Nessie

En 2011, les studios Disney se penchent sur le célèbre mythe du monstre du Loch-Ness avec La Ballade de Nessie. Plongeant les spectateurs au cœur de l’Écosse ancestrale, ils offrent cependant une vision totalement nouvelle du célèbre monstre, gentiment rebaptisé Nessie.

« Au pays des cornemuses, dans les Highlands fleuris, vit une créature appelée Nessie. Mais il n’en fut pas toujours ainsi… Avant qu’on aperçoive son Loch dans les collines, la timide Nessie vivait dans les landes de Glen Keane ».

Barbotant dans une petite mare, Nessie apparaît en train de prendre son bain en compagnie de son seul ami, un canard jaune baptisé McCoinCoin. Absolument inoffensive, la créature passe ainsi ses journées à s’amuser, coulant une vie heureuse, à l’écart du monde extérieur.

Mais cette belle douceur de vie est un jour totalement chamboulée par l’arrivée d’un infâme personnage, Tycoon McFrogal, un « Écossais braillard » qui, charmé par la région, se met en tête d’y construire son golf privé. À grands coups de bulldozers, les collines sont alors rabotées. Les arbres sont arrachés. La belle herbe sauvage est remplacée par un green synthétique. Encerclé par un mur d’enceinte rappelant les plus grandes forteresses des temps anciens, le golf de McFrogal est l’un des plus beaux du pays.

Rejetée en dehors de son petit coin de paradis, Nessie est sans voix. Protestant énergiquement à la grille du golf, la voilà chassée de sa maison… Les yeux remplis de larmes, elle ne sait quoi faire... Une vieille mouette lui ordonne alors de ne pas pleurer et de se battre vaille que vaille.

Suivant ce conseil, Nessie se met en quête d’une nouvelle maison. Son balluchon à la main, elle commence ainsi ses recherches. Mais les choses se corsent rapidement. Toutes les mares sont à sec. Explorant chaque recoin, Nessie n’est la bienvenue nulle part. Sentant le chagrin l’envahir, elle est incitée par un vieux rat à ne surtout pas pleurnicher sur son sort.

Épuisée, Nessie est à bout de nerf. Tentant de faire bonne figure, elle est soudain envahie par l’émotion. Incapable de retenir ses larmes, elle se met à pleurer, encore et encore, pendant des heures, des jours, des semaines… Tant et si bien qu’une goutte après l’autre, ses larmes inondent rapidement toute la région.

Lorsqu’elle cesse enfin de pleurer, Nessie est surprise. Tout autour d’elle, un gigantesque loch s’est formé. Avec bonheur, elle saute alors dans l’eau profonde pour barboter et nager avec son cher McCoinCoin. Au comble de la joie, Nessie vient d’apprendre une belle leçon. Il ne faut jamais avoir peur de pleurer, car cela fait souvent du bien !

Au nombre des grandes légendes contemporaines, celle du Monstre du Loch Ness demeure certainement l’une des plus vivaces. Situé dans les Highlands du nord de l’Écosse, à quelques kilomètres de la ville d’Inverness, le célèbre lac est en effet réputé pour accueillir dans ses profondeurs une créature incroyable. Évoqué depuis des siècles, le mythe est notamment remis au centre de l’actualité lorsqu’en septembre 1898, un certain Guillaume Adhémard atteste avoir vu le monstre à la surface des eaux. Dans les années 1930, les supposées apparitions se multiplient alors, offrant au Monstre du Loch Ness une renommée mondiale. La bête est alors souvent représentée telle un serpent de mer ou un plésiosaure. Face à l’augmentation drastique du nombre de témoins racontant avoir observé quelque-chose, le Loch Ness Investigation Bureau est créé en 1961 afin d’enquêter. Depuis, les expéditions et les investigations se multiplient pour tenter de trouver la fameuse créature.

Objet de fantasmes, le Monstre du Loch Ness n’a pas manqué d’attirer l’attention d’innombrables artistes qui lui ont consacré des centaines d’œuvres. Le cinéma s’est ainsi en particulier emparé du mythe. Dès 1934, Milton Rosmer réalise le film The Monster of the Loch avec Seymour Hicks et Nancy O’Neil. Vingt-deux ans plus tard, Un Drôle de Monstre, un épisode de la série Le Saint, reprend la légende. En 1970, Billy Wilder emmène le détective Sherlock Holmes sur les rives du célèbre lac dans La Vie Privée de Sherlock Holmes.

La filmographie du monstre continue de s’étoffer avec d’autres productions telles que Loch Ness de John Henderson (1996), Incident au Loch Ness de Zak Penn (2004), Scooby-Doo et le Monstre du Loch Ness (2004), Le Dragon des Mers : La Dernière Légende de Jay Russell (2007) ou bien encore L’Amour Ne s’Achète Pas, un épisode de la Saison 10 des (Les) Simpson (1999) dans lequel la créature est découverte très simplement… en vidant le lac !

L’Homme, le Monstre et les Mystères (1974)

Les studios Disney eux-mêmes s’emparent du sujet en 1974 dans le moyen-métrage L’Homme, le Monstre et les Mystères. Réalisé par Les Clark, le film se propose de passer au crible la légende à l’aide de séquences animées – souvent empruntées à des productions plus anciennes – et d’extraits de documentaires en prises de vues réelles. Dans les quelques plans dessinés inédits, Nessie y apparaît par ailleurs sous la forme d’un petit dragon haut en couleur plutôt sympathique vocalisé par Sterling Holloway en version originale, et par Roger Carel en version française.

L’idée d’offrir à Nessie une nouvelle incursion au cinéma germe dès les années 1990 dans l’esprit de la réalisatrice Stevie Wermers-Skelton. Son histoire est cependant abordée sous un angle totalement différent. Scénarisé par Wermers-Skleton, le coréalisateur Kevin Deters et Regina Conroy, d’après une histoire de Burny Mattinson, Josie Trinidad et Wilbert Plijnaar, le court-métrage propose en effet de remonter aux origines du mythe et d’expliquer comment le monstre s’est retrouvé un jour malgré lui au cœur du Loch qui porte aujourd’hui son nom. La Ballade de Nessie est par ailleurs conçu comme une jolie petite fable écologiste et surtout une belle leçon de philosophie durant laquelle le public, en particulier les plus jeunes spectateurs, est invité à ne jamais renoncer à exprimer ses émotions.

Esquisses par Andreas Deja

Dans sa conception, La Ballade de Nessie est un dessin animé dans la plus pure tradition Disney. Les décors, minimalistes et stylisés, semblent en effet tout droit sortis des cartoons produits par la firme dans les années 1940-1950. Parmi les nombreuses sources d’inspiration, figure en particulier l’œuvre de l’illustratrice Mary Blair qui offrit jadis à la filmographie des studios Disney son ton inimitable dans des productions comme Johnny Pépin-de-Pomme, La Petite Maison ou bien encore Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles et Peter Pan.

Feuilles de modèles

Comme tout droit sortie d’un vieux dessin animé d’antan, Nessie apparaît sous la forme d’une délicate créature reptilienne à la peau verte. Toujours flanquée de McCoinCoin, son petit canard jaune, elle possède un joli regard très expressif rehaussé de longs cils. Flanquée d’une chevelure rousse et de pommettes violettes, ses origines écossaises sont encore accentuées par le port d’un béret à pompon typique des Highlands. Chose rare, les artistes de Disney présentent clairement Nessie comme étant une femelle, alors même que la légende ne parle que d’un monstre sans préciser son genre.

L’animation de La Ballade de Nessie est supervisée par cinq artistes parmi les plus prolifiques et talentueux des studios Disney, Andreas Déjà (le Roi Triton, Gaston, Jafar, Scar, Hercule, Lilo, Mama Odie, Tigrou), Mark Henn (Ariel, Belle, Jasmine, Simba, Pocahontas, Mulan, Tiana, Winnie), Randy Haycock (Simba, Pocahontas, Hercule, Clayton, Kida, Jim Hawkins, Naveen, Bourriquet), Dale Baer (Bernard et Bianca, Simba, Yzma, Alameda Slim, Wilbur Robinson, Maître Hibou) et Ruben A. Aquino (Ursula, Maurice, Simba, Powhatan, Shang, Denahi, James et Eudora).

Nessie est présente à deux reprises dans Lutins d’Élite : Méchants Contre Gentils, un court-métrage réalisé en 2011 par Kevin Deters et Stevie Wermers-Skelton, le duo à l’origine de La Ballade de Nessie. Elle fait tout d’abord partie des jouets que souhaite recevoir le jeune Timmy Terwelp pour Noël. Nessie apparaît ensuite sous la forme d’une peluche placée sous le lit de la petite Grace Goodwin.

Lutins d’Élite : Méchants Contre Gentils (2011)

Nessie est également visible dans La Reine des Neiges : Joyeuses Fêtes avec Olaf, un autre court-métrage de Kevin Deters et Stevie Wermers-Skelton (2017). La créature fait ainsi partie des jouets rassemblés par Olaf pour fêter Noël. Lorsque la luge du bonhomme de neige prend feu, l’effigie de Nessie, elle-même enflammée, tombe dans la neige.

Nessie fait la Une du journal lu par Rose dans La Dream Team Razowski, le quatrième épisode de la série Monstres & Cie : Au Travail (2021). Les spectateurs peuvent alors penser que c'est d'elle dont parlait Bob dans Monstres & Cie lorsqu'il évoquait les monstres bannis comme le Yéti.

Il Était une Fois un Studio (2023)

Nessie fait enfin partie des très nombreux personnages Disney qui prennent la pose devant le Roy E. Disney Animation Building dans le court-métrage Il Était une Fois un Studio réalisé pour célébrer le centenaire de The Walt Disney Company.

À la fois adorable et émouvante, Nessie est un personnage charmant dans la plus pure tradition Disney.