The Rocky Horror Picture Show
Titre original : The Rocky Horror Picture Show Production : 20th Century Fox Michael White Productions Date de sortie USA : Le 26 septembre 1975 Genre : Comédie musicale |
Réalisation : Jim Sharman Musique : Richard Hartley Richard O’Brien Durée : 100 minutes |
Le synopsis
Janet et Brad forment un gentil petit couple quelque peu coincé qui vient de se fiancer. Par une nuit d'orage, alors qu’ils se rendent chez leur ancien professeur de sciences dans la classe duquel ils se sont rencontrés, un pneu de leur voiture éclate. Obligés de se réfugier dans un mystérieux château, ils vont faire la rencontre de ses occupants pour le moins bizarres, qui se livrent à de bien étranges expériences. |
La critique
The Rocky Horror Picture Show est un film d’horreur musical. Délire chantant sexuellement débridé et bourré d’humour, il rend un hommage appuyé aux films de série B, de science-fiction et d’épouvante. Réalisé par Jim Sharman et produit par 20th Century Fox, le film sort au cinéma en 1975. Il s’agit alors de l’adaptation sur grand écran de la comédie musicale The Rocky Horror Show créée par Richard O’Brien et présentée à Londres en 1973.
À l’origine, le spectacle est produit et réalisé par Jim Sharman avec un livret, une musique et des chansons de Richard O’Brien. Il est officiellement présenté au Royal Court Theater dans le West End le 19 juin 1973 et obtient le prix de la Comédie Musicale de 1973 aux Evening Standard Awards en janvier 1974. Le 13 septembre 1980, The Rocky Horror Show dit au revoir au West End après 2960 représentations dans divers théâtres londoniens. En parallèle, une production se lance de l’autre côté de l’atlantique. D’abord à Los Angeles durant neuf mois en 1974 puis à Broadway en 1975 pour seulement trois avant-premières et quarante-cinq représentations. La production originale de Broadway sera tout de même nommée aux Tony Awards et aux Drama Desk Awards, les deux plus grands prix récompensant l’excellence du théâtre new-yorkais, en 1975.
Le 14 août 1975, l’adaptation cinématographique de The Rocky Horror Show est présentée sur les écrans avec toujours Richard O’Brien et Jim Sharman aux commandes.
Jim Sharman est un réalisateur et écrivain australien de cinéma et de théâtre. Il est surtout connu internationalement pour son travail sur les versions théâtrales et cinématographiques de The Rocky Horror Picture Show, mais également d’autres productions internationales de musicals bien connus tels que Hair et Jesus Christ Superstar. C’est au cours de la production londonienne de ce dernier, en 1972, qu’il rencontre Richard O’Brien et l’encourage à bâtir un script à partir des chansons qu’il a écrites, s’inspirant de ses souvenirs d’adolescent et d’une histoire de science-fiction avec des références aux films d’horreur de série B qu’il affectionne.
Richard O’Brien est un acteur, écrivain, musicien et présentateur de télévision anglo-néo-zélandais. Il est non seulement le créateur de la comédie musicale originale, mais également le co-scénariste de la version filmique et l’interprète de Riff Raff, le majordome. Parmi sa longue carrière, il est à noter sa participation au film À Tout Jamais : Une Histoire de Cendrillon, où il incarne le personnage de Pierre Le Pieu mais son doublage du personnage de Lawrence Fletcher, le père de Ferb dans Phinéas et Ferb.
Comme son nom l’indique, The Rocky Horror Picture Show est un spectacle. Un beau bazar même. Le film suit l’histoire de Janet et Brad, un couple récemment fiancé, qui se retrouve par hasard dans un manoir quelque peu inquiétant. Ils sont alors accueillis par Riff Raff, le majordome, Magenta et Columbia les domestiques et tout un groupe de personnes présentes pour le Meeting Annuel des Transylvaniens. Le maître des lieux n’est autre que le Dr. Frank-N-Furter, sorte de mixte entre Dracula et le Dr. Frankenstein, tout en bustier, porte-jarretelles, bas-résille et talons hauts, qui se présente comme « un gentil travesti qui vient de Transsexuel, en Transylvanie ». Il conduit alors Brad et Janet dans son laboratoire où l’ensemble des invités assiste à la naissance de Rocky, la créature blonde toute en muscles et sous-vêtements dorés créée par le Dr Frank-N-Furter à des fins purement sexuelles…
Le Dr Frank-N-Furter est incarné par Tim Curry pour ce qui est son premier rôle sur grand écran. Rôle qu’il incarnait déjà sur scène pour la production originelle londonienne, mais également pour les productions de Los Angelès et de Broadway. Acteur et chanteur britannique né en 1946 dans le Cheshire (Angleterre), il enchaîne ensuite les succès avec Annie, Legend ou encore À La Poursuite d’Octobre Rouge et devient inoubliable grâce à son rôle du clown Grippe-Sous dans l’adaptation télévisée du roman de Stephen King Ça, en 1990. Pour Disney, il joue avec excellence le rôle du concierge du Plaza Hotel où réside Kevin dans Maman, J’ai Encore Raté l’Avion... Et Je Suis Perdu Dans New York, prête ses traits au Cardinal de Richelieu en 1993 dans Les Trois Mousquetaires et devient Long John Silver dans L’Île au Trésor des Muppets. Acteur de théâtre, il participe à plusieurs productions londoniennes et new-yorkaises : Hair, Travesties, Amadeus, Spamalot ou My Favourite Year. Ses distinctions théâtrales lui vaudront trois nominations aux Tony Awards et deux nominations aux Laurence Olivier Awards. Également acteur de doublage prolifique, il prête notamment sa voix au personnage de Hexxus dans Les Aventures de Zak et Crysta dans la forêt de FernGully, à Maestro Forte dans La Belle et la Bête 2 : Le Noël Enchanté ou encore au Chancelier Palpatine, parfois encapuchonné en Dark Sidious, dans la série animée Star Wars : The Clone Wars, et participe à moult autres productions télévisées d’animation comme Super Baloo, Myster Mask, Dinosaures, La Petite Sirène, Aladdin, Gargoyles - Les Anges de la Nuit ou encore Mighty Ducks - Les Canards de l'Exploit pour ne citer qu’elles.
La pure, naïve et innocente Janet Weiss est jouée par Susan Sarandon. Actrice américaine, elle naît en 1946 à New York. Si son rôle dans The Rocky Horror Picture Show est celui qui la fait connaître au grand public, elle reste indissociable de celui de Thelma dans le film Thelma et Louise. Chez Disney, elle incarne avec brio la Reine Narissa, grande méchante du film Il Était une Fois et prête sa voix à Mademoiselle l’Araignée dans James et la Pêche Géante. On la retrouve également dans le film Le Client, qui lui vaudra une nomination à l’Oscar de la Meilleure Actrice en 1995.
Le gentil fiancé de Janet, Brad Majors, est joué par Barry Bostwick. Acteur américain, il naît en Californie en 1945. Il est surtout connu pour son rôle dans The Rocky Horror Picture Show et dans la sitcom Spin City, mais il a également connu un succès considérable sur les planches, remportant un Tony Award pour son rôle dans la comédie musicale The Robber Bridegroom. Acteur prolifique de la télévision américaine, il incarne notamment Big Poppa dans le Disney Channel Original Movie Teen Beach Movie et apparaît dans de nombreuses séries telles que New Girl, Scandal, Cougar Town, Phineas et Ferb, Glee, Scrubs : Toubib Or Not Toubib ! et bien d’autres encore.
En plus de Tim Curry et Richard O’Brien, d’autres acteurs reprennent également le rôle qu'ils interprétaient dans la production scénique originale. C’est le cas de Patricia Quinn campant le personnage de Magenta et Nell Campbell celui de Colombia. Et si Jonathan Adams interprétait le rôle du Narrateur sur scène, il incarne le Dr. Scott dans la version cinématographique.
The Rocky Horror Picture Show est un film assurément ancré dans une époque. Tous les clichés sont là, faisant de l'opus un mélange entre le nanar grotesque et la parodie hommage aux films de série B, de science-fiction ou d’horreur sur un ton résolument transgressif. Mais une chose est sûre, il s’agit d’une véritable déclaration d'amour aux vieux films, d’un long-métrage créé par un fan de cinéma pour les fans de cinéma avec de multiples références assumées telles que Nosferatu, qui a inspiré le personnage de Riff Raff ; Docteur Folamour de Stanley Kubrick avec le personnage du scientifique nazi, Dr. von Scott ; Bande à Part de Jean-Luc Godard et dont la scène de Madison a inspiré The Time Warp ainsi que le souligne Brad : "Say, do any of you guys know how to Madison?" (« Dites, les gars, est-ce que quelqu'un parmi vous sait danser le Madison ? »).
The Rocky Horror Picture Show compte seize chansons originales et deux reprises, toutes écrites par Richard O’Brien. Présentes dans la version théâtrale, Once in a While et Super Heroes n’apparaissent pas dans la version cinématographique. Comédie musicale oblige, le film ne serait pas ce qu’il est sans la musique et les chansons sublimant les sentiments des personnages et faisant avancer l’intrigue. Ainsi, Dammit Janet est la chanson au cours de laquelle Brad ne se contente pas juste de demander la jeune femme en mariage, mais également de lui déclarer son amour ; Touch-a, Touch-a, Touch Me est la chanson de l’éveil sexuel de Janet et Sweet Transvestite offre une introduction parfaite au Dr. Frank-N-Furter et au film en lui-même, grâce à une performance époustouflante de Tim Curry, quand I Can Make You a Man chante la création de l’homme parfait et parodie les couvertures de magazine de fitness et les programmes de régime. Comme le film qui cumule les sous-genres, la musique couvre une large de gamme de styles. Il y a du rock classique avec Hot Patootie - Bless My Soul, du pur numéro de danse avec l’iconique The Time Warp, de vraies ballades avec Rose Tint My World ou l’émouvante I’m Going Home.
Le 14 août 1975, le film sort au cinéma au Royaume-Uni puis le 26 septembre 1975 aux Etats-Unis. Four commercial à sa sortie, notamment en raison de son caractère trop sexuel et son intrigue complètement lunaire, The Rocky Horror Picture Show est retiré des salles quelques semaines après sa sortie. La 20th Century Fox tente alors de ressortir le film lors de soirées spéciales mais sans le succès attendu.
Si The Rocky Horror Picture Show commence à avoir du succès, c’est grâce à un solide noyau de fans. À l’époque, 20th Century Fox décide de le reprogrammer aux séances de minuit pour le rentabiliser, comme au Waverly Theater de New York. Il intéresse d’abord un auditoire formé de gays, de travestis et de marginaux de toutes sortes qui aiment la façon dont y sont célébrés la liberté sexuelle et le cinéma. Et là, tout change : les spectateurs s’y rendent mais surtout y retournent et commencent à crier les répliques ou à chanter les chansons. À force, ils y vont habillés comme les personnages, rendant le film le plus interactif possible et rejouant ses scènes en simultané dans la salle, allant même jusqu’à inventer des lignes de dialogues alternatifs entre les répliques des personnages, leur donnant un sens complètement différent, souvent comique ou à connotation sexuelle. Ces séances rendues interactives par une bande de passionnés font des émules et s’exportent alors ailleurs dans le pays puis dans le monde entier.
En France, de telles séances animées par des troupes de fans sont proposées à Paris au Studio Galande chaque vendredi et samedi soir depuis les années 80. À Montréal, au Canada, chaque fin octobre voit revenir, au Cinéma Impérial, le fameux Bal de l’Halloween considéré aujourd’hui comme le plus grand événement Rocky Horror Picture Show d’Amérique du Nord ! Peu importe le lieu où le film est projeté, il y a des moments immuables au cours de ces séances spéciales. Si une troupe de comédiens est présente pour incarner les personnages du film et le reproduire en direct, la participation du public est largement attendue. Il pourra par exemple lancer du riz lors de la scène du mariage, de l’eau lors de la scène de pluie et mettre une feuille de journal sur sa tête pour se protéger, ou encore lancer du papier toilette lorsque les bandages de Rocky lui sont retirés, balancer des toasts dans la salle quand le personnage du Dr. Frank-N-Furter propose… un toast, danser The Time Warp et crier des répliques.
Malgré des débuts difficiles sur le grand écran, The Rocky Horror Picture Show est devenu un film culte repris dans de nombreux éléments de la pop culture : par exemple, les séries Glee, Cold Case (avec Barry Bostwick parmi les personnages principaux de l’épisode) ou Les Simpson lui rendent hommage à travers un ou plusieurs épisodes, de même que les films Fame, Halloween 2 ou Le Monde de Charlie. La série de mangas One Piece s’est quant à elle largement inspirée du Dr. Frank-N-Furter pour le personnage d'Emporio Ivankov. Aujourd’hui, The Rocky Horror Picture Show détient le record de la plus longue sortie en salle de l’histoire du cinéma. Près de cinquante ans après, il fait encore partie, en effet, de la programmation de certaines salles dans le monde. Depuis 2005, il est également l'une des œuvres conservées à la Bibliothèque du Congrès des États-Unis, en raison de son « importance culturelle, historique ou esthétique ».
Fort de ce succès, une suite sort en 1981 avec toujours Richard O’Brien et Jim Sharman aux commandes. Intitulée Shock Treatment, elle met en scène Brad et Janet, après leur mariage. Le casting est cependant remanié. Du film original, seuls les personnages de Brad et Janet apparaissent, et ce sous l’apparence d’autres interprètes. Plusieurs acteurs récurrents du (The) Rocky Horror Picture Show font malgré tout leur retour mais en interprétant d’autres rôles. Beaucoup plus sombre que son aîné, Shock Treatment constitue une satire politique du monde de la télévision, mais l’absence de personnages tels que le Dr. Frank-N-Furter ou de liant avec The Rocky Horror Picture Show font que le public le boude.
Le 20 octobre 2016, un remake sous la forme d’un hommage télévisé pour le réseau Fox est diffusé pour fêter les 40 ans du film. Intitulé The Rocky Horror Picture Show: Let's Do the Time Warp Again, ce téléfilm est réalisé par Kenny Ortega connu, entre autres, pour Hocus Pocus - Les Trois Sorcières, Newsies - The News Boys ou encore les trilogies High School Musical et Descendants. Pour cet hommage, le personnage du Dr. Frank-N-Furter est interprété par l’actrice Laverne Cox (Orange is the New Black) et Tim Curry fait une apparition sous les traits du criminologue. Le téléfilm reçoit toutefois des critiques négatives remettant notamment en cause les performances vocales maladroites de ses acteurs.
Opéra-rock horrifique et parodique, tout simplement culte de chez culte, The Rocky Horror Picture Show est un véritable film inventif, décousu et cinglé créé par un fan de cinéma pour les fans de cinéma. Devenu un vrai phénomène après des débuts pour le moins chaotiques en salles, il a su construire et faire perdurer sa propre légende grâce à ses fidèles. Assister à l’une de ces projections spéciales demeure une expérience incroyable que tout passionné de cinéma se doit de vivre un jour !