Raiponce
Le Rôle d'une Reine
Titre original : Tangled : The Series : Queen for a Day Production : Disney Television Animation Date de diffusion USA : Le 19 novembre 2017 Genre : Animation 2D |
Réalisation : Joe Oh Musique : Alan Menken Glenn Slater Durée : 44 minutes |
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
En l'absence de ses parents, partis fêter leur anniversaire de mariage, Raiponce se réjouit de pouvoir remplir son rôle de Reine pour la première fois. Mais lorsqu'une terrible tempête de neige menace de détruire le royaume de Corona, la Princesse doit prendre des décisions difficiles qui lui déchirent le cœur. |
La critique
Raiponce : Le Rôle d'une Reine est le deuxième téléfilm dérivé de Raiponce - La Série produit tout spécialement pour le réseau de télévision, Disney Channel, qui arrive six mois à peine après le pilote de lancement, Raiponce : Moi, J'ai Un Rêve.
Depuis le rachat de Pixar, et l'arrivée de John Lasseter à la tête des Walt Disney Animation Studios, ce faiseur d’or a mis en place un travail de longue haleine pour redonner au label historique de Mickey sa splendeur d’antan. L'important pour le créateur de Toy Story est d’abord de hiérarchiser les priorités. La première consiste à remettre sur les rails des projets mal engagés. Il commence sur Bienvenue chez les Robinson en le remaniant dans la mesure du possible vu son état d'avancement. Il recadre ensuite complètement Volt, Star Malgré Lui pour le rendre plus disneyen. La seconde étape est de faire revivre l'animation Disney en s’appuyant sur les fondamentaux qui parlent au public. Il relance ainsi l'animation 2D avec La Princesse et la Grenouille - succès d’estime - puis crée un film de princesse en animation assistée par ordinateur (Raiponce), démontrant ainsi que cette technique d’animation est tout à fait apte à soutenir des histoires à la Disney, intemporelles et dignes de celles ayant marqué les années 90.
Raiponce devient alors un vrai phénomène comme les Walt Disney Animation Studios n'en avaient plus connu depuis plus de dix ans : les critiques sont sur lui plus que positives et le public est conquis. Malgré 260 millions de dollars de budget, le film est un succès commercial engrangeant 591 millions de dollars de recettes à travers le monde dont 200 millions rien qu'aux États-Unis. En France, l'opus signe un joli score avec plus de 4 millions d'entrées.
Pour surfer sur son succès, les Walt Disney Animation Studios proposent en 2012 un court-métrage, Le Mariage de Raiponce, diffusé en première partie de la ressortie 3-D de La Belle et la Bête pour les États-Unis et de celle du (Le) Roi Lion pour la France. Bien que certains bruits parlaient de la possibilité d'une suite au cinéma, l'idée n'a, en réalité, jamais été sérieusement envisagée par les réalisateurs du premier opus qui partent rapidement sur d'autres projets : Zootopie pour Byron Howard et Gigantic pour Nathan Greno, avant que ce film ne soit finalement repoussé sine die.
Les studios Disney n'abandonnent tout de même pas leur idée de capitaliser sur la franchise Raiponce qui vit toujours aussi bien que cela soit en produits dérivés ou dans les parcs à thème. Ils vont ainsi reprendre une option mise de côté depuis une dizaine d'années faute de films suffisamment populaires : une déclinaison sur le marché de la télévision. Depuis Kuzco, l'Empereur Mégalo et la série de 2006, Kuzco, Un Empereur à l'École, aucun opus récent des Walt Disney Animation Studios ne s'est vu, en effet, adapté sur le petit écran. Le succès de La Garde du Roi Lion redonne de son intérêt à la démarche qui se voit appliquée à Raiponce donnant lieu à la création d'une série télévisée dérivée. Disney Television Animation produit ainsi la logiquement nommée Raiponce - La Série et, afin de l'installer comme il se doit, lui adjoint un téléfilm pilote d'une heure, Raiponce : Moi, J'ai Un Rêve. Il s'agit d'un procédé classique que la filiale télévisée utilise régulièrement pour ses séries événement comme cela a été le cas avec Princesse Sofia : Il Était une Fois une Princesse en 2012 pour lancer la série Princesse Sofia ou alors La Garde du Roi Lion : Un Nouveau Cri qui entamait les aventures de Kion et ses amis.
La meilleure idée de Raiponce - La Série est clairement son visuel. Il est évident que la télévision n'aurait pas eu le budget nécessaire pour proposer une qualité d'images aussi belle que celle du film. Pour palier ce problème, le responsable du projet, Chris Sonnenburg, a donc l'excellente idée de prendre un virage radical. Au lieu de recourir à de la 3D bas de gamme, comme cela peut être le cas sur Princesse Sofia ou Elena d'Avalor, il préfère, en effet, partir sur un aspect 2D. Attention tout de même, il n'est pas question ici de dessins sur papier mais bien d'une animation 3D aux rendus aplatis, utilisant la technique qui a déjà fait ses preuves sur les séries La Garde du Roi Lion ou Mickey Mouse. Pour légitimer plus encore ce choix, Chris Sonnenburg reprend le style très présent dans le long-métrage originel signé de Claire Keane, la fille de Glen Keane, à l'origine des dessins que Raiponce dessinait sur les murs intérieurs de sa tour. Ainsi, à l'image du carnet personnel présent dans le téléfilm, l'histoire est racontée par Raiponce comme si elle dessinait elle-même ses aventures. L'astuce narrative est intéressante car elle est vraiment crédible par rapport au personnage. En outre, le visuel obtenu est d'une beauté renversante même s'il demande un petit temps d'adaptation par rapport à la stylisation différente du film. Le rendu est, à l'évidence, l'un des grands points forts de la série et des téléfilms qui en découle.
Raiponce : Le Rôle d'une Reine arrive ainsi près de six mois après le pilote et donc presqu'au deux tiers de la seconde saison, après quinze épisode de vingt-deux minutes ainsi que quatre courts-métrages diffusés après la première pause du printemps entre les épisodes six et sept. Ce qui étonne par rapport au premier téléfilm, c'est son scénario grandement amélioré. Si le premier était globalement décevant, cette nouvelle aventure s'avère, en effet, bien plus palpitante. Il pourra tout de même être reproché un début déjà-vu avec Raiponce qui doit prendre les rênes du royaume pendant que ses parents partent en voyage d'agrément. La séquence où elle doit écouter les desiderata des habitants s'apercevant ensuite qu'elle donne en réalité de mauvais conseils est tout de même par trop caricatural. Fort heureusement, par la suite, le téléfilm sait mieux se distinguer. La tension, grandissante, devient palpable grâce à cette tempête de neige qui grossit. L'opus arrive également à mélanger, magie, légende et apporte même un petit côté steampunk vers la fin vraiment appréciable. Enfin, le mystère qui a été mis en place lors du pilote continue à s'épaissir et donne vraiment envie d'en apprendre plus. Le téléfilm se termine ainsi sur un efficace cliffhanger.
Le titre, Raiponce : Le Rôle d'une Reine, annonce clairement le thème. Et si, comme dit plus haut, il commence de façon caricaturale, le propos se fait bien plus mature et complexe que dans son premier tiers. Raiponce est ainsi confrontée à des décisions difficiles qui mettent en danger ses proches et son peuple. Elle a des choix à faire en fonction des priorités du moment, même si cela veut dire rompre une promesse faite à un ami cher qui a désespérément besoin de son aide. Être reine, même pour un jour, signifie être là pour son peuple, plus encore quand il est en danger et même si pour cela, il faut tourner le dos à un ami. Il faut aussi savoir déléguer certaines tâches à des personnes de confiance, quitte à leur demander de mettre leur vie en jeu, elle-même ne pouvant se le permettre étant le dernier rempart de la royauté que son éventuelle disparition plongerait dans une dangereuse instabilité. Raiponce : Le Rôle d'une Reine sait alors parfaitement poser ces problématiques. Il sera peut-être juste regretté un manque de temps pour laisser l'émotion correctement s'installer quand Raiponce doit faire ses choix. L'action va très (trop) vite, sans temps mort : un peu de recul aurait permis de rendre certaines scènes plus fortes.
Parmi les personnages de Raiponce : Le Rôle d'une Reine, certains ont plus de temps d'antenne que d'autres. Ainsi, Raiponce est clairement le centre d'attention du téléfilm au cours duquel sa psychologie est particulièrement bien écrite. Il est loin le temps où elle était une jeune fille insouciante, rêvant de découvrir le monde. Elle a désormais des responsabilités et se doit de les assumer.
Eugène est, pour sa part, toujours aussi effacé comme dans le premier téléfilm. Son rôle a décidément un peu de mal à évoluer : il est l'amoureux de Raiponce, un peu nonchalant, toujours prêt à épauler sa belle dans ses choix mais aussi à mettre sa vie en danger si besoin. Il est, en outre, secondé par tous ses amis brigands comme Lance Strongbow, son ami d'enfance, apparu dans le sixième épisode de la série, Des Retrouvailles un peu Spéciales.
Maximus et Pascal restent, eux, toujours aussi sympathiques, surtout le caméléon qui dispose d'une jolie scène à la fin du téléfilm. Cassandra qui avait un rôle majeur dans Raiponce : Moi, J'ai Un Rêve est en revanche ici bien plus secondaire.
Enfin, Varian, le jeune alchimiste et ami de Raiponce, qui a été révélé dans le premier épisode normal de la série, Nom d'un Cheveu !, est assurément le personnage dont l'évolution est la plus intrigante. Il aide Raiponce à trouver la signification des fameuses pierres noires qui sont à l'origine du retour des cheveux de la princesse mais ses expériences lui échappent et provoquent des conséquences inattendues qui lui font changer sa vision des choses.
Preuve de la qualité mise dans la production, Raiponce : Le Rôle d'une Reine fait revenir, en plus du casting original, le compositeur du film Alan Menken et le parolier Glenn Slater. Ils avaient déjà écrit deux chansons pour le pilote ainsi qu'une, Friendship Song, pour l'épisode Pascal's Story et une autre, Listen Up, pour l'épisode The Wrath of Ruthless Ruth. Ici, ce sont deux nouvelles chansons qui sont proposées. La première I've Got This est jouée quand Raiponce rencontre un à un les habitants du royaume. Elle est assez anecdotique et n'aide pas vraiment à rendre ce passage original ; l'action étant aussi caricaturale que déjà-vu. La deuxième, Let Me Make You Proud, est chantée par Varian sur le chemin le conduisant vers le palais pour demander de l'aide de Raiponce. Belle réussite, elle illustre à merveille la scène tout en permettant d'en apprendre plus sur le personnage.
Raiponce : Le Rôle d'une Reine s'avère, au final, bien plus convainquant que le pilote de la série. L'évolution psychologique de Raiponce est ainsi particulièrement intéressante et le mystère qui s'épaissit donne véritablement envie de connaître la suite. Il sera juste regretté une durée du téléfilm qui ne permet pas de mettre en avant l'émotion comme il aurait dû.