Dindon Léon
Date de création : Le 04 novembre 2005 Nom Original : Mayor Turkey Lurkey Créateur(s) : Joe Moshier (Conception visuelle) Michelle Robinson (Conception visuelle) Dick Zondag (Superviseur de l’animation) |
Apparition : Cinéma Jeux Vidéo Voix Originale(s) : Don Knotts Richard McGonagle (Chicken little – le jeu vidéo) Voix Française(s) : Marcel Guido |
Le portrait
En 2005, les studios Disney revisitent le conte Henny Penny avec Chicken Little, leur quarante-sixième grand classique animé. Les spectateurs découvrent alors la fourmillante Oakey Oaks, une petite bourgade peuplée d’animaux en tout genre et dirigée par le « très distingué » maire Dindon Léon.
Le maire Dindon Léon apparaît dès les premières minutes du film. Perché tout en haut du beffroi de l'hôtel de ville, Chicken Little sonne la cloche afin de prévenir la population d’Oakey Oaks de la chute imminente du ciel. « Sauvez-vous ! C’est la fin du monde ! » Dans toute la ville, la panique s’empare immédiatement des habitants qui se mettent à courir dans tous les sens pour sauver leur vie et celle de leurs proches. La bousculade est générale. Les forces de l’ordre se mettent en route. Le camion des pompiers manque d’avoir un accident avant d’arracher le toit d’une voiture avec la grande échelle. Sous le choc, la conductrice perd le contrôle du véhicule et percute une bouche d’incendie qui, sous la pression, décolle dans le ciel pour aller s’écraser sur l’un des piliers du château d’eau.
Le choc est alors si violent que le réservoir se détache bientôt et se met à rouler dans les rues. L’énorme boule en acier détruit tout sur son passage. Le bitume, le mobilier urbain, les voitures, les réverbères... Tout est arraché ou écrasé, y compris la statue en bronze à son effigie que le maire Dindon Léon était justement en train d’inaugurer... La panique générale prend finalement fin sur la place de la ville. Incapable d’expliquer l’origine du danger et de son alerte, Chicken Little devient la risée de sa communauté. Hors de lui, Dindon Léon s’en prend alors violemment au père du petit, Buck Cluck. « Mais enfin, Buck ! Votre Fils nous a flanqué une peur bleue !!! ».
Un an plus tard, le calme est revenu en ville. Chicken Little est à présent considéré comme un paria sujet de toutes les moqueries. Pour les autres habitants, la vie a, elle, repris son cours normal. Le maire Dindon Léon est notamment présent pour assister au grand match de baseball qui oppose les Glands d’Oakey Oaks aux Patates de la Vallée. Disposant de sa propre (et minuscule) loge installée en bonne place dans l’enceinte du petit stade local, l’édile est entouré par quatre gardes du corps qui, en plus de le protéger, se chargent de lui dicter ce qu’il a à faire pour contenter ses électeurs et réagir au match. « Levez-vous » ; « Saluez » ; « Vérifier braguette » ; « Lamentez-vous » ; « Retournez votre veste » ; « Faites comme la foule » !
Dindon Léon revient dans l’histoire au moment le plus tragique. Les aliens ont envahi la ville. Chicken Little avait bel et bien raison lorsqu’il disait qu’un danger venait du ciel. Occupé à prendre un bon bain moussant dans l’une des fontaines de sa mairie, le magistrat est alerté par le tintement de la cloche du beffroi. Immédiatement, il se précipite vers le petit poulet afin de savoir ce qu’il se passe. Mais une fois encore, Chicken Little est dans l’impossibilité de prouver qu’une menace pèse sur la ville. Il demande alors au maire et à quelques habitants de le suivre vers le stade. Distrait par une pièce de monnaie trouvée par terre, le maire retarde tout le monde. Et lorsque chacun arrive jusqu’au stade, le vaisseau alien a disparu... « Sans cette pièce que j’ai trouvée, cette soirée aurait été un vrai fiasco ! », se lamente Dindon Léon avant de rentrer chez lui.
Chicken Little est une nouvelle fois mis en défaut. La population se retourne par conséquent contre lui... Encore... Mais il ne faut pas longtemps pour qu'elle comprenne son erreur. Désireux de retrouver leur petit qui s’est égaré en ville, les aliens sèment un véritable vent de panique dans les rues. Grâce à leurs vaisseaux, les extraterrestres pulvérisent les bancs, les maisons, les immeubles, les voitures et les habitants eux-mêmes. « Nous nous rendons », implore le maire en train de prendre la fuite au volant de sa voiture, « Tenez, je vous remets les clés de la ville ». Les aliens pulvérisent ladite clé. « Les clés de ma voiture aussi ! ». Les aliens vaporisent sa voiture. « Un Tic-Tac ? »... Dindon Léon est désintégré à son tour !
Lorsque tout rentre finalement dans l’ordre après que les extraterrestres ont récupéré leur petit, le tremblotant maire Dindon Léon et les autres habitants neutralisés sont finalement ramenés sur Terre. Chicken Little a sauvé Oakey Oaks de la destruction. Porté en triomphe, le petit poulet inspire dès l’année suivante la réalisation d'un énorme blockbuster. Assis dans la salle au milieu de ses administrés, le maire ne perd pas une miette du film.
Dindon Léon s’offre une ultime apparition durant le générique de Chicken Little. Comme les autres personnages, il chante alors quelques mots de la chanson Don’t Go Breaking My Heart avec l’aide de l’un de ses agents de sécurité obligé de lui tendre des panneaux avec les paroles !
Lorsqu’ils se lancent dans l’écriture de Chicken Little, le réalisateur Mark Dindal et les scénaristes Steve Bencich, Ron Anderson et Ron J. Friedman disposent de deux sources, le conte populaire Henny Penny ainsi qu’un court-métrage réalisé par les studios Disney en 1943. Également titré Chicken Little, ou Petit Poulet en français, le cartoon mettait alors en scène toute une basse-cour évoluant autour du héros qui, déjà, provoquait la panique en expliquant que le ciel était en train de s’effondrer. Parmi les nombreuses volailles montrées à l’écran, figure déjà un dindon prénommé Turkey Lurkey.
Turkey Lurkey (à droite) dans Petit Poulet (1943)
Les créateurs de Chicken Little décident toutefois immédiatement de s’éloigner de ces deux supports d’origine. Le conte est ainsi trappé pour une histoire bien plus moderne. Le court-métrage est lui-même écarté même si certains protagonistes sont conservés. Turkey Lurkey fait partie de ceux-là. Simple figurant montré en train de prendre un thé avec deux amis, le dindon voit cependant son rôle considérablement étoffé et surtout fusionné avec celui de Coq Ramenard, le chef de la basse-cour. Dans Chicken Little version 2005, Turkey Lurkey, ou Dindon Léon en version française, devient ainsi le maire d’Oakey Oaks.
Dindon Léon apparaît à l’écran sous les traits d’un vieux dindon nerveux et tout tremblant. Arborant fièrement son beau costume, son gigantesque chapeau haut-de-forme et sa médaille d’édile, ce dernier est alors la caricature du magistrat incompétent et totalement inapte à prendre quelque décision que ce soit. C’est ainsi son régiment de gardes du corps qui lui dicte ce qu’il doit faire en lui montrant des pancartes indiquant ce qu’il faut dire ou quelle attitude adopter. Il est dès lors évident que monsieur le maire n’est en réalité qu’un vulgaire pantin manipulé par d’autres.
Parmi les gags récurrents du film, l’intervention des agents de sécurité semble d’autant plus se justifier que le maire apparaît comme étant totalement sénile et déconnecté des réalités. Son petit bain de minuit tout habillé dans une fontaine est révélateur de ses excentricités. Dindon Léon est par ailleurs incapable de se concentrer ne serait-ce que quelques secondes. Une simple pièce trouvée par terre peut notamment attirer son attention et diluer toute forme de concentration, y compris lors des événements les plus tragiques. Enfin, Dindon Léon est l’image même de ces élus indignes prêts à tout pour sauver leur peau aux dépends de leurs administrés. C’est ainsi qu’il offre sans condition les clés de sa ville aux aliens. Voyant la situation lui échapper totalement, Dindon Léon est si mauvais lorsqu’il s’agit d’improviser et de négocier qu’il en est réduit à offrir des Tic-Tac aux extraterrestres qui ne tardent pas à le désintégrer !
Totalement loufoque et marqué par son âge visiblement canonique, le personnage de Dindon Léon est largement inspiré de l’acteur Don Knotts, son interprète en version originale. Les concepteurs visuels et les animateurs ont ainsi repris des dizaines de ses mimiques et de ses expressions faciales. Étudiant notamment d’anciennes prestations de Knotts dans The Andy Griffith Show et The Ghost and Mister Chicken, ils ont en particulier affublé le dindon de gros yeux roulants semblables à ceux du comédien.
Utilisé comme un ressort comique ponctuel, Dindon Léon voyait initialement son rôle grandir un peu dans une scène remplie de mélancolie. Abandonnant pendant un moment sa maladresse et sa peur, il apportait alors un peu de réconfort à Buck Cluck, le père de Chicken Little dévasté par les supposés égarements de son fils. « Cela doit être compliqué d’élever seul son enfant », faisait remarquer le maire, « Au moins, vous avez essayé. Vous avez fait du mieux que vous le pouviez, non ? Un conseil, ne mettez pas la barre trop haute ». Dindon Léon tapait ensuite dans le dos de Buck tout en lui glissant dans la main un badge l’invitant à le soutenir lors des prochaines élections.
Image extraite de la scène coupée
Offrant au maire un beau moment de sincérité, la scène était un point d’orgue du film avant son dénouement final. Toutefois, elle offrait une vision totalement contraire au caractère initial du maire. En devenant un confident et un donneur de bons conseils, il perdait en effet forcément son côté idiot et incompétent. En remettant le badge de soutien pour le futur vote, il apparaissait en outre comme un élu visionnaire envisageant déjà la suite de sa carrière alors même que quelques minutes plus tôt, il était incapable d’aligner deux mots sans l’intervention de ses agents de sécurité. Tout l'aspect comique retombait dès lors comme un soufflé. Bien que totalement animée, la scène a donc été judicieusement coupée au montage.
Recherches graphiques par Joe Moshier
La conception de Dindon Léon revient en particulier à Joe Moshier et Michelle Robinson.
Originaire de San Diego, Joe Moshier découvre sa passion pour l’art dès l’adolescence. Pensant se consacrer à la bande dessinée, il débute sa carrière chez American Film Technology. Étudiant à CalArts entre 1992 et 1994, il collabore avec les studios de Chuck Jones puis entre chez Disney en tant qu’intervalliste. Promu concepteur visuel, il travaille sur Le Bossu de Notre-Dame, Hercule, Kuzco, l’Empereur Mégalo, La Ferme se Rebelle, Chicken Little, Bienvenue Chez les Robinson et Volt, Star Malgré Lui. Moshier passe ensuite chez Dreamworks, S.K.G. et collabore à des productions comme Les Croods, Dragon 2, Baby Boss et Les Pingouins de Madagascar. Sa filmographie compte aussi des films comme Voyage Vers la Lune, Ron Débloque et Vivo.
Diplômé de la Texas A&M University, Michelle Robinson débute en tant qu’enseignante-adjointe avant de rejoindre les studios Disney en 1993. Membre du département des effets spéciaux, elle travaille notamment sur Pocahontas, une Légende Indienne, Fantasia 2000, Dinosaure et Atlantide, l’Empire Perdu. Promu superviseur puis responsable des personnages, elle poursuit avec Chiens des Neiges, Chicken Little, Volt, Star Malgré Lui, Lutins d’Élite : Mission Noël, Raiponce, Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges, Zootopie et Encanto, la Fantastique Famille Madrigal.
L’animation du maire Dindon Léon est supervisée par Dick Zondag. Après avoir travaillé sur Les Bisounours, le Film et la série Star Wars : Ewoks, l’artiste est engagé par Don Bluth qui l’associe aux productions de Fievel et le Nouveau Monde, Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, Charlie, mon Héros et Rock-O-Rico. Zondag rejoint ensuite les studios Amblimation où il réalise le film Les Quatre Dinosaures et le Cirque Magique avec son frère Ralph, Simon Wells et Phil Nibbelink. Après sa participation à Astérix et les Indiens, il est recruté par Disney et devient animateur sur Dinosaure, Chicken Little, Bienvenue Chez les Robinson et Volt, Star Malgré Lui. Dick Zondag est également crédité aux génériques d’Hop, Les Schtroumpfs, Sherlock Gnomes et Scooby-Doo et la Légende du Roi Arthur.
En version originale, Dindon Léon est interprété par Don Knotts. Né le 21 juillet 1924 à Morgantown, en Virginie Occidentale, il s’engage pour divertir les troupes durant la Seconde Guerre mondiale puis, à son retour du front, décroche un diplôme en science de l’éducation. Pratiquant la ventriloquie depuis l’adolescence, Knotts part ensuite pour New York afin de débuter une carrière de comédien. Il monte alors sur scène, joue à la radio, puis apparaît à la télévision entre 1953 et 1955 dans le feuilleton Search for Tomorrow. La célébrité arrive enfin grâce à Steve Allen dont il intègre la troupe. En 1958, il est présent au générique de Deux Farfelus au Régiment, son premier long-métrage dans lequel il donne la réplique à son ami Andy Griffith qui lui propose bientôt leur rôle de Barney Fife dans The Andy Griffith Show. Couronné par un Emmy Award, Don Knotts enchaîne les films, Un Monde Fou, Fou, Fou, Fou, The Incredible Mr. Limpet, The Reluctant Astronaut... Sous contrat avec Disney entre 1975 et 1980, il joue dans Le Gang des Chaussons aux Pommes, La Folle Escapade, Gus, La Coccinelle à Monte-Carlo, Tête Brûlée et Pied Tendre et Le Retour du Gang des Chaussons aux Pommes. L’acteur complète ensuite sa filmographie avec Return to Mayberry, Le Souffre-Douleur, Danny, le Chat Superstar et Pleasantville. Dindon Léon est son dernier rôle avant son décès survenu le 24 février 2006 à l’âge de quatre-vingt-un ans.
En France, le personnage est joué par Marcel Guido. Acteur et directeur artistique, il se produit régulièrement au théâtre et à la télévision tout en officiant dans le doublage. Guido prête ainsi sa voix à des comédiens comme Simon Callow, Jerry Douglas, Victor Garber, James Woods, Martin Sheen, John Hurt dans Harry Potter à l’École des Sorciers, et des personnages tels que Lupin et Roger Meyers dans Les Simpson.
Le maire Dindon Léon fait partie des protagonistes de l’adaptation de Chicken Little en jeu vidéo.
Son rôle est cependant plus important que dans le film. Le joueur peut en effet incarner le maire et, en utilisant le canon placé sur un camion, tirer sur les vaisseaux aliens.
Personnage noyé au milieu de la distribution pléthorique de Chicken Little, le maire Dindon Léon n’en reste pas moins l’un des personnages les plus amusants du film avec des apparitions ponctuelles mais particulièrement drôles.