Titre original : What If... ? Production : Marvel Studios Date de mise en ligne USA : 11 août 2021 - 6 octobre 2021 (Disney+) Genre : Animation 3D |
Création : A. C. Bradley Musique : Laura Karpman Durée : 284 minutes |
Liste et résumés des épisodes
1. What If... Captain Carter Were the First Avenger?
Et Si... Captain Carter Était Devenue le Premier Avenger ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 1 Date de diffusion USA : Le 11 août 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 31 minutes Alors que Steve est blessé, Peggy devient la super-héroïne Captain Carter… |
2. What If... T'Challa Became a Star-Lord?
Et Si... T’Challa Était Devenu Star-Lord ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 2 Date de diffusion USA : Le 18 août 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 32 minutes Yondu et les Ravageurs enlèvent T'Challa au lieu de Peter Quill… |
3. What If... The World Lost Its Mightiest Heroes?
Et Si... Le Monde Avait Perdu ses Plus Puissants Héros ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 3 Date de diffusion USA : Le 25 août 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 30 minutes Un mystérieux assassin décime un par un les plus grands héros de la Terre… |
4. What If... Doctor Strange Lost His Heart Instead of His Hands?
Et Si... Docteur Strange Avait Perdu son Cœur au Lieu de ses Mains ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 4 Date de diffusion USA : Le 1er septembre 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 35 minutes Le Docteur Strange tente d'empêcher la mort de Christine, quitte à détruire l'univers tout entier... |
5. What If... Zombies?!
Et Si... des Zombies Envahissaient la Terre ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 5 Date de diffusion USA : Le 8 septembre 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 30 minutes Un virus échappé du Royaume Quantique transforme les héros en zombies... |
6. What If... Killmonger Rescued Tony Stark?
Et Si... Killmonger Avait Sauvé Tony Stark ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 6 Date de diffusion USA : Le 15 septembre 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 31 minutes Killmonger se sert de Tony Stark pour mener ses plans à bien... |
7. What If... Thor Were an Only Child?
Et Si... Thor Avait Été Fils Unique ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 7 Date de diffusion USA : Le 22 septembre 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 33 minutes L'irresponsable Thor organise une fête destructrice sur Midgard… |
8. What If... Ultron Won?
Et Si... Ultron Avait Gagné ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 8 Date de diffusion USA : Le 29 septembre 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 28 minutes Hawkeye et Black Widow sont les derniers remparts de l'univers face à Ultron… |
9. What If... The Watcher Broke His Oath?
Et Si... Le Gardien Avait Rompu son Serment ?
Genre : Épisode
Série : What If…?
Saison 1 Épisode 9 Date de diffusion USA : Le 6 octobre 2021Réalisé par : Bryan Andrews Durée : 33 minutes Les Gardiens du Multivers se réunissent pour tenter d'arrêter Ultron.. |
La critique
Le Multivers se déchaîne ! Grâce – ou à cause – des Dieux de la Malice dans la première saison de Loki (2021), l'Éternel Flux Temporel a volé en éclats, ce qui a entraîné l'éclosion d'infinies possibilités. Entre toutes ces réalités qui grandissent et s'étendent, se connectent et s'entrecroisent, se trouve le Gardien, l'entité cosmique chargée de surveiller et de consigner les grands évènements du Multivers. Ayant fait le vœu de ne jamais intervenir, le Gardien comme les téléspectateurs observent donc ces nouvelles réalités écrire des histoires bien différentes de celles présentées dans le MCU depuis 2008 avec Iron Man. Dans cette première saison de What If...?, Marvel Studios se lance dans le domaine de l'animation avec la promesse d'emmener les téléspectateurs dans un voyage sensationnel au cœur du Multivers. Pourtant, un constat s'impose vite : toutes les histoires ne méritent pas d'être racontées.
En septembre 2018, Variety rapporte en exclusivité que Marvel Studios compte investir rapidement Disney+ : les équipes de Kevin Feige souhaitent en effet se servir de la future plateforme pour raconter des histoires engageantes et profondément ancrées dans le MCU, avec des personnages susceptibles de passer du petit au grand écran, et inversement. Outre les rumeurs entourant les projets de WandaVision (2021), Falcon et le Soldat de l'Hiver (2021) et Loki, quelques informations sur la nébuleuse série What If...? commencent elles aussi à circuler dans les médias américains grâce à plusieurs sources internes à la langue bien pendue. La série n'est pas encore officialisée que, déjà, l'équipe se met en place. A. C. Bradley se voit confier au mois d'octobre 2018 la création de What If...? ; belle revanche pour la scénariste qui n'avait pas été retenue pour écrire l'histoire de Captain Marvel (2019) ! Dans le même temps, Bryan Andrews, l'un des artistes qui a participé aux storyboards des plus grandes séquences d'action du MCU, rencontre le producteur Brad Winderbaum qui lui propose de réaliser la série. Le trio principal est formé, il est désormais temps d'entamer ce grand voyage à travers le Multivers avec un seul objectif en tête : surprendre les téléspectateurs avec une simple question : « Et si... ? »
Le 11 avril 2019, la série est officiellement annoncée à l'occasion du Disney Investor Day 2019. L'idée d'adapter, ou en tout cas de s'inspirer des emblématiques comics What If? au sein du MCU, n'est pourtant pas nouvelle. De nombreuses discussions ont même eu lieu au fil des années, mais Kevin Feige et ses équipes préfèrent ne pas se précipiter, arguant qu'ils n'ont pas encore suffisamment d'histoires avec lesquelles jouer. Alors que la Phase 3 du MCU est sur le point de s'achever et que le Multivers va prendre une place de plus en plus importante dans les années futures, il est enfin temps de se lancer. La production de What If...?, déjà entamée depuis 2018, a commencé bien avant celles de Loki (2021), de Spider-Man : No Way Home (2021) et de Doctor Strange in the Multiverse of Madness (2022), trois œuvres qui placent le Multivers au centre de leurs scénarios. Loin d'être posés, les principes qui régissent le Multivers à la sauce du MCU sont alors l'un des premiers obstacles rencontrés par la créatrice A. C. Bradley. Dans un soucis d'harmonisation, les différentes équipes de Marvel se rencontrent donc et s'assurent d'être sur la même longueur d'ondes, mais il est rapidement décidé que What If...? se contentera surtout de visiter différentes réalités alternatives sans chercher à développer la mythologie du Multivers à proprement parler. Pas de Gardiens du Temps, de TVA ou de jargon scientifique pour venir complexifier encore des notions pas toujours évidentes à comprendre : la priorité, c'est le voyage en terre (presque) inconnue, avec des relectures des histoires du MCU.
A. C. Bradley est donc la créatrice de la série. Née dans le Bronx à New York, la scénariste sort d'abord diplômée en littérature de langue anglaise et relations internationales du Boston College avant de décrocher un master en Beaux-Arts à la USC School of Cinematic Arts. Dès 2014, A. C. Bradley se frotte une première fois au genre super-héroïque, en écrivant l'épisode 17 de la seconde saison d'Arrow, titré Les Anges de la Nuit. À partir de 2016, elle fait partie de l'équipe scénaristique de Chasseurs de Trolls : Les Contes d'Arcadia, la série animée de Guillermo del Toro diffusée sur Netflix entre 2016 et 2018. Elle participe ensuite au second volet du triptyque d'Arcadia, en écrivant cinq épisodes du (Le) Trio Venu d'Ailleurs : Les Contes d'Arcadia (2018-2019), avant d'être engagée par Marvel Studios. En 2022, A. C. Bradley tient également un rôle de co-scénariste et de productrice consultante sur la série Miss Marvel.
À la réalisation de What If...? se trouve Bryan Andrews. Né en 1975 et titulaire d'une licence en Beaux-Arts du California Institute of the Arts, Bryan Andrews est plus ou moins inconnu du grand public, alors même qu'il a participé à quantité de productions du petit et du grand écran qui ont marqué des générations de spectateurs. D'abord engagé en tant que layout assistant à la production du long-métrage Excalibur, l'Épée Magique (1998), Bryan Andrews se spécialise ensuite dans l'art du storyboard, mais n'hésite pas non plus à prendre de temps à autre la plume pour signer le scénario d'un ou de plusieurs épisodes de séries animées ; Les Supers Nanas (1998, 2005), Jackie Chan (2000-2005), Samouraï Jack (2001-2017) ou encore Batman (2004-2008) ne sont que quelques-unes des productions sur lesquelles l'artiste s'est illustré. Reconnu par la profession, Bryan Andrews est récompensé, en compagnie de ses collègues, par quatre Primetime Emmy Awards, dont deux pour sa contribution à l'écriture de la série Star Wars : Clone Wars, diffusée entre 2003 et 2005 sur Cartoon Network. En 2005, Bryan Andrews s'occupe du storyboard de L'École Fantastique avant d'entamer en 2010 une longue collaboration avec Marvel Studios. À travers les années, l'artiste a mis son expertise au service d'une douzaine de films du MCU, avant de se voir proposer la réalisation de la première série d'animation de Marvel Studios.
Grâce à l'animation, Marvel Studios a la possibilité de se libérer des contraintes des tournages en prises de vues réelles. Selon Kevin Feige, les possibilités sont donc infinies et les seules limites résident dans l'imagination des créateurs de la série – et dans l'interdiction d'introduire des personnages qui ne sont pas encore apparus dans le MCU. Invités à se faire plaisir, A. C. Bradley et ses équipes écrivent rapidement une trentaine d'épisodes potentiels, en s'inspirant de la construction des comics What If? ainsi que de l'univers Ultimate, la Terre-1610, de laquelle provient Miles Morales. Certains des premiers concepts des scénaristes sont toutefois rejetés par Marvel, en cela qu'ils ressemblent accidentellement aux films du MCU à venir. Des épisodes présentant le Professeur Hulk, un Steve Rogers âgé ou encore une Pepper Potts toute d'amure vêtue sont vite écartés, alors que le raz-de-marée Avengers : Endgame (2019) est sur le point de débarquer en salles. Dans la même veine, le Dieu de la Malice devenu un héros, jugé trop proche de la série Loki, et Jane Foster prenant le nom de Thor, un élément central du film Thor : Love and Thunder (2022), sont deux autres des personnages laissés au placard. Plus amusant, A. C. Bradley a même réussi à prédire le scénario du futur Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 (2023) avec plusieurs années d'avance ! Son travail divinatoire, certes remarquable, a été prié de rester à l'abri des regards dans les cartons, pour ne pas faire de l'ombre à James Gunn. Malgré une invitation à voir les choses en grand, Marvel Studios a tout de même fait preuve de frilosité face aux idées les plus fantasques des scénaristes. Un épisode inspiré de La Métamorphose (1915) de Franz Kafka, dans lequel Spider-Man se transformait en une véritable araignée façon La Mouche (1986), a été refusé car jugé incompatible avec la classification TV-14 du programme. Même sentence pour un épisode parodiant Jurassic Park (1993) dans lequel les Avengers étaient des dinosaures ! Enfin, et plus ou moins sérieusement, les scénaristes ont tenté leur chance – sans succès – en proposant d'introduire des personnages issus d'autres univers comme Rocketeer ou Luke Skywalker.
Sur les trente scénarios présentés à Kevin Feige, le pape de Marvel en retient plus d'une vingtaine ! L'équipe scénaristique doit donc tailler dans le gras pour ne garder que les dix concepts les plus forts et les plus intéressants pour accompagner les téléspectateurs à la découverte du Multivers. Malheureusement, la pandémie de COVID-19 est passée par là : l'un des épisodes retenus, montrant une aventure cosmique emmenée par Gamora et Tony Stark, est repoussé à la seconde saison. Si chaque épisode emprunte ses codes à un ou plusieurs genres précis, des histoires de casse au cinéma d'horreur en passant par l'enquête policière ou le film de guerre, les créateurs souhaitent finir leur première saison de manière explosive. D'abord présentée comme une anthologie d'histoires du Multivers, la série va tisser des liens entre les épisodes à mesure que le Gardien s'immisce de plus en plus souvent dans les univers qu'il se contentait jusqu'ici d'observer.
Dans les comics, le Gardien Uatu est chargé d'observer la Terre et son système solaire, mais il en profite également pour jeter un œil à travers le voile qui sépare les réalités et ainsi étudier la manière dont les choses se déroulent dans d'autres univers. À travers la populaire série de comics What If? lancée en 1977, Uatu sert donc de guide aux lecteurs en brisant fréquemment le quatrième mur. Dans le premier numéro, Uatu présente par exemple une réalité dans laquelle Spider-Man intègre l'équipe des Quatre Fantastiques, ce qui n'est pas sans conséquences sur le couple formé par Reed Richards et Sue Storm. Au fil des quarante-sept numéros de cette première série, le Gardien comme les lecteurs découvrent de fascinantes réalités dans lesquelles Hulk aurait conservé les capacités intellectuelles de Bruce Banner (#2), où Captain America n'aurait pas disparu durant la Seconde Guerre mondiale (#5), ou encore une autre dans laquelle Spider-Man serait parvenu à sauver Gwen Stacy (#24). Le format débridé permet également aux artistes de se lâcher et de créer, le temps d'un single issue, des histoires très méta ; le numéro 11, par exemple, montre un univers dans lequel les Quatre Fantastiques sont en réalité des employés de Marvel Comics, avec les légendaires Stan Lee et Jack Kirby dans les rôles de Mister Fantastic et de La Chose ! Le numéro 34, quant à lui, se demande ce qu'il se passerait si le Gardien était un comédien de stand-up présentant des univers imaginaires, avec une réalité dans laquelle les Quatre Fantastiques sont des bananes, et une autre où le Roi Flèche Noire est victime d'une crise de hoquet ! À travers les années, le format What If? continue de perdurer, même si Marvel s'autorise moins de folie qu'à ses débuts, en privilégiant depuis le milieu des années 2000 la réécriture de grands crossovers de la Maison des Idées. Le format se renouvelle enfin en 2021, cette fois sous la forme de mini-séries. Spider-Man : L'Ombre du Symbiote par Chip Zdarsky, qui se demande ce qu'il se serait passé si Peter Parker avait gardé son costume symbiotique, est le premier comics venu ouvrir cette nouvelle collection.
C'est dans un générique rendant un vibrant hommage à La Quatrième Dimension (1959-1964, CBS) que le Gardien de la nouvelle série Marvel se présente aux téléspectateurs. En tant que narrateur et guide, l'entité cosmique propose au public de le suivre à travers le temps et l'espace à la découverte d'univers extraordinaires, des réalités alternatives nées à la suite d'un simple choix ou d'un évènement différents de ceux que les téléspectateurs connaissent bien. Le premier épisode de la série, titré Et Si... Captain Carter Était Devenue le Premier Avenger ?, se charge donc d'introduire les téléspectateurs à ce concept qui permet – en théorie – toutes les excentricités. Dans cette réécriture de Captain America - First Avenger (2011), le Docteur Erskine invite l'Agent Carter à quitter la salle dans laquelle Steve Rogers va recevoir le sérum du Super-Soldat, mais Peggy refuse ; de ce choix anodin découle une toute nouvelle réalité. Blessé par Heinz Kruger, Steve n'est pas en mesure de poursuivre l'expérience. Qu'à cela ne tienne, Peggy entre aussitôt dans le caisson du Projet Renaissance et devient l'héroïne Captain Carter !
Classique dans sa construction, ce premier épisode remplit parfaitement ses fonctions. Sans aucun temps mort, la narration, inspirée des sériels du début du XXe siècle et des films de guerre, jongle sans cesse entre les éléments les plus familiers de l'histoire et les différences parfois surprenantes pour maintenir en haleine les téléspectateurs. Il faut dire que le travail a été prémâché par Christopher Markus et Stephen McFeel, les auteurs de Captain America - First Avenger, qui ont livré il y a de cela dix ans maintenant l'un des meilleurs scénarios du MCU. Peggy rayonne, évidemment, dans son rôle de Captain Carter ; son caractère est certes similaire à celui de Captain America, mais leurs parcours et les obstacles que les deux héros rencontrent sont en revanche très différents. L'épisode va donc beaucoup insister sur la difficulté qu'a Peggy à se faire respecter en tant que femme et des efforts qu'elle va devoir déployer pour se faire accepter par ses supérieurs. Si tout cela est plutôt bien géré, la relation qui lie Steve et Peggy pâtit en revanche de la brièveté des épisodes. Avec à peine une trentaine de minutes au compteur, l'épisode se doit d'aller vite, très vite, quitte à parfois y aller au forceps. Empêtré dans un fan service un peu lourd, l'épisode multiplie par exemple les références à la danse que se promettent les tourtereaux ; à ce stade, ce qui aurait dû être un petit clin d'œil prend des airs de tic nerveux. Avec son scénario puisant dans le registre mystique de Marvel et la présence de Steve Rogers aux commandes de l'Écraseur d'HYDRA, une sorte d'Iron Man qui a 65 ans d'avance, ce premier épisode se révèle tout de même satisfaisant, et il démontre surtout à quel point un seul choix en apparence anodin peut avoir des répercussions sur le monde entier.
Le second épisode, Et Si... T’Challa Était Devenu Star-Lord ?, se veut beaucoup plus déjanté que le précédent, avec une totale réinvention de l'univers cosmique introduit dans Les Gardiens de la Galaxie (2014). Dans celui-ci, T'Challa est un jeune garçon impétueux qui veut découvrir le monde alors que son père, le Roi T'Chaka, refuse d'ouvrir les frontières du Wakanda au reste du monde. En 1988, Yondu et ses Ravageurs sont envoyés en mission sur Terre pour récupérer Peter Quill, mais une – légère – confusion aboutit au rapt de T'Challa à la place. Plutôt que de renvoyer le Wakandais sur sa planète, les Ravageurs décident de l'adopter et de l'emmener visiter l'univers, selon ses désirs.
Les fans Marvel le savent bien, Peter Quill n'a rien de la posture royale ni de la sagesse de T'Challa ! Dès son arrivée au sein des Ravageurs, celui qui était destiné à devenir Black Panther va donc exercer une influence positive sur toutes les personnes qu'il va croiser, là où la personnalité chaotique de Quill menait le plus souvent au conflit dans l'univers principal du MCU. Le personnage de T'Challa n'est guère différent dans ce nouvel univers, en revanche, c'est le monde tout entier qui se transforme autour de lui. Thanos, Nebula, Yondu, Drax et même Taserface vivent désormais des vies très différentes grâce à l'intervention du prince des étoiles, et les changements sont pour le moins loufoques, dans la pure tradition de l'humour décalé de James Gunn. Très inspiré par les grands films de casse, parmi lesquels Ocean's Eleven (2001) qu'A. C. Bradley cite comme une influence directe, ce second épisode est l'un des meilleurs de la saison, en partie grâce à sa revisite du repère du Collectionneur sur Knowhere. Comme un ultime cadeau réservé aux téléspectateurs du monde entier, le grand Chadwick Boseman livre ici sa toute dernière prestation ; T'Challa étant devenu le modèle de toute une génération, les auteurs se sont d'ailleurs assurés de travailler avec l'acteur ainsi qu'avec Ryan Coogler, le réalisateur de Black Panther (2018), pour rendre justice au personnage. Une série centrée sur cette version de T'Challa a d'ailleurs été un temps envisagée, avant que la disparition tragique de Chadwick Boseman ne pousse Marvel à remiser l'idée, le studio ayant toujours refusé de remplacer l'acteur.
Et Si... Le Monde Avait Perdu ses Plus Puissants Héros ?, le troisième épisode de la saison, situe son histoire durant la « grosse semaine de Nick Fury ». Pour l'occasion, les scénaristes se sont en partie inspirés du comics officiel Fury's Big Week sorti en 2012, qui révèle que les évènements de L'Incroyable Hulk (2008), Iron Man 2 (2010) et Thor (2011) se déroulent conjointement sur une période d'une semaine. Dans ce nouvel épisode, What If...? emmène ses téléspectateurs à la découverte d'un univers dans lequel un mystérieux tueur assassine un par un les plus grands héros de la Terre, ce qui empêche Nick Fury de former les Avengers...
Les futurs Avengers meurent les uns après les autres, qui pourrait donc empêcher cela ? Pas les téléspectateurs en tout cas, qui n'ont droit à aucun indice sur l'identité de l'assassin avant les toutes dernières minutes de l'épisode. En vérité, les fans attentifs pourraient deviner l'identité du tueur par élimination et grâce à leurs connaissances de l'univers, mais il est dommage que l'épisode, qui fait appel aux poncifs des grands mystères policiers à la Agatha Christie, se prive de convier le public à participer à l'enquête. Avec ses accents de whodunnit, il aurait pourtant pu être l'un des concepts les plus funs et les plus ambitieux de la série... Si l'épisode propose donc un changement de paradigme intéressant, le public doit se contenter de voir se rejouer quelques scènes classiques du MCU sans jamais entrer dans l'intrigue, la faute à un scénario trop rapide qui n'a, là encore, pas le temps de faire dans la dentelle.
Le quatrième épisode, en revanche, est certainement le meilleur de la série. Et Si... Docteur Strange Avait Perdu son Cœur au Lieu de ses Mains ? revisite l'histoire de Doctor Strange (2016), en substituant l'élément qui a poussé le chirurgien à se tourner vers les arts mystiques. Dans ce monde, Christine Palmer est destinée à mourir, ce que L'Ancien appelle un « Point Absolu du temps », un autre nom pour les Nexus présentés dans Loki. Le Docteur Strange va bien tenter de réécrite l'histoire à l'aide de la Pierre du Temps, mais comme le lui apprend L'Ancien, nul ne peut effacer un Point Absolu sans compromettre la stabilité de la réalité. Qu'importe, Strange, décidé à ramener sa bien-aimée à la vie, va se tourner vers la magie noire...
À la fois tragique et horrifique, ce quatrième épisode est le premier de la série à présenter un monde dans lequel aucun espoir ne peut subsister. À travers la thématique du deuil, c'est une toute nouvelle version de Strange qui émerge, un sorcier qui s'est abandonné aux arcanes sombres pour tenter, par vanité, de se faire plus puissant que la mort elle-même. Bourré de créatures maléfiques, et agrémenté de quelques scènes aux accents lovecraftiens, Et Si... Docteur Strange Avait Perdu son Cœur au Lieu de ses Mains ? réussit à installer une ambiance différente des épisodes précédents, le tout sans obliger le téléspectateur à assister à une resucée des films Marvel qu'il connaît par cœur. Les agissements de Strange sont d'ailleurs si extrêmes que, pour la première fois, le Gardien va hésiter à intervenir, lui qui a juré de ne jamais s'écarter de sa mission de surveillance...
Vient ensuite Et Si... Des Zombies Envahissaient la Terre ? et, à l'image des morts-vivants qui ont infesté cette réalité, l'épisode manque d'un soupçon de fraîcheur. Comme dans Ant-Man et La Guêpe (2018), Hank Pym va faire un petit tour dans le Royaume Quantique pour tenter de retrouver sa femme, Janet Van Dyne. Mais à l'arrivée, manque de chance, l'ancienne Guêpe a contracté un virus qui l'a changée en zombie affamé ! De retour dans le monde réel, les parents de Hope ont bien l'intention de casser la croûte sur Terre...
Ce cinquième épisode de What If...? est l'un des plus curieux de la série. Présenter une histoire de zombies entre un épisode de casse spatial et une fête organisée par un dieu qui a un peu trop picolé, il fallait oser ! Personne n'attendait Marvel Studios sur ce terrain, le studio de Kevin Feige étant souvent jugé trop sage. L'épisode s'inspire donc en grande partie de la ligne populaire de comics Marvel Zombies et ses (trop) nombreuses suites. Apparus d'abord dans Ultimate Fantastic Four #21-23 en 2005 sous la plume de Mark Millar (Civil War), les morts-vivants de la Terre-2149 ont ensuite droit à leur propre mini-série, avec Marvel Zombies en 2006. Pour l'occasion, c'est l'auteur Robert Kirkman qui en prend les commandes, lui qui a créé en 2003 la mythique série The Walking Dead ; autant dire que les zombies, c'est son rayon ! Pour Marvel Zombies, et contrairement aux infectés de The Walking Dead, Kirkman met en scène un genre de morts-vivants bien différents. Plutôt que d'en faire des créatures motivées seulement par la faim, Kirkman prend le pari « d'humaniser » les héros infectés qui conservent leurs souvenirs, leurs personnalités et leurs pouvoirs. Seulement voilà, dès que la faim commence à s'installer, les monstres ne sont plus capables de raisonner et se mettent inlassablement en quête de nourriture. Après un bon repas, les personnages se curent les dents avant de se souvenir avec amertume qu'ils étaient autrefois un symbole d'espoir sur Terre. Spider-Man est l'un des héros zombifiés les plus affectés par sa nouvelle condition, aussi va-t-il tenter, au fil des séries, de trouver une solution pour empêcher les autres réalités de subir le même fléau.
C'est précisément cette tragédie qui parcourt le comics de Kirkman, associée à une bonne louchée d'humour noir, qui fait tout le sel de Marvel Zombies. L'épisode de What If...?, qui efface une bonne partie de ce concept pour respecter la classification TV-14, paraît donc un peu fade en comparaison. Pour désarmer les quelques scènes trop graphiques et l'atmosphère sombre et horrifique de cette réalité, l'épisode se sent obligé d'enchaîner pendant trente minutes les blagues jusqu'à coller la nausée aux spectateurs. Tout est traité par-dessus la jambe ou presque, pour dédramatiser la situation et ainsi ne pas froisser les plus jeunes et les âmes trop sensibles. Avec ses deux tons diamétralement opposés qui se cannibalisent l'un l'autre sans subtilité, Et Si... Des Zombies Envahissaient la Terre ? est moins intéressant que le comics dont il s'inspire. La prise de risque doit tout de même être saluée ; l'humour omniprésent ne saurait effacer totalement les quelques moments touchants de l'épisode, sans compter que certaines morts viscérales ne sont pas épargnées aux téléspectateurs. L'histoire entourant T'Challa est aussi plutôt bien trouvée. Reprise des comics mais « retwistée » dans une version presque plus dérangeante que celle imaginée par Kirkman en 2006, elle est l'une des vraies bonnes idées de l'épisode. À la fin de l'année 2021, Marvel Studios a annoncé la mise en production d'une série spin-off titrée Marvel Zombies. Prévue pour une diffusion en 2024 sur Disney+ et se déroulant dans le même univers que l'épisode de What If...?, Marvel Zombies sera cette fois à réserver à un public mature exclusivement, de quoi donner bon espoir aux fans du comics original comme aux amateurs de frissons.
Retour à quelque chose de très très (vraiment très) classique avec Et Si... Killmonger Avait Sauvé Tony Stark ?, le sixième épisode. Durant les événements d'Iron Man en 2008, Erik Stevens sauve Tony Stark de l'embuscade tendue par les Dix Anneaux, empêchant ainsi la conception de l'armure Mark I et la naissance d'Iron Man. De retour aux États-Unis, Tony va travailler main dans la main avec Killmonger pour construire une armée de robots...
Les méchants qui se battent pour une noble cause mais de la mauvaise façon ne sont pas légion, et nul doute que Killmonger est l'un des meilleurs dans ce domaine. Le plaisir de revoir l'un des personnages les plus fascinants du MCU n'en est donc que plus grand, d'autant qu'il évolue ici dans une ambiance techno-thriller plutôt réussie. Si le second épisode de la série proposait aux téléspectateurs de découvrir quelle influence pourrait avoir T'Challa dans un monde très éloigné du Wakanda, ce nouveau chapitre se demande, lui, comment Killmonger mettrait son plan à exécution s'il avait davantage de ressources. Avec ses robots inspirés de Gundam – car oui, Killmonger est un fan d'animes ! –, le personnage va donc se mettre dans la poche le Wakanda comme le gouvernement étasunien pour parvenir à ses fins. Pourtant, malgré un combat final efficace, le développement du personnage de Killmonger et le plaisir de voir la Reine Ramonda évoluer sur le champ de bataille, l'épisode ne présente qu'un intérêt plutôt limité. Pour être vraiment efficace, il lui manque, comme à d'autres épisodes de la série, un petit grain de folie.
C'est bientôt le bouquet final, le grand rassemblement des gardiens du Multivers, et qui de mieux qu'un Thor saoul pour intégrer une équipe de super-héros ? À peu près tout le monde en fait, mais cela n'empêche pas Marvel Studios d'imposer Et Si... Thor Avait Été Fils Unique ? à ses téléspectateurs. Dans ce septième épisode, la série se demande ce qu'il se serait passé si Loki avait grandi auprès des Géants des Glaces au lieu d'être adopté par Odin. Sans la présence de son demi-frère, Thor est devenu un jeune homme pourri gâté sans aucune notion des responsabilités et, surtout, sans aucune qualité royale. Un beau jour qu'il débarque sur Midgard pour organiser une fête cosmique, le Dieu du Tonnerre est donc à deux doigts de provoquer un véritable Ragnarok...
Et Si... Thor Avait Été Fils Unique ? est le pire épisode de la série. Tout n'est certes pas à jeter, car quelques bonnes idées surnagent – péniblement – au milieu de cet océan d'humour potache, en particulier l'affrontement impressionnant entre Captain Marvel, appelée à la rescousse, et Thor. La relation qui se noue entre Loki et Thor doit aussi être mentionnée, car elle permet d'entrevoir sous un nouvel angle le personnage de Loki et les traumatismes qui le rongent dans la réalité principale du MCU. Forcé de grandir dans l'ombre de son demi-frère si vaillant, Loki n'a eu d'autres choix que d'embrasser le rôle de Dieu de la Malice et de devenir le méchant de son histoire. À l'inverse, au milieu des siens, Loki paraît ici comblé et aussi insouciant que le Dieu du Tonnerre, comme si le choix d'Odin avait permis au personnage d'échapper aux rouages du destin qui hantent si souvent ses aventures dans les comics. Passé ces quelques réflexions, ce septième épisode, inspiré en partie par les comédies romantiques et les films de fête des années 90, n'a à peu près rien à offrir, en plus de mettre en scène un « frat boy » insupportable, un Dieu du Tonnerre à la sauce Thor : Ragnarok (2017) boosté aux hormones. Parmi toutes les réalités imaginables, la myriade de possibilités offertes par la série What If...?, le choix de Marvel Studios de proposer un tel épisode est donc pour le moins déconcertant. Le cliffhanger a au moins le mérite de piquer la curiosité des téléspectateurs et d'injecter un peu d'enjeu dans un épisode qui, en dehors de cela, ne méritait certainement pas de se retrouver ici.
Le grand méchant multiversel arrive, et il a soif de conquête ! Et Si... Ultron Avait Gagné ? invite les téléspectateurs à découvrir une réalité annihilée par l'I.A. meurtrière. Après avoir réussi à investir le corps de Vision, Ultron, détenteur des six Pierres d'Infinité, règne désormais en maître sur une planète désolée, et seuls Black Widow et Hawkeye peuvent encore prétendre l'arrêter...
Après un épisode pénible, What If...? reprend du poil de la bête en installant une ambiance post-apocalyptique plaisante dans laquelle seuls deux des Avengers « principaux » ont survécu, et qui plus est ceux qui sont complètement dépourvus de pouvoirs. Avec son caractère très cinématographique, l'épisode entend bien présenter une menace d'ampleur multiverselle sans jamais négliger la tragédie humaine que vivent, à leur échelle, les personnages de Natasha et de Clint. Engagé dans une course contre la montre avec pour seul compagnon la présence invisible du Gardien, qui est mis face à un véritable cas de conscience dans cet épisode, le duo fonctionne une fois encore à merveille. Et Si... Ultron Avait Gagné ? propose également à ses spectateurs l'une des meilleures scènes de la série, avec une exploration en accéléré de nombreuses réalités qui sont le théâtre d'un combat titanesque. En même temps que le Gardien s'apprête à briser son serment, la série fait voler en éclats son côté anthologique pour assembler les pièces du puzzle et esquisser son but ultime : convier certains des héros vus précédemment à se battre contre Ultron et sauver du même coup le Multivers.
Et Si... Le Gardien Avait Rompu son Serment ? est donc le dernier épisode de cette première saison, la conclusion de plusieurs semaines d'attente rythmées par la visite de certains univers fascinants et d'autres, franchement oubliables. Face à la menace d'Ultron, le Gardien brise son serment et décide d'intervenir, en rassemblant une équipe composée des plus grands héros du Multivers.
C'est sans tambour ni trompette que What If...? achève sa première saison, avec un épisode débordant d'action qui ne réinvente pas la roue. Le plus satisfaisant reste alors de voir des personnages issus de réalités différentes se rencontrer et continuer d'évoluer dans cette nouvelle équipe. Le duo formé par Natasha et Captain Carter, notamment, est le plus intéressant à suivre, dans la droite lignée de l'amitié qui lie Bucky Barnes et Steve Rogers. Ce dernier chapitre est en revanche handicapé par le report de l'épisode centré sur Gamora. Intégrée dans cette équipe au début de l'épisode, la fille de Thanos bataille pour trouver sa place dans l'histoire, les téléspectateurs n'ayant aucune attache pour cette version du personnage qu'ils ne connaissent pas. Le Gardien brille, en revanche, grâce à l'évolution qu'il a suivie tout au long de la série. Simple observateur distant au début de What If...?, il a fini par se prendre d'affection pour toutes les histoires qui se sont déroulées sous ses yeux, des récits peuplés de personnages pétris de contradictions mais qui ont, pour la plupart, tenté de rendre leur monde meilleur. C'est au final ce que What If...? a le mieux réussi au fil de ses neuf semaines de diffusion : emmener le public à la (re)découverte de personnages tous plus passionnants les uns que les autres. Les développements de Killmonger ou de Peggy Carter pourraient d'ailleurs bien accompagner les téléspectateurs dans leurs revisionnages des œuvres précédentes du MCU, en apportant avec eux un éclairage nouveau sur la personnalité et la destinée des plus grands héros et vilains de la saga.
Avant de s'arrêter sur un style d'animation précis, les artistes ont exploré plusieurs pistes. Comme pour Star Wars : Visions (2021), il a un temps été envisagé de donner à chaque épisode une ambiance et un style visuel distincts, avant que les artistes ne réfléchissent à une esthétique ancrée dans les dessins des géants du comics, comme Jack Kirby ou Steve Ditko. Le choix de Marvel s'est ultimement porté sur un style d'animation commun à tous les épisodes, inspiré par les plus grands illustrateurs américains comme J. C. Leyendecker, Norman Rockwell, Tom Lovell et Mead Schaeffer. De façon plus surprenante, les artistes citent également La Belle et le Clochard (1955) parmi leurs influences, tant pour l'absence de lignes trop marquées que pour la qualité des peintures du long-métrage.
Au final, cette 2.5D, comme les artistes la nomment, est plutôt jolie, d'autant que la technique du cel-shading a déjà fait ses preuves dans Spider-Man : New Generation (2018) et fonctionne très bien pour une série enracinée dans un univers de comics. Blue Spirit, le studio français (cocorico !) qui a participé à la conception de la nouvelle série Les Mystérieuses Cités d'Or (2012-2021) a ainsi été chargé de réaliser les deux premiers épisodes de la série. Le studio canadien Squeeze, qui a contribué au jeu vidéo Shadow of the Tomb Raider (2018) a ensuite pris le relais pour produire les épisodes 3, 5 et 7. Enfin, le reste de la série a été animé par les artistes australiens de Flying Bark Productions, l'un des studios qui a participé activement aux projets Maya l'Abeille sortis ces dernières années, ainsi qu'à la série Le Destin des Tortues Ninja (Nickelodeon, 2018-2020). Très homogène entre les différents épisodes, le style d'animation choisi confère à What If...? un rendu cinématographique nerveux et rythmé durant ses scènes d'action. Grâce à un joli travail sur la lumière et les couleurs, les artistes ont également cherché à donner à chacun des épisodes une atmosphère et une personnalité distinctes. Le seul point négatif réside en réalité dans l'animation des visages des personnages ; leurs expressions, souvent trop figées, ne sauraient véhiculer fidèlement leurs émotions durant certaines séquences.
Du côté du casting vocal, les réussites sont beaucoup plus mitigées. Jeffrey Wright (Felix Leiter dans la saga James Bond portée par Daniel Craig) excelle dans le rôle du Gardien. Avec sa voix chaude et majestueuse, Jeffrey Wright se place en parfait narrateur de la série, abandonnant peu à peu sa retenue pour devenir lui-même un protagoniste à part entière des histoires qu'il s'était jusqu'ici contenté d'observer. En version française, Michel Vigné, qui prend la relève, livre lui aussi une interprétation de grande qualité. Pour les besoins de la série, ce sont plus d'une cinquantaine d'acteurs qui sont invités à reprendre leurs rôles, mais ne s'improvise pas comédien de doublage qui veut... Au rayon des bonnes surprises, Chadwick Boseman, très attaché à son rôle de Black Panther, continue de conférer à T'Challa une aura royale. Son travail de grande qualité lui vaut d'ailleurs de recevoir à titre posthume un Primetime Emmy Award en 2022. Michael B. Jordan (Killmonger), Tom Hiddleston (Loki) ou Benedict Cumberbatch (Docteur Strange) s'en sortent eux aussi avec les honneurs, loin devant Sebastian Stan (Le Soldat de l'Hiver) et Mark Ruffalo (Bruce Banner/Hulk) qui se demandent bien ce qu'ils fichent ici. Certains des plus grands Avengers, enfin, empruntent leurs voix à de nouveaux comédiens. C'est notamment le cas de Captain America, interprété par Josh Keaton (le Hercule adolescent du film éponyme de 1997), Black Widow, campée par Lake Bell (Poison Ivy dans la série animée Harley Quinn depuis 2019) ou encore Iron Man, à qui Mick Wingert prête son timbre, lui qui a régulièrement doublé Tony Stark dans quantité de projets animés. Tom Holland n'est pas de la partie lui non plus, le producteur Brad Winderbaum ayant avoué à demi-mots que le contrat liant l'acteur à Sony l'aurait empêché de participer au projet. C'est donc Hudson Thames (The A-List, 2015) qui le remplace au pied levé.
Sans être mauvaise, What If...? est simplement trop inégale pour emporter pleinement l'adhésion de son public. Aux épisodes passionnants succèdent ainsi des chapitres qui suscitent tout au plus un ennui poli chez les téléspectateurs, diminuant de facto l'envie de revenir, semaine après semaine, explorer le Multivers en compagnie du Gardien. Est-ce donc là toute la folie qui a été promise au début de la série, les plus fascinantes réalités nées à la suite d'un simple choix ou d'un évènement différents ? La seconde saison peut encore redresser la barre, pour peu que les équipes aient, cette fois, réellement le droit de se lâcher et d'aller s'aventurer là où personne n'attend Marvel Studios ; de l'audace, vite !