Doris
Date de création : Le 30 mars 2007 Nom Original : Doris Créateur(s) : John Park Dennis Greco Joe Bowers Jay Davis |
Apparition : Cinéma Jeux Vidéo Voix Originale(s) : Ethan Sandler Voix Française(s) : Ethan Sandler |
Le portrait
Et si le méchant n’était pas celui auquel le public s’attend vraiment ? Depuis le début des années 2000, les studios Disney s’amusent à brouiller les pistes en offrant aux spectateurs des intrigues dans lesquelles le méchant n’est en réalité pas celui auquel tout le monde croit. Marchant à merveille, la recette est ainsi répétée, encore et encore, dans Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges, Les Nouveaux Héros, Zootopie, Vaiana, la Légende du Bout du Monde et dès 2007 dans Bienvenue Chez les Robinson. Car si tout le monde semble penser au début du film que l’Homme au Chapeau Melon est l’antagoniste principal, il en va en réalité tout autrement. Véritable bouffon incapable de rester concentré plus de dix secondes, ce dernier, loin d’être le grand méchant espéré, est en fait à la botte du véritable némésis de l’histoire, son chapeau melon, Doris.
Brevetée sous le nom de code DOR-15, Doris est un chapeau melon bardé d’électronique créé dans le seul but d’assister toutes celles et tous ceux qui viendraient à le porter. Renfermant des dizaines de gadgets plus ou moins utiles, il s’agit alors de l’une des nombreuses inventions de Cornelius Robinson, véritable génie cherchant par tous les moyens à améliorer le quotidien des autres et dont l’intelligence et l’inventivité ont complètement remodelé le futur proche. Mais comme beaucoup de ses créations, DOR-15 s’avère rapidement être une déception. Le chapeau domestique aspire en effet à de plus grandes responsabilités. Doué de capacités cérébrales extraordinaires et d’un libre-arbitre remarquable, l’accessoire, encore en phase de test, rejette sa servilité et se rebelle en prenant le contrôle du cerveau de son porteur. Le danger d’une telle dérive est évident. Cornelius n’a alors d’autre choix que de désactiver son invention, immédiatement mise au rebut dans l’une des pièces secrètes des industries Robinson où dorment des dizaines, des centaines d’autres prototypes n’ayant pas apporté satisfaction…
Mais c’est sans compter sur l’intelligence de la machine qui parvient à se réactiver toute seule et, avec l’aide de ses appendices métalliques multifonctions, à prendre la fuite. Désormais libre, le chapeau melon qui répond à présent au nom de Doris croise alors un homme mystérieux, véritable épouvantail mal fagoté et complètement à côté de la plaque qui semble bien remonté contre Cornelius. Se retrouvant autour d’un milkshake, tous deux se rapprochent. Doris comprend en effet que cet individu n’est autre que Michael « Goob » Yagoobian, l’ancien compagnon de chambre de son inventeur, lequel a ruiné sa vie en l’empêchant chaque nuit de dormir et, du fait de la fatigue, de gagner le match de sa vie. Doris et Goob se découvrent dès lors un ennemi commun et décident de s’unir pour le détruire.
Rapidement, un plan se met en place. Si Goob imaginait bêtement recouvrir la maison de Cornelius de papier toilette, Doris a une autre idée en tête. Comprenant bien que son acolyte de fortune est plus un crétin qu’autre chose, le chapeau melon décide de prendre lui-même les choses en main et de devenir le cerveau de l’opération. Le plan est alors simple : ruiner l’enfance de Cornelius en sabotant l’invention à l’origine de tout, son scanner de mémoire présenté jadis lors du concours de sciences de l’école. Ni une, ni deux, Goob et Doris s’emparent de la seconde machine à remonter dans le temps de l’inventeur et partent en direction du passé…
De 2037, Goob et Doris font ainsi un bon en arrière jusqu’en 2007. À l’époque, Cornelius n’est pas encore cet inventeur de génie qui révolutionnera le futur, mais un simple petit garçon, un orphelin répondant encore au prénom de Lewis et ne cherchant qu’à séduire ses professeurs et ses camarades avec cette machine sur laquelle il a tant travaillé, sacrifiant pour cela ses nuits et celles de Goob par la même occasion. Mais l’expérience tourne mal. Infiltrés dans le gymnase de l’école, Goob et Doris se sont en effet empressés de saboter la machine. Lewis est humilié, et ce d’autant plus qu’il a au passage complètement ruiné l’exposition. Sa réputation et son avenir semblent bien compromis. Tout a fonctionné comme prévu.
Goob et Doris ne s’arrêtent toutefois pas là. L’existence de Lewis/Cornelius est ruinée. C’est bien. Mais celle de Goob n’est pas encore réparée. Son chapeau melon et lui s’emparent donc de l’invention afin de la porter aux responsables de la firme InventCo. et ainsi s’en attirer tous les mérites et toute la gloire. Mais dans ce passé encore archaïque, impossible pour Doris de participer à la démonstration. Le robot doit s’en remettre entièrement à Goob et ce n’est pas chose aisée tant ce dernier est bête, archi-bête. De l’extérieur, Doris tente bien de lui souffler quoi dire aux directeurs de l’entreprise. Mais Goob, totalement paniqué et submergé par sa bêtise, n’est pas capable de faire fonctionner le scanner de mémoire. La suite du plan est une catastrophe. Doris comprend qu’il faut absolument retrouver Lewis afin de l’obliger à expliquer comment fonctionne sa machine.
Apprenant que Lewis est parti dans le futur avec Wilbur, Doris et Goob refont un bon dans le temps. Ayant bien conscience que son comparse est un vrai boulet, le chapeau melon décide alors de continuer seul. Doris fabrique un mini-chapeau à son image, une mini-Doris, afin que Goob, qui n’aura ainsi pas à quitter la machine à voyage dans le temps, puisse voir ce qu’il se passe de loin sans s'en mêler. En évitant qu’il n’ait à sortir de l’engin, Doris espère qu’il ne viendra pas tout gâcher, encore… Mais c’est sans compter sur la crétinerie du garçon qui tient absolument à participer au complot. À l’aide de la mini-Doris, il tente en effet de prendre le contrôle de Frankie, l’une des grenouilles chanteuses de Franny, afin qu’elle s’empare de Lewis, comprenant bien trop tard que le batracien est trop petit et trop frêle pour remplir parfaitement sa mission… Alors que Doris est sur le point de faire chuter un chandelier sur Lewis et sa famille, son action est finalement interrompue par un invité inattendu. Reparti dans le passé très lointain, Goob est en fait allé chercher un animal plus gros pour détruire Lewis, un tyrannosaure dont la pensée est contrôlée grâce à la mini-Doris. Consternée et folle de rage, Doris voit une fois encore son plan être réduit à néant…
À deux doigts de mettre la main sur Lewis, Doris reprend bientôt le contrôle. Elle détruit Carl, le robot domestique de la famille Robinson. Elle récupère le scanner de mémoire, repart vers le passé et parvient à réécrire le futur. Pour cela, rien de plus simple. Goob est renvoyé devant les dirigeants d’InventCo. afin de leur vendre le scanner de mémoire. Totalement séduits, ces derniers acceptent ensuite l’autre invention qu’il leur est proposée, le chapeau melon électronique. Des milliers de DOR-15 sont dès lors produits à la chaîne et vendus aux humains bientôt réduits en esclavage. Goob comprend trop tard que Doris ne souhaitait pas uniquement détruire l’avenir de Lewis/Cornelius, mais bien prendre le contrôle de l’humanité tout entière. Il est paye d’ailleurs le prix fort en étant à son tour éliminé par des clones du chapeau melon. La revanche de Doris est d’autant plus totale que la machine, qui a construit un avatar gigantesque, est aussi parvenue à prendre le contrôle de chaque membre de la famille Robinson.
La situation est désespérée. Lewis parvient toutefois à réparer sa machine à voyager dans le temps et à repartir in extremis vers le passé. Là, il se met en tête de rectifier les erreurs commises. Il sauve le match de baseball de Goob, porté en triomphe par ses camarades. Surtout, il annonce à Doris qu’il n’aura jamais la mauvaise idée de l’inventer. Le chapeau melon, qui n’aura donc aucune existence, disparaît de la réalité. L’avenir est réparé… Happy End.
Douée d’une intelligence remarquable et hors du commun, Doris est le grand méchant de Bienvenue Chez les Robinson. Associé malgré lui au bouffon Goob, le chapeau melon est en effet le vrai cerveau de l’opération, celui qui échafaude les plans avec pour ambition d’offrir le contrôle du monde aux robots. Véritable génie du mal, Doris dispose pour cela d’un réel arsenal. À côté de la brosse à dents et du miroir initialement ajoutés à sa panoplie par Cornelius Robinson afin de rendre service à ses concitoyens, le chapeau melon dispose d’accessoires qui se transforment bientôt en armes redoutables. Caméra infrarouge holographique, bras articulés, pinces, tournevis, lampe de poche, grappin, lunettes de vision nocturne, outils en tout genre sont à sa disposition. Grâce à eux, Doris, peut marcher, courir, saisir des objets, manipuler des machines et même voler ! Cerise sur le gâteau, le robot est doué d’une intelligence supérieure extraordinaire qui, détournée de son objectif premier de servitude, devient évidemment elle aussi une arme redoutable.
Doris, en réalité, n’a qu’un seul vrai défaut, son état de machine. De fait, elle ne peut pas accomplir ses sombres desseins seule. Dès lors, elle est obligée de s’acoquiner avec un humain pour que celui-ci accomplisse les basses besognes. Et comme il lui est évidemment impossible de convaincre un esprit normalement constitué, elle ne peut que se tourner vers le pire des crétins, Goob, en l’occurrence, dont l’intelligence est inversement proportionnelle à celle de la machine. En bonne marionnette décérébrée et totalement dévouée à son maître, le garçon, dont la bêtise est abyssale, ne peut alors que faire échouer les plans élaborés par le robot.
Cet état de machine est d’autant plus regrettable pour Doris que sa vie entière ne repose que sur le bon vouloir de son inventeur, Cornelius Robinson. Et en voyageant de la sorte entre les époques, le chapeau melon provoque sa propre perte. À force de modifier le futur, elle réussit à convaincre Lewis/Cornelius qu’il est lui aussi en mesure de réécrire l’histoire. En promettant, dans sa jeunesse, de ne jamais inventer le chapeau, il supprime dès lors Doris de l’espace-temps. Le grand méchant, puisqu’il n’existera jamais, est ainsi définitivement vaincu…
Inspiré de l’œuvre de William Joyce, le personnage de Doris n'a pas toujours existé. Dans une première version du scénario, Goob était en effet accompagné par un simple oiseau mécanique dont le rôle était plutôt insignifiant. Le scénariste Don Hall, partant du principe que Goob était l'Homme au chapeau melon, a alors imaginé remplacer le petit robot par l'accessoire principal de son costume, le fameux chapeau melon. À partir de là, l'équipe d'auteurs a commencé à développer le personnage de Doris en lui confiant un rôle de plus en plus important et de plus en plus menaçant. Associé à une palette de couleurs noir et vert, le chapeau a alors pris de l'ampleur au point de devenir le principal antagoniste du film. L'idée de représenter le monde de Doris comme un futur noyé dans la pollution et bétonisé de toutes parts est quant à elle sortie de l'imagination du scénariste Mark Walton. En arrivant pour la première fois à Los Angeles, celui-ci, encore jeune provincial, a en effet été très surpris de voir à quel point la ville était minérale, constituée de beaucoup de goudron et d'acier, avec un air particulièrement chargé en particules. Cette image lui a donc servi pour imaginer le monde terne et sale de Doris, exact pendant du futur lumineux et au ciel bleu créé par Cornelius Robinson.
Recherche graphique de Dave Goetz
Doris a été notamment pensée par l’artiste John Park. Inventeur, ingénieur informatique et graphiste de talent, ce dernier a travaillé durant vingt ans pour des dizaines de revues, de publicités, d’émissions de télévision et de films pour le cinéma. Fondateur de la société WingShield Industries aux côtés de Brian Jepson et Tod Kurt et auteur du manuel Understanding 3D Animation Using Maya, Park a ainsi en particulier animé Maker Workshop, la séquence « inventions » incluse dans les dix épisodes de l’émission Make: Television produite en 2009 par Twin Cities Public Television Inc.. Son nom est par ailleurs crédité au générique de films comme Bienvenue Chez les Robinson, Volt, Star Malgré Lui, Clochette et l’Expédition Féérique, Raiponce, Planes, Clochette et la Fée Pirate, Planes 2 et Clochette et la Créature Légendaire, ainsi que de Matrix Revolutions et sa suite Matrix Reloaded, du (Le) Pôle Express, Spider-Man 2, Monster House, Les Rois de la Glisse et Les Rebelles de la Forêt. Pour The Walt Disney Company et ses labels, John Park a également servi comme consultant technique sur Star Wars : Le Réveil de la Force, Le Livre de la Jungle, Maléfique et Les Nouveaux Héros.
Pour créer Doris, John Park collabore entre autres avec le responsable des effets visuels Dennis Greco, le modéliste Joe Bowers et l’animateur Jay Davis.
À des postes de décorateurs et d'artiste de layout, Dennis Greco a travaillé sur les productions de la série animée Police Academy, de Super Baloo, des (Les) Nouvelles Aventures de Winnie l'Ourson, La Bande à Dingo, Bonkers, Le Retour de Jafar, Dany, le Chat Superstar, Clochette et le Tournoi des Fées et Elena d'Avalor. Au poste de développeur visuel, il a aussi œuvré sur Atlantide, l'Empire Perdu, La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers, La Ferme se Rebelle, La Fée Clochette, Clochette et la Pierre de Lune, Frankenweenie et My Little Pony : Le Film.
Bowers est pour sa part crédité aux génériques de Glago’s Guest, Volt, Star Malgré Lui, Super Rhino, Lutins d’Élite : Mission Noël, Raiponce, Le Chat Potté, Madagascar 3 : Bons Baisers d’Europe, Les Cinq Légendes, Les Croods, Turbo, Dragons 2, Kung Fu Panda 3, le court-métrage pour la télévision Aventures dans le Bush, les courts-métrages Ryze: Call of Power et Spice Frontier ou bien encore le jeu vidéo Apex Legends.
Enfin, Jay N. Davis a en particulier travaillé comme animateur sur Le Bossu de Notre-Dame, Dinosaure pour lequel il crée le personnage d’Aladar, Atlantide, l’Empire Perdu pour lequel il anime le Léviathan, mais aussi Le Chasseur et la Reine des Glaces et Les Animaux Fantastiques. Il sert également comme superviseur des effets visuels sur certaines séquences de Kangourou Jack et Hellboy II : Les Légions d’Or Maudites.
En version originale et en version française, les sons stridents de Doris sont interprétés par l’acteur Ethan Sandler. Né le 3 décembre 1972 à Fort Wayne, dans l’Indiana, il est apparu au cinéma dans The Chocolate War, Princesse Malgré Elle, La Mort dans la Peau, The Enigma With a Stigma et Gravy, et à la télévision dans Sex and the City, Will & Grace et Preuve à l’Appui. Dans Bienvenue Chez les Robinson, il prête par ailleurs sa voix à Fritz Robinson et sa femme Pétunia, Laszlo Robinson, les jumeaux Spike et Dimitri Robinson et aux patron d’InventCo..
Meet the Robinsons sur PlayStation 2
Comme l’ensemble du casting de Bienvenue Chez les Robinson, Doris n’a pas connu une véritable carrière en dehors de son film. En plus d'être le boss du jeu vidéo inspiré du grand classique, elle apparaît ainsi très ponctuellement dans Epic Mickey sous la forme d’un beetleworx, ces robots fabriqués par le Savant fou. À Walt Disney World Resort, une carte à l’effigie du personnage fait partie du jeu interactif Sorcerers of the Magic Kingdom.
Il Était une Fois un Studio
En 2023, les Walt Disney Animation Studios célèbrent en grande pompe leur centième anniversaire avec Il Était une Fois un Studio, un court-métrage spécial dans lequel sont exceptionnellement rassemblés des centaines de personnages Disney d’hier et d’aujourd’hui. Doris est elle-même de la partie. Posée sur la tête de Goob, son inventeur, le chapeau manque alors d’être percuté par Mickey qui, assis sur le dos de Dumbo, s’envole vers l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building où Dingo attend pour faire la grande photo de famille.
Personnage redoutable, Doris est sur le papier un beau et terrible méchant. Placée au cœur de grandes scènes d’action et de beaux moments de comédie avec Goob, elle souffre toutefois du principal défaut de son film : sitôt regardé, sitôt oublié…