Mary Costa
Date de naissance : Le 05 avril 1930 Lieu de Naissance : Knoxville, dans le Tennessee, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Actrice Chanteuse |
La biographie
Au tout début des années 1950, au moment de déposer le titre Sleeping Beauty, Walt Disney l’ignore encore, mais il vient de lancer sa production animée la plus pharaonique. Neuf ans sont en effet nécessaires pour achever La Belle au Bois Dormant, trois fois la durée d’ordinaire réservée à la réalisation de ce genre de long-métrage. Souhaitant atteindre l’excellence, le cinéaste dépense ainsi sans compter. Le script est modifié des dizaines de fois. Le directeur artistique Eyvind Earle a carte blanche pour offrir au film un style graphique inimitable sublimé par le format Technirama. Disney passe également beaucoup de temps à peaufiner son casting qu’il veut le plus riche possible. Il passe alors trois ans à chercher la voix de la belle princesse Aurore avant de tomber finalement sur la perle rare, la charmante Mary Costa.
Mary Costa est née à Knoxville, dans l’est du Tennessee, le 5 avril 1930. Fille unique issue d’une famille dont les ancêtres ont quitté l’Italie au XIXe siècle, elle grandit avec ses parents Hazel et George selon les rites du culte baptiste. Dès l’âge de six ans, elle monte sur scène et chante en solo pour ses camarades lors des différents spectacles créés par son école. Plébiscitée pour sa voix cristalline magnifique, l’adolescente intègre le chœur de la Knoxville High School où elle ne reste que quelques années. Sa famille, en effet, déménage bientôt à Los Angeles. Mary Costa a quatorze ans. Le retour à Knoxville est toutefois plus rapide que prévu. George décède en effet le jour de Noël 1946... Dans le chagrin, Hazel et Mary rentrent dans le Tennessee pour organiser ses funérailles.
N’imaginant pas une seconde quitter sa terre natale, Mary Costa apprend finalement avec surprise que sa maman, Hazel, accepte de revenir en Californie. Toutes les deux emménagent alors dans une petite maison de Glendale. Elles sont bientôt rejointes par une tante et ses trois garçons. C’est à présent là que Mary termine ses études. Adorant chanter le soir après les dîners organisés par sa chère tata, elle est rapidement repérée par une femme influente du milieu de la musique qui lui permet de s’inscrire à la Glendale High School. Mary Costa y campe alors le rôle principal de l’opéra The Prince of Pilsen qui lui vaut l’admiration de ses camarades. Participant à de nombreux tours de chant organisés par les écoles de la région, elle est même récompensée par un Music Sorority Award lors d’un concours auquel participent des élèves de toute la Californie du sud.
Mary Costa et son mari, Frank Tashlin.
Soutenue par sa famille et par ses professeurs, Mary Costa entre au Conservatoire de musique de Los Angeles alors même qu’elle n’a pas encore fini son cursus au lycée. Elle y suit les cours d’enseignants illustres comme Marion Chamlee, Ernest St. John Metz et le maestro Gaston Usigli. En 1948, elle est engagée par la station de radio CBS et participe régulièrement durant trois ans à l’émission The Edgar Bergen and Charlie McCarthy Show présentée par le célèbre ventriloque Edgar Bergen et sa marionnette fétiche. Dans le même temps, Mary Costa enregistre des dizaines de publicités et se produit dans différents programmes, notamment le Lux Radio Theatre. Elle chante aussi régulièrement et côtoie des vedettes telles que Dean Martin et Jerry Lewis et rencontre en particulier un beau succès grâce à son interprétation de When I Fall in Love, une chanson popularisée quelques mois plus tôt par Doris Day.
Marc Davis et Mary Costa durant la production de La Belle au Bois Dormant.
En 1952, Mary Costa, vingt-deux ans, rencontre Frank Tashlin. Réalisateur de nombreux courts-métrages ainsi que du film Le Fils de Visage Pâle, une production Paramount avec Bob Hope et Jane Russell en têtes d’affiche, celui-ci fit un temps partie de l’équipe de scénaristes employée aux studios Disney. En poste de 1938 à 1941, il fut ainsi l’un des auteurs de plusieurs succès tels que (Le) Brave Petit Tailleur et de L’Entreprenant Mr Duck. C’est d’ailleurs au cours d’une soirée à laquelle elle assiste avec Tashlin que Mary Costa apprend que le créateur de Mickey est à la recherche d’une voix pour incarner la princesse Aurore.
Eric Larson et Mary Costa durant la production de La Belle au Bois Dormant.
Grâce à l’entremise du directeur musical de Disney, Walter Schumann, elle est alors invitée aux studios pour passer une audition. Des dizaines de jeunes femmes sont également présentes. Le réalisateur Wilfred Jackson, qui dirige le casting et l’enregistrement des dialogues, tombe sous son charme. Acceptant de modifier son accent du sud pour un accent anglais, Costa séduit également les animateurs Eric Larson, Marc Davis, Frank Thomas et Ollie Johnston ainsi que le scénariste Winston Hibler. À la fin de son audition, la jeune femme demande si elle peut rencontrer Disney. Elle apprend alors que Walt a pu l’entendre chanter grâce un système audio reliant directement le studio d’enregistrement à son bureau.
Joe Rinaldi, Mary Costa et Eric Larson durant la production de La Belle au Bois Dormant.
Mary Costa passe la journée aux studios de Burbank avant de rentrer à Glendale, chez sa mère où elle réside encore. Elle ignore encore ce que donnera son audition. Elle ne se fait aucune illusion quand soudain, le téléphone sonne. Sa maman Hazel décroche. C’est Walt Disney au bout du fil. « Chère madame, il me semble que la princesse Aurore est cachée chez vous, dans votre maison », dit-il, « Nous la cherchons. Pourriez-vous me la passer ? ». Prenant le combiné, Mary Costa ne peut cacher sa joie. Elle vient d’obtenir le rôle ! Elle qui avait découvert Blanche Neige et les Sept Nains au cinéma lorsqu’elle n’était encore qu’une toute petite fille n’en revient pas. Elle revient dès lors aux studios quelques jours plus tard pour collaborer avec Marc Davis, l’animateur principal de la princesse, et enregistrer ses lignes de dialogues et les chansons aux côtés du compositeur George Bruns et des paroliers Sammy Fain, Jack Lawrence, Winston Hibler et Ted Sears. « Vous avez un talent unique, mademoiselle », la complimente Disney, « Votre voix est pleine de couleurs. C’est comme un kaléidoscope ! ».
Mary Wilson et Mary Costa dans Marry Me Again.
Surnommée affectueusement « Happy Bird » par Walt Disney, Mary Costa épouse Frank Tashlin en 1953. La même année, ce dernier la fait tourner dans Marry Me Again, une comédie produite par RKO avec Robert Cummings et Marie Wilson. En 1957, Costa joue ensuite le rôle de Kay dans The Big Caper réalisé par Robert Stevens pour le compte d’United Artists. Elle poursuit en parallèle sa carrière de chanteuse. En 1958, elle remplace ainsi Elisabeth Schwarzkoft lors d’un gala dirigé par Carmen Dragon au sein du prestigieux Hollywood Bowl. Sa prestation lui vaut alors d’être engagée par le Los Angeles Guild Opera qui lui offre le rôle principal de la comédie musicale The Bartered Bride produite par Carl Ebert.
Rory Calhoun et Mary Costa dans The Big Caper.
Invitée par Ebert à se produire lors du prestigieux Festival d’Opéra de Glyndebourne, dans la région de Londres, Mary Costa apparaît au cours de sa carrière dans quarante-quatre rôles d’opéra. Parcourant le monde entier, elle joue en particulier dans l’opéra-comique Manon de Jules Massenet monté au Metropolitan Opera de New York. Vedette du (Le) Secret de Suzanne d’Ermanno Wolf-Ferrari, elle campe Violetta dans La Traviata jouée sur la scène de la Royal Opera House de Londres et au Bolchoï à Moscou. À Londres en 1959, elle prête ses traits à Cinegonde dans Candide de Leonard Bernstein. Deux ans plus tard, RCA lui demande d’enregistrer La Bohème. Choisie pour incarner Musetta, elle donne la réplique à Anna Moffo, Richard Tucker et Robert Merrill accompagnés par une musique interprétée par l’Orchestre de Rome dirigé par Erich Leinsdorf. Toujours en 1961, Mary Costa donne de la voix pour Titania dans Le Songe d’une Nuit d’Été créé pour l’opéra de San Francisco, ainsi que pour Ninette dans Blood Moon de Norman Dello Joio. Elle est Anne Trulove dans l’opéra en trois actes La Carrière du Libertin d’Igor Stravinsky lors de sa première à San Francisco. Elle revient enfin au Metropolotain en janvier 1964 dans La Traviata de Giuseppe Verdi. Elle enfile alors une nouvelle fois le costume de Violetta. Elle est également Rosalinde dans La Chauve-Souris de Johann Strauss II et Alice Ford dans Falstaff d’après l’œuvre de William Shakespeare.
Mary Costa dans La Traviata.
À la demande de Roy O. Disney, le frère de Walt, Mary Costa est bientôt nommée au conseil d’administration du California Institute of the Arts né en 1961 de la fusion de l’Institut Chouinard et du Conservatoire de Musique de Los Angeles, alors en grandes difficultés financières. Sa réputation de soprano est alors à son apogée à tel point que Jacqueline Kennedy, qui aime beaucoup sa voix douce et apaisante, lui demande de chanter durant la cérémonie organisée au sein de la Los Angeles Sports Arena en hommage à feu le président John F. Kennedy, assassiné le 22 novembre 1963 lors d’un voyage officiel au Texas. Huit ans plus tard, elle est l’une des vedettes qui se produit à l’occasion du concert inaugural du John F. Kennedy Center for the Performing Arts construit sur la rive du Potomac, à Washington.
Mary Costa dans Le Songe d'une Nuit d'Été.
Divorcée de Frank Tashlin en 1966, Mary Costa devient, en plus de sa carrière sur les planches, une image familière pour les Américains qui la découvrent à la télévision dans de nombreuses émissions. Elle apparaît entre autres dans le Christmas Show de Bing Crosby qu’elle retrouve en 1970 dans The Hollywood Palace. Elle chante avec Frank Sinatra dans l’émission Women of the Year diffusée sur NBC. Elle partage la vedette avec Johnny Mathis mais aussi Jack Benny, qui lui offre le rôle de Madame Butterfly dans l’une de ses émissions. Elle est aussi invitée par Sammy Davis Jr. à se produire dans NBC Follies en 1972. La même année, le cinéma lui offre un tout petit rôle dans le drame musical de MGM Toute la Ville Danse réalisé par Julien Duvivier.
Mickey Rooney et Mary Costa dans NBC Follies.
Le 6 juin 1981, Mary Costa épouse Anthony G. Chase lors d'une cérémonie organisée au sein de l'All Saints Episcopal Church de Beverly Hills. Continuant de se produire sur certaines des plus belles scènes des États-Unis, elle est couronnée en 1989 par la Licia Albanese Puccini Foundation qui lui remet un prix récompensant l’ensemble de sa carrière. La même année, Mary Costa fait en outre entendre sa voix, mais dans un tout autre registre. Avec Peggy Lee et Ilene Woods, elle décide en effet d’attaquer en justice les studios Disney afin de réclamer des droits sur l’usage de sa voix alors même que La Belle au Bois Dormant, La Belle et le Clochard et Cendrillon arrivent pour la première fois sur le marché de la vidéo. Deux ans de combat devant la justice américaine lui permettent finalement d’obtenir la somme de deux millions de dollars. Loin d’être fâchés par un arrangement acceptable pour les deux parties, les studios Disney lui remettent en 1999 un Disney Legends Award pour sa contribution exceptionnelle et son interprétation sans fausse note de la princesse Aurore à présent incarnée par la comédienne Jennifer Hale.
Après une ultime apparition dans le film Titus Andronicus de Richard Griffin, Mary Costa quitte finalement la scène en 2000. Elle a soixante-dix ans et décide alors de rentrer à Knoxville, dans son Tennessee natal. Distinguée par l’American Lung Association, l’association de lutte contre les maladies pulmonaires qui la choisit comme représentante de l’État du Tennessee, elle consacre alors le reste de sa vie à diverses actions en faveur de la protection de l’enfance. Invitée à parler dans une multitude d’écoles, elle parcourt ainsi les États-Unis. Elle est également de toutes les fêtes célébrant l’héritage de La Belle au Bois Dormant. Les prix continuent par ailleurs de pleuvoir. En avril 2001, elle est notamment honorée par le Metropolitan Opera. Deux ans plus tard, le président George W. Bush la nomme membre du National Council on the Arts. Acceptant en 2004 de sortir de sa retraite pour réciter la narration d’un hommage aux chansons de Disney organisé au Hollywood Bowl, elle y sert jusqu’en 2007, année où elle intègre le Knoxville Opera Hall of Fame. Le Carson-Newman College de Jefferson City, dans le Tennessee, lui remet en outre un diplôme de Docteur honoraire en beaux-arts. Le 10 novembre 2014, c’est cette fois l’Université du Tennessee qui la consacre en la nommant Docteur honoraire en Lettres et Musique. Elle reçoit en 2015 le Tennessee’s Governor’s Arts Award.
Recevant chaque jour des sacs entiers de lettres envoyées par les fans du monde entier, Mary Costa est distinguée le 13 janvier 2021 par le président sortant Donald Trump qui lui remet la National Medal of the Arts. « Recevoir cette médaille est l’honneur suprême de ma carrière », déclare alors la soprano dans un communiqué de presse, « Je suis humblement ravie que ma joie de chanter soit ainsi récompensée ».