi en chien, et apparaissent dans le rêve de Riley dans le but d’y apporter de la joie et du rire. Mais le résultat était prévisible et Riley reste profondément endormie, même lorsque les deux émotions décollent les deux parties du costume et que le chien se retrouve coupé en deux…
Encore une fois, Joie aurait dû écouter Tristesse, car non seulement l’idée de la réveiller en la faisant rire ne fonctionne pas, mais ce sera finalement de la peur qu’elles déclencheront le réveil de la jeune fille. En allant sauver Bing-Bong du subconscient « où on enferme les éléments perturbateurs », elles attirent ainsi Django le clown, l’un des cauchemars de Riley, pour qu’il apparaisse dans le rêve et lui fasse peur : et cela fonctionne, Peur est sous le choc et décide de réveiller la fillette. C’est ensemble et au même moment que les deux émotions ont l’idée de réveiller le clown et de s’en servir pour faire peur à Riley : Joie a compris qu’elle avait fait une erreur, et se rallie donc à l’idée initiale de Tristesse.
Une fois Riley réveillée, les trois compagnons se précipitent à bord du train de la pensée, en route vers le quartier cérébral. En chemin, Joie dit à Tristesse « C’était une excellente idée de faire peur à Riley pour qu’elle se réveille, t’es pas si mal, bien joué ! ». C’est ainsi la première fois qu’elle s’adresse à son acolyte en lui faisant un compliment et en reconnaissant qu’elle a bien agi. Joie montre ici qu’elle a évolué depuis qu’elle a quitté le quartier cérébral. Elle commence enfin à comprendre l’utilité et l’importance de l’émotion bleue à ses côtés et a eu la preuve qu’elles peuvent accomplir ensemble de nombreuses choses.
Joie parle ensuite de son impatience à retourner au quartier cérébral et affirme « quand on sera rentrés, j’arrangerai tout, je vous le promets » : cette affirmation montre ainsi qu’elle a encore du chemin à faire pour « arranger les choses » car elle ne pourra pas le faire seule, mais devra laisser un rôle à Tristesse pour aider Riley à surmonter cette période de sa vie. Les deux émotions admirent ensuite ensemble le même souvenir qu’elles aiment toutes les deux, mais qui leur évoque pourtant deux sentiments totalement différents : Joie est heureuse lorsqu’elle pense à ce souvenir car Riley rit, entourée de ses parents et de son équipe de hockey, alors que Tristesse l’aime car un peu plus tôt, Riley avait marqué contre son camp et s’était isolée pour pleurer. Ses parents étaient alors venus pour la consoler, suivis de son équipe et de ses amis : c’est le sentiment de réconfort que Tristesse aime dans ce souvenir, mais Joie n’a pas encore compris tout ceci et lui répond « Ne t’en fais pas, tu verras je t’aiderai à devenir comme moi », au lieu d’essayer de comprendre pourquoi ce souvenir a du sens pour elle.
Malheureusement, leur voyage en train est interrompu violemment par la chute de l’île de l’honnêteté, qui tombe sur les piliers destinés à soutenir le train dans sa course. Les trois amis se retrouvent sur la terre ferme et regardent la dernière île, celle de la famille, commencer à s’effondrer à son tour. Joie aperçoit alors un dernier espoir pour rejoindre le quartier cérébral, en passant par un tuyau qui aspire les souvenirs vers la mémoire centrale : Tristesse se précipite avec Joie dans le fameux tuyau mais, étant très proche des souvenirs fondamentaux à préserver, ceux-ci se teintent aussitôt en bleu dès qu’elle les approche. En voyant cela, Joie repousse immédiatement Tristesse, de manière à préserver la couleur jaune et joyeuse des souvenirs, en lui disant « Tu fais souffrir Riley. Si tu montes dans ce tube, ces souvenirs vont encore devenir tristes. Je suis désolée, mais Riley a vraiment besoin de moi ». Après ces dures paroles, elle prend la décision d’aller seule dans le tuyau et abandonne ainsi Tristesse.
Joie est attristée par ce choix difficile car elle aurait préféré repartir avec Tristesse, mais elle souhaite aussi à tout prix sauver Riley en remettant en place les anciens souvenirs fondamentaux. Pourtant, sa trajectoire est stoppée car le tuyau se brise et Joie tombe dans le vidage mémoire avec Bing-Bong, sous les yeux de Tristesse…Telle une étoile égarée dans un trou noir, Joie reprend connaissance dans les profondeurs du vidage mémoire. Toujours en dégageant une lumière, elle se relève et entreprend vite de trouver une solution pour remonter à la surface.
Bing-Bong la retrouve et la rejoint dans la foulée, mais lui a déjà commencé à disparaître, ce qui paraît malheureusement logique, car il fait désormais partie du passé de la jeune fille. Joie tente alors d’escalader les piles d’anciens souvenirs, en vain. Elle trouve ensuite le souvenir triste de Riley correspondant à sa rentrée des classes et le regarde avec désespoir. En pleurant, elle attrape plusieurs anciens souvenirs dans lesquels Riley est toute petite : avec nostalgie, elle parle à présent au passé et dit « j’adorais écouter ses histoires, toute la journée ! », en serrant plusieurs vieux souvenirs dans ses bras. Joie semble ici faire le deuil de l’enfance de la fillette : elle se remémore les bons moments passés et s’effondre en larmes.
C’est la première fois que Joie est montrée en train de pleurer et de parler de ses émotions tristes : le personnage a donc bien évolué depuis le début du film, car avant elle ne reconnaissait pas ces sentiments, et faisait tout pour les dissimuler ou bien les distraire, comme elle le faisait pour Riley. Ici, elle montre pour la première fois sa vulnérabilité, ce qui annonce que l’émotion pourra désormais être plus à l’écoute de ses sentiments, mais aussi de ceux de la jeune fille. Elle tombe d’ailleurs sur le souvenir fondateur de l’île du hockey et s’aperçoit qu’il est composé de tristesse, car Riley avait, avant d’être portée par son équipe sous les cris de joie, marqué contre son camp et été réconfortée par ses parents.
Elle comprend dès lors que la joie ne peut exister sans la tristesse : « Papa, maman et l’équipe étaient venus la réconforter grâce à Tristesse », dit-elle tout en comprenant la solution au changement de personnalité de Riley. Tristesse lui apparaît pour la première fois comme une émotion fondamentale : elle sait maintenant qu’elle doit remonter à la surface et repartir au quartier cérébral avec l’émotion bleue. Avec Bing-Bong, ils se mettent alors à la recherche de la fusée à propulsion, qui sauvera Joie du vidage mémoire au prix du « sacrifice » de Bing-Bong : ce dernier sait qu’il doit malheureusement être oublié par la jeune fille, car il fait partie de son passé. Il aide donc Joie à se propulser le plus haut possible avec la fusée et c’est grâce à lui qu’elle parvient, après deux essais, à regagner la surface, alors que lui reste coincé dans le vidage mémoire et s’efface totalement.
Joie se met alors hâtivement à la recherche de Tristesse : elle la retrouve en adoptant le comportement de l’émotion bleue, c’est-à-dire en se lamentant sur son sort et en se traînant au sol. Après avoir suivi les souvenirs récemment colorés en bleus, Joie retrouve son acolyte et part à sa poursuite. Après la disparition de Joie dans le vidage mémoire, Tristesse semblait persuadée que tout est de sa faute et que Riley serait mieux sans elle. Dans le monde de l’imaginaire, Joie retrouve Tristesse sur un nuage, en train de pleurer : elle se tourne alors vers l’île de la famille, qui possède un trampoline, et a soudainement une idée pour retourner au quartier cérébral et récupérer Tristesse au passage. Elle décide alors de fabriquer à la machine à petit ami imaginaire de nombreux clones, qu’elle range dans son sac sans fond, puis va chercher Tristesse, et la pousse vers l’île de la famille avec un ballon.
Joie reprend ensuite son sac, se place au bord de la falaise, déploie les petits amis imaginaires de manière à faire une tour de laquelle elle se laisse tomber, afin de rebondir sur le trampoline, d’attraper Tristesse en vol et de s’écraser sur la vitre du quartier cérébral. Les trois autres émotions les aident à entrer et, soulagées en voyant le retour de Joie, lui demandent de l’aide face à la situation dramatique et au tableau des commandes presque bloqué à jamais…
Après avoir jeté un bref coup d’œil à l’endroit où se trouve Riley, et sous les cris des autres émotions, Joie s’adresse à Tristesse et lui dit « À toi de jouer. […] Fais-le pour Riley, elle compte sur toi », en l’entraînant devant le tableau des commandes.
C’est la première fois que Joie laisse de son plein gré les commandes à l’émotion bleue, et celle-ci comme les autres sont très étonnées de cette réaction. Joie se met en retrait et laisse ainsi Tristesse retirer doucement l’idée de la fugue du tableau central, qu’avait placé ici Colère un peu plus tôt, et qui était en train de verrouiller à jamais les commandes. En voyant l’exploit de Tristesse, Joie semble émerveillée et soulagée. Quand Riley retrouve ses parents et sa maison, l’émotion bleue regarde la scène mais n’ose pas toucher aux commandes : c’est Joie qui la pousse à agir, en lui amenant tous les anciens souvenirs fondamentaux afin qu’elle les touche et les transforme en souvenirs tristes. Par ce geste, Joie accepte le fait que ces événements joyeux font désormais partie du passé, et fait accepter cela à Riley par la même occasion.
Joie fait ici ce qu’elle aurait dû faire depuis le début de la nouvelle vie de la fillette : elle accepte la place et le grand pouvoir de Tristesse et lui laisse les commandes ainsi que le soin de transformer ces souvenirs, afin que la jeune fille commence à les considérer comme appartenant à son passé. Grâce à cela, Riley peut désormais avancer dans sa nouvelle vie, faire le deuil de son ancienne et aller de l’avant, en se construisant de nouveaux souvenirs fondamentaux. Pendant que Riley est dans les bras de ses parents et pleure à chaudes larmes, Tristesse prend la main de Joie et la pose sur le tableau des commandes, avec la sienne. Cette action, toute nouvelle pour les émotions, crée un souvenir jaune et bleu où Riley est réconfortée par ses parents, qui devient de suite un souvenir fondamental de la jeune fille et crée une nouvelle île de la famille.
À la scène suivante, Joie est aux côtés des autres émotions, toutes en train d’admirer les nouvelles îles de personnalité de Riley. Chacune donne son avis sur son île préférée et Joie répond « pensez ce que vous voulez, moi je les trouve toutes magnifiques ! ». Elles vont ensuite découvrir le nouveau tableau des commandes, où se trouve d’ailleurs le bouton « Puberté », que Joie sous-estime grandement en le qualifiant de « pas important »… Pendant la dernière séquence, Riley est sur le point de commencer un match de hockey et Joie est face aux commandes, à côté de tristesse, et lui demande juste avant le début du match « Tu es prête ? » : ceci montre que Joie a totalement admis l’importance de l’émotion bleue à ses côtés et que désormais, elles piloteront les émotions de la jeune adolescente à plusieurs.
Joie reprend finalement la voix de la narratrice pendant la scène de clôture du film, quand Riley est sur le point de commencer un match de hockey, et conclut sur une phrase similaire à ce qu’elle a dit avant le déménagement : « La vie a été tourmentée ces derniers temps, mais on aime toujours notre Riley. Elle a de super nouveaux amis, une super nouvelle maison, on peut pas rêver mieux ! Et puis, Riley a douze ans, j’vois pas ce qu’il pourrait arriver ! ».
Comme Riley possède cinq émotions qui lui sont propres, les autres personnages humains de Vice-Versa ont eux aussi droit à une version personnalisée de Joie, Peur, Colère, Dégoût et Tristesse, qui reprennent pour chaque personnage leurs vêtements, attitude ou bien coiffure. Les parents de Riley, sa professeure d’école et Jordan, son futur petit ami, ont donc eux aussi une version de Joie dans leur tête. Cette déclinaison sur plusieurs personnages généralise le fait que, pour chacune d’eux, un adulte ou bien enfant, homme ou femme, ses sentiments sont pilotés par les mêmes émotions, qui s’adaptent cependant à la personne chez laquelle elles sont présentes, tant sur le plan physique que sur la personnalité. Cela souligne l’aspect réaliste des émotions et permet aux spectateurs de renforcer l’identification de leurs actions et ressentis à ce mode de fonctionnement émotionnel. Chez la mère de Riley, Joie n’est pas l’émotion pilote, cédant sa place centrale à Tristesse. Comme la maman, elle porte des lunettes et de longs cheveux coiffés en queue de cheval. Elle prend les commandes pour enquêter sur l’humeur contrariée de sa fille à table après sa désastreuse journée dans sa nouvelle école et envoie un « signal au mari » pour aider la mère à comprendre Riley. Joie revient à l’écran juste avant le début du premier match de Riley, quand la mère échange un regard complice avec son mari : à l’image de la maman, elle a le visage peint aux couleurs de l’équipe de hockey de sa fille, et contemple son mari, comme les autres émotions, avec un air béat et rempli d’amour. Dans Premier Rendez-Vous ?, elle prend les commandes à la fin du court-métrage pour s’opposer à toutes les autres émotions qui jugent l’expression du mari comme ressemblant à une « tête de merlan-frit » : elle leur répond qu’ « il est tellement craquant » et fait sourire la mère de Riley. Joie n’est pas non plus l’émotion principale du père de Riley, dont le quartier cérébral est dirigé par Colère. Masculine comme les autres émotions, Joie a les mêmes moustache et coupe de cheveux que le père. Relayée à un bout de table, l'émotion semble vivre un souvenir de match de foot très intensément, comme ses acolytes. Elle ne prend pas part à l’énervement déclenché par l’attitude de sa fille à table, laissant Colère piloter la scène, aidé de Peur et de Dégoût. Elle réapparaît pendant le premier match de la jeune fille, supportant comme les autres émotions avec du maquillage aux couleurs de son équipe et de grandes acclamations. Dans Premier Rendez-Vous ?, la Joie du père de Riley se montre paniquée à la découverte du rendez-vous de Riley avec Jordan, un garçon de son école. Assis en face de lui, le père scrute l'adolescent, et ses émotions apparaissent alors à l’écran, pour montrer leurs actions pendant la scène : Colère est aux commandes et Joie est encore au bout de la table, mais partage le même sentiment d’énervement et d’insatisfaction que les autres émotions à la vue du jeune homme. À la fin du court-métrage, au moment où le père de Riley embrasse sa femme, Joie et les autres émotions sautent au plafond, afin d’exprimer la joie intérieure qui s’empare du père ! Dans le générique de fin, plusieurs quartiers cérébraux de personnages du film d’animation sont montrés, notamment celui de la professeure de Riley, alors qu’elle est en cours devant ses élèves et ne captive pas tout à fait son auditoire… Ses émotions sont alors montrées à l’écran, et Joie semble cette fois-ci prédominer dans le quartier cérébral. Elle possède avec les autres émotions, toutes féminines, la même tenue et la même coupe de cheveux que la professeure. Contrairement à la Joie de Riley, qui incarne toujours avec passion son émotion, cette Joie semble fatiguée, démotivée et exaspérée par la situation, mais remonte vite le moral à ses acolytes en projetant le souvenir d’un bel homme qu’elle doit rejoindre pour une « fiesta aux Bahamas » (bel homme qui s’avère être un ancien admirateur de la mère de Riley…) ! Jordan et ses cinq émotions apparaissent à la fin de Vice-Versa, juste avant le match de hockey. Toutes ses émotions sont montrées pour justifier son attitude pétrifiée face à Riley qui lui adresse la parole pour lui rendre une bouteille, et montrer l’action originaire de cette réaction du côté des émotions. Comme Peur, Dégoût, Colère et Tristesse, Joie est masculine et porte les mêmes vêtements que le jeune homme, la même coupe de cheveux et la même casquette. Tous au quartier cérébral, y compris Joie, courent dans tous les sens, démunis et paniqués face au fait qu’une fille ait adressé la parole à Jordan… Il est impossible de deviner quelle émotion parmi les cinq prédomine dans la tête du jeune homme, mais Joie ne se détache pas du lot et paraît tout aussi apeurée par la situation que ses acolytes. L’émotion Joie chez Jordan réapparaît dans le court-métrage Premier rendez-vous ?, alors que le jeune homme attend Riley en compagnie de son père, qui semble au premier abord ne pas voir la présence du garçon d’un bon œil. Alors que les émotions de tous les autres personnages sont impliquées dans cette situation tendue, celles de Jordan ne sont pas du tout concentrées et font du skate, ou bien jouent à la guitare, comme son émotion de Joie. Il est encore une fois impossible de discerner l’émotion leader des sentiments du jeune homme. |
Pourquoi Joie est-elle l’émotion la plus importante pendant l’enfance de la fillette ? Parce qu’à l’image de la fille du réalisateur Pete Docter, Ellie, Riley est une enfant joyeuse, pleine de vie et pétillante de joie. Il est donc tout naturel que le personnage de Joie soit mis à l’honneur dans Vice-Versa et dirige le quartier cérébral. Cette idée de faire de Joie le personnage principal du film d’animation est apparue très vite à Pete Docter, qui explique dans le documentaire The Story of The Story « Dès le tout début du concept du film, le premier pitch, je voulais que le personnage principal soit essentiellement Joie, je pense même que je l'ai appelée Optimisme ». Joie tient donc le premier rôle, elle guide Riley tout au long de sa vie et évolue avec elle. Son personnage est cependant très intéressant car l’émotion semble entièrement dévouée à la jeune fille : elle ne peut exister en tant que personnage sans Riley, car son rôle n’aurait pas de sens, et « vice-versa », car Riley ne peut exister sans joie en elle. Pete Docter explique avoir tenté avec son équipe d’isoler Joie et de lui donner une personnalité particulière, mais ce scénario a très vite été abandonné : « Elle n'est pas ici pour elle-même, elle est là pour l'enfant. […] Tout tourne autour de Riley. Nous avons essayé cela pour le tout début, mais même là, c'est devenu […] plutôt monotone et pas crédible. Alors nous nous sommes demandé s'il y avait une torsion là-dessus, et si nous la rendions si engagée dans sa passion, qu’elle devient en fait un peu méchante avec les autres ». Dans le film, Joie est prête à tout pour aider Riley et lui créer de bons souvenirs, et a en effet une attitude parfois blessante vis-à-vis de certaines émotions, en particulier Tristesse, qu’elle tient à l’écart des commandes des sentiments pendant la quasi-totalité du long-métrage. Pete Docter et son équipe ont donc choisi de modérer quelque peu la passion de Joie, sans pour autant l’exclure du film.
Dès lors, et après avoir convenu que Joie serait l’émotion principale, il fallait la mettre en confrontation avec un autre personnage afin de développer l’intrigue du film. Ronnie Del Carmen, co-réalisateur, explique ainsi qu’« auparavant, tout se résumait au voyage de Joie : elle voyage dans le monde de l’esprit. Mais nous avons décidé que nous devions lui donner quelqu'un contre qui travailler ». Joie doit donc avoir un personnage avec qui être en conflit pour manifester son engagement et son rôle auprès de la jeune fille. Mais quel personnage créer ou bien choisir ? Tristesse n’a pas été un choix évident dans les premiers essais : « Tout ce à quoi elle est en opposition va en fait aider à trouver qui elle est, alors nous avons essayé un tas de personnages différents. Au départ, elle était jumelée à « Bud », qui était essentiellement Tristesse. Joie était le personnage hyper rapide qui courait en rond autour de ce gros bout de gars. Mais au fur et à mesure, c'était beaucoup plus difficile que nous ne le pensions ». Après avoir tenté de l’associer à la première version de Tristesse, c’est à Peur que Joie a été associée, mais Ronnie Del Carmen affirme que très vite « cela n'a pas fonctionné ». Alors, l’équipe a choisi de se tourner vers un personnage ne faisant pas partie des émotions présentes au quartier cérébral : « Parce que nous avions reconnu très tôt qu'il s'agissait en grande partie de grandir, nous l'avons jumelée avec un ami imaginaire, Bing-Bong ». Ce dernier représente les premières années joyeuses et innocentes de Riley et s’oppose ainsi à sa sortie de l’enfance et son passage à l’adolescence. Cependant, Bing-Bong reste un personnage rempli de joie, et n’apparaît donc pas assez opposé à l’émotion principale.
Bing-Bong n’était donc pas la solution, mais grâce à cette tentative d’association, les scénaristes et Pete Docter ont compris que « les émotions sont la clé des relations » : il fallait donc mettre Joie en opposition avec une autre émotion du quartier cérébral pour faire ressortir son rôle de leader. Après avoir donné beaucoup d’importance à l’émotion jaune, l’équipe a compris que « peut-être que Joie, autant que nous la voulons présente dans nos vies, n'est pas la réponse. La réponse est en fait la tristesse ». La joie ne peut en effet exister sans la tristesse et ces deux émotions apparaissent comme totalement opposées : après plusieurs essais et remises en question du scénario, il devenait évident que Joie devait être confrontée à Tristesse tout au long du film, afin de donner une justification à ses actions. Selon Pete Docter, à partir de ce moment-là dans l’écriture du scénario, « c'est devenu une histoire de Joie coincée avec Tristesse, qu'elle ne comprend pas du tout au début. Mais en apprenant ce que la tristesse apporte à la table à la fin, elle se rend compte que la tristesse est essentielle à une vie précieuse ». Toute l’intrigue de Vice-Versa est présente dans cette phrase, et l’équipe tient alors son histoire, tout comme l’évolution du rôle de Joie au fil du récit. Elle a d’ailleurs été très difficile à créer, selon Ronnie Del Carmen, « car le défaut de son personnage est d'être heureux ! ». Joie ne pouvait pas montrer à l’écran un sentiment de tristesse, de peur ou bien de colère, elle devait être le reflet de l’émotion qu’elle représente, tout en portant avec elle de lourdes responsabilités, en prenant principalement les commandes des émotions de Riley. D’un point de vue scénaristique, le personnage de Joie a donc posé de nombreux problèmes et interrogations à Pete Docter et son équipe, bien qu’elle fut à première vue une évidence dans son rôle d’émotion principale.
À l’image de l’émotion qu’elle représente, Joie devait apparaître à l’écran telle une étoile, scintillante de bonne humeur et répandant celle-ci autour d’elle. Albert Lonzano, le directeur artistique des personnages, s’est donc inspiré d’une étoile pour la dessiner. Le jaune a donc été très vite sa couleur, même si Joie est aussi composée de vert pour sa robe, et de bleu pour ses cheveux : cette dernière couleur fait sans doute écho à Tristesse, qui est entièrement bleue. La présence de cette couleur chez Joie souligne ainsi le fait que l’émotion heureuse ne peut exister sans le sentiment de tristesse.
Très vite, Joie a été imaginée comme scintillante ou pétillante, « comme les bulles de champagne », décrit Albert Lonzano. Cet aspect a été en quelque sorte conservé dans la version finale, puisque tout au long du film Joie possède une aura brillante et jaune autour d’elle, qui éclaire ses alentours. Le personnage est d’ailleurs décrit sur le site officiel de Pixar Animation Studios avec cette citation de Gary Bruins, superviseur des effets : « Pete [Docter] voulait que Joie ait des particules qui rayonnent et se détachent de sa peau tout au long du film. […] Cela signifiait créer un effet qui apparaîtrait sur des centaines et des centaines de plans. Il n'avait jamais été fait auparavant ». Au-delà de la complexité à élaborer un scénario autour d’elle, Joie a aussi donné du fil à retordre aux animateurs, qui devaient innover pour rendre à l’écran cet aspect scintillant et pétillant que Pete Docter souhaitait.
Concernant sa silhouette, Joie devait apparaître comme dynamique et exubérante, telle une véritable source d’énergie pour la jeune fille. Elle devait aussi, grâce à son aspect brillant, se détacher visuellement des autres émotions. Selon Ki White, directrice des photographies et des lumières, dans le documentaire Mixed Emotions, « elle avait besoin d'être pétillante et effervescente. Cela signifiait l’idée de lumière, brillante, scintillante et pétillante, et tout à coup nous nous sommes dit, okay, ils énumèrent un tas de choses qui sont très difficiles à faire dans l’ordinateur ». Le défi est pourtant relevé haut la main, car Joie ne cesse de scintiller et de se démarquer des autres personnages de par sa couleur tout au long du film. Sa silhouette est inspirée directement d’une étoile : Albert Lonzano explique ainsi dans le documentaire Drawing With Your Inner Child que « Joie est en quelque sorte basée sur une étoile. Au départ, quand je faisais des croquis, même approximatifs, je prenais juste un surligneur fluorescent jaune et cette couleur qui vibre rebondissait juste à côté de la page, me faisait presque me dire, « d'accord, sois joyeux, essaies simplement de mettre cela dans les dessins » ». Sa création demandait alors une véritable implication émotionnelle de la part du dessinateur. Il explique ensuite comment dessiner Joie : « Vous commencez avec juste un cercle basique, des yeux, si vous la considérez comme une étoile, ce motif doit en quelque sorte rester là-dedans quoi qu'il arrive. Et elle porte une robe, nous ne voulions pas beaucoup d'anatomie, et elle est gentille de la caractéristique de garçon manqué qui bien une coupe de cheveux courte amusante qui est peut-être juste un peu négligée ». À travers sa silhouette, Joie devait exprimer son émotion, mais rester cependant neutre d’un point de vue anatomique, de manière à refléter le plus possible une étoile scintillante et éclairant Riley tout au long de sa vie.
Joie est doublée en version originale par Amy Poehler, une actrice, scénariste, humoriste et productrice américaine, qui a doublé d’autres personnages de film d’animation, comme Gretel dans La Revanche du Petit Chaperon Rouge (2011), ou encore Blanche Neige dans Shrek 3 (2007). En français, elle est doublée par la voix de Charlotte Le Bon, une actrice, artiste, animatrice TV et mannequin canadienne, qui jouait notamment dans Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012).
Joie apparaît dans le court-métrage d’animation qui fait suite à Vice-Versa, Premier Rendez-Vous ?, sorti aux États-Unis le 3 novembre 2015 et réalisé par Josh Cooley. Ce réalisateur, qui avait travaillé sur Vice-Versa, développe dans le court-métrage la dernière scène du film d’animation, celle où Riley rencontre un garçon avant son match de hockey. Ici, Riley a rendez-vous avec ce garçon, Jordan, pour aller patiner avec des amis. Dans ce cartoon, Joie est doublée par la voix de Kim Jalabert. Le personnage apparaît très peu à l’écran, le court-métrage se focalisant plutôt sur les émotions des parents et leur réaction face au rendez-vous de leur fille avec un garçon. Elle est vue au moment où Riley est choquée de la réaction de sa mère, qui lui parle dans un langage qui se veut « jeune » et « à la mode » mais qui s’avère en réalité totalement has-been. Joie demande ainsi : « Attends, est-ce qu’elle vient de dire « Yo ça déchire » ? », et exprime l’incompréhension et la gêne de la jeune fille.
L’émotion à la forme d’étoile apparaît aussi dans plusieurs jeux vidéo. Dans Disney Infinity 3.0 (Avalanche Software et Heavy Iron Studios, 2015), Riley s’est endormie en regardant un film d’horreur, dispersant ses souvenirs dans le Monde de l’Imagination. Le joueur doit alors incarner les émotions de la jeune fille, dont Joie, pour rassembler tous ses souvenirs avant qu’elle ne se réveille. Dans l'opus, Joie est doublée par Kate Higgins, une actrice américaine. L'émotion figure aussi dans les jeux développés pour smartphones Disney Emoji Blitz (Disney Mobile, 2016), Disney Crossy Road (Hipster Whale, 2016) et Disney Heroes : Battle Mode (PerBlue, 2018).
Joie apparaît pour la première fois à la vue du public dans le Parc Disney California Adventure de Disneyland Resort, pendant la pré-parade annonçant la Pixar Play Parade, lors de la saison estivale de 2015. Vice-Versa a alors inspiré un char où toutes les émotions sont présentes, Joie y comprise, sous la forme d’audio-animatronics.
Dans le Disneyland Park, Joie et Tristesse apparaissent à nouveau en 2018, lors du Pixar Fest, sur un char les montrant toutes deux sur la fusée de Bing-Bong, au-dessus d’une montagne de boules de souvenirs. Cette fois-ci, Joie comme Tristesse apparaissent en tant que personnage de Parc à part entière.
Joie est aussi présente pour des rencontres entre personnages et visiteurs, notamment dans le Parc Hong Kong Disneyland, pendant la saison estivale de 2015, toujours aux côtés de Tristesse, puis dans le Parc Epcot de Walt Disney World Resort.
Joie apparaît aussi sur la devanture de l'attraction dédiée au film, intitulée Inside Out Emotional Whirlwind, qui a ouvert ses portes en 2019 sur Pixar Pier, la jetée dédiée aux productions des studios à la lampe de bureau, dans le Parc Disney California Adventure. Les visiteurs embarquent ainsi à bord d’une des huit montgolfières appelées les « Memory Movers », représentant chacune une émotion de Riley, ou bien l’un des personnages de son imagination.
À Disneyland Paris, elle apparaît pour la première fois lors de la grande parade célébrant les 25 ans du Parc Disneyland, le 12 avril 2017. Elle est seulement accompagnée de Tristesse : ni les autres émotions, ni Riley, ni Bing-Bong ne sont présents lors de cet événement.
Joie est aussi présente dans le spectacle Follow Your Heart de la franchise Disney on Ice ! joué entre 2016 et 2018 dans plusieurs villes américaines telles que Vancouver, Los Angeles, Orlando, Edmonton, Boston et San Diego, aux côté des autres émotions et de Riley.
Comme de nombreux personnages Disney, tels Anna, Olaf, Génie ou bien le nain Joyeux, Joie est une éternelle optimiste. Elle porte son nom et l’émotion qu’elle représente dans ses gestes, ses paroles, et même son apparence physique. Considérée comme le leader des cinq émotions de Riley, Joie est la seule composée de plusieurs couleurs : la teinte bleue de ses cheveux n’est pas là par hasard et rappelle aux spectateurs que le sentiment de joie ne peut exister sans celui de la tristesse… C’est d’ailleurs toute l’intrigue du personnage et du film : comment la joie peut-elle laisser place à la tristesse au moment du passage de l’enfance à l’adolescence ? Comment Joie peut-elle comprendre le rôle de Tristesse qui est sa totale opposée ? Leur cohabitation est pourtant essentielle et s’avère être la clé pour que Riley puisse commencer sa nouvelle vie. Tristesse et Joie sont ainsi destinées à cohabiter et Joie sait finalement s’effacer quelque peu afin que l’émotion bleue puisse elle aussi accompagner Riley dans ses moments difficiles, de manière à provoquer un sentiment de soulagement, et donc de joie en elle.
Joie possède un rôle qui se rapproche d’une conscience intérieure de la fillette qui la guide à travers sa vie, tel Jiminy Cricket guidant Pinocchio dans sa quête pour devenir un véritable petit garçon. Elle et les autres émotions incarnent pour la première fois à l’écran des personnalisations de sentiments et parviennent ensemble à faire en sorte que Riley ait des réactions humaines et communes, dans lesquelles les petits comme les grands peuvent se reconnaître.
Aussi, ce n’est pas tant Riley mais Joie qui est la véritable héroïne de Vice-Versa, car si la jeune fille évolue et grandit, c’est parce que Joie effectue un long voyage, non sans embûches, lui permettant de se rapprocher de son émotion opposée, de la comprendre et de découvrir son immense pouvoir. Pete Docter et l'équipe du film ont ainsi donné de la profondeur à leur personnage qui, en tentant de préserver Riley, apprend à mieux se connaître elle-même et à découvrir toute l'utilité des autres émotions qui l'accompagnent.