Le Vendeur à la Sauvette
Date de création : Le 27 juin 1997 Nom Original : Black Marketeer Créateur(s) : Nancy Beiman (Animation) Kelly Wightman (Storyboard) |
Apparition : Cinéma Jeux Vidéo |
Le portrait
En 1997, les studios Disney plongent les spectateurs au cœur de la mythologie grecque avec Hercule, leur trente-cinquième grand classique animé. Loin d’être un cours d’Histoire classique, le long-métrage prend alors la forme d’une comédie dont l’un des ressorts principaux repose sur la présence tout au long de l’histoire d’anachronismes et de références amusantes à notre époque.
Après avoir suivi l’entraînement intensif de Philoctète et sauvé Mégara des griffes du centaure Nessus, Hercule débarque enfin à Thèbes, le « Joyau de la Grèce », afin d’y faire ses preuves. Élevé à la campagne, loin de la ville, le héros est impressionné par la foule cosmopolite qu’il croise sur son chemin.
« Ne me lâche pas, p’tit... La cité est un vrai guêpier », prévient alors Philoctète qui manque de se faire écraser par un chauffard en traversant la rue. « Y’a que ça, ici, des dingues ! », ajoute-t-il avant de reprendre sa route. Le satyre ne croit pas si bien dire. La ville grouille en effet d’individus plus ou moins fréquentables. Originaires des quatre coins du monde méditerranéen, ils sont des centaines à user le pavé au milieu, hommes et femmes, riches et mendiants, jeunes et vieillards, sains d'esprit et cinglés, marchands ambulants ou bien encore porteurs d’eau...
Ébloui par le gigantisme de la cité, Hercule est bientôt alpagué par un vendeur à la sauvette. « Eh, Mec ! Tu veux pas acheter un cadran solaire ! », propose-t-il en ouvrant grand sa cape. Suspendus sur la doublure du vêtement grâce à des lanières en cuir, des cadrans étincelants de toutes les tailles et de toutes les formes suspendus à des lanières en cuir attendent d’être vendus. D’autres, plus petits, sont accrochés tels des montres aux poignets du charlatan. « Ça ne l’intéresse pas ! Dégage ! », lance alors Phil qui bouscule violemment le vendeur à la sauvette avant de reprendre sa route en tirant Hercule par le bras pour qu’il ne s’attarde pas.
Au moment de lancer la production d’Hercule, les artistes de Disney font tout de suite le choix de faire quelques entorses à la mythologie grecque. Hors de question, en effet, de dépeindre les exploits du célèbre héros de manière exhaustive. Seuls quelques fragments de l’histoire sont ainsi conservés comme le combat contre l’Hydre. L’intrigue change également de méchant en attribuant ce rôle non pas à Héra, la reine des dieux, mais à Hadès, le maître des Enfers. Surtout, Hercule est envisagé dès le départ comme une comédie menée tambour battant au son des rythmes gospels interprétés par les Muses. L’humour est alors omniprésent tout au long du film grâce à des personnages dont le rôle est purement comique et des situations ubuesques n’ayant pour autre but que de faire sourire ou rire le public.
Le vendeur à la sauvette répond dès lors à ces deux exigences. Visible seulement une poignée de secondes, son rôle n’a pas d’autre intérêt que d’amuser les spectateurs. Totalement anachronique, il permet en outre de se moquer gentiment de notre époque en mettant le doigt sur une pratique désormais courante dans toutes les grandes villes à travers le monde, à savoir la vente illégale de camelotes et autres babioles dont l’origine est au moins aussi douteuse que l’honnêteté et l’intégrité de ceux qui les vendent. Le fait que le vendeur cache ses articles sous son manteau grand ouvert devant Hercule et ses compagnons est également un moyen de moquer une autre conduite, cette fois peu reluisante et absolument scandaleuse, l'exhibitionnisme.
Extrait du storyboard par Kelly Wightman
Aucun animateur n’est clairement associé à la création de ce personnage. Le story-board de la séquence est néanmoins signé par l’artiste Kelly Wightman, l’une des scénaristes du film qui, durant sa carrière chez Disney, travailla également à l’écriture du (Le) Bossu de Notre-Dame, Tarzan, Kuzco, l’Empereur Mégalo et Atlantide, l’Empire Perdu. Fruit du crayon de Wightman, le vendeur à la sauvette apparaît sous les traits d’un homme au visage rond, mal rasé, coiffé d’un bonnet et vêtu d’une cape dissimulant une poignée de cadrans solaires. Si certaines particularités sont conservées, cette apparence reste éloignée de son aspect final marqué par un nez aquilin très prononcé ainsi qu’une bouche et un regard plus expressifs.
Extrait du storyboard par Kelly Wightman
Le générique d’Hercule mentionne par ailleurs que les habitants de Thèbes sont animés par Nancy Beiman. Élève de l’Institut CalArts, l'artiste fait ses premières gammes au sein du studio de Richard Williams basé à Londres. Dans les années 1980, elle participe alors à la production de films comme Gnomes, Winnie l’Ourson et Une Sacrée Journée pour Bourriquet et Le Petit Grille-Pain Courageux. Cofondatrice en 1986 du studio Caged Beagle Productions aux côtés de Dean Yeagle, elle s’installe ensuite à Berlin, en Allemagne, où elle collabore avec Gerhard Hahn sur plusieurs projets parmi lesquels la série animée Benjamin Blümchen et, plus tard, le long-métrage Astérix et les Indiens. Pour Disney, Beiman a notamment travaillé sur Dingo et Max, Hercule et La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers en donnant naissance à des personnages comme les Moires, Margaret et Billy Bones.
Le vendeur à la sauvette refait une toute petite apparition dans le jeu vidéo Hercule.
Le joueur peut en effet le croiser dans le niveau 4, alors qu'Hercule parcourt les rues de Thèbes, sans qu'il n'intervienne dans le déroulement du jeu.
Simple figurant anonyme, le vendeur à la sauvette fait partie de ces personnages mineurs d’Hercule qui ne servent absolument à rien dans l’histoire, mais qui offrent néanmoins aux spectateurs une bonne dose de rigolade.