Le Docteur Souris
Date de création : Le 16 novembre 1990 Nom Original : Dr. Mouse Créateur(s) : Chris Bailey |
Apparition : Cinéma BD Voix Originale(s) : Bernard Fox Voix Française(s) : Roland Ménard |
Le portrait
Le 16 novembre 1990, les spectateurs s’envolent vers les antipodes grâce à Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, le vingt-neuvième long-métrage animé de Disney. Suite des (Les) Aventures de Bernard et Bianca sorti treize ans plus tôt, le film met en scène les deux souris aventurières lancées cette fois à la rescousse du jeune Cody, un petit garçon kidnappé par un perfide braconnier, Percival McLeach. Si l’intrigue peut paraître pesante au premier abord, elle s’avère être néanmoins accessible au plus grand nombre grâce à de bons moments de comédie pure mettant en scène des personnages hilarant tels le flegmatique Docteur Souris.
Missionnés par le Président de la SOS Société pour sauver le pauvre Cody, Bernard et Bianca arrivent en Australie par la voie des airs grâce à l’entremise de Wilbur, un albatros aussi fanfaron que maladroit. Se targuant de pouvoir « poser son coucou dans un mouchoir », il déchante très vite après avoir mis le pied sur la terre ferme. En voulant à tout prix porter les minuscules valises des deux souris, il se froisse en effet le dos. Se tordant de douleur, il se plaint de s’être déplacé une vertèbre. Il faut dès lors l’emmener d’urgence à l’hôpital…
Voilà donc le volatile envoyé dans la salle de soin la plus proche. Installée au cœur du désert australien, non loin du célèbre Uluru, celle-ci prend place à l’intérieur d’une vieille ambulance abandonnée. À sa tête, se trouve le Docteur Souris épaulé par une petite armée d’infirmières en uniforme. Descendu dans le véhicule grâce à un treuil fabriqué à partir d’un démonte-pneus et d’une clé de démontage de roue, Wilbur est allongé dans un lit sous l’œil inquiet de Bianca qui interroge le médecin. « Allons, allons, ma chère, épargnez-moi vos larmes », répond ce dernier, « Les gens arrivent ici en grimaçant et nous quittent avec le sourire. Laissez-nous, maintenant. Je prends les choses en main. Allez ! Allez-vous-en ! ».
Montant à bord d’une nacelle, le Docteur Souris prend un peu de hauteur afin de superviser l’opération. « À vous de jouer, mesdames », lance-t-il aux souris infirmières qui viennent de se saisir d’une canne, « Occupons-nous de notre grand blessé ! ». En voyant les rongeurs s’animer autour de lui, Wilbur perd son sang-froid. « Mon cher ami », le rassure le Docteur, « Je vous jure que vous ne sentirez rien ! Redresseur vertébral !!! ». Avec un élastique, les infirmières projettent la canne qui vient se ficher dans le dos de l’oiseau qui se met immédiatement à hurler ! « J’ai déjà raté mon feuilleton, monsieur Albatros », alerte le Docteur, « Ne me forcez pas à prendre des mesures disciplinaires. Vous devez vous relaxer ».
Interprétant les jérémiades de Wilbur comme des marques de nervosité, le médecin demande qu'il lui soit administré un calmant. « Soixante milligrammes ! ». Mais l’albatros est incapable de s'apaiser. « Mettez double dose », ordonne la souris. Les infirmières chargent deux seringues dans un fusil. « Préparez l’albatros pour traitement de choc ». Wilbur est retourné. « Trois degrés sur la droite ! Descendez de deux degrés ! Prêt ?! En joug ! Feu ! ». Le cri de douleur de Wilbur résonne à des kilomètres à la ronde !!!
Le calvaire de Wilbur est toutefois loin d’être terminé. Le lendemain, le Docteur Souris a enfilé sa blouse de chirurgien pour opérer. « Vous êtes prêtes, mesdemoiselles », demande-t-il à ses infirmières qui branchent des électrodes sur l’oiseau, ficelé comme un saucisson, « Allons-y mesdames, commençons ! ». Faisant claquer ses gants en caoutchouc, le Docteur descend de sa nacelle. « Voyons un peu ces radios… ». Tout en chantonnant, il observe le squelette de Wilbur afin de choisir les meilleurs outils pour le redresser. « Forceps ! ». Deux souris se saisissent d’une pince. « Strégulateur spinal ». Les rongeurs s’envoient une paire de ciseaux crantés. « Déviateur artériel ». Un éperon passe devant le bec de Wilbur dont le cœur bat de plus en plus la chamade. « Mais il est complètement rouillé », se lamente le médecin, « C’est d’la folie d’opérer avec des engins pareils ! ».
Le Docteur Souris écarte l’éperon. « Donnez-moi le desquamer de tissus épidermiques ! ». Les souris mettent en marche une tronçonneuse ! À bout de nerfs, Wilbur est à présent incapable de contrôler ses émotions. Hurlant à la mort, son cœur s’emporte tant que le moniteur sur lequel est tracé son rythme cardiaque surchauffe soudain. Prenant ses jambes à son cou, l’albatros tente de s’enfuir. Une infirmière donne alors l’alerte. « Monsieur Albatros, nous n’avons pas commencé l’intervention », s’écrie le Docteur, « Monsieur Albatros, soyez raisonnable ! ». Wilbur saute de la table. « Monsieur Albatros, il faut retourner au bloc opératoire ! ». L’oiseau s’engouffre par une fenêtre. « Ne sautez pas, c’est de la folie ! Vos lombaires doivent être ménagés… Entourés… Cajolés ! ».
Wilbur est ramené à l’intérieur de l’ambulance manu-militari. En retombant lourdement sur le sol, il écrase cependant le Docteur Souris. Le sourire jusqu’aux oreilles, le volatile s’aperçoit qu’il n’a plus du tout mal au dos. Le pauvre médecin est pour sa part totalement amorphe. Allongé sur le sol, il vient de se broyer les lombaires ! Mal-en-point, le Docteur Souris disparaît alors de l’intrigue au moment où Wilbur prend son envol pour revenir dans l’aventure.
Bernard et Bianca au Pays des Kangourous est un long-métrage à part dans la filmographie des studios Disney. C’est en effet la toute première suite « directe » d’un grand classique passé, en l’occurrence Les Aventures de Bernard et Bianca sorti en 1977. C’est par ailleurs le premier format long dont l’action se situe en Australie, un territoire rarement montré à l’écran hormis en 1948 dans le court-métrage Mickey, Pluto et l’Autruche de Charles Nichols. Comme les premières aventures des deux souris aventurières, le film se démarque également par une intrigue particulièrement sombre. Elle tourne en effet autour du rapt d’un enfant. Le méchant, McLeach, est un psychopathe vraiment terrifiant. S’ajoute par ailleurs la dénonciation de la chasse d’animaux rares par des braconniers qui ne recherchent que l’enrichissement aux dépends d’une nature victime de leurs sombres méfaits.
Sur le papier, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous démarre ainsi sur un postulat vraiment lugubre. Afin d’accueillir dans les salles un public familial, les scénaristes se doivent par conséquent d’ajouter dans le scénario de bons moments de comédie pure, et ce afin de compenser la noirceur et la lourdeur de certaines scènes. Comme dans Les Aventures de Bernard et Bianca treize ans plus tôt, plusieurs protagonistes plus ou moins mineurs sont ainsi disséminés tout au long de l’histoire afin de déclencher un sourire ou mieux, un fou-rire. Parmi eux, figure notamment le Docteur Souris dont la participation, dans deux séquences hilarantes, n’a pas d’autre but que de détendre l’atmosphère.
Comme les deux héros, le Docteur Souris apparaît sous les traits d’une petite souris. Son museau, beaucoup plus allongé que celui de Bernard et de Bianca, peut laisser penser qu’il s’agit d’un dunnart, une espèce de petit marsupial typique du sud de l’Australie. Portant une paire de lorgnon placée sur son museau, le médecin arbore une blouse blanche à col droit fermée par trois boutons. Lorsqu’il s’agit d’opérer Wilbur, celle-ci est remplacée par une veste de chirurgien verte assortie de gants et d’un calot médical de la même couleur. Très collet monté, le Docteur Souris se présente comme la caricature de ces médecins de l’armée qui traitent leurs patients sans aucun ménagement. Certains spectateurs pourront y voir une petite référence amusante aux chirurgiens du long-métrage et de la série M*A*S*H avec Alan Alda, Wayne Rogers, Loretta Swift et David Ogden Stiers.
Chris Bailey
L’animation du Docteur Souris est l’œuvre de Chris Bailey. Né à Portland, dans l’Oregon, le 26 mars 1962, l’artiste étudie à la Reynolds High School avant de rejoindre les bancs de l’Institut CalArts. Employé en freelance par Don Bluth sur Space Ace et Dragon’s Lair, il fait partie des nouvelles recrues engagées par Disney au milieu des années 1980. Il travaille alors sur Basil, Détective Privé, Footmania Pour Dingo, Oliver & Compagnie, La Petite Sirène, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, Le Roi Lion et Hercule. Animateur, entre autres, de Ratigan, Fidget, Sébastien, Timon et Pumbaa, Nessus, il réalise par ailleurs le clip Opposites Attract avec la chanteuse Paula Abdul, ainsi que le court-métrage Mickey Perd la Tête pour lequel il concourt à l’Oscar du Meilleur Court-Métrage d'Animation. Également à la tête du film It’s Tough to Be a Bug! projeté dans l’attraction éponyme du parc Disney’s Animal Kingdom, il est aussi le créateur de la série animée Kim Possible. Dans sa filmographie, Chris Bailey compte également des participations à des films tels que Excalibur, l’Épée Magique, Shrek 2, Garfield, Alvin et les Chipmunks et Hop.
En version originale, le médecin est interprété par Bernard Fox. De son vrai nom Bernard Lawson, celui-ci voit le jour le 11 mai 1927 à Port Talbot, au Pays de Galles. Né dans une famille de comédien, il intègre la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale puis la Guerre de Corée avant de reprendre sa carrière débutée dès les années 1930 alors qu’il n’était qu’un adolescent. Au cinéma, il apparaît ainsi dans des films comme Soho Incident, Chef de Réseau, Atlantique, Latitude 41°, Le Jour le Plus Long, La Coccinelle à Monte-Carlo, Titanic et La Momie. Il joue également à la télévision dans Three Live Wires, Hôpital Central, Papa Schultz, Ma Sorcière Bien-Aimée, Les Mystères de l’Ouest et Columbo. Offrant par ailleurs sa voix au personnage du Président de la SOS Société, Bernard Fox disparaît le 14 décembre 2016 à l’âge de quatre-vingt-neuf ans.
En version française, le rôle est tenu par Roland Ménard. Originaire de Puteaux où il naît le 24 août 1923, l’acteur apparaît ponctuellement au cinéma dans Normandie-Niémen, Un Taxi Pour Tobrouk et La Poupée Rouge. Également présent à la télévision et sur les planches, il est surtout connu pour avoir prêté sa voix à Glenn Ford, Dirk Bogarde, Marcello Mastroianni, Robert Taylor et James Mason. Roland Ménard s’éteint le 5 avril 2016 à l’âge de quatre-vingt-douze ans.
Comme la plupart des autres protagonistes du film, le Docteur Souris apparaît dans l’adaptation en bande dessinée de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous.
Visible sur une seule et unique case, son apparence est toutefois totalement différente de celle du film original.
Personnage mineur n’ayant pas laissé un souvenir impérissable dans la mémoire collective, le Docteur Souris n’en reste pas moins le chef d’orchestre de deux moments parmi les plus drôles de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous.