Spider-Man 2

Spider-Man 2
L'affiche du film
Titre original :
Spider-Man 2
Production :
Marvel
Columbia Pictures
Date de sortie USA :
Le 4 juillet 2004
Genre :
Fantastique
IMAX
Réalisation :
Sam Raimi
Musique :
Danny Elfman
Durée :
135 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Peter Parker, étudiant fauché, essaye de concilier comme il peut son planning professionnel avec son activité secrète de Spider-Man. Pourtant, face aux difficultés qu’il rencontre, ses pouvoirs vont lui faire faux bond lorsqu’arrive un puissant nouvel ennemi : le docteur Octopus !

La critique

rédigée par
Publiée le 27 avril 2016

Deux ans après l'énorme succès en salle du premier opus, Sam Raimi met en scène une nouvelle fois Spider-Man pour développer l'histoire de Peter Parker débutée en 2002. Peter continue ainsi de jongler entre sa vie d'étudiant et de super-héros tandis qu'un nouvel ennemi fantastique fait son entrée : Doctor Octopus !

Si Spider-Man est né en août 1962 sous l’écriture de Stan Lee et Steve Dikto dans le comics Amazing Fantasy #15, Doctor Octopus lui est apparu très rapidement dans la vie de Peter Parker : dès The Amazing Spider-Man #11 par les mêmes auteurs. Le vilain est dans le comics un scientifique brillant qui travaille sur la physique nucléaire (sachant que, dans la fiction américaine, jusqu’aux années 80, tout avait à voir avec le nucléaire ou les communistes !). Pour l’aider dans son travail, il met donc au point quatre bras mécanisés pour faciliter ses manipulations expérimentales sans danger. C’est pourtant un échec. Une expérience lui explose à la figure et le voilà ne faisant qu’un avec ses bras, ce qui n’arrangera en rien son caractère de soupe au lait. Difficile de revenir sur une carrière aussi longue que celle du monte-en-l’air, mais l’homme est toutefois marquant dès lors que ses faits d’arme sont, entre autres, d’avoir fondé les Sinister Six (une équipe de vilains avec Elektro, Le Vautour, Kraven le Chasseur, Mystério et l’homme Sable pour le casting initial), d’avoir été à l’origine de la mort du Capitaine Stacy dans les dommages collatéraux d’un combat avec le tisseur, de s’être quasiment marié avec Tante May (oui, oui !) ou encore d’avoir pris possession du corps de Peter Parker et porté le masque de Superior Spider-Man pendant toute une année.
Une sacrée carrière pour ce vilain qui ne paye pourtant pas de mine (ses figurines s’arrachant étonnamment bien moins que celles de Venom) mais dont la personnalité reste très intéressante. Il est (bien-sûr) mort et revenu aux affaires plusieurs fois, merci The Hand (les amateurs de Daredevil apprécieront). Il va de la sorte souvent apparaître comme un Peter Parker qui a mal tourné, sans les “grands pouvoirs qui amènent de grandes responsabilités”, lorsqu’il ne va pas jusqu’à partager les mêmes origines que lui comme au sein de la réécriture de John Byrne Spider-Man : Chapter One. Le film de Sam Raimi ne manquera d’ailleurs pas de mettre en avant ce parallélisme et l’importance des responsabilités devant un grand pouvoir.

Deuxième opus de la trilogie Spider-Man par Sam Raimi, Spider-Man 2 (ou Spider-Man 2.1 pour sa version director’s cut anecdotique) permet donc au réalisateur de peaufiner sa vision sur l’araignée, et surtout Peter Parker. Après la réussite commerciale et critique du premier film en 2002, Sony se lance bien évidemment sur la production d’une suite rapidement avec le même casting à l’appel. Tobey Maguire et son regard de braise, James Franco en playboy à la psyché douteuse, J.K. Simmons en patron de presse colérique des années 60, Kirsten Dunst et sa perruque rousse : tout ce beau monde est là avec comme objectif d’exploser le box-office une fois de plus.
La bataille des droits d’utilisation du super-héros (la genèse de Spider-Man premier du nom revient sur ce combat) est oubliée et la concurrence dans le genre reste encore limitée. La Warner avec DC Comics prépare bien la riposte en ressortant Batman des oubliettes de la honte où Joel Schumacher l’avait précipité (Batman Begins n’arrivera qu’en 2005), mais en attendant seule se manifeste La Fox avec le génial X-Men 2 mais aussi sa culture de navets avec Daredevil. Universal tente quant à elle d’exister avec un Hulk couleur chlorophylle pétant qui hésite entre le chef d’œuvre incompris et le nanar selon les fins observateurs. Le dernier volet de la trilogie au succès d’estime Blade de New Line Productions, lui, n’hésitera pas à couler tous les efforts de ses prédécesseurs avec un David Goyer à la réalisation qui s’occupera de plomber toutes les productions DC quelques années plus tard. Bref, absolument tous les voyants sont au vert : Sony avec Spider-Man 2 a un boulevard pour cartonner et inscrire durablement dans les salles le genre super-héroïque. Ainsi, et très injustement une décennie plus tard, la Fox et Sony sont éreintées par les fans pour disposer de licences Marvel qui échappent à Disney / Marvel Studios alors que ce sont ces mêmes studios qui ont essuyé les plâtres du genre.

Libéré des contraintes de devoir raconter les origines du super héros, Sam Raimi s’attache à faire grandir Peter alors qu’il lutte contre un nouvel ennemi faisant parti une fois de plus de son cercle personnel. Pas de chance, donc, l’entourage de Peter Parker est bourré de scientifiques psychopathes.
Débridé, le réalisateur reprend la recette du premier film sans vergogne pour mener ses personnages là où il le souhaite, avec un budget tournant autour de 200 millions de dollars. Des incohérences ? Des coïncidences ? Il y en a un paquet, et bien plus que pour son premier essai. Seule compte en fait la progression émotive des personnages qui deviennent les pions d’un opéra citadin et fantaisiste. Pour marquer le coup, les deux créateurs de la série Smallville racontant la jeunesse de Superman (Alfred Gough et Miles Millar) participent au scénario : leur intervention tenant majoritairement aux relations entre Peter Parker et son entourage. Là où certains espéraient voir la suite multiplier les passages d’actions en costumes, le film rétorque en s’intéressant plus que jamais aux émotions d’un Peter Parker qui chausse des bottes trop grandes pour lui.
Le film prend son temps pour raconter son histoire tout en s’attachant à ne pas conserver un statut quo et placer ses personnages (en particulier Harry Osborn et Mary-Jane) dans les situations d’un drame attendu pour un prévisible troisième film.

Spider-Man 2 est un film si perfectionné dans son rythme et dans sa réalisation qu’il en ferait presque oublier les nombreuses incohérences de son scénario. Un super vilain fait par exemple traverser le mur à un personnage - qu’il imagine on ne peut plus normal - après lui avoir envoyé une voiture au travers de la figure ; le tout bien-sûr pour lui demander d’accomplir une mission pour lui ! Oui, le plan visuel est de toute beauté, mais scénaristiquement parlant, le raisonnement du “Doc Ock” n’est pas très malin. Et faut-il fermer les yeux sur une Mary-Jane qui joue trop souvent la demoiselle en détresse, bien que son rôle ne se résume pas à cela ? Mais voilà, le montage est si haletant et pourrait donner tant de leçons à de nombreux blockbusters que peu de monde fait finalement attention aux tricheries de l’écriture.
Prestidigitateur, Sam Raimi joue si bien de la réalisation que le spectateur oublie les gouffres de l’histoire qu’il met sur écran. Avec la musique de Danny Elfman, il est même arrivé à poser sa patte sur la licence comme un Tim Burton auparavant sur Batman (accompagné du même compositeur) : Spider-Man 2 possède une aura inimitable ! Danny Elfman fera pourtant part de ses difficultés à travailler sur le film dans les bonus du DVD et quelques années plus tard délaissera la composition du troisième opus. Entre le film pour adolescent un peu désuet et le film épique aux héros un brin niais : l’alchimie fonctionne ici à plein. Tout est superbe. Le dernier acte possède ainsi un nombre de plans qui s’insèrent durablement dans l’imaginaire populaire autour de l’homme araignée : le héros maudit qui ne peut mener une vie normale et regarde lui échapper la femme qu’il aime avec l’autre héros américain bien sous tous rapports. Même le twist final rose bonbon est tellement grandiloquent et désuet à l’image qu’il en ressort une certaine sincérité. Un matériel brut sans cynisme, juste nuancé par le visage de Mary Jane qui referme l’opus avec un certain pessimisme pour la suite.

Pour le visuel, Sony Imageworks est décidément toujours au top : le studio s’est fait applaudir pour les mouvements de l’homme araignée dans le premier long-métrage à une époque où les super-héros de synthèse peinaient à s’intégrer encore correctement dans les films en prises de vue réelles. Avec cette suite, c’est l’envolée et cela d’autant plus que Peter Parker maîtrise bien mieux son job fantastique que lors de sa première aventure. Le nombre de scènes d’action avec Peter Parker en costume reste certes limité, mais leur réalisation est juste excellente.
Ainsi, la séquence du métro aérien demeure très impressionnante plus d’une décennie plus tard (sauf à ne pas poser son regard sur la barre en plastique qui se tord quand Spidey manque de s’écrouler… trop tard), avec un Spidey sautant de toit en toit pour rattraper le train et coller une trempe au Doctor Octopus. La folie du réalisateur d’Evil Dead se retrouve aussi sur quelques plans qui détonnent assez dans un blockbuster de ce rang et marquent la singularité de la réalisation : la “création” de Doctor Octopus et la prise de pouvoir de ses tentacules sur son esprit sont savoureuses mais pourraient pousser les plus jeunes enfants à fermer les yeux quelques instants. Paradoxalement, il pourrait être reproché aux combats d’être trop propres. Les personnages ont beau se taper dessus et traverser des murs, ils n’auront que rarement des bleus. C’est d’autant plus dommageable que le Doctor Octopus ne porte aucun masque pour cacher ses blessures au visage normalement.

Spider-Man 2 explosera le box-office comme son prédécesseur, même si les chiffres internationaux accusent un petit recul dû surement à l’époque de sortie qui n’était pas la même. Avec un regard un peu pessimiste, il est possible d’assumer aussi que ses 783 millions de dollars à l’international contre les 820 millions du précédent sont le début de l’effritement au box-office d’une licence qui ne cessera jamais au fil des films à venir d’être égratignée (même si Spider-Man 3 subit un petit sursaut à l’international) jusqu’à l’intégration du héros dans l’univers cinématique de Marvel Studios. Il n’empêche ! Le score de Spider-Man 2 est très loin encore de l’échec de 2014 : le champagne coule chez les exécutifs Sony, le futur est brillant et un troisième opus avec Raimi en préparation, avec les bons conseils des producteurs qui veulent absolument voir apparaître Venom au cinéma contre l’avis du réalisateur.

Sam Raimi a donné à Spider-Man 2 une sensibilité particulière encore plus que pour le premier volet. A côté de ses plans d’action un peu tarés, l’intime de ses personnages laisse place à beaucoup de tendresse. A défaut d’être exempt d’incohérences, le film inscrit pour toute une génération l’image du Spider-Man original. Et peu importe qu’il ait une fois de plus perdu son humour qui le caractérise pourtant tant dans le comics !

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