Riley Andersen
Date de création :
Le 19 juin 2015
Nom Original :
Riley Andersen
Créateur(s) :
Pete Docter (Inspiré de sa fille Ellie)
Apparition :
Cinéma
Vidéo
Jeux Vidéo
Parcs
Voix Originale(s) :
Kaitlyn Dias
Lola Cooley (Riley bébé)
Voix Française(s) :
Clara Poincaré

Le portrait

rédigé par
Publié le 26 septembre 2020

Riley Andersen est l’un des personnages principaux du film d’animation Vice-Versa (2015), produit par les studios Pixar. Guidée par ses cinq émotions Joie, Tristesse, Dégoût, Peur et Colère, Riley est une jeune fille de onze ans joyeuse et passionnée de hockey sur glace, qui va voir sa vie et ses sentiments chamboulés par son déménagement à San Francisco. Dans les premières années de sa vie, ses émotions sont ainsi en grande majorité pilotées par Joie, son émotion la plus forte. Cependant, face à ce bouleversement matériel et sentimental, Riley se détache de cette image d’enfant joyeuse et laisse place à ses autres émotions, qui vont l’accompagner dans cette épreuve de sa vie et dans son passage à l’adolescence. 

Les premières années de Riley au Minnesota :
La Naissance de ses Émotions

Dès les premières images de Vice-Versa, Riley est associée à sa plus forte émotion, Joie : Riley est ainsi le tout premier personnage à apparaître à l’écran, accompagné de la voix de Joie, en narratrice. Dès lors que le bébé ouvre les yeux pour la première fois, Joie apparaît dans le quartier cérébral des émotions (qui accueillera ensuite Tristesse, puis Peur, Dégoût et Colère). Le premier souvenir de Riley est d’ailleurs provoqué par Joie, qui naît lorsqu’elle voit pour la première fois ses parents : ceux-ci la qualifient instantanément comme étant « pleine de joie ». 

Peu après l’apparition de Joie, Tristesse arrive et provoque les premiers pleurs de Riley, lorsqu’elle est encore un bébé. Les deux personnages se partagent quelques instants la commande des émotions de Riley, non sans peine : leur désaccord annonce ici très tôt leur ambivalence, mais aussi leur complémentarité à venir. La troisième émotion à être introduite est Peur : celui-ci se manifeste quand Riley a environ deux ou trois ans. Elle court dans son salon et fait soudain face à un fil électrique tendu, qui pourrait la faire trébucher. À ce moment, Joie guidait Riley et celle-ci riait aux éclats, jusqu’à ce que Peur prenne les commandes en la faisant ralentir et enjamber très prudemment le fil. Ici, le spectateur aperçoit une nouvelle facette de la personnalité de Riley : bien que très joyeuse et joueuse, elle semble cependant prudente dans ses gestes. 

Très peu après apparaît Dégoût, la quatrième émotion de Riley : elle aussi a un rôle protecteur, puisqu’elle se méfie de l’aspect d’un légume que la jeune fille n’a encore jamais mangé. Lorsque la cuillère de brocoli s’approche de Riley, Dégoût prend ainsi à son tour les commandes du tableau de bord du quartier cérébral : la petite fille effectue un mouvement de recul en repoussant la cuillère et l’assiette. L’apparition de Dégoût enrichit encore une fois la personnalité de Riley : la jeune fille se méfie de ce qui est nouveau et n’hésite pas à manifester son mécontentement. 

La dernière émotion à apparaître est Colère, après que le père de Riley a prononcé « Finis ton assiette ou tu seras privée de dessert ». En entendant ce chantage, Colère intervient : guidée par lui, Riley s’énerve et crie devant ses parents. Colère est pourtant très vite calmé et remplacé par Joie lorsque les parents de Riley distraient leur fille en jouant avec la cuillère pour l’inciter à manger ! L’influence de Tristesse sur Riley est montrée peu après, à travers plusieurs moments de la vie de la jeune fille, pleurant à cause d’une peluche déchirée ou d’un yaourt renversé, ou quand elle rechigne à suivre sa mère au supermarché. Dubitative, Joie ne semble pas comprendre le rôle de cette émotion, sans doute parce qu’elle est tout son opposé, ce qui donne un autre indice sur l’intrigue du film et son dénouement. 

Cette scène d’apparition de chacune des émotions peint un premier portrait émotionnel de la jeune fille, très réaliste. Chaque souvenir de la fillette se matérialise en effet par des billes stockées dans le quartier cérébral, qui prennent la couleur de chacune des cinq émotions qui l’a inspiré (le jaune pour Joie, le bleu pour Tristesse, le vert pour Dégoût, le mauve pour Peur et le rouge pour Colère). Grâce à chacune d’entre elles, Riley découvre à la fois la joie, la peur, le refus et la contrariété, des émotions qui la suivront durant toute son enfance, même si Joie fera tout pour la rendre la plus optimiste des petites filles. Ses souvenirs les plus importants, eux, sont conservés dans la mémoire centrale. Ils alimentent les traits de personnalité de Riley, créant des îles spécifiques telles que l’île du hockey sur glace, la grande passion de Riley, mais aussi l’île de la famille, l’île des bêtises, l’île de l’amitié, et l’île de l’honnêteté.

Toutes ces îles sont créées à partir de souvenirs joyeux de Riley et façonnent sa personnalité : cette petite fille vivant dans le Minnesota vit donc une enfance heureuse entourée de sa famille et de ses amis, elle pratique avec passion le hockey et déborde d’énergie. Riley possède aussi un ami imaginaire appelé Bing-Bong, qui a la trompe d’un éléphant, la queue d’un chat, le corps en barbe à papa, et qui peut imiter le dauphin, ce qui témoigne de l’imagination débordante de la petite fille. Toutes les images que le spectateur voit sur son enfance sont dès lors rythmées de sourires et de joie, jusqu’à l’annonce de son déménagement, quand elle atteint l’âge de onze ans…

Après le Déménagement :
La Découverte d'une Nouvelle Vie

Lors de la découverte de la nouvelle maison familiale, Riley semble déçue, mais Joie ne cesse de la guider vers les aspects positifs de cette nouvelle aventure, comme l’exploration de sa nouvelle chambre : mais voilà, elle s’avère être très décevante, et ce sont à la fois Tristesse, Dégoût, Peur et Colère qui prennent les commandes du quartier cérébral, jusqu’à ce que Joie évoque la future décoration de la chambre comme aspect positif. 

Cependant, cette idée joyeuse tombe très vite à l’eau, car le camion de déménagement contenant les affaires de la famille n’est pas encore arrivé sur le lieu d’emménagement. À travers l’exploration de la nouvelle maison, Joie perd alors le contrôle des émotions de Riley. Dégoût, Peur, Tristesse et Colère s’emparent ensemble des commandes, et Joie se sent dépassée par les événements. Il est pourtant normal que Joie ne parvienne pas à créer de beaux souvenirs dans cette journée, puisque Riley subit un grand changement dans sa vie qui s’accompagne de nombreux désagréments et déceptions. Malgré tout, Joie s’efforce de puiser de nouvelles idées pour apporter de l’amusement au cours de ce jour particulier. Elle fait par exemple simuler à Riley une partie de hockey avec ses parents afin de les détendre, et donne à sa mère l’idée de tester la pizzeria locale, visite qui s’avère finalement décevante, le restaurant ne servant qu’une seule sorte de pizza aux brocolis !

Plus tard, Joie remémore un souvenir joyeux à Riley pendant leur voyage jusqu’à San Francisco, et Tristesse le transforme en le touchant en un souvenir triste : si cet événement contrarie Joie, il ne semble cependant pas étonnant, car le déménagement est associé au changement de vie et à la nouvelle maison, très différente de l’ancienne. Le fait que Joie interdise ensuite à Tristesse de s’approcher des souvenirs joyeux traduit l’incompréhension de l’émotion face au bouleversement de sentiments que la jeune fille éprouve. Joie ne comprend pas ce qu’il se passe, et va s’efforcer de maintenir les anciens souvenirs positifs dans la mémoire de Riley, alors qu’ils ne sont plus d’actualité. Riley débute ici son changement, sa sortie de l’enfance et, comme Joie, il lui faudra du temps pour comprendre que le sentiment de tristesse peut l’aider à traverser cette période. Tristesse répond d’ailleurs à Joie « Pleurer ça me fait du bien et ça m’aide à affronter la vie et ses problèmes ».

Riley observe ses parents changer eux aussi d’attitude dans leur nouvelle maison : le stress du déménagement, l’installation dans leur nouvelle vie, les contraintes professionnelles, tout ceci les chamboule, et ils apparaissent aux yeux de Riley préoccupés et moins présents. Leurs émotions se répercutent automatiquement sur celles de Riley, qui est de plus en plus à l’écoute du comportement de ses parents : ceci montre encore une fois une maturité naissante dans le personnage de la jeune fille, qui, comme le dit Peur, perçoit ces choses : « Vous avez entendu Papa ? C’est moi ou il est très énervé ? ». Cependant, et malgré toutes ces émotions négatives lors de l’arrivée dans la nouvelle maison, sa mère souligne que Riley « a su rester [leur] petite fille joyeuse ». Ces paroles apparaissent au moment où Colère, Peur, Dégoût et Tristesse énumèrent tous les points négatifs de la journée et sont sur le point de manifester leur malaise face à la mère de Riley. Joie reprend alors les commandes, et montre que Riley peut encore tirer du positif de la situation. 

Un Premier Jour de Classe Désastreux

Le lendemain, quand Riley est sur le point de partir à sa nouvelle école, elle ne peut cacher son enthousiasme : « J’ai un peu la trouille mais j’ai vraiment hâte ! », répond-elle à sa mère. Riley est définitivement une jeune fille joyeuse, sans pour autant que Joie n’ait besoin de prendre le contrôle de ses émotions. Par ailleurs, alors que sa maman lui propose de l’accompagner jusqu’aux portes de l’école, Joie évite une remarque désagréable de la part de Dégoût, en répondant simplement par la négative sur un ton relâché mais joyeux. De plus, dès que le père de Riley évoque le mime du ouistiti, la jeune fille commence à imiter l’animal en rigolant avec ses parents : l’île de la bêtise est encore pour le moment opérationnelle, et Riley part très optimiste pour son premier jour d’école à San Francisco.

Assise dans la salle de classe, elle est interrogée par la maîtresse, qui lui demande de se présenter en quelques mots : Joie refuse que Peur prenne les commandes et la fasse paniquer et se charge de mener la discussion. Tout se passe bien jusqu’à l’évocation de ses souvenirs dans le Minnesota qui, de façon prévisible, provoquent chez la jeune fille des pleurs. Tristesse a en effet touché le souvenir joyeux d’un après-midi de patin à glace sur le lac près de leur ancienne maison, où Riley est entourée de ses amis. La jeune fille change soudainement d’expression, et passe de la joie à la tristesse en quelques secondes. Ici, Tristesse semble ne pas avoir pu se retenir de toucher le souvenir joyeux et de le rendre triste : Riley ne peut désormais plus contenir ses nouvelles émotions face au changement qu’elle subit. Toujours en classe, Riley ne cesse de pleurer en évoquant son ancienne vie, et c’est à ce moment-là que ses émotions vont être chamboulées. Le souvenir se bloque, Tristesse prend les commandes et appelle un nouveau souvenir destiné à la mémoire centrale. C’est en tentant de le retirer pour préserver les souvenirs joyeux de Riley que Joie et Tristesse sont expulsées hors du quartier cérébral… La jeune fille perd alors dans cet incident tous ses souvenirs fondamentaux, et ses îles de personnalité semblent à l’arrêt. À ce moment, Riley passe des pleurs à un visage sans expression consécutivement à la perte des souvenirs qui la constituaient en tant que jeune fille, joyeuse, rigolote et aimante. 

La vie sans Joie ni Tristesse

C’est ici que les sentiments de Riley changent considérablement : sans Joie ni Tristesse pour la guider, la jeune fille semble perdue et n’éprouve que des sentiments de colère, de peur ou bien de dégoût, à l’image de ses trois émotions restantes. Par exemple, le soir-même, à table, Dégoût donne une réponse sur un ton d’ennui et de mépris à la mère de Riley, qui lui annonce qu’il existe une équipe de joueurs de hockey tout près de chez eux. Peur s’adresse d’ailleurs à Dégoût après son intervention en lui disant « Mais c’était quoi ça ?! C’était pas joyeux du tout ! », à quoi elle répond « Ben non, parce que la joie je sais pas faire ! ». 

De là s’enchaînent des réactions négatives pour faire face aux attitudes insistantes et plus sévères des deux parents : Colère finit par prendre les commandes et Riley s’énerve en tenant tête à son père qui l’envoie dans sa chambre. Cette réaction, condamnée par la mère, ne servira pas à ce que Riley exprime ses sentiments : elle-même est perdue, elle semble ne plus se reconnaître et commence à sentir un certain mal-être. Cette séquence correspond à la découverte de ses nouveaux sentiments en tant que jeune adolescente : elle ne les connaît pas, et ne peut encore les contrôler. Et c'est donc à la suite de cet événement que l’île de la famille commence à se briser...

Plus tard dans la soirée, le père de Riley la rejoint dans sa chambre pour tenter de parler de ce qu’il s’est passé à table, lors du dîner : « Où est ma petite fille joyeuse ? », lui demande-t-il. Il tente ensuite de la faire rire en mimant un ouistiti, mais Riley réagit seulement en se tournant vers lui sans rien dire, avec un regard froid et énervé : l’île des bêtises s’effondre à son tour. Cette scène montre que Riley devient plus mature et moins sensible aux farces de son père. Elle ne se laisse plus distraire par des bêtises lorsqu’elle est contrariée : son caractère s’affirme. Le fait qu’elle reste triste et renfermée démontre aussi que son mal-être est plus profond et plus sérieux : son père tente de la faire rire, mais cela ne semble plus être la solution pour lui remonter le moral. Riley a dès lors le comportement d’une jeune fille adolescente, qui subit de nombreux changements dans sa vie et ne sait comment communiquer son malaise à ses parents, car elle-même ne comprend pas ses réactions. 

C’est encore une fois Colère qui prend le dessus sur les émotions de Riley lorsqu'elle est en conversation vidéo avec sa meilleure amie. Elle découvre le sentiment de jalousie, car son amie Mel lui dit qu’une nouvelle fille a intégré l’équipe de hockey dans laquelle Riley jouait dans le Minnesota : Colère interprète cette nouvelle comme une volonté de remplacer Riley, et prend les commandes pour faire raccrocher soudainement la fillette, énervée. Riley aurait pu discuter de ses sentiments avec son amie et exprimer son mal-être, mais au lieu de cela, ses émotions prennent le dessus sur elle et la font réagir de manière impulsive. De plus, le fait que Colère prenne les commandes de ses émotions à ce moment précis montre que Riley ne veut pas accepter les changements qu’elle vit et préfère les fuir, en stoppant très vite la conversation avec son amie. L’île de l’amitié s’effondre alors à son tour sous le regard impuissant de Joie…

Pendant que Tristesse et Joie tentent de rejoindre le quartier cérébral depuis la mémoire à long terme, elles rencontrent l’ancien ami imaginaire de Riley, Bing-Bong. Ce dernier est associé à ses anciens souvenirs joyeux quand elle était encore petite et qu’elle imaginait jouer avec lui, faire des concerts, et même voler. Joie se montre très enthousiaste lorsqu’elle le rencontre et affirme qu’elle le ramènera avec elle pour que Riley se souvienne de lui, et qu’ils recommencent à jouer ensemble. Là encore, Joie fait preuve d’une forte volonté de conserver le passé et les anciennes émotions de Riley, sans voir que la jeune fille est en train de changer et qu’elle ne jouera plus jamais avec son ami imaginaire. D’ailleurs, lorsque Bing-Bong se sacrifie pour sauver Joie du vidage mémoire, où tous les souvenirs de Riley sont oubliés à jamais, l’ami imaginaire comprend qu’elle a bel et bien besoin de Joie à ses côtés pour grandir, contrairement à lui, qui ne fait plus partie de sa vie. Ce moment à la fois triste et touchant, où Bing-Bong disparaît dans les ténèbres, montre à nouveau que Riley se détache de son enfance et de ses anciennes émotions pour évoluer vers l’adolescence.

À sa nouvelle école, Riley expérimente un tout nouvel état : celui de la solitude. N’osant pas aller s’asseoir à côté de ses camarades de classe, elle déjeune seule dans un coin de la cour de récréation. Auparavant très entourée, à la fois par ses parents et par ses amis, la jeune fille se retrouve désespérément seule : elle fait ainsi un pas vers une certaine autonomie, ce qui participe de son évolution vers l’adolescence. Le soir, elle découvre aussi le sentiment d’échec pendant son essai de hockey dans l’équipe de San Francisco. Au même moment, Peur tente de lui envoyer des pensées positives en transmettant à la mémoire centrale des souvenirs de matchs de hockey dans le Minnesota, qui sont tous rejetés. Alors qu’elle patine, Riley s’énerve de plus en plus et finit par tomber sur la glace. Face à son échec, elle décide de quitter le terrain et les essais subitement. Elle regarde pourtant une dernière fois le stade avec envie et tristesse : au même moment, son île du hockey s’effondre. Riley, bien que passionnée par ce sport, doit faire face à un grand changement des conditions dans lesquelles elle le pratiquait : cela demandera du temps, mais l’île se reconstruira une fois que la jeune fille aura accepté tous les évolutions dans sa vie. 

Le fait que Riley quitte définitivement l’enfance se matérialise aussi par la destruction progressive de plusieurs monuments dans le monde de l’imaginaire de la fillette, que Joie et Tristesse traversent avec Bing-Bong : le jardin d’enfants, la baraque en biscuits, le pic du poney d’or, le palais de la princesse des rêves ou encore l’académie des nounours sont détruits. Cela traduit encore une fois son passage de l’enfance vers l’adolescence : ses centres d’intérêt changent, tout comme ses sentiments, ses goûts et ses émotions. Il y a d’ailleurs un nouvel élément : une machine à petit ami imaginaire. Ceci souligne que la jeune fille s’intéresse désormais aux relations amoureuses et entre bel et bien dans l’adolescence. 

La Fugue comme Échappatoire :
Fuir face au Changement pour Retrouver sa Vie Antérieure

Vient alors l’idée de Colère : la fugue, pour que Riley retourne dans le Minnesota, où tous ses souvenirs heureux ont été créés. Colère place donc cette idée dans la tête de Riley, qui l’accepte, et réserve un bus pour s’y rendre, après avoir dérobé la carte bleue de sa mère. En acceptant cette solution, Riley choisit de fuir au lieu d’affronter sa nouvelle vie et ses émotions. Plutôt que d’accepter ces changements, elle préfère tenter de retrouver son ancienne vie qu’elle connaît et dont elle sait qu’elle lui apportera de la joie à nouveau. Cependant, c’est en refusant sa nouvelle vie que Riley accepte de renoncer à l’honnêteté et à sa famille, car elle décide de partir seule, sans ses parents et en leur volant de l’argent. Malgré elle, elle accepte donc des changements de comportements, qui sont par ailleurs négatifs et ne ressemblent en aucun cas à son caractère de jeune fille joyeuse qu’elle était jusqu’alors. L’île de l’honnêteté s’effondre d’ailleurs dès que Riley vole la carte bleue de sa mère. Il ne lui reste donc plus que l’île de la famille, qui, fragilisée par le fait que Riley s’éloigne peu à peu de ses parents, menace de s’effondrer à son tour.

En même temps, Joie et Tristesse sont en chemin pour rejoindre le quartier cérébral, et visionnent un souvenir de la jeune fille, où elle est portée par son ancienne équipe de hockey et rit. Joie avoue qu’elle adore ce souvenir, et Tristesse affirme qu’elle aussi, mais ses raisons sont différentes. Avant de rire aux éclats avec son équipe, Riley s’était réfugiée à l’écart, et pleurait car elle avait marqué contre son camp. Ici, les deux émotions se rejoignent dans un seul et même souvenir, qui évoque à la fois de la tristesse et de la joie : elles ne l’ont pas encore compris, mais c’est en cohabitant qu’elles vont permettre à Riley d’avancer et de faire face aux changements de sa vie. Joie commence enfin à comprendre ce paradoxe lorsqu’elle se retrouve coincée dans le vidage mémoire avec Bing-Bong, qui se sacrifiera pour qu’elle puisse remonter et rejoindre le quartier cérébral.

Pendant que Riley se dirige vers son bus, ses parents se rendent compte qu’elle a disparu et tentent de l’appeler mais la fillette ignore l’appel, si bien que sa dernière île, l’île de la famille, commence à s’effondrer. Or, si elle ne possède plus d’île de personnalité, les commandes de ses émotions seront définitivement fermées et ne pourront donc plus guider la jeune fille pour le reste de sa vie. Aussi, quand elle s’apprête à monter dans le bus, Dégoût, Peur et Colère veulent faire renoncer Riley ; Dégoût tentant de lui ôter l’idée de la fugue de la tête. Mais cela ne fonctionne pas, et le plateau des commandes commence à se verrouiller. Riley monte dans le bus et s’y installe, Peur déclare alors « C’est trop tard, on n’a plus accès aux sentiments de Riley ». C’est au moment où les émotions semblent avoir perdu tout contrôle que Joie et Tristesse parviennent enfin à revenir au quartier cérébral : à la grande surprise de tous, Joie demande à Tristesse d’arranger la situation. Cette dernière parvient à ôter l’idée de la fugue du tableau des commandes qui redevient instantanément fonctionnel. Au même moment, Riley semble prendre conscience de ce qu’elle est en train de faire, et quitte aussitôt le bus pour rentrer à sa nouvelle maison et rejoindre ses parents. 

Quand elle rentre chez elle, la fillette semble confuse et triste : Tristesse regarde la scène, mais n’ose cependant pas agir. C’est Joie qui la guide vers les anciens souvenirs de la mémoire centrale, pour qu’elle les touche et les transforme en souvenirs tristes. Cette scène montre que Riley accepte enfin que ses souvenirs joyeux appartiennent désormais au passé, ainsi que la tristesse qu’ils engendrent chez elle, car ils appartiennent à son ancienne vie. Après les avoir touchés, Tristesse fait visionner chacun de ces souvenirs à Riley : cette fois-ci, la joie est remplacée par de la tristesse lorsqu’elle se remémore ses moments passés dans le Minnesota. C’est en prenant du recul sur ses souvenirs d’enfance, qui engendrent à présent de la tristesse, qu’elle commence à accepter le changement dans sa vie, ainsi que son évolution vers l’adolescence. Emparée par un sentiment de nostalgie à la vue de tous ces souvenirs, Tristesse prend alors les commandes et Riley s’effondre en larmes. 

Elle se confie enfin à ses parents sur son mal-être depuis leur déménagement : « C’est sûrement pas ce que vous voulez entendre, mais j’voudrais qu’on rentre, chez moi dans le Minnesota. Je sais que vous voulez que mon bien, mais je regrette mes anciens amis, et mon équipe de hockey. J’veux rentrer à la maison. Faut pas m’en vouloir ». À ces mots, ses parents semblent étonnés et confus, mais en aucun cas énervés face à la réaction de leur fille. Ils lui avouent qu’eux aussi se languissent de leur ancienne vie et prennent leur fille dans leurs bras. C’est alors Tristesse qui guide Joie vers les commandes pour qu’elles les touchent ensemble : elles font instantanément sourire Riley, en même temps qu’elle pleure, et créent ensemble le premier souvenir à deux émotions de Riley. Il vient d'ailleurs directement se placer dans la mémoire centrale pour créer une nouvelle île de la famille. 

Riley dans sa Nouvelle Vie

Peu après, les cinq émotions contemplent les nouvelles îles de la personnalité de Riley : la jeune fille a accepté sa nouvelle vie et a désormais reconstruit ses goûts et ses sentiments en fonction de son âge et de ses expériences. Des îles qui existaient déjà pendant l’enfance de Riley, telles que celles de la famille, de l’amitié et du hockey, en côtoient de nouvelles propres à son âge, comme l’île romantique des vampires tragiques, l’île des fashion victimes, ou encore l’île des boys bands, en référence aux centres d’intérêt assez « clichés » d’une jeune adolescente. Les émotions découvrent ensuite leur nouveau tableau de commande, plus grand et plus complet, afin qu’elles puissent suivre la jeune fille dans l’adolescence. Colère a par exemple désormais accès à un plus grand registre de gros mots, et Dégoût remarque notamment le bouton « puberté » que Joie qualifie de « pas très important »… 

La dernière scène du film se déroule dans la patinoire, juste avant le début du match de hockey de Riley dans sa nouvelle équipe. Ses parents sont bien entendu venus la supporter, et Riley semble très heureuse de revenir sur le terrain et de pratiquer son sport préféré. Elle salue plusieurs joueurs, ce qui souligne qu’elle n’est plus seule et a réussi à s’intégrer dans cette nouvelle équipe, mais aussi dans sa nouvelle vie. C’est en souriant qu’elle commence le match, et que Joie conclut le film d’animation en tant que narratrice, tout comme elle l’avait commencé, après un an écoulé et de nombreux bouleversements émotionnels vécus !

La Conception du Personnage

Le personnage de Riley est inspiré d’Elie, la fille de Pete Docter qui a réalisé la voix d’Ellie enfant dans Là-Haut (2009). Lors d’un entretien accordé en 2016 à Peter Bradshaw pour le journal The Guardian, il explique, à propos de sa fille, qu’« elle ressemblait un peu à ce personnage jusqu’à lors. Par la suite, elle a eu plus de moments solitaires et silencieux. Je me demandais ce qu’il se passait alors dans sa tête ». C’est donc de cette curiosité sur les pensées de sa fille qu’est née l’idée de réaliser un film d’animation sur les émotions d’une fillette de onze ans. Mais combien en montrer à l’écran pour ne pas surcharger celui-ci, tout en proposant aux spectateurs un portrait fidèle ? Après s’être référé à plusieurs scientifiques, dont Paul Ekman et Dacher Keltner, Pete Docter précise dans l’interview qu’« il y en a, je ne sais pas, 175. Mais il y a cinq émotions sur lesquelles la plupart d’entre eux s’accordent ». La joie, la tristesse, la peur, la colère et le dégoût étaient donc les cinq émotions les plus intéressantes à exploiter, afin que le personnage de Riley « ne ressemble pas à un robot », selon les mots de Docter. Le pari est-il relevé ? La réponse semble être définitivement oui, car Riley est guidée par toutes ses émotions, avec Joie comme leader, mais prend les décisions d’elle-même. Elle aurait pu par exemple rejeter l’idée de la fugue au lieu de l’accepter et de « percuter », comme le dit Colère. Riley est donc à l’image d’une jeune fille de onze ans du point de vue de ses sentiments et de ses comportements : d’abord joyeuse, aimant s’amuser et proche de ses parents, elle se renferme peu à peu sur elle-même avant de mettre des mots sur ce qu’elle ressent.


Concept art du personnage

Selon l’inspiration de Pete Docter, et les dires de la coordinatrice artistique May Isotaluno, dans le documentaire Mixed Emotions de Pixar, « Vice-Versa est un film qui parle de comment apprendre à grandir et comment gérer nos moments de tristesse » : c’est donc en partant de ce postulat, de la difficile cohabitation entre le sentiment de joie et de tristesse chez Riley, que se construit le film. La joie habite en effet chaque enfant, car elle est associée à l’insouciance et au fait de vivre le moment présent sans se préoccuper de l’après. Au passage à l’adolescence, l’individu découvre de nouvelles choses, de nouvelles émotions, et doit apprendre à les connaître : il commence alors à se refermer sur lui-même, à devenir plus autonome, et à changer de goûts et de centres d’intérêt. Chez Riley, la dualité entre Joie et Tristesse représente ce changement, que Joie n’accepte qu’à la fin du film. À travers Riley, Vice-Versa semble donc, d’après le producteur Jonas Rivera dans un documentaire Pixar, dire aux parents : « Vos enfants grandissent et changent, c’est donc une sorte de tentative pour capter ce drame venant de l’intérieur ». 

Cependant, pourquoi personnifier ces cinq émotions, et ne pas montrer l’évolution de Riley sans elles ? À cela, Pete Docter répond dans le même documentaire « pour une raison quelconque j’ai eu cette idée de me dire « à la place du cerveau, pourquoi pas l’esprit ? Et si vous pouviez faire des émotions comme personnages de l’histoire ? » ». L’originalité de Vice-Versa, c’est justement cette idée de faire des émotions d’une jeune fille de onze ans les personnages principaux du film d’animation. Le personnage de Riley est enrichi de ses cinq émotions, qui sont véritablement au centre de l’intrigue. Pete Docter voulait d'ailleurs que la fillette soit pilotée par un personnage joyeux, comme il le dit dans son interview du Guardian : « Dès le tout premier pitch du film, je voulais que le personnage principal soit essentiellement de la joie, je pense l’avoir d’abord appelée « Optimisme » ». Pete Docter n’avait donc pas imaginé Riley autrement que comme une fille joyeuse, même au début de la création de son personnage. 

Dès les premiers croquis de Riley, elle est imaginée blonde aux yeux bleus, avec des vêtements confortables. La jeune fille ne semble pas avoir beaucoup évolué lors de sa conception, contrairement à la représentation de ses émotions, qui devaient quant à elles avoir des silhouettes très particulières. Joie, par exemple, a été imaginée dès le début avec un physique proche d’une étoile : elle avait ainsi les bras en l’air et les cheveux en pointe, et son corps était jaune, pour faire ressortir la gaieté chez elle et le dynamisme.

Kaitlyn Dias
Clara Poincaré

Riley est doublée en version originale par Kaitlyn Dias, une actrice américaine ayant fait plusieurs voix de courts métrages, et par Lola Cooley, une actrice qui se charge de la voix de Riley bébé. En version française, le personnage est doublé par l’actrice Clara Poincaré, connue pour avoir réalisé la même année le doublage de la petite fille dans le long métrage d’animation Le Petit Prince.

Autres Apparitions

Riley apparaît comme personnage principal, aux côtés de ses émotions, dans le court-métrage d’animation Premier Rendez-Vous ? sorti aux États-Unis le 3 novembre 2015, et réalisé par Josh Cooley. Ce réalisateur, qui avait travaillé sur Vice-Versa, développe dans le cartoon la dernière scène du film d’animation, celle où la jeune fille rencontre un garçon avant son match de hockey. Ici donc, Riley a rendez-vous avec Jordan, pour aller patiner avec des amis. Elle apparaît pourtant peu à l’écran : la jeune fille est en effet montrée dans sa chambre en train de préparer ses affaires, lorsque sa maman arrive pour lui poser des questions sur son rendez-vous. Riley est vite étonnée de la réaction de sa mère qui tente de parler « comme les jeunes » mais se montre juste ridicule. Riley descend vite rejoindre Jordan quand elle comprend qu’il est resté seul avec son père, car elle a peur de la réaction de ce dernier face au garçon. Elle est d’ailleurs surprise de les retrouver en train d’écouter AC/DC dans leur salon. Le cartoon n’est ainsi pas centré sur Riley ou ses sentiments, mais plutôt sur ceux de ses parents face au fait que Riley est invitée pour la première fois par un garçon. Il n'en reprend pas moins pour l'approfondir le thème du passage à l’adolescence de la jeune fille. 


Premier Rendez-Vous ? (2015)

Riley signe aussi un caméo dans Le Monde de Dory (2016) : elle est en effet reconnaissable parmi les enfants regardant l’aquarium où se trouve alors Dory au musée de la vie marine, dans un clin d’œil des studios Pixar à leur production précédente ! 


Le Monde de Dory (2016)

Riley a enfin inspiré un chapitre du jeu Disney Infinity 3.0 (Avalanche Software et Heavy Iron Studios, 2015) : la jeune fille s’est endormie en regardant un film d’horreur, dispersant ses souvenirs dans le Monde de l’Imagination. Le joueur doit alors incarner les émotions de Riley pour rassembler tous ses souvenirs avant qu’elle ne se réveille.

Riley dans les Parcs à Thèmes

Si Riley n’apparaît pas dans les Parcs à thèmes Disney, à l’occasion de la saison estivale 2015, Vice-Versa a en revanche inspiré un char circulant lors d’une pré-parade annonçant la Pixar Play Parade dans le Parc Disney California Adventure de Disneyland Resort. Accompagnant la sortie du film d’animation sur les écrans, il voyait défiler les cinq émotions de Riley.

Pré-parade 2015
(Disney California Adventure)
Inside Out Emotional Whirlwind
(Disney California Adventure)

Dans le même Parc, un manège intitulé Inside Out Emotional Whirlwind a ouvert ses portes en 2019 sur Pixar Pier, la jetée dédiée aux productions des studios à la lampe de bureau. Les visiteurs embarquent ainsi à bord d’une des huit montgolfières appelées les « Memory Movers », représentant chacune une émotion de Riley, ou bien l’un des personnages de son imagination. Ici encore, Riley n’est pas représentée.


Follow Your Heart (Disney on Ice!)

À ce jour, Riley a fait son unique apparition live lors du spectacle Follow Your Heart de la franchise Disney on Ice ! joué entre 2016 et 2018 dans plusieurs villes américaines telles que Vancouver, Los Angeles, Orlando, Edmonton, Boston et San Diego. La jeune fille y apparaît en effet entourée de son équipe de hockey et de ses cinq émotions.

S’inscrivant dans la longue liste des jeunes héroïnes Disney, après Alice, Wendy Darling, Penny (Les Aventures de Bernard et Bianca), Jennifer Foxworth, Lilo et Penny (Volt, Star Malgré Lui), Riley Andersen est la première d’entre elles à se retrouver confrontée aussi directement aux bouleversements de l’adolescence. Au fil du film, la fillette se détache de son enfance pour découvrir sa nouvelle vie et ses nouvelles émotions. Si ces dernières sont toujours là pour la guider, elles sont elles aussi perdues face aux changements qu’elle subit, à commencer par son déménagement. Avec la jeune fille, Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégoût vont ainsi apprendre à se découvrir les uns les autres, et à accompagner Riley d’une nouvelle manière dans l’adolescence. 

Confrontée pour la première fois au sentiment de tristesse et à la solitude, Riley est tentée de rejeter définitivement les changements générés par le déménagement de sa famille, avec une solution radicale pour fuir l’inconnu émotionnel auquel elle fait face : la fugue. Dès lors, que faut-il pour faire prendre conscience à une jeune fille de onze ans, jusque-là guidée par la joie, des conséquences d’un tel acte ? La réponse se trouve dans l’acceptation de sa tristesse : quand Joie et Tristesse regagnent le quartier cérébral, seule Tristesse parvient à faire marche arrière et à débloquer les sentiments de Riley. Désormais, Joie travaillera avec elle, au lieu de la mettre de côté pour préserver la jeune fille qui a, en réalité, besoin de cette émotion pour se construire, évoluer, et rebâtir sa personnalité. 

Finalement, Pete Docter réussit haut la main le pari de faire de Riley un personnage doué d’émotions, à la fois réaliste, touchant et drôle : Riley retrace le cheminement émotionnel complexe des jeunes adolescentes à travers l’histoire de leurs émotions, pendant une période charnière de leur vie.

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