Ken O’Brien
Date de naissance : Le 19 décembre 1915 Lieu de Naissance : Butte, dans le Montana, aux États-Unis Date de Décès : Le 17 janvier 1990 Lieu de Décès : Ventura, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Animateur Imagineer |
La biographie
Au plus fort de leur activité, les studios Disney ont pu compter des centaines d’animateurs. Si certains sont parvenus à entrer dans l’Histoire et à laisser leur nom à la postérité, à l’instar des Neuf Vieux Messieurs, d’autres sont progressivement tombés dans l’anonymat. C’est notamment le cas de l’animateur Ken O’Brien.
Walt Disney devant ses nouveaux studios de Burbank (1940)
Kenneth (Ken) O’Brien naît le 19 décembre 1915 à Butte, dans le sud-ouest du Montana. Installé à Seattle au milieu des années 1930, il en apprend plus sur les studios Disney en lisant un article publié dans la revue Popular Mechanics. Découvrant les coulisses de l’entreprise grâce à des photographies montrant les dessinateurs au travail face à différents modèles, O’Brien décide de tenter sa chance. Il a en effet besoin d’argent pour soutenir sa mère, désormais veuve. Il dispose surtout de plusieurs dessins réalisés notamment lors de voyages dans l’Idaho en compagnie d’un ingénieur des mines. Se constituant son propre portfolio, il postule donc et parvient à se faire embaucher en janvier 1937. Les studios Disney sont en effet à l’époque une société florissante. Des dizaines de courts-métrages sortent chaque année en salle. Surtout, Walt a entrepris de réaliser le premier long-métrage sonore et en couleur de l’Histoire, Blanche Neige et les Sept Nains. Ambitieux, le projet attire le scepticisme de toute la profession. Pour l’achever dans les temps et faire taire les rumeurs, Disney a besoin de toujours plus d’artistes. En 1937, de nouvelles recrues font ainsi leur entrée parmi lesquelles Ken O’Brien.
Engagé comme intervalliste, Ken O’Brien complète quelques apparitions de la Sorcière supervisée par Norman Ferguson, Bill Roberts et John Lounsbery. Il participe ensuite à la production du (Le) Vieux Moulin. Il s’agit alors d’un travail peu gratifiant consistant principalement à animer des éléments de décors charriés par la tempête. Mais cela lui permet d’améliorer encore son art et de s’adapter à une cadence de production particulièrement soutenue. Bientôt, Ken O’Brien est promu assistant animateur. À ce poste, il collabore ainsi avec Jack Campbell, le superviseur de la Fée Bleue dans Pinocchio. À ses côtés, O’Brien s’occupe en particulier du personnage au moment où il apparaît dans la roulotte de Stromboli pour sauver Pinocchio, enfermé dans une cage.
Marié à Yuba, l’une des encreuses des studios, Ken O’Brien se lie rapidement d’amitié avec Fred Moore qui devient son mentor et son modèle. Ce dernier est à l’époque l’un des animateurs vedettes de Disney. Ses animations des nains, de Crapule ou bien de Bacchus et de Mickey dans Fantasia font partie des modèles du genre. Avec Moore, O’Brien travaille en particulier sur la séquence inspirée de La Symphonie Pastorale de Beethoven.
Ponctuellement à l’œuvre sur Bambi, Ken O’Brien devient animateur à part entière et voit pour la première fois son nom inscrit au générique d’un long-métrage Disney avec La Boîte à Musique. Après Mélodie du Sud dans lequel il croque Frère Lapin, ainsi que quelques courts-métrages comme Les Locataires de Mickey et Donald et son Arbre de Noël, il est ensuite employé sur le moyen-métrage Bongo, Roi du Cirque, l’une des séquences incluses dans le long-métrage Coquin de Printemps. Dessinant certains plans avec Lulubelle, O’Brien s’occupe entre autres d’animer les scènes avec Bongo qui, découvrant pour la première fois la nature sauvage, tente de grimper aux arbres avant de s’enivrer du bon parfum des fleurs. À la même époque, l’artiste est également associé à la production de Pecos Bill, l’un des segments de Mélodie Cocktail, se chargeant en particulier du passage montrant la femelle coyote qui découvre le petit Bill dans une grotte.
Lorsque Fred Moore, rongé par l’alcool, est renvoyé par Disney en août 1946, Ken O’Brien affiche sa solidarité envers lui et décide à son tour de quitter les studios. Ensemble, les deux artistes sont alors rapidement engagés par le concurrent Walter Lantz. Durant près de deux ans, Moore et O’Brien travaillent ainsi de concert sur quelques court-métrages mettant en scène le tonitruant Woody Woodpecker (The Mad Hatter, Wet Blanket Policy, Wild and Woody!, Drooler’s Delight) et l’adorable Andy Panda (The Playful Pelican, Scrappy Birthday).
En 1948, Walt consent finalement à reprendre Fred Moore. Ken O’Brien signe dès lors lui aussi son retour. Après avoir adapté Blanche Neige et les Sept Nains avec son collègue Al Dempster dans la collection The Little Golden Books, il est mis au travail sur La Légende de la Vallée Endormie, la seconde partie du long-métrage Le Crapaud et le Maître d’École. Animant certains plans du bal d’Halloween, il s’occupe principalement d’animer Baltus Van Tassel et la scène finale du mariage entre Katrina et Brom Bones. Après Cendrillon, Ken O’Brien planche sur Alice au Pays des Merveilles et donne en particulier vie à l’héroïne lors de sa rencontre avec la Chenille.
Ken O’Brien atteint l’un des sommets de sa carrière avec Peter Pan. Adapté de l’œuvre de James Barrie, le long-métrage offre en effet à l’artiste d’animer de superbes séquences et de dévoiler toute l’étendue de son art. C’est ainsi lui qui se charge de la majorité des apparitions de Lily la Tigresse durant la séquence du Rocher du Crâne puis la grande fête organisée au village des Indiens. Avec Moore, O’Brien dessine aussi la scène avec les sirènes. Vers la fin du film, il anime Peter en train de chercher Clochette dans les débris de sa cabane détruite après l’explosion de la bombe conçue par le Capitaine Crochet.
Après s’être beaucoup amusé à dessiner Daisy dans L’Agenda de Donald, La Belle et le Clochard est à son tour un bel exercice de style pour O’Brien, chargé de donner vie aux personnages de Jim et de Darling. Tout en s’inspirant des prises de vues réalisées avec de vrais acteurs afin de guider le travail des animateurs, c’est lui qui dessine les scènes d’ouverture durant lesquelles le couple voit Lady entrer dans leur vie. O’Brien s’occupe également d’animer Jim en train de décorer la chambre du futur bébé mais aussi en train de dévaler les escaliers pour aller chercher des fraises en pleine nuit hivernale ! L’artiste conçoit également ce très joli moment durant lequel Darling, observée par Jim et Lady par l’embrasure de la porte, berce tendrement le lit de son petit bébé.
Le segment suivant est lui aussi un véritable tour de force. Ken O’Brien hérite en effet de la séquence finale de La Belle au Bois Dormant. Après avoir montrer Aurore et Philippe qui descendent les escaliers en direction de la salle du trône, c’est lui qui conçoit cette magnifique valse qui conduit les deux amants jusque dans les nuages. Dans un registre totalement différent, Ken O’Brien participe à la production d’Aquamania avec Dingo et d’Humphrey Va à la Pêche et Dans le Sac avec l’ours Humphrey.
Après une courte collaboration avec John Sutherland qui l’associe à la production de Destination Earth, un film sur l’industrie du pétrole commandé par l’American Petroleum Institute et diffusé en 1956, Ken O’Brien rejoint les studios UPA en août 1960. À l’œuvre sur la série animée Mister Magoo, il est ensuite engagé en mars 1961 par Arnold Gillespie’s Quartet Films.
Nommé superviseur de l’animation, il participe alors à la réalisation de plusieurs spots publicitaires. Sa collaboration avec les studios Disney n’est cependant pas terminée. En 1962, Ken O’Brien quitte en effet le département animation pour rejoindre les WED Enterprises (actuellement Walt Disney Imagineering). Aux côtés d’autres transfuges du département animation tels que Marc Davis, Claude Coats, Blaine Gibson, Herb Ryman et John Hench, il participe alors au développement de la technologie des audio-animatronics notamment utilisée pour les différents spectacles conçus pour l’Exposition universelle inaugurée à New York en avril 1964.
Herb Ryman, Ken O'Brien, Collin Campbell, Marc Davis, Al Bertino, Wathel Rogers,
Mary Blair, T. Hee, Blaine Gibson, X. Atencio, Claude Coats et Yale Gracey
Entre autres projets, O’Brien est en particulier mis au travail sur l’audio-animatronic d’Abraham Lincoln. Également associé à la création des dinosaures du Ford’s Magic Skyway, il produit par ailleurs quelques concept-arts pour les attractions Pirates of the Caribbean et Country Bear Jamboree.
Quittant WED Enterprises en 1967, Ken O’Brien poursuit sa carrière sa carrière d’animateur aux sein des Bill Melendez Productions. Durant près d’une décennie, il collabore ainsi à la production de films comme Un Petit Garçon Appelé Charlie Brown et Les Galères de Charlie Brown. En 1977, il passe chez Hanna-Barbera et travaille un temps sur A Flinstone Christmas, un téléfilm de Noël avec Les Pierrafeu réalisé par Charles A. Nichols, ainsi que sur Afterschool Special : The Last of the Curlews, une émission spéciale diffusée sur ABC le 4 octobre 1972. De 1977 à 1980, O’Brien signe cette fois avec Ruby-Spears Productions et œuvre sur les séries animées Fangface, The Heathcliff and Dingbat Show, The Puppy's Further Adventure et les téléfilms The Puppy's Great Adventure, The Puppy's Amazing Rescue et P.J. Funnybunny. Autour de 1982, il intègre Filmation et inscrit son nom au générique des (Les) Maîtres de l’Univers.
Engagé en tant qu’enseignant à CalArts, Ken O’Brien est ponctuellement de retour chez Disney en 1982. Pour la branche animation, il participe à la production de Winnie l’Ourson et une Sacrée Journée pour Bourriquet. Pour WED Enterprises, il conçoit quelques esquisses pour le pavillon World of Motion d’Epcot.
Ken O’Brien décide de prendre sa retraite en 1982. Continuant cependant d’animer quelques spots publicitaires et d’enseigner à CalArts, il décède le 17 janvier 1990. Il avait soixante-quatorze ans.