Not Just a Goof

Titre original :
Not Just a Goof
Production :
CNEK Films
Venturia Animation Studios
Date de mise en ligne USA :
Le 4 mai 2024 (DocLands Documentary Film Festival)
Le 29 juin 2024 (Walt Disney Family Museum)
Le 7 avril 2025 (Disney+)
Distribution :
Disney+
Genre :
Animation 2D / Documentaire "Live"
Réalisation :
Eric Kimelton
Christopher Ninness
Musique :
Cameron Chambers
Durée :
87 minutes
Disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

L'histoire méconnue de la création du film d'animation Dingo et Max, ayant été hissé au rang de classique du cinéma par toute une génération, est enfin contée. Elle suit une jeune équipe créative s'attaquant à son premier long métrage Disney, sa déception initiale lors de la sortie jusqu'au surprenant retour en force de son film des décennies plus tard...

La critique

rédigée par

Not Just a Goof est un documentaire à la fois making-of et lettre d'amour ; un film fait par des fans pour les fans. Les réalisateurs arrivent ainsi avec talent et humilité à dégager une émotion intense, à la fois en rendant hommage à un long-métrage culte du cinéma d'animation tout en offrant une introspection très personnelle sur la façon dont le film a bouleversé leur vie. Et le plus extraordinaire à la fin du visionnage, c'est de se rendre compte que toute la génération qui a grandi avec Dingo et Max a ressenti la même chose.

Les années 1990 sont remplies de films Disney qui n'ont pas trouvé leur public à leur sortie tout en étant plus ou moins laminés par la critique. Pourtant, avec le temps, ils ont peu à peu gagné leurs lettres de noblesse, grâce à la vidéo et la télévision. Il peut être cité notamment Newsies - The News Boys ou Hocus Pocus - Les Trois Sorcières. Mais le plus emblématique de tous est peut-être Dingo et Max. Ce film d'animation, descendu par la presse, snobé par son studio, a en effet réussi à résonner avec toute une génération au point de devenir un film culte. Et Disney ne s'est en réalité jamais vraiment rendu compte de la pépite qu'il avait dans son coffre-fort si bien qu'il n'a jamais investi dessus, ni en merchandising, ni en making-of. Dès lors, peu de monde dans le milieu du cinéma ou dans la presse ne s'intéressait à ce film. Il était simplement connu comme les prémices de feu DisneyToon Studios. C'est donc vers le milieu des années 2010 que les enfants des années 90, devenus adultes, ont commencé à se replonger dans leurs cassettes vidéo. Lors d'un panel lors de la D23 Expo 2015, pour les 20 ans du film, ses créateurs ont d'ailleurs reçu tellement d'amour qu'ils en ont été surpris et bouleversés. Depuis, des projections de Dingo et Max ont régulièrement lieu, permettant aux fans de communier leur passion tout en revivant leurs souvenirs d'enfance. Et jusque-là, aucun documentaire digne de ce nom n'avait été proposé. Not Just a Goof corrige donc d'une main de maître cette incroyable bévue !

Il aura ainsi fallu cinq ans de développement pour que Not Just a Goof passe de l'état d'idée à son arrivée sur Disney+. Entre-temps, le documentaire a beaucoup évolué par rapport à son but original. Les deux réalisateurs, Eric Kimelton et Christopher Ninness, deux amis proches, l'ont imaginé à la base comme un hommage aux fans de Dingo et Max et la manière dont le long-métrage Disney de 1995 a compté dans la vie de nombreuses personnes et leur a permis de se construire. Après tout, ils savaient de quoi ils parlaient puisqu'ils faisaient eux-même partie de ce fandom. Les deux cinéastes ont alors épousé une approche de cinéma indépendant, voulant faire « leur film » presque sur un coup de tête, durant leur temps libre. À Hollywood, Eric Kimelton évolue en effet plutôt dans le monde des effets spéciaux tandis que Christopher Ninness est pour sa part monteur. Selon leurs propres mots, en se lançant dans la réalisation de ce documentaire, ils ont pris un risque, poussés par une étincelle créative et un certain sens de la naïveté, croyant que tout finirait par s'arranger. Ils ne s'attendaient pas du tout, alors, à l'aventure humaine qui allait jalonner leur réalisation...

La première étape pour les deux réalisateurs est d'obtenir l'aval et le soutien de Kevin Lima, le réalisateur de Dingo et Max. Cet étape a été relativement facile à obtenir grâce à Eric Kimelton qui est dans la vraie vie le neveu par alliance de Kevin Lima depuis le mariage de ce dernier avec Brenda Chapman. Il éprouve ainsi pour son oncle beaucoup d'amour et de respect, ce dernier ayant été pour lui un mentor dans son parcours professionnel. Le réalisateur de Dingo et Max accepte donc de les aider à la condition qu'ils lui promettent de finir le film, quoi qu'il arrive. Cette première interview va d'ailleurs changer totalement leur vision du projet. Kevin Lima se confie, il est vrai, comme jamais et leur avoue combien cette première réalisation a compté pour lui et à quel point il avait mis de son expérience personnelle dedans. Ainsi, la relation entre Dingo et Max a été dépeinte de façon à ce qu'elle ressemble à une relation père / fils fantasmée que le réalisateur aurait aimé avoir avec son propre père ; ce dernier ayant abandonné sa famille sans chercher à garder contact avec son fils. Après leur avoir longuement parlé, Kevin Lima les amène ensuite dans son garage où il entrepose les souvenirs de sa carrière. Dedans, se trouve une boîte avec pleine de VHS et Hi-8, enregistrées à l'époque du tournage de Dingo et Max, et jamais revisionnées depuis. Un véritable trésor ! Kevin Lima leur demande alors de les utiliser à bon escient. Eric Kimelton et Christopher Ninness comprennent aussitôt que leur film sera bien plus qu'un documentaire sur les fans mais plutôt un making-of pour les fans.

Not Just a Goof revient donc pendant près d'une heure sur la création du film Dingo et Max. Le documentaire s'avère totalement passionnant. Naturellement, il commence par aborder le début de carrière de Kevin Lima et comment il est arrivé à la réalisation de ce long-métrage à nul autre pareil. Pour appuyer le propos, le réalisateur permet à Eric Kimelton et à Christopher Ninness d'entrer en contact auprès d'autres artistes qui ont participé à la production du classique Disney et qui vont apporter leurs propres souvenirs à travers diverses interviews. Le spectateur découvre ainsi, par ordre d'apparition, l'éditeur Gregory Perler, le scénariste Steve Moore, le producteur Dan Rounds, le responsable de l'histoire Brian Pimental, le designer de personnage Bruce W. Smith ainsi que les voix de Dingo, Bill Farmer, et de Max, Jason Marsden. Les fans remarqueront, comme souvent d'ailleurs dans ce genre de films, qu'ils sont en avance sur leur temps, combien Dingo et Max était un projet expérimental, réalisé, produit et scénarisé par des artistes pour qui c'était, pour la plupart, la première fois à un poste de responsabilité. Le développement fait penser à un projet lancé par une sorte de filiale secondaire au sein d'un grand studio ; un projet auquel personne ne croit dans les hautes sphères de la compagnie et qui a été mis en chantier un peu en se disant que peut-être, sur un malentendu, cela marcherait. Les séquences tournées lors du tournage sont, en tout cas, simplement incroyables et donnent une autre vision de l'animation Disney de la première moitié des années 1990, au moment où elle était justement à un de ses summum mais vue, depuis le petit trou de la souris d'une équipe qui galérait pour se faire une place et se faire remarquer. Mine de rien, Dingo et Max a été produit pour un budget minime par rapport à des films comme Aladdin ou Le Roi Lion ; avec un délai raccourci à deux ans et demi là où il faut environ quatre ans pour ce genre de projet ; le tout animé en dehors du grand studio de Burbank mais plutôt dans ses succursales internationales de l'époque : à Sydney en Australie, à Toronto au Canada et surtout à Montreuil en France.

De toutes les images d'archives montrées dans le documentaire, les plus impressionnantes sont sûrement celles qui tournent autour de la musique et des chorégraphies. Le film permet en effet d'entendre quelques chansons qui n'ont pas été retenues comme Made in the Shade, Roxanne ou Bad, Bad Boy pour la bonne raison qu'elles n'étaient pas du niveau de celles qui sont restées dans le film ou qu'elles ne collaient tout simplement pas à l'histoire. Ceci dit, Roxanne avait vraiment l'air excellent et c'est dommage, après coup, qu'elle ait été coupée ! Mais ce qui a vraiment changé l'aspect musical de Dingo et Max est sans aucun doute le personnage de Powerline, dont la voix est tenue par Tevin Campbell. Le choix du casting pour ce personnage doit d'ailleurs beaucoup au conseil du producteur de musique David Z, justement interviewé dans Not Just a Goof. La plus grande trouvaille musicale du film est ainsi la chanson R&B I2I (à prononcer Eye to Eye), interprétée justement par Powerline, avec une chorégraphie, qui plus est, exceptionnelle. Et justement, le making-of offre des images extraordinaires du grand final tourné en prises de vues réelles pour servir de modèle aux animateurs, le tout comparé à la version finale du long-métrage. Tout simplement bluffant !

Malgré toutes les images d'archives qu'ils possédaient, Eric Kimelton et Christopher Ninness avaient tout de même un souci : comment parler d'évènements dont il n'existe aucune illustration visuelle, ni en vidéo, ni sous forme de photos. Les deux jeunes réalisateurs ont alors une idée de génie : utiliser l'animation ! Ils se tournent pour cela vers le studio Venturia Animation Studios en Colombie car le PDG, Juan Urbina, a parfaitement compris leur vision. De plus, travailler avec un studio d'animation étranger leur permet de retrouver la même ambiance que le film de référence dont ils sont en train de tourner le making-of. L'excellente idée dans ces passages animées, qui durent pas moins de douze minutes au total, est d'avoir donné une apparence de chiens anthropomorphes aux caricatures des personnalités faites en animation. Le procédé est ainsi à la fois un hommage au film de référence et un superbe moyen de storytelling. Et l'un des « héros » de ces passages est sûrement Jeffrey Katzenberg. Le dirigeant des studios Disney de l'époque a vraisemblablement été l'un des plus grands supporters du film lors de son développement. Il est même à l'origine de la profondeur émotionnelle du long-métrage. Son renvoi par Michael Eisner, un peu avant la sortie de Dingo et Max, est en revanche ce qui a plombé sa promotion et son support par le studio ; le film perdant son principal sponsor en interne juste avant son lancement.

Not Just a Goof aborde aussi la sortie catastrophique de Dingo et Max, entre la critique assassine, les collègues de Burbank qui savonnent la planche de peur que le modèle de production économe du film mette en danger leur mode de fonctionnement, le public persuadé de voir un simple épisode long de La Bande à Dingo... L'opus passe alors complètement inaperçu ! Puis le miracle se produit. Une communauté de fan va grandir peu à peu. Le making-of montre alors plusieurs extraits de vidéos YouTube qui prouvent à quel point le long-métrage, ignoré par Disney, est devenu un phénomène dont les dirigeants n'avaient absolument pas conscience. Durant le développement du documentaire, Kevin Lima conseille également à Eric Kimelton et à Christopher Ninness de s'investir pleinement émotionnellement dans leur projet et de donner leurs propres ressentis. Les deux cinéastes doivent alors dépasser leur timidité qui fait qu'ils n'aiment pas se trouver devant la caméra. Pourtant, cette touche personnelle donne au documentaire un côté très intimiste et particulièrement émouvant. Il sera ainsi difficile pour les spectateurs de ne pas verser une ou deux larmes, y compris pour ceux qui ne connaissent pas le classique de 1995. Mais l'émotion sera encore plus grande pour les fans de la première heure. Il y a de grandes chances qu'ils finissent par pleurer et abondamment !

Finalement, c'est en 2024 que Not Just a Goof va prendre encore plus d'ampleur. Eric Kimelton et Christopher Ninness se voient en effet mis en contact avec Don Hahn, producteur de La Belle et la Bête, du (Le) Roi Lion ou du (Le) Bossu de Notre-Dame et surtout réalisateur du fabuleux documentaire Waking Sleeping Beauty racontant la renaissance de l'animation Disney du milieu des années 1980 au milieu des années 1990 et dont Not Just a Goof peut être justement vu comme son épilogue. Don Hahn accepte ainsi de devenir le producteur du documentaire et permet aux réalisateurs de rencontrer les bonnes personnes chez The Walt Disney Company afin de leur permettre que leur film soit vu par le plus grand nombre en étant diffusé sur Disney+. Avant cela, Not Just a Goof a toutefois eu droit à trois avant-premières dans une version non finalisée. La toute première se fait le 4 mai 2024 au DocLands Documentary Film Festival, la seconde le 20 mai 2024 mais uniquement en séance privée pour les membres du Disney Vacation Club lors d'une Disney Cruise Line, et, enfin, la troisième le 29 juin 2024 lors d'une séance publique au Walt Disney Family Museum. De plus, des extraits du documentaire ont été montrés le 9 août 2024 lors du D23: The Ultimate Disney Fan Event. La version finalisée est donc finalement proposée le 7 avril 2025 sur Disney+, le jour du trentième anniversaire de Dingo et Max mais malheureusement uniquement aux États-Unis à partir de ce jour-là.

Not Just a Goof est sûrement l'un des documentaires les plus émouvants d'un film d'animation Disney. Peut-être justement car il n'a pas été produit à la suite du film mais trente ans plus tard, lui laissant le temps d'avoir le recul nécessaire. Son émotion vient peut-être aussi du fait qu'il n'est pas à l’initiative du studio lui-même mais de vrais fans. Il en ressort une justesse et une sincérité incroyables, aptes à plaire naturellement aux fans de Dingo et Max mais également à tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à l'histoire de l'animation, Disney ou non.

L'équipe du film

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