Titre original :
Prometheus
Production :
20th Century Fox
Scott Free Productions
Brandywine
Dune Entertainment
Date de sortie USA :
Le 8 juin 2012
Genre :
Science-fiction
IMAX
3-D
Réalisation :
Ridley Scott
Musique :
Marc Streitenfeld
Durée :
124 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Après la découverte d’un indice majeur sur l’origine de l’humanité sur Terre, une équipe de scientifiques et d’explorateurs embarque dans un voyage jusqu’aux confins de l’univers à bord du vaisseau Prometheus pour rencontrer leurs créateurs. Là-bas, un affrontement terrifiant décidera de l’avenir de l’humanité...

La critique

rédigée par
Publiée le 29 septembre 2024

Plus de trente ans après l’introduction du xénomorphe au cinéma, Ridley Scott reprend les rênes de la saga Alien avec Prometheus, un chapitre attendu comme le Messie qui divisera malgré tout une bonne partie de son public. Privilégiant la science-fiction pure à l’horreur et l’action, cette nouvelle entrée se donne pour mission d’expliquer les origines de la créature et, pour ce faire, opte pour une approche plus philosophique et métaphysique que ses prédécesseurs.

La naissance d’un cinquième film de la saga Alien remonte à 2002, année durant laquelle Ridley Scott envisageait de revenir à la série qu’il a créée. Son but était alors de réaliser une suite qui explorerait les origines des xénomorphes et notamment le mystère autour du Space Jockey, le pilote du vaisseau transportant les œufs d’alien et dont le corps est retrouvé sans vie par l’équipage du Nostromo dans Alien, le Huitième Passager. Cette question restée sans réponse à l’issue du premier volet n’avait jamais été exploitée au cours des chapitres suivants et Scott s’étonnait que ses successeurs ne se soient pas penchés sur le sujet. Son projet prenait donc la forme d’une préquelle cherchant à raconter d’où venait l’Alien, quelle était sa raison d’être et de lier cette intrigue avec l’histoire du Space Jockey, un temps envisagé comme leur créateur. Scott contacte aussitôt le réalisateur d’Aliens, le Retour, James Cameron, dont il avait beaucoup aimé le travail dans la suite du film de 1979, afin de discuter du potentiel de cette nouvelle entrée dans la franchise, et commence à travailler avec un autre scénariste sur une intrigue pour ce nouveau film. 

Hélas, c’est à ce moment-là que 20th Century Fox se rapproche de Cameron avec un scénario pour un crossover entre Alien et les films Predator, qui opposerait les monstres des deux sagas entre eux ; ce projet devenant par la suite Alien vs. Predator. Après que le studio a confirmé que le crossover verrait bel et bien le jour, au détriment du film envisagé par Scott, Cameron rejette la proposition de réaliser le film et cesse de travailler sur son propre projet, estimant au passage que la rencontre entre le chasseur et l’Alien « tuerait la légitimité de la franchise ». Le projet se concrétise malgré tout et le métrage sort dans les salles de cinéma en 2004 avec Paul W. S. Anderson derrière la caméra, récoltant alors de belles recettes au box-office, mais recevant un accueil glacial de la part des critiques et des fans. Une suite, intitulée Aliens vs. Predator : Requiem et tout aussi mal accueillie, sera réalisée en 2007 tandis que la saga annexe connectant les deux univers ne se poursuivra ni au cinéma ni à la télévision, mais uniquement en bandes dessinées. Entretemps, en 2006, Cameron confirme qu’il ne reviendra pas au projet de suite d’Alien, ne se considérant pas disposé à faire face aux agissements du studio dans le développement d’une potentielle suite.

L’annulation d’un nouveau film Alien vs Predator suite à l’échec relatif de Requiem est confirmée en mai 2009, lorsque 20th Century Fox donne son feu vert pour un « reboot » de la saga Alien, annoncé peu après comme une préquelle sans titre officiel avec Ridley Scott aux commandes. Compte tenu de l’état de la franchise après les épisodes décevants d’Alien vs. Predator et l’accueil plutôt mitigé d’Alien, la Résurrection, il n’était pas étonnant que le studio à la fanfare entende attirer à la fois les cinéphiles occasionnels et les fidèles du xénomorphe purs et durs. Or, Scott ne souhaite pas réaliser le film, se contentant d’écrire seulement le scénario et de confier la mise en scène à Carl Erik Rinsch, plus connu pour la réalisation de publicités. Toutefois, les studios ne sont intéressés à poursuivre le projet qu’à la condition que Ridley Scott soit derrière la caméra. Le cinéaste cède alors aux exigences de 20th Century Fox tandis que le scénariste Jon Spaihts, encore inexpérimenté, est engagé pour écrire le film. Sous la supervision de Scott, Spaihts rédige le scénario sans idée préconçue et propose pas moins de cinq versions aux producteurs, toutes explorant de nouveaux territoires et faisant intervenir les « Ingénieurs », l’espèce à laquelle appartient le Space Jockey. Pour le scénariste, il est essentiel de lier l’humanité et son histoire aux Ingénieurs, perçus comme des dieux, sentiment partagé par le réalisateur qui, de son côté, fait appel à une équipe de techniciens et de spécialistes en effets visuels pour concevoir le design de ces nouveaux spécimens. 

Ceci dit, Scott et Spaihts ne sont pas en accord sur tous les points : Scott estime que les Aliens ne sont qu’un élément d’un schéma encore plus vaste comprenant entre autres les Ingénieurs, tandis que Spaihts reprend dans son script les différents stades d’évolution de l’Alien (facehugger, chestburster et son apparence finale) et situe l’action sur la planète LV-426, planète où furent découverts les œufs dans Alien, le Huitième Passager, afin de faire le lien entre ce nouveau volet et le film de 1979. Le scénariste trouve également difficile de traduire les concepts visuels de Scott en texte et limite périodiquement certaines de ses idées. Le scénario de Spaihts raconte ainsi que les Ingénieurs souhaitent provoquer l’extinction de l’humanité en lâchant une armée de facehuggers et s’achève sur la mort du Space Jockey du film original, dont le cadavre fossilisé sera découvert bien des années plus tard par l’équipage du Nostromo. Mais Scott souhaitant aborder le film par le biais de la création, inspiré par l'un des personnages déjà présent dans le scénario de Spaihts (l'androïde David), décide de le faire réécrire par Damon Lindelof, connu pour avoir travaillé sur les séries Lost : Les Disparus, The Leftovers et Watchmen, mais aussi en tant que coscénariste de Star Trek : Into Darkness et À la Poursuite de Demain. Au fil des réécritures, le scénario prend beaucoup de distances avec la franchise et narre une histoire autour d’humains rencontrant leurs créateurs, les Ingénieurs, en lieu et place des origines de l’Alien. Le film prend ainsi le nom de Prometheus, en référence au mythe de Prométhée, et s’éloigne volontairement de la saga pour traiter de sujets beaucoup plus complexes.

Une fois le scénario rédigé, les prises de vue débutent en mars 2011 dans les studios Pinewood, où furent tournés les trois premiers opus de la franchise, en 3D et avec un grand nombre de décors et d’effets spéciaux classiques plutôt que numériques. Au casting, Ridley Scott s’entoure d’une belle distribution, à commencer par l’actrice suédoise Noomi Rapace dans le rôle de l’archéologue Elizabeth Shaw, révélée par le film Millenium et ses suites (2009-2010), adaptés des romans de Stieg Larsson, et depuis tête d’affiche de longs métrages dont Sherlock Holmes : Jeu d’Ombres (2011), Dead Man Down (2013), Rupture (2016), Seven Sisters (2017), Lamb (2021) et Assassin Club (2023). L’acteur Michael Fassbender (Inglourious Bastards, Magneto dans X-Men : Le Commencement, X-Men : Days of Future Past, X-Men : Apocalypse et X-Men : Dark Phoenix, Steve Jobs de Danny Boyle, Twelve Years A Slave, Une Vie Entre Deux Océans, Une Équipe de Rêve) incarne l’énigmatique androïde David. L’actrice et mannequin Charlize Theron, récompensée par l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Monster (2003) et connue du cinéma d’action (Mad Max : Fury Road, Fast and Furious 8, Atomic Blonde, The Old Guard) et fantastique (Blanche-Neige et le Chasseur, Le Chasseur et la Reine des Glaces, L’École du Bien et du Mal), campe, pour sa part, la froide Meredith Vickers. L’acteur et scénariste britannique Idris Elba, connu à la télévision dans les séries Sur Écoute (2002-2008) et Luther (2010-2019) et au cinéma dans Star Trek: Sans Limite, Mandela : Un Long Chemin Vers la Liberté, la trilogie Thor (2011-2017) et The Suicide Squad, joue, lui, le capitaine du Prometheus, Janek. Enfin, l’acteur Guy Pearce (L.A. Confidential, Memento, Iron Man 3, la série Mildred Pierce) incarne une version beaucoup plus âgée de Peter Weyland tandis que Logan Marshall-Green (L’Élite de Brooklyn, Snowden, Spider-Man : Homecoming, Upgrade), est casté dans le rôle de Charlie Holloway, collègue et intérêt amoureux d’Elizabeth Shaw.

Signant le retour de Ridley Scott dans le genre qui l’a révélé au grand public, Prometheus marque également la renaissance d’une franchise demeurée en état végétatif depuis la réception mitigée d’Alien, la Résurrection et la tentative très discutable de la part de 20th Century Fox d’associer deux licences lucratives au détriment de l’aspect artistique. Le point d’orgue du film est la localisation, par le Nostromo, d’un vaisseau inconnu piloté par un extraterrestre identifié sous le nom de « Space Jockey » et l’origine de ces pilotes intergalactiques. Le film s’ouvre donc sur une scène captivante et soigneusement rythmée, à l’esthétique magistrale, qui place forcément la barre plus haut et fait monter les attentes du public. Un vaisseau atterrit sur une planète non répertoriée, libérant un extraterrestre humanoïde qui explore les lieux, scrute les alentours et absorbe un liquide noir, ce qui provoque sa désintégration et la propagation de son organisme, et donc de sa génétique, dans l'environnement, donnant naissance à différentes formes de vie. À cet instant, le film respecte ses intentions de raconter la création du xénomorphe et accessoirement de l’être humain, tout en reprenant les écrits et théories de l'auteur Eric von Däniken selon lesquels les premières civilisations étaient capables de construire des pyramides massives avec l’aide d’extraterrestres, idée basée sur des interprétations erronées de la mythologie aztèque. Après cette introduction prometteuse, Prometheus transporte aussitôt son audience en 2093 et présente ses personnages humains, partis dans l’espace à bord d’un vaisseau éponyme suite à la découverte d’une carte stellaire laissée par des écrits préhistoriques. Ces vestiges ont pour point commun le même emplacement dans l’univers, la planète LV-223, et le but de l'expédition est de rencontrer potentiellement les créateurs de l’humanité.

La mission est financée par l’entité malveillante de la saga, Weyland Industries, avant sa fusion avec la compagnie Yutani, et dont le fondateur, Peter Weyland, un milliardaire âgé et mourant, s’intéresse aux travaux de l’archéologue Elizabeth Shaw et de son petit ami Charlie Holloway, qui ont découvert ce qu’ils ont interprété comme un signe de l’existence des Ingénieurs, les supposés créateurs de l’homme, capables de modifier la vie à volonté. La mission est supervisée par Meredith Vickers, une figure glaciale attachée à l’auto-préservation, mais dont l’autorité est souvent contestée par le capitaine du navire, Janek. Parmi eux, un androïde du nom de David, lui aussi cherchant à comprendre la création et dont la curiosité instaure un sentiment de malaise et de suspicion envers son personnage, la franchise initiée par Scott ayant appris au spectateur à se méfier de ce type d’humanoïde. Enfin, une douzaine de scientifiques et de médecins sont également de la partie. L’équipage se réveille alors de sa cryogénisation et le vaisseau se pose à destination, où il localise rapidement une structure construite par les Ingénieurs, dans laquelle se trouvent des technologies très anciennes, bien qu’avancées, ainsi que des cadavres d’Ingénieurs qui visiblement cherchaient à fuir quelque chose. Il apparaît rapidement que ce voyage mène vers l’enfer, une sorte d'autel sacrificiel où les humains sont donnés en offrande à des dieux sortis tout droit d’un cauchemar. Les explorateurs se retrouvent également confrontés à une matière organique noire et mortelle, semblable à celle vue dans l’introduction du film, qui pénètre dans le corps de ses victimes et provoque des maladies et des hallucinations, voire les transforme en un attaquant extrêmement violent.

Dans une tentative de redonner à la saga sa splendeur d’origine, plusieurs années après son coup d’éclat, Scott réalise cette semi-préquelle, plus précisément assimilée à un spin-off tangentiel, et prouve à nouveau que sa réputation de maître de la science-fiction et de l’horreur n’est plus à contester. Mais Prometheus trouve-t-il le bon équilibre entre des clins d’œil affectueux à Alien tout en fonctionnant comme un métrage de science-fiction autonome, intelligent et captivant ? La réponse est oui, du moins la plupart du temps. Alors que Prometheus offre une expérience et une histoire de science-fiction presque inégalées dans le cinéma moderne, son lien avec les films Alien est, parfois, un peu lourd ou maladroitement géré et, le plus triste, beaucoup moins convaincant que les événements qu’il dépeint. Par conséquent, le métrage est une œuvre clivante, dont l’appréciation sera fortement variable en fonction de la personne qui le regarde. Le public occasionnel devrait apprécier le récit de base et les effets spéciaux à couper le souffle, mais peut tout aussi bien être dérouté par le temps passé par le film pour raccrocher son intrigue à l’univers Alien, et inversement, les fans inconditionnels peuvent être tout aussi déconcertés par certaines des réponses fournies, quand elles ne sont pas tout simplement absentes. Conçu comme une œuvre épique aux visuels soignés et aux moments d’action et de terreur intenses, le tout rehaussé par une réflexion philosophique intéressante, le film souffre hélas d’un scénario chargé, dont les ambitions étaient peut-être trop élevées aux vues du rendu final.

L’intrigue de base présente quelques similitudes avec Alien vs. Predator, qui lui-même s’inspirait des travaux de James Cameron lorsque ce dernier avait commencé à rédiger un traitement pour un potentiel prequel avant que 20th Century Fox ne valide le projet de crossover entre les deux monstres. À première vue, Prometheus semble répéter le même schéma, avec la présence de Peter Weyland, campé par Lance Henriksen dans le film de Paul W. S. Anderson, la mise en place d’une expédition financée par lui après réception d’un signal émis à l’autre bout de la planète, la découverte de ruines abritant les vestiges d’une civilisation évoluée venue d’ailleurs. Mais les ressemblances s'arrêtent là et témoignent surtout de la volonté de Scott de rester attaché à la vision de James Cameron et l’ignorance totale des événements survenus dans le diptyque Alien vs. Predator. Le thème de base du film est donc une question qui hante bon nombre d’individus et que l'humanité s’est posée tout au long de son histoire : ses origines. Le scénario de Prometheus tente alors une approche cérébrale et intellectuelle du sujet mais va trop loin, essayant de jongler avec un surnombre de personnages et d’être le plus accessible possible pour attirer le plus grand nombre, afin que les non-initiés ne soient pas perdus. 

Le résultat paraît flou et s’éloigne régulièrement de son idée de base, jusqu’à se perdre dans des explications compliquées voire chaotiques. Si le film éveille la curiosité du spectateur, qui est souvent en questionnement face aux indices laissés par l’intrigue, ses ambitions sont anéanties tant le script a du mal à trouver l’équilibre entre œuvre de science-fiction teintée d’horreur et de monstres effrayants et film au message existentiel. Tandis que le scénario originel de Jon Spaiths préférait un survival dans l’espace menant aux événements d’Alien, le Huitième Passager en faisant intervenir les xénomorphes, celui de Damon Lindelof, qui s’était basé sur les travaux de Spaiths, veut explorer tant de pistes différentes qu’il finit par perdre le public. Le script de base avait pour antagoniste l’Alien, ce qui aurait rendu l’ensemble des péripéties logiques et cohérentes, là où Lindelof ne retient que quelques dérivés de la créature bien connue des fans de la saga, qui ne constituent pas la réelle menace du film. Ce rôle est attribué à l’étrange matière noire découverte par les personnages, qui provoque des mutations, détruit ceux qui y sont exposés et peut même introduire un foetus extraterrestre dans un corps humain. Cette matière ne fait donc jamais la même chose et semble n’obéir qu’à la volonté d’un scénario qui hésite constamment sur le rôle à lui donner dans l’intrigue et les effets qu’elle produit. En fin de compte, censé apporter des réponses et quelques pistes sur le lien qui unit l’être humain à l’Alien, Prometheus laisse plus de questions qu’au début et certaines ne trouvent pas de conclusions. 

Le film a tout de même le mérite de soulever des questions beaucoup plus vastes et pertinentes sur les merveilles et les horreurs de la création, ainsi que sur la place de l’humanité dans l’univers. À l’image d’autres œuvres sujettes à diverses interprétations telles 2001, l’Odyssée de l’Espace ou Blade Runner, Prometheus permet de pousser la réflexion et égaye la créativité de son public, qui peut choisir lui-même comment il discerne les événements auxquels il assiste. Les interrogations qu’il laisse font partie de l’expérience et complètent le plaisir du long-métrage plutôt que de laisser son public insatisfait. Cependant, en n’offrant que des réponses ambiguës, Prometheus souffre d’incohérences qui détournent l’attention. Les motivations de certains personnages ne sont jamais entièrement expliquées et ce défaut semble plus être un artifice qu’une décision de narration censée stimuler l’imaginaire. Bien que Scott livre un excellent mélange de science-fiction et d’horreur extraterrestre, il est sage de ne pas considérer Prometheus comme l’aboutissement de tout un univers cinématographique et l’explication à toutes les interrogations que tout fan ou profane se pose sur la saga Alien. Il convient de voir l’opus comme un formidable film de science-fiction qui marque le retour de l’un des plus grands cinéastes du genre à la franchise qu’il a contribué à créer.

Car Prometheus est sans conteste l’entrée la plus audacieuse de la saga Alien, une entreprise risquée de la part de Ridley Scott, qui signe ici son film le plus personnel et son retour dans la science-fiction. Aucun des réalisateurs l’ayant suivi n’était allé aussi loin dans l’exploration de la mythologie. Prometheus est l’histoire d’humains qui vont littéralement rencontrer leur créateur, or il s’avère que celui-ci n’est pas enclin à les rencontrer, mais plutôt à les effacer de la surface de l’univers. Lorsque l’équipage du vaisseau arrive sur la planète sur laquelle Elizabeth Shaw croit que résident ces « dieux », ils trouvent quelque chose de bien plus proche de l’enfer que du paradis. Les lieux sont remplis de souffrance et, surtout, de parasites pouvant transformer un être humain en monstre et une femme infertile en une femme enceinte, voire à quelque chose ressemblant au diable. Enfin, il s’avère que la planète n’est pas le jardin d’Éden qu’ils pensaient trouver, mais un gigantesque bunker rempli d’armes de destruction massive ou biologiques ayant la forme de xénomorphes, du moins dans une forme précoce de ceux-ci, et que les Ingénieurs comptaient utiliser pour éradiquer l’espèce humaine. Bien plus que d’offrir un spectacle empli de frissons et d’action palpitante, l’opus pose la réflexion suivante : pourquoi des Dieux voudraient-ils détruire leur création ? 

La franchise Alien s’est à plusieurs reprises penchée sur la place de l’homme dans l’univers et, plus encore, sur sa tendance à s’approprier tout ce qu’il découvre et à anéantir l’environnement où il évolue. Aliens, le Retour mettait en scène une Ellen Ripley accompagnant une nouvelle équipe partie sauver des scientifiques envoyés sur la planète LV-426 pour l’étudier dans le but d’en faire un lieu habitable pour l’être humain, quitte à supprimer ce qui s’y trouve pour ne pas perturber ces plans. Alien³ se déroulait sur une planète prison dans laquelle étaient entassés tous les pires criminels que l’humanité a jamais portés. Puis, Alien, la Résurrection posait la question du clonage et de la génétique, avec une Ellen Ripley qui n’est pas l’originelle, mais une copie conforme engendrée par les travaux de scientifiques voulant extraire de son corps la Reine alien qui évoluait en elle à la fin du précédent film. Prometheus poursuit sur cette lancée en mettant l’homme face à son géniteur, qui souhaite désormais détruire ce qu’il a engendré, probablement parce qu’il s’est aperçu du danger que représente l’humain pour l’univers tout entier. Cette question, puissante, inattendue et d’une noirceur absolue renvoie donc automatiquement à tout ce que la saga avait exploré jusqu’à Prometheus, qui s’inscrit parfaitement bien dans la chronologie. Ce n’est pas seulement un spin-off ou juste une préquelle tentant vainement de raccrocher les wagons avec ses prédécesseurs, mais un film inspiré par la religion et les récits bibliques dans lequel l’homme qui utilise tout pour son propre profit doit désormais subir la colère de son créateur et répondre de ses actes. Prometheus ne cherche ainsi pas à démontrer quelle théorie sur l’existence de l’homme est la plus plausible, mais se demande plutôt si la connaissance scientifique et la foi en Dieu peuvent coexister.

Prometheus n’est pas sans défauts. La mythologie de l’histoire est un peu floue, même si ce n’est pas forcément une mauvaise chose, car cela permet au public d’interpréter les événements à sa manière et de les relier entre eux. Il y a beaucoup d’analyses à faire. En cherchant à connaître leurs origines et à lever le voile sur l’identité de leurs créateurs, les héros du film ne prennent-ils pas un risque ? Se considèrent-ils dignes de se mesurer à une entité supérieure au point de ne pas craindre le châtiment de cette dernière pour l’avoir défiée ? S’il n’apporte pas toutes les réponses aux questions qu’il soulève, Prometheus livre un peu de nouveautés et propose autre chose qu’une aventure spatiale aux motivations très simples dans laquelle des humains cherchent à échapper à des créatures extraterrestres qui leur veulent du mal. Ayant repris l’écriture du script en cours de production, Damon Lindelof parvient à livrer une pseudo-préquelle qui n’est pas altérée par les épisodes ultérieurs et raconte, au lieu de cela, une toute nouvelle histoire plus grande et tout aussi intrigante que son matériel de base. À certains moments, les liens réels avec la franchise Alien ne sont pas franchement indispensables au succès de cette intrigue inédite et donnent l’impression d’étendre la mythologie. Aussi, il ne faut pas voir Prometheus comme une entité totalement distincte de la franchise, mais une annexe apportant une pierre à l’édifice construit par Alien, le Huitième Passager et poursuivi par Aliens, le Retour. Le film parvient avec brio à raconter une histoire dont l’une des conséquences sera le premier Alien et à explorer de nouvelles contrées à la fois totalement étrangères, mais aussi curieusement familières. Le public s’attend en effet à assister aux événements ayant mené progressivement à la découverte des œufs d'alien à bord du vaisseau du premier film, mais ne sait jamais comment tout va se dérouler et c’est cette incertitude et la peur qu’elle instille qui fait la force de Prometheus.

Du début à la fin, Prometheus est un régal fantastique pour presque tous les sens, les effets visuels étant tout aussi épiques que les décors, conçus par Arthur Max, chef décorateur de Scott sur la majorité de ses films depuis À Armes Égales : G.I. Jane et nommé deux fois pour l’Oscar des Meilleurs Décors pour Gladiator (2001) et American Gangster (2008). Le vaisseau est une merveille de technologie, tandis que la planète LV-223 et les monuments, ainsi que tous les éléments qui s’y trouvent, sont un plaisir pour les yeux. Le film livre des images grandioses et inquiétantes, qui comptent parmi les plus exaltantes de toute la saga et du cinéma de science-fiction en lui-même, ne serait-ce que la tête géante dotée de mouvements, le design des Ingénieurs ou encore l’attaque de cette étrange matière noire et les effets dévastateurs voire horrifiques qu’elle provoque sur les membres de l’équipe. Les images de synthèse utilisées pour les Ingénieurs et les scènes de vol sont incroyablement réalisées, bien que le design du bestiaire et même des Ingénieurs a du mal à rivaliser avec les travaux de H. R. Giger et n’ont pas le même impact que l’Alien d’origine dans l’esprit du public. Le design des Ingénieurs tranche également complètement avec celui du Space Jockey d’Alien, le Huitième Passager, auxquels ils sont supposés ressembler, ce dernier ayant une taille bien plus grande, bien que le doute persiste sur la véritable nature de cette créature. Il n’empêche que le réalisateur fait ressentir l’atmosphère pesante et lourde des lieux, que ce soit les scènes d’intérieur ou les paysages qui semblent vierges de toute civilisation, mais ne sont en aucun cas rassurants. Chaque instant de calme, d’exploration, de terreur ou d’action remplit l’écran et retient l’attention, avec en fond des effets sonores et une musique de toute beauté. Qu’il s’agisse d’une scène calme débordante de tension ou une explosion massive et assourdissante, Ridley Scott fait ressentir tout ce qu’il met en scène et implique souvent son public. Son savoir-faire en tant que metteur en scène fournit une infinité de trouvailles visuelles pour contrer une intrigue qui pourrait sembler bancale voire incohérente pour l’audience la plus exigeante. Si son scénario peut ainsi refroidir bon nombre de fans de la saga, les travaux effectués par Scott sur la forme du métrage sont indéniablement réussis et ont un pouvoir immersif extrêmement fort.

Tout comme il l’a fait dans Alien, le Huitième Passager, Scott réussit à tirer le meilleur parti de son casting. En tant qu’androïde de l’équipe, Michael Fassbender perpétue la tradition de la saga en faisant du personnage de robot du film l’un des rôles les plus fascinants et intéressants. Son interprétation de David est un savoureux mélange entre un être à l’aspect humain et un robot à la logique implacablement binaire. Ses motivations sont, quant à elle, assez déroutantes : il souhaite en secret expérimenter la matière noire à des fins personnelles et la ramener sur Terre pour l’étudier, peut-être pour détruire l’humanité, mais sa dévotion envers Peter Weyland ne permet jamais vraiment de savoir quelles sont ses réelles intentions et s’il est vraiment au service du bien. Le personnage incarne un des thèmes chers à la filmographie de Ridley Scott, à savoir l’intelligence artificielle. David est comme les humains mais ne veut pas être comme eux, il est créé à l’image de l’humanité et existe donc parmi ses créateurs, d’où le fait qu’il cherche lui-même des réponses non pas sur les origines de l’être humain, mais sur la création de toute forme de vie. 
Une fois de plus, Scott créé un personnage féminin fort en la personne d’Elizabeth Shaw, qui dans l’intrigue se rapproche du croyant strict, malgré ce qu’elle a découvert sur les origines de l’homme et s’accroche à sa foi même dans les situations les plus périlleuses et en dépit des épreuves qu’elle traverse au cours du film. Ses émotions sont sincères, crédibles et le personnage est plus téméraire qu’en apparence. Réalisant peu à peu ce qu’ils ont découvert, le ton exubérant, joyeux et plein d’espoir qu’elle employait devient de plus en plus opprimé et horrifié. Même si ses croyances sont dépassées en apprenant que les humains sont une création des Ingénieurs et non d’une divinité, sa foi n’est pas ébranlée pour autant mais renforcée. En se posant des questions et en cherchant un sens et un but à son existence, Shaw est ainsi protégée du danger grâce à sa foi, ce qui la sauve de certaines situations et en fait un personnage remarquablement bien écrit. L’actrice Noomi Rapace s’approprie vraiment le personnage et donne au public une héroïne à l’espoir aveugle qui, plutôt que de foncer tête baissée face à l’adversité, se montre beaucoup plus maligne que ses ennemis et aborde le danger en tant que scientifique à l’esprit vif et non de manière brutale et inopinée. Sa compréhension du monde de l’horreur et du jeu à adopter dans ce genre de production est particulièrement évidente dans une scène marquante voire traumatisante pour les plus sensibles combinant claustrophobie, peur de l’inconnu et auto-mutilation, le tout dans une ambiance cauchemardesque. 

Parmi les autres personnages marquants, Charlie Holloway, associé de Shaw et plus désenchanté que sa collègue, est celui qui doute de sa foi en une puissance supérieure et désire savoir pourquoi les Ingénieurs ont créé la vie humaine et la raison pour laquelle ils les ont abandonnés. Il se sent encore plus délaissé lorsque les Ingénieurs ne sont pas là pour les accueillir une fois arrivés sur leur planète. Meredith Vickers, représentante de la société Weyland, ne s’intéresse, quant à elle, pas aux origines de l’humanité et a pour seule mission de s’assurer du succès de l’expédition du Prometheus. Glaciale et sans grande empathie, elle fait froid dans le dos et n’est là que pour suivre les ordres. C’est une femme endurcie et déterminée qui se soucie peu de l’expédition dont elle est responsable, mais sait faire preuve d’humanité lorsque les circonstances l’exigent. Il y a une peur de l’inconnu dans son comportement, peut-être provoquée par une vie de travail acharné pour obtenir son statut au sein de Weyland et cette peur finit par être justifiée. Malheureusement, mis à part ces personnages, les autres membres de l’équipe manquent de développement, malgré la présence très appréciée d’Idris Elba à la distribution, ce qui est plutôt décevant et nuit souvent à l’implication du spectateur sur le sort qui leur est réservé.

Pour la musique, Ridley Scott s’est offert les services de Marc Streitenfeld, qui a composé la partition de plusieurs films du réalisateur (Une Grande Année, American Gangster, Mensonges d’État, Robin des Bois). Avec Prometheus, Streitenfeld signe pour la première fois la bande originale d’une production de cette ampleur, ayant avant cela assisté le compositeur Hans Zimmer sur un grand nombre de longs-métrages (dont Gladiator de Scott, mais aussi Rock, Le Prince d’Égypte, Hannibal, Le Dernier Samouraï). Le compositeur emmène le public dans un voyage vers un paysage sonore totalement nouveau, rappelant les envolées de Jerry Goldsmith dans Alien, le Huitième Passager, avec certaines secousses gutturales et des cuivres provoquant la terreur et le malaise, et imitant la sauvagerie soudaine et rauque des xénomorphes. Accompagné d’un orchestre de 90 musiciens, Streitenfeld multiplie les dissonances et les conceptions sonores atmosphériques au détriment d’une partition musicale traditionnelle, et incorpore un large éventail de percussions extravagantes. La musique étant en partie écrite à l’envers, Streitenfeld a ensuite inversé numériquement les repères pour que la partition soit jouée vers l’avant : cela crée une cadence très inhabituelle et troublante qui reste mélodique, mais avec une tournure sensorielle étrange, accentuant certaines notes par decrescendo et rythmes décalés mais néanmoins d’un fluidité déconcertante. La bande originale comporte également de nombreux passages émouvants, faisant l’éloge de la beauté extraterrestre et des morceaux de bravoure qui ponctuent le film, optant ainsi pour des cordes douces et ondulantes, mais aussi mécaniques et souterraines. Aussi, si Prometheus peut provoquer quelques réserves, sa musique est fortement recommandable par son aspect étrange, mélodique et savamment violent.

Pour accompagner la sortie du film, Ridley Scott présente une première bande-annonce complète le 17 mars 2012 lors de la WonderCon à Anaheim, en Californie. Les réactions à la bande-annonce des participants à la WonderCon et sur les réseaux sociaux sont généralement positives, et elle réalise près de trois millions de vues dans les trois jours qui ont suivi sa sortie. Le 10 avril 2012, les médias ont visionné un montage de 13 minutes de scènes en 3D de l’ouverture du film au View Cinema de Leicester Square à Londres. La projection, et en particulier les visuels en 3D et les performances de Fassbender, Rapace, Theron et Elba, ont été bien accueillis. Le 29 avril 2012, la bande-annonce officielle est diffusée sur la chaîne Channel 4 au Royaume-Uni : les téléspectateurs sont alors encouragés à partager leurs opinions, dont certaines ont ensuite été partagées au cours d’une autre diffusion en direct lors d’une pause publicitaire ultérieure. C’était la première fois que les tweets des téléspectateurs étaient utilisés dans une publicité diffusée à la télévision, bien que cette technique fit l’objet d’une enquête de la part de l’organisme de régulation de la radiodiffusion britannique Ofcom pour avoir prétendument enfreint les règles de diffusion lorsqu’une voix off a encouragé les téléspectateurs à réserver des billets pendant la publicité avec le logo de Channel 4 à l’écran. La diffusion de la bande-annonce avait alors potentiellement enfreint une décision selon laquelle la publicité et le télé-achat doivent être clairement distincts du contenu éditorial.

Lancé donc en grandes pompes par les studios et ses créateurs, largement attendu et craint par le public et les fans de la saga du monde entier, Prometheus sort tout d’abord dans les salles au Royaume-Uni le 1er juin 2012 puis aux États-Unis le 8 juin. Après un bon départ en Amérique du Nord, le film n'a pas répondu aux attentes du studio, mais a réalisé des scores très honorables au box-office et se voit considéré comme un succès commercial. Aux États-Unis, l'opus rapporte 126,4 millions de dollars, contre 276,9 millions de dollars à l’international, pour un total mondial de 403,4 millions de dollars contre un budget avoisinant les 130 millions de dollars, ce qui en fait le film d'horreur le plus rentable de l’année 2012.
Prometheus avait la lourde tâche de surprendre et de contenter les amateurs de la saga, ainsi que les critiques, qui lui accordent un accueil plutôt positif. Les critiques saluent l’audace de Ridley Scott et font l’éloge de l’esthétique visuelle du film, de son design et des performances de Michael Fassbender et Noomi Rapace. L’intrigue suscite néanmoins des réactions mitigées qui, sans surprise, reprochent à Prometheus de ne pas résoudre certains éléments, quand ceux-ci ne sont pas considérés comme prévisibles. Les scènes d’action et d’horreur demeurent appréciées et permettent toujours selon les critiques de racheter le manque de réponses précises. La presse américaine est stupéfaite par la qualité des effets visuels et applaudit le jeu des acteurs principaux, mais considère que le film « répond trop aux attentes imaginaires du public alors qu’une vision un peu plus aventureuse aurait pu l’emmener vers des destinations insoupçonnées et excitantes ». 

D’autres critiques un peu plus sévères estiment qu’après une mise en place agréable, le déroulement du film est ample, déroutant et parfois légèrement ennuyeux, et que l’opus ne se raccorde pas avec la franchise en particulier à cause de la réécriture du scénario initial de Jon Spaihts. Prometheus est toutefois défendu par James Cameron lui-même, qui déclarera l'avoir apprécié, notamment pour sa photographie et le retour de Ridley Scott à la science-fiction.
Enfin, le film est sélectionné dans plusieurs cérémonies de récompenses et reçoit des nominations notamment aux Saturn Awards, qui honorent les meilleures performances du cinéma de science-fiction, d’horreur et de la culture populaire, aux Oscars de 2013 dans la catégorie Meilleurs Effets Visuels, ou encore à la Motion Picture Sound Editors Awards dans la catégorie Meilleur Montage Son - Effets Sonores et bruitages dans un film. Il remporte au final le Prix de la Meilleure Direction Artistique aux Las Vegas Film Critics Society Awards, tandis que Michael Fassbender reçoit le Prix du Meilleur acteur dans un second rôle aux Fright Meter Awards et de Meilleur Acteur dans un Film Fantastique aux CinEuphoria Awards. Marc Streitenfeld se voit quant à lui décerné un prix par l’American Society of Composers, Authors and Publishers, organisation américaine de gestion des droits d’auteurs des compositeurs, auteurs et éditeurs de musique, pour son travail sur l’opus.

Malgré des réactions assez mitigées et encouragé par le succès commercial du film, Scott envisage d’emblée la suite de Prometheus et déclare en mars 2012 que les nombreuses questions non résolues pourraient trouver une réponse dans une suite. En juin 2012, Lindelof a déclaré que bien que des éléments de l’intrigue aient été délibérément laissés en suspens afin qu’ils puissent être explorés dans une suite, lui et Scott ayant déjà discuté en profondeur de ce qui devait être résolu pour que Prometheus soit considéré comme unitaire, car une suite n’était pas garantie. Or, en août 2012, une suite a été annoncée comme étant en développement pour une sortie au cinéma au plus tôt en 2014. Cette suite, intitulée Alien : Covenant et toujours avec Ridley Scott aux commandes, verra finalement le jour en 2017 et connaîtra une sortie et un accueil tout aussi houleux que son aîné...

Entre demi-préquelle et film dérivé, Prometheus est une œuvre de science-fiction unique, singulière, visuellement étonnante et surprenante, explorant des thématiques vraiment passionnantes, qui ne plaira certainement pas à tous les publics tant elle tranche complètement avec la franchise qu’elle est censée compléter, sans parler de son scénario original mais assez confus. L’opus permet tout de même d’apporter un peu de nouveauté à une saga en manque d’innovation et soulève des interrogations bien plus palpitantes que les réponses légitimement attendues.

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