Die Hard
Belle Journée Pour Mourir

Die Hard : Belle Journée Pour Mourir
L'affiche du film
Titre original :
A Good Day to Die Hard
Production :
Giant Pictures
TSG Entertainment
Date de sortie USA :
Le 14 février 2013
Distribution :
20th Century Fox
Genre :
Action
IMAX
Réalisation :
John Moore
Musique :
Marco Beltrami
Durée :
97 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

John McClane apprend que son fils Jack, avec qui il n’est plus en contact depuis des années, court un grand danger en Russie après avoir été arrêté pour tentative d’assassinat. En se rendant sur place pour tenter de l’aider, le lieutenant de police new-yorkais se retrouve plongé au milieu d’un complot fomenté par un haut dignitaire russe contre un ancien allié.

La critique

rédigée par
Publiée le 05 novembre 2020

La saga Die Hard s’achève de bien piètre manière avec Die Hard : Belle Journée Pour Mourir, le plaisir de retrouver John McClane étant entaché par un scénario sans imagination, un manque de rythme flagrant et des personnages plats et mal incarnés, loin des standards établis par les précédents volets.

Après le succès commercial et critique en 1988 de l’acte fondateur de la saga, Piège de Cristal, John McClane revient rapidement avec 58 Minutes pour Vivre - Die Hard 2 (1990) puis Une Journée en Enfer - Die Hard 3 (1995), films réussis et remportant également les suffrages du public malgré des qualités réelles et nombreuses mais moindres que celles de l’original. Il faut ensuite attendre douze ans pour retrouver le lieutenant new-yorkais, Die Hard 4 : Retour en Enfer ne débarquant sur les écrans qu’en 2007. Malgré les années en plus, le policier incarné par Bruce Willis s’adapte alors à son époque sans prendre une ride en traitant des menaces numériques. Réussi, ce retour est le plus lucratif de la saga Die Hard, le film générant une recette de 384 millions de dollars dans le monde, dont 135 millions sur son marché national.

La recette fonctionnant toujours, l’idée d’un cinquième film est très vite lancée. Des bruits de couloir mentionnent un potentiel film nommé Die Hard 24/7, ce titre conduisant rapidement à des rumeurs quant à un crossover entre la célèbre franchise et la non moins fameuse série 24 Heures Chrono, production de 20th Television ayant fait les beaux jours de la chaîne Fox de 2001 à 2010 avant un retour pour une ultime saison en 2014. L’idée de voir John McClane croiser la route de Jack Bauer, autre représentant des forces de l’ordre ayant sacrifié sa vie privée sur l’autel du devoir, est en effet alléchante ! Il n’en est pourtant rien et Bruce Willis et Kiefer Sutherland campent à nouveau leurs personnages iconiques séparément, tandis que 20th Century Studios, encore connu en tant que 20th Century Fox, n’a jamais confirmé avoir étudié cette possibilité.
La production débute officiellement en 2010, le scénariste Skip Woods étant recruté pour écrire ce nouveau volet à partir d’une page blanche. Il s’agit là d’une nouveauté pour un film de la saga Die Hard, les deux premiers étant respectivement inspirés des romans Le Détective de Roderick Thorpe et 58 Minutes de Walter Wager, le troisième du script Simon Says de Jonathan Hensleigh prévu pour un film tiers et le quatrième du script WW3.com lui-même basé sur l’article A Farewell to Arms du journaliste John Carlin. Ayant déjà écrit quelques dialogues additionnels de Die Hard 4 : Retour en Enfer sans être crédité, Woods est surtout connu pour son travail sur l’adaptation cinématographique du jeu vidéo éponyme Hitman (2007) et le navet X-Men Origins : Wolverine (2009). Un curriculum vitae qui aurait dû dissuader 20th Century Fox !

Le scénario de Die Hard : Belle Journée Pour Mourir constitue en effet sans nul doute son défaut le plus flagrant. En dévoilant trop dès l’introduction du long-métrage tout en ne suscitant aucune envie d’en savoir plus sur la menace et les personnages, le travail de Skip Woods laisse immédiatement le spectateur de côté, celui-ci ne s’intéressant finalement qu’au destin de John McClane.
Alors que les précédents opus avaient chacun su développer une intrigue propre - certes parfois imparfaite -, le script ressemble ici à un film d’action lambda sans imagination. Calibré pour proposer un retournement de situation forcé et convenu sur l’identité de l’antagoniste principal et sur son mobile, recopiant ici maladroitement une tradition de la saga, il ne surprend jamais et agace même par les grosses ficelles scénaristiques qu’il mobilise.

Ainsi après une première heure sans véritable thème se dégageant de l’intrigue, l’action se déplace alors à Pripiat en Ukraine, sur le site de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Le 26 avril 1986, une série de négligences et d’incidents entraîne la fusion du cœur du réacteur n°4 de la centrale, conduisant à la libération de quantités importantes de matériaux radioactifs. Ceux-ci causent la mort de nombreuses victimes irradiées sur place et dans toute l’Europe du fait des retombées radioactives, immédiatement après l’accident et à plus long terme, à la suite de maladies.
Le long-métrage ne parvient néanmoins pas à susciter l’intérêt en traitant de cette tragédie, usant de poncifs caricaturaux en liant un accident nucléaire civil avec des matériaux utilisés dans une bombe nucléaire. La menace artificielle que le film souhaite instaurer avec la radioactivité tient d’ailleurs peu de temps puisqu’une solution de facilité pousse vite à l’éteindre, certainement afin de filmer les visages des protagonistes sans combinaisons et masques de protection. Le scénario semble par ailleurs hors de son temps en évoquant l’existence d’armes de destruction massive. Cette appellation ne peut qu’évoquer au spectateur les arguments utilisés par le gouvernement américain pour intervenir militairement en Irak, alors que leur réalité a déjà été contredite à de multiples reprises lors de la sortie du film en 2013 (et notamment dès 2004 dans Fahrenheit 9/11). Quand Die Hard 4 : Retour en Enfer traitait avec intelligence du terrorisme six ans après le 11 septembre 2001, ce cinquième long-métrage paraît être passé totalement à côté des enjeux de son époque. Mais le pire est sans doute ailleurs, quand Die Hard : Belle Journée Pour Mourir se lance dans une réécriture hasardeuse de l’histoire en proposant son explication des causes de l’accident de Tchernobyl.

La pauvreté scénaristique du long-métrage aurait pu être rattrapée par un des points forts de la série Die Hard - et surtout des deux épisodes réalisés par le maître John McTiernan -, la mise en scène. Après Len Wiseman, elle est cette fois confiée à l’Irlandais John Moore. Né en 1970 à Dundalk, le cinéaste est diplômé en arts médiatiques au Dublin Institute of Technology. Il débute ensuite sa carrière en écrivant et réalisant plusieurs courts-métrages et publicités, dont celle pour la console de jeu de Sega, Dreamcast. Il commence dans la direction de longs-métrages en 2001 avec le film de guerre En Territoire Ennemi pour 20th Century Studios. Il possède ensuite son rond de serviette au sein du studio, y enchaînant dans les genres du film d’aventure avec Le Vol du Phœnix (2004), l’horreur avec La Malédiction (2006) et l’action avec Max Payne (2008). Son travail sur ce dernier lui ouvre ainsi la voie vers la franchise d’action la plus célèbre du studio à la fanfare.
Malheureusement, Moore n’est pas à la hauteur de ses prédécesseurs et livre une pâle copie avec une réalisation saccadée et souvent peu lisible, sans grande imagination dans les plans qu’elle propose. Là où McTiernan avait su se démarquer des films d’action de son époque en proposant un regard véritablement nouveau sur la manière de filmer, la proposition de Moore est particulièrement décevante et peu subtile. Sa recherche d’esthétisme est maladroite et aboutit à une utilisation à outrance d’effets de flous (comme lors d’une scène de conversation père/fils derrière les vitres d’une voiture arrosées par la pluie) ou du lens flare également cher à J.J. Abrams (Star Wars : Le Réveil de la Force, Star Wars : L’Ascension de Skywalker). Contre-productifs, ces effets ne font qu’ajouter au caractère pénible du visionnage. Le comble du mauvais goût est enfin atteint avec la mise au ralenti durant certaines cascades et notamment au cours de la scène d’action finale, aboutissant à un résultat proche du ridicule.

La captation de certaines cascades est néanmoins réussie. Filmées sur le circuit Hungaroring à Mogyoród en Hongrie, elles sont spectaculaires et proposent véritablement du grand spectacle avec des collisions bien exécutées entre des véhicules nombreux et variés. Dommage qu’il n’en soit pas de même pour les scènes de combat, marquantes dans les opus précédents pour un caractère brut qui est ici absent, empêchant le spectateur d’entrer dans l’action.
L’élément qui pèche sans doute le plus dans le rendu visuel est constitué par les effets spéciaux numériques, totalement ratés. Alors qu’une scène de Die Hard 4 : Retour en Enfer laissait déjà un goût amer aux nostalgiques des effets pratiques des années 80 et 90, de nombreuses séquences d’action de Die Hard : Belle Journée Pour Mourir sont gâchées par une utilisation abondante d’images de synthèse très peu crédibles. Si les incrustations permettant de croire à une présence au sein de Moscou quand le tournage s’est en réalité déroulé à Budapest, elles laissent à désirer dès lors que l’action envahit les décors. Conduisant à aller toujours plus loin dans la surenchère et dans les acrobaties improbables, les effets spéciaux ne créent pas l’illusion et renforcent au contraire le caractère improbable des situations.

Plus généralement, la combinaison de ce scénario et de cette réalisation de mauvais film d’action empêche le film de posséder ce qui fait le sel des précédents Die Hard. Aucune tension ne se dégage du long-métrage, qui ne parvient jamais à trouver le bon rythme. Dénuée d’action et n’instaurant pas une intrigue capable de susciter la curiosité du spectateur, l’introduction paraît durer une éternité. La suite est un enchaînement de dialogues plats et de scènes d’action, spectaculaires pour certaines et lentes et répétitives pour d’autres. Le manque de liant est flagrant, aucune idée directrice ne semblant justifier l’existence même du long-métrage.
Alors que Die Hard : Belle Journée Pour Mourir est l’opus le plus court de la saga avec une durée de seulement 97 minutes, le spectateur est plongé dans l’ennui et voit le générique de fin arriver sans avoir eu le sentiment que le film avait véritablement démarré.

Comme pour de nombreux nanars d’action, le poids de l'opus tout entier repose alors sur l’incarnation de son personnage principal. John McClane, anti-héros génial, est en effet de nouveau incarné par Bruce Willis. Né le 19 mars 1955 à Idar-Oberstein (Allemagne) avant d’emménager aux États-Unis deux ans plus tard, l’acteur débute véritablement sa carrière en 1985 dans la série de ABC, Clair de Lune. Dans cette comédie qui rencontre alors un important succès, Willis joue le directeur d’une agence de détectives privés. Il est choisi pour interpréter le rôle de McClane dans Piège de Cristal après le refus de nombreux acteurs célèbres pour leurs rôles dans des films d’action de l’époque (Harrison Ford, Richard Gere, Mel Gibson, Nick Nolte, Burt Reynolds, Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone). Si la caractérisation précise varie d’un film à l’autre, Willis fait de McClane un anti-héros réaliste auquel le spectateur peut s’identifier tout en prenant pitié pour son sens du sacrifice. Ce rôle fait décoller sa carrière, qui le voit jouer par la suite dans des classiques tels que Pulp Fiction (1994), Sixième Sens (1999), Incassable (2000), Sin City (2005) et Glass (2019).
Après avoir signé un retour réussi dans Die Hard 4 : Retour en Enfer en prouvant que les années de plus ne seraient pas une limite aux capacités de McClane, Willis assure le minimum dans ce cinquième volet. S’il reste crédible dans les scènes d’action bien qu’il soit cette fois moins sollicité pour jouer la souffrance, sa capacité à être l’auteur de répliques cinglantes et de mimiques expressives est intacte, l’acteur excellant dans la comédie. Une discussion avec un chauffeur de taxi amuse notamment et permet une référence à Frank Sinatra, autre acteur ayant incarné dans Le Détective (1968) le personnage de policier créé par l’auteur Roderick Thorp, auteur du roman éponyme (1966) et de Piège de Cristal (1979). Malgré son sens de la comédie, Bruce Willis pâtit toutefois ici de l’écriture des dialogues. Alors, par exemple, que l’ironie de la réplique “Je suis en vacances” amuse initialement, l’abus de comique de répétition finit par lasser.

Le but de John McClane au début de Die Hard : Belle Journée Pour Mourir est de retrouver son fils, John McClane Jr., dit Jack McClane. Après Noah Land dans Piège de Cristal, ce dernier est cette fois interprété par Jai Courtney. Né en 1986 à Sydney, l’acteur australien diplômé en 2008 de la Western Australian Academy of Performing Arts est connu pour ses rôles dans Jack Reacher (2012), I, Frankenstein (2014) ou Terminator Genisys (2015).
Sans signer une prestation outrageusement mauvaise malgré un jeu léger sur certaines répliques, Courtney ne parvient pas à rendre son personnage particulièrement charismatique ou intéressant. Il n’est certes pas aidé par un scénario qui hésite sur la caractérisation du rôle. Pourtant agent de la CIA, Jack semble peu débrouillard et ne se sortirait pas d’un certain nombre de situations sans l’aide de son père, que le script souhaite conserver en tant que héros indétrônable. Il paraît ainsi éloigné du dur à cuire qui semble pourtant être présenté par moments. Peu subtil dans ses réactions, il se trouve à des années-lumière de la complexité de son père, qui en fait tout l’intérêt depuis 1988. Souffrant de la comparaison avec John, Jack aurait au final mérité un traitement différent lui donnant une personnalité complémentaire plutôt que d’en n’être qu’une pâle copie. Les interactions entre Willis et Courtney ne sont ainsi pas marquantes et le duo reste nettement inférieur à celui que McClane forme avec Zeus dans Une Journée en Enfer - Die Hard 3 et Matt Farrell dans Die Hard 4 : Retour en Enfer, et ce malgré le lien de parenté.

Au-delà de Jack, les auteurs de Die Hard : Belle Journée Pour Mourir ont souhaité réunir John McClane avec sa famille. Le long-métrage voit ainsi Mary Elizabeth Winstead (Boulevard de la Mort, Fargo) retrouver le rôle de Lucy McClane après le quatrième volet. Il s’agit ici d’un simple caméo, l’actrice apparaissant seulement dans deux scènes et étant entendue lors d’un appel téléphonique avec son père. Pour une raison inexpliquée, les apparitions de la comédienne ne figurent pas dans une édition étendue du film présente dans son édition Blu-ray.
Bruce Willis souhaitait également le retour de Bonnie Bedelia dans le rôle de son ex-femme, Holly Gennero McClane. L’actrice, présente dans les deux premiers opus et appréciée par l’acteur qui l’avait recommandée après avoir apprécié sa prestation dans Pied au Plancher (1983), est finalement absente, empêchant de compléter cette réunion familiale.

La question de la famille et de la relation entre parent et enfant est donc l’un des rares sous-textes de Die Hard : Belle Journée Pour Mourir mais ne rencontre pas, elle non plus, la réussite. L’approche est en effet peu subtile et joue trop sur le cliché du parent ayant été absent du fait d’un investissement trop important dans son travail, sacrifiant par là sa vie familiale. Éculée, l’idée est évoquée trop rapidement pour parvenir à réellement caractériser le lien entre les deux McClane qui semble peu spontané et simplement créé pour apporter un semblant d’enjeu et d’empathie pour les personnages.
Pour ajouter à ce sentiment, un parallèle maladroit et forcé est effectué avec la relation père-fille manifestement dysfonctionnelle de Komarov. Là non plus, la sauce ne prend pas et rend seulement l’ensemble plus difficile à digérer.

Il est vrai que le troisième personnage principal du long-métrage, Komarov, n’est pas à la hauteur des Gruber d’Alan Rickman ou de Jeremy Iron. L’acteur allemand Sebastian Koch, qui l’interprète, n’est pourtant pas un mauvais comédien. Né en 1962, il marque notamment les esprits pour ses rôles dans l’excellent film germanique La Vie des Autres (2006) et dans Le Pont des Espions (2015) de Steven Spielberg.
Komarov n’est pas particulièrement intéressant et ne porte pas de mystère malgré les éléments de son passé révélés progressivement au cours de l’opus. L’écriture du personnage hésite sur sa finalité ou joue volontairement sur une ambivalence mais, sans lui donner de profondeur réelle, ne permet pas au spectateur d’avoir peur pour lui ou de vouloir connaître la réalité du complot politique dont il semble être victime. La dernière apparition du personnage constitue néanmoins un moment plaisant en formant un écho direct à celle d’Hans Gruber dans Piège de Cristal. Si le clin d’œil est fortement marqué, il reste sympathique et amusant pour les fans de la série.

En parallèle aux McClane, Komarov voit donc sa fille, Irina, être à ses côtés. Jouée par l’actrice et mannequin russe Yuliya Snigir (Prisoners of Power : Battlestar Rebellion, The New Pope), la jeune femme ne dépasse malheureusement pas le stade de la caricature. Bien seule dans un univers essentiellement masculin - le réalisateur ayant remarqué sa singularité en filmant sa plastique avec insistance -, Irina ne surprend pas avec un rôle de femme fatale récurrent dans les films d’action. Les rebondissements qu’elle apporte ne sont pas réellement surprenants et elle ne prend pas l’importance qui devrait être la sienne à la fin du film, malgré toutes les surenchères. La prestation de Snigir, lors de ses quelques scènes de dialogues, est également peu convaincante.
Les méchants et hommes de main ne sont quant à eux pas effrayants et n’inspirent donc pas une véritable menace. L’un d’entre eux représente le parfait cliché du méchant russe avec son tatouage “CCCP” (acronyme de l’URSS en cyrillique) dans le dos, illustrant la vision étroite des cinéastes à l’œuvre sur l’opus. Le Franco-Serbe Radivoje Bukvic (Taken, Largo Winch), qui incarne Alik, est enfin peu crédible en jouant le tueur sans pitié face aux McClane.

Afin de tenter d’améliorer cette composition disharmonieuse, Marco Beltrami est à nouveau à la baguette après Die Hard 4 : Retour en Enfer. Né le 7 octobre 1966 à Long Island et notamment connu pour avoir écrit les musiques de la saga Scream, de Blade II (2002) ou de Wolverine, le Combat de l'Immortel (2013), Logan (2017) et Le Mans 66 (2019) pour le réalisateur James Mangold. Le compositeur n’est pas aussi inspiré qu’à son habitude et propose des partitions voulant trop appuyer les sentiments que le spectateur est censé ressentir lors des scènes de danger ou d’émotion. Son travail pâtit dès lors certainement plus des manquements du scénariste, du metteur en scène et des acteurs que de ses qualités intrinsèques.
Beltrami reprend cette fois encore des extraits des compositions originales créées par Michael Kamen, décédé en 2003, pour les trois premiers opus de la saga. Un clin d’œil bien vu à l’Ode à la Joie de Beethoven, œuvre centrale dans la bande originale de Piège de Cristal, est par ailleurs réalisé avec la sonnerie de téléphone de McClane.

Die Hard : Belle Journée Pour Mourir sort près de vingt-cinq ans après Piège de Cristal et arrive dans les salles américaines le 14 février 2013, après avoir été projeté lors de plusieurs avant-premières événementielles célébrant l’anniversaire de la saga et avoir connu une sortie anticipée dans plusieurs pays d’Asie du sud-est. Premier Die Hard projeté en IMAX, le long-métrage rencontre un succès commercial satisfaisant bien qu’inférieur à celui du précédent volet en générant une recette de 305 millions de dollars dans le monde, remboursant largement son budget de 92 millions malgré un score décevant sur son marché domestique (67 millions de dollars). En France, le succès des aventures de John McClane n’est pas démenti avec 1,8 millions de spectateurs, malgré là aussi une baisse du nombre de spectateurs par rapport au quatrième opus (2,3 millions d’entrées).
En dépit de cette réussite commerciale, la critique est acerbe et souligne en toute logique que l’épisode est le moins bon de la franchise. Sont notamment pointés du doigt la pauvreté du scénario, l’excès de surenchère dans les cascades et la mauvaise caractérisation des personnages, que seul le charisme de Bruce Willis parvient à nuancer quelque peu.

Une version étendue du long-métrage est par la suite incluse dans l’édition Blu-ray du film, parue en 2013. Outre la suppression des scènes voyant apparaître le personnage de Lucy McClane, la course-poursuite dans Moscou est légèrement allongée tandis que des modifications mineures sont apportées. Au total, la version étendue est plus longue de 3 minutes et 32 secondes par rapport à la version classique sortie au cinéma, bien que plus de 3 minutes de scènes en aient été retirées. L’intérêt de cette version est ainsi limité et ne contribue pas à améliorer la perception du spectateur sur le film.

Malgré l’échec artistique immense qu’est Die Hard : Belle Journée Pour Mourir, la création d’une suite à ce cinquième volet est envisagée avant même sa sortie, Bruce Willis évoquant une dernière apparition de son personnage dans un sixième film. L’idée disparaît ensuite des radars, remplacée dès 2017 par un concept de long-métrage situé à la croisée d’une suite et d’un préquel, dans lequel John McClane apparaîtrait sous les traits de Bruce Willis à l’époque contemporaine ainsi que sous une nouvelle incarnation en tant que policier de New York dans les années 70. Len Wiseman, déjà réalisateur du quatrième opus, doit diriger ce sixième Die Hard pour lequel un traitement intitulé McClane est porté par le producteur Lorenzo di Bonaventura (Transformers). Suite au rachat le 20 mars 2019 de 20th Century Studios par The Walt Disney Company et la reprise en main par cette dernière de son planning des longs-métrages, le projet semble finalement être retiré des plans du studio.
Une suite ou une relance de la saga Die Hard à l’avenir ne peut néanmoins pas être exclue, Hollywood - et notamment Disney - ayant montré sa propension à capitaliser sur ses franchises populaires. La pression serait grande sur ses créateurs, a fortiori si Bruce Willis devait en être absent tant l’acteur incarne la série. Le long-métrage qui en constitue pour le moment la conclusion illustre toutefois que la seule présence du comédien ne garantirait pas sa qualité et qu’un bon film se base avant tout sur un triptyque vertueux composé d’un scénario, d’une réalisation et de personnages réussis. En somme, ce qui fut à l’origine du succès de Piège de Cristal !

Les dur(e)s à cuire fans des “Yippee-kai-yay” de John McClane ne peuvent qu’être déçus par la conclusion proposée par Die Hard : Belle Journée Pour Mourir. Péchant dans tous les aspects et poussant le spectateur vers l’ennui, il est totalement dénué de ce qui constitue le sel de la saga Die Hard à laquelle il prétend appartenir.

Si une relance de la franchise reste envisageable, Die Hard : Belle Journée Pour Mourir lui donne assurément une bonne raison pour mourir !

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