Armand Bigle
Date de naissance : Le 13 novembre 1917 Lieu de Naissance : Paris, en France Date de Décès : Le 25 août 2007 Lieu de Décès : Paris, en France |
Nationalité : Française Profession : Dirigeant |
La biographie
Le succès des studios Disney repose indéniablement sur la personnalité et la persévérance de leur créateur, bien sûr. Mais il repose également sur les épaules de centaines d’hommes et de femmes qui ont chacun mobilisé tout leur talent et leurs efforts pour créer un véritable géant du divertissement. Parmi eux, beaucoup d’Américains mais aussi pas mal d’Européens, à l’image du français Armand Bigle, l’un des piliers de Disney France pendant des décennies.
De son vrai nom Armand Akhimoff, Armand Bigle naît le 13 novembre 1917 à Paris. Élève de l’Université de Paris où il étudie le droit, il reçoit son diplôme en 1938 mais voit sa carrière très rapidement interrompue par la Seconde Guerre mondiale. Refusant le sort infame réservé par les Allemands à la France, Bigle entre alors en clandestinité avant de rejoindre les rangs de la Résistance en 1943. À son petit niveau, il participe ainsi à sauver l’honneur du pays avant sa Libération durant le second semestre 1944. Son dévouement et sa bravoure lui valent d’être décoré de la Croix de Guerre et d’être promu Chevalier dans l’Ordre du Mérite.
Après la Seconde Guerre mondiale, Armand Bigle est engagé par Paul Winkler, le fondateur de l’agence de presse Opera Mundi et créateur du (Le) Journal de Mickey, qui lui confie la gestion de ses affaires en Belgique et aux Pays-Bas. Bientôt choisi pour être le représentant européen du King Features Syndicate, le plus grand éditeur de comics aux États-Unis, Armand Bigle est un jour approché par Kay Kamen. À l’époque responsable des produits dérivés estampillés Disney, il est en effet à la recherche d’un associé pour diriger la filiale française des studios. Bigle est évidemment très intéressé par l’offre. Sa rencontre avec Walt Disney lors de la venue en Belgique du cinéaste au cours de l’année 1946 termine de le convaincre. La discussion, il est vrai, est enthousiasmante. Le courant passe très bien entre les deux hommes. Armand Bigle interroge Disney pour un futur article. Disney, lui, questionne Bigle comme s’il s’agissait d’un entretien d’embauche. Walt est séduit. Armand Bigle est embauché.
En 1947, Armand Bigle fonde sa propre société, Screpta Brussels, qui représente les intérêts des Walt Disney Productions au Benelux et en Suisse. Grâce à elle, il lance en Belgique un nouvel hebdomadaire, Mickey Magazine. Lancée en octobre 1950, la revue de vingt pages distribuée par les Éditions du Pont-Levis a alors tôt fait de devenir un succès qui se vend à plus de cent-mille exemplaires chaque semaine.
Toujours dès 1947, Walt Disney et son frère Roy lui confient par ailleurs les rênes de la filiale française. À l’époque, elle est moribonde et peu lucrative. Se résignant à s’installer à Paris avec sa femme Betty, Bigle accepte de ne pas percevoir de salaire en échange de trente pourcents des profits réalisés. Les frères Disney acceptent. Le contrat est cependant rapidement revu devant l’incroyable succès obtenu par les équipes de Bigle, promu représentant de Disney en Europe. À ce poste, il conquiert les marchés russe, italien, allemand, espagnol, portugais, yougoslave, grec… Il poursuit en outre sa collaboration avec Paul Winkler, qu’il tente de convaincre de relancer Le Journal de Mickey. Le magazine ne paraît en effet plus depuis la guerre. Il est finalement de retour dans les kiosques en 1952.
Armand Bigle ajoute une corde à son arc en devenant ensuite responsable de Disney pour l’Europe et le Moyen-Orient. À la conquête d’Israël et même de l’Indonésie, son travail consiste alors à distribuer les films de la compagnie tout en s’occupant du merchandising. Il organise ainsi les campagnes de promotions de Cendrillon, Peter Pan, 20 000 Lieues Sous les Mers, La Belle au Bois Dormant, Les Robinsons des Mers du Sud ou bien encore des (Les) 101 Dalmatiens, La Fiancée de Papa, Merlin l’Enchanteur et Le Livre de la Jungle qui deviennent d’immenses succès en Europe. Bigle noue par ailleurs des dizaines de partenariats avec les éditeurs du Vieux continent qui publient les bandes dessinées mettant en scène les vedettes de Disney. Enfin, il permet la diffusion en Europe de l’ouest de la série Zorro et de l’émission Disneyland, ensuite remplacée par Le Monde Merveilleux en Couleur de Disney.
Après la mort de Walt Disney en 1966 puis celle de Roy en 1971, Armand Bigle reste à la tête de Disney Europe et Moyen-Orient. Avec ses équipes, il permet alors aux (Les) Aristochats de triompher en salle tout comme Robin des Bois ou Les Aventures de Bernard et Bianca. Ces films, comme d’autres, donnent naissance à plusieurs livres-disques édités par son ami Lucien Adès, qui engage les plus grandes vedettes de l’époque comme narrateurs à l’image d’Henri Salvador, Jean-Claude Brialy, Michèle Morgan, Anny Dupérey, Philippe Noiret, Sophie Desmarets ou bien encore Georges Décrières et Louis de Funès… Bigle signe également avec l’ORTF, qui le met en relation avec les grands producteurs de l’époque, Guy Lux, Jacques Martin, Michel Drucker. Surtout, il collabore avec Pierre Tchernia avec qui il conçoit des dizaines d’émissions inédites telles que L’Ami Public Numéro 1, mise à l’antenne de 1961 à 1978, et SVP Disney, diffusée à Noël de 1964 à 1987. William Leymergie et Dorothée assurent pour leur part la présentation de Disney Dimanche sur Antenne 2 (1979-1987). Avec l’aide de son fils Dominique qui travaille avec lui, Armand Bigle lance aussi Salut les Mickey, produite par Christophe Izard pour le compte de TF1 (1983-1984), et Le Disney Channel, créée par Gérard Jourd’hui. Diffusée cette fois sur FR3 entre 1985 et 1988, l’émission est couronnée par un 7 d’Or en 1986.
Après Walt Disney World en 1971, Armand Bigle participe au lancement d’Epcot en 1982. Grâce à son ami Didier Fouret et son carnet d’adresses bien rempli, le second Parc floridien peut en effet offrir une expérience inédite aux visiteurs du pavillon français qui peuvent réserver une table au sein du prestigieux Les Chefs de France, le restaurant tenu par Roger Vergé, Gaston Lenôtre et Paul Bocuse. Toujours durant les années 1980, Armand Bigle prend le chemin de la modernité en encourageant la sortie en vidéocassettes des classiques de Disney. Vingt-trois territoires européens voient ainsi arriver dans les magasins des chefs-d’œuvre jusqu’ici gardés au coffre tels que Dumbo, Peter et Elliott le Dragon, 20 000 Lieues Sous les Mers, Alice au Pays des Merveilles, Mary Poppins et La Belle au Bois Dormant. Il ne délaisse toutefois pas les écrans qui accueillent dignement les nouveautés et les ressorties tonitruantes de Blanche Neige et les Sept Nains et Bambi notamment. Les années 1980 sont aussi celles de la « Mode Mickey » avec l’octroi de licences à plusieurs sociétés comme celles des créateurs de vêtements Michel Bachoz et Daniel Delamare. Les héros Disney s’affichent alors partout et sous toutes les formes.
Évidemment associé à la construction d’Euro Disney à Marne-la-Vallée, à quelques kilomètres à l’est de Paris, Armand Bigle prend finalement sa retraite en 1991. Retiré des affaires, il reste toutefois au comité de direction de The Walt Disney Company France.
Artisan du succès de Disney en France et en Europe parfois surnommé le « Disney’s Godfather of Europe » - « La Bonne fée européenne de Disney », Armand Bigle est honoré en 1997 d’un Disney Legends Award qui couronne sa superbe carrière. Considéré par Jimmy Johnson, le responsable de Walt Disney Records, comme un « génie du marketing et des licences » ayant permis à la filiale française d’obtenir des résultats bien meilleurs que toute autre division des studios dans le monde, il décède à Paris dix ans plus tard, le samedi 25 août 2007. Il avait quatre-vingt-huit ans.